SYNALLAGMATIQUE adj. est un emprunt de la langue juridique (1603) au grec sunallagmatikos, de sunallagma « contrat », du verbe sunallassein « échanger », composé de sun (→ syn-) et allassein, de allos « autre » (→ allo-). Le mot qualifie un acte juridique qui comporte des obligations réciproques (convention synallagmatique).
SYNAPSE n. f. est un emprunt savant et récent (1897), par l'intermédiaire de l'anglais synapsis (Sherrington, 1897), au grec sunapsis « action de joindre, liaison », dérivé de sunaptein « lier, nouer ensemble », verbe composé de sun « ensemble, avec » (→ syn-) et de haptein « ajuster, attacher », d'étymologie inconnue.
❏
Synapse désigne en anatomie du cerveau la région de contact entre deux neurones.
◆
En biologie, synapsis (1904) puis synapse (1924) s'applique au stade de la maturation des gamètes pendant lequel les chromosomes se réunissent au même point du noyau.
❏
Il a pour dérivé
SYNAPTIQUE adj. (1904). Du même mot grec vient notamment
SYNAPSIS n. f. (mil.
XXe s.), terme de linguistique qui désigne une unité sémantique formée de plusieurs lexèmes liés par une préposition.
■
SYNAPSIDES n. m. pl., mot créé en latin moderne par les zoologistes américains à partir de sunapsis et -ides, est le nom d'un groupe de reptiles possédant une paire de fosses temporales en position basse.
SYNARCHIE n. f. est un emprunt savant et tardif (1872) au grec sunarkhia « pouvoir commun ou partagé », « magistrature collective », composé de sun « ensemble, avec » (→ syn-) et de -arkhia, suffixe indiquant le mode de gouvernement (→ anarchie, monarchie). Ce suffixe vient de arkhê, à la fois « commencement » et « commandement », qui se rattache à la notion de « faire le premier pas » ou de « marcher le premier ».
❏
Ce mot didactique désigne le gouvernement d'un État par plusieurs chefs (1872) et, par extension (XXe s., attesté v. 1940), l'autorité ou l'influence exercée par plusieurs personnes ou plusieurs groupements à la fois (Cf. oligarchie).
❏
En dérive
SYNARCHIQUE adj. (1872), « relatif à la synarchie ».
◈
SYNARQUE n. m., emprunt (mil.
XXe s.) au grec
sunarkhos « qui participe au pouvoir », composé de
sun et de
arkhos, désigne une personne qui exerce une synarchie ou une oligarchie ; il est didactique et rare.
SYNCHRONE adj. est emprunté (1743) au bas latin synchronus « contemporain », lui-même du grec tardif sunkhronos, composé de sun « avec » (→ syn-) et de khronos « temps » (→ chrono-).
❏
Cet adjectif didactique qualifie ce qui se produit dans le même temps qu'autre chose, en parlant d'un mouvement, d'une oscillation (1743), et s'emploie par extension dans moteur synchrone (1895).
◆
En emploi général, il correspond à « simultané » à propos de ce qui se produit parallèlement ou fonctionnellement. Familièrement, le mot avait pris (mil. XXe s.) une valeur adverbiale (ils sont arrivés synchrone).
❏
Synchrone a fourni plusieurs dérivés didactiques et usuels.
■
SYNCHRONIQUE adj. s'applique à ce qui est synchrone (1742) puis à ce qui concerne une période donnée, par exemple dans tableau synchronique « qui présente des faits survenus à la même époque dans différents lieux (1835), ou différents domaines ».
◆
En linguistique, synchronique se dit de ce qui se rapporte à une synchronie (ci-dessous), à l'aspect statique (v. 1910, F. de Saussure), alors opposé à diachronique.
◆
SYNCHRONIQUEMENT adv., didactique (1845), s'emploie aussi couramment pour « au même moment » (XXe s.).
■
SYNCHRONISER v. tr. signifie d'abord « établir un rapport d'événements arrivés en même temps » (1845), acception disparue.
◆
Le verbe signifie aujourd'hui « rendre synchrones (des mouvements, des mécanismes, des phénomènes) » (1890), d'où un emploi en cinéma « mettre en concordance (l'émission du son et la projection de l'image) » (1911), d'abord attesté au participe passé (1909, film synchronisé), et d'autres emplois à propos des phénomènes périodiques, en électricité, en radio. Par extension, il signifie couramment « faire concorder » (XXe s.).
◆
Le dérivé SYNCHRONISATION n. f. (1881), utilisé au cinéma (1908), désigne par métonymie l'ensemble des spécialistes de la synchronisation, abrégé familièrement en 1 SYNCHRO n. f. Il s'emploie aussi dans les autres sens de synchroniser.
◆
SYNCHRONISEUR, EUSE n., terme technique d'électricité, désigne un dispositif qui permet de coupler deux alternateurs au moment de leur synchronisme (1933, n. m.) puis (v. 1960) un dispositif de vitesses synchronisées sur une voiture, abrégé lui aussi en 2 SYNCHRO n. m.
◆
SYNCHRONISEUSE n. f., « appareil qui synchronise l'image et le son d'un film » (1952), s'est substitué à SYNCHRONISATEUR n. m. (1921).
◆
Le composé POSTSYNCHRONISER v. tr., « ajouter le son et la parole après le tournage d'un film, notamment dans les films doublés » (1934), a fourni POSTSYNCHRONISATION n. f. (1934), quasi-synonyme de doublage.
■
SYNCHRONIE n. f. a signifié « art de concilier, de comparer les dates de l'histoire » (1827), sens disparu. Il désigne en linguistique, depuis Saussure (v. 1910), l'ensemble des faits qui forment un système, considéré méthodologiquement comme échappant à des modifications évolutives, à un moment donné de l'évolution d'une langue et opposé à diachronie.
◆
Le mot s'emploie aussi à propos d'une représentation d'événements simultanés (XXe s.).
◈
Plusieurs termes didactiques ont été composés à partir de
synchrone.
■
ASYNCHRONE adj., de 2 a-, s'applique (1895) à ce qui n'est pas synchrone (moteur asynchrone).
■
En physique SYNCHROTRON n. m. (1949), de [cyclo]tron, SYNCHROPHASOTRON n. m., de phas[e] et [cyclo]tron, et SYNCHROCYCLOTRON n. m. (v. 1950) désignent des accélérateurs de particules synchrones dérivés du cyclotron.
◈
SYNCHRONISME n. m. est emprunté (1727) au grec
sunkhronismos « existence, événement ou récit du même temps », dérivé de
sunkhronizein « être contemporain », de
sunkhronos.
◆
Le mot désigne la coïncidence de dates, l'identité d'époques (1752), la simultanéité de deux phénomènes (1762). Il s'emploie couramment (1872) pour parler du caractère de ce qui est synchrone ou synchronisé, spécialement dans le vocabulaire du cinéma (1899).
■
Le composé ASYNCHRONISME n. m., de 2 a-, « absence de synchronisme » (1904), correspond à asynchrone (ci-dessus).
◈
DÉSYNCHRONISER v. tr. (att. mil.
XXe s.) et
DÉSYNCHRONISATION n. f. (1898) s'opposent à
synchroniser, -ation.
SYNCLINAL, ALE, AUX adj. et n. m. est emprunté (1861 comme adj. ; n. 1872) à l'anglais synclinal (1833, Lyell), terme de géologie dérivé savamment du grec sunklinein « incliner ensemble », verbe composé de sun « ensemble, avec » (→ syn-) et de klinein « incliner », qui se rattache, comme le latin clinare, à une racine indoeuropéenne °klei- « pencher » (→ clinique, incliner).
❏
Synclinal désigne en géologie et en géographie un pli qui présente une concavité (1872) ; il équivaut à auge, gouttière.
◆
L'adjectif se dit de ce qui appartient à un synclinal ou le constitue.
❏
Le composé
GÉOSYNCLINAL, ALE, AUX n. m., emprunté (1875) à l'anglais
geosynclinal (1833,
adj. ; 1873,
n. m.), désigne une vaste dépression synclinale, caractérisée par une énorme épaisseur de sédiments.
◈
Synclinal a pour contraire
ANTICLINAL, ALE, AUX adj. et n., emprunté semble-t-il avant
synclinal (1845) à l'anglais
anticlinal (1833), lui-même dérivé antonymique d'après
synclinal, ou comme en anglais formé savamment sur le grec
antiklinein « faire pencher en sens contraire », de
anti-* et
klinein. Le terme anglais, créé par Buckland et Conybeare, est employé par Lyell, qui l'impose.
◆
Le mot qualifie les couches géologiques présentant une convexité vers le haut. Le substantif correspond à « pli anticlinal ».
SYNCOPE n. f., réfection graphique (XIVe s.) de sincope (1314), encore relevé au XVIIIe s. (1759, Richelet), est emprunté au bas latin syncope ou syncopa « défaillance, évanouissement » en médecine, et en grammaire « retranchement d'une syllabe à l'intérieur d'un mot » ; ces deux valeurs sont elles-mêmes empruntées au grec sunkopê, dérivé de sunkoptein « briser, frapper », en grammaire « réduire par syncope » et au parfait passif « défaillir ». Ce verbe est composé de sun « ensemble, avec » (→ syn-) et de koptein « frapper (à coups redoublés) » et « couper », mot d'origine indoeuropéenne appartenant au sémantisme du coup, à rapprocher du lituanien kapiù « tailler, abattre », du latin capus « chapon [poulet châtré, coupé] » (→ chapon) et peut-être, en grec, de skaptein « creuser ».
❏
Syncope a conservé en français les deux valeurs de l'étymon. Le mot désigne en médecine (1314, sincope) un arrêt ou un ralentissement marqué des battements du cœur, accompagné de la suspension de la respiration et de la perte de conscience ; il est d'abord en concurrence avec sincopia (1212), emprunté à l'accusatif latin, qui s'est maintenu jusqu'au XVIe s. (1581). Tomber en syncope est attesté en 1561.
◆
L'emploi en grammaire apparaît au XIVe s. en moyen français (1380, sincope) et en ancien provençal (v. 1350, sincopa), pour nommer la suppression d'une syllabe, d'une lettre ou, plus tard, d'un phonème à l'intérieur d'un mot, acception sortie d'usage.
◆
Syncope se spécialise plus tard en musique (1631) au sens de « prolongation sur un temps fort d'un élément accentué d'un temps faible », valeur résultant probablement d'un réemprunt au latin médiéval, car elle apparaît dans des traités latins, aux XIVe et XVe s., sous les formes sincopa et suncopatio.
❏
Le dérivé
SYNCOPER v. s'est employé en médecine (v. 1300,
sincoper, intr. ; 1385,
syncoper) pour « provoquer une syncope », également sous la forme
sincopiser (1314),
syncopiser (v. 1560), employée jusqu'au
XVIIe siècle.
◆
Le verbe a signifié, dans l'acception rhétorique de
syncope mais avec une valeur plus générale, « écourter (les paroles de qqn, pour en changer le sens) » (1385), puis « diminuer, abréger » (fin
XVe s.,
sincoper tr.) et aussi « interrompre, arrêter » (fin
XVe s.), d'où
se syncoper « s'interrompre » (v. 1500). Utilisé aussi en grammaire (1578,
v. tr.), puis sorti d'usage, le verbe s'emploie en musique, signifiant « unir par syncope » (1690,
tr.) et « former une syncope » (1737,
intr.).
◆
Au figuré, il a eu la valeur familière de « surprendre vivement », comme le fait une nouvelle inattendue qui provoque une syncope (1872,
tr.) ; cette acception a disparu.
■
SYNCOPÉ, ÉE adj. a signifié « coupé, interrompu » (XIVe s., d'un soupir). En musique, il correspond à « qui réalise une syncope » (1690, note syncopée) puis, à cause de la fréquence des syncopes dans certains rythmes de musique de danse, notamment le jazz, à « fortement rythmé » (XXe s., musique syncopée).
◆
L'adjectif s'est aussi employé en grammaire, acception attestée beaucoup plus tard que syncope (1798, mot syncopé) et rare, ainsi qu'en poétique antique (vers syncopé, 1904).
■
SYNCOPAL, ALE, AUX adj., terme de médecine, s'est appliqué (1495, sincopal) à ce qui provoque des syncopes, puis à ce qui est relatif à la syncope (1788).
❏ voir
APOCOPE.
SYNCRÉTISME n. m. est emprunté (1611) au grec tardif sunkrêtismos, littéralement « union de Crétois », d'où « alliance de deux parties opposées contre un ennemi commun ». Le mot est composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de krêtizein « agir en Crétois », « être fourbe », les Crétois ayant la réputation en Grèce ancienne d'être faux ; ce verbe est dérivé de Krês, Krêtos « Crétois ».
❏
Syncrétisme, didactique, a eu à l'époque classique (1611) le sens de l'étymon ; l'idée de liaison entre adversaires le fait passer dans le vocabulaire religieux et philosophique, où il désigne une combinaison difficilement cohérente entre plusieurs doctrines religieuses (1687) ou philosophiques (1765) très différentes. Il s'emploie surtout en parlant des religions et des systèmes d'explication du monde dans l'Antiquité gréco-romaine et orientale, aux premiers siècles de notre ère. En histoire des religions (
XXe s.), il désigne la tentative de certains théologiens du
XVIIe s. pour concilier les diverses communions chrétiennes.
■
Par extension, syncrétisme en vient à désigner (1848, L'Avenir de la science, Renan [publ. 1883]) l'appréhension globale, plus ou moins confuse d'un tout. Le terme a été repris par Claparède avec cette valeur en psychologie de l'enfant (déb. XXe s.), puis plus largement pour parler de la synthèse de plusieurs éléments culturels.
❏
Le mot a deux dérivés.
■
SYNCRÉTISTE n. (v. 1703) et adj. (1875) concerne le syncrétisme religieux ou philosophique.
■
SYNCRÉTIQUE adj. (1846), « du syncrétisme », est employé spécialement en linguistique (1933) dans cas syncrétique qui, outre sa fonction initiale, assume celle de cas disparus (par ex. le génitif grec).
◆
Il a pour adverbe SYNCRÉTIQUEMENT (1890).
SYNCYTHIUM n. m. est un emprunt du vocabulaire biologique à l'allemand (vers 1870), formé de syn- et du grec kuthos « noyau » pour une masse de cytoplasme renfermant plusieurs noyaux.
❏
SYNCYTHIAL, AUX adj. (masse syncythiale).
SYNDÉRÈSE n. f., réfection (av. 1613) de sinderese (v. 1470), est emprunté au latin médiéval synderesis, terme de théologie, du grec suntêrêsis « conservation », « observation, surveillance », le passage du t au d étant dû à la prononciation byzantine. Le mot dérive de suntêrein « conserver soigneusement », « observer, surveiller », composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de têrein « surveiller, observer, faire attention à », dont l'origine est inconnue.
❏
Terme ancien de théologie désignant les principes innés de la conscience morale, syndérèse s'est employé dès le XVe s. pour « reproche de conscience, remords ». Le mot est didactique et archaïque.
SYNDÈSE n. f. est un emprunt savant et tardif (1933, Marouzeau) au grec sundesis « union », « jonction », dérivé de sundein « lier ensemble », verbe composé de sun « ensemble » (→ syn-) et de dein « lier, attacher », mot d'origine indoeuropéenne, à rapprocher du sanskrit dâman « lien ».
❏
Le mot nomme en rhétorique le procédé qui consiste à coordonner tous les éléments d'une énumération, opposé à
asyndète.
■
Il a été repris en biologie (mil. XXe s.) pour désigner l'appariement régulier de chromosomes homologues au moment de la synapse.
❏ voir
ASYNDÈTE.
+
SYNDIC n. m. est emprunté (1318 ; syndique, 1257) au bas latin syndicus (IVe s.) « avocat et représentant d'une ville », lui-même emprunt au grec sundikos « celui qui assiste qqn en justice » et, à Athènes, « membre d'une commission chargée de défendre les lois établies contre les innovations ». Ce mot est composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de dikê « usage », « règle, droit » et « justice » (→ apodictique, déictique, 2 police), qui se rattache à une racine indoeuropéenne °deik- « montrer », avec un caractère religieux ou juridique (Cf. le latin dicere ; → dire). Syndicus a fourni l'italien sindaco, l'ancien catalan cindichs, le suisse alémanique sindik ; en ancien provençal, à côté de sindic (1413), on relève de nombreuses formes altérées, comme sendegue (XIVe s.), sindique (1418), sendic (1437).
❏
En français,
syndic apparaît au
XIIIe s. dans le vocabulaire juridique, désignant une personne chargée en vertu d'un mandat spécial de défendre les intérêts d'une communauté, spécialement au
XVIe s. et à l'époque classique d'une communauté ecclésiastique.
◆
Jusqu'à l'époque classique, plusieurs graphies altérées ont eu cours pour les mots de la série
(sin-, scin-).
◆
Le mot s'était spécialisé dans le vocabulaire administratif, d'abord dans le nord de la France (1376, sous la forme altérée
soudic ; 1461,
syndic), puis à propos de Lyon (1418,
sindique) et du sud de la France. Il désigne sous l'Ancien Régime un représentant chargé de défendre les intérêts des habitants auprès du seigneur suzerain ; ces syndics ont été remplacés en 1789 par les maires*.
◆
Syndic désignait aussi (1455,
cindit) chacun des quatre hauts magistrats qui étaient à la tête de la République de Genève ; c'est encore le nom du premier magistrat élu d'une commune, équivalent à
maire, dans les cantons de Vaud et de Fribourg.
◆
À Paris, c'est le titre d'un membre du conseil municipal, chargé des locaux réservés au conseil et de l'organisation des réceptions.
◆
À cause de l'importance de la fonction,
syndic s'est dit pour « censeur » (1559) jusqu'au début du
XVIIIe siècle. En droit, le mot a servi à désigner le président d'une assemblée de créanciers (1671) puis un représentant des créanciers d'un failli, dont il gère et liquide les biens (1765), d'où (1876)
syndic d'une faillite.
◆
C'est aussi (1831) l'appellation d'un représentant de l'Inscription maritime dans un sous-quartier, appelé
syndic des gens de mer (1875).
◆
Enfin, au
XXe s., le mot s'applique au mandataire des copropriétaires d'un immeuble, qui assure sa gestion, établit les charges, leur répartition et leur recouvrement (on dit aussi
syndic d'immeuble).
■
Repris au grec, le mot a désigné en histoire antique (1765) un orateur athénien chargé de la défense d'une loi et le représentant d'une cité grecque devant le Sénat romain.
❏
Le dérivé
SYNDICAL, ALE, AUX adj. s'est d'abord employé comme nom au sens de « procès-verbal » en franco-provençal (1352,
sindiqual, Lyon). L'adjectif, repris au
XVIe s., a qualifié ce qui est fait par la communauté, par opposition aux actions particulières (1561),
chambre syndicale (écrit
scindicalle, 1697) désignant le corps qui s'occupe des affaires d'un groupe professionnel. L'expression, qui ne s'emploie plus que pour parler d'un syndicat patronal, s'appliquait aussi au
XIXe s. aux syndicats ouvriers.
◆
Syndical est devenu rare au sens de « relatif à un syndic, qui relève de ses fonctions » (1740). C'est aujourd'hui l'adjectif de
syndicat (ci-dessous), s'appliquant presque exclusivement à ce qui concerne un syndicat de salariés (1798) ou au
syndicalisme (ci-dessous). C'est avec cette valeur moderne de
syndicat que l'adjectif a produit des dérivés dont le lien sémantique avec
syndic n'est plus senti.
■
SYNDICALISTE n. et adj. a désigné un partisan du système syndical (ouvrier) [1875] et qualifie ce qui est relatif aux syndicats (1923). Comme nom, il désigne une personne qui joue un rôle actif dans un syndicat, notamment un syndicat ouvrier.
■
SYNDICALISME n. m. est le nom (1894) du mouvement de syndicats, au sens pris par le mot depuis 1839 (équivalent à l'anglais union dans trade-union), qui a pour but de grouper des travailleurs salariés en vue de défendre leurs intérêts. Par analogie de cet emploi, plutôt que par référence à syndic ou au sens ancien de syndical, on parle de syndicalisme patronal ou agricole (XXe s.).
◆
Le mot désigne également l'activité exercée dans un syndicat (1923) et l'ensemble des syndicats (XXe s.) ; → anarcho-syndicalisme.
■
SYNDICALISER v. tr. (1926) s'est dit (1949) pour « recruter pour un syndicat » et a pris par extension les sens de « donner une conscience syndicale à (qqn) » (v. 1965) et « organiser en syndicat » (v. 1972, se syndicaliser).
◆
Le verbe a fourni SYNDICALISATION n. f. (1921) et SYNDICALISABLE adj. (1958).
■
Le composé INTERSYNDICAL, ALE, AUX adj. et n. f. se dit de ce qui est commun à plusieurs syndicats, regroupe plusieurs organisations syndicales (1915) ; de là l'intersyndicale n. f. (1974).
◈
SYNDICAT n. m., dérivé de
syndic, a d'abord désigné la fonction de syndic (1477) et l'exercice, la durée de ces fonctions (1549). En ancien provençal,
sindegat (
XIVe s.) signifiait aussi « ensemble des syndics » (v. 1300).
◆
La locution verbale
faire syndicat « s'associer pour la défense d'intérêts communs » (1514) est à l'origine de l'usage du mot à propos d'une association ayant pour objet la défense d'intérêts communs (1649,
scindicat), acception juridique qui ne se développera qu'au
XIXe siècle.
◆
Le mot est employé isolément pour « assemblée politique », dans un projet de constitution (v. 1793). Après avoir désigné une association pour la défense des intérêts corporatifs (1730), il prend le sens courant (1839, à la même époque que
syndicalisme) d'« association de défense des intérêts professionnels de salariés », désignant de plus en plus souvent (2
e moitié
XIXe s.) un syndicat groupant uniquement des salariés et notamment des ouvriers. Ce sens devient dominant après 1871 et au
XXe s., les autres valeurs requérant l'emploi d'expressions où
syndicat est qualifié. Il entraîne des valeurs nouvelles pour
syndical et ses dérivés (ci-dessus) et est en relation avec l'idée de socialisme.
◆
Au sens large, le mot entre dans plusieurs syntagmes où il n'est plus senti comme identique, comme
syndicat financier, constitué pour placer des titres (1870),
syndicat d'initiative « organisme destiné à développer le tourisme dans une localité » (1880), dans
syndicat de communes en droit administratif.
◆
Par ailleurs, alors lié à un sens particulier de
syndic (ci-dessus),
syndicat désigne (1872) la subdivision d'un quartier de l'Inscription maritime.
■
Repris en histoire (XXe s.), il s'applique au régime administratif des paroisses rurales représentées par des syndics.
■
SYNDICATAIRE n. et adj. désigne un membre d'un syndicat financier, de copropriétaires (1868, n. et adj.).
◈
SYNDIQUER v. tr. correspond d'abord à « demander compte de (qqch. à qqn) » (1546) et, à l'époque classique, « examiner d'un œil critique, censurer » (1589), d'où
scindiquer sur qqch. (1622), acceptions qui se rapportent aux fonctions de contrôle du syndic et qui ont disparu au cours du
XVIIe siècle.
■
Le verbe prend au XVIIIe s. le sens moderne de « grouper (des personnes, une profession) en syndicat » (1768 ; 1783, pron.). D'abord appliqué aux associations d'intérêts professionnels, le verbe suit l'évolution de syndicat et ne se dit plus, vers la fin du XIXe s., que pour « adhérer à un syndicat de salariés ».
◆
Il a fourni SYNDIQUÉ, ÉE adj. et n. (1886), « qui fait partie d'un syndicat ouvrier ».
SYNDICATION n. f. est emprunté (1987 à propos des journeaux) à l'anglais, dérivé du verbe syndicate « syndiquer ». Il s'est d'abord employé en français à propos de médias (presse, télévision...) lorsqu'ils vendent leurs droits à plusieurs diffuseurs. Il se dit en finances de l'opération par laquelle un groupement bancaire (syndicate) se constitue pour une opération spécifique. En informatique, toujours par emprunt à l'anglo-américain, le mot désigne la mise à disposition de données provenant d'un site à d'autres sites (syndication de données, de contenus).
SYNDROME n. m. est emprunté (1537) au grec sundromê « action de réunir, réunion », composé de sun « ensemble » (→ syn-) et de dromê « course » (-drome dans hippodrome, etc.), dérivé de dramein, aoriste supplétif fonctionnant avec trekhein « courir ». Ces mots constituent une importante famille indoeuropéenne que l'on retrouve dans le sanskrit drávatí, drámati « il court ».
❏
Syndrome, apparu au XVIe s. en médecine, ne semble guère en usage avant le XIXe s. (1824), où il est repris pour désigner l'association de plusieurs symptômes qui constituent une entité clinique définissable. Le mot est plus didactique que symptôme.
❏
Il a pour dérivé SYNDROMIQUE adj. (1952), très didactique.
❏ voir
DROMADAIRE, PALINDROME.
SYNECDOQUE n. f. représente la réfection (1671), à côté de synecdoche (1690, forme latine), de synodoche (XVe s.), emprunt au bas latin synecdoche, terme de rhétorique repris du grec sunekdokhê « compréhension simultanée de plusieurs choses ». C'est un dérivé de sunekdekhesthai « se rendre maître en même temps », « comprendre à la fois », verbe composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de ekdekhesthai « recueillir dans son esprit », « saisir, comprendre », lui-même formé de ek- qui marque l'origine et de dekhesthai « recevoir », lequel se rattache à une importante racine indoeuropéenne exprimant l'idée de conformation, d'adaptation (→ daigner, décence, décorer, digne).
❏
Le mot désigne une figure de rhétorique où l'on fait « concevoir à l'esprit plus ou moins que le mot dont on se sert ne signifie dans le sens propre » (1730, Dumarsais, Des Tropes) ; elle consiste à prendre le tout pour la partie (ex. porter un castor), la partie pour le tout (ex. un mat pour un navire), la matière pour l'objet (ex. le fer pour l'épée), le contenant pour le contenu (ex. boire un verre), etc. Certaines synecdoques sont des métonymies.
SYNÉRÈSE n. f. est un emprunt savant (1540) au latin syneresis ou synaeresis, terme de phonétique, lui-même emprunté au grec sunairesis « action d'assembler », « récolte » et « resserrement, contraction », employé à propos des sons de la voix. Ce mot dérive de sunairein « rassembler », « ramasser », composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de hairein « prendre, saisir » (→ hérésie), mot sans étymologie établie.
❏
Ce terme de phonétique désigne la prononciation de deux voyelles contiguës d'un même mot en une seule syllabe (ex.
violon) ; il s'oppose à
diérèse*.
■
Le mot a été repris en chimie (1933, dans les dictionnaires généraux) pour nommer l'agglomération spontanée de particules d'un gel, avec séparation éventuelle du liquide.
❏ voir
APHÉRÈSE.
SYNERGIE n. f. est un emprunt savant (1778) au grec sunergia ou sunergeia « coopération, concours », dérivé de sunergein « travailler ensemble ». Ce verbe est composé de sun « ensemble, avec » (→ syn-) et de energein « agir », de la même famille que energeia, emprunté par l'intermédiaire du bas latin (→ énergie).
❏
Le mot est introduit en physiologie pour désigner l'action coordonnée de plusieurs organes concourant à un effet unique, par exemple à l'exécution d'un mouvement (synergie musculaire).
◆
Quittant le domaine scientifique, le mot s'emploie par extension pour parler de l'action coordonnée de plusieurs éléments (fin XIXe s.), par exemple à propos des relations humaines, de la vie sociale ; avec cette valeur, synergie est devenu un mot à la mode (v. 1960) dans le vocabulaire de la publicité, du journalisme et de l'économie.
❏
Le dérivé
SYNERGIQUE adj. s'emploie en physiologie (1832), spécialement dans
muscles synergiques (1904) « qui coordonnent leur action en vue d'exécuter simultanément un ou plusieurs mouvements ».
◆
Comme le nom,
synergique s'emploie aussi par extension (1903).
◆
De l'adjectif dérive
SYNERGIQUEMENT adv. (1865), « de manière synergique ».
■
SYNERGISME n. m., introduit comme terme de théologie (XIXe s.) pour désigner une doctrine religieuse qui préconise la collaboration de l'homme avec Dieu, a été repris (mil. XXe s.) dans le vocabulaire scientifique.
■
SYNERGISTE adj. et n. m. (1832 en théologie, repris XXe s.) est un terme de physiologie (muscle synergiste).
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Le préfixé
ASYNERGIE n. f. (1843), de
2 a-, désigne en médecine le manque de coordination des mouvements qui concourent à l'accomplissement d'un acte.
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En dérive ASYNERGIQUE adj. (1946), aussi employé comme substantif pour désigner un malade atteint d'asynergie.
SYNESTHÉSIE n. f. est un emprunt tardif, scientifique (1865) au grec sunaisthêsis « perception simultanée », dérivé de sunaisthanesthai « sentir avec », verbe composé de sun « ensemble, avec » et de aisthanesthai « percevoir par les sens » (→ esthète, esthétique).
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Le mot s'emploie en médecine et en psychologie pour désigner le phénomène par lequel une sensation objectivement perçue s'accompagne de sensations supplémentaires, dans une région du corps différente de celle qui a été excitée ou dans un domaine sensoriel différent.
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Il a pour dérivé SYNESTHÉSIQUE adj. (1872).
SYNGNATHE n. m. est la francisation (1801) du latin zoologique syngnathus, du grec sungnathos, de gnathos « mâchoire » (→ prognathe) pour dénommer un poisson de mer au corps long et mince, au museau allongé. On l'appelle aussi aiguille, trompette, serpent de mer.
SYNODE n. m. est un emprunt (v. 1310 isolément), au féminin (1511) puis au masculin (1541), au bas latin synodus « collège de prêtres », emprunté au grec sunodos « réunion », « assemblée générale », puis spécialement « assemblée religieuse ». Ce mot est composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de hodos « route, chemin, voyage », d'où au figuré « moyen » (→ odographie), mot d'origine indoeuropéenne (→ méthode, période). Synodus avait fourni par voie orale l'ancien français sene n. m. (v. 1175) ou senne (XIIIe s.), éliminé vers la fin du XVIe s. par l'emprunt synode.
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Le mot désigne une assemblée d'ecclésiastiques convoquée par l'évêque et, dans certaines Églises protestantes, une réunion de pasteurs (1592) ; dans la religion juive, synode (israélite) désigne (1872, in F. e. w.) un conseil de rabbins et de laïques délibérant sur des points de doctrine du judaïsme.
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Dans l'Église orthodoxe, on nomme Saint-synode le conseil suprême de l'Église russe, institué en 1721 par Pierre le Grand (l'expression française n'est attestée qu'en 1876).
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Par extension, synode s'est employé à l'époque classique pour « concile » (1671) et au sens d'« assemblée annuelle des maîtres et maîtresses d'école de Paris » (1680).
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Par réemprunt, et en parlant de l'Antiquité grecque, le mot a le sens étymologique de « réunion (commerciale, culturelle, etc.) » (1765).
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SYNODAL, ALE, AUX adj., « relatif à un synode », est un emprunt (1315) au bas latin ecclésiastique
synodalis, dérivé de
synodus.
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SYNODIQUE adj. est emprunté (1556, Bloch et Wartburg, sans indication de sens ; puis 1671) au bas latin synodicus « conforme aux décisions d'un synode » et, en astronomie, « qui arrive en même temps ». En cosmographie, il s'emploie dans mois synodique (1671) « temps qui s'écoule entre deux lunes successives », mouvement synodique (1690), révolution synodique (d'une planète) [1812] « temps qui sépare deux conjonctions consécutives de cette planète avec le Soleil », année synodique (1872, pour la Terre).
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Il est repris dans le vocabulaire religieux, dans lettres synodiques (1721) ou synodiques n. f. pl. (XXe s.) « lettres écrites aux évêques absents, au nom du concile », comme nom masculin pour désigner l'ouvrage dans lequel on recueille les décisions d'un synode (1803) et comme adjectif au sens de « relatif à un synode » (1907), valeur où il est senti comme dérivé de synode.
SYNONYME adj. et n. m. est emprunté (XIIe s., sinonimes isolément ; puis v. 1380) au bas latin grammatical synonymus adj. et par substantivation synonymum. Ce dernier, nom neutre, reprend le grec sunônumos « de même nom que ». Chez Aristote, la notion, en logique, concerne des noms dont le sens est lié (sun) par un genre commun, mais qui ont des sens différents (différences spécifiques : ainsi, vert et rouge par rapport à couleur). Sunônumos est composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de onoma « nom » (→ onomatopée) qui, avec l'arménien anun, se rattache à une racine bien représentée dans les langues indoeuropéennes, le plus souvent sous la forme °nom-, comme dans le latin nomen (→ nom) ou le sanskrit nā̇ma-.
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Le mot apparaît isolément au pluriel dès le XIIe s. comme titre donné à une composition morale ; au XIVe s., il est d'abord adjectif (v. 1380) puis nom (av. 1553). La graphie sinonime (XIIe siècle ; puis v. 1380) est encore relevée par Richelet (1680) ; on trouve en moyen français les variantes synonime (1425) et sinonyme (1596). Il s'applique au XVIe s. à un mot qui a, avec un autre, une analogie de sens (genre commun) mais des acceptions différentes, valeur étymologique et aristotélicienne. À l'époque classique et surtout à partir du XVIIIe s., la notion, par refus de l'approximation et du cumul, évolue vers l'idée moderne de « mot de même sens qu'un autre, mais pouvant différer par un autre aspect : connotations, valeur expressive, etc. ».
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Le mot s'est employé au pluriel pour désigner un ouvrage où l'on recueille et distingue des synonymes (1741). Par figure, être synonyme de signifie (XIXe s.) « évoquer une notion équivalente à ».
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Les dérivés
SYNONIMER v. tr. (1611) ou
SYNONYMISER v. tr. (1845), « rendre synonyme »,
SYNONYMISTE n. (1786,
n. m.), « spécialiste de l'étude des synonymes », ne se sont pas maintenus.
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SYNONYMIQUE adj., « relatif aux synonymes » (1801), s'est employé comme nom féminin (1845) pour parler de l'étude de la synonymie.
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SYNONYMIE n. f. est emprunté (1582) au bas latin grammatical
synonymia, du grec
sunônumia, dérivé de
sunônumos. Le mot désigne la relation entre des synonymes, avec les deux valeurs successives de ce terme, le fait linguistique que constitue l'existence de mots synonymes (1582 ; puis 1765). C'est aussi le nom d'une figure de rhétorique (1671) qui consiste à employer plusieurs mots ou expressions synonymes pour désigner une seule chose.
❏ voir
ANTONYME.