VALAISAN, ANE adj. et n., dérivé de Valais, nom d'un canton de la Suisse romande (1815), du latin vallis (Poenina) « vallée pennine », adjectivé en (pagus) Valensis (VIe s.). Valais correspond à l'italien Vallese, au romanche Vallais, alors que l'alémanique Wallis est un emprunt direct au latin.
❏  Le mot qualifie et désigne ce qui a rapport au canton suisse du Valais, à ses habitants.
VALDA n. f., nom commercial, est tiré du latin valetudo « santé » et dare « donner ». Ce mot-valise a été créé en 1904 par le pharmacien Henri Cannone pour une pastille conique, verte, de menthol et d'eucalyptol enrobée de sucre (depuis 1944, ce nom déposé est la propriété d'une société des États-Unis).
❏  Le mot, très diffusé, a pris en argot (1926) le sens de « balle d'une arme à feu », avec le dérivé VALDAGA n. f. (dans Boudard, 1963 ; Cf. pastaga). ◆  L'expression cracher sa valda (années 1980-1990) correspond à « passer aux aveux », et plus tard à « franchir un feu de signalisation devenu vert ». Ces emplois témoignent du vieillissement de l'emploi argotique pour « balle ».
VALDINGUER → DINGUER
VALDOTAIN, AINE adj. qui qualifie ce qui a rapport au Val d'Aoste, et nom désignant ses habitants, est le dérivé réduit de Aoste prononcé ôte (on écrit aussi valdôtain), aujourd'hui oste ; il correspond à l'italien valdostano, a. Le nom Aoste procède de celui de la colonie de l'armée romaine créée par l'empereur Auguste en 25 avant l'ère chrétienne pour fixer les vétérans de sa cohorte prétorienne ; elle se nommait Augusta praetoria Salassorum (peuple de cette vallée alpine subjuguée par les Romains). Son nom abrégé en Augusta, puis Agusta, a abouti à Aoste (ôt') en français, à Aosta en italien, comme nom de la ville, la vallée étant le Val d'Aoste, aujourd'hui région autonome d'Italie, à la frontière de la France et de la Suisse. La langue française, largement supplantée par l'italien après 1930, y est néanmoins encore l'une des deux langues officielles.
VALENÇAY n. m., nom d'une commune aux confins de la Touraine et du Berry, est devenu, après fromage de Valençay (att. 1938), le nom d'un fromage de chèvre à croûte naturelle, parfois cendrée, en forme de pyramide tronquée.
1 VALENCE n. f. est tiré (1839) du nom français de la ville d'Espagne Valencia.
❏  Le mot désigne une orange qui provient de la région de Valence.
2 VALENCE n. f. est un emploi (1879, Wurtz) comme substantif de -valence tiré de termes de chimie comme monovalence (1868), où -valence traduisait l'allemand -valenz, du bas latin valentia « valeur », de valere (→ valoir) ; en anglais, valence et valency (du latin valentia) étaient employés en chimie depuis 1868, d'après l'allemand Valenz.
❏  Ce terme de chimie désigne le nombre de liaisons qu'un atome engage avec d'autres atomes dans une combinaison. ◆  Par analogie, avec l'idée de combinaison, valence se dit en psychologie (1926, Laforgue) de la puissance d'attraction ou de répulsion qu'exercent une activité, un objet, puis s'emploie en sémantique pour les possibilités de combinaison d'un élément signifiant dans le discours, et aussi en éthologie (1969, valence d'une espèce animale, végétale).
❏  À partir de valence ont été formés en chimie les termes COVALENCE n. f. (1920) d'après l'anglais de même origine covalence, COVALENT, ENTE adj. (attesté en 1957), et VALENCE-GRAMME n. f. (1933). Le concept de covalence (1916, G. N. Lewis) utilise la théorie électronique des liaisons.
■  Par ailleurs, -VALENT, -VALENTE, tiré de valence, est un élément de composition d'adjectifs de chimie, signifiant « qui a pour valence (ce qu'indique le premier élément) » ; de chaque adjectif dérive un nom féminin. MONOVALENT, ENTE adj. « dont la valence est égale à un » semble être le premier terme de la série (1868). Il s'emploie aussi en médecine (sérum monovalent) et dans le sens général de « à valeur, fonction, effet... unique ». ◆  MONOVALENCE n. f. lui correspond.
■  Parmi les nombreux composés, par ordre chronologique : TRIVALENT, ENTE adj. (1876), d'où TRIVALENCE ; TÉTRAVALENT, ENTE adj. (1879, comme TÉTRAVALENCE n. f.), plus courant que QUADRIVALENT, ENTE adj. pour « à quatre valences » ; puis UNIVALENT, ENTE adj. (1890), d'où UNIVALENCE n. f. qui redouble monovalent, et BIVALENT, ENTE adj. (1904), d'où BIVALENCE n. f.
❏ voir AMBIVALENCE.
VALENCIENNES n. f. est l'ellipse (1761) de dentelle de Valenciennes, du nom de la ville du nord de la France.
❏  C'est le nom d'une dentelle fine, fabriquée d'abord à Valenciennes, puis surtout en Belgique.
VALENTIN, INE n. vient (déb. XVe s. au féminin) du nom de saint Valentin, patron des amoureux qu'on honore le 14 février, moment de l'année où, dans certaines traditions, l'on commençait à quitter les maisons, et où les jeunes gens se retrouvaient pour danser.
❏  Ce mot, sorti d'usage, est d'abord attesté au féminin chez Charles d'Orléans, au sens de « femme aimée ». Repris au masculin, valentin a désigné (v. 1460) un marchand de ces petits cadeaux que les galants donnaient à la femme aimée. ◆  On trouve ensuite fête valentine « fête où sont désignés les valentins pour la durée de l'année » (1495) ; ici, valentin désigne un jeune homme choisi comme amoureux par une jeune fille pour la Saint-Valentin, et qui devait lui offrir des présents ; avec ce sens, qui n'est relevé qu'en 1694, le mot est passé en anglais, sous la forme valentine. Le nom féminin s'est dit également (1842) pour « jeune fille qui choisit un valentin » et semaine des valentins (1876) pour celle qui comprend le 14 février. ◆  Seul le nom propre de la Saint-Valentin est resté en usage en tant que fête des amoureux et prétexte à des réjouissances commercialisées.
VALENTINITE n. f. est un emprunt (1877) à l'allemand Valentinite, dérivé par Haidinger (1845) du nom de Basile Valentin, célèbre alchimiste.
❏  Ce terme de minéralogie désigne un oxyde naturel d'antimoine.
VALÉRIANE n. f. est emprunté (v. 1265) au latin médiéval valeriana (Xe s.), mot tiré de Valeria, nom de la province romaine de la Pannonie, où cette plante était cultivée et d'où on l'exportait. La graphie valérienne (v. 1490) est aussi employée jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.
❏  Le mot désigne une plante herbacée vivace, spécialement la valériane officinale, et sa racine employée en pharmacopée.
❏  Du nom procèdent VALÉRIANELLE n. f. (1765) « mâche » et les termes didactiques VALÉRIANATE n. m. (1838) « sel de l'acide valérianique », VALÉRIANIQUE (1838) ou VALÉRIQUE adj. (1841), en chimie, qualifiant des composés extraits de la valériane et des acides, VALÉRIANACÉES n. f. pl. (1870) qui a succédé à valérianées (1807), en botanique.
■  VALINE n. f., emprunt à l'allemand Valin, composé (XXe s.) de val(érique) et de (am)ine, désigne un acide aminé indispensable à la nutrition.
L VALET n. m. est attesté au XIIe s. sous les formes vallet (v. 1138) puis vaslet, valet (v. 1155) et varlet (v. 1172 ; employé jusqu'au XVIIe s.). Le mot représente l'aboutissement d'un latin populaire °vassellitus, diminutif du latin vassalus, lui-même dérivé du gaulois latinisé vassus « serviteur » (→ vassal).
❏  L'évolution de valet s'est développée dans deux directions, impliquant les notions de « jeune homme » (jusqu'au XVIe s.) et celle de « serviteur ». Le mot apparaît avec le sens de « jeune garçon », voisin de celui de « page » ; il désigne spécialement (v. 1155) un jeune gentilhomme qui n'a pas encore été armé chevalier, et (v. 1160) qui est placé près d'un seigneur pour l'apprentissage de la chevalerie ; il est même attesté au XIIe s. pour « prince, fils de roi », sens encore relevé en 1611. Ces emplois n'appartiennent plus qu'à l'histoire et les dérivés qui leur sont liés ont disparu. ◆  Parallèlement, passant de l'idée de service féodal à celle de domesticité, souvent péjorative, valet prend dès le XIIe s. l'acception (v. 1138) de « domestique, serviteur » (v. 1172, varlet a pié « messager »). Cette valeur ne semble s'imposer qu'au XVIe s., car, en ancien et en moyen français, l'idée de service reste attachée à celle de noblesse. Le valet était en général un officier d'une maison royale ou princière ; on relève par exemple valet entier « qui sert le roi à table » (1324), vallet de chambre (1306) [voir ci-dessous valet de chambre], varlet de chiens (1373) et, encore à l'époque classique, valet de justice (1511). ◆  Dans le domaine professionnel, valet s'est aussi utilisé en ancien et en moyen français (1260, vallet) pour « apprenti, aide du patron ». ◆  Valet de pied, qui reprend l'ancien varlet a pié, se dit (mil. XVe s.) d'un homme en livrée, passant au XVIIe s. (1609) à la valeur de « domestique masculin en livrée », encore au XIXe s., exceptionnellement au XXe siècle. ◆  La première valeur se maintient dans des emplois spécialisés, le mot désignant un jeune homme non marié (mil. XVIe s.), sens disparu, puis une carte à jouer sur laquelle est représentée un jeune écuyer (1511) varlet, dès le début du XVIe s. (Marot) sous les formes varlet, varlete (1511). En revanche, dès le XVIe s. le mot s'emploie péjorativement, par exemple dans la locution faire le bon valet « être flatteur » (mil. XVe s.), sortie d'usage. Alors se multiplient les syntagmes où valet désigne un homme employé pour servir ou pour effectuer certains travaux : valet de chambre perd sa valeur initiale « homme au service de la chambre d'un seigneur » et signifie (1559) « homme chargé du service personnel du maître », puis, jusqu'à nos jours, « domestique masculin » ; valet de cuisine (1549) a disparu, comme valet d'aoust (1573 en picard) « ouvrier agricole engagé pour la moisson », valet à tout faire (1636), valet de bourreau « aide-bourreau » (1690) ; valet d'écurie (1606) s'est employé jusqu'au XIXe s. pour « palefrenier », et valet de charrue (1694) a été remplacé par valet de ferme (1835). ◆  Au début du XVIIe s., Malherbe emploie par métaphore valet pour « esclave », et le mot signifie ensuite « homme d'une complaisance servile » (1665, Retz), notamment dans avoir une âme de valet (1694). ◆  On retrouve l'idée de service, mais sans péjoration, dans l'ancienne locution je suis votre valet (1658), et par ellipse votre valet, autrefois employée comme formule de politesse, comme je suis votre serviteur, et par ironie (1661) comme formule de dénégation ou de refus.
L'idée de service et la péjoration qui lui est attachée à partir des XVIe-XVIIe s. se retrouvent dans les emplois où le mot désigne un ustensile qui rend un service, facilite un travail, maintient ou fait fonctionner qqch. Dès le XVe s., varlet désigne en ancien occitan un morceau de fer coudé servant à maintenir une pièce de menuiserie à travailler sur l'établi. Cet emploi a pu être emprunté, par le français, ou résulter d'une métaphore interne (1622, valet), du même type que les emplois suivants. ◆  Varlet d'huis (1539), puis valet (1611), s'applique au contrepoids qui referme automatiquement une porte, puis (1701) à un système de blocage maintenant un verrou fermé. Le mot a aussi désigné (1590) le pied d'un miroir. En termes de pêche (1770), il s'applique au dispositif maintenant un filet ouvert. Dans le domaine de l'habillement, par une métaphore transparente, on a dit valet tire-botte (1690) pour un dispositif servant à enlever les bottes. La même métaphore fait au XXe s. de valet ou valet de pied le nom d'un cintre monté sur pied.
❏  Les dérivés sont sortis d'usage, sauf valetaille.
■  VALETAGE n. m. a désigné en moyen français (1401) le droit qu'un apprenti payait à ses compagnons de métier ; dans la langue classique, il se dit du service de valet (1680), mais il est alors noté comme appartenant au style burlesque. Au figuré, il désignait un acte de servilité (déb. XVIIIe s.).
■  VALETER v. a signifié « traiter comme un valet » (XVIe s., Cl. Marot) et « servir (qqn) comme un valet » (mil. XVIe s., varleter ; v. 1570, forme moderne). ◆  À côté de ces emplois transitifs, un sens intransitif, « être servilement actif » (1564), était encore relevé à la fin du XIXe siècle.
■  VALETAILLE n. f. s'est employé péjorativement (av. 1573) pour « ensemble des valets d'une maison » ; il a désigné au figuré (1596, une valetaille) un homme méprisable. ◆  Aujourd'hui, il désigne péjorativement (1806, P.-L. Courier) un ensemble de personnes serviles.
VALÉTUDINAIRE adj. et n., réfection (1380) de valitudinaire (1346), est emprunté au latin classique valetudinarius « (personne) qui est souvent malade », dérivé de valetudo, -inis. Ce substantif correspond à « bonne santé », puis à « état de santé (bon ou mauvais) », le sens étant précisé par un adjectif ; le mot avait pris, par litote, la valeur de « mauvais état de santé ». Il dérive de valere « être bien portant » (→ valoir).
❏  Le mot français, aujourd'hui littéraire, conserve le sens négatif de l'étymon, d'abord comme adjectif (1346), puis comme nom (1636), d'où l'emploi pour « propre aux personnes maladives » en parlant du tempérament (XVIIIe s.).
❏  Les dérivés VALÉTUDINITÉ n. f. (1803) et VALÉTUDINARISME n. m. (1876), employés au XIXe s., sont sortis d'usage.
L VALEUR n. f. est issu (1080, aussi valur) de valorem, accusatif du latin classique valor, valoris « valeur », qui a donné l'italien valore, l'espagnol valor et est dérivé de valere (→ valoir).
❏  Un double sémantisme est attesté dès les premiers emplois de valeur ou valur, dans la Chanson de Roland ; le mot signifie « ce qu'une personne est estimée pour son mérite, ses qualités » et s'emploie à propos de la qualité, de l'intérêt d'une chose, d'où avoir valeur « être propre à un certain usage » (1080, aveir valur). ◆  Par extension de cette première acception, le mot s'est dit pour « importance » (v. 1155, Wace), à propos d'une personne et ensuite (1172-1174) pour « bravoure, vaillance », sens vieilli depuis le XVIIe s., sauf dans l'usage littéraire. Par métonymie, une valeur a désigné (v. 1180) un acte de bravoure. ◆  Le mot s'emploie en particulier dans de valeur (une femme de valeur), dans mettre qqn en valeur (1485, en vailleur), « mettre dans une haute position », disparue en ce sens mais qui sera repris avec un autre sens et, à partir du XVIe s., dans une valeur « une personne qui a de la valeur » (v. 1578, d'Aubigné). ◆  L'expression de valeur « de qualité » a connu au Québec une évolution sémantique qui l'a amenée, en emploi adjectif, au sens de « fâcheux, malheureux » (on regrette ce qui aurait été positif). C'est de valeur, c'est bien de valeur que tu t'en ailles si vite. ◆  À partir du XIIIe s., valeur s'emploie spécialement (v. 1260) en parlant du caractère mesurable d'une chose, d'un bien en tant qu'il est susceptible d'être échangé (valeur d'un bijou ; valeur marchande...) ; la valeur de correspond à « l'équivalent de » (1549, Estienne), en parlant d'une mesure, et à la valeur de se dit pour « en proportion de la valeur de » (1636). ◆  Depuis la fin du XVIIe s., l'idée d'échange s'applique au langage et valeur se dit (1690) de la signification des termes suivant l'usage, aujourd'hui et depuis Saussure, suivant leur appartenance à une structure, par exemple le contexte ou encore un ensemble lexical et sémantique.
L'idée de prix s'est développée avec un sens absolu « valeur élevée », par exemple dans objets de valeur (1690) et en valeur « en l'état d'une chose qui a de la valeur » : être en valeur s'est dit (1690) pour « se vendre aisément et avantageusement » et « être en état de rapporter » ; mettre en valeur (une terre, une région) « mettre en exploitation, faire produire », est également relevé en 1690. ◆  Le mot, en emploi nombrable (une, des valeurs), devient spécialement (1705) le nom générique des titres négociables. ◆  La valeur désigne en économie la qualité d'une chose fondée sur son utilité objective ou subjective, d'où valeur d'usage, opposé à valeur d'échange. On parle en finances de valeur ajoutée, d'où taxe à la valeur ajoutée, appelée T. V. A. ◆  C'est au XVIIIe s. que mettre en valeur, qui signifiait auparavant « mettre (qqn) dans une position élevée » (v. 1480), s'emploie par figure pour « faire valoir, en montrant (qqn, qqch.) à son avantage », d'où « mettre en évidence ».
■  De l'idée de « mesure » vient l'emploi du mot en art ; en musique (1659) pour exprimer la durée relative d'une note, indiquée par sa figure, puis en peinture (1792) pour parler du degré de clarté ou d'obscurité propre à chaque couleur.
■  Valeur se dit ensuite en sciences, par abstraction des acceptions anciennes (1845), de l'expression numérique ou algébrique d'une quantité.
■  C'est également au XIXe s. que le mot, dans un contexte abstrait, désigne ce que le jugement personnel estime vrai, beau, bien, s'accordant plus ou moins avec le jugement de l'époque (apr. 1850, valeurs morales, littéraires, Taine), et ce jugement lui-même, d'où échelle des valeurs, système de valeurs. Ce concept est fondamental en sociologie, lié à ceux de jugement, de norme.
❏  Le dérivé VALEUREUX, EUSE adj. qualifie d'abord (v. 1400) un acte qui témoigne de la vaillance, puis une personne brave, courageuse (v. 1460, valereux), emploi aujourd'hui très littéraire. Ce sens correspond à celui de l'ancien provençal valoros (XIIIe-XIVe s.) « noble, digne d'estime ». ◆  L'adjectif français est rare, puis disparaît appliqué à une chose qui a de la valeur (1600, d'un terrain).
■  En dérive VALEUREUSEMENT adv. (v. 1460), qui ne s'emploie qu'avec le sens psychologique.
VALORISATION n. f., formé à partir du latin valor, désigne en économie (1907) le fait d'augmenter la valeur marchande d'une denrée et, spécialement, les mesures prises pour relever une monnaie dépréciée (1933). ◆  Repris en psychologie (1924), avec le sens moral de valeur, le nom se dit du fait de conférer une valeur plus grande à qqn ou qqch.
■  Du nom a été dérivé VALORISER v. tr. (1925) qui a des emplois parallèles, économique et moral, et d'où vient VALORISANT, ANTE adj. (1946, E. Mounier), surtout usité en psychologie.
■  À partir du verbe ont été formés par préfixation : DÉVALORISER v. tr. (1922) « faire perdre sa valeur à » et « juger comme ayant peu ou moins de valeur », dont procède DÉVALORISATION n. f. (1925 ; v. 1945 au figuré), REVALORISER v. tr. (1925), d'où REVALORISATION n. f. qui concernent le fait de redonner de la valeur, SURVALORISER v. tr. (1975) qui a fourni SURVALORISATION n. f. (1975), peut-être formés d'après survaleur (ci-dessous). Sauf dévaloriser et revaloriser, ces préfixés concernent surtout la notion de valeur économique.
D'abord employés dans le domaine économique, plusieurs mots ont été composés à partir de valeur.
■  NON-VALEUR n. f., disparu au sens de « manque de produit dans une terre, une maison » (1512 ; 1451 selon Bloch et Wartburg), a désigné une créance non recouvrée (1597), puis s'est dit pour « manque de courage ».
■  SURVALEUR n. f. (1611) « valeur supplémentaire » est un terme d'économie.
■  CONTRE-VALEUR n. f. désigne (1842) une valeur donnée en échange d'une autre. L'ancien français a employé contrevalor (1319) pour « compensation », mais le composé moderne semble indépendant.
■  Le français a conservé la locution latine AD VALOREM, « selon la valeur », utilisée comme adjectif (1866) dans droits ad valorem « droits de douane perçus selon la valeur des marchandises ».
❏ voir VALIDE, VALOIR.
VALGUS adj. et n. m., emprunt médical du XIXe s. (attesté en 1839) au latin valgus, avait été précédé par sa francisation en valge par Ambroise Paré, en 1575. Le mot latin, pour « qui a les jambes tournées vers l'extérieur, bancal », est encore plus obscur quant à son origine que varus (→ varus).
❏  En français, le mot qualifie les parties de la jambe, le pied, plus rarement la main, déviés en dehors (opposé à varus). Comme nom, valgus du pied s'applique à la position du pied bot tourné en dehors.
VALIDE adj. est emprunté (1528) au latin classique validus « fort », « bien portant » et « efficace », dérivé de valere (→ valoir).
❏  L'adjectif conserve le sens du latin (1528) en parlant des personnes en bonne santé, d'où la substantivation en un valide (1693), beaucoup plus rare que celle de malade (ou de invalide). ◆  Le mot, comme adjectif, s'emploie en droit (v. 1570), s'appliquant à ce qui présente les conditions requises pour produire son effet. Il est utilisé pour valable (→ valoir) par Chateaubriand, une certaine confusion s'étant établie entre les deux adjectifs.
❏  En dérive l'adverbe VALIDEMENT, attesté isolément au XVIe s. pour « d'une manière appropriée » et employé au sens d'« en personne valide » (1569) jusqu'au XIXe siècle. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un terme de droit (1636).
VALIDER v. tr., emprunt au dérivé bas latin validare « établir » et au figuré « fortifier », signifie « rendre ou déclarer valide » (1411) ; ce verbe correspond à l'ancien provençal validar (1458).
■  En dérivent VALIDATION n. f. (1529), appliqué spécialement aux élections (1869), et VALIDABLE adj. (mil. XXe s.).
■  Le préfixé REVALIDER v. tr. (1465) « rendre valide à nouveau » a fourni REVALIDATION n. f. (XVIe s.).
■  VALIDITÉ n. f. est emprunté (1508) au dérivé bas latin validitas « force, vigueur » au propre et au figuré.
INVALIDE adj. et n. est emprunté au latin classique invalidus, de in- et validus. Le mot s'applique à une personne infirme (1515, adj.) et s'est employé en parlant de choses non valides, comme terme de droit (1542). ◆  Le nom se dit notamment (1678) d'un militaire que l'âge ou les blessures rendent incapable de servir et, plus largement, d'une personne qu'une infirmité empêche de travailler (1718). De là le nom de l'Hôtel des Invalides, à Paris. ◆  De l'emploi particulier en parlant d'un militaire viennent INVALIDES n. m. pl. « retraite après de longs services » (v. 1800), « traitement perçu par un soldat invalide » (1821) et la locution familière prendre ses invalides « prendre sa retraite » (1867, en argot), sortis d'usage. ◆  L'adjectif a été repris en informatique, qualifiant ce qui n'est pas valide.
Le dérivé INVALIDER v. tr. est un terme de droit (1452) puis entre dans l'usage général pour « déclarer nul » (1876, invalider une élection). Comme terme de médecine (déb. XXe s.), le verbe signifie « rendre invalide », le sujet désignant la cause.
■  Le dérivé INVALIDATION n. f. s'emploie en droit (1636 ; 1867, d'une élection) et en médecine (attesté en 1910).
■  INVALIDITÉ n. f. est vieilli en droit (1521), désignant couramment l'état d'une personne infirme (av. 1856, Proudhon) d'où, en matières d'assurances et d'assurances sociales, pension d'invalidité, etc.
■  Un autre dérivé de invalide, l'adverbe INVALIDEMENT (1636) est didactique ou littéraire.
❏ voir VALEUR, VALOIR.
VALISE n. f. est un emprunt (1558, Du Bellay) à l'italien valigia, d'origine incertaine ; on relève en latin médiéval valisia (XIIIe s.), dont procède le moyen haut allemand velis (allemand Felleisen). On a aussi songé à l'arabe waliha « sac de blé ». Le mot, s'étant diffusé à partir de l'Italie supérieure, pourrait venir, selon Bloch et Wartburg, d'un radical gaulois °val- « entourer », qui correspond au gaélique fail « anneau ». P. Guiraud pose un gallo-roman °vallitia formé sur le latin classique vallare « protéger, défendre », la valise « protégeant » son contenu.
❏  Anciennement, valise, probablement antérieur à son attestation (Cf. ci-dessous dévaliser), a désigné un long sac de cuir qui se portait en croupe. La valise, ayant changé de forme, est devenue un bagage à main rectangulaire, relativement rigide — distinct du sac —, porté à la main (1876). ◆  Par figure, faire ses valises équivaut à « partir » (1935), d'où familièrement se faire la valise pour « s'en aller précipitamment » (→ malle). La valise, symbole du départ, a pu dans le slogan de menace la valise ou le cercueil, valoir pour « départ forcé, expulsion ». ◆  Dans l'argot sportif, prendre une valise (sous-entendu une grande quantité, une « valise d'échecs, de buts encaissés ») correspond à « avoir été sévèrement battu » (d'une équipe ; attesté dans les années 2000). ◆  L'évolution récente des bagages privilégiant les contenants souples (sacs, etc.), valise voit ses usages relativement limités, mais on emploie au pluriel les valises pour « les bagages à main ». ◆  En français du Québec, on emploie souvent valise pour « coffre, malle arrière (d'une automobile) ». Cet emploi est critiqué.
■  Quant à valise diplomatique, qui fait d'abord référence au sens premier du mot, l'expression désigne (1872) l'ensemble de la correspondance et des objets couverts par l'immunité diplomatique ; le mot se dit aussi du contenant (sac, en général) transportant ces objets.
■  Enfin, par métaphore de la « poche », valise désigne en argot les poches sous les yeux (moins courant que valoche).
❏  À partir de valise ont été formés VALOCHE n. f. (1913, avec le suffixe argotique -oche), familier, 2 VALDINGUE n. f. (v. 1940) et VALOUSE n. f. (1953), VALTOUZE n. f. (mil. XXe s. ; aussi valtouse, valetouse), populaire.
Le préfixé DÉVALISER v. tr., complètement démotivé en français moderne, fait allusion au sac de voyage du cavalier. Comme détrousser, il correspond à « prendre à qqn tout ce qu'il a sur lui » (1546). Il signifie par extension (1870) « vider (un lieu) des biens qui s'y trouvent » et s'emploie au figuré, pour « voler, prendre ». ◆  Son dérivé DÉVALISEUR, EUSE n. (1636) est sorti d'usage.
❏ voir MOT (mot-valise).
VALLÉE, VALLON → VAL
VALLISNÉRIE n. f. (1823, après vallisnère, 1808) est la francisation du latin des botanistes vallisneria (1729), créé sur le nom du botaniste italien A. Vallisneri.
❏  C'est le nom d'une herbacée aquatique à longues feuilles rubanées.
L + VALOIR v. est la réfection (1080) de valeir (v. 1050), aboutissement du latin classique valere « être fort », d'où « être bien portant », « être efficace » en parlant d'un remède, « être puissant », « être en vigueur », d'une loi, « prévaloir » et « être influent » ; employé avec l'infinitif, le verbe signifie encore « avoir la force ou le pouvoir de ». En parlant de monnaies, il équivaut à « avoir une valeur » ; en grammaire, il traduit le grec dunasthai « avoir un sens, signifier ». Les dérivés de valere sont bien représentés en français (→ valeur, valétudinaire ; évaluer). On peut rapprocher valere du vieux slave vlado, vlasti « dominer » et du gotique waldan de même sens.
❏  Le verbe, dans ses premières attestations (v. 1050), signifie « correspondre à une certaine valeur », en parlant d'une chose et « être utile à, aider », puis (1080) « avoir un certain mérite » en parlant d'une personne ; c'est cette idée de prix au propre et au figuré (→ valeur) qui domine dans l'ensemble des emplois postérieurs. ◆  Valoir (qqch.) à (qqn) [v. 1155] correspond à « lui faire obtenir qqch., avoir pour qqn tel effet » ; parallèlement, le verbe signifie (v. 1155) « rapporter, donner des revenus ». ◆  Il s'emploie ensuite (XIIIe s.) pour « être équivalent à (autre chose) » et « avoir le même mérite que (qqn) », là où on emploiera le réciproque se valoir, et dans la locution vaille que vaille, d'abord « que la chose vaille peu ou beaucoup », puis « à peu près, quoi qu'il en soit » (XIIIe s.). ◆  Valoir mieux (1265), valoir mieux que (et nom) signifie « avoir plus de valeur, être plus estimable que », d'où l'emploi impersonnel de il vaut mieux (et l'infinitif) et ça vaut mieux. ◆  À la fin du XIIIe s., valoir reprend un sens latin qui ne se maintient qu'en moyen français : « être efficace » (d'un remède). ◆  Le verbe entre dans la locution ne faire chose qui vaille (2e moitié du XIVe s.), remplacée ensuite par ne rien faire qui vaille (1549) ; d'où le nom un rien qui vaille (1636) jusqu'au XIXe s. (Cf. ci-dessous vaurien). ◆  Se faire valoir apparaît au XVe s. avec le sens sorti d'usage de « se faire apprécier à sa juste valeur » ; (se) faire valoir acquiert ensuite des acceptions variées dont « se faire apprécier » (ci-dessous). Valoir trop s'est utilisé (1534) jusqu'au XVIIIe s. pour « être plaisant, agréable », en parlant d'une personne. À la même époque (1538) sont relevés faire valoir qqch. « tirer profit de qqch. » et valoir qqch. « mériter » (tel effort, tel sacrifice), acceptions qui sont restées en usage. ◆  À partir du XVIe s. également, les expressions et locutions où entrent les idées de mérite et d'équivalence se multiplient, à propos de choses ou de personnes : faire valoir (qqch., qqn) « faire paraître meilleur » (1559), d'où se faire valoir « chercher à se faire apprécier au delà de sa valeur », et (1718) « se montrer à son avantage ». ◆  L'idée d'appréciation s'incarne dans des locutions contenant un substantif de référence : avoir appris combien vaut l'aune de qqch. (1558) « savoir par expérience que qqch. est coûteux » et par figure « difficile, fâcheux, etc. », vieilli comme ses nombreuses variantes (1661, savoir ce qu'en vaut l'aune) ; faire valoir (une raison, une maladie, etc.) employé pour « faire ressortir en guise d'excuse » (fin XVIe s.), faire valoir (un argument, etc.) « le rendre plus efficace ». Pour signifier une valeur très faible ou nulle, on a dit ne pas valoir le ramasser « ne rien valoir » (1590) encore relevé en 1878, remplacé par ne pas valoir un clou, tripette, etc., le second élément servant de référence dérisoire. ◆  Valoir la peine de signifie « mériter qu'on prenne la peine de » (v. 1600), d'où en valoir la peine « mériter d'être vu, apprécié », ça vaut, ça ne vaut pas la peine, etc. avec de nombreux synonymes populaires, ça vaut le coup, le jus (1883). Comme intensif, ça vaut l'os (1895), ça vaut dix (1953), ça vaut son pesant de moutarde signifiaient « c'est extraordinaire ». ◆  Ça vaut pas « ça ne compte pas, ça n'a pas d'intérêt » est attesté dans les années 2000. ◆  Sur il le vaut, il le vaut bien « il le mérite », un slogan publicitaire (1987) a lancé la formule parce que je le vaux (il, elle, le vaut, etc.) bien qui suggère qu'on mérite d'acquérir qqch. d'assez coûteux, et qui est répété dans d'autres contextes. ◆  On relève à partir du milieu du XVIIe s. : faire valoir qqch. (1611), qqn dans un nouveau sens : « en vanter le mérite, l'importance, etc. » ; valoir beaucoup, peu, sorti d'usage en parlant d'une personne ; valoir son prix « avoir une certaine valeur » (1666), valoir trop d'argent (1685), et aussi ne rien valoir « être néfaste ou inutile » (1690) [→ vaurien], d'où « être nul » et « être médiocre ». ◆  La locution à valoir signifie (1715) « en constituant une somme dont la valeur est à déduire d'un tout », d'où un À-VALOIR n. m. inv. ◆  Faire valoir (une terre, un capital, etc.), « l'exploiter », est attesté en 1835.
❏  À part vaillant*, ancien participe présent, les dérivés sur les formes en vaill- ont disparu.
Le dérivé VALABLE adj. (v. 1250) l'a emporté sur la variante vaillable (1345), employée jusqu'au XVIIe s., et qualifie ce qui est dans les formes requises pour être reçu, en justice ou ailleurs. L'adjectif s'applique spécialement à une chose qui a une valeur dans une circonstance donnée (2e moitié du XIVe s., vaillable de croire « digne d'être cru », Froissart). Il est sorti d'usage appliqué depuis la fin du XIVe s. à une personne qui a du mérite et s'emploie en parlant des choses, au sens de « qui a de la valeur, précieux » (1515). ◆  Par extension du sens juridique initial, l'adjectif qualifie ce à quoi on reconnaît un fondement, par exemple dans excuse, raison, motif... valable « acceptable, justifié ».
■  Au XXe s., sous l'influence de l'anglais valuable, ce dernier sens et ceux du moyen français sont réactivés et étendus, l'adjectif qualifiant ce qui a un effet, de la valeur, par rapport aux circonstances (hypothèse, explication), emploi accepté même par les puristes, alors que le sens extensif de « qui a un certain mérite, qui est acceptable ou bon » (solution valable, c'est valable) est critiqué.
■  Le dérivé VALABLEMENT adv. est une réfection (XVe s.) de vaillaulement (v. 1190).
VALUE n. f., participe passé féminin substantivé, a eu plusieurs acceptions liées à celles du verbe : « valeur, prix » (v. 1180), « équivalent » (v. 1210), « renommée, vertu » (v. 1270). Le mot a disparu de l'usage, éliminé par valeur, et ne subsiste que dans des composés employés en économie.
■  PLUS-VALUE n. f. se dit (1457) de l'augmentation de la valeur d'une chose, spécialement quand elle n'a subi aucune transformation matérielle (1690) ; le mot désigne également (1878) l'excédent de recettes par rapport aux prévisions budgétaires. Dans ces acceptions, on a utilisé aussi plus-valeur (1571). ◆  Plus-value a pris dans l'économie marxiste le sens particulier de « différence entre la valeur des biens produits et le prix des salaires payés aux travailleurs, dont bénéficient les capitalistes » ; le mot est un des termes essentiels de la théorie marxiste.
■  MOINS-VALUE n. f. désigne (1765) la diminution de valeur d'un objet et spécialement (1878) la différence entre le produit réel et le produit théorique d'un impôt.
VAURIEN, IENNE n., substantivation de (qui ne) vaut rien (1558, un vault-rien), est vieilli pour désigner une personne peu recommandable ; en ce sens on a employé aussi vaunéant, n. m. (1538) et rienevault, n. m. (1534), aux XVIe et XVIIe siècles. ◆  Par affaiblissement de sens, le mot se dit (1718) d'un enfant effronté, comme chenapan, bandit, coquin. ◆  Par référence à ce sens affectueux, vaurien (n. m.) désigne aussi aujourd'hui (1952) un petit bateau de régate ; le nom évoque en même temps la conception bon marché (« il ne vaut rien ») de ce bateau.
REVALOIR v. s'est employé aux sens de « récompenser » (1165-1170), « valoir en retour » (v. 1175) et « valoir beaucoup » (XIIIe s.), sortis d'usage. ◆  Le sens, demeuré courant de « rendre la pareille (en bien ou en mal) à qqn », est relevé dans la seconde moitié du XIVe siècle. D'où l'expression de menace : je vous revaudrai ça, je te le revaudrai. ◆  Au XXe s., en construction intransitive, il signifie aussi « valoir de nouveau ».
❏ voir CONVALESCENT, DÉVALUER, ÉQUIVALOIR, ÉVALUER, PRÉVALOIR, VAILLANT, 2 VALENCE, VALÉTUDINAIRE, VALIDE ; FAIRE-VALOIR (art. FAIRE), POLYVALENT (art. POLY-).