STUDIO n. m. est un emprunt (1830, dans une traduction de Lady Morgan) à l'anglais studio « atelier d'artiste » (1819), lui-même emprunté à l'italien studio « atelier de peintre, de sculpteur », du latin studium (→ étude). L'anglais studio s'est d'abord employé (1819-1820) à propos d'artistes italiens ou de l'Italie.
❏  C'est avec cette valeur que le mot est introduit en français (1830), notamment (1837) en parlant d'artistes anglais ; il est didactique, notamment en histoire de l'art dans ce sens initial d'« atelier d'artiste », mais s'est conservé pour désigner (1906) l'atelier d'un photographe d'art. ◆  Le français a eu, d'après le latin, le sens particulier de « cabinet de travail, d'étude » (1923), aujourd'hui tombé en désuétude. ◆  Depuis le début du XXe s., studio s'emploie (v. 1908) pour « ensemble des locaux aménagés pour les prises de vue cinématographiques » et, par extension (1935), désigne un local aménagé pour les enregistrements destinés à la radiodiffusion ou à la télévision. Le sens de « salle de spectacle de petite dimension où l'on passe des films pour connaisseurs » (1927 ; 1949, studios d'art et d'essai) n'est attesté qu'en français.
■  Parallèlement à cet emploi, studio a pris (1914) le sens devenu très courant de « pièce servant de salon, de salle à manger et de chambre à coucher » (1914), en concurrence avec l'anglicisme living-room, sens vieilli surtout par rapport à celui de « logement formé d'une seule pièce principale » (1928) qui a remplacé dans l'usage garçonnière. L'anglais emploie dans ce sens studio apartment (1903). ◆  Cette acception a produit le dérivé STUDETTE n. f. (1969) « petit studio », mot de publicité. ◆  Par extension de la valeur initiale d'« atelier de travail », studio se dit aussi (1955) d'une salle de travail, de répétition pour des danseurs, des chanteurs ou des acteurs.
❏  STUDIOLO n. m. emprunte (1964, dans les dictionnaires) en histoire de l'art un mot italien, diminutif de studio, pour désigner un petit cabinet de travail aveugle, souvent décoré, dans les palais italiens.
STÛPA ou STOUPA n. m. est un emprunt (1863), aussi transcrit stoupa (1877), à un mot hindi, stūpa, emprunté au sanskrit stûpa « tas, monceau ».
❏  Le mot désigne un monument reliquaire bouddhique, qui peut avoir une fonction commémorative ou marquer la sainteté d'un lieu. La forme initiale de ce monument, antérieur à la prédication du Bouddha (VIe s. av. notre ère), est dérivée du tumulus funéraire ; c'est un hémisphère de maçonnerie pleine surmonté d'un belvédère et de disques empilés, posé sur un soubassement autour duquel est aménagé un déambulatoire.
STUPEUR n. f., francisation (1333) de stupor (XIVe s.), est un emprunt au latin stupor « engourdissement, paralysie », en parlant du corps ou de l'esprit, dérivé de stupere « être frappé de stupeur ». Ce verbe se rattache à une racine indoeuropéenne °(s)teu- « frapper », comme, en latin même, tundere (→ contusion), stuprum (→ stupre), comme le grec tuptein « frapper », tupos (→ type), le vieux slave tŭpŭtŭ « grand bruit », le sanskrit tupati « il heurte ».
❏  Le mot désigne un état d'inertie et d'insensibilité lié à un engourdissement général, acception didactique ou littéraire aujourd'hui. ◆  Dès le XIVe s. (1333), il s'emploie couramment pour parler d'un étonnement profond qui suspend toute réaction, acception qui ne devient dominante qu'au XVIIIe siècle. Stupeur désigne aussi en pathologie la suspension apparente de toute activité physique et psychique (1762).
❏  Plusieurs mots ont été empruntés à des dérivés ou des composés de stupere, mais les deux premiers, stupide et stupidité, s'en sont détachés sémantiquement.
■  STUPIDE adj. est un emprunt au latin stupidus « interdit, ahuri par une impression, une émotion très vive » et « sot, niais ».
■  L'adjectif français a signifié « engourdi, paralysé » (1377) jusqu'au début du XVIIe siècle. Sur le plan psychologique, il s'applique (1552, Rabelais) à une personne atteinte d'une sorte d'inertie mentale, manifestant peu d'intelligence, puis à des propos ou à un comportement qui dénote l'ineptie (1654). ◆  Par extension, il se dit d'un événement qui semble n'avoir aucun sens (déb. XIXe s., accident stupide) et qualifie une personne qui se comporte sottement dans une circonstance donnée (1876) ainsi que son comportement. ◆  Stupide est devenu un archaïsme littéraire lorsqu'il qualifie (1599) une personne paralysée par l'étonnement, par une forte émotion ; l'adjectif s'est aussi appliqué (1599) à une personne incapable d'une réaction spontanée, par sottise ou manque de sensibilité ; il est aussi substantivé dans ce sens (1651). ◆  Par métonymie, il a qualifié ce qui dénote l'apathie (1651, stupide à « insensible à »).
■  STUPIDITÉ n. f., emprunté (1541) au dérivé latin stupiditas, a eu une évolution parallèle à celle de stupeur. Le mot a signifié à l'époque classique « engourdissement, paralysie de la sensibilité et de l'intelligence » (1541), sens repris en psychologie (1876) et sorti d'usage ainsi que « état d'une personne paralysée par l'émotion » (1580), acception déjà vieillie vers 1660. ◆  Stupidité s'emploie aujourd'hui à propos de la pesanteur d'esprit, de la bêtise (1587) et une stupidité d'une action, d'une parole stupide (1821).
■  STUPIDEMENT adv. (1588) est l'adverbe de stupide, dans toutes ses acceptions.
STUPÉFIER v. tr. est emprunté (1478, Chauliac) au latin stupefieri « être interdit, étonné », passif de stupefacere « étourdir », « paralyser », composé de stupere et facere (→ faire) ; l'ancien provençal stupefar, « engourdir », est antérieur (XIVe s.). ◆  Le verbe, d'abord terme de médecine, est littéraire au sens d'« engourdir en inhibant les centres nerveux ». Il signifie couramment (1732 ; 1694 au participe passé adjectivé) « remplir d'un étonnement extrême ». À la différence de stupide et de stupidité, stupéfier reste lié par le sens à stupeur.
■  Le dérivé STUPÉFIANT, ANTE adj. et n. m. s'applique (1588, puis 1606 et 1694) à des substances toxiques agissant sur le système nerveux comme narcotiques, employées en médecine pour le traitement de douleurs violentes ; en ce sens on a dit aussi stupefactif (1380 ; dérivé de stupefactus) jusqu'au XIXe siècle. ◆  Un stupéfiant, n. m. désigne d'abord un anesthésique utilisé en obstétrique (1761), puis (1824) un toxique stupéfiant et, par extension (1863), une substance toxique, comme l'opium ou ses dérivés, qui agit comme euphorisant et dont l'usage abusif provoque un état de dépendance et d'accoutumance ; dans cet emploi, le mot est moins courant que drogue ; il est abrégé familièrement au pluriel en STUPS ou STUP (v. 1975), les stups désignant dans la police la brigade des stupéfiants.
■  L'adjectif stupéfiant qualifie aussi, à partir du XIXe s., ce qui provoque un étonnement extrême (1842) et, par exagération, ce qui n'est pas commun, extraordinaire.
STUPÉFAIT, AITE adj., emprunt adapté du latin stupefactus, participe passé passif de stupefacere, se dit (1655) d'une personne étonnée, interdite au point de ne pouvoir agir ou réagir et, par extension (fin XVIIIe s.), d'une attitude qui dénote cet état.
■  L'emploi de stupéfait pour stupéfié a abouti à la formation de STUPÉFAIRE v. tr. (1776), qui ne s'emploie qu'à la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif et des temps composés.
■  STUPÉFACTION n. f., formé sur stupefactus, désigne (v. 1363) un état d'engourdissement du corps, sens devenu archaïque. ◆  L'emploi pour « étonnement profond qui laisse sans réaction » apparaît en moyen français (1458, puis 1530), reste rare avant les dernières décennies du XVIIe s. (1690), puis est devenu usuel, comme substantif correspondant à stupéfait.
STUPRE n. m. est un emprunt savant (1372, puis 1507) au latin stuprum « déshonneur », « honte », puis spécialement « déshonneur résultant de la débauche ou du viol », « adultère » et « viol » ; ce mot se rattache probablement à une racine indoeuropéenne °(s)teu- « frapper », comme le latin stupere « demeurer stupide » (→ stupeur), studere (→ étude), tundere (→ contusion).
❏  Stupre s'est dit pour « viol » (1372), sens repris au début du XVIe s. mais rarement attesté dans la langue classique avant le milieu du XVIIIe s. (1764, Voltaire). ◆  Le mot désigne aussi (1684) une débauche honteuse, humiliante ; par plaisanterie, il s'emploie encore (XXe s.) avec une valeur très atténuée, comme débauche.
1 STYLE n. m. est une réfection savante et d'ailleurs erronée (fin XIVe s.) de stile (XIVe s.), antérieurement estile (1280-1290) ; le y vient d'un rapprochement abusif avec le grec stulos « colonne » (→ stylite). Le mot est emprunté au latin classique stilus, qui désignait tout instrument composé d'une tige pointue et s'était spécialisé en technique : « tige de cadran solaire », « aiguille » en arboriculture ; c'était en particulier le nom d'un poinçon de fer ou d'os, terminé par une lame plate et large, la pointe servant à écrire sur la cire des tablettes, et la surface plate à effacer. De là stilus devient en rhétorique synonyme de scriptura « écriture » (comme plume en français) et s'emploie avec diverses acceptions : « exercice écrit », « façon d'écrire », aussi en parlant de l'éloquence en latin impérial, puis « manière », « coutume, usage », et en latin ecclésiastique « langue ». Stilus se rattache sans doute à stimulus (→ stimuler) et à la racine indoeuropéenne °sti- « piquer », comme les verbes distinguere (→ distinguer), instinguere (→ instinct), le grec stizein « piquer », stigma « piqûre » (→ stigmate) et le francique °stikkan (→ étiquette).
❏  Style a emprunté à la fois les valeurs dérivées du latin et les emplois concrets (Cf. 2 style ci-dessous) ; les graphies stile et style restent en concurrence encore à l'époque classique ; jusqu'au XVIIIe s., on tenta sans succès de répartir les valeurs concrètes et abstraites selon les graphies.
■  Le mot style est introduit au XIIIe s. sous la forme estile pour désigner une manière personnelle d'agir, jugée d'après des critères de valeur ; cette acception courante à l'époque classique s'est employée dans des locutions : ce n'est pas le style « cela ne convient pas » (fin XIVe s.), selon le style « à la manière de » (v. 1165) sont sorties d'usage ; restent changer de style « de manière d'agir, de parler » (v. 1640) et au XXe s. style de vie, de grand style, avoir du style. D'après cette valeur générale, le mot s'emploie en sports (1856) pour parler de la manière personnelle de pratiquer un sport et signifie « qualité de comportement » (av. 1893), mais ces emplois paraissent aujourd'hui marqués par le sens dominant de style (ci-dessous).
■  Style est en usage à partir du XIVe s. pour désigner, par métonymie du nom de l'instrument (voir ci-dessous 2 style), le tracé de l'écriture de qqn (1346, style ; aussi estille, XIVe s.), acception concrète relevée jusqu'au XIXe s. (1878) et remplacée par écriture, graphisme. ◆  Le latin des rhétoriciens est aussi repris avec le sens de « manière individuelle de s'exprimer, de parler » qui ne se développe qu'à partir de la Renaissance (XIVe s. ; puis 1532). Avant le XVIe s., le mot désignait déjà la manière de s'exprimer propre à un groupe, à une activité (v. 1398). ◆  Du sens latin de stilus « texte » viennent l'emploi pour « liste (d'objets) dressée par écrit » (v. 1385, estille) et celui de « manière de compter les jours de l'année et de fixer le début de l'année » (v. 1460) ; ces acceptions ont disparu, mais on dit encore ancien, vieux style et nouveau style (fin XVIe s.) pour désigner la manière de fixer le début de l'année avant (calendrier julien) et après (calendrier grégorien) la réforme de 1582. Vieux style renvoie par ailleurs à l'ère chrétienne (1805), par opposition à nouveau style (1802), désignant l'ère du calendrier révolutionnaire ouverte en 1792. Ces emplois historiques sont aujourd'hui sentis comme figurés du sens dominant (ci-dessous).
■  Style entre dans le vocabulaire juridique au XVIe s., avec l'idée de « coutume », dans quelques locutions : être de style « conforme à la coutume » (1549), suivant le style « à la manière habituelle » (fin XVIe s.), c'est notre style « à notre habitude » (1636), aujourd'hui comprises avec une autre valeur. L'idée de « texte » (ci-dessus) a fourni d'autres locutions juridiques : être de style (1546), du style (1564) « relever de la seule formule », n'être que du style (1690) ; toutes ces expressions ont disparu et celles qui subsistent sont interprétées autrement : style du Palais, du Parlement se dit des formules selon lesquelles on dresse les actes juridiques, surtout de la manière de les rédiger (1662), rejoignant le sens littéraire du mot ; clause de style « qui figure dans tous les actes d'une même espèce et n'ajoute rien aux conventions » (1765) s'emploie couramment au figuré pour parler d'une formule qui n'ajoute rien au contenu de la communication (1867).
Reprenant le sens rhétorique à propos des œuvres littéraires, la Renaissance donne au mot sa valeur aujourd'hui dominante. Style désigne alors (1548) une manière de composer, d'écrire, de discourir qui s'acquiert par l'étude, qui est définie par des procédés techniques et dépend du genre et du sujet. À l'époque classique, ces manières de s'exprimer sont hiérarchisées, d'où haut style « la façon la plus noble de s'exprimer en littérature » (1549), expression parfois péjorative au XVIIe siècle ; style bas, médiocre, etc. ; style de fer « pénible, peu harmonieux » (fin XVIe s., d'Aubigné) joue sur le double sens de style « instrument » et « manière d'écrire ». ◆  À partir du XVIIe s., le mot désigne le travail de l'écriture qui vise à donner à un texte des qualités spécifiques (1636), puis (1688) la qualité d'une œuvre, consistant dans l'équilibre et la rigueur de la forme. Le mot s'emploie par analogie en parlant des arts plastiques (1699), de la musique (1721) puis de l'ensemble des arts de l'espace. Sans abandonner sa valeur rhétorique, la notion est peu à peu liée, au cours du XVIIIe s., à l'idée d'expression personnelle, ce que traduisent par exemple la formule de Buffon, « le style, c'est l'homme même », ou encore le changement de sens de n'avoir point de style : à la fin du XVIIe s., elle signifie « ne pas savoir ordonner ses mots » selon une règle préétablie (1690), un siècle plus tard elle est définie « ne pas avoir de façon personnelle de s'exprimer » (1798). On relève plus tard avoir du style « écrire ou parler de façon agréable, harmonieuse, témoignant de l'authenticité de la pensée » (1845) en littérature, puis dans les autres arts (1867). ◆  La notion de style englobe à partir de l'époque romantique des caractères communs à un ensemble de créateurs ou d'œuvres, le mot désignant (1835) ce qui permet de rassembler les œuvres des écrivains d'une même époque ou d'un même pays, aussi en dehors du domaine littéraire, en art, etc. (d'où de style, du style antique, moderne, etc.). Ce n'est alors plus le genre ou le sujet qui définit le style mais l'aspect de l'énoncé, qui est le résultat d'un choix des moyens d'expression, déterminé par les intentions du sujet écrivant ou parlant ; cette définition, assurée vers 1870, inclut les diverses conceptions du style et aboutit à étendre la notion au-delà du cadre littéraire : c'est celle qui correspond à stylistique (ci-dessous).
❏  Le mot a fourni des dérivés parfois liés à des valeurs de style sorties d'usage.
■  STYLÉ, ÉE adj., réfection (XVIIe s.) de stilé (1382), s'applique à une personne habituée à se conduire selon les règles qui conviennent ; de cette acception vieillie procèdent stylé à, en, de « habile à » (fin XIVe s.), sorti d'usage, et l'emploi au sens de « qui accomplit son service dans les formes » (1831), en parlant du personnel domestique, sens toujours vivant. ◆  L'adjectif a aussi qualifié (XVIe s.) ce qui est réglé par la coutume.
■  STYLER v. tr. signifie (fin XVe s.) « faire la leçon à (qqn), endoctriner », surtout au participe passé aujourd'hui ; de là viennent les autres acceptions. Styler qqch. s'est dit à l'époque classique (1606) pour « façonner (qqch.) selon un but » ; styler qqn à qqch. « lui donner l'habitude de qqch. » (1630) est relevé jusqu'à la fin du XIXe s. et styler un animal signifiait « le dresser » (1690). Styler qqn (un domestique) s'emploie aujourd'hui (1876) pour « le rendre stylé ».
■  STYLISER v. tr., apparu au début du XVIIIe s. (1700-1715), signifie « éduquer (qqn) » (styler ci-dessus). ◆  Le verbe actuel est un nouveau dérivé (1898 ; 1900, stylisé p. p.) signifiant « représenter (un objet) en simplifiant les formes, en vue d'un effet décoratif » et « représenter avec une volonté de style ». ◆  En dérive STYLISATION n. f. (1893), au sens moderne du verbe.
STYLISTIQUE n. f. est un emprunt (1872) à l'allemand Stilistik, relevé chez Novalis (fin XVIIIe s.) au sens de « théorie du style » et dérivé de Stil, de même origine que le mot français. Ce mot didactique, qui apparaît avec la fin de l'enseignement de la rhétorique et le début d'une théorie de la littérature, ne s'emploie plus pour parler de la connaissance pratique des particularités de style propres à une langue ; il désigne (1902) l'étude scientifique du style, de ses procédés et de ses effets, soit dans tous les usages de la langue (1904, Bally ; 1908, Séchehaye), soit spécialement dans les œuvres littéraires. ◆  Parallèlement, le mot s'emploie comme adjectif, s'appliquant (1905) à ce qui est relatif au style ou à la stylistique, à ce qui appartient à l'expressivité dans le langage. À partir des années 1960, la stylistique, sans disparaître comme discipline, voit son rôle diminuer au profit de la poétique et de la sémiotique.
■  Il a pour dérivé STYLISTIQUEMENT adv., STYLISTICIEN, IENNE n. (XXe s. : 1953, Jullian) et des composés didactiques, comme PHONOSTYLISTIQUE n. f. (v. 1970).
STYLISTE n. désigne un écrivain qui se soucie particulièrement de la forme (1836). ◆  Le mot s'emploie par extension, et d'après l'usage correspondant de style, à propos d'un sportif (1909) qui recherche la beauté des gestes. ◆  Repris comme terme de mode (mil. XXe s.), styliste désigne la personne qui est chargée d'adapter un style de vêtements à un marché. C'est par ailleurs le nom donné (1960) à un spécialiste de l'esthétique industrielle.
■  STYLISME n. m., littéraire au sens (1845) de « souci exagéré de la forme », désigne (mil. XXe s.) l'activité, la profession des stylistes, aux deux sens récents du mot. Il est concurrencé par design.
Un homonyme 2 STYLE n. m. reprend les valeurs concrètes du latin ; il désigne (v. 1380, stile ; 1532, style) l'instrument pour écrire employé dans l'Antiquité et, par analogie de forme, a pris des sens techniques : tige d'un cadran solaire (1561), instrument de chirurgie (1675 ; jusqu'au XIXe s.) [Cf. stylet]. Il se dit aussi de la tige dont la pointe, imbibée d'encre, trace une courbe dans un appareil enregistreur (XXe s.).
■  De 2 style vient SOUSTYLAIRE adj., qui s'emploie dans ligne soustylaire « ligne droite perpendiculaire au style d'un cadran solaire » (1741), et VACCINOSTYLE n. m. (→ vaccine).
3 STYLE n. m. est un emprunt au grec stulos « colonne » (→ stylite) qu'on a longtemps cru être à l'origine de 1 et 2 style.
■  Il s'est dit en botanique pour « pistil » (1690), aujourd'hui « partie allongée du pistil, entre l'ovaire et le ou les stigmates » (1708), en anatomie d'une protubérance osseuse (1812) puis (1842) de l'apophyse de l'os du rocher. ◆  En zoologie, il désigne une soie articulée sur les antennes des insectes diptères (1870) et l'organe de la copulation chez les araignées (1904).
■  Par ailleurs, Chateaubriand a employé le mot par hellénisme pour « colonne ».
■  ÉPISTYLE n. m. est emprunté à la Renaissance (1546 ; 1545, épistile) au latin epistylium, lui-même du grec epistulion « architrave qui repose sur le chapiteau de la colonne », composé de epi- « sur » et de l'adjectif dérivé de stulos. ◆  OCTOSTYLE adj. est directement emprunté (1580) au composé grec oktostulos, de oktô « huit », pour qualifier un élément d'architecture, une façade comportant huit colonnes (temple octostyle). ◆  SYSTYLE n. m. et adj. est pris au latin systylos, hellénisme. Il se dit d'une ordonnance de colonnes rapprochées, les espaces entre deux colonnes n'étant que de deux diamètres de colonne (quatre modules). Comme adjectif, il qualifie un ensemble de colonnes, un édifice (portique, temple systyle).
■  DISTYLE adj. se dit en botanique (1839) des fleurs qui ont deux styles.
❏ voir STYLET, STYLOGRAPHE.
STYLET n. m. est un emprunt (1586, Bloch et Wartburg, stilet ; puis 1611) à l'italien stiletto « poignard à lame mince et pointue », diminutif de stilo « poignard », emprunté au latin stilus qui désignait tout objet pointu (→ style).
❏  Le mot, qui conserve le sens de l'italien, a désigné spécialement au XVIIIe s. (1721, estilet) un petit poignard porté par les dames espagnoles. ◆  Dérivé de 2 style et le remplaçant dans un de ses emplois, stylet est le nom (1759) d'un instrument de chirurgie en forme de pointe fine, destiné à explorer les canaux naturels ou accidentels. ◆  Le mot s'est aussi employé (1810) au sens de « poinçon à écrire ». ◆  Il désigne en zoologie (1907) une pièce buccale pointue d'insectes piqueurs et suceurs.
STYLITE n. m., réfection (XVIIIe s.) de stelite (déb. XVIIe s.), puis stilite (1690), a été emprunté savamment au grec stulitês « qui se tient sur une colonne », dérivé de stulos « colonne » qui se rattache à la racine indoeuropéenne °sta- « être debout », comme stasis (→ stase), sustêma (→ système), le latin stare « se tenir debout » (→ ester).
❏  Ce terme didactique désigne un solitaire qui, dans les premiers siècles du christianisme, vivait au sommet d'une tour ou d'une colonne pour méditer dans l'immobilité absolue.
❏  Le grec stulos a par ailleurs servi à former des composés en STYLO-.
■  STYLOBATE n. m. reprend (1545), par l'intermédiaire du latin stylobata ou stylobates, le grec stulobatês « base d'une colonne », de stulos et bainen « marcher », « monter ». ◆  Le mot désigne en architecture un soubassement continu orné de moulures et portant une colonnade (1545) et, plus récemment (1872), une plinthe montant à mi-hauteur d'homme.
■  STYLOÏDE adj. est emprunté (1650) au grec stuloeidês « qui ressemble à une colonne », composé de stulos et de eidos « forme, apparence » (→ -oïde). Terme d'anatomie, styloïde se dit de certaines apophyses allongées (1650), par exemple dans apophyse styloïde du radius, du temporal (1700). ◆  Le mot a fourni en médecine STYLOÏDITE n. f. (mil. XXe s.), de -ite, et l'élément stylo- est employé dans quelques composés en anatomie, par exemple STYLO-HYOÏDIEN, IENNE adj. et n. m. (1752), STYLO-GLOSSE adj. et n. m. (1872).
❏ voir PÉRISTYLE.
STYLOGRAPHE n. m. est emprunté (1902) à l'anglais stylograph (1882), lui-même composé à partir de stylus, pour le latin stilus (→ 1 style), et de -graph, du grec graphein « écrire » (→ -graphe). Un brevet d'invention de 1848 mentionne une « plume dite stylographe ». Cet emploi adjectif est formé sur les éléments grecs.
❏  Le mot, qui désigne un porte-plume à réservoir d'encre, a rapidement vieilli.
❏  STYLO n. m. (1912), abréviation de stylographe, l'a remplacé dans l'usage courant. L'objet étant concurrencé par d'autres instruments pour écrire, sa fréquence a diminué et on a désigné par stylo la pointe à bille dite stylo à bille ou STYLO-BILLE n. m. (1948), dans lequel la plume est remplacée par une bille de métal ; stylo à encre désigne le stylo traditionnel.
■  STYLOMINE n. m. (1929), de mine*, marque déposée devenue nom commun, est vieilli pour porte-mine.
■  STYLO-FEUTRE n. m., « stylo dont la pointe est en feutre ou en nylon » (v. 1965), s'abrège en feutre* (1968).
■  STYLOGRAPHIQUE adj., dérivé de stylographe, « destiné au stylographe » (XXe s.), a vieilli comme stylographe. ◆  Cet adjectif s'est aussi employé comme dérivé (1904) de STYLOGRAPHIE n. f., qui désignait (1876) un procédé électrotypique de gravure ; le nom est composé de stylo-, tiré de stilus « poinçon », et de graphie*.
STYRAX n. m. est un emprunt au latin styrax (ou storax) « baume » (1611), mot pris comme désignation scientifique de certaines espèces d'aliboufiers (1636) ; le synonyme STORAX (XVIe s. ; XIIIe s., storiaux) n'est plus en usage. Styrax est lui-même emprunté au grec sturax de même sens, terme dont l'origine est ignorée ; d'après Hérodote, la résine du styrax venait de Phénicie, ce qui supposerait pour le mot une origine sémitique.
❏  Le mot désigne un baume extrait du styrax, du liquidambar (aliboufiers), utilisé en pharmacie, en parfumerie.
❏  Le dérivé STYRACACÉES n. f. pl. (1876 ; 1845, styracées) désigne une famille de plantes comprenant des arbres et des arbustes des régions chaudes.
STYRÈNE n. m. représente une contraction (1936) de styrolène n. m. (1867), dérivé de styrol n. m. (1876), lui-même dérivé savant de styrax.
■  Styrol et styrolène ont été supplantés par styrène, répandu vers 1950, qui désigne un hydrocarbure benzénique entrant dans la composition de nombreuses matières plastiques.
■  Le composé POLYSTYRÈNE n. m. (1936), emprunt à l'anglais polystyrene (1927) de poly- dans polymere, se dit d'une matière plastique obtenue par polymérisation du styrène.
SU → SAVOIR
1 SUAGE → SUER
2 SUAGE n. m. est une modification (1679) du moyen français souage, dérivé de l'ancien français soue « corde » (sans rapport avec soue*) issu du bas latin socca. Le mot, en français classique et moderne, désigne un motif décoratif formant cordeau, en ourlet sur le bord d'un plat d'étain, ainsi que le carré extérieur du pied d'un flambeau.
SUAIRE n. m. représente l'aboutissement (v. 1150) du latin classique sudarium « mouchoir » et, en bas latin ecclésiastique, « linge dont on couvrait la tête d'un mort, linceul », dérivé de sudare qui a donné suer*.
❏  Suaire a désigné le linceul où l'on pensait que le Christ avait été enseveli, aujourd'hui nommé Saint-Suaire (1636) ; par métonymie, saint suaire désigne une représentation du suaire du Christ (1718). Le mot est littéraire au sens de « linceul » (v. 1175, sueire). ◆  Il a eu le sens latin de « linge pour essuyer la sueur du visage » (v. 1380), repris comme terme d'antiquité (1845). ◆  Par métaphore, il se dit de ce qui enveloppe comme un suaire, sens attesté dans la littérature du XIXe siècle.
SUAVE adj. (1540, in F. e. w.), d'abord suaive (1493), est la réfection de soueve (XVe s.), d'après le latin suavis qui avait abouti par voie populaire en ancien français à souef (v. 1050) et en ancien provençal à suau (v. 1050), adverbe et adjectif. Suavis signifie « doux, agréable », en parlant des sensations, des sentiments ou du caractère ; il représente un ancien adjectif en -u-, apparenté au sanskrit svādúh, au grec hêdus (→ hédonisme) ; toutes ces formes remontent à une base indoeuropéenne signifiant « être agréable », représentée dans l'anglais sweet et l'allemand süß.
❏  En ancien français, l'adverbe souef marquait la douceur, la tendresse, norrir souef (qqn) signifiant « l'élever avec soin ». Cet adverbe s'employait avec des verbes de mouvement (v. 1130) encore au XVIe siècle. L'adjectif souef, suef s'appliquait à ce qui est tranquille, calme (1080, suef pas), doux, agréable, qualifiant des sensations, le temps, le vent, une forme physique (1160-1170) ; il a signifié « débonnaire, humain » (v.1190, sueyf) et « paisible, sans souffrance » (XVe s., sueve mort, 1440-1475) ; le mot s'est aussi employé dans la langue biblique comme nom masculin pluriel (v. 1120) pour « les paisibles, les doux ». La forme ancienne souef s'est maintenue jusqu'au XVIe siècle.
■  Suave n'a conservé qu'une partie des emplois de l'ancienne forme. Il s'applique à ce qui a une douceur délicieuse, se dit du langage (1493, suaive), de ce qui charme les sens (1540, suave) et l'esprit (1611).
❏  Le dérivé SUAVEMENT adv. (1503) reprend une partie des sens du dérivé adverbial de soef, soefment (v. 1226), souefment (XVIe s.) puis souevement (1574, encore attesté au XVIIe s.). L'adverbe moderne correspond aux emplois de suave.
SUAVITÉ n. f., forme refaite (XIIIe s.) de suaviteit (v. 1190), est emprunté au latin suavitas « douceur, qualité agréable pour les sens et pour l'esprit ». Le mot latin avait abouti à l'ancien français süaté « douceur » (v. 1120).
■  D'abord terme de religion, le mot désigne la joie de l'âme quand Dieu la favorise (v. 1190). Plus généralement, il signifie « atmosphère paisible et douce » (v. 1440) et « qualité de ce qui est suave » (1512) en parlant de ce qui touche les sens, de l'harmonie dans le langage (v. 1650), dans les formes.
❏ voir DISSUADER, PERSUADER.
SUB- est un préfixe tiré du latin sub, préverbe et préposition signifiant « sous » et « au fond de », d'où les sens de « dessous », « au-dessous de », au physique et au moral, et aussi « dans le voisinage de », « à l'approche de », « à portée de » et « au moment de » ; au figuré, sub marque l'idée d'infériorité, de dépendance. Sub, dont un dérivé a donné sous*, présent dans de nombreux composés français (soumettre, soupçonner, etc.), se rattache à des formes indoeuropéennes sans s initial ; l'opposition entre sub- et super- (→ super) est de date indoeuropéenne, mais n'est pas absolue ; elle se retrouve en sanskrit (-úpa et úpari), en grec (hypo-* et hyper-*), en gotique (-uf et ufar ; Cf. l'anglais over). Plusieurs composés latins en sub- sont passés en français (voir à l'ordre alphabétique).
❏  En français, sub- exprime la position en dessous (Cf. hypo-, infra- et sous-, issu de subtus), la dépendance, la proximité, l'approximation, la faible quantité ou la dissimulation. Servant à former des adjectifs et des noms, sub-, dans certaines formations récentes, est en concurrence avec sous- subcontinent / sous-continent. Le plupart des composés sont formés sur une base empruntée au latin (subaquatique, etc.).
SUBALTERNE adj. et n. est un emprunt (1466) au bas latin subalternus (Ve s.), terme de logique, composé de sub- marquant la dépendance (→ sub-) et de alternus « qui se rapporte à l'un et à l'autre », dérivé de alter (→ autre).
❏  L'adjectif s'applique dès ses premiers emplois à une personne subordonnée à une autre, et spécialement qui occupe un rang inférieur (av. 1673, adj. et n.). De là vient l'emploi de subalterne à l'époque classique au sens de « médiocre, borné » en parlant de l'esprit (av. 1696), puis pour qualifier ce qui caractérise une position inférieure (1741) et ce qui dénote la mesquinerie (1819). ◆  Repris en logique, l'adjectif se dit (1819) de deux propositions opposées quand elles ne diffèrent que par la quantité, et spécialement de la proposition particulière par rapport à l'universelle, nommées SUBALTERNÉE n. f. et SUBALTERNANTE n. f.
❏  Le mot a fourni quelques termes didactiques.
■  SUBALTERNATION n. f., employé au sens de « subordination » (1636) jusqu'à la fin du XVIIIe s., a été repris en logique (1876) pour « rapport de deux propositions subalternes ».
■  SUBALTERNITÉ n. f. (1675), « condition subalterne », est rare ; on trouve aussi la forme subalternéité (1829).
■  SUBALTERNISER v. tr. est didactique et vieilli pour « subordonner » (1831) ; on relève en moyen français la variante subalterner (1444, puis XVIe s.). ◆  Le dérivé SUBALTERNISATION n. f., sorti d'usage pour « action de faire dépendre une chose d'une autre » (1835), est rare pour désigner l'état d'une personne subordonnée à d'autres (av. 1865, Proudhon).
■  SUBALTERNAT n. m., « état d'une personne subalterne », formé (XXe s.) sur le modèle de mots en -at désignant des fonctions envisagées dans leur durée (Cf. épiscopat), est lui aussi littéraire et rare.
SUBCONSCIENT → CONSCIENCE
SUBDIVISER → DIVISER
SUBDUCTION n. f. est un emprunt savant et récent (1951, Amstutz) au latin subductio « action de tirer (les navires sur le rivage) », « calcul, supputation » et au figuré « ravissement, extase ». Ce nom est dérivé de subductum, supin de subducere « tirer de bas en haut » et « tirer de dessous », d'où « retirer », « emmener » et, employé avec rationem, « calculer, supputer ». Ce verbe est composé de sub-, marquant le mouvement de bas (→ sub-) en haut et de ducere « conduire » (→ conduire), de la famille de dux, ducis « chef » (→ duc). ◆  Subductio avait été emprunté en ancien français (v. 1165), d'abord sous la forme suduction, au sens de « tromperie » (v. 1155), « action de séduire », plus tard éliminée par séduction ; le mot s'est aussi employé au sens de « calcul, compte » (1596, subduction). Subducere avait abouti à suduire (v. 1120), soduire (1160-1170), souduire (XIIIe s.), concurrencé et éliminé par séduire.
❏  Subduction, terme de géologie, désigne la situation d'une plaque lithosphérique plongeant sous une autre après avoir été animée d'un mouvement relatif de sens opposé.
❏  Du radical du nom a été tiré SUBDUCTÉ, ÉE adj. (XXe s.).
SUBER n. m. est un emprunt savant (1765, Encyclopédie) au latin suber « liège », par métonymie « bouchon de liège », mot sans origine connue. Suber avait abouti à l'ancien provençal sieure (1374), sure (XIVe s.), à l'italien sughero, au catalan suro.
❏  En botanique, suber désigne la partie des tiges et des racines qui constitue le liège et aussi (1922) le chêne-liège. On a dit subrier n. m. (1611), dérivé savant du latin.
❏  Le mot a fourni des termes didactiques de botanique.
■  SUBÉREUX, EUSE adj., « de la nature du liège » (1798) ; SUBÉRINE n. f., en chimie « matière imperméable du liège » (1821).
■  SUBÉRIFICATION n. f., « transformation d'un tissu végétal en liège » (1877), est formé avec -ification (latin facere et -atio).
■  SUBÉRISER v. tr., « imprégner de subérine » (XXe s.), a pour dérivé SUBÉRISATION n. f. (1925).