SUSPENTE n. f. représente l'altération (1773), d'après suspendre*, de surpente (1678), forme elle-même altérée de soupente*.
❏  Surpente désignait un cordage soutenant une pièce de canon que l'on déplaçait. ◆  Suspente, terme de marine, est le nom d'un fort cordage qui entoure un mât et supporte une vergue par son milieu. Senti comme un dérivé de suspendre, le mot désigne la corde qui relie la nacelle d'un ballon au filet (1871), la voilure d'un parachute au harnais (1916) et l'organe qui lie les câbles porteurs d'un pont suspendu à la charpente du tablier (v. 1950). Il est souvent employé au pluriel.
SUSPICION n. f., réfection (1370) des formes anciennes suspecioun (v. 1315), suspiciun (XIIe s., hapax), est emprunté au latin suspicio, -onis « soupçon », « conjecture » et « apparence », dérivé de suspicari « soupçonner », « conjecturer », lui-même de suspicere « suspecter » (→ suspect). Suspicari avait abouti par voie orale en ancien français à suschier (v. 1120), souchier (XIIe s.) « soupçonner », « supposer » et (v. 1175) « dresser le plan de (qqch.) ».
❏  Le mot désigne une conjecture — Cf. soupçon — et dès le XIIe s. une opinion défavorable concernant le comportement ou les opinions de qqn, et par extension le fait de tenir qqch. pour suspect (1788). ◆  Spécialisé en droit, il désigne le fait de supposer un délit à partir de quelques indices (1680). Il est employé dans suspicion légitime « crainte éprouvée par les parties à l'égard de l'impartialité des juges, qui les autorisent à renvoyer une affaire à un autre tribunal » (1790).
❏  SUSPICIEUX, EUSE adj., emprunt (1314, suspicieus) au latin suspiciosus « soupçonneux, suspect », ne semble pas avoir été employé entre la fin du XVe et le XXe s. où il a été repris. ◆  Il se dit de ce qui est plein de suspicion et a fourni SUSPICIEUSEMENT adv. (1942), littéraire.
SUSTENTER v. tr. est emprunté (v. 1112) au latin sustentare « soutenir, supporter » et par figure « maintenir en bon état », « alimenter, nourrir » et « prolonger, ajourner » ; ce verbe est le fréquentatif de sustinere, qui a abouti à soutenir*.
❏  Sustenter a eu le sens général de « soutenir, aider » du XIIe au XVIe siècle. Le verbe a repris du latin le sens de « soutenir les forces de (qqn) par la nourriture ». Il est écrit en moyen français substanter (1382), d'après substantia « substance* », graphie relevée jusqu'au XIXe s. à côté de sustenter (1440-1475, dans ce sens) ; avec cette acception didactique et vieillie, le verbe s'emploie aussi avec un sujet nom de chose, au propre (1541) et au figuré (1690). ◆  En français moderne, se sustenter s'emploie par plaisanterie et familièrement pour « se nourrir » (depuis 1733). ◆  Le verbe a signifié concrètement « maintenir en servant de support ou d'appui » (déb. XVIe s.), sens sorti d'usage, mais il a été repris au XIXe s. (1852 au participe présent) et employé spécialement en aéronautique (1882) pour « maintenir en équilibre dans l'air (un aéronef plus lourd que l'air) ». ◆  Par ailleurs, avec la même valeur figurée que soutenir, il a signifié « accorder des subsides à (une activité), pour lui permettre de se maintenir », emploi devenu rare au propre et au figuré.
❏  SUSTENTATION n. f. (1236, sustentastion ; 1291, substentacion) reprend le latin impérial sustentatio « soutien, étai », « action de contenir, d'arrêter », dérivé du supin sustentatum. ◆  Le mot désigne le fait de se nourrir, emploi rare après le XVe, repris au milieu du XVIIIe s., puis sorti d'usage, sauf en médecine (sustentation d'un malade). ◆  Le mot s'est employé aussi au sens de « soutien, aide » (1440-1475 ; 1420, soustentation), concurremment à substantement (v. 1460, d'après substance) et à sustantement (1544), dérivé de sustenter. ◆  Il est repris au XIXe s. dans le terme base de sustentation (1835), puis polygone de sustentation (XXe s.), figure obtenue en joignant les points d'appui les plus extérieurs d'un corps posé sur une surface ; la projection du centre de gravité du corps doit se trouver à l'intérieur du polygone pour qu'il y ait équilibre stable. ◆  Sustentation, rare en emploi libre (1842) pour « fait de maintenir en équilibre », s'emploie spécialement en aéronautique, d'abord à propos des ballons (1853), puis des corps plus lourds que l'air.
SUSTENTATEUR, TRICE adj., réfection (1545, n. m.) de substentateur (1482), reprend le bas latin sustentator, -trix « celui, celle qui nourrit », qui avait déjà donné l'ancien provençal sustentator (1262). ◆  Le mot français a signifié « protecteur, défenseur » (1482, n. m.). ◆  Reformé au XIXe s. d'après sustentation, par changement de suffixe, il se dit en aéronautique de ce qui assure la sustentation (1889), d'où plans sustentateurs (d'un avion) [1909].
SUSURRER v., attesté au XVIe s. (1539), disparu, puis repris à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe s. (1801), est emprunté au latin susurrare « murmurer », « bourdonner » en parlant des abeilles, employé au figuré à propos d'une rumeur et en emploi transitif pour « fredonner, chuchoter ». Ce verbe dérive de susurrus « murmure », « bourdonnement », « chuchotement », d'usage poétique à l'époque impériale. Susurrus, comme murmur (→ murmure), est un mot expressif ; il se rattache comme surdus (→ sourd) à une famille indoeuropéenne à laquelle appartient le sanskrit svárati « il émet un son », qui a pour correspondant le latin sonare (→ 2 son).
❏  Susurrer emprunte comme intransitif le sens latin de « chuchoter », puis semble inusité. Le verbe est repris, probablement à la fin du XVIIIe s. (Cf. susurration), en parlant d'une personne (1801) ou d'une chose (1842) ; en construction transitive (1864, Gautier), il a souvent une valeur péjorative et est surtout employé dans des expressions comme susurrer des mots doux, de mauvais conseils.
❏  SUSURRANT, ANTE adj., tiré du participe présent (1805), qualifie notamment une voix.
■  SUSURREMENT n. m., littéraire, désigne le bruit de ce qui susurre (1828) et l'action de susurrer (1877).
SUSURRATION n. f. est un emprunt (v. 1316) au dérivé bas latin susurratio « murmure, chuchotement ». ◆  Il n'a pas conservé le sens latin de « chuchotement » (v. 1530) ni celui de « calomnie » (XVIe s.). Le mot, d'usage littéraire, désigne le bruit produit par une chose ou un animal qui susurre (1559) ; comme le verbe, il ne semble pas attesté entre le milieu du XVIIe (1660, Oudin) et la fin du XVIIIe s. (1797, Chateaubriand).
SUTRA → SOUTRA
SUTURE n. f. est emprunté (1540) au latin impérial sutura « couture » et dans la langue médicale « suture (du crâne) », dérivé de sutum, supin du latin classique suere « coudre », supplanté par le composé consuere (→ coudre).
❏  Suture est introduit au XVIe s. comme terme de chirurgie désignant la réunion, à l'aide de fils, de parties divisées, des lèvres d'une plaie, etc., d'où points de suture (1893). ◆  En anatomie (v. 1560, Paré), il a le sens latin d'« articulation dentelée de deux os », notamment des os du crâne. Le mot s'emploie aussi (1760) pour désigner la ligne de jonction entre des pièces libres ou soudées, chez des insectes, et, en botanique (1762), la ligne selon laquelle s'ouvre un fruit déhiscent.
■  Suture prend à la même époque une valeur figurée, désignant le raccordement fait entre deux parties séparées par une coupure (1788), d'abord à propos d'une œuvre écrite. Cette valeur didactique a été reprise en psychanalyse par Lacan (v. 1960) pour rendre compte de la tentative d'abolition du « manque » qui est au sein de la structuration du sujet, et que le discours est chargé de cacher.
❏  Les dérivés de suture sont formés à partir du XIXe siècle.
■  SUTURAL, ALE, AUX adj., sorti d'usage en botanique (1803), s'emploie en zoologie (1876) et en anatomie (1904).
■  SUTURÉ, ÉE adj. signifie (1842) « qui présente une ou plusieurs sutures » en parlant d'un insecte, d'un fruit. En chirurgie, c'est le participe passé adjectivé de suturer (ci-dessous) « que l'on a suturé ».
■  SUTURER v. tr. s'emploie en chirurgie (1865) pour « réunir par une suture » et au figuré « refermer » (v. 1960) en psychanalyse.
SUZERAIN, AINE n. et adj., réfection (1476) de susserain, souserain (1312), est antérieur, son dérivé suzeraineté étant attesté au début du XIVe siècle ; le mot dérive de sus* adv., sur le modèle de souverain.
❏  Dans le système féodal, le mot qualifie comme adjectif un seigneur au-dessus de tous les autres dans un territoire donné et dont le pouvoir sur les inférieurs ou vassaux était reconnu par l'hommage. De là vient fief suzerain « dont d'autres fiefs sont servants » (1573), puis l'emploi substantivé (1611) devenu le plus courant, avec des emplois métaphoriques.
❏  Le dérivé SUZERAINETÉ n. f., réfection (1476) de susereneté (1306), désigne la qualité de suzerain et plus tard, en histoire, la circonscription dans laquelle s'exerçait le droit du suzerain (1845), puis le droit exercé (1875). ◆  Il se dit par analogie du droit d'un État sur un autre dont l'autonomie est incomplète (av. 1865). Par figure, il équivaut (mil. XIXe s.) à « souveraineté », dans un usage très littéraire.
SVASTIKA n. m. est un emprunt (1828 ; 1872, swastika) au sanskrit svastika « de bon augure », dérivé de svasti « salut », « bien-être », « fortune ». Le mot est formé de su- « bien » et de asti « il est », de as- « être ». Su- repose sur la même racine indoeuropéenne que le grec eu « bien » (→ euphémisme) ; as- contient la racine °es- du verbe être, en latin (→ être) et en grec (→ onto-). La variante francisée sauvastika a disparu.
❏  Le mot désigne un symbole sacré qui consiste en une croix à branches coudées, en usage en Inde de toute antiquité, répandu par le bouddhisme (Népal, etc.), présent dans la Grèce ancienne sous la figure de Prométhée, et répandu, comme motif décoratif, dans d'autres civilisations. ◆  La croix gammée* choisie par Hitler pour emblème du parti nazi est un svastika dont les branches sont coudées vers la droite, le symbole antique et oriental l'étant vers la gauche ; le nom lui est appliqué après 1933.
SVELTE adj. est emprunté (1642, Poussin) à l'italien svelto, traduit dans les Recherches de Oudin (1655) par adroit, habile, agile (...) deschargé de taille ou stature. L'adjectif italien a été formé sur le participe passé de svellere, svegliere « arracher, enlever, dégager », qui représente un latin populaire °exvellere, réfection du latin classique evellere « arracher, enlever, déraciner ». Ce verbe dérive, par préfixation en ex-, marquant le mouvement de l'intérieur vers l'extérieur (→ ex-), de vellere « arracher, tirer violemment », en particulier « tirer les poils, la laine, les plumes » (→ convulsion, révulsion), verbe qui se rattache à la racine indoeuropéenne °wel- « arracher ».
❏  Svelte est emprunté comme terme de peinture et d'architecture pour qualifier ce qui produit une impression de légèreté, d'élégance, par sa forme élancée (colonne svelte). ◆  Le sens s'étend au XVIIe s. et le mot devient courant en parlant d'une personne au corps mince et souple (1668) ou d'un animal ; il se dit aussi (1798) en parlant d'une chose.
❏  SVELTESSE n. f. est emprunté, une première fois au XVIIIe (1765) et repris au XIXe s. (1843, Gautier), à l'italien sveltezza, dérivé de svelto. ◆  Il désigne le caractère de ce qui est svelte, la finesse du corps.
S. V. P. n. m., sigle (1738) de s'il vous plaît, s'emploie dans l'usage écrit et dans la conversation. S. V. P. a été substantivé (XXe s., n. m.) comme nom d'un service téléphonique privé de renseignements et d'aide.
SWAHILI → SOUAHÉLI
SWAMI n. m. est un emprunt à l'hindi, employé en français dans les milieux hindouistes, notamment à Maurice, pour un prêtre hindou expert en matière de textes sacrés et de philosophie religieuse.
SWAP n. m. est un emprunt (attesté en 1963) de langage financier à l'anglais swap. Celui-ci, probablement d'origine onomatopéique, procède du verbe swappen (avant 1200) « frapper, claquer des mains », d'où to swap « échanger, vendre ou acheter », sans doute de l'habitude de se taper dans les mains en signe d'accord (1594). Le nom swap est attesté au sens de « marché, échange », à partir de 1625. En français comme en anglais, le mot désigne un accord de crédit réciproque, appelé en français crédit croisé. L'anglicisme est demeuré technique, inconnu de l'usage général.
SWEATER n. m. reprend (1897 à Québec ; attesté en France en 1902) un mot anglais (XVIe s.) désignant un vêtement de laine, et spécialement employé dans le vocabulaire du sport (1828, au pluriel). Il dérive de to sweat « (faire) suer, transpirer », issu d'un germanique °swaitjan « suer » (Cf. le vieil anglais swát « sueur ») qui se rattache, comme le latin sudare (→ suer), à une racine indoeuropéenne °swoid-.
❏  Sweater a désigné (1902) un maillot de laine utilisé par les sportifs pour l'exercice, l'entraînement, sens disparu. ◆  Par extension (1909), le mot se dit d'un vêtement de laine ou de coton, à manches longues, boutonné sur le devant.
❏  SWEAT-SHIRT ou SWEATSHIRT n. m. (1936), répandu vers 1946, est emprunté à l'anglo-américain sweat shirt (1934), d'abord « survêtement d'athlète », composé de to sweat « transpirer » et de shirt « chemise » (→ tee-shirt). ◆  Le mot désigne un pull-over de sport, d'abord fait en coton molletonné, puis en tissu éponge ou en matières synthétiques, avec une découpe en V, serré à la taille et aux poignets.
SWEEPSTAKE n. m., relevé comme mot anglais au XVIIIe s. (1776) et dans le contexte français au XIXe s. (1827, écrit sweepstakes ; puis 1828), est un emprunt à l'anglais sweepstake (1495) « jeu où l'on rafle les enjeux », composé de to sweep « balayer », « rafler » en terme de jeux et de stake « pieu, piquet », puis « enjeu ». Le premier élément, sweep, est issu du germanique °swaip-, d'où viennent l'ancien haut allemand sweifan, l'allemand schweifen « errer, vagabonder » ; le second, stake, se rattache au germanique °stak, de °stek-an- « percer », que représente l'allemand stechen « piquer ». Ce dernier, apparenté à l'anglais to stick « enfoncer, ficher » (→ stick), remonte à la même racine indoeuropéenne que le latin stigare (→ distinguer, instiguer).
❏  Sweepstake, emprunté comme terme de turf, ne se répand que dans les années 1930. Il désigne ensuite (v. 1934) une loterie par souscription entre les propriétaires des chevaux engagés dans une course. Par analogie, le mot se dit d'une loterie basée à la fois sur le tirage et sur le résultat d'une course.
1 SWING n. m., relevé à la fin du XIXe s. en boxe (1895) et un peu plus tôt (1887) pour désigner le balancement du corps d'un rameur, est emprunté à un mot anglais signifiant « balancement, oscillation », spécialement employé comme terme de sports (boxe, golf), et déverbal de to swing « (se) balancer ». Ce verbe est issu d'une base germanique °swengan- que l'on retrouve dans l'allemand schwingen « osciller, basculer ».
❏  Swing désigne en boxe (1895) un coup de poing donné par un balancement, horizontal ou oblique, du bras fléchi ou allongé, puis au golf (1904) le mouvement de balancement du club pour frapper la balle. ◆  Par figure, le mot s'emploie au bridge, en parlant d'une manœuvre qui consiste à jouer d'une couleur épuisée chez le deuxième joueur et chez le partenaire.
❏  2 SWING n. m. est un emprunt (1933) à un autre emploi spécialisé du même mot anglais swing, dans le vocabulaire du jazz américain. Le mot, attesté en français avant la guerre, ne s'est répandu que vers 1940 chez les musiciens au sens de « qualité rythmique propre à la musique de jazz » (avoir du swing, manquer de swing). ◆  Il prend par ailleurs la valeur d'un adjectif, employé familièrement pour qualifier une mode vestimentaire (1939, jupe swing) ou le comportement désinvolte, dynamique (1943) inspirés par une certaine image de l'Amérique et adoptés pendant la guerre, parfois en réaction à la morale officielle. En ce sens, swing, mot à la mode comme zazou, son quasi-synonyme dans les années 1941-1950, est vieilli et à peu près abandonné, de même que son emploi pour désigner une danse ou une manière de danser, sur une musique très rythmée inspirée du jazz américain, et également pour la musique de jazz à la mode en France dans les années 1945-1960. ◆  Swing reste vivant pour désigner en histoire du jazz un style caractérisé par la simplicité mélodique et rythmique, pratiqué aux États-Unis à partir des années 1930 et jusqu'au style be-bop.
■  SWINGUER v. intr. dérive (1943, H. Panassié) de 2 swing, d'après l'anglais to swing, terme de jazz américain. Le verbe signifie « jouer avec swing ; avoir du swing », notamment dans l'expression ça swingue. ◆  Il est sorti d'usage au sens de « danser le swing » (1947 ; jusque vers 1960).
SYBARITE n. et adj. est emprunté (1re moitié XVIe s. ; 1530, F. e. w.) au latin Sybarita « habitant de Sybaris », emprunt à l'adjectif grec subaritês, dérivé de Subaris, nom d'une colonie grecque du sud-est de l'Italie, dont les habitants passaient pour mener une vie de luxe et de mollesse.
❏  Sybarite désigne un habitant de Sybaris puis, par figure, une personne qui recherche les plaisirs de la vie dans une atmosphère de luxe et de raffinement (1560). Le mot est adjectivé, semble-t-il, beaucoup plus tard (1829).
❏  Il a servi à former SYBARITIQUE adj. (1553, Ronsard) « propre aux sybarites » et SYBARITISME n. m., qui s'est substitué (1827) à sybarisme (1770 Restif) « vie, goût de sybarite », parfois opposé à ascétisme.
SYCOMORE n. m. est la réfection graphique (1500) de sicomore (XVe s.), lui-même adaptation d'après le latin des formes anciennes, sicamor (v. 1130), saigremor (v. 1175), écrit aussi saigremort (v. 1180), plus tard sacremor (v. 1380), sachamour (1406), adaptations du latin tardif sycomorus, emprunté au grec sukomoros « figuier sauvage », lui-même composé de sûkon « figue » (→ figue, sycophante), emprunté à une langue méditerranéenne, et de moron (→ mûre).
❏  Le mot est passé en gallo-roman avec la valeur du grec, désignant dès l'origine une variété de figuier originaire d'Égypte, dont les feuilles rappellent celles du mûrier, aux fruits comestibles et dont le bois, très léger, est imputrescible. Les diverses formes graphiques, à l'époque médiévale, n'ont peut-être pas toujours désigné le même arbre (ficus sycomorus) ; il s'agit souvent du prestigieux arbre biblique, sur lequel, par exemple, monta Zacharée pour voir le Christ (Luc 19, 4) et qui joue un rôle dans les légendes pieuses ; certaines formes anciennes ont cependant pu se rapporter à un autre arbre européen. ◆  Depuis Olivier de Serres (fin XVIe s.), sycomore a le sens d'« érable », avec plus tard pour synonyme faux platane ou érable sycomore ; on relève cette même transposition du nom du figuier égyptien à des arbres européens dans l'anglais sycamore, parallèle à l'ancien français sicamore, l'italien sicomoro, l'espagnol sicómoro. On a aussi nommé sycomore faux (1768) et faux sycomore (1791) un arbre de la famille des méliacées.
❏ voir SYCOPHANTE.
SYCOPHANTE n. m., réfection (1559) de sichophant (v. 1500), est emprunté au latin sycophanta, lui-même pris au grec sukophantês « dénonciateur des voleurs ou contrebandiers de figues », puis en général « délateur, dénonciateur ». Le mot grec est composé de sûkon « figue » et d'un dérivé de phainein « faire voir, faire connaître » (→ fantôme). L'origine de sukophantês était déjà obscure dans l'Antiquité : d'après Gernet, le sukophantês a été d'abord « celui qui montre » (phainein) les figues, en les découvrant dans les vêtements du voleur.
❏  Le mot est d'abord un terme d'histoire avec la valeur étymologique du mot grec. Il reste d'emploi littéraire ou didactique au sens figuré de « fourbe, hypocrite » (1528).
SYCOSIS n. m., d'abord sycose (1759), est un emprunt médical au grec sukôsis, de sukon « figue » (→ sycomore, sycophante), pour une tumeur, aujourd'hui décrite comme une folliculite suppurée des poils de la face, causée par un staphylocoque.