SUNDAE n. m., emprunt, d'abord en français du Québec, à l'anglo-américain (1914), s'est répandu aussi en français d'Europe. Le mot, apparu aux États-Unis en 1897, semble être une altération graphique de Sunday « dimanche », parce que ces coupes glacées étaient vendues ce jour-là. Selon H. L. Mencken (The American Language, supplément I), la modification graphique aurait pu se faire par respect pour les sentiments religieux des communautés.
❏  Le mot désigne une coupe glacée où la crème est recouverte de sirop, de fruits, de soda.
SUNLIGHT n. m. emprunte (1881) un mot anglo-américain, terme de cinéma signifiant proprement « lumière du soleil » ; il est composé de sun « soleil », issu du germanique sunnān, apparenté au latin sol, solis (→ soleil), et de light « lumière », du germanique °leuktom, qui se rattache à une importante racine indoeuropéenne °leuk- « briller », représentée par le grec leukos « blanc », les mots latins lux et lumen (→ luire, lumière).
❏  Sunlight désigne une forte lampe à gaz, puis (1920) un projecteur puissant utilisé dans les studios cinématographiques.
SUNNA n. f. est un emprunt (1538 ; zuna, 1553) à l'arabe sŭnnǎh « loi, règle traditionnelle ».
❏  Terme didactique en français, sunna (variantes souna, sounna) désigne, dans la religion islamique, la tradition orthodoxe transmise par les quatre premiers califes successeurs du Prophète, tradition majoritaire et refusée par les chiites.
❏  Il a fourni les termes de religion SUNNITE adj. et n. (1729), « (musulman) qui se conforme à la sunna », et SUNNISME n. m. (XXe s.), « religion des sunnites ». La forme sonni (1653) était empruntée au dérivé arabe sunnī.
1 SUPER v. s'est substitué (1687) à supper (1420), chupper (1611), emprunt à l'ancien normand super (v. 1354), réfection de l'anglo-normand supeir (v. 1130). Cette forme est elle-même issue de l'ancien norrois supa « boire, humer », auquel se rattache l'ancien anglais sūpan, d'où l'anglais to sup « boire, avaler à petites gorgées », l'ancien haut allemand sûfan (allemand saufen).
❏  D'abord attesté au sens de « sucer, absorber » (v. 1130, supeir), encore au début du XVIIe s. (1611, chupper), le verbe s'est spécialisé en marine (1687, intr.) pour « se boucher, s'obstruer ». ◆  Régionalement (Normandie), super signifie encore « aspirer, gober » (1704, tr.).
❏  Le participe SUPÉ, ÉE adj. se dit (1836) d'un navire retenu et comme aspiré par la vase.
2 SUPER → CARBURE (SUPERCARBURANT)
SUPER-, premier élément, représente le latin classique super adv. et prép. « sur », « au-dessus », « par-dessus » et par extension « au-delà », « par-delà » et « plus de ». La langue familière l'employait pour de avec le sens d'« au sujet de », acception qui s'étend en latin impérial, de se spécialisant au sens de « de ». Super a servi en latin de premier élément à de nombreux composés. Il a pour correspondants sans s initial le grec huper « sur » (→ hyper-), le germanique °uberi (Cf. anglais over, allemand über) et il s'oppose à sub (→ sub-).
❏  En français, super entre dans la composition de nombreux mots empruntés au latin et marque la position supérieure.
■  Super est aussi un préfixe de renforcement, marquant la supériorité ou le plus haut degré et servant à former des adjectifs et des noms composés ; cette valeur figurée se trouve déjà en bas latin dans certains composés, comme superadulta « tout à fait nubile ».
■  Son emploi, concurrent de celui de sur-, de hyper-, est limité avant le XXe s. à des domaines spécialisés (1866, papier supersensibilisé, ée adj., en photographie). Il est employé massivement après 1914 avec le vocabulaire du cinéma américain et celui de l'aviation et se développe surtout après 1945, encore sous l'influence de l'anglais, dans le langage publicitaire et technique, puis dans la langue familière. ◆  Super s'emploie avec des noms de personnes (grade, fonction : super-préfet), avec des noms de choses abstraites au sens de « supérieur, extrême » (1929, super-État ; on parlera après 1950 des super-grands, des superpuissances), ou concrètes avec une valeur intensive, signifiant « très grand, très organisé, etc. » (1972, une super-cuisine). ◆  Avec des adjectifs, il a le sens de « très », « entièrement » (1839, supercivilisé, De Custine), notamment dans des adjectifs d'évaluation positive (1930, supermoderne), surtout à partir de 1960. Dans la langue publicitaire, il équivaut à « qui a à l'extrême une propriété » (1981, crème superhydratante). ◆  Dans la langue parlée, super- s'emploie avec des adverbes (superbien).
■  Dans l'usage familier, d'abord chez les jeunes, il s'est détaché (1951 ; diffusé après 1968) pour servir d'adjectif (il, elle est super, un film super).
❏ voir SUPERBE, SUPERCHERIE, SUPERCOQUENTIEUX, SUPÈRE, SUPERFÉTATION, SUPERFICIE, SUPERFLU, SUPÉRIEUR, SUPERLATIF, SUPERMAN, SUPERMARCHÉ, SUPERPOSER, SUPRA-, SUPRÊME, SUR, SUR-, SURÉROGATION, SURNUMÉRAIRE, ainsi que SOPRANO, SOUBRETTE, SOUVERAIN.
1 SUPERBE adj., attesté d'abord comme nom (v. 1120) puis comme adjectif (fin XIIe s.), est emprunté au latin superbus « altier, hautain », d'où « orgueilleux » et, pris en bonne part, « magnifique, fier, imposant » dans la langue poétique et à l'époque impériale. Cet adjectif est formé de super « sur » (→ super-) et d'un élément -bus issu de -°bhos « qui pousse », peut-être apparenté à la racine °bheu- « croître » et que l'on retrouve dans le latin probus (→ probe) ; °super-bhos aurait signifié littéralement « qui croît au-dessus des autres ».
❏  Superbe reprend au XIIe s. le sens latin d'« orgueilleux » ; dans cette acception, l'adjectif est devenu archaïque ou littéraire, de même que les emplois qui apparaissent à partir du XVIe s. pour qualifier une action humaine (1559, Amyot), un air, une allure (1658, Bossuet) et aussi un animal, avec l'idée mêlée de « fierté » et de « majesté » (1677, Racine). Un superbe (1642, Corneille) s'est dit pour « personne qui a de la superbe » (ci-dessous). Appliqué concrètement dans la langue poétique à un élément de la nature qui s'élève au-dessus des autres (1690, Furetière, un mont superbe), il est sorti d'usage.
■  Superbe emprunte au XVIe s. la valeur méliorative du latin, qualifiant ce qui est plein de magnificence et de somptuosité (1573, d'une maison) ; ce sens ne subsiste que dans un emploi littéraire. À partir du XVIIIe s., par affaiblissement, l'adjectif ne conserve que l'idée de beauté qu'il avait depuis le début du XVIIe s. (attesté en 1617), et devient d'usage courant en parlant d'une personne d'une prestance imposante (1762, d'une femme) ou d'une chose, d'un paysage d'une grande beauté et par extension d'un phénomène naturel (1775, un temps, un soleil superbe). Par extension, et sans coloration esthétique, superbe s'emploie aussi à partir du XIXe s. comme intensif, équivalant à « remarquable, excellent » (av. 1842, Stendhal).
❏  Le dérivé SUPERBEMENT adv., sorti d'usage au sens d'« orgueilleusement » (1538), conserve celui de « magnifiquement » (1546).
■  2 SUPERBE n. f. est un emprunt savant (v. 1120), aussi en ancien français superbie, au latin classique superbia « orgueil, fierté, hauteur », « insolence » et avec une valeur méliorative « noble fierté », dérivé de l'adjectif superbus. Superbia a par ailleurs abouti en ancien espagnol à sobervia et à soberbha en ancien portugais.
■  Le mot a en ancien français le sens latin d'« orgueil, arrogance » (v. 1120), surtout dans le style religieux à l'époque classique. La superbe, condamné par Vaugelas (1647), est tombé en désuétude jusqu'au XIXe siècle. Le mot a été repris dans un style littéraire, au sens d'« assurance orgueilleuse qui se manifeste par l'air, le maintien » (1849, Michelet).
SUPERCHERIE n. f. est emprunté sous une forme francisée (1566, « attaque par surprise ») à l'italien soperchieria « excès, affront », dérivé de soperchiare « surabonder, prédominer », « tromper », lui-même dérivé de l'adjectif soperchio « excessif », « surabondant ». Ce mot est issu d'un latin populaire °superculus « excessif », dérivé du latin classique super « au-dessus » (→ super-).
❏  Supercherie est emprunté avec la valeur d'« attaque brusque », puis avec le sens italien de « mauvais tour, insulte » (1575) et le mot est à la mode à la Cour. On relève aussi chez Montaigne (1588) le sens d'« abus de force » et à la fin du XVIe s. (1599) celui de « superfluité, abondance excessive », en usage à l'époque classique.
■  Par ailleurs, dès le XVIe s., se produit un glissement de sens propre au français, qui aboutit au sens moderne (attesté 1611) de « tromperie qui implique la substitution du faux à l'authentique » ; cette valeur apparaît en espagnol à la même époque (1613, Cervantes, superchería), sans que l'on puisse affirmer le sens dans lequel s'exerce l'influence (plus probablement du français vers l'espagnol) ; elle est restée vivante en français moderne.
SUPERCOQUENTIEUX, EUSE adj. représente une variante (1833) de supercoquelicantieux, supercoquelicantiqué, signifiant proprement « qui dépasse le coq en chantant », mot burlesque relevé chez Rabelais (av. 1553) et tiré du latin macaronique (XVe s.). Ce mot est formé du latin classique super « au-dessus » (→ super-), du français coq* et du latin cantus « chant* ».
❏  D'usage littéraire, l'adjectif s'est employé par plaisanterie pour « magnifique, mirifique ». On relève aussi une forme superlicoquentieux (1623). La variante moderne, plaisante et archaïque, superlificoquentieux (1885), utilise l'élément initial superl- de superlatif et la séquence -lific- de emberlificoté.
SUPÈRE adj. est un emprunt savant (1529 isolément, puis 1770, Rousseau) au latin superus « qui est au-dessus, supérieur », opposé à inferus « qui se trouve par-dessous » (→ infère) ; superus dérive de super adv. et prép. « sur, au-dessus ; par-dessus » (→ super-).
❏  L'adjectif qualifie en botanique l'ovaire d'une fleur qui s'attache au sommet du pédoncule floral au-dessus de la corolle.
SUPÉRETTE → SUPERMARCHÉ
SUPERFÉTATION n. f. est un emprunt savant (1534) au latin médiéval superfetatio, formé sur superfetatum, supin du latin impérial superfetare « concevoir de nouveau ». Ce verbe est formé du latin classique super « en dessus, par-dessus » (→ super-) et du latin impérial fetare « faire des petits », « pondre », « féconder », dérivé du latin classique fetus « grossesse », « enfantement », « portée », « ponte » et par métonymie « petit (d'un animal) » (→ fœtus). ◆  On relève en moyen français le verbe superfoeter « concevoir un second fœtus » (1570), emprunté au verbe latin.
❏  Superfétation désigne en physiologie médicale la fécondation de deux ovules, s'opérant en deux coïts dans des périodes d'ovulation différentes. Au figuré, le mot s'emploie en parlant de ce qui s'ajoute inutilement à autre chose (fin XVIIe s., Bossuet, d'abord supereffetation, 1615), emploi didactique ; il s'est dit spécialement d'une répétition inutile dans le langage (1819, Boiste).
❏  Sur le radical de superfétation a été dérivé SUPERFÉTATOIRE adj. (1901), qui s'emploie avec le sens figuré du nom dans un usage littéraire. Au sens étendu de « verbeux et inutile, ou sans intérêt », l'adjectif est plus courant que le nom.
■  SUPERFÉTATIF, IVE adj. (fin XIXe s., Huysmans) est rare.
SUPERFICIE n. f. est emprunté d'abord sous la forme superfice (v. 1200), au latin classique superficies « partie supérieure », « constructions sur la surface d'un sol dont on n'a que l'usufruit », en géométrie « surface » et en latin chrétien (saint Irénée) « apparence extérieure, superficielle » ; ce mot est formé de super- « en-dessus, par-dessus » (→ super-) et de facies « forme extérieure » (→ faciès à face). Superficies a par ailleurs servi de modèle pour la formation du français surface*.
❏  Le mot désigne d'abord au figuré, par le latin chrétien, ce qui se présente immédiatement à l'esprit, l'aspect superficiel, l'apparence morale (v. 1200, superfice ; v. 1270 [F. e. w.], superficie), opposé à fond, acception disparue. Puis il désigne la partie externe visible de qqch. (1314, superfecie), sens toujours vivant. Superficie reprend en géométrie le sens latin de « surface (d'un corps) considérée dans son étendue et dans son caractère extérieur » (1484) ; il désigne aussi la partie supérieure d'une chose (1563). Par métonymie, superficie désigne en droit, par réemprunt au latin, tout ce qui est bâti ou planté sur un fonds (1690), d'où droit de superficie « droit de propriété qui ne porte que sur les édifices ou plantations, à l'exclusion du sous-sol » (1872). ◆  Par figure, le mot a désigné au XVIIe s. (1689, Sévigné) une connaissance imparfaite ; il est sorti d'usage dans cette acception qui correspond au sens moderne de superficiel (ci-dessous).
❏  Deux mots ont été empruntés à des dérivés de superficies.
■  SUPERFICIEL, ELLE adj., emprunt au bas latin superficialis « relatif aux surfaces » et au figuré « qui n'est pas profond », s'applique à ce qui est propre à la surface d'un corps (1314), à ce qui n'intéresse que cette surface (1636, croûte superficielle), d'où les emplois comme nom pour « surface d'une chose » (1564) et « mesure en unités de surface » (1690), sortis d'usage. ◆  Avec une valeur abstraite, qui correspond au sens figuré de superficie, superficiel se dit (1370) d'une connaissance, d'un sentiment sans profondeur, de ce qui n'est pas profond et, à propos d'une personne, d'un esprit qui ne va pas au fond des choses (1590), de ce qui n'est qu'apparent (1683).
■  L'adjectif a fourni SUPERFICIELLEMENT adv. qui a signifié « au premier aspect » (XIIIe s., superficiaument) ; il s'emploie avec le sens propre de « légèrement » (1314, superficialement ; v. 1560, superficiellement) et au figuré (1370, superficialment). L'adverbe a aussi signifié (1600) « en étendue ».
■  SUPERFICIALITÉ n. f. équivalait à « superficie » (1512) et ne s'emploie plus qu'au figuré pour « caractère superficiel, sans profondeur » (1731 ; rare avant le XIXe s.).
1 SUPERFICIAIRE adj., qui reprend (1771) le latin impérial superficiarius « dont on n'a que l'usufruit », se dit d'un propriétaire qui détient un « droit de superficie » et s'emploie dans propriété superficiaire (av. 1865, Proudhon) « qui se limite à la surface du sol ou à des constructions élevées sur un terrain appartenant à autrui ».
■  Un homonyme 2 SUPERFICIAIRE adj., dérivé de superficie, signifiait en moyen français « qui n'a que l'apparence » (1534, Rabelais), « qui est à la surface » (v. 1560).
SUPERFLU, UE adj. et n. m. est un emprunt savant (XIIIe s., isolément ; puis 1314) au bas latin superfluus « débordant », « excessif ; de reste », dérivé du latin impérial superfluere « déborder », « surabonder » ; ce verbe est composé de super « au-dessus » (→ super-) et de fluere « couler, s'écouler » (→ fluer). L'ancien provençal a de même sobreflu (1250).
❏  Le mot désigne ce qui est en plus du nécessaire (XIIIe s., adj. et n. m. ; puis XVIe s., en ce sens) ; de là vient superflu en (qqch.) « excellent en » (XVe s.), sorti d'usage. ◆  Superflu, à nouveau emprunté au XIVe s. (1370, Oresme), qualifie ce qui n'est pas indispensable, voire ce qui est inutile, et spécialement ce qui surcharge inutilement (1530), en parlant par exemple d'ornements, puis d'éléments naturels, d'où poils superflus (XXe s.) des aisselles, des jambes, que les femmes font disparaître.
■  L'adjectif a eu le sens latin de « sans mesure, excessif », en parlant d'une personne (1530). ◆  Il s'est employé en musique à propos d'un intervalle qui a un demi-ton de trop (1702). Rimes superflues désigne en métrique (1872) des rimes qui embrassent, outre la rime consonante entière, une partie de la syllabe précédente.
❏  SUPERFLUITÉ n. f. est emprunté (v. 1180) au bas latin ecclésiastique superfluitas « surabondance », dérivé de superfluus.
■  Le mot s'emploie d'abord au pluriel en médecine pour « humeurs surabondantes », sens vivant jusqu'au XVIe siècle. Plus généralement, il désigne ce qui est en excès par rapport à une norme ; au singulier, il a signifié « faste dans l'habillement » (v. 1180), sens encore vivant à l'époque classique (1677), et aussi « sécrétion » (v. 1270), « inondation » (v. 1375), « excès de végétation » (1549), tous emplois sortis d'usage.
■  Superfluité, littéraire, désigne (v. 1190, superfluitet) encore aujourd'hui une chose superflue et, dans l'usage didactique, le caractère de ce qui est surabondant (v. 1330).
SUPÉRIEUR, EURE adj. et n. est la réfection (1530) de superior (v. 1160), supereor (1195), emprunt savant au latin classique superior « plus au-dessus, le plus haut de », avec une valeur temporelle « antérieur, précédent », « supérieur » en parlant de rang, et par ailleurs « plus puissant, plus fort ». Superior est le comparatif de superus « qui est au-dessus » (→ supère), dérivé de super adv. et prép. « sur, au-dessus, par-dessus » (→ super-).
❏  L'adjectif apparaît avec la valeur concrète et spatiale du latin, qualifiant notamment une partie du territoire qui se trouve plus rapprochée de la source d'une rivière qui la traverse (v. 1160, superior). Le mot se dit plus largement (1195, supereor) de ce qui est situé au-dessus (de qqch.), de la partie la plus haute (d'un objet). ◆  Avec cette valeur concrète, l'adjectif s'emploie depuis le XVIe s. en astronomie, dans planète supérieure « plus éloignée du Soleil que ne l'est la Terre » (1562) et dans l'expression courante membres supérieurs (1564).
■  En emploi abstrait, supérieur à (1588) qualifie ce qui l'emporte sur qqch. par la qualité, la valeur, etc. et une personne qui a une plus grande valeur intellectuelle, morale, plus de talent. Avec cette acception, supérieur sans complément qualifie une personne remarquable par ses qualités (1694) ou son talent (1798) ; on parle aussi d'esprit supérieur, d'intelligence supérieure, etc.
■  La construction supérieur à s'applique aussi à ce qui est plus grand (mil. XVIIe s. : av. 1679), à ce qui est quantitativement plus important (température supérieure à..., 1875). ◆  Dans une classification (1845), l'adjectif qualifie ce qui est à un niveau plus général, ce qui est plus avancé dans une évolution (animaux supérieurs, végétaux supérieurs). Avec tous ces emplois, il s'oppose à inférieur.
■  Enfin, l'adjectif acquiert une valeur psychologique, d'après un sens de supériorité (ci-dessous), pour « qui témoigne d'un sentiment de supériorité » (1887, Zola).
Le premier emploi substantif est superieux (1482) puis superieur (v. 1510) « personne qui a autorité sur une autre (ou d'autres) par sa position hiérarchique ». ◆  Cette valeur hiérarchique, sociale, administrative, militaire est partagée par l'adjectif (les classes supérieures) et s'est développée aux XIXe-XXe s. avec l'accroissement des institutions organisées (officier supérieur, cadre supérieur, etc.). ◆  Avec une valeur à la fois intellectuelle, pédagogique et sociale, l'institution scolaire française connaît depuis le XVIIe s. les classes supérieures (1690) ; au XIXe s. elle est répartie, selon l'âge des élèves et le niveau des études, en primaire, secondaire et supérieur : enseignement supérieur, d'où le supérieur (XXe s.) « l'université ». À l'intérieur même de l'université, études supérieures recouvre les deuxième et troisième cycles. En français de Belgique (et des pays d'Afrique, anciennes colonies belges), cycle supérieur, secondaire supérieur, « deuxième cycle de l'enseignement secondaire ». ◆  En géographie (calque de l'anglais) le Lac Supérieur est le nom du plus vaste des Grands Lacs, entre le nord des États-Unis et le Canada.
Le substantif appliqué aux personnes, SUPÉRIEUR, EURE n. désigne à partir du XVIIe s. (1656, Corneille) la personne qui assure la direction d'une communauté religieuse ou d'un couvent (en apposition, le père supérieur, la mère supérieure). ◆  De là, dans le vocabulaire libertin du XVIIIe s., le sens analogique de la supérieure « femme qui tient une maison de prostitution » (v. 1750), sorti d'usage.
❏  Le dérivé SUPÉRIEUREMENT adv. signifie « d'une manière excellente », « parfaitement » (1604) ; il est familier pour « à l'extrême », « très » (1876).
■  SUPÉRIORISER v. tr., dérivé savant du latin superior, a d'abord signifié « rendre supérieur » (1837, Balzac), sens littéraire. Repris en psychologie (v. 1965), il signifie « donner un sentiment de supériorité à (qqn) », opposé à inférioriser*. ◆  En dérive, avec la même valeur psychologique, SUPÉRIORISATION n. f. (v. 1965).
SUPÉRIORITÉ n. f. est emprunté (1409) au latin médiéval superioritas « autorité suprême, suprématie », dérivé du latin classique superior. Cette forme savante s'est imposée devant supérieurité n. f., dérivé français au sens concret de « fait d'être situé plus haut » (1538), qui ne s'est pas maintenu.
■  Supériorité désigne le fait d'être supérieur par ses qualités, en parlant d'une personne (v. 1450) ; par extension, il a signifié « avantage, privilège » (v. 1500) et « puissance » (fin XVIe s., Brantôme). ◆  Au XVIe s., le nom désigne une personne placée à un haut niveau dans la hiérarchie (1553), sens archaïque, comme l'emploi au XVIIe s. pour « dignité de supérieur dans un couvent, une communauté » (1690). ◆  Au XVIIIe s., supériorité s'emploie pour parler de la position avantageuse que donnent des moyens puissants (déb. XVIIIe s.), en particulier dans le domaine militaire, et de l'attitude d'une personne condescendante (1713, air de supériorité). Il désigne aussi le fait qu'une chose l'emporte sur une autre (fin XVIIIe s.). ◆  En grammaire, on parle de comparatif de supériorité (déb. XXe s.) et en psychologie de sentiment, complexe* de supériorité.
SUPERLATIF, IVE adj., réfection (v. 1215) de supellatif (v. 1170), est un emprunt au bas latin superlativus, terme de grammaire (IVe s.) et de rhétorique pour « hyperbolique, exagéré » (VIe-VIIe s.) ; en latin médiéval, le mot s'est aussi employé aux sens de « parfait, excellent », « supérieur, éminent » (XIIe s.). Le mot dérive du latin classique superlatio « exagération, hyperbole », employé en rhétorique et en grammaire et formé sur superlatum, supin de superferre « porter au-dessus », « dépasser, reculer, porter au-delà ». Ce verbe est composé de super « au-dessus, par-dessus » (→ super-) et de ferre « porter » (→ -fère), dont le supin latum se rattache à la racine indoeuropéenne °telə- « supporter, soulever » (→ tolérer), alors que l'infinitif appartient à la racine °bher- « porter » (→ souffrir).
❏  Le mot emprunte au XIIe s. la valeur du latin médiéval, « excellent », seule en usage jusqu'au XVIe siècle ; il s'applique à Dieu, « qui est au-dessus de tout » (v. 1170, supellatif), puis à ce qui a un caractère d'excellence (v. 1280), sens encore en usage au XIXe siècle. De là viennent aussi superlatif de (v. 1300) « le plus puissant de » jusqu'au XVIe s. et superlatif de qqch., en qqch. « qui possède au plus haut degré (telle qualité) » (v. 1320). L'adjectif ne s'est pas maintenu dans ces emplois, où il est l'intensif de supérieur, ni dans les acceptions figurées, plus tardives, de « fier, hautain » (1611), « éloquent » (1752). Le sens figuré et péjoratif « extrême, excessif, exagéré », qui vient de cette acception (XIXe s.), a lui aussi vieilli. ◆  Quant à l'usage substantif, ancien pour « maître absolu » (suppelatif, v. 1210 ; superlatif, v. 1320), il a disparu en moyen français.
■  Comme terme de grammaire, repris au XVIe s. (1550) au bas latin, l'adjectif se dit de ce qui exprime le degré supérieur d'une qualité, défini absolument ou par rapport à un ensemble déterminé (préfixes, suffixes superlatifs) ; un superlatif désigne le terme qui exprime le degré supérieur d'une qualité (mil. XIIIe s.) et, par extension (1652), un terme exagéré, hyperbolique (abuser des superlatifs). ◆  Dans la terminologie grammaticale, sont distingués par la suite (1765) le superlatif relatif « qui exprime la qualité portée au plus haut degré, par rapport à d'autres personnes, d'autres choses » (par ex. le plus important), du superlatif absolu, sans référence à d'autres personnes ou choses (très important).
■  Le mot s'emploie aussi au figuré, avec une valeur proche du sens ancien (ci-dessus), dans la locution adverbiale au superlatif « extrêmement, au plus haut degré » (1694), en un degré superlatif (1694) ne s'étant pas maintenue. Il peut être suivi d'un complément (le superlatif de [qqch.]) pour « le sommet, le maximum » (XIXe s.).
❏  Le dérivé SUPERLATIVEMENT adv., familier pour « extrêmement » (1549 ; v. 1510, supellativement), était encore employé au XIXe s. dans la conversation ; il a disparu. ◆  Le mot est rare au sens grammatical d'« au superlatif » (XXe s.).
SUPERMAN n. m. est emprunté (1949, Boris Vian) à l'anglo-américain Superman, nom d'un personnage de bandes dessinées créé par Siegel et Schuster en 1938 ; ce mot est composé de super-, emprunté au latin classique « au-dessus, par-dessus » (→ super-), et de man « homme » (→ barman, mannequin). Il avait été créé en anglais (1903) pour traduire l'allemand Übermensch, employé par Nietzsche et rendu par le français surhomme (1901, Lichtenberger). Il conserve au pluriel la forme anglaise supermen.
❏  Superman, par allusion au héros de la bande dessinée, s'emploie pour « homme doué de capacités surhumaines » et par extension « homme qui domine tous ses semblables » (1949, B. Vian, Charlie Parker, le superman du jazz), souvent par ironie (jouer les supermen).
❏  SUPERWOMAN (1981) est emprunté au mot anglo-américain correspondant, de woman « femme », nom d'une héroïne de bandes dessinées. Il fonctionne en français comme féminin (plus rare) de superman.
SUPERHÉROS n. m. désigne l'ensemble des personnages de fiction, créés aux États-Unis, doués de capacités surhumaines, sur le modèle de Superman.
SUPERMARCHÉ n. m. est la francisation (v. 1960), par traduction littérale, de l'anglo-américain supermarket (1946), composé de super-* et de market, emprunt au français marché*.
❏  Le mot désigne un vaste magasin d'alimentation et de produits courants, où se pratique le libre-service. On a employé (1953) pendant quelques années la forme anglaise supermarket. Supermarché tend à être remplacé par grande surface* ; il est distingué de hypermarché (→ marché). Par figure, le mot, un des symboles de la société de consommation, s'emploie (v. 1969) pour parler d'un lieu où l'on diffuse à grande échelle un bien quelconque.
SUPÉRETTE ou SUPERETTE n. f. est emprunté (1959) au mot anglo-américain superette, formé de super, dans supermarket, et du suffixe -ette, emprunté au français.
■  Supérette désigne, dans le vocabulaire du commerce, un magasin d'alimentation en libre-service plus petit que le supermarché ; le mot est moins courant que supermarché et libre-service.
SUPERNATURALISME, ISTE → SURNATUREL
SUPERPOSER v. tr. représente une adaptation (1762), d'après poser*, du latin superponere « placer, mettre sur » et au figuré « mettre à la tête de », « préférer » ; ce verbe est composé de super « au-dessus » (→ super-) et de ponere « poser » (→ pondre).
❏  Superposer veut dire « poser l'un sur l'autre », spécialement en géométrie, et aussi « mettre l'un au-dessus de l'autre » (1859). Le verbe s'emploie au figuré au sens de « mettre en plus » (1819). ◆  Le pronominal apparaît (1778) dans ce dernier sens, puis (1834) pour « se poser l'un sur l'autre ». Le participe passé est adjectivé (1803).
❏  Il a fourni SUPERPOSABLE adj. (1868 en physique) et en botanique SUPERPOSITIF, IVE adj. (1839).
SUPERPOSITION n. f. est emprunté au dérivé bas latin superpositio, -onis « paroxysme », au moyen âge « superposition ». Comme le verbe, superposition s'emploie au propre (1613), par exemple en géologie (1781) et au figuré (1860).