URSIDÉS n. m. pl. (1846), d'abord ursides (1834) est tiré du latin ursus « ours » par les zoologistes, pour créer le nom de la famille de mammifères plantigrades dont le type est l'ours.
URSULINE n. f. est un mot dérivé au XVIIe s. (ursule, 1619) du nom de sainte Ursule, personnage légendaire de la tradition chrétienne.
❏  Il désigne une religieuse d'un ordre fondé en 1535 par Angèle de Mérici en Italie, puis établi en France en 1611 (à Avignon, puis à Paris), grâce à la protection de Marie de Médicis. On a dit aussi urseline (1630) jusqu'au XVIIIe siècle.
URTICAIRE n. f. est dérivé (1759) du radical du latin classique urtica qui a donné ortie*. Le latin moderne urticaria (1795) a la même origine.
❏  Le mot, d'abord adjectif dans fièvre urticaire, est d'usage courant comme nom féminin (1806) pour désigner une éruption de la peau semblable à celle que provoquent les piqûres d'ortie.
❏  À partir du latin urtica ont été formés des termes didactiques.
■  URTICATION n. f. (1759), « démangeaison, piqûre analogues à celles des orties », est employé en médecine.
■  URTICANT, ANTE adj. (1845), « qui cause une telle démangeaison », est aussi d'usage littéraire au figuré (fin XIXe s.) pour qualifier ce qui irrite l'esprit.
■  URTICACÉES n. f. pl., terme de botanique (1843), qui a remplacé urticées (1798) et urticinées (1842) n. f. pl., désigne une famille de plantes dicotylédones comprenant, outre l'ortie, la pariétaire et quelques autres espèces. ◆  URTICALES n. f. pl. désigne l'ordre auquel appartiennent les urticacées (ainsi que l'orme, le chanvre, le mûrier, etc.).
URU n. m., emprunt à une langue polynésienne, est le nom de l'arbre à pain (artocarpe), en français de Polynésie, de Nouvelle-Calédonie, ainsi que du fruit de cet arbre.
URUBU n. m., employé en 1770 par Buffon, est un mot tupi, sans doute introduit en français par l'intermédiaire de l'anglais, où urubu est attesté dès le XVIIe s. (1672) ; on trouve aussi l'adaptation ourou (1765).
❏  Le mot désigne un petit vautour répandu dans l'Amérique tropicale.
URUS n. m., francisé en ure au XVIe s. (1560), réemprunté après 1850 (attesté en 1876), est pris au latin urus, d'origine germanique, et désigne l'aurochs, ou bison d'Europe, espèce disparue.
1 US n. m. pl. est emprunté (v. 1155) au latin usus « usage, emploi », « droit d'usage », « pratique » et « expérience », employé en particulier dans l'expression usus est (alicui aliqua re) « il y a profit (à qqn avec qqch.) ». Usus, usus « emploi » est le nom d'action qui correspond au verbe uti « faire usage de, se servir de » (→ user).
❏  Le mot s'est employé avec les principaux sens latins. Pour « habitude » (v. 1155), notamment dans estre a us « avoir l'habitude », il est usité jusqu'au XVIIIe siècle. Pour « usage, emploi » (v. 1175), il est devenu archaïque, mais il subsiste dans la locution les us et coutumes « les usages traditionnels » (v. 1155, us et custume).
❏  AD USUM loc. adv. est la reprise de mots latins signifiant « suivant l'usage » ; la locution s'emploie (1842) en parlant d'une publication à l'usage de qqn, notamment dans la locution adjective ad usum Delphini « à l'usage du Dauphin », qui s'applique aux éditions expurgées des classiques latins que Louis XIV fit spécialement imprimer à l'usage du Dauphin. ◆  En droit, ad usum signifie (1866) « selon la coutume ».
❏ voir ABUS, OUTIL, USTENSILE, USUEL, USUFRUIT, 2 USURE, USURPER, UTILE.
2 US n. m., attesté chez Molière (1661), vient de la terminaison des noms masculins de la deuxième déclinaison latine, du type dominus.
❏  Le mot s'employait dans la langue classique dans des expressions comme savant en us, dont le nom est en us, pour parler de qqn qui latinisait son nom par pédantisme.
USER v. est un emprunt (1080) au latin tardif usare (VIIIe s.), dérivé du latin classique usum, supin de uti « faire usage de, se servir de » et « avoir à sa disposition, jouir de », verbe sans étymologie connue.
❏  Le verbe français s'emploie d'abord au sens de « passer (son temps) à faire qqch. » et « épuiser (son temps) ». Ces deux valeurs, qui correspondent aux notions d'usage et d'usure, définissent les deux sémantismes. ◆  Dans le premier sens, voisin de celui de utiliser, user prend ensuite la valeur plus générale de « faire usage de (qqch.), se servir de (qqch.) », de manière à faire fonctionner, à aboutir à un effet souhaitable ou à la détérioration (Cf. ci-dessous usure), d'abord (v. 1150) comme transitif direct, emploi disparu, puis dans user de (XIIIe s.). Cette valeur, empruntée par l'anglais (to use), se développe dans des emplois très variés ; user s'est dit (v. 1155) pour « exercer (un métier, etc.) » et pour « prendre habituellement (qqch.) » (v. 1165). User ses biens (XIIIe s.) équivaut à « dépenser entièrement ». Chez Froissart (fin XIVe s.), on relève plusieurs emplois dont certains remontent au XIIIe s., et qui disparaîtront au XVIe s. : user « agir, se conduire » (1260), user de qqch., de qqn « se conduire par rapport à qqch., avec qqn » ; le seul témoin vivant de ces emplois est en user (de telle ou telle manière) avec qqn « se conduire d'une certaine manière » (1611), par exemple en user mal (bien) avec qqn (1678). ◆  User de, avec un complément désignant une chose abstraite, signifie (v. 1400) « avoir recours à, mettre en œuvre » (user de violence). User d'un mot, en relation avec usage, est postérieur (1464). ◆  User avec qqn « avoir un commerce charnel avec qqn » (XVe s.) s'est employé jusqu'à la fin de l'époque classique ; on relève encore chez Diderot user de sa femme. Au sens propre et métaphoriquement, l'infinitif a été employé substantivement (1260), là où le français moderne dit usage, utilisation, dans être bon à l'user « être d'un commerce agréable » (1666, La Fontaine), à l'user « en s'usant », en parlant d'une étoffe, etc. (1685, aussi d'un bon user), plus ou moins synonyme de usage. ◆  User de, « se servir de », est employé dans un contexte concret au XVIIIe s. dans user d'un bois, etc. « exploiter » (1723, Savary), acception disparue. Le verbe signifie en emploi absolu « employer avec modération », par opposition à abuser*.
Le deuxième grand emploi, d'abord pour « abîmer, altérer » correspondant non plus à usage, mais à usure, se développe à la fin du XVIe s. par métaphore, et le verbe signifie alors « diminuer (une sensation, la force de qqn) » (1583), l'affaiblissement étant dû à l'action du temps, des excès, de l'âge : l'esprit s'use (1601), user une passion (1672, Molière), user ses yeux (1685), etc.
❏  Les dérivés participent des divers emplois de user.
■  U, ÉE adj. s'est employé en ancien et en moyen français aux sens d'« habitué à » (v. 1155, usé de), « accoutumé » (1165) ou « habituel », par exemple nun (nom) usé « surnom » (v. 1240) et « exercé, habile » (1165). ◆  L'adjectif s'applique ensuite à ce qui a été détérioré par l'usage, par le frottement, etc. (1508) ; il qualifie un animal qui n'est plus propre aux travaux (1559, cheval usé), puis une personne dont la maladie, les excès, etc., ont diminué les forces (1636, Corneille). ◆  Par figure, usé s'applique à ce qui est devenu banal par la longue habitude qu'on en a (1689, Mme de Sévigné) et à ce qui a perdu son pouvoir d'expression (1690). ◆  USE adj., attesté par écrit au XVIIe s. (1688, uze en Auvergne, 1645, mi-use en Savoie, aussi en Suisse), dérivé de user et concurrent de usé, critiqué comme fautif, appartient à la même série que gonfle, enfle pour gonflé, enflé... Dans le centre-est de la France, dans la zone franco-provençale, de Lyon à la Suisse, il s'emploie à l'oral pour usé, fatigué ; en Auvergne, il est prononcé vuse.
■  USANCE n. f., jusqu'à la fin de l'époque classique, a eu le sens de « coutume, usage reçu » (XIIIe s.). Le mot a désigné une redevance d'usage et l'emploi qu'on fait de qqch. (XIIIe s.), acception maintenue régionalement jusqu'au XIXe s. (encore chez G. Sand). À partir du XVIe s., usance s'est dit de la façon de faire qqch. (v. 1500), du fait d'être habitué à qqch. (fin XVIe s., encore chez Chateaubriand). ◆  Le mot entre ensuite dans le vocabulaire du droit commercial, désignant le terme pour le paiement de lettres de change (1655), spécialement un terme de 30 jours (1680). En droit forestier, il désigne (1669) l'exploitation d'une coupe. Tous les emplois sont archaïques ou techniques.
■  USABLE adj., attesté en ancien français (1254) au sens de « dont on peut user », a été repris au XIXe s. (1858) « pour ce qui peut s'user ». ◆  Il est beaucoup plus rare que son contraire INUSABLE adj. (1838), employé au propre et au figuré.
■  USEUR, EUSE n., relevé isolément au XIIIe s. au masculin au sens de « celui qui a l'habitude de faire qqch. », est rare pour désigner (v. 1750) celui qui use qqch., et est littéraire en emploi figuré (1943).
■  USANT, ANTE adj., substantif en moyen français pour désigner (1477) une personne qui a un droit d'usage, avait disparu. ◆  Le mot a été repris comme adjectif au sens second du verbe, pour ce qui diminue qqch. par le frottement (1872). Il qualifie aussi (XXe s.) un travail, une personne qui use la santé, les forces, comme synonyme de fatigant, épuisant.
■  1 USURE n. f., relevé en 1530, peu après usé dans ce sens, pour désigner la détérioration de qqch. par un long usage, est rare avant le XIXe s. ; par figure, il se dit (1874) de l'altération, de la diminution d'une qualité, de la santé, d'où la locution familière avoir qqn à l'usure.
Le préfixé MÉSUSER v. a signifié « commettre une faute en usant de (qqch.) » (1283), d'où le nom mésus (1331), « abus, méfait, excès » en droit ancien, encore employé au XVIIIe siècle. ◆  Mésuser a aussi signifié « agir mal, pécher » (déb. XIVe s.) ; il s'emploie ensuite pour « faire un mauvais usage de (qqch.) » (1669, Molière). ◆  Cet emploi est littéraire, comme le dérivé MÉSUSAGE n. m. (1304), de usage (ci-dessous).
USAGE n. m., mot aussi courant que le verbe user, est un dérivé savant (v. 1155) du latin classique usus par suffixation en -age, ou un dérivé de 1 us*. Usus s'employait pour « usage, emploi », « droit d'usage », « pratique » et « expérience » (→ 1 us).
■  Usage reprend les sens du latin. Le nom désigne une pratique considérée comme normale dans une société donnée, et l'ensemble des habitudes d'une société, d'où d'usage « conforme aux habitudes », puis la manière d'être, la conduite de qqn (v. 1190), acception disparue. À la même époque, usage se dit (v. 1190) du fait de se servir de qqch., de l'emploi qu'on fait de qqch. ◆  De là viennent les sens anciens de « redevance » que l'on paie pour se servir de qqch. (v. 1240), d'« usufruit » (1255) et l'emploi pour désigner un bois où les gens ont le droit d'usage (1287) puis, au pluriel, une terre communale ayant le même rôle (1435, jusqu'au XVIIIe s.). Avec cette acception, le mot appartient au vocabulaire juridique ancien : droit d'usage (déb. XIVe s.), puis usage (1552), désigne le droit réel qui permet à son titulaire de se servir d'une chose appartenant à autrui, spécialement le droit de couper du bois dans une forêt, de faire paître du bétail dans un pacage (1611).
■  À partir du XVe s., le mot désigne aussi la pratique habituelle de qqch., l'expérience qui en résulte, et l'exercice d'une activité, emplois littéraires aujourd'hui. Mais les locutions hors d'usage (1538), à l'usage de (qqn) « destiné à être utilisé » (1553) sont courantes.
■  Dès le XIVe s., mais surtout à partir du XVIe s., usage s'applique spécialement au fait d'employer les éléments du langage d'abord (1370) dans en usage qui correspond à usité (ci-dessous) et à l'inverse hors d'usage, sorti d'usage pour « archaïque, inusité ». ◆  Depuis le début du XVIIe s., le mot désigne l'utilisation effective et normale du langage, de là le bon usage « l'utilisation la meilleure selon le jugement social dominant », concept mis en place par Vaugelas, avec celui de bel usage, « celui qui est considéré comme esthétiquement satisfaisant ».
■  Usage a pris (fin XVIe s.) par extension la valeur de « fait de pouvoir produire un effet particulier et voulu », d'où l'emploi disparu pour « fonction, destination », et l'expression restée courante à usage (de) : à usage interne, externe. Avec la même valeur générale, usage entre au XVIIe s. dans plusieurs locutions dans des emplois concrets et abstraits : mettre en usage a signifié « se servir effectivement de », puis « commencer à se servir de (qqch.) », à l'usage équivaut à « lorsqu'on s'en sert », faire usage de à « se servir de ». ◆  Usage a signifié aussi par métonymie (1636) « déchet de chose usée par l'usage », sens disparu. ◆  Par extension du sens de « pratique sociale », le mot désigne (1666, Molière) l'expérience du monde, les bonnes manières qu'elle donne, et équivaut à « habitude particulière (dans un groupe) » (1654, l'usage de la Cour). ◆  Faire de l'usage « durer » est attesté en 1872 et vêtement d'usage « susceptible de durer longtemps » en 1923.
USAGÉ, ÉE adj. a été lié à plusieurs valeurs du nom. L'adjectif a signifié « accoutumé, habituel » (1289, usagié) et a qualifié une personne qui connaît les usages du monde (1735), mais cette valeur (une femme usagée) n'est plus comprise. ◆  De usage, « déchet », vient l'emploi (1877) pour qualifier ce qui a été longtemps en usage (voisin de usé), sans être forcément détérioré (alors distinct de usé). ◆  En français du Québec, l'adjectif s'emploie pour « de seconde main », là où on dit en France d'occasion.
■  USAGER, ÈRE adj. et n. a désigné la personne qui connaît bien les usages, les us et coutumes (1320). Le mot n'est plus employé comme adjectif aux sens de « qui a l'habitude de faire qqch. » (v. 1375) et d'« usuel » (1380). ◆  Le nom est aussi un terme juridique qui désigne celui qui a un droit réel d'usage (1319). ◆  Usager, repris au XXe s., se dit aujourd'hui couramment d'une personne qui utilise un service public (1904). En relation avec usage en linguistique, il désigne ensuite spécialement (1955) un utilisateur de la langue.
■  Le verbe USAGER v. tr. (1386), d'abord usagier (1308), correspond à l'emploi juridique du nom aux XIVe-XVe s. et signifie « se servir d'un droit d'usage ».
■  Le composé NON-USAGE n. m. (1689) désigne le fait de ne pas ou de ne plus utiliser qqch.
USITÉ, ÉE adj. est un emprunt (v. 1360, Froissart) au latin classique usitatus « qui se sert de » et surtout « qui est entré dans l'usage », « accoutumé » ; il est dérivé de usitari, fréquentatif de uti.
■  L'adjectif s'applique d'abord à une personne versée en qqch., habituée à qqch., acception encore relevée au XVIIIe s. puis disparue. À partir du XVIe s., l'adjectif qualifie ce qui est pratiqué habituellement (1516), emploi vieilli. Seul l'emploi spécial pour ce qui est employé dans la langue, en parlant d'un mot, d'une tournure, etc., dans être usité (1532, langage usité), peu usité (1540) est resté dans la langue moderne. ◆  Le verbe USITER (1380), « se servir de », est devenu très rare.
INUSITÉ, ÉE adj., emprunt (1455) au latin classique inusitatus, de in- négatif et usitatus, qualifie ce qui sort de l'habituel, puis est employé (1529) pour « non habitué », sens disparu au XVIIe siècle. ◆  L'adjectif s'applique à ce qui n'est pas en usage, d'abord en parlant d'un fait de langage (1544, rimes inusitées), puis au sens général (1677).
USB n. m. est un sigle anglais passé en français vers 1955, pour Universal Serial Bus « omnibus de série universel », bus valant en anglais pour « omnibus, conducteur commun à plusieurs circuits ».
❏  Le mot désigne en informatique une prise permettant de connecter plusieurs périphériques à un ordinateur. En apposition, clé USB désigne une unité de stockage des informations, mobile, miniaturisée et qui se connecte sur l'USB d'un ordinateur (dit aussi port USB).
USINE n. f. est à l'origine un mot dialectal du nord de la France, relevé au XIIIe s. sous les formes oechine, oechevine, ouchine, etc., désignant alors un atelier de brasseur ; on trouve ensuite, désignant un moulin, une forge installés sur un cours d'eau, wisine (1274), uisine (1341) et usine (1355), peut-être sous l'influence du verbe user. Le mot représente l'aboutissement du latin officina « atelier, fabrique » (→ officine), terme général qui s'emploie en diverses acceptions dans les vocabulaires techniques pour « poulailler, volière », « forge » (Cf. italien fucina), « atelier où l'on fabrique la monnaie ». Officina est une contraction de opificina, dérivé de opifex « celui qui fait un ouvrage », de opus et facere (→ faire), d'après par exemple aurum-aurifex. Opus a le sens général de « travail, ouvrage » ; spécialisé en technique (agricole, militaire), il désigne aussi les ouvrages d'un artiste (→ œuvre) ; il se rattache à une racine indoeuropéenne °op- correspondant à l'idée d'« activité productrice ».
❏  Jusqu'au XVIIIe s., usine désigne un établissement de production utilisant des machines hydrauliques, en particulier les grosses forges ; puis, un déplacement s'opère : le mot désigne plus largement un établissement où l'on utilise des machines et où l'on travaille les matières premières. Avec le développement de l'industrie, usine est en concurrence avec fabrique* et manufacture* et les élimine progressivement au cours du XIXe siècle : on relève alors les bâtiments des usines (1832), usine à gaz (1842), etc. ◆  Par métonymie, le mot désigne ou symbolise la grande industrie. ◆  Il s'emploie ensuite par analogie pour désigner un local qui, par ses dimensions, son nombreux personnel, évoque une usine, usine à... se disant d'un organisme dont les activités, par la quantité ou le rendement, sont comparables à celles de l'industrie (1852, usine intellectuelle, Hugo) ; il est alors quasi synonyme de atelier. En argot, autour de 1900, le mot s'est employé pour « endroit désagréable, pénible ». Usine à gaz, après s'être employé pour un appareil compliqué ou jugé tel (un carburateur, par exemple), est devenu usuel pour « opération exagérément compliquée, complications inutiles » (années 1960).
❏  USINIER, IÈRE n. m. et adj. est la réfection d'après usine de formes anciennes d'abord attestées isolément au sens de « celui qui exploite un atelier » (1367, uhenir ; 1527, usunier). ◆  Le mot, substantivé (1687), désigne une personne qui exploite une usine, puis le propriétaire d'une usine, au sens moderne ; ces emplois ont disparu. ◆  L'adjectif a été repris pour qualifier ce qui a rapport à l'usine, à l'industrie (1907).
■  USINER v., attesté en wallon au sens de « travailler » (1773), a été repris au XIXe s. pour « travailler dur » en parlant de choses (1859), puis de personnes (mil. XXe s.). Le verbe s'emploie comme terme technique pour « soumettre (une matière) à l'action d'une machine-outil » (1877) puis pour « fabriquer dans une usine » (1918). En argot (1859), le verbe s'est dit pour « travailler durement » puis (mil. XXe s.) « avoir une activité délictueuse ».
■  En dérivent les termes techniques USINAGE n. m. (1876) « action d'usiner (avec une machine-outil) », USINEUR, EUSE adj. et n. (1913) « ouvrier qui usine des pièces avec une machine-outil » et au figuré (v. 1960) « personne qui travaille dur » et USINABLE adj. (1919), seulement en technique.
USNÉE n. f. est la francisation (1530) du latin médiéval usnea, emprunt à l'arabe ushnah « mousse ». C'est le nom d'un lichen grisâtre à longs filaments.
USTENSILE n. m. est la modification, d'après 1 us, user, usage, de utensile, nom masculin (1351) et féminin (1375), utencille (1374, n. f.), emprunt au latin utensilia désignant tout ce qui est nécessaire aux besoins : meubles, ustensiles, moyens d'existence, provisions ; utensilia, qui a abouti en français par voie orale à outil*, est le pluriel neutre substantivé, parfois pris pour un féminin, de utensilis « dont on peut faire usage », dérivé de uti « se servir de » (→ user), avec une valeur voisine de celle d'un autre dérivé, utilis (→ utile).
❏  Le mot, dont la forme en us- apparaît au XVe s. (ustencile, 1439), s'écrit aussi ustensille (1530, n. f.) et ustensil (1540). Il se fixe en ustensile au XVIIe s. (1639). ◆  La variété des anciens emplois tient au sens très général du latin. Ustensile a d'abord désigné tout objet servant aux usages domestiques, en particulier à la cuisine, et dont l'utilisation n'exige pas de mise en mouvement d'un mécanisme. Il se dit ensuite au pluriel (1508, n. m., ustencilles) des outils propres à un métier et également (1508, alors altéré en extensilles) de tout ce qui est nécessaire dans une maison ; ces emplois ont disparu, comme l'acception classique pour « objet d'usage » (souvent alors au féminin). En français du Canada, le mot, au pluriel, se spécialise pour « couverts, couteaux, fourchettes, cuillers ». ◆  Dans le vocabulaire militaire, ustensile, qui s'oriente alors vers le masculin, a désigné (1636, au pluriel ; 1663, au singulier) tout ce que l'habitant devait fournir aux soldats de passage, d'où droit d'ustensile (1718). ◆  En argot, le mot s'est dit figurément pour « maîtresse d'un souteneur » (1881) et, dès le XVIIe s., pour « organes sexuels » (1610). ◆  Le mot a été repris comme adjectif didactique pour qualifier (mil. XXe s.) ce qui concerne l'ustensile.
❏  Le dérivé USTENSILITÉ n. f. (mil. XXe s.) est surtout philosophique.
USUCAPION n. f. est un latinisme juridique (XIVe s.), de usucapio composé de usus « usage » (→ 1 us) et du dérivé de capere « prendre » (→ capter).
❏  En droit romain, c'est un mode d'acquisition de la propriété par possession et usage prolongés, ininterrompus. En droit moderne (av. 1690), le mot est synonyne de prescription acquisitive.
USUEL, ELLE adj. et n. m. est la réfection (1606) d'une forme ancienne usuau (1298) qui aurait dû donner °usual, et qui est réattestée isolément en moyen français sous la forme latinisée usuale « qui a cours (en parlant d'une monnaie) » (XVe s.). L'adjectif est emprunté au bas latin usualis « qui sert » et « habituel, ordinaire », spécialement employé en parlant du langage, et dérivé de usus (→ 1 us).
❏  En ancien français, l'adjectif qualifie le cens qui est d'usage ; cette valeur, comme celle d'« en usage (en parlant d'une monnaie) », reste exceptionnelle. Le mot s'impose au début du XVIIe s. (1606) pour qualifier ce dont on se sert habituellement. ◆  De la première acception vient l'emploi pour « où l'on a le droit d'usage » (1636, bois usuel). ◆  De celle de « qui est d'emploi habituel », relèvent plantes usuelles (1718), termes usuels (1771), qui correspond à usage, et l'emploi substantif de un usuel (mil. XXe s.) pour désigner un ouvrage de référence laissé à la libre disposition du public, dans une bibliothèque.
❏  En dérivent USUELLEMENT adv. (1507) et l'adjectif préfixé INUSUEL, ELLE (1794) de 1 -in, didactique ou littéraire.
USUFRUIT n. m. est emprunté (1276) au latin usus fructus, expression juridique désignant le droit d'usage et de jouissance d'un bien dont on n'est pas propriétaire, par opposition à mancipium « droit de propriété, propriété » (→ émanciper) : l'expression est formée de usus (→ 1 us) et fructus (→ fruit).
❏  Terme de droit relativement courant, le mot a conservé le sens du latin, d'abord écrit de diverses façons en ancien et en moyen français, par exemple usefruit (XIIIe s.), huffruit (1279), usfruit (1305), usurfruit (1510).
❏  En dérivent des termes juridiques. USUFRUCTUAIRE adj., d'abord nom (XIIIe s., usefructuaire, attestation isolée ; puis 1310), s'applique (1580) à ce qui concerne l'usufruit.
■  Il a été remplacé par USUFRUITIER, IÈRE, employé pour la personne qui a l'usufruit d'un bien, comme adjectif (1411) et comme nom (1507 au masculin, 1514 au féminin) puis pour qualifier ce qui concerne l'usufruit (1765).
1 USURE → USER
2 USURE n. f. est un emprunt (1138) au latin usura, terme spécialisé de la langue juridique, signifiant « profit retiré de l'argent prêté », « intérêt ». Usura, nom d'action, est dérivé de usus, usus qui correspond lui aussi au verbe uti « se servir de » (→ 1 us, user).
❏  Le mot reprend le sens de « profit retiré de l'argent », encore employé au XVIIIe s. dans des ouvrages d'histoire romaine, et celui de « profit », également sorti d'usage. ◆  La locution figurée avec usure, « en donnant plus qu'on a reçu » (1608), ne serait plus comprise, sauf peut-être au figuré (rendre avec usure). Le fait de retirer un profit de l'argent prêté a longtemps été considéré comme immoral par l'Église. Cette conception disparaît peu à peu au XVIe s. et l'on distingue alors les intérêts à un taux normal (Calvin les fixe à 5%) et ceux dont le taux est exagéré ; après certaines hésitations, c'est le mot usure qui désigna (1656, Pascal) un intérêt de taux excessif et le fait de prendre un tel intérêt.
❏  Le dérivé USURIER, IÈRE n. (1213), réfection de usurer (1170), a suivi la même évolution, de « personne qui prête à intérêt », sens éliminé par la spécialisation péjorative. Celle-ci est liée à une image sociale qui se dégage en moyen français. Les activités financières des juifs, seuls autorisés à prêter sur gages, ont suscité du XVIe au XIXe s. autour de l'image de l'usurier un antisémitisme très actif, qui prétendait se justifier par l'idée d'« intérêts illégitimes » (Furetière) attachée à cette activité. La « livre de chair de Shylock », dans Shakespeare (Le Marchand de Venise), a contribué à fixer cette image dans l'imaginaire collectif. Au XIXe s., le Gobseck de Balzac l'entretient dans un tout autre contexte.
■  USURAIRE adj., emprunt (1311) au dérivé latin usurarius « dont on a la jouissance », « qui porte intérêt », a d'abord signifié « qui stipule des intérêts ». ◆  Il s'applique à l'argent pris ou donné à intérêt (1507), emploi disparu, puis qualifie ce qui dépasse le taux légal des intérêts (1521). ◆  Son dérivé, USURAIREMENT adv., signifie d'abord « en stipulant les intérêts » (1448) puis « de manière usuraire » (1584).
USURPER v. tr. est un emprunt (1340) au latin classique usurpare, terme de droit signifiant « prendre possession par l'usage » ; le verbe s'est peut-être employé d'abord en parlant de celui qui prenait une femme sans noces légitimes ; il s'est ensuite utilisé plus largement pour « prendre possession ou connaissance de (qqch.) » puis de « prendre sans droit » et, par affaiblissement, a signifié « faire usage de », « employer », d'où « surnommer ». Usurpare est composé de usus (→ 1 us) et de rapere « ravir, emporter violemment ou vivement », au physique et au moral (→ rapt).
❏  Le verbe garde en français le sens de « s'emparer par violence ou par ruse », en parlant d'un bien, d'une dignité, etc., en emploi transitif (1340) ; de là vient usurper sur (qqch., qqn) « commettre une usurpation au détriment de » (1530). ◆  Usurper s'est employé aux XVIe et XVIIe s. pour « employer », comme en latin (1539, usurper des mots ; 1549, plus général) ; cet emploi a disparu. Le pronominal, s'usurper qqch. (XVIe s.), est sorti d'usage.
❏  Plusieurs mots de la même famille sont empruntés à des dérivés latins de usurpare ou de son supin.
■  USURPATION n. f., emprunt au bas latin usurpatio, signifie « action d'usurper et son résultat » (1374) et « emploi (d'un mot) » (v. 1550), acception disparue.
■  USURPATEUR, TRICE n. (v. 1430, au masculin ; 1564, au féminin) et adj. (1554), emprunt au bas latin usurpator, est littéraire, mais relativement courant.
■  USURPATOIRE adj. (1762), emprunté au latin juridique usurpatorius, terme de droit, est resté dans le domaine juridique.
UT n. m. inv., apparu vers 1223 (Gautier de Coincy), a été tiré arbitrairement par Gui d'Arezzo (995-1050) du premier mot (ut) de la première strophe de l'hymne latine à saint Jean-Baptiste de Paul Diacre (→ gamme).
❏  Ut désigne en musique la première note de la gamme majeure sans accidents, dite gamme d'ut ou de do*, et le ton correspondant. On dit un ut, l'ut depuis le XVIIe siècle. La locution figurée donner l'ut « donner le ton » est beaucoup moins courante que donner le la*. ◆  Ut de poitrine se dit (1841) du do le plus élevé que puisse atteindre un ténor en voix de poitrine. ◆  Le mot est en général plus didactique que son synonyme parfait, do, seul employé en énumération (do, ré, mi...).
❏  Le composé CONTRE-UT n. m. inv. désigne (1832) une note plus élevée d'une octave que l'ut supérieur du registre normal.