VARIOMÈTRE → VARIER
VARLOPE n. f., réfection (1660) de vrelope (fin XVe s.), vuarloppe (1564), est emprunté par l'intermédiaire des parlers du nord-est de la France au néerlandais voorloper « grand rabot employé pour dresser le bois » ; le mot signifie littéralement « qui court (loop) devant (voor) ».
❏  Le mot a conservé le sens de l'étymon. Il est resté technique, par rapport à rabot.
❏  Il a fourni VARLOPER v. tr. (1546, Rabelais, vrelopper ; 1832, forme moderne), terme de menuiserie dont dérivent VARLOPAGE n. m. (1876) et VARLOPEUSE n. f. (déb. XXe s.), nom de machine.
VARON n. m. est emprunté (1605) à l'ancien provençal varon « bouton, pustule », lui-même dérivé du latin classique varus « bouton » (→ variole). On trouve aussi la graphie varron.
❏  Le mot a d'abord eu le sens de « bouton », disparu. ◆  Il a été repris en médecine vétérinaire pour désigner une larve qui parasite la peau des bovins (1911) et la tumeur qu'elle provoque.
❏  Il a pour dérivé VARONNÉ, ÉE adj. (1923).
VARUS adj. et n. m. est un latinisme (1839), du latin varus, varus, d'origine controversée, signifiant « cagneux, qui a les genoux en dedans ». Le mot, opposé à vatius et à valgus (→ valgus), a signifié aussi en latin « courbé, crochu » et « détourné, différent » ; on l'a rapproché de varix (→ varice) mais pas de varius « tacheté » et « varié », ce qui peut surprendre. Ces mots sont sans étymologie sûre.
❏  Varus qualifie les parties de la jambe, le pied, la main lorsqu'ils sont déviés vers le dedans, en opposition à valgus. Un varus n. m. désigne un pied bot varus et sa disposition.
VARVE n. f. est un emprunt des géologues et des géographes au suédois varv désignant en général une couche (de sol, de terre). Il se dit d'une mince couche de vase, surtout dans dépôts à varves, formés dans les eaux en aval des grands glaciers du quaternaire, avec alternance de lits fins (dépôts hivernaux) et grossiers (eaux de fonte de l'été).
VASCULAIRE adj. est un dérivé savant (1721) du latin classique vasculum « petit vase », diminutif de vas (→ 1 vase), formé pour servir d'adjectif à vaisseau* en anatomie. Vasculum avait été emprunté en moyen français sous la forme vascule, conservant le sens du latin (v. 1500), puis employé comme terme d'anatomie (1562), avant d'être remplacé par vaisseau.
❏  L'adjectif signifie « qui contient des vaisseaux », en anatomie, et s'applique (1765) à ce qui concerne les vaisseaux, notamment les vaisseaux sanguins (→ artériel, veineux) et leur pathologie (accident, épisode vasculaire). ◆  Il qualifie ensuite (1807) en botanique, d'après la nouvelle acception de vaisseau, un tissu dont certaines cellules sont différenciées en vaisseaux, d'où plantes vasculaires ou vasculaires (n. f. pl.), opposé à plantes cellulaires.
❏  Sur le radical a été formé VASCULARISÉ, ÉE adj. (1846), terme d'anatomie qualifiant un tissu organique qui présente des vaisseaux, dont dérivent VASCULARISATION n. f. (1846) « disposition des vaisseaux (d'un organe, d'un organisme) » en anatomie, et « formation de vaisseaux », en physiologie et pathologie ; ainsi que le verbe VASCULARISER v. tr. qui semble récent (1942, Caullery).
■  De là au XXe s. REVASCULARISER v. tr. et REVASCULARISATION n. f., en chirurgie (début des années 1960) qui s'emploient à propos du rétablissement d'une circulation sanguine normale.
■  VASCULARITE n. f. (1933), de -ite, désigne une inflammation des vaisseaux.
■  VASCULEUX, EUSE adj. (1734), formé sur le radical du latin vasculum, a été éliminé par vasculaire.
■  Le composé CARDIO-VASCULAIRE adj. (1910), de cardio-, est un terme médical entré dans l'usage courant à cause de la fréquence des affections de ce type ; Cf. cardiaque.
❏ voir VASQUE.
1 VASE n. m., forme actuelle de ce mot, attestée au XVIe s. (1539, R. Estienne), a été précédé par vas (1165-1170), vez, n. m. pl. (v. 1210), emprunts anciens au latin classique vas, vasis « récipient à liquides (vase, pot, vaisseau, etc.) » et au pluriel « équipement, bagages », spécialement dans la langue militaire, « ustensiles », « instruments, outils » pour l'agriculture, la chasse, etc.
❏  La forme ancienne vas, comme vaisseau*, est d'abord attestée au sens de « cercueil » qui correspond à l'ancien provençal vas « tombeau » (fin XIIe s.) et qui, retenant l'idée de « contenant », ne se maintient guère au delà du XVe s., en dehors des dialectes. ◆  On trouve ensuite vez (v. 1210) désignant un récipient pour les liquides ; cette valeur générale, qui concurrence puis élimine vaisseau*, persiste jusqu'au XIXe s. et se maintient dans des emplois figés, comme le proverbe la goutte d'eau qui fait déborder le vase. ◆  Par métaphore, vase désigne en style religieux, après vaisseau (voir ce mot) et en concurrence avec lui, les êtres humains en tant que contenants de la grâce divine ou d'une qualité particulière, surtout dans des expressions empruntées aux Épîtres de saint Paul, par exemple vase d'élection (1660), déjà au XIIIe s. vas d'eleccion, calque du latin. Dans le vocabulaire religieux, les vases sacrés (1694) sont les contenants destinés à la célébration du saint sacrifice, calice, ciboire, etc. ◆  Le mot se dit aussi d'un ornement de sculpture isolé qui repose sur un socle, d'abord dans l'expression technique (1676) vases d'amortissement désignant ceux qui terminent la décoration d'une façade, et aussi à propos de tout vase décoratif, et d'une forme en vase dans la taille des arbres d'un parc (1690). ◆  Par une autre analogie de forme, vase s'emploie en botanique (1701) pour le calice de certaines fleurs, puis désigne en sculpture (1721) la partie ornée de feuillages d'un chapiteau corinthien. ◆  Des emplois spéciaux, au sens propre et au figuré, se développent à la fin du XVIIIe s.. Vase de nuit (1784) a supplanté vase nocturne (1836), mais est moins courant que pot de chambre. ◆  Par analogie de forme, vase à puiser est un nom donné (1845) au murex, dont la coquille est prolongée par un siphon tubulaire. ◆  Vase, avec la valeur générale de « contenant », est encore employé en chimie pour désigner des récipients de formes diverses (1866, vases clos ; 1869, vases communicants) ; de l'emploi en chimie vient l'expression figurée en vase clos, « sans communication avec l'extérieur », attestée au XXe siècle.
■  Par métaphore du récipient et peut-être par allusion à vase de nuit, vase s'est employé en argot pour « anus » (1926, l'avoir dans le vase) et se dit au figuré pour « chance » (1928) par une métaphore fréquente qui assimile l'anus à un récipient, et aussi à la chance (Cf. bol, pot).
À partir du XIXe s., la plupart des emplois, notamment en décoration, en botanique, sont compris par référence à l'acception spéciale du mot, apparue au XVIe s. (1539) « récipient de forme artistique, souvent décoré » ou « destiné à recevoir des fleurs ». Ce sens spécial colore tous les emplois et fait que le sens général de « récipient », tout comme vaisseau avant lui, est devenu archaïque, sauf dans des syntagmes figés (vase de nuit, vases communicants, etc.).
L'élément VASO-, formé sur le latin vas, vasis « récipient » (→ vase) et « vaisseau, canal » entre dans la composition de termes de physiologie et de médecine concernant les vaisseaux. Les premiers composés sont attestés dans les années 1850, en relation avec les progrès de la physiologie de la circulation sanguine. VASODILATATEUR, TRICE adj. et VASOCONSTRICTEUR, TRICE adj. figurent chez Claude Bernard en 1858 ; ils qualifient l'augmentation et la diminution du calibre d'un vaisseau par la dilatation ou la contraction de fibres musculaires commandées par des nerfs spécifiques. Ont suivi VASODILATATION n. f. (attesté 1890, mais antérieur) et VASOCONSTRICTION n. f. (id.), ainsi que VASOCONSTRICTIF, IVE adj. (id.) pour « qui détermine ou augmente la vasoconstriction ». ◆  VASOMOTEUR, TRICE adj. (attesté 1861) qualifie ce qui concerne ou ce qui commande les modifications du calibre des vaisseaux, regroupant les valeurs de vasodilatateur et de vasoconstricteur, à propos des nerfs (aussi n. m., un vasomoteur). Le substantif VASOMOTRICITÉ n. f. semble plus tardif (attesté 1943). ◆  VASOTOMIE n. f. a été éliminé par VASECTOMIE n. f., pris à l'anglais vasectomy (1897) et devenu usuel dans les années 1920 ou 1930, pour « résection des canaux déférents entraînant la stérilité masculine », avec le dérivé VASECTOMISER v. tr. (attesté vers 1970). ◆  Dans le contexte de la vasoconstriction, on note l'apparition (observée en 1961, mais antérieure) d'un emprunt à l'anglais vasopressor (1928), VASOPRESSEUR n. m., assez mal formé sur presser, pour une substance qui contracte les artères ; sur vasopressor, a été formé en anglais vasopressine (1928), d'où VASOPRESSINE n. f. en français (alors qu'on parle normalement de tension artérielle) pour désigner une hormone hypophysaire qui contracte les artères, élevant la tension artérielle. ◆  VASOPLÉGIE n. f. (mil. XXe s. ; de -plégie) désigne la vasodilatation par un agent qui affaiblit le tonus des parois vasculaires.
❏ voir ÉVASÉ, EXTRAVASER (S'), TRANSVASER, VAISSEAU, VAISSELLE, VASCULAIRE, VASQUE.
2 VASE n. f., attesté une première fois vers 1155 et à nouveau en 1396 (selon Bloch et Wartburg), sous la forme normande voyze, puis à la fin du XVe s. aussi en normand (1496) et sous la forme vase en picard (1484), est emprunté au moyen néerlandais wase, du germanique °wasa (Cf. haut allemand waso), radical qui a aussi donné gazon*.
❏  Le mot, importé par le nord de la France (vase, wase) et par la Normandie (voyse), conserve le sens de l'étymon, désignant un dépôt de terre et de particules qui se forme au fond des eaux stagnantes. ◆  Il s'emploie parfois abusivement pour boue, notamment en français du Canada.
❏  VASIÈRE n. f., d'abord terme régional (1415, en Bretagne) avec la variante au masculin wasier « lieu vaseux » (Normandie), repris au XVIIIe s. (1750 au Canada : Potier ; attesté en France en 1755), désigne le premier bassin d'un marais salant, où arrive l'eau de mer ; on dit aussi vasais, n. m. (1724, vasois). ◆  Le mot se dit ensuite d'un endroit plein de vase (1861) et d'un parc à moules (1872).
■  VASEUX, EUSE adj. et n. m. est rare pour qualifier (1484) un endroit qui contient de la vase et a disparu au sens figuré de « vil » (fin XVIe s.). ◆  Au figuré, il s'applique familièrement à qqn qui se trouve dans un état de fatigue, de malaise (v. 1833) ou à un texte, un raisonnement obscur, embrouillé et sans valeur (1896). ◆  Du premier emploi vient par substantivation le sens de « ver de vase » (mil. XXe s.).
■  De l'emploi familier dérive VASOUILLER v. intr. formé en argot (1904) avec le suffixe péjoratif -ouiller et signifiant « fainéanter » ; le verbe est passé dans l'usage familier dans un autre sens, « être hésitant, dans ses actes ou ses paroles » (1908) et, en parlant de choses, « marcher mal » (1932). ◆  Les dérivés familiers VASOUILLARD, ARDE adj. (1916), qui renforce vaseux dans l'expressivité, VASOUILLEUX, EUSE adj. (mil. XXe s.) et VASOUILLAGE n. m. (1938, L. Daudet) sont relativement courants.
■  VASEUSEMENT adv. dérive de l'emploi familier de l'adjectif (attesté en 1967).
VASARD, ARDE adj. et n. m., de vase et suffixe -ard, est un terme régional et de marine (1687, fond vasard « de sable mêlé de vase »), d'où un vasard, n. m. (1872).
■  Le composé VASICOLE adj. (1845), de -cole*, s'applique en zoologie et en biologie à un être vivant qui vit dans la vase.
ENVASER v. tr., formé de en-, vase et suffixe verbal, est attesté au participe passé envazzé chez Brantôme (av. 1614) au figuré, qualifiant une personne en mauvaise situation, puis au pronominal en 1616 ; le verbe signifie concrètement « enfoncer dans la vase » et (1838) « remplir de vase ».
■  Il a fourni le dérivé ENVASEMENT n. m. (1792) et le préfixé DÉSENVASER v. tr. (1872), terme technique.
3 VASE n. f. est peut-être une francisation (v. 1870) de l'allemand Wasser « eau » de même origine que l'anglais water (→ water-closets), par l'intermédiaire de l'argot savoyard, ou représente un emploi figuré de 2 vase « boue » : on relève régionalement évases « pluies qui se préparent à tomber ».
❏  En argot ancien, la vase équivaut à « l'eau », notamment « eau de pluie, de rivière ».
❏  En dérive VASER v. impers. « pleuvoir » (1878), lui aussi argotique et qui a vieilli.
VASELINE n. f. est un emprunt (1877) à l'anglo-américain vaseline forgé par R. A. Chesebrough vers 1870 et enregistré comme marque commerciale en 1872 ; le mot est composé de vas-, tiré de l'allemand Wasser « eau » (→ 3 vase), el-, du grec elaion « huile » (→ huile) et -ine.
❏  Le mot désigne une graisse minérale tirée des résidus de la distillation des pétroles de la série des paraffines, surtout utilisée en pharmacie. ◆  À côté de cet emploi technique, vaseline se dit couramment (1877) d'une pommade utilisant cette graisse. ◆  Par allusion à la pénétration sexuelle (notamment à la sodomie) l'expression sans vaseline s'emploie vulgairement pour « brutalement, sans ménagement » (attesté dans les années 1980).
❏  Le mot a fourni VASELINER v. tr. (1894 ; vaseliné, 1895) d'après l'anglais to vaseline (1891).
VASISTAS n. m. (1760) a aussi été noté wass-ist-dass (1776), puis wasistas (1784), vagistas (1786). Le mot transcrit l'allemand was ist das ? « qu'est-ce que c'est ? », question posée à travers un guichet. C'est un emprunt oral « délocutif », qui suppose un contact entre un milieu germanophone et des francophones (peut-être des militaires) suivi de l'importation du mot par l'est et le nord-est de la France.
❏  Il se dit d'un petit vantail mobile, pouvant s'ouvrir dans une porte ou une fenêtre. Sous la Révolution, le vasistas a désigné la lucarne de la guillotine.
VASODILATATEUR, -MOTEUR → 1 VASE
VASQUE n. f., apparu au XVIe s. (1548) et repris en 1826, est emprunté à l'italien vasca « bassin », du latin classique vascula, pluriel de vasculum (→ vasculaire).
❏  Le mot désigne un bassin ornemental peu profond puis, par analogie de forme (1893), une cavité dans une banquette rocheuse et (1885) une coupe large et peu profonde qui sert à décorer une table.
VASSAL, ALE, AUX n. est emprunté (1080) au latin médiéval vassalus (VIIIe s.), dérivé de vassus « serviteur », mot d'origine celtique (gauloise) représenté par le gallois gwas « jeune homme », l'irlandais foss « serviteur » et d'où viennent, outre le français, l'italien vassallo, l'espagnol vasallo, l'allemand Vassall (→ valet).
❏  Dans le système féodal, vassal désigne (1283) un homme lié personnellement à un seigneur, dit suzerain, qui lui concède la possession d'un fief. Par référence aux qualités attribuées au vassal, le mot s'est dit dès son apparition d'un jeune homme noble, vaillant et brave (1080). ◆  L'idée de « dépendance » explique qu'il ait été utilisé en ancien français pour nommer une personne à qui on adresse la parole (XIIe s.) et par extension (1530) un homme dépendant de qqn, considéré comme inférieur, plus tard pour un groupe, un pays (1831 ; État vassal).
❏  Le dérivé VASSELAGE n. m., d'abord utilisé au figuré (1080) pour « courage, bravoure », qualité considérée comme propre au bon vassal, est aujourd'hui un terme d'histoire (1530, vaisselage ; 1549 forme moderne), désignant la condition de vassal, la dépendance envers le suzerain et les obligations qu'ils contractent l'un envers l'autre, avec des syntagmes comme vasselage actif (1611), droit de vasselage (1636). Le mot, devenu historique et littéraire, s'emploie alors aussi au figuré (1835, Balzac).
■  VASSALITÉ n. f., réfection qui semble tardive (déb. XVIIIe s.) de vaussaulté (1491), se dit de la condition de dépendance du vassal envers son suzerain et, comme vassal, s'emploie aussi au figuré (1836, Balzac).
■  VASSALIQUE adj., terme d'histoire récent (XXe s.), qualifie ce qui est relatif à la vassalité, vassalitique adj. (1829) étant resté inusité.
■  VASSALISER v. tr., « asservir, rendre semblable à un vassal » (1871), a fourni VASSALISATION n. f. (XXe s. ; 1933 chez A. Gide).
VAVASSEUR n. m., réfection (1229) de vavassor (v. 1150) et vavassur (v. 1090), est une francisation du bas latin vassus vassorum, proprement « vassal des vassaux », vassorum étant le génitif de vassus. Terme d'histoire, il désigne dans le système féodal le degré inférieur de la noblesse. ◆  On a dit aussi au moyen âge vasseur (1147).
❏ voir VALET.
VASTE adj. est la réfection (1495) de wast (mil. XIIe s.), qui succède aux formes guast (1080), gast (XIIe s.), aboutissements du latin classique vastus ; sous la forme moderne (1495), il représente un emprunt. Vastus signifie « ravagé, dépeuplé, désolé » et « qui ravage », d'où par extension « inculte », « rude (à l'oreille) » et « qui s'étend au loin, immense » ; l'adjectif s'emploie ensuite comme synonyme expressif de magnus, en particulier pour qualifier des cris qui s'entendent au loin. Vastus appartient à une famille de mots indoeuropéens à w- initial exprimant l'idée de « vide, désert » (→ vain, vaquer).
❏  L'adjectif reprend en français (1080) les sens latins de « ruiné, dévasté », en parlant d'un pays, puis, passant de l'idée de destruction causée par l'homme aux effets des intempéries, « inculte, aride », aussi comme nom masculin (v. 1138, wast ; v. 1150, gast, jusqu'au XVIe s.) ; il correspond alors sémantiquement à gâter. De là les emplois en ancien français pour « privé de » (1080) et dans gaste maison « maison abandonnée » (1372) ; à la fin du XVe s. et au XVIe s., sous la forme moderne vaste, il qualifie un lieu désert, sauvage, inhabité.
Ces différents emplois ont disparu et l'on passe de l'idée de désert et de vide à celle d'étendue, déjà présente en latin. Au début du XVIIe s., vaste s'applique à une étendue très grande (1611), sens devenu dominant en français moderne. ◆  Il s'emploie aussi (1623) dans le domaine abstrait à propos de sentiments, de conceptions de l'esprit, etc., usage devenu littéraire. Il en va de même, à propos de l'esprit, de connaissances, etc., pour la valeur de « étendu dans sa portée, dans son action » (1627). ◆  L'emploi concret connaît deux spécialisations : en anatomie, muscle vaste (1611), d'où le vaste n. m. (1690) et à propos d'un vêtement ample (1666).
❏  La forme GAST est reprise (1690), encore attestée après 1750, pour désigner la partie d'une forêt où des arbres ont été abattus ; cette idée de « lieu vide » est conservée dans gâtine*.
Le dérivé VASTEMENT adv. (1440-1444) est rare.
■  VASTITÉ n. f. reprend d'abord (1517) le premier sens du dérivé latin vastitas « dévastation (d'un lieu) », puis le second, du latin impérial, « grandeur démesurée » (XVIe s.). Cet emploi est vivant, mais très littéraire.
■  VASTITUDE n. f., très littéraire lui aussi pour « immensité », est un emprunt (1546) au latin vastitudo « ravages » et « proportions énormes ».
❏ voir GÂTER, VAIN, VAQUER.
VA-T-EN-GUERRE → GUERRE
VATICANE adj. f. est tiré (1867) de Vatican, nom français de Vaticanus, en latin substantivation de l'adjectif vaticanus dans mons Vaticanus, nom d'une des sept collines de Rome. Le mot présente le suffixe -anus (Africanus, etc.) et un radical qui, selon Festus, serait celui de vates, vatis « devin » (→ vaticiner). Le mons Vaticanus aurait été pris par les Romains par divination, en excluant les augures officiels de rite étrusque, et ceci sur la rive du Tibre où la divination privée n'était pas interdite, comme dans l'Urbs. Aujourd'hui, la Vaticane, n. f. désigne la Bibliothèque vaticane.
VATICANESQUE adj. est le calque de l'italien vaticanesco, a dérivé de Vaticano. Le mot attesté en français chez Gambetta (1878) qualifie souvent de manière péjorative, ce qui vient du Vatican en tant qu'État (la politique vaticanesque) Cf. papal. ◆  VATICANISTE n., lui aussi emprunt à l'italien vaticanisto, désigne un ou une spécialiste du Vatican, de sa politique (de manière neutre, à la différence de vaticanesque).
VATICINER v. est un emprunt savant (1481) au latin classique vaticinare « prophétiser » et « être en délire, extravaguer ». Ce verbe est composé de vates « prophète » et, les prophéties étant le plus souvent rythmées, « poète », au figuré « maître dans un art » ; c'est un mot d'origine italo-celtique. Le second élément de vaticinare vient de canere, supin cantum « chanter* ».
❏  Vaticiner, rare avant le XIXe s., où il s'emploie aussi transitivement (1873), signifie « prophétiser » avec une idée d'emphase ; il est souvent employé péjorativement, dans un registre littéraire.
❏  Le participe présent a fourni VATICINANT, ANTE adj. (1948), équivalent rare de « prophétique ».
■  VATICINATEUR, TRICE n. (1512) et adj. (1546, Rabelais) est emprunté au dérivé latin vaticinator, -trix « devin, prophète », et VATICINATION n. f. (1512) « prédiction de l'avenir » au latin vaticinatio, -onis « prédiction, oracle ».
VA-TOUT → VA
VATU n. m. est tiré du nom de Vanuatu, pour désigner l'unité monétaire de cet État (→ vanuatais, aise).