UTÉRUS n. m. est un emprunt savant (v. 1560, Paré) au latin classique uterus « ventre » et, spécialement, « partie du ventre où se trouve le fœtus » ; uterus est peut-être lié à venter (→ ventre) et par ailleurs au sanskrit udáram « ventre », au vieux prussien weders « ventre, estomac » et au grec gastêr (→ gastéro-) de même sens.
❏  Le mot conserve le sens de l'étymon, et s'emploie en médecine, puis, avec le vieillissement de matrice, plus couramment.
❏  UTÉRIN, INE adj., emprunt au latin juridique uterinus « de la même mère », dérivé de uterus, qualifie d'abord (1455) en droit des frères et des sœurs qui ont la même mère sans avoir le même père, d'où l'emploi de utérins, n. m. pl., pour « frères, sœurs utérins » (1804). ◆  Comme terme d'anatomie (v. 1560, Paré), l'adjectif s'applique à ce qui concerne l'utérus. Il a été employé jusqu'au XIXe s. dans fureur utérine, « nymphomanie » (1690).
❏  Le dérivé UTÉRINITÉ n. f. est un terme de droit (1829).
■  Les adjectifs composés EXTRA-UTÉRIN, INE (1812) et INTRA-UTÉRIN, INE (1826), termes de médecine, sont devenus relativement courants, le premier dans grossesse extra-utérine.
UTÉRO-, premier élément tiré de utérus, entre dans la composition d'adjectifs en anatomie, comme UTÉRO-VAGINAL, ALE, AUX (1872), UTÉRO-OVARIEN, IENNE (1876).
UTILE adj. et n. m., réfection (1260) de utele (v. 1120), utle (v. 1170), est un emprunt semi-savant au latin utilis, « qui sert », « avantageux », dérivé du verbe uti « se servir de » (→ user).
❏  Le mot, assez peu employé en ancien français, s'applique d'abord à ce qui sert à qqch., à ce qui peut être avantageux à qqn ; de là vient son usage en droit pour qualifier une terre dont on a l'usufruit (1507) et, par métonymie, l'expression seigneur utile, « qui a les revenus d'une terre » (1508), sortie d'usage. ◆  Le sens fondamental, qui correspond à la notion d'avantage pratique, devient courant en français classique et s'est perpétué jusqu'à nos jours. ◆  L'emploi substantif (l'utile) est attesté en 1616 chez d'Aubigné. ◆  Utile s'applique par extension (1637) aux personnes, par exemple dans se rendre utile. ◆  L'adjectif entre dans le vocabulaire du droit (1718) dans jours utiles « pendant lesquels un acte peut encore être accompli », puis s'emploie dans la locution en temps utile (1835).
■  L'emploi adverbial, familier, est relevé au milieu du XXe s. (voter utile).
❏  UTILEMENT adv., réfection (1538) de utlement (v. 1190), utielment (XIVe s.), correspond aux différentes valeurs de l'adjectif.
■  UTILISER v. tr. apparaît à la fin du XVIIIe s. (1792), d'abord dans des emplois didactiques. Il ne se répand qu'au milieu du XIXe s. ; attesté en premier lieu au sens de « rendre utile, faire servir à une fin précise », le verbe est devenu courant pour « employer », dans un sens très général. ◆  Du verbe dérivent UTILISATION n. f. (1796) « action d'utiliser », UTILISABLE adj. (1842) « qu'on peut utiliser », d'où INUTILISABLE adj. (1845), et le nom d'agent UTILISATEUR, TRICE n. et adj. (att. 1932).
Le composé RÉUTILISER v. tr. (attesté en 1949, évidemment antérieur) signifie « utiliser de nouveau (ce qui a déjà été employé) » ou « utiliser une nouvelle quantité de (une substance) ». Il s'emploie aussi au figuré, de même que RÉUTILISATION n. f. (1961) et RÉUTILISABLE adj. (1975). ◆  SOUS-UTILISER v. tr., « utiliser moins qu'on ne le pourrait », souvent au passif et participe passé, est attesté dans les dictionnaires en 1969, SOUS-UTILISATION n. f. en 1947.
INUTILE adj. est emprunté (1re moitié XIIe s., inutiles ; av. 1380, forme moderne) au latin inutilis « inutile » et « contraire à l'utilité ». L'adjectif s'applique à des choses, puis à des personnes (v. 1530, Marot), d'où la locution une bouche inutile (1743).
■  En dérivent INUTILEMENT adv. (v. 1434), INUTILISER v. tr., d'emploi rare (1801), dont procèdent INUTILISÉ, ÉE adj. (1834), plus courant, et INUTILISATION n. f. (XXe s.) ; Cf. ci-dessous inutilité.
UTILITÉ n. f., substantif correspondant à l'adjectif utile, est emprunté (1120) au dérivé latin utilitas « caractère de ce qui est utile », d'usage classique dans des emplois concrets et abstraits. Le nom conserve le sens latin ; il a en outre désigné ce en quoi une chose est utile (1314). Utilité publique, terme de droit, est relevé en 1677. ◆  Une, des utilités désigne un rôle de peu d'importance, dans une pièce (1812, au pluriel ; 1801 remplir les utilités) et, par métonymie, un acteur qui joue ce genre de rôle (1845).
■  Par ailleurs, le concept d'utilité prend au XIXe s. une valeur précise en économie, comme en témoignent les dérivés.
■  UTILITAIRE adj. et n. (1830, n.), formé d'après l'anglais utilitarian (1781, nom ; 1802, adjectif), dérivé par J. Bentham de utility, désigne et qualifie d'abord une personne qui ne reconnaît pour principe du bien que l'intérêt général (1835, adj.). Il est souvent péjoratif pour « attaché à ce qui est utile » (1834), puis il s'applique aussi à ce qui vise à l'utile, en particulier (1872, véhicule utilitaire, alors opposé à de tourisme).
■  Du premier emploi dérive le terme philosophique UTILITARISME n. m. (1831) qui s'est imposé en éliminant d'autres mots formés à partir de l'anglais utilitarianism (1827) : utilitairianisme (1845), utilitarianisme (1872). ◆  Le nom a fourni UTILITARISTE adj. (av. 1922), qui a supplanté utilitairien, ienne adj. (1845) qui avait été proposé par J. Bentham à l'Institut en 1802.
■  L'adverbe UTILITAIREMENT (1834) est littéraire ou didactique.
■  INUTILITÉ n. f., emprunt au préfixé latin inutilitas « absence d'utilité », attesté en 1396 avec le sens de l'étymon et rattaché par le sens et l'usage à inutile, est rare dans l'emploi de une, des inutilités pour « acte, parole inutile » (1676, Mme de Sévigné).
UTO-AZTÈQUE adj. ou UTO-AZTEC adj. inv. est une francisation (1924) de l'adjectif uto-aztecan, créé en 1913 en anglais par l'anthropologue E. Sapir ; le mot est formé de Ute, nom (1921) d'un peuple indien et, par extension, de sa langue, dans laquelle il signifie « personne », « peuple », et qui a servi à nommer un des États des États-Unis (Utah), et de Aztec « Aztèque ».
❏  L'adjectif s'applique à une famille de langues amérindiennes réunissant six groupes de langues d'Amérique du Nord et centrale, et se dit des populations parlant ou ayant parlé ces langues.
UTOPIE n. f. représente une francisation (1532, Rabelais) du latin moderne utopia, formé comme nom propre d'un pays imaginaire par Thomas Morus, dans De optimo reipublicae statu deque nova insula Utopia (1516) ; utopia, qui signifie proprement « en aucun lieu », est construit à partir du grec ou « non, ne... pas », négation sans origine claire, mais probablement apparentée au latin ve- (→ véhément) et topos « lieu » (→ topo-), mot d'origine inconnue.
❏  Le mot est sorti d'usage au premier sens de « pays imaginaire où un gouvernement idéal règne sur un peuple heureux ». ◆  Dans le vocabulaire politique du XVIIIe s., il désigne par extension (1710, Leibniz), après utopia en anglais (XVIIe s.), le plan d'un gouvernement imaginaire. ◆  De l'idée de système idéal, le mot est passé au sens de « vue politique ou sociale qui ne tient pas compte de la réalité » (mil. XIXe s.) et à l'emploi courant (1851) pour désigner une conception qui paraît irréalisable, une chimère.
❏  Le nom a fourni UTOPIEN, IENNE adj. (1789, Mirabeau) « de l'utopie », déjà attesté comme nom masculin pour « habitant d'Utopie », chez Rabelais (1543), puis en 1717. UTOPISTE n. et adj. (1792), mot didactique renvoie, comme utopien, au sens historique et politique de utopie. ◆  UTOPISME n. m. (1901 chez Jaurès) est rare.
■  UTOPIQUE adj., d'abord dans lettres utopiques « qui se rapportent au pays appelé Utopie » (1529), a été repris au XIXe s. (1839) comme adjectif usuel, au sens de « qui ne tient pas compte de la réalité, qui est idéal et fictif ». L'adjectif a surtout été appliqué à des projets sociaux ou politiques, et notamment aux socialismes qui ne répondaient pas, selon les disciples de Marx et Engels, à des principes « scientifiques » (Socialisme utopique, trad. de Engels, 1878). ◆  UTOPIQUEMENT adv. (mil. XIXe s.) est demeuré rare.
❏ voir UCHRONIE.
UTRICULE n. m. est un emprunt savant (1726) au latin classique utriculus « petite outre », diminutif de uter, utris « outre » (→ 1 outre).
❏  Ce terme de botanique a désigné d'abord la vésicule du tissu cellulaire des plantes ; il se dit ensuite (1758) de la petite outre pleine d'air qui soutient dans l'eau les feuilles et les racines de certaines plantes. ◆  Utricule, en anatomie, désigne (1846) la vésicule qui occupe la partie supérieure du vestibule de l'oreille interne. ◆  Par extension ou par emprunt au latin classique utriculus « grain de blé, bourgeon », diminutif de uterus (→ utérus), le mot se dit aussi en botanique (1872) de la bractée qui entoure presque entièrement l'ovaire de la fleur.
❏  Il a fourni le dérivé UTRICULEUX, EUSE adj. (1842), employé en botanique.
■  1 UTRICULAIRE n. m. a été emprunté (1764) au latin impérial utricularius « fabricant d'outres » ; d'emploi didactique, il désigne un batelier de l'Antiquité qui utilisait un radeau soutenu par des outres.
■  2 UTRICULAIRE n. f. (1808), emprunt au latin botanique utricularia, dérivé de utriculus, désigne une plante à utricules.
1 U. V. → VIOLET (ULTRA-VIOLET)
2 U. V. sigle, dans l'Université française (1968) de Unité de valeur (disparu).
UVAL, AUX adj. est un dérivé didactique du latin uva « raisin » (→ uvée), pour « relatif aux raisins », surtout dans cure uvale et station uvale.
UVÉE n. f. est un dérivé savant (1495) du radical du latin uva « raisin », « grappe de raisin » et, par analogie de forme, « luette ».
❏  Le mot est sorti d'usage au sens de « membrane choroïde de l'œil », obtenu par analogie de couleur avec le grain de raisin noir. ◆  Il a été repris au XIXe s. (1855) en anatomie pour désigner la tunique moyenne, vasculaire, de l'œil.
❏  En dérivent les termes didactiques UVÉITE n. f. (1855), formé avec le suffixe -ite pour « inflammation de la tunique vasculaire de l'œil », et UVÉAL, ALE, AUX adj. (1878) « de l'uvée (au sens moderne) ».
UVULE ou UVULA n. f. est emprunté (v. 1240) au latin uvula, diminutif de uva au sens de « luette* ». Le mot conserve en anatomie le sens du latin.
■  En dérivent UVULAIRE adj., terme d'anatomie (1735) et de phonétique (1874) dans r uvulaire (transcrit [ʀ] en alphabet phonétique international) « produit par le rapprochement de la luette et du dos de la langue » (XXe s.) et, en médecine, UVULITE n. f. (1876), de -ite, « inflammation de la luette ».
❏ voir LUETTE.
UXORILOCAL, AUX adj. est formé du latin oxor, oris « épouse » et -local, d'après l'anglais uxorilocal (1936) sur le modèle de patri-, matrilocal. Il qualifie en ethnologie, en anthropologie, la résidence des époux quand elle est assignée à celle de la famille maternelle, dans certaines sociétés.