SYNOPTIQUE adj. est emprunté (1610) au grec sunoptikos « qui embrasse d'un coup d'œil », composé de sun « ensemble » (→ syn-) et de optikos, dérivé de oran (futur opsesthai) « voir » (→ optique).
❏
L'adjectif s'applique à ce qui donne une vue générale d'un ensemble ; il est employé comme terme d'exégèse dans Évangiles synoptiques ou les synoptiques n. m. pl. (1852, E. Reuss) pour désigner, par opposition à l'Évangile selon saint Jean dont le plan est différent, les trois évangiles (de saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc), dont le récit est à peu près semblable, ce qui permet de comparer les relations qu'ils donnent d'un même événement ; ce sens est emprunté à l'allemand synoptisch (1809). Auparavant les exégètes employaient harmonia ou concordia.
❏
SYNOPSIS n. m. reprend (1834 au masc.) le grec
sunopsis « vue d'ensemble », « coup d'œil général », « table des matières » (en bas latin
synopsis), composé de
sun « ensemble, avec »
(→ syn-) et de
opsis « action de voir »
(→ optique).
◆
Le mot désigne une vue générale (d'une question, d'une science).
◆
Par emprunt à l'anglais
synopsis de même origine mais plus ancien (1611) et spécialisé dans le spectacle et, aux États-Unis, au cinéma, le mot entre dans le vocabulaire du cinéma (1919,
n. f., puis n. m.) pour désigner le récit très bref qui constitue un schéma de scénario.
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SYNOPSE n. f. est la francisation (1872 ; 1843 par métaphore, Proudhon) de l'allemand
synopsis (1776), emprunt au bas latin
synopsis « plan, relevé », « inventaire », mot grec (voir ci-dessus).
◆
Dans l'exégèse biblique, le mot désigne un ouvrage qui présente les Évangiles de manière parallèle, en rapprochant les passages relatifs aux mêmes événements.
SYNOVIE n. f. reprend (1694) le latin scientifique de la Renaissance synovia, employé pour la première fois par Paracelse (av. 1550, aussi sinovia, synophia) et formé de syn-* et d'un élément inexpliqué (on parle de formation « arbitraire »).
❏
Synovie désigne en physiologie un liquide d'aspect filant qui lubrifie les articulations mobiles. Le syntagme épanchement de synovie est l'emploi le plus usuel.
❏
Le dérivé SYNOVIAL, ALE, AUX adj., « qui contient la synovie » (1735), entre dans le syntagme membrane synoviale ou SYNOVIALE n. f. (1876) « membrane séreuse qui tapisse l'intérieur des cavités des articulations mobiles ». Synovie a fourni également SYNOVITE n. f. (1833), formé à l'aide du suffixe -ite, et le composé SYNOVECTOMIE n. f. (1916), de -ectomie, « excision d'une membrane synoviale ».
SYNTAGME n. m. est emprunté isolément (XIVe s., écrit sintasme) puis au XVIIe s. avec réfection étymologique (1644, syntagme), au grec suntagma, -matos « ensemble de choses rangées », d'où « corps de troupes », « organisation politique, constitution d'un État » et tardivement « corps d'ouvrage, traité, livre ». Ce mot dérive de suntassein (ou suntattein) « ranger ensemble », « disposer en un tout », composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de tassein (ou tattein) « ranger » (→ tâche, taxinomie), mot d'étymologie inconnue.
❏
Syntagme, d'abord emprunté isolément avec le sens grec de « traité, ouvrage », a signifié « disposition, ordre » (1699), « traité méthodique » (1713), sens sortis d'usage.
◆
Il a été repris en histoire de l'Antiquité comme nom d'une subdivision de la phalange grecque (1842).
■
Indépendamment de ces emplois, le mot a été réemprunté en linguistique (av. 1910, F. de Saussure) pour désigner toute suite de morphèmes ou de mots qui a un sens acceptable ; syntagme s'emploie spécialement dans les grammaires structurales en parlant de cette suite formant une unité dans l'organisation hiérarchisée de la phrase. En sémiotique, il désigne une suite signifiante de signes, linguistiques ou non.
❏
Le dérivé savant SYNTAGMATIQUE adj. se dit de ce qui est relatif au syntagme (av. 1910, F. de Saussure), par extension de ce qui concerne les successions dans l'énoncé, aussi comme nom féminin (v. 1910).
◆
Traduisant l'anglais phrase, qui signifie « syntagme », dans phrase structure, le mot se dit (v. 1960) en grammaire générative des rapports entre les éléments successifs de l'énoncé.
◆
Syntagmatique n. f. s'emploie également en sémiotique pour « suite d'éléments signifiants formant un signe complexe ».
❏ voir
SYNTAXE.
SYNTAXE n. f., réfection graphique d'après le latin (1640) de sintaxe (1572, Ramus), est emprunté au bas latin grammatical syntaxis « ordre, arrangement des mots », qui reprend le grec suntaxis « ordre, arrangement, disposition », d'où plusieurs sens qui conservent l'idée de mise en ordre, par exemple « ordre de bataille », « organisation d'un État », « composition d'un ouvrage » et, tardivement, « construction grammaticale ». Ce nom dérive du verbe suntassein (ou suntattein) « ranger ensemble », « arranger » (→ syntagme).
❏
Les grammairiens latins utilisaient l'hellénisme
syntaxis ou
constructio (→ construction) pour la partie de la grammaire qui traitait de l'« arrangement des mots » mais aussi de l'emploi des mots, des cas et des modes, cet arrangement étant « réalisé par la construction d'une oraison parfaite » (Priscien,
VIe s.). Cette conception se maintient au moyen âge et ne commence à être discutée qu'à partir de la Renaissance, en particulier parce que les grammairiens doivent résoudre des problèmes liés à l'enseignement du français à des étrangers. Meigret (1550,
Tretté de la grammere françoize) n'emploie pas
syntaxis mais « bâtiment ou construccion ou ordonance bone de parolles » ; c'est Ramus qui introduit
syntaxe pour désigner l'arrangement des mots, la construction des propositions ainsi que l'étude des règles qui les régissent. Par extension, le mot s'emploie pour « ouvrage qui traite de cette partie de la grammaire » (1718).
◆
Au
XVIIIe s., la notion de syntaxe change de contenu, avec les travaux qui définissent les méthodes d'analyse des mots et des propositions (Dumarsais, Buffier), mais les rapports entre syntaxe et morphologie ne sont débattus qu'à partir de 1900 environ.
◆
Syntaxe désigne également au
XVIIIe s. (1784, selon
G. L. L. F.) les relations qui existent entre les unités linguistiques, considérées abstraitement, dans la langue, ou concrètement, dans le discours (1907,
la syntaxe d'un auteur). Au
XXe s., le mot s'emploie surtout en linguistique descriptive, la pédagogie des langues préférant nommer
grammaire la syntaxe normative.
■
Par extension, il s'emploie pour parler des relations entre des éléments signifiants autres que les signes d'une langue naturelle, organisés en séquence, d'abord dans syntaxe des couleurs (1883, Huysmans), puis à propos des images au cinéma (1929), des éléments d'un système figuratif, etc.
■
En sémiotique, syntaxe désigne l'ensemble des rapports qu'entretiennent les signes entre eux, par adaptation de l'anglais syntactics chez Charles Morris, distingué de semantics et de pragmatics (Cf. sémantique, pragmatique). Quelques spécialistes préfèrent la forme anglaise syntactique.
❏
Le dérivé
SYNTAXIQUE adj., « relatif à la syntaxe » (1819), s'emploie dans
système syntaxique (v. 1960) « système formel caractérisant un langage sans faire référence à la signification ni aux usages ». Il a pour synonyme partiel
grammatical.
■
MORPHOSYNTAXE n. f., formé (v. 1960) d'après morphologie*, désigne l'étude des procédés de formation de l'énoncé linguistique, aux niveaux morphologique et syntaxique ; en dérive MORPHOSYNTAXIQUE adj. (v. 1960).
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1 SYNTACTIQUE adj., emprunt (1872) au grec tardif
suntaktikos « qui met en ordre », dérivé de
suntassein, est une variante de
syntaxique et se dit spécialement (1933) de ce qui est relatif à la simple disposition matérielle des mots. Il s'emploie dans
doublets syntactiques « formes différentes d'un mot selon le contexte », par exemple
vieux / vieil (1904), et dans
phonétique syntactique « déformations phonétiques qui affectent les mots au contact les uns des autres dans la phrase » (1933).
◆
Le dérivé
SYNTACTICIEN, IENNE n., « spécialiste de la syntaxe » (1928), ne s'emploie pas en parlant de la syntaxe normative, où l'on dit
grammairien*. On a employé (rarement)
syntaxiste (1912).
◆
2 SYNTACTIQUE n. f. désigne (1843, Cournot) la science des combinaisons logiques.
SYNTHÈSE n. f. est un emprunt savant (1541) au grec sunthesis « action de mettre ensemble » et spécialement en rhétorique et en grammaire « assemblage de parties », « composition », « arrangement (des mots, des phrases) » (Cf. syntaxe), « traité, livre » ; le mot signifie aussi « synthèse » par opposition à analyse. Le latin impérial synthesis avait un sémantisme plus restreint, ne désignant qu'une collection de plusieurs objets de nature analogue, la composition d'un médicament et un vêtement pour les repas.
◆
Sunthesis dérive de suntithenai « mettre ensemble, réunir », « composer (un ensemble) », en particulier « composer (un livre) », « juger, conclure d'un ensemble de faits », « arranger (une affaire) », « conclure (un traité) ». Ce verbe est composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de tithenai « poser » (→ thèse), d'une base -the- qui se rattache à une racine indoeuropéenne °dhē- « placer », la consonne dh- étant représentée en latin par le f de facere « faire* ».
❏
Synthèse reprend (1546) le sens grec et latin de « robe », à propos de l'Antiquité romaine, emploi rapidement disparu.
■
La valeur moderne, après un emploi didactique opposé à diérèse (1576), apparaît au début du XVIIe s., le mot désignant alors en sciences (1607) la démarche de l'esprit qui va de propositions certaines à des propositions qui en sont la conséquence ; le plus simple étant considéré au XVIIe s. comme le plus accessible par la connaissance : ainsi, dans le Discours de la méthode de Descartes, la démarche commence « par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés » (Deuxième partie). En logique et en philosophie, le mot s'applique (1694) à une suite d'opérations mentales permettant d'aller des notions ou propositions simples aux composées, par opposition à analyse*, qui désigne la démarche inverse.
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Au XVIIe s., synthèse possède aussi la valeur générale du grec, « réunion d'éléments en un tout » ; en pharmacie, le mot a désigné, probablement par reprise du latin, la composition des remèdes (1694), en chirurgie l'opération par laquelle on réunit des fragments d'os fracturés (1607 ; Cf. réduction) et en grammaire une figure de rhétorique consistant à construire une phrase d'après le sens et non en suivant les règles de la syntaxe (1701) ; en ce sens la rhétorique médiévale employait déjà synthesis, passé aussi en ancien provençal (v. 1350, synthezis), en ancien catalan (v. 1400, sinthezis) et en espagnol (1492, síntesis).
◆
Avec la chimie moderne, le mot s'applique (1805, Lunier) à la préparation d'un composé à partir d'éléments ou corps simples, ou d'un composé de formule plus simple. Synthèse connaît depuis le XIXe s. un développement important dans le vocabulaire scientifique et technique, en psychologie, en photographie, en biologie (voir biosynthèse, photosynthèse, ci-dessous), en phonétique (synthèse de la parole).
◆
Des emplois récents sont liés aux développements de la musique électronique (Cf. ci-dessous synthétiseur) et à ceux des images créées par ordinateur (Cf. aussi virtuel).
■
Par métonymie, le mot s'emploie aussi à propos de l'ensemble constitué par les éléments réunis, en philosophie (1832) et, dans l'usage général (1872), pour désigner un exposé d'ensemble.
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Synthèse se dit pour une proposition qui réalise l'accord d'une thèse* et d'une antithèse* en les faisant passer à un niveau supérieur (1876 ; emprunt à l'allemand).
❏
Le dérivé
SYNTHÉTISER v. tr., formé dans la première partie du
XIXe s., signifie « associer, réunir (des éléments abstraits) en une synthèse » et en chimie « produire, obtenir par synthèse » (attesté
XXe s. : 1932).
■
SYNTHÉTISEUR n. m. (v. 1960) est le nom d'un appareil permettant de transformer et de faire la synthèse d'éléments sonores à partir de leurs constituants (synthétiseur de parole).
◆
En technique électro-acoustique, le mot désigne (av. 1970) un instrument électronique synthétisant les sons musicaux, abrégé en SYNTHÉ n. m. (1976), et en télévision un dispositif permettant de faire apparaître deux images de sources différentes (v. 1970).
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Quelques composés didactiques ont été formés au
XXe siècle.
■
PHOTOSYNTHÈSE n. f. (1902), de photo-, s'applique à la production de glucides par les plantes à partir du gaz carbonique de l'air ; en dérive PHOTOSYNTHÉTIQUE adj. (déb. XXe s.).
■
BIOSYNTHÈSE n. f., formé avec bio- (v. 1950), désigne en biologie la formation d'une substance organique dans un être vivant (biosynthèse des protéines) et a fourni BIOSYNTHÉTIQUE adj. (mil. XXe s.).
■
CHIMIOSYNTHÈSE n. f., qui signifie en biochimie « synthèse de substances organiques (réalisée par des bactéries) », est un emprunt (v. 1950) à l'allemand (déb. XXe s.).
◈
SYNTHÉTIQUE adj. reprend (1602) le grec
sunthetikos « habile à arranger, à composer, à combiner » et « produit par une synthèse », dérivé de
sunthetos « composé, formé de plusieurs parties », lui-même de
suntithenai.
■
L'adjectif s'applique à ce qui provient d'une synthèse ou à ce qui constitue une synthèse, d'abord en logique. Cet emploi est rare avant le XVIIIe siècle. Puis, en philosophie kantienne et par traduction de l'allemand, jugement synthétique se dit d'un jugement qui fait une synthèse du sujet et du prédicat, et ne peut être vrai que par rapport aux faits, s'opposant à analytique. Avec cette valeur, le mot s'emploie aussi en sciences, par exemple en mathématiques (géométrie synthétique). Il s'applique aussi à ce qui envisage la totalité d'un ensemble de phénomènes (XXe s., théorie synthétique).
◆
Synthétique se dit en chimie (1866) de ce qui concerne la synthèse chimique, spécialement (1931) d'un matériau qui n'est pas extrait d'une substance naturelle, mais est produit par synthèse ; ce sens est passé dans l'usage général, par exemple dans textile synthétique, d'où synthétique n. m. (mil. XXe s.).
◆
L'adjectif qualifie aussi un esprit apte à la synthèse (1872).
◆
En linguistique, langue synthétique désigne une langue où une seule forme correspond à plusieurs éléments conceptuels et où les rapports grammaticaux sont marqués par des modifications internes (1877, Darmesteter), par emprunt à l'allemand synthetisch (Schlegel).
◆
En parlant de sons, l'adjectif signifie « produit par synthèse » : musique synthétique (voir ci-dessus synthétiseur).
◆
Le dérivé SYNTHÉTIQUEMENT adv. s'oppose (1725) à analytiquement.
■
SYNTHÉTISME n. m., autrefois terme de chirurgie (1765), désignait l'ensemble des opérations nécessaires pour réduire une fracture.
◆
En philosophie (1833), puis en histoire de l'art, comme SYNTHÉTISTE adj. et n. (1889), c'est le nom du style pictural de Gauguin et de ses disciples, qui soumet la construction du tableau à un rythme d'ensemble, sans analyser la sensation lumineuse comme le faisaient les impressionnistes (fin XIXe s.).
■
SYNTHÉTICITÉ n. f. (XXe s.), « caractère des expressions synthétiques », dans le positivisme logique, est didactique.
◈
Le composé
POLYSYNTHÉTIQUE adj. se dit en linguistique (1829) d'une langue agglutinante où les éléments exprimant les concepts et leurs rapports sont assemblés de sorte que la phrase entière se distingue difficilement du mot ; en dérive
POLYSYNTHÉTISME n. m. (1868).
■
PARASYNTHÉTIQUE adj. et n. m. (1877, Darmesteter) reprend le grec parasunthetos « (mot) composé à l'aide d'un mot lui-même composé ou dérivé », de para « à côté de ».
◈
SYNTOL n. m. (v. 1970), de
synt(hèse) et
-ol, désigne un langage symbolique employé en documentation automatique.
SYNTONIE n. f. est un emprunt (1900) à l'anglais syntony (1892), dérivé savant du grec suntonos, de sun- (→ syn-) et tonos (→ 1 ton).
❏
Le mot désigne en physique l'égalité des fréquences d'oscillations.
◆
Il est repris à l'allemand Syntonie (Bleuler, 1922) pour désigner l'état d'un sujet à personnalité harmonieuse (1922, Minkowski).
❏
SYNTONE adj., apparu en psychiatrie (1922), s'emploie aussi (v. 1960) à propos de circuits en syntonie.
◆
SYNTONISATION n. f. (1900) et SYNTONISÉ, ÉE adj. (1903), puis SYNTONISER v. tr. (1907) ne s'utilisent qu'en physique.
SYPHILIS n. f. reprend (1659) le latin de la Renaissance syphilis (1530) désignant le poème de Syphilus et la maladie. Syphilus est le nom d'un personnage d'un poème de Frascator de Vérone, tiré de Sipylus, nom du fils aîné de Niobé dans les Métamorphoses d'Ovide. Frascator a imaginé la légende d'un berger d'Amérique, Syphilus, qui entraîna le peuple de l'île d'Ophise à se révolter contre le dieu du soleil. Ce dernier, par punition, le frappa ainsi que son peuple d'une grave maladie vénérienne ; la nymphe Ammerica (sic) leur donne un remède, tiré du gaïac, remède qui fut en effet utilisé au XVIe s. contre ce que l'on nommait la grosse vérole, avant la thérapeutique par le mercure qui apparaît au XVIIe siècle. La fiction vient du fait que la syphilis est d'origine américaine ; apparue en Europe à la fin du XVe s., elle s'est répandue en particulier avec l'expédition de Charles VIII à Naples (fin XVe s.), d'où l'expression mal de Naples.
❏
Syphilis, « maladie vénérienne », a été longtemps employé pour désigner diverses affections transmises par contact sexuel, comme la blennorragie ; le mot, rarement attesté, quelquefois écrit siphilis et employé aussi au masculin, ne se répand que dans les années 1860 et désigne la maladie vénérienne contagieuse provoquée par un tréponème. On disait usuellement vérole* et, chaque peuple attribuant l'origine de la maladie à son voisin, les Français ont utilisé mal de Naples, les Italiens il male francese, les Allemands die Franzosen, expressions qui peuvent d'ailleurs correspondre à la diffusion effective du mal en Europe (Naples, Italie, France, puis Europe du Nord et du Centre).
❏
De nombreux termes médicaux ont été formés à partir de
syphilis.
■
SYPHILITIQUE adj. et n., « relatif à la syphilis » (1664) et « atteint de syphilis » (1841, comme adjectif ; 1852, nom), n'est répandu qu'après 1850.
■
SYPHILISER v. tr., « inoculer la syphilis à (qqn) » (1851), est employé aussi de façon non technique mais rarement, au sens de « rendre syphilitique » (1801 au p. p. adj.) ; en dérive SYPHILISATION n. f. (1851).
■
SYPHILOÏDE adj. s'est appliqué à ce qui rappelle la syphilis (1855).
◆
Comme nom féminin, le mot désigne une éruption cutanée qui ressemble à celle de la syphilis (1916).
■
SYPHILIGRAPHE n. (1843 ; syphilo-, 1855) et SYPHILIGRAPHIE n. f. (1842 ; syphilo-, 1836), concernant l'étude médicale de la syphilis, ont vieilli.
◈
Le composé
ANTISYPHILITIQUE adj. (1774), de
anti-, s'applique à ce qui combat la syphilis.
SYRAH n. m. (1871), écrit sira au XVIIIe s. (1781), est d'origine incertaine, peut-être du nom de la ville de Chiraz, en Perse, ou de Syracuse, mais ces origines persane ou grecque (les deux noms sont d'origine inconnue) pourraient être anecdotiques. Selon P. Rézeau (Dictionnaire des cépages), le mot, en français, pourrait se rattacher à la racine latine de serus « tardif ». C'est le nom d'un cépage noir, cultivé d'abord et surtout (en France) dans le nord des vignobles des Côtes du Rhône (puis hors de France, notamment en Australie) et produisant des vins rouges aromatiques.
SYRIAQUE adj. et n. m. reprend (1611) le latin syriacus « de Syrie, Syrien », dérivé de Syria, emprunté au grec Suria « Syrie », nom de pays à l'étymologie obscure. L'adjectif ethnique Siriace (1534) l'a précédé.
❏
Le mot désigne un des parlers du groupe araméen en usage à Édesse, ville de l'ancienne haute Mésopotamie. Ce parler est devenu une langue littéraire chrétienne, du XIIe au XIIIe siècle.
❏
SYRIEN, IENNE adj. et n., dérivé français de Syrie (XVIe s.), réfection de Surien (XIIe s.) qui correspondait au grec Suria (d'où Sulian, 1080) se dit de ce qui se rapporte à la Syrie et à ses habitants (adj. et n.).
◆
Il signifie aussi « relatif aux Églises chrétiennes dont le rite emploie la langue syriaque » (1700).
◆
Le nom, au masculin, désigne l'arabe parlé en Syrie (attesté 1924).
SYRINX n. f. est un emprunt (1752) au latin syrinx, syringis « roseau » et « flûte de Pan », lui-même emprunt au grec surinx désignant des objets longs et étroits, « flûte de berger », « étui », « galerie, couloir » et, chez les médecins, « trachée, veine ». On a supposé au mot, mais sans certitude, une origine méditerranéenne ou orientale.
❏
Le mot désigne toute flûte de la Grèce ancienne et, spécialement, la flûte de Pan, aussi sous la forme
syringe (1808) ; en ce sens il est parfois employé au masculin (1870, Rimbaud).
■
Par analogie, syrinx est en zoologie (1904) le nom du larynx inférieur des oiseaux.
■
Du pluriel latin vient la valeur archéologique de « tombe royale de l'Égypte pharaonique, consistant en une galerie creusée dans le roc » (1872), appelée auparavant SYRINGES n. f. pl. (1765).
❏ voir
SERINGA, SERINGUE.
SYRPHE n. m., emprunt du latin zoologique au grec surphos « mouche », passé en français (1801), est le nom savant d'un insecte diptère, une mouche aux antennes courtes, à l'abdomen jaune et noir, au vol rapide.
SYRTE n. f. est la réfection graphique (1535) de cyrtes, apparu dans une traduction du XIVe s. (v. 1320), publiée seulement en 1574, d'un texte de Guillaume de Tyr (v. 1190, en latin). Le mot reprend le latin classique syrtis « banc de sable, bas-fond », emprunté au grec Surtis, nom de deux bancs de sable très spacieux sur la côte de Libye. Surtis est dérivé de surein « traîner de force, charrier » (en parlant d'un cours d'eau), mot d'origine obscure.
❏
Syrte (1535), plus souvent employé au pluriel (1660), désignait un banc de sables mouvants. Le mot, didactique, s'emploie encore pour parler d'une région côtière sablonneuse. Il s'applique en géographie à deux golfes de Libye, la Grande et la Petite Syrte (Syrtis major et minor), et dans l'usage poétique (Cf. J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, 1951).
SYSTÈME n. m. est emprunté (1552) au bas latin systema (IVe s.) « assemblage », terme de musique employé au moyen âge pour désigner, d'après le grec, les théories cosmogoniques et théologiques. Systema reprend une acception du grec sustêma « assemblage, ensemble », dans la théorie cosmologique d'Aristote, et « corps de nations ayant les mêmes institutions, confédération », en politique ; le mot désigne aussi, dans divers domaines, une combinaison, un groupement : « corps de soldats », « collège de prêtres ou de magistrats », « troupe d'animaux » et aussi « accord de quatre tons » en musique, « union de deux ou plusieurs vers ». Sustêma vient du verbe sunistanai « placer ensemble, grouper, unir », composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de histanai « placer debout », forme à redoublement, de °sista-, qui se rattache à la racine indoeuropéenne °stā- « être debout », comme le latin stare (→ ester, station).
❏
Système, écrit aussi
sistème jusqu'au début du
XVIIIe s., est introduit au milieu du
XVIe s. dans le vocabulaire scientifique pour désigner un ensemble de propositions, ordonnées pour constituer une doctrine cohérente du monde ; cet emploi, qui ne présume pas de la vérité des propositions, se développe surtout à partir de la seconde moitié du
XVIIe siècle.
◆
Le mot est aussi employé en musique depuis le
XVIe s. (1578), d'après le bas latin, pour nommer deux ou plusieurs degrés entre une note et la suivante, en musique antique, puis, à l'époque classique, une suite de deux ou plusieurs intervalles qui font consonance (1690).
■
Système, employé par Descartes en astronomie (1633), se répand dans le vocabulaire intellectuel à partir des années 1660, au sens de « doctrine à l'aide de laquelle on coordonne des connaissances relatives à une entité morale ou sociale », extension qui semble due à l'ouvrage de Cureau de La Chambre, Le Système de l'âme (1644) ; le mot s'applique ensuite à l'ensemble des connaissances et des moyens mis en œuvre dans les affaires (1675) et dans l'activité littéraire (fin XVIIe s.), puis plus généralement (1690) à un ensemble coordonné de pratiques par lesquelles on tend à obtenir un résultat. En même temps (1690, chez Furetière), système désigne en anatomie les faits mêmes qu'explique la théorie et se définit comme un ensemble de parties similaires qui concourent à une activité commune. Ces deux valeurs évoluent parallèlement.
◆
Au sens de « construction théorique », le mot connaît un emploi péjoratif (1721) pour parler de la tendance à parler ou à agir selon une interprétation du réel, en particulier dans par système « de parti pris » (av. 1778) et esprit de système (1751, d'Alembert) « attachement aux systèmes » et surtout « tendance à faire prévaloir l'intégration à un système sur la juste appréciation du réel ».
◆
En économie, le mot s'emploie à propos des combinaisons de finance et de crédit construites par Law (v. 1720 : on a dit à ce propos le Système [1734], l'Antisystème étant attesté dès 1718) et en politique d'un ensemble de doctrines et d'institutions formant une théorie et une méthode pratique (1762, Rousseau). Cet emploi social est préparé par des contextes de sens général (1675, le système de la Cour). Avec ce sens, le mot entre dans de très nombreux syntagmes, souvent en alternance avec régime (système politique). Le système est défini aussi péjorativement (1832) comme l'armature d'une société (politique, économique, morale), considérée comme contraignante, valeur reprise par les adversaires de la IVe République pour qui le système représentait le régime parlementaire de type français (v. 1950-1958).
◆
Dans la langue scientifique, système s'emploie depuis le XVIIIe s. pour nommer la distribution d'un ensemble d'objets de connaissance selon un ordre basé sur un petit nombre de critères, qui en rend l'étude plus facile, d'abord en histoire naturelle (1753, Buffon), par exemple dans système sexuel, appliqué à la classification des plantes par Linné fondée sur les organes de reproduction (v. 1777).
■
Dans le vocabulaire technique, le mot a désigné par réemprunt au grec la disposition d'une armée et des parties de la fortification (1765).
■
Désignant les faits qu'explique une théorie (ci-dessus), système est passé de l'emploi en anatomie à la valeur plus générale d'« ensemble structuré d'éléments naturels de la même espèce ou de même fonction » (1706), emploi devenu fréquent dans le vocabulaire scientifique, technique, puis courant. Le mot s'emploie pour un ensemble structuré de choses abstraites (1765), spécialement un ensemble d'unités choisies pour exprimer les mesures de grandeurs physiques, dans système décimal (1792), système métrique (1795), puis au XXe s. dans système C. G. S. (1883 ; système choisi lors d'une conférence en 1881) et système international d'unités (abrégé en SI).
◆
Parmi les applications du mot en anatomie, l'une des plus usuelles est système nerveux (1808). De là vient l'emploi familier du mot pour « les nerfs » (1867), dans des locutions comme taper (1867), courir (1911), porter... sur le système « agacer vivement », ou se faire sauter le système « se tuer » (1888), sortie d'usage, de même que agacer (1851), rompre (1881) le système « agacer, énerver ». Cependant, l'emploi de système pour corps, organisme (humain) est vivant en français du Québec.
◆
En sciences, système est employé aussi en géologie (1872), en physique (système de forces), en astronomie (système solaire ; système planétaire, 1778), en météorologie (XXe s., système nuageux), enfin en sciences humaines, par exemple en linguistique (déb. XXe s., système grammatical).
Par extension,
système s'est appliqué à un fait ou à un objet dépendant d'un autre par sa fonction. Le mot a ainsi désigné un galon fabriqué avec la soie dont on garnit la chaîne d'un tissu (1765), puis (
XXe s.) un dispositif de fixation
(cravate à système).
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Le mot désigne couramment un appareil plus ou moins complexe ou un dispositif formé par une réunion d'éléments analogues (systèmes optiques, électriques, 1931, dans les dictionnaires généraux) ; de là procèdent les emplois dans le domaine militaire, dans système d'arme « formé par un projectile et tous les équipements nécessaires à sa mise en œuvre » (1933, système d'artillerie), puis en informatique (v. 1968, système intégré de gestion) où de nombreuses expressions, comme système expert, système d'exploitation, sont calquées de l'anglais.
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Par ailleurs, système s'applique à une méthode définie d'avance, par exemple dans les jeux de hasard (Cf. martingale) ou dans système D pour système débrouille (Cf. débrouillard).
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Le mot n'a pas de dérivé français, à l'exception de
SYSTÉMIER n. m. (mil.
XXe s.) qui désigne, dans l'argot des joueurs, celui qui utilise un système dans les jeux de hasard.
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Le composé
SOUS-SYSTÈME n. m. (1877), de
sous-, « système appartenant à un système plus important », est didactique.
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SYSTÉMATIQUE adj. et n. est emprunté (1552,
sistematique) au bas latin
systematicus, lui-même pris au dérivé grec tardif
sustêmatikos « qui forme un tout », « qui repose sur un ensemble de principes ». Le mot qualifie en médecine les alternances du pouls. Il semble s'employer aussi, dès le milieu du
XVIe s., avec une valeur générale pour « régi par les lois d'un ensemble complexe et cohérent » (1552) et dans
inesgalité systématique (1584), expression de sens peu clair.
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Repris au
XVIIIe s., il suit l'évolution de
système et qualifie (1721) ce qui appartient, se rapporte à un système ; en même temps, il s'emploie péjorativement (1721) à propos d'une opinion, d'une idée dictée par un système plutôt que par le respect du réel.
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Systématique s'applique aussi à une personne qui pense ou agit par système (av. 1747), substantivé peu après (1784), d'où son emploi pour « péremptoire et dogmatique » (1807).
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Qualifiant ce qui procède avec méthode pour un but déterminé en ordonnant les idées en système (1784), l'adjectif signifie par extension « cohérent et soutenu », souvent avec une valeur péjorative pour « qui ne cède devant aucun argument » (1893,
opposition systématique).
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En sciences, il s'applique à ce qui dépend ou fait partie d'un système en tant qu'ensemble structuré, d'abord en médecine
(affections systématiques).
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La systématique n. f. désigne (av. 1904) la science des classifications des formes vivantes (dite aussi
taxinomie) et des espèces chimiques et, par ailleurs (
XXe s.), un ensemble de vues et de méthodes relevant d'un système de pensée.
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Le dérivé
SYSTÉMATISER v. tr. signifie « réunir (plusieurs éléments) en un système cohérent » (1740) et péjorativement, en construction absolue, « juger de parti pris » (
XXe s.).
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Le verbe s'est employé intransitivement au sens de « concevoir des doctrines abstraites » (1756).
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Il a fourni SYSTÉMATISATION n. f. (1824), didactique comme SYSTÉMATISÉ, ÉE adj., terme de médecine (délire systématisé), et SYSTÉMATISEUR, EUSE n., « personne qui réduit en système » (1877), rare.
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SYSTÉMATIQUEMENT adv. signifie « méthodiquement » (1752) et « par dessein préconçu » (1875).
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SYSTÉMATICIEN, IENNE n. désigne un spécialiste de la systématique (XXe s. : 1936, J. Rostand, Cuénot), équivalent de taxinomiste.
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De
systématique procèdent les termes didactiques
ANTISYSTÉMATIQUE adj. (1739), de
anti-, « opposé aux systèmes, à l'esprit de système » et
ASYSTÉMATIQUE adj. (1957), de
2 a-, « indépendant de tout système ».
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SYSTÉMIQUE adj. et n. f., didactique, est l'adaptation (v. 1970) de l'anglais
systemic, dérivé de
system, de même origine que le français.
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Le mot s'applique à ce qui se rapporte à un système dans son ensemble ou qui étudie les systèmes, d'où la
systémique n. f.
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En médecine, l'adjectif qualifie ce qui est relatif à la circulation sanguine générale. Le mot s'emploie aussi en agriculture d'un produit antiparasitaire qui passe par la sève des plantes attaquées.
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Du nom dérive SYSTÉMICIEN, IENNE n. et adj., « spécialiste de la systémique » (v. 1970).
SYSTOLE n. f., réfection graphique (1541) de sistole (v. 1370), est d'abord emprunté au bas latin grammatical systole, lui-même emprunt au grec sustolê « contraction », spécialement « abrègement d'une voyelle longue », puis à un autre sens du grec, « mouvement de contraction du cœur ». Sustolê est dérivé du verbe sustellein « rassembler, restreindre », composé de sun « ensemble » (→ syn-) et de stellein « préparer, équiper, envoyer » (→ apôtre, épître), qui se rattache à une racine indoeuropéenne °stel- « envoyer ».
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Systole désigne d'abord, en métrique ancienne, une licence prosodique par laquelle on abrégeait une syllabe longue par nature.
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La terminologie médicale a repris le mot grec pour nommer (1541) la contraction du cœur par laquelle le sang est chassé dans les artères, en opposition à diastole.
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En dérive
SYSTOLIQUE adj., apparu en médecine à la Renaissance (1546,
systolicque) et repris au
XIXe s. sous sa forme moderne (1855). Le synonyme
systaltique (1734), emprunt au grec
sustaltikos « qui contracte », a disparu.
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ASYSTOLIE n. f., terme de médecine formé de
2 a-, de
systole et de
-ie (1855), désignait l'insuffisance cardio-vasculaire, aujourd'hui l'ensemble des phénomènes causés par cette affection.
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Il a pour dérivé
ASYSTOLIQUE adj. (1889).
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INTERSYSTOLE n. f. désigne (1931) le temps qui s'écoule entre la fin de la systole des oreillettes et le début de celle des ventricules.
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EXTRASYSTOLE n. f. désigne (1903) une contraction cardiaque (systole) anticipée, suivie d'une pause plus longue que la normale, produisant une arythmie cardiaque.
SYZYGIE n. f. est emprunté (1584) au bas latin syzygia « union », « assemblage », en métrique « réunion de plusieurs pieds », qui reprend le grec suzugia « union », « paire », dérivé de suzugos « uni sous le même joug » et « apparenté ». Cet adjectif est composé de sun « avec, ensemble » (→ syn-) et de zugon « joug », auquel correspond le latin classique jugum (→ joug).
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Syzygie est le nom donné en astronomie à la position de la Lune, et par extension d'une planète, en conjonction ou en opposition avec le Soleil (nouvelle et pleine Lune).
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Par reprise du latin, le mot désigne en métrique grecque et latine (1872) un groupe de deux pieds.
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Encore repris en zoologie (1878), il désigne chez les crinoïdes une articulation perpendiculaire à la direction des bras.
❏ voir
ZEUGMA, ZYGOMA.