SURPLIS n. m. est la réfection (v. 1175, surpliz), avec sur-*, de sorpeliz (XIIe s.), lui-même francisation en sor-, ancienne forme de sur-, du latin médiéval superpellicium (XIe s.), composé du latin classique super « au-dessus de » (→ super-) et du bas latin pellicius, variante du latin classique pelliceus « de peau », dérivé de pellis « fourrure » (→ peau).
❏  Le mot désigne un vêtement de lin à manches larges que les prêtres portent sur la soutane. La locution porter le surplis dans une paroisse « faire partie du clergé de cette paroisse » (1694) est sortie d'usage.
SURPLOMBER, SURPLOMB → PLOMB
SURPLUS → PLUS
SURPRENDRE v. tr. est la réfection (fin XIIe s.) de sorprendre (v. 1130), graphie la plus courante jusqu'au XVIe siècle. Le verbe est composé de sur-* (anciennement sor) et de prendre*.
❏  Depuis le XIIe s., surprendre signifie « affecter, toucher (une personne qui n'y était pas préparée) », le sujet désignant un événement, un phénomène (v. 1130), et, le sujet désignant une personne, « prendre (qqn) au moment où il commet un délit » (v. 1130), puis par extension lorsqu'il transgresse des règles morales (1672). ◆  Cette idée de « prendre au dépourvu » se développe dans les emplois du verbe pour « se saisir de (qqn) par une attaque imprévue » (v. 1165) et aussi « envahir brusquement (qqn) », en parlant d'un sentiment (v. 1155), sorti d'usage. ◆  L'emploi pour « abuser (qqn) par des manœuvres inopinées » (v. 1190) ne demeure que dans la locution surprendre la bonne foi, la crédulité de qqn (1663). ◆  Le verbe s'emploie aussi pour « se présenter à l'improviste » (v. 1175) et spécialement « arriver inopinément chez (qqn) » (1707). ◆  Par extension, surprendre une correspondance a signifié « l'intercepter » (1538) et surprendre une autorisation, une permission, etc. « l'obtenir par des moyens détournés » (1650) ; ces valeurs ont disparu. ◆  Un peu plus tard, le verbe s'emploie pour « découvrir inopinément (1663) ou volontairement (1669) [ce qu'une personne cache] », d'où par extension « déceler, apercevoir » (1830), emplois toujours vivants mais assez littéraires, alors que la valeur correspondante avec un complément nom de personne, surprendre qqn en galante compagnie, etc. (1690), reste normale et courante. ◆  Le sujet désignant un événement, une chose ou une personne, surprendre signifie aussi « frapper l'esprit en se présentant sans être attendu, ou en étant autre que ce qu'on attendait » (1651), d'où à l'époque classique surprendre qqn de qqch. « lui en faire la surprise » (apr. 1650) et aujourd'hui cela me surprendrait (1748) marquant le doute ou l'incrédulité. ◆  Au pronominal, se surprendre à (faire qqch.) signifie « constater soudain qu'on fait ce que l'on ne pensait pas faire » (1688). ◆  Dans un contexte concret, surprendre une viande « la brûler avant qu'elle soit cuite à l'intérieur », en parlant d'un feu trop vif (1798), est sorti d'usage.
❏  SURPRIS, ISE adj., tiré du participe passé, d'abord sorpris (v. 1160), a signifié « envahi » et s'est employé dans estre sorpris de « être surpassé en » (v. 1210). ◆  L'adjectif se dit aujourd'hui d'une personne déconcertée (v. 1260, sorpris ; XVIe s., surpris) ou étonnée (1668). À l'époque classique, il s'appliquait aussi à une personne pénétrée d'un sentiment (1606, surprins de) ou abusée (1653). ◆  Surpris, d'après le sens correspondant du verbe, s'est dit d'une chose obtenue par des moyens frauduleux (1671) ou dérobée furtivement (1708), sens archaïques, et de soldats attaqués inopinément (1687). L'adjectif qualifie aussi ce qui, devant rester caché, a été découvert (XIXe s.), emploi vieilli. ◆  SURPRENANT, ANTE adj., tiré au XVIIe s. (1644) du participe présent, s'applique à ce qui étonne par son caractère inattendu ou à ce qui est objectivement peu commun ; il s'emploie également (1690) de façon hyperbolique, comme étonnant. ◆  L'expression argotique (et assez poétique) à la surprenante « par surprise » (chez Simonin, 1969) paraît plus littéraire que spontané.
SURPRISE n. f., substantivation du participe passé féminin, est la réfection (1294) de sorprise (1160-1170), probablement dérivé de prise, terme de finance au moyen âge.
■  Le mot a désigné au moyen âge un impôt extraordinaire. ◆  Au sens général « action de surprendre » correspond par surprise loc. adv. « à l'improviste » (1538) et, par métonymie, l'emploi demeuré courant pour désigner ce qui surprend, une chose inattendue (1549). Le mot désigne indifféremment le fait de prendre ou d'être pris à l'improviste (1549), ainsi dans le titre La Surprise de l'amour, comédie de Marivaux. ◆  Le sens militaire de surprendre a son correspondant pour surprise (1559, Amyot). ◆  D'après le sens correspondant du verbe, le nom a signifié « tromperie, supercherie » (1564, surprinse ; 1660, surprise), en particulier dans un procès (1549, au pluriel). ◆  À partir de la valeur générale, « action de surprendre », il a pris le sens, aujourd'hui le plus courant, d'« état d'une personne qui est surprise » (1649), « émotion que provoque qqch. d'inattendu » (1660), d'où la tournure à la (grande) surprise de qqn (1830). Avec ce contenu psychologique, surprise se dit de l'effet produit sur l'esprit par une vive émotion, un événement inattendu, etc. (1642). ◆  Par spécialisation, le mot désigne aussi (1782) un cadeau ou un plaisir fait à qqn pour le surprendre agréablement, d'où faire une surprise à qqn (1835), et par métonymie ce cadeau inattendu, spécialement un cornet de friandises qui contient un petit cadeau censé surprendre (1803 : bonbon en surprise et une surprise), en apposition dans pochette surprise (1842). ◆  Boîte à surprise(s) [1842] ou surprise (1847) désignait un coffret qui projette, quand on l'ouvre, un objet inattendu, une figure grotesque ; cette acception a vieilli avec l'objet qu'elle désigne.
■  Surprise, avec une valeur d'adjectif au sens de « soudain, inattendu », est employé (1966) comme second élément de noms composés, par exemple cadeau-surprise, visite-surprise (1968), grève-surprise (1969).
■  Le composé SURPRISE-PARTIE ou SURPRISE-PARTY n. f. (1882, isolément ; puis 1910) est emprunté à l'anglo-américain surprise-party (1858 ; d'abord terme militaire, pour « attaque surprise », 1841), composé de surprise (XVe s.) et de party (XIIIe s.), tous deux empruntés au français. ◆  Le mot a désigné une réunion de personnes qui s'invitaient, en principe à l'improviste, chez qqn en apportant les éléments du repas. Cet emploi était vivant jusqu'en 1940 ; l'occupation allemande supprimant la plupart des formes de vie mondaine, le mot a changé de valeur (v. 1942-1943), désignant une soirée dansante de jeunes gens, qui a lieu chez l'un d'entre eux, sens usuel après 1945 ; l'équivalent SURBOUM n. f. (1947), de surprise-partie et boum, a été employé jusqu'aux années 1960, et SURPATTE n. f. (1959), par jeu de mots sur patte*, était à la mode entre 1960 et 1970. Ces mots sont sortis d'usage après 1970. En revanche, 2 BOUM n. f., pour « surprise-partie », s'est employé plus longtemps.
SURRÉALISME → RÉEL
SURRECTION n. f. est emprunté (v. 1119) au bas latin surrectio, -onis « action de lever » et « résurrection », dérivé de surrectum, supin du latin classique surgere « se lever, se mettre debout » (→ surgir).
❏  Le mot s'est employé au sens de « résurrection » et est attesté pour « action de se lever » (1507, surrexion). ◆  Il semble inusité avant la fin du XIXe s. où, réemprunté en géologie, il désigne (1886) le soulèvement en bloc d'une zone de l'écorce terrestre. Il s'emploie au figuré pour « apparition, émergence » (v. 1950) en relation avec 1 surgir.
❏ voir INSURGER (INSURRECTION), RÉSURRECTION.
SURSAUTER → SAUT
SURSEOIR, SURSIS → SEOIR
1 SURTOUT adv. est formé (1470) de sur* et de tout* et a remplacé des adverbes plus anciens comme ensobretot (fin Xe s.), ensorquetot (v. 1050), puis ensurquetout (XIVe s.) et surketut (v. 1240).
❏  Il est relevé isolément (1470) au sens de « en tout », puis s'emploie pour « par-dessus tout » (fin XVe s.), valeur devenue archaïque sauf pour renforcer un ordre ou un conseil (av. 1549). ◆  Le mot est usuel au sens de « plus particulièrement » (fin XVe s.), servant alors à isoler un élément par rapport à d'autres.
❏  2 SURTOUT n. m. est formé (1683) de sur* et de tout*. Le mot désignait un vêtement porté par-dessus les autres et s'est employé plus généralement à propos d'un objet qui enveloppe comme un vêtement (1690). ◆  C'est le nom d'une grande pièce de vaisselle (1690), décorative et placée sur une table. ◆  Le mot a pris en outre des valeurs techniques, s'appliquant à une petite charrette en forme de grande manne pour transporter les bagages (1694), puis au second moule recouvrant le moule d'une cloche (1753), au toit de paille conique placé sur une ruche (1793). Ces sens ont vieilli avec les techniques auxquelles ils se réfèrent.
SURVEILLER → VEILLE
SURVENIR → VENIR
SURVIVRE → 1 VIVRE
L SUS adv. est issu (v. 880) du latin susum, variante de sursum adv. « vers le haut », « en haut », composé de su(b)s (→ sous) et de versum adv. « dans la direction de » (→ 1 vers).
❏  Sus a d'abord signifié « en haut, vers le haut (dans le ciel) » ; en sus « en haut » (v. 980) est employé jusqu'au début du XVIIe s. ; la locution courir sus à qqn (v. 1175, corre sus a) « l'attaquer » est sortie d'usage, comme l'emploi de sus ! interj. (v. 1200) pour exhorter, encourager, souvent renforcée à l'époque classique en sus donc ! (v. 1629), or sus ! ◆  Mettre un crime sus à qqn « le lui imputer » (v. 1220), mettre sus un impôt « l'établir » (1478), remettre sus « redonner vie à qqn » (fin XIVe s.) s'employaient encore au XVIIe siècle. ◆  Sus employé seul a eu le sens de « debout » (1538).
■  Sus est entré dans la formation de l'ancien adverbe en sus « en haut, au-dessus » (v. 980), (voir ci-dessus ensus). En sus de loc. prép. « loin de » (v. 1190), s'est conservée en droit pour « en plus de » (1798).
■  Sus s'est utilisé comme préposition jusqu'au XVIIe s. au sens de « vers », avec une valeur spatiale (1080) puis temporelle (apr. 1360). La préposition, en concurrence avec sur* qui l'a éliminée, a signifié aussi « malgré » (1440-1475) et « contre » devant un nom de personne (1630).
❏ voir DESSUS ; SUS-, SUZERAIN.
SUS-, emploi spécialisé de sus adv. « au-dessus », est un préfixe entrant dans la formation de termes didactiques, notamment en anatomie, en musique et dans le vocabulaire juridique.
❏  Il indique qu'une chose est placée plus haut qu'une autre (sus-caudal) ou en recouvre une autre (sus-alaire) ; en musique, il s'emploie pour parler d'un élément placé plus haut dans l'échelle tonique que celui que désigne le radical (sus-dominante). ◆  Devant un participe passé adjectivé, il indique dans la langue juridique qu'il a déjà été question de la personne ou de la chose en cause (susnommé).
SUSCEPTIBLE adj. est un emprunt (1372) au bas latin susceptibilis « capable de recevoir » (VIe s.), dérivé de susceptum, supin du latin classique suscipere « prendre, recevoir par-dessous », « soutenir » et « prendre sur soi », d'où « assumer », « supporter » et en bas latin « accueillir en hôte, héberger ». Ce verbe est formé de subs- (sus- devant c), variante de sub « sous » (→ sub-), et de capere « prendre » (→ capter, chasser), qui se rattache à une racine indoeuropéenne °kap-.
❏  Susceptible de, suivi d'un nom, se dit d'une personne apte à éprouver des effets d'ordre affectif, moral (1372), et d'une chose qui peut acquérir des qualités nouvelles (1520), cet emploi étant devenu littéraire. ◆  Le mot, rare avant le XVIIe s., s'applique à l'époque classique à ce qui est apte à recevoir qqch. (déb. XVIIe s.). Suivi d'un infinitif, l'adjectif qualifie plus souvent une personne qui a une capacité latente (1750) ou une chose qui a une possibilité d'utilisation occasionnelle (XIXe s.), différent de capable qui implique une capacité permanente.
■  Susceptible s'est spécialisé pour qualifier (1760) une personne particulièrement sensible dans son amour-propre, qui se froisse facilement ; dans ce sens il est parfois substantivé (av. 1776). ◆  Le mot se dit aussi d'une partie du corps, d'une faculté sensorielle sensible (1772) ; il s'est employé pour « sensible » en parlant d'une disposition affective (1782, délicatesse susceptible). Suivi d'un infinitif passif ou à valeur passive, susceptible de équivaut à « qui peut, sujet à », en parlant d'une personne (1779) ou d'une chose (1810).
❏  Le dérivé SUSCEPTIBILITÉ n. f. a désigné (1752) une sensibilité particulièrement vive à certaines excitations et, spécialement (1845), l'exaltation de la sensibilité physique et morale observable dans certaines affections nerveuses. ◆  Le nom s'emploie aussi, d'après susceptible, pour parler du caractère d'une personne dont l'amour-propre est très sensible (1784), de sa manifestation (av. 1841) et de l'occasion où il se manifeste (1863) ; cet emploi est le plus usuel. ◆  En physique, susceptibilité magnétique (1888) désigne la propriété qu'a un corps de s'aimanter quand il est placé dans un champ magnétique.
SUSCITER v. tr. est un emprunt (v. 980) au latin classique suscitare « lever, soulever », « faire se dresser », d'où « bâtir » et « éveiller, exciter », puis en bas latin « ressusciter », « engendrer, produire ». Ce verbe est composé de subs, variante de sub « sous » (→ sub-), et de citare « mettre en mouvement », « faire venir », « appeler, convoquer » (→ citer), fréquentatif de ciere, citus, qu'il a supplanté à l'époque impériale. Ciere se rattache à une racine indoeuropéenne représentée aussi par le sanskrit cyávati « il se met en mouvement » ou le grec kinein (→ cinéma, kinésie) « mouvoir ».
❏  Susciter a eu du Xe au XVIe s. le sens du bas latin, « ressusciter (un mort) », le sujet désignant Dieu, et, comme intransitif, la valeur de « revenir à la vie » (v. 1190) qui se maintient en moyen français. Le verbe signifie « faire naître » (v. 1270, susciter une lignée), spécialement dans susciter des enfants à son frère, expression employée lorsqu'un homme épousait la veuve de son frère pour faire revivre le nom de ce dernier mort sans postérité (1550).
■  Par extension du sens de « faire naître », susciter signifie couramment « produire en tant que cause déterminante » (1279), « faire naître (une idée, un sentiment) » (1440-1475) et « provoquer l'apparition de (qqch., qqn) pour aider ou contrecarrer » (1474), toutes valeurs restées en usage. Un sens spécial, « faire paraître (les hommes extraordinaires que Dieu inspire) » (1550), appartient au registre religieux.
❏  SUSCITATION n. f. reprend par emprunt (v. 1200) le dérivé bas latin suscitatio « action de ressusciter », dont il garde le sens en moyen français.
■  On a aussi employé le dérivé français SUSCITEMENT n. m. (v. 1170) jusqu'au XVIIe siècle. Suscitation et suscitement ont signifié « instigation, suggestion » (1559 ; 1836, suscitement). Ils sont devenus archaïques et littéraires.
■  SUSCITATEUR, TRICE n. et adj., emprunt (1554) au dérivé bas latin suscitator « celui qui ressuscite », signifie « personne qui suscite (qqch.) » ; sorti d'usage vers le milieu du XVIIe, il est repris au XIXe s. (1872, Littré). ◆  En ce sens, on a dit susciteur (1440-1475, dérivé de susciter) encore au XVIIe siècle. Suscitateur est attesté au sens latin, en parlant du Christ (1581).
❏ voir RESSUSCITER.
SUSCRIPTION n. f. est emprunté (1215), avec francisation du préfixe super-* en sur-* et chute du r, au bas latin superscriptio, -onis « inscription », dérivé de superscriptum, supin du latin impérial superscribere « écrire par-dessus, surcharger », « mettre à titre d'inscription », « ajouter comme remarque ». Ce verbe est composé du latin classique super « par-dessus » (→ super-) et de scribere (→ écrire). Le latin superscriptio a été directement emprunté en ancien français sous la forme superscription (v. 1250), encore relevée au XVIIe s. (1660) et en ancien provençal (1369, sobrescrepsio) ; on relève par ailleurs la variante supscription (v. 1430).
❏  Suscription s'est introduit au XIIIe s. avec le sens d'« adresse écrite sur le pli extérieur ou sur l'enveloppe d'une lettre » ; il n'est repris avec cette valeur qu'au XVIe s. (1559) et noté dans Richelet (1680) « moins usuel que adresse ou dessus ». Le mot s'est employé aux sens particuliers d'« inscription, titre, écriteau, étiquette » (v. 1250, superscription) et d'« inscription honorifique » (1474). Suscription désigne (1842) l'énoncé des noms, titres, qualités de la personne au nom de laquelle un acte diplomatique était rédigé. Dans le vocabulaire juridique, acte de suscription (1804) est le nom de l'acte par lequel le notaire constate par écrit, sur le papier ou l'enveloppe, qu'on lui a présenté un testament.
❏  SUSCRIRE v. tr., tiré du suscr[iption], d'après écrire, apparaît (1549) avec le sens d'« écrire au-dessus de la ligne ». ◆  Il ne s'est maintenu avec ce sens que dans le participe passé adjectivé SUSCRIT, ITE, notamment dans lettre suscrite « écrite au-dessus d'une autre ». ◆  Le verbe s'emploie à partir du XIXe s. (av. 1841, Chateaubriand), pour « écrire le nom et l'adresse de (qqn) sur une enveloppe de lettre », peu courant à côté d'adresser à.
SUSHI n. m. est emprunté (mil. XXe s.) à un mot japonais désignant un mets traditionnel confectionné pour marquer une célébration ou offert en signe de bienvenue à des hôtes, et servi aussi dans les sushiya, restaurants de poisson cru. C'est une préparation à base de petites bouchées de riz froid, vinaigré et assaisonné, garni de concombre, de poissons crus, d'omelettes sucrées et d'algues nori.
❏  Le mot, qui n'était connu que des spécialistes et des voyageurs (dès 1893, en anglais), s'est introduit en français, comme sashimi* et quelques autres termes culinaires, avec l'apparition de restaurants japonais en Europe (leur diffusion date des années 1970).
SUSPECT, ECTE adj. et n. est la réfection (v. 1360) de suspet (1311), emprunt au latin suspectus adj. « soupçonné » et « qui soupçonne », participe passé adjectivé de suspicere « regarder de bas en haut », « élever (ses regards, sa pensée) vers », au figuré « admirer », « suspecter » ; ce verbe est composé de sub, subs « sous* » et specere « regarder », verbe archaïque qui vit dans de nombreux composés (→ aspect, espèce, spectacle, etc.). Il se rattache à une racine indoeuropéenne °spek- « contempler, observer », que l'on retrouve dans le germanique °spehan « observer » (→ épier, espion). On relève isolément les adaptations sospiz, suspiz (XIIIe s.) et en ancien provençal sospeit (1200).
❏  L'adjectif s'applique à une personne soupçonnée, qui prête aux soupçons et (1311) à une chose qui inspire la défiance. Cette valeur se développe dans divers emplois ; suspect de (qqch.) se dit d'une personne qui pourrait être coupable de qqch. (1636) ou d'une chose qui semble contenir un élément répréhensible (1682). ◆  L'adjectif qualifie par extension une chose dont la valeur, l'intérêt sont douteux (1669), spécialement un produit, une denrée qui ne présentent pas de garanties suffisantes d'hygiène (1694). ◆  Concernant les humains, il s'applique pendant la Terreur à une personne dont le pouvoir craint des actions contraires à ses intérêts (1792), spécialement dans Loi des suspects, votée par la Convention le 17 septembre 1793. Au XIXe s., le mot se dit d'une personne considérée par la police comme un coupable possible (v. 1850, adj.) ; il est fréquemment substantivé (XXe s.) dans ce sens.
❏  SUSPECTER v. tr. dérive (1515 ; puis 1726) de suspect ou est emprunté au dérivé latin suspectare « regarder en l'air » et « suspecter ». ◆  Le verbe, plus péjoratif que soupçonner* en ce qu'il marque une défiance ou un doute que le sujet tient pour légitime, signifie « tenir pour suspect (qqn) », souvent construit avec un second complément en de (1780), ou qqch. (1798), en particulier « mettre en doute l'existence d'un sentiment, d'une intention louable » (av. 1850).
❏ voir SOUPÇON, SUSPICION.
SUSPENDRE v. tr. est emprunté (v. 1120) au latin classique suspendere « faire pendre », au propre et au figuré, « attacher par-dessous, tenir en l'air », « suspendre en offrande » et au figuré « tenir dans l'incertitude », « retenir », puis en bas latin ecclésiastique « tenir à l'écart, priver, interdire », sens qui se maintiennent dans le vocabulaire administratif du latin médiéval. Le verbe est composé de sus, variante de sub « sous* », et de pendere « laisser pendre » (→ pendre) ; il a fourni l'italien sospendere, le catalan sospendre.
❏  Suspendre apparaît avec une valeur spatiale, signifiant « faire tenir (une chose) de manière à ce qu'elle pende » (v. 1120), également en parlant de personnes (v. 1190) ; dans ce sens, le verbe est relevé à partir du XVIIIe s. au pronominal (1753). Parallèlement, il s'emploie avec une valeur temporelle, sospendre (v. 1160) puis suspendre qqn (v. 1460) signifiant « interrompre dans ses fonctions temporairement ». Si la forme latinisante en sus- ne devient usuelle qu'à partir du XVe s., époque où le verbe est réemprunté, les variantes francisées soupendre, sospendre (déb. XIIIe s.) puis souspendre (XVIe s.) se maintiennent jusqu'au XVIIe siècle. ◆  Quant au sens, l'idée de suppression provisoire se développe en droit et dans le vocabulaire général ; suspendre prend le sens de « remettre à plus tard » (1478, suspendre un arrêt), en particulier pour prendre le temps de réfléchir, de reconsidérer le cas (1636, suspendre son jugement). Le verbe signifie aussi « interrompre (une action, un processus) », le sujet désignant une personne (1314, souspendre) puis aussi une chose abstraite (1580), d'où se suspendre « cesser », en parlant d'une douleur ou d'une peine (av. 1648), et suspendre qqch. « arrêter les effets de (qqch.) » [1580], sens archaïques. Suspendre ses pas « s'arrêter » s'est employé par figure à l'époque classique pour « marcher avec précaution » (déb. XVIIe s.) et suspendre les esprits (1678) a signifié « retenir l'attention, passionner ». ◆  Au XVIIe s., le verbe a aussi un emploi intransitif pour « être irrésolu, hésitant » (1654, intr., La Fontaine). ◆  À partir du XVIIIe s. la valeur d'« interrompre » reçoit des contenus spéciaux : suspendre ses paiements (1759) et, en droit, suspendre une loi (1872), une publication (1754 à propos de l'Encyclopédie), un journal (1875), suspendre le traitement de qqn (déb. XXe s.), en sports suspendre (un sportif titulaire d'une licence) « lui interdire de participer à une épreuve officielle » (1886), le sujet désignant alors une autorité.
■  La valeur spatiale, pour « faire pendre », est ancienne pour l'emploi concret (voir ci-dessus), avec des métaphores en français classique (1711 « laisser planer [une menace] »). Elle s'est développée au XIXe siècle : « faire tenir (qqch.) dans une position élevée » (déb. XIXe s., vieilli) ; par figure, se suspendre aux lèvres de qqn (1656) signifie « l'écouter avec une extrême attention » et se suspendre à qqch. (1861) « s'y tenir fermement ». ◆  Suspendre qqch. à qqch. signifie « l'en faire dépendre » (déb. XXe s.).
❏  La double valeur, temporelle et spatiale, est conservée par les dérivés.
■  SUSPENDU, UE adj. se dit (v. 1190) de ce qui est soutenu de manière à pendre ou à ne pas reposer sur qqch. de ferme, d'où voiture suspendue (1617), et pour qualifier ce qui reste en équilibre dans l'air (v. 1640), également au figuré (1584, menace suspendue). ◆  Par extension, l'adjectif s'applique à ce qui tient ou se tient à une certaine hauteur, semblant être accroché, d'où l'emploi en botanique (1797), où il se dit d'une graine dont le sommet est dirigé vers la base de la loge qui la renferme, et en géographie dans vallée suspendue (1903). Dans cet exemple, comme dans jardin suspendu (1658), l'adjectif signifie simplement « surélevé », alors que dans pont suspendu (1805), il reprend sa valeur propre.
■  Avec la valeur temporelle, suspendu s'applique à ce qui est momentanément interrompu (1314, séance suspendue). ◆  À l'époque classique, l'adjectif s'emploie à propos de personnes pour « irrésolu, hésitant » (1559) et « attentif » (1559), sens qui demeure dans être suspendu aux paroles (1687), aux lèvres de qqn (1804). ◆  L'adjectif se dit de ce qui est remis à une date ultérieure (1674). Il s'applique à une personne à qui l'on a interdit l'exercice de ses fonctions, à un droit dont l'exercice est interrompu.
SUSPENSION n. f., réfection (1481) de suspensiun (1174), suspenciun (v. 1160), est emprunté au dérivé latin suspensio, -onis « voûte » en latin classique, en bas latin « interruption (dans la prononciation) » (IVe s.), « action de se tirer vers le haut » (Ve s.) et en latin médiéval « interruption des fonctions de qqn », « remise à plus tard (d'un jugement) » et « attente, incertitude » (1174).
■  Le mot, en relation avec suspendre, désigne d'abord l'état d'une personne dans l'incertitude, acception qui ne s'est maintenue que dans un style très littéraire, et le fait de retirer momentanément ses fonctions à une personne ; il s'emploie en droit et dans le vocabulaire général pour « action d'interrompre » (mil. XVIe s.) ou « remise à plus tard » (1542). De ces valeurs procèdent des emplois spéciaux, par exemple suspension d'armes (1615) qui a vieilli. Le mot s'emploie aussi pour désigner la durée d'une suspension (1665). ◆  En grammaire et en rhétorique, suspension nommait une figure de style qui consiste à tenir l'auditeur en suspens (1704) ; il est vieilli en grammaire pour « interruption brusque du sens » (1752), mais points de suspension (1752) « suite de points qui remplacent la suite attendue d'un énoncé interrompu » reste usuel. ◆  En musique (1765), suspension désigne un procédé qui consiste à continuer de faire entendre au-dessus de la basse des notes de l'accord précédent. ◆  Suspension, d'après suspendre, est repris dans le vocabulaire juridique, dans des expressions comme suspension des paiements (1761), des poursuites (1872) ou suspension d'audience.
■  Ce n'est qu'au XVIIIe s. que la valeur spatiale du mot apparaît. Il a désigné (1718) un système maintenant le Saint-Sacrement dans une église et, en sciences, un système servant à maintenir en équilibre stable un objet suspendu (1744), d'abord dans point de suspension « point autour duquel un objet suspendu peut se mouvoir » (1639), « pièces suspendant un régulateur » en horlogerie (1765) et suspension à la Cardan (1872) ou un cardan (1867). ◆  Avec la même valeur, suspension désigne couramment un support suspendu au plafond, spécialement un appareil d'éclairage (1797, Chateaubriand). ◆  Une autre spécialisation usuelle concerne l'appui élastique d'un véhicule sur des roues, l'ensemble des pièces qui assurent cet appui (1907). Par ailleurs, suspension s'est employé pour « pendaison » (1812) et demeure vivant pour désigner le fait d'être suspendu, en sports (1830), en médecine (1835, traitement des fractures par suspension), spécialement en médecine vétérinaire (1872). ◆  En chimie, le mot désigne l'état de particules en équilibre dans un milieu (1845), surtout dans en suspension (1862). De cet emploi en chimie vient SUSPENSOÏDE adj. (1933, de -oïde), qui se dit d'une classe de colloïdes.
SUSPENS adj. m. et n. m. est emprunté (XVe s. ; souspens, v. 1245) au latin classique suspensus « qui plane, qui flotte », au figuré « incertain, indécis » et en latin médiéval « relevé de ses fonctions ». C'est le participe passé adjectivé de suspendere. ◆  L'adjectif a signifié « dont le fonctionnement est interrompu » (1314) et s'est employé à l'époque classique pour qualifier une personne indécise, dans l'incertitude (fin XVe s.). ◆  En droit canon (1660, adj. m.), il désigne un ecclésiastique suspendu de ses fonctions. ◆  EN SUSPENS loc. adv. apparaît au XVe s. et signifie « remis à plus tard » (1485), d'après la locution latine in suspendo ; tenir qqn en suspens signifiait « lui accorder un délai pour un paiement » (1467) ; la locution signifie ensuite (1553) « dans l'incertitude, l'indécision » et plus couramment « en état d'inachèvement » (1636, d'une chose) prenant au XIXe s. le sens de « suspendu », au propre (1866) et au figuré (1869).
■  Suspens n. m. désigne aussi l'état de ce qui est en suspens (apr. 1850) et une attente angoissée, le moment qui suscite ce sentiment (1886, Mallarmé), acceptions littéraires et rares, plus tard remplacées par 2 suspense.
■  1 SUSPENSE n. f. a signifié « interdiction » (1312) « intervalle, délai » (1440-1475), puis a disparu. ◆  Le mot est repris au XVIIIe s. comme terme de droit canon (1718), lié à suspens, adjectif.
SUSPENSOIR n. m., réfection (1707) de suspensoire (1314), est emprunté au latin médiéval suspensorium « muscle de soutien des testicules » et a d'abord ce sens, synonyme de suspenseur. Employé comme adjectif, le mot s'est dit (v. 1560) plus généralement en médecine d'un muscle qui soutient un organe ; le nom a désigné (1611, n. f. pl.) des cordes utilisées par une personne alitée pour changer de place. ◆  Suspensoir est aujourd'hui le nom d'un bandage destiné à soutenir un organe, spécialement les testicules (1694, suspensoire). ◆  Le mot s'est aussi employé pour parler d'un dispositif qui maintient (qqch.) suspendu, spécialement en marine (v. 1790).
SUSPENSIF, IVE adj. reprend (v. 1355) le latin médiéval suspensivus, au sens de « qui laisse dans l'indécision », en grammaire à propos du style. ◆  L'adjectif se dit en droit (XVIe s.) à propos de ce qui constitue ou provoque la suspension, d'où sous la Révolution veto suspensif (1789). ◆  Il s'est employé en grammaire, appliqué à ce qui ne donne pas une signification complète à une phrase (1751, le génitif, cas suspensif) et dans points suspensifs « points de suspension » (1831), qui ne se dit plus.
SUSPENSEUR adj. m. et n. m., dérivé savant du supin suspensum, a signifié (v. 1560) « muscle de l'enveloppe du testicule », comme suspensoir. ◆  L'adjectif s'applique en anatomie (1765) à des éléments qui soutiennent un organe et en botanique (1904) à un ensemble de cellules allongées qui surmontent les cellules embryonnaires de l'état inférieur.
2 SUSPENSE n. m. est repris (1903) à l'anglais suspense, lui-même emprunté (XVe s.) au français suspens ou à 1 suspense, « intervalle, délai » ; le mot anglais désigne très tôt un état d'incertitude, d'attente angoissée (1440) et un élément dramatique susceptible de provoquer cet état. ◆  Le mot, attesté isolément au début du XXe s., s'est répandu en français à partir des années 1950, à propos d'un passage de film, puis de récit, de nature à faire naître un sentiment d'attente angoissée et, par extension, du genre ainsi créé. Par extension (1956), suspense désigne couramment une situation dont on attend la suite avec impatience et angoisse.