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UBAC n. m. est un emprunt (attesté par écrit en 1907) au provençal ubac (1431), issu du latin opacus, adj., « qui est à l'ombre » et « où la lumière ne pénètre pas », mot d'origine inconnue qui a donné par emprunt opaque*.
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Ce terme alpin (sud-est de la France) désigne le versant d'une montagne exposé au nord, par opposition à adret* ; on trouve avec le même sens ombrée.
UBÉRALE adj. f. terme d'art, est un dérivé didactique du latin uber « mamelle », pour qualifier une fontaine ornée de statues féminines nues, l'eau jaillissant de la pointe de leurs seins.
UBIQUITÉ n. f. est un dérivé savant (1611 ; précédé par ubiquidité, 1585, Du Fail) du latin classique ubique « partout », de ubi « à la place où » (sans idée de mouvement), « où » et, avec une valeur temporelle, « au moment où » (→ où). Ubi se rattache à une base °k-, représentée avec divers élargissements par le sanskrit kú-ha, le vieux slave kŭ-de, etc., et qui a fourni à la plupart des langues indoeuropéennes le relatif, l'interrogatif, l'indéfini et divers adverbes ; → quand, quel, qui.
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Le mot désigne en théologie un attribut de Dieu, le fait d'être présent partout.
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Par extension, il se dit (1808) de la faculté de sembler être présent en plusieurs lieux à la fois, grâce à sa promptitude, d'où avoir le don de l'ubiquité (1842), d'ubiquité (1878). Demeuré didactique, le nom est cependant plus courant que ses dérivés.
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UBIQUITAIRE n. et adj. (v. 1610) est lui aussi un terme de théologie, désignant qqn pour qui la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie s'explique par l'ubiquité de Dieu et non par la transsubstantiation. L'adjectif s'applique aussi, dans l'usage didactique, à ce qui se trouve partout à la fois (1872, en parlant d'une maladie).
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UBIQUISTE n. et adj., dérivé savant du latin ubique, a désigné (1589) un docteur en théologie n'appartenant à aucun collège particulier. L'adjectif équivaut à ubiquitaire en théologie (1595) et dans son emploi didactique (av. 1765), comme le latinisme UBIQUE adj. (1917, J. Vaché), inusité. Ubiquiste s'est aussi employé (1839) pour « personne qui a le don d'ubiquité ».
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Le dérivé UBIQUISME n. m. (1580, Montaigne) ne semble appartenir qu'à la théologie.
UBUESQUE adj. dérive (d'abord en 1906 par Jarry lui-même : le théâtre ubuesque, puis en 1922, Le Mercure de France au sens extensif), du nom d'Ubu, personnage imaginé par Alfred Jarry à partir d'une plaisanterie de collège : il serait né sur les bancs du lycée de Rennes où l'auteur se divertissait à caricaturer sous divers noms le professeur de physique, M. Hébert (avec jeu probable sur Hubert). Ce nom apparaît dans Ubu roi (pièce publiée en 1896, jouée en 1888). Ubu se caractérise par son caractère cynique, couard et comiquement cruel.
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Ubuesque, appliqué à une personne, une situation, etc., qui ressemble au personnage de Jarry par son agressivité grotesque et dérisoire, est devenu relativement usuel, notamment en politique.
UCHRONIE n. f. a été formé savamment (1876, Renouvier) à l'aide de la négation grecque ou, à partir du grec khronos « temps », d'étymologie inconnue (→ chrono-, synchrone) et sur le modèle de utopie*.
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Ce terme de philosophie désigne la reconstruction historique d'événements fictifs, à partir d'un point de départ historique, et plus largement une évocation imaginaire dans le temps ; il est beaucoup plus rare et didactique que utopie.
U. F. R. est le sigle, dans l'université française, d'unité de formation et de recherche, associant départements de formation, laboratoires et centres de recherche.
UHLAN n. m. est un emprunt (1748), aussi sous les formes houlan (1748), hulan, à l'allemand Uhlan, lui-même pris au polonais, lui-même emprunt au tartare (türk) oghlan « jeune homme ». Les premiers uhlans étaient en effet des Tartares. Quant à l'évolution à partir de l'idée de jeune homme vers celle de soldat, elle est attestée dans les langues romanes (Cf. fantassin, infanterie).
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Uhlan, terme d'histoire, désigne un cavalier mercenaire des armées de Pologne, de Prusse, d'Autriche et d'Allemagne, puis un cavalier allemand. Le mot, en français, s'est surtout employé dans le contexte de la guerre de 1870.
U. H. T. loc. adj. est le sigle de ultra haute (aujourd'hui écrit ultrahaute, en un mot) température (adopté 1964, Journal officiel).
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Le sigle sert à qualifier le lait à longue conservation, qui a été porté à une très haute température ; en appostion, du lait U. H. T.
UKASE ou OUKASE n. m. apparaît d'abord sous la forme oukas (1774) ; ukase est attesté en 1775, oukase en 1798. Le mot est emprunté au russe ukaz, désignant un texte officiel, un ordre, un décret. C'est le déverbal de ukazat' « expliquer ; commander » et aujourd'hui « montrer, indiquer ». Ce verbe comporte la racine -kaz- que l'on retrouve dans le vieux slave kazati (Cf. russe skazat' « dire »).
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Terme d'histoire, le mot désigne un édit promulgué par le tsar, dans l'ancien régime absolutiste russe. Il s'emploie par figure (1834 dans Balzac) au sens de « décision arbitraire, ordre impératif ».
UKRAINIEN, IENNE adj. et n., attesté en 1731 chez Voltaire, dérive de Ukraine, nom de pays, du vieux russe oukrajna « endroit frontalier » et plus généralement « marche », employé pour désigner la marche des terres russes au moment de l'invasion des Tatars ; ce mot est formé à l'aide du préfixe u « à, près de » du slave kraj « incision, entaille », puis « ligne délimitant qqch. » (en russe « bout, extrémité » et « pays, région »).
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Le mot s'applique à ce qui est relatif à l'Ukraine, qui fit partie de l'Union soviétique, aujourd'hui république indépendante (1991). L'ukrainien, n. m., désigne la langue slave parlée en Ukraine (et par certaines communautés émigrées, par exemple dans la prairie canadienne) et comportant une douzaine de dialectes.
UKULÉLÉ n. m. est un mot hawaiien emprunté (1948) par l'intermédiaire de l'anglais ukulele (1900) ; le mot emprunté désigne proprement une personne de petite taille (uku), vive de gestes et d'allure (lele).
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C'est le nom d'une petite guitare à quatre cordes, d'origine hawaiienne.
ULCÈRE n. m. est emprunté, d'abord comme nom féminin, et aussi masculin (1314), au latin ulcus, ulceris « blessure à vif », « ulcère » et « plaie » physique ou morale, que l'on rapproche du grec elkhos « blessure, ulcère » ou du sanskrit árçaḥ « hémorroïdes » ; l'ancien provençal ulcera, n. f. est attesté vers 1300.
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Le mot est, comme en latin, un terme médical désignant une plaie qui ne se cicatrise pas ; il équivaut couramment à ulcère à l'estomac. Des emplois métaphoriques sont relevés à partir du XVIe s. (1588, Montaigne). Par analogie, il s'emploie aussi en botanique (1812).
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Ulcère a produit en médecine les composés
ULCÉROÏDE adj. (1878), de
-oïde, « qui ressemble à un ulcère », et
ULCÉROGÈNE adj. (v. 1960), de
-gène, « qui favorise la formation d'ulcères ».
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Plusieurs mots de la même famille sont empruntés à des dérivés latins de
ulcus.
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ULCÉRER v. tr., emprunt au latin ulcerare « faire une plaie » au propre et au figuré, est d'abord attesté au participe passé adjectivé ULCÉRÉ, ÉE (1314), puis au pronominal (v. 1500). Le verbe signifie d'abord « produire un ulcère », puis s'emploie au figuré (1588) pour « causer un grand déplaisir à (qqn), blesser dans son amour-propre », le participe passé étant plus ancien (1546) en ce sens.
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Son dérivé, ULCÉRATIF, IVE adj. (1495), est usité en médecine ainsi que le participe présent ULCÉRANT, ANTE adj. (1495), de même sens.
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ULCÉRATION n. f., emprunt au latin ulceratio, s'emploie comme lui au propre (1314) peu après l'ancien provençal ulceracio (v. 1300), et au figuré (1803), « action d'ulcérer », où il est plus rare que le verbe et le participe. Par analogie, c'est un terme d'arboriculture (1907).
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Au sens propre, on a aussi employé ulcèrement n. m. (1555, dérivé du verbe).
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ULCÉREUX, EUSE adj. et n., emprunt au latin ulcerosus, s'applique (v. 1363) à ce qui a la nature de l'ulcère ou à la personne atteinte d'un ulcère (1546 ; 1875 comme nom).
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EXULCÉRER v. tr., emprunt au latin
exulcerare, formé avec le préfixe
ex-, a signifié « produire un ulcère sur (la peau, une partie du corps), irriter » (1542, Rabelais) et s'est employé au sens figuré de « fâcher fortement » (1607). Resté vivant en médecine, il s'est spécialisé (1835) au sens de « former une plaie ulcérée superficielle sur (une muqueuse, la peau) ».
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EXULCÉRATION n. f. (1537), emprunté au latin exulceratio, qui s'employait aussi au figuré, signifie d'abord « formation d'un ulcère » puis (1690) « plaie ulcérée ».
ULÉMA ou OULÉMA n. m., attesté en 1765, est emprunté à l'arabe ῾ulamā᾿, pluriel de ῾alīm « savant », pris pour un singulier.
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Le mot désigne un théologien musulman. Le pluriel français est régulier (des ulémas ou oulémas).
ULIGINEUX, EUSE adj., attesté chez Rabelais (1546), est un emprunt savant au latin uliginosus, dérivé de uligo, -inis « humidité naturelle de la terre », mot sans doute apparenté à umidus « humide » (supplanté par humidus).
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Cet adjectif didactique s'applique à un terrain humide ; par extension (1798), il signifie « qui vit dans l'humidité (en parlant d'une plante) ».
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ULIGINAIRE adj., formé par changement de suffixe (1803), a la même valeur.
ULLUQUE n. f. est un emprunt (1875) à l'espagnol ulluco, lui-même pris au quetchua ullucu. Le mot désigne une plante herbacée vivace d'Amérique du Sud, à tubercules comestibles.
U. L. M. n. m. inv. est le sigle (1982) de ultraléger motorisé.
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Le mot désigne un engin volant de construction très légère.
ULMAIRE n. f. est la francisation du latin des botanistes ulmaria, dérivé du latin classique ulmus « orme ». Cest le nom savant de la spirée appelée couramment reine des prés.
ULNAIRE adj. est un dérivé didactique du latin ulna « avant-bras », en anatomie, pour « relatif au cubitus ».
ULSTER n. m. est un emprunt (1873) à l'anglais, d'abord employé dans Ulster coat, Ulster overcoat, noms donnés à une mode de manteau d'hiver introduite en Grande-Bretagne. Le mot est formé de Ulster, nom d'une province d'Irlande, et de (over)coat « pardessus », de over (→ pull-over) et de coat « manteau » ; mot emprunté à l'ancien français cotte (→ cotte) et repris dans redingote*. Ulster coat est attesté en français (1879, J. Verne).
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Le mot et le vêtement qu'il désigne ont été à la mode en France, en Belgique, jusqu'à la fin du XIXe siècle.