STOMACAL, ALE, AUX adj. est un dérivé savant (1425) du latin stomachus « œsophage », « estomac » et par figure « goût », « (bonne ou mauvaise) humeur » ; stomachus a abouti à estomac*. C'est un emprunt au grec stomakhos, dérivé de stoma (→ stoma-).
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L'adjectif est sorti d'usage pour qualifier (1425) ce qui est salutaire à l'estomac, remplacé par stomachique (ci-dessous).
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Il est vieilli au sens général de « relatif à l'estomac » (v. 1560) : on emploie aujourd'hui en ce sens gastrique*.
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STOMACHIQUE adj. est emprunté (1537) au bas latin médical
stomachicus adj. « de l'estomac » et
n., « remède pour l'estomac », emprunté au grec
stomakhikos « de l'estomac, bon pour l'estomac », dérivé de
stomakhos.
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L'emploi en anatomie pour qualifier ce qui est relatif à l'estomac (1537) est sorti d'usage, remplacé par gastrique. Le mot se dit ensuite (1694) de ce qui favorise la digestion gastrique (remède stomachique), d'où un STOMACHIQUE n. m. (1740) « médicament destiné à faciliter la digestion ».
STONE adj. est emprunté (avec élimination de la finale) à l'anglais stoned « assommé, défoncé », proprement « qui a reçu des coups de pierre (stone) ». Attesté dans les années 1970, il a en français le sens de « drogué ; sous l'effet d'une drogue ».
STOP interj. et n. m. est un emprunt (1792, interj.) à l'anglais stop, impératif de to stop « arrêter » (XIVe s.) et « s'arrêter » (XVIe s.). Ce verbe est issu, comme le néerlandais stoppen, d'un germanique °stoppân « arrêter » (→ 2 stopper), auquel se rattache l'ancien haut allemand stopfân « rembourrer » (allemand stopfen), qui est à l'origine du français étoffer*. On a longtemps considéré la famille germanique du mot anglais comme un emprunt au latin populaire °stuppare « boucher », du latin classique stuppa, lui-même emprunté au grec stuppê « filasse » (→ étoupe) ; même dans le cas contraire, le sémantisme de ces mots a influé sur celui du groupe germanique.
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L'interjection, d'époque révolutionnaire (1792), indique un commandement ou équivaut à un cri d'arrêt ; de là vient l'expression figurée
stop à (qqch.) « il faut mettre un terme à (qqch.) » [1907].
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Stop n. m. apparaît au milieu du
XIXe s. (1855) ; peu usité au sens général d'« arrêt », il est sorti d'usage pour désigner la position d'arrêt d'un appareil (1888) et le diaphragme d'un appareil photographique (1890).
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Par réemprunt, le mot s'emploie pour marquer une séparation nette des phrases dans un message télégraphique (1923) ; l'anglais
stop n. (1616) au sens de « fin de phrase, point », est lui-même une abréviation de
full stop n. (1596).
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Comme terme de signalisation routière,
stop désigne le panneau matérialisant le signal d'arrêt (1927) et, par extension, l'obligation de marquer l'arrêt à une intersection routière
(signal de stop, brûler un stop) et l'intersection
(s'arrêter au stop). Cet emploi comme terme de signalisation routière ne correspond pas à l'usage initial de l'anglais (
halt « halte », antérieur à
stop sign et
stop signal, noté
stop, en usage en Amérique du Nord) ; considéré comme un anglicisme au Québec, le mot est remplacé sur les panneaux par
arrêt, les panneaux bilingues portant
arrêt / stop.
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En français, stop désigne aussi (1935) le signal lumineux à l'arrière d'un véhicule, qui s'allume quand on actionne la commande du frein.
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Dans un emploi familier, STOP est l'abréviation (1953) du composé AUTO-STOP (1941), de auto- (→ automobile), d'où 1 STOPPEUR, EUSE n. (1953), abréviation familière de auto-stoppeur (1950). Cette pratique, née aux États-Unis, porte en anglais le nom de hitch-hiking (1931). Par extension, le mot s'emploie en apposition pour tout moyen de transport accordé gratuitement (1968, cargo-stop ; 1969, bateau-stop).
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1 STOPPER v. est emprunté, avec une suffixation verbale française, à l'anglais
to stop, d'abord comme terme de marine (1841,
intr.) et signifie « s'arrêter » en parlant d'un navire, puis d'un véhicule.
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Le sens figuré (1847,
tr.), « empêcher de se continuer », puis l'emploi pour « faire s'arrêter (un navire, une machine) » [1865] sont aujourd'hui les plus courants.
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Au figuré, le verbe s'emploie (1928) pour « s'interrompre au milieu d'une action, d'un geste ».
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Il a fourni 1 STOPPAGE n. m. (1888), aujourd'hui vieilli pour désigner le fait d'arrêter (un véhicule) et de s'arrêter.
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2 STOPPEUR n. m. est une francisation (1848) de stopper (1831), emprunt à l'anglais stopper n. (XVIIe s., en marine), dérivé de to stop.
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Ce terme technique désigne, comme l'anglais stopper, un appareil servant à arrêter les chaînes et câbles en mouvement sur un navire.
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En football, c'est le nom d'un joueur qui arrête l'attaquant (1940).
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En physique, le mot s'applique à un dispositif capable d'arrêter un rayonnement, d'absorber un faisceau de particules.
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Parmi les composés de stop empruntés à l'anglais, on retiendra ces deux termes critiqués.
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STOP-AND-GO n. m. inv. (1965,
stop-go), expression anglaise formée de
and « et » et
go « aller », désigne en économie une politique conjoncturelle, alternant des mesures de freinage et de relance.
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STOP-OVER n. m. inv. (v. 1975), de
over « par-dessus, au-dessus de », désigne une étape d'un vol aérien où le passager peut interrompre puis reprendre son trajet.
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NON-STOP adj. et n. inv. est pris à l'anglais, d'abord en aviation (1932) pour « sans escale », d'un vol appelé en français
vol direct. Cet anglicisme remarquablement inutile s'est ensuite appliqué à une descente en ski ininterrompue, puis à une activité quelconque
(débats non-stop). Comme nom, il désigne une activité ininterrompue
(un nonstop ; un non-stop).
❏ voir
2 STOPPER.
2 STOPPER v. tr. est emprunté (1893) au néerlandais stoppen « boucher, bourrer » et « repriser », issu du germanique °stoppôn « arrêter », qui a peut-être signifié à l'origine « piquer » et dont procède l'ancien haut allemand stopfan (allemand stopfen « raccommoder »), qui a donné le français étoffer* ; stoppen a par ailleurs été emprunté par l'anglais to stop (→ stop).
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Stopper signifie « réparer (une déchirure) en refaisant la trame et la chaîne ».
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Avant stopper, plusieurs formes dialectales, d'abord dans les Flandres, attestent des emprunts antérieurs. Restauper « raccommoder à l'aiguille les trous d'une toile, etc. » (1730, dans les Flandres), restouper, estoper (1780, dans l'Ouest ; encore en 1820) « raccommoder en reprisant ».
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En dérivent 2 STOPPAGE n. m. (1893) « réparation (d'un tissu) faite en stoppant » et 3 STOPPEUR, EUSE n. (1893) « personne qui stoppe les étoffes ».
1 STORE n. m. est emprunté (1544 ; 1567,
estore) à l'italien septentrional
stora, issu du latin
storea (ou
storia) « natte (de jonc ou de corde) », probablement d'origine grecque.
On relève en ancien français la forme stoire (v. 1270) empruntée au vénitien stiora, et estuie (v. 1300, Marco Polo), empruntée au toscan stuoia, de même origine latine. Par ailleurs, le latin storea, storia a abouti au catalan estora (1249), à l'ancien provençal estueyra (XVe s.), à l'espagnol estera (XVe s.).
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Store a repris le sens latin de « natte » (1544), qui ne s'est pas maintenu ; une estore (1567) a désigné spécialement une natte servant à couvrir un siège.
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Le mot, à partir du XVIIe s. (1664), est le nom d'un rideau qui s'enroule ou se replie à son extrémité devant une ouverture ; Richelet en critique l'emploi (1680) ; il note que store « est un mot écorché de l'italien stora (...) et ne se dit pas ordinairement. On dit en sa place paillasson ou pour mieux dire et pour parler en termes de nattiers, on dit une natte à fenêtre ».
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Par extension (1876), store désigne un grand rideau qui protège la devanture d'un magasin.
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En argot, baisser les stores s'est dit par figure pour « fermer les yeux » (1879).
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Le dérivé STORISTE n. (1972) désigne un fabricant ou un commerçant de stores et dispositifs analogues.
2 STORE n. m. s'emploie par anglicisme en français de Maurice, de Nouvelle-Calédonie, pour « entrepôt, magasin » et general store pour « épicerie ». Le mot anglais abrège storehouse composé du verbe store (XIIIe s.) emprunt à l'ancien français estorer, venu du latin instaurare (→ instaurer) et house « maison ».
STORY-BOARD n. m. est un emprunt du milieu du cinéma (attesté par écrit en 1983) à l'anglais des États-Unis (1942), de story « histoire » et board « planche, tableau ». Le mot désigne un montage de dessins réalisé pour préparer les plans d'une séquence, avant tournage.
STOUT n. m. est emprunté (1844) à un mot anglais d'origine argotique (1677), représentant une abréviation de stout ale ou stout beer « bière épaisse ». L'adjectif stout, à l'origine « brave, fier », puis « fort, puissant », d'où « corpulent », s'applique en anglais, du XVIIe au XIXe s., aux boissons « qui ont du corps ». Il est emprunté (XIVe s.), par l'intermédiaire de l'anglo-normand, à l'ancien français estout « intrépide, hardi », issu du germanique stolt (allemand stolz « fier »), qui se rattache peut-être au latin stultus « sot, fou », d'origine obscure (comme son équivalent stolidus).
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Stout est le nom d'une variété de bière brune, épaisse et fortement houblonnée. Céline (1944) l'emploie au féminin, probablement d'après le genre de bière.
STRABISME n. m. est un emprunt savant (1660), d'abord sous la forme latinisée strabismus (v. 1560, Paré), au grec strabismos « action de loucher », dérivé de strabos « tordu », « qui louche », qui se rattache à la famille de strephein (→ strophe).
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Le mot désigne le défaut de convergence des axes visuels, qui entraîne l'impossibilité de fixer un point avec les deux yeux.
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En dérive le terme didactique
STRABIQUE adj. et n. (1845) qualifiant une personne atteinte de strabisme et ce qui est relatif au strabisme.
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Le composé STRABOTOMIE n. f. (1846), de -tomie, se dit en médecine de l'opération qui consiste à déplacer l'insertion d'un muscle oculaire, pour remédier au strabisme.
STRADIVARIUS n. m., relevé au XIXe s. chez Th. Gautier (1831), vient du nom d'une célèbre famille de luthiers et notamment d'Antonio Stradivari, dit Stradivarius (v. 1644-1737).
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Le mot désigne un violon, un alto ou un violoncelle fabriqué par ces luthiers de Crémone, et utilisé encore aujourd'hui par les grands interprètes.
STRAIGHT adj., prononcé streït', s'emploie par emprunt à l'anglais straight « droit », qui avait pris ce sens figuré en anglo-canadien. Au Québec il s'emploie en français pour « conformiste, un peu raide (d'une personne) » (c'est un gars straight).
STRAMOINE n. f. est la francisation (1776) de formes latines, stramonia (1572), STRAMONIUM n. m. (1602), emprunts au latin des botanistes, d'origine obscure (stramen, stramentum, qui désigne la paille et l'herbe dont on jonche — sternere — le sol, ne conviennent pas). C'est le nom d'une solanée, un datura dont les feuilles contiennent des alcaloïdes toxiques, comme l'atropine, la scopolamine, utilisables en pharmacopée comme sédatifs et antispasmodiques.
STRANGULATION n. f. est un emprunt savant (1549) au latin impérial strangulatio « resserrement », « rétrécissement », formé sur strangulatum, supin de strangulare, qui a abouti au français étrangler* ; strangulation a été introduit pour servir de nom d'action à ce verbe.
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Le mot est didactique ou littéraire pour parler du fait d'étrangler qqn (1611).
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En pathologie, il désigne le resserrement d'un conduit anatomique (1549, strangulation de la matrice ; 1872, strangulation utérine).
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STRANGULER v. tr., emprunté (1801) au latin
strangulare, est un équivalent rare, littéraire ou plaisant de
étrangler.
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Le dérivé STRANGULATEUR, TRICE n. m. et adj. (1836 ; 1842, féminin), « personne qui étrangle », n'est plus en usage.
STRANGURIE n. f. est un emprunt savant (1314) au latin stranguria « rétention d'urine », lui-même emprunté au grec strangouria, mot formé de stranx, strangos « goutte », à rapprocher de termes indoeuropéens signifiant « étroit » (→ étrangler, étreindre, strette, strie), et de ourein « uriner » (→ -urie).
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Strangurie est un terme de médecine désignant une miction douloureuse, avec contractions de la vessie.
STRAPONTIN n. m. est emprunté (1666 ; extrapontin en 1560) à l'italien strapuntino, variante préfixée de trapuntino « sorte de matelas », diminutif de trapunto ou strapunto qui signifie « matelas ». Ce mot est issu du participe passé de l'ancien italien trapungere « piquer à l'aiguille » (italien moderne trapuntare, de même sens et « matelasser »), issu du bas latin transpungere « percer en piquant ». Ce verbe latin, qui a abouti à l'ancien français trépoindre « piquer au travers » (d'où trépointe), est formé du latin classique trans « au-delà, par-delà » (→ trans-, très) et de pungere, punctum « piquer » (→ poindre).
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L'italien
strapuntino a probablement voyagé, comme terme de matelot, de Gênes vers la Provence, d'où l'ancien provençal
strampontin (1431), et de là en France où le mot apparaît avec plusieurs variantes :
extrapontin (1560),
estrapontin (1671), encore employé au
XVIIIe s.,
drapontin (1690). On relève en ancien français, isolément, la forme
straponte « matelas » (Marco Polo) empruntée à l'italien
strapunto et chez Rabelais (1552)
transpontin, adaptation de
trapuntino.
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Strapontin a d'abord eu le sens de « hamac, lit suspendu » (v. 1570) qui est aussi celui de l'ancien provençal, encore attesté en 1851.
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De l'idée de « couche que l'on peut déplacer », on passe à celle de « siège d'appoint » au XVIIe siècle : strapontin (1666) ou estrapontin (1680) désigne un siège à abattant placé dans un véhicule puis, au XIXe s., dans une salle de spectacle (1872) ; c'était le nom d'un petit siège pliant appliqué à la tige d'une canne (1765).
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Par analogie, on a nommé strapontin (1892) le coussinet que les femmes attachaient par derrière, à la taille, et qui faisait bouffer la robe, équivalent de tournure, nommé familièrement faux-cul.
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Par figure (1893), le mot s'emploie en parlant de la place d'importance secondaire, souvent éphémère, occupée par une personne dans une assemblée, un organisme ; il s'oppose alors, dans la hiérarchie métaphorique des sièges, à fauteuil.
STRAPPING n. m., anglicisme médico-chirurgical, est emprunté (années 1990) à l'anglais, dérivé du verbe strap « bander, maintenir », pour désigner une contention souple d'une partie d'un membre ou d'une articulation au moyen de bandages élastiques.
STRASS n. m., d'abord sous la forme stras (1746) puis strass (1825), vient du patronyme Stras, nom du joaillier strasbourgeois qui mit à la mode ce genre de pierre.
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Le mot désigne le silicoborate de plomb artificiel imitant certaines pierres précieuses.
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Au figuré, il se dit (1762 Grimm) de ce qui brille d'un éclat trompeur.
1 STRASSE n. m. est un emprunt à l'ancien provençal estrassa, d'abord en moyen français dans papier d'estrasse « gros papier d'emballage » (1439), puis estrace (1554). Estrassa, en provençal, était un déverbal de estrassar « déchirer », du latin populaire °extractare, du latin classique extrahere, de ex- et trahere « tirer » (→ traction, traire). Les sens techniques du français classique et moderne sont réempruntés à l'italien straccio, « chiffon », de même origine.
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Le mot, depuis le XVIIe s., désigne une bourre de soie, et (1872) la partie du cocon qui fournit la soie la plus grossière.