VÉDA n. m. (1765), d'abord Vedam (1670), et Veidam (1756, Voltaire), est emprunté au sanskrit veda « savoir, connaissance », de vid- « savoir » qui, comme le grec idein (→ idée) et le latin videre (→ voir), se rattache à la racine indoeuropéenne °weid- « voir ». Le mot a pour synonyme au XVIIIe s. les formes Bed (1740), Beth (Moreri, 1759), de même origine, transcription d'après l'ourdou.
❏
Le mot désigne un ensemble de textes religieux et poétiques, premiers documents littéraires de l'Inde écrits en sanskrit archaïque et, par extension, chacun des recueils qui le composent. Les trois Védas sont dits « des strophes, des rites, des mélodies » (Rig-Veda, Yajur-Veda, Sâma-Veda).
❏
VÉDIQUE adj. (1842) qualifie ce qui est relatif aux Védas.
Le védique n. m. (1876) désigne la forme de sanskrit des Védas et des Brahmanas.
◈
VÉDISME n. m. (1859) se dit du brahmanisme primitif exprimé dans les Védas.
◈
VÉDISANT, ANTE adj. et n. (1939) « spécialiste du sanskrit védique » est didactique.
◈
VEDANTA ou
VEDÂNTA n. m., transcrit
vedantam au
XVIIIe s. (1740),
vedanta au début du
XIXe s. (1825), est emprunté au sanskrit, où il est l'abréviation de
vedānta mīmāmsā « recherche sur la fin
(anta) du Veda ». C'est le nom d'une des six philosophies hindoues, fondée sur les Upanishads, et visant la connaissance du brahman, de l'ātman et de la délivrance.
VEDETTE n. f. est un emprunt (1573) à l'italien vedetta « lieu élevé pour observer » (XVe s.), par exemple dans stare alla vedetta « observer » ; ce mot résulte peut-être d'un croisement de veletta, diminutif de vela « petite voile en haut du grand mât » (→ 2 voile) et de vedere « voir* » (→ belvédère) ; il pourrait aussi venir de l'espagnol veleta « girouette » (Cf. portugais veleta), dérivé de velar « monter la garde », issu du latin vigilare (→ vigilant).
❏
Le mot apparaît dans
être en vedette « en sentinelle », et désigne (1584) un soldat en sentinelle ; il s'est appliqué d'abord à une tourelle sur un rempart servant de guérite aux sentinelles, sens encore relevé à la fin du
XIXe siècle.
◆
C'est ensuite l'idée d'être en vue qui est retenue dans
mettre (un nom, un titre, etc.) en vedette « détacher en gros caractères » (1786) ; de là vient l'emploi de
en vedette au théâtre pour « avoir son nom en gros caractères », aussi dans
occuper la vedette (1826). Puis,
en vedette s'emploie au figuré (1855) pour « de façon à attirer l'attention ».
■
Dans le domaine militaire, se rapprochant de sa première valeur, vedette désigne un petit navire de guerre placé en observation (1828), d'où, sans idée d'observation, une petite embarcation automobile rapide (1901).
■
À partir de l'emploi au théâtre (occuper la vedette), le mot se dit couramment par métonymie (fin XIXe s.) en parlant d'un artiste qui a la vedette, et par extension qui jouit d'une grande renommée (Cf. étoile, star), puis dans n'importe quel domaine d'une personne très connue (1919), parfois ironiquement.
■
En apposition, vedette correspond à « qui est en vedette », par exemple dans terme vedette « mot servant d'entrée dans un dictionnaire ».
❏
De l'emploi du mot dans le domaine du spectacle (une vedette) viennent plusieurs dérivés, comme VEDETTISME n. m. (v. 1950), VEDETTISATION n. f. (v. 1970), mais seul VEDETTARIAT n. m. (1947), « système qui repose sur les vedettes », formé sur le modèle des dérivés en -ariat (de mots en -aire), est courant. Ces mots peuvent concurrencer l'anglicisme star system.
VÉGÉTAL, ALE, AUX n. et adj. est un emprunt (v. 1560, Paré, n. m.) au latin médiéval vegetalis, dérivé du bas latin vegetare (Ve s.) « croître » ; en latin impérial, le verbe signifiait « animer, vivifier ». Il est dérivé du latin classique vegetus « vif, animé, vigoureux », lui-même de vegere « animer », « donner la force », verbe archaïque que l'on rapproche de vigere « être vigoureux » (→ vigueur). De vegetare avait été dérivé en latin classique vegetabilis « vivifiant », emprunté en français sous la forme végétable, adj. « qui peut végéter » (une fois au XIIIe s., repris en 1552), conservé jusqu'à la fin du XIXe s., et n. m. pl. pour « végétaux » (v. 1560), encore dans l'Encyclopédie (1765).
❏
Végétal, d'abord nom masculin, désigne tout être vivant caractérisé, par rapport aux animaux, par une sensibilité et une motilité plus faibles ou absentes.
■
L'adjectif, attesté au début du XVIIe s., s'est appliqué (1611) à ce qui donne la croissance à une plante ; il prend ensuite le sens de « qui provient de végétaux » (1625 ; 1687, sel végétal), par exemple dans terre végétale (1749) et qualifie ce qui est relatif aux végétaux (1701).
◆
L'adjectif s'applique figurément (1832, Balzac) à ce qui semble réduit aux seules fonctions de la vie organique (Cf. végétatif).
❏
VÉGÉTALISME n. m. a disparu au sens de « conversion en végétal » (1836) et a été supplanté au sens d'« alimentation végétale » par
végétarisme* (1890), sauf dans la terminologie qui oppose végétalisme strict et végétarisme.
◈
VÉGÉTER v. intr. est un emprunt (1375) au latin impérial
vegetare « animer, vivifier ». Le verbe s'est d'abord employé au sens général de « se développer » en parlant d'un être vivant (1530, d'une plante), puis comme transitif (1486) pour « donner force et vigueur à (un être vivant) », emploi disparu.
◆
Par analogie de forme, il a signifié « prendre une forme arborescente » en parlant de métaux attaqués par un acide (1677).
■
La valeur du verbe se modifie au début du XVIIIe s. et c'est l'absence de motilité et de sensibilité des végétaux qui est alors la notion retenue ; végéter signifie par figure (1718) « mener une vie inerte et sans émotions », d'où en parlant d'une plante « pousser difficilement » (1813) et d'une personne « rester dans la misère, dans une situation médiocre » (1783). B. Constant emploie en ce sens le dérivé en -ailler végétailler v. intr. (Cf. vivoter).
◈
VÉGÉTATION n. f., emprunt (1525) au dérivé bas latin
vegetatio « animation », signifie d'abord « vie des végétaux, fait de pousser ». Cet emploi est rare.
◆
Par analogie, le mot se dit (1692) d'une disposition naturelle (comme la cristallisation) qui reproduit des formes végétales.
◆
Par métonymie du sens initial (1749), il désigne l'ensemble des végétaux, des plantes qui poussent dans un lieu, puis ceux qui sont distribués à la surface du globe. Par figure (1788), le mot s'est dit de l'état d'une personne qui végète, sens disparu.
■
Par analogie, végétation, surtout au pluriel, est employé en médecine (1806) désignant un papillome de la peau ou des muqueuses qui a un aspect bourgeonnant, spécialement (1914) à propos des végétations adénoïdes appelées absolument végétations (faire opérer un enfant des végétations).
◈
Le participe présent a fourni
VÉGÉTANT, ANTE adj. « qui fait pousser les plantes » (1580) puis « qui vit en tant que végétal » (1690). L'adjectif s'emploie aussi au figuré (fin
XIXe s.) et en médecine.
◈
VÉGÉTATIF, IVE adj. est emprunté au latin médiéval
vegetativus « qui fait vivre les plantes », dérivé de
vegetare.
◆
Il reprend le sens et les emplois didactiques du latin médiéval, par exemple dans
âme végétative (v. 1265),
faculté végétative (1636),
principe végétatif (1812), aujourd'hui sortis d'usage.
◆
Appliqué à ce qui concerne la vie des plantes (1611), l'adjectif a vieilli, sauf dans quelques syntagmes
(multiplication végétative).
◆
Il s'emploie au figuré depuis le
XVIIIe s. (1778, J.-J. Rousseau), qualifiant une personne qui végète, reste inactive.
◆
Au début du
XIXe s., il signifie en physiologie « qui concerne les fonctions vitales communes aux végétaux et aux animaux » ; sorti d'usage en ce sens, il s'applique aujourd'hui à ce qui concerne les fonctions physiologiques contrôlées par le système nerveux autonome, dit
NEUROVÉGÉTATIF, IVE adj. (att. 1925).
■
L'adverbe VÉGÉTATIVEMENT est didactique (mil. XXe s.) à propos de la reproduction.
◈
VÉGÉTARIEN, IENNE est un emprunt, d'abord comme adjectif (1873, Th. Hahn) puis comme nom (1875), à l'anglais
vegetarian (1842), formé de la contraction de
veget[able] « légume », lui-même de l'ancien français
vegetable (→ végétal) et du suffixe
-arian, d'après les noms de sectes religieuses.
Vegetarian devrait son succès à la
Vegetarian Society, fondée en 1847.
■
En français, le mot a été précédé par légumiste (1867 en ce sens). Végétarien s'applique à une personne qui ne mange que des produits végétaux ou qui ne mange pas la chair des animaux.
■
Le dérivé VÉGÉTARISME n. m., d'après l'anglais vegetarism, apparaît dans la traduction d'un titre de F. W. Dock (1878), et a remplacé végétarianisme n. m. (1877). Le mot se dit d'une doctrine qui exclut la viande de l'alimentation, mais permet certains sous-produits du règne animal (lait, beurre, œufs, miel), à la différence du végétalisme strict. Le plus souvent, on emploie végétarisme avec ces deux acceptions.
VÉHÉMENT, ENTE adj., d'abord veement (1119) puis vehement (v. 1170), est emprunté au latin classique vehemens, -entis « emporté, violent », en parlant de personnes ou de choses ; le mot vient peut-être de ve-mens, avec ve-, particule privative ou péjorative que l'on retrouve dans quelques composés (→ vésanie), et mens « esprit, intelligence » (→ dément). Cette particule serait d'ailleurs identique au grec ou (→ utopie). Par étymologie populaire, il y a eu rapprochement avec le radical de vehere « transporter » (→ véhicule), la violence impliquant l'idée de « mouvement ». Meillet évoque un rapport possible avec vexare (→ vexer).
❏
Cet adjectif reprend le sens du latin, en parlant de sentiments (1119), d'un discours, d'une voix (fin XIVe s.), de personnes (v. 1480), etc., le sens évoluant vers l'idée de l'expression animée de sentiments vifs, parfois avec l'idée de conviction.
◆
À propos de choses concrètes (1573), l'emploi pour « violent, très vif » est devenu archaïque du fait de cette évolution et le mot serait senti aujourd'hui comme métaphorique de la valeur rhétorique mentionnée ci-dessus.
❏
L'adverbe dérivé,
VÉHÉMENTEMENT, est sorti d'usage dans l'emploi juridique (1363,
veesmentement) au sens de « fortement », et est littéraire (1552) pour « passionnément ».
◈
VÉHÉMENCE n. f. est emprunté (1491) au dérivé latin
vehementia et s'emploie encore, dans un usage littéraire, au sens initial de « force impétueuse (des sentiments, de l'expression) » qui correspond à
véhément. Le sens concret (déb.
XVIIe s.) de « force, violence (d'un agent physique : vent, etc.) » a vieilli comme pour l'adjectif.
VÉHICULE n. m. est emprunté (1538) au latin classique vehiculum, dérivé de vehere « transporter (par terre ou par mer) », « porter sur ses épaules » et aussi « se faire transporter » (→ vecteur, voiture). Ce verbe a des correspondants dans le sanskrit váhati « il transporte en char », l'avestique vazaiti, le vieux slave vezǫ, etc. ; il se rattache à une racine indoeuropéenne °wegh- « se déplacer, tirer », également à la base du latin via (→ voie) et de substantifs germaniques (→ wagon, tramway).
❏
Introduit en pharmacie, le nom désigne un excipient liquide, puis en médecine (1561) ce qui sert à faire passer d'un lieu à un autre, d'abord en parlant du sang.
◆
Il s'emploie parallèlement (1551) avec la valeur générale et concrète d'« engin servant au transport », aujourd'hui courant seulement en parlant des engins terrestres, alors que la notion abstraite recouvre les transports par eau et par air, d'où véhicule spatial.
◆
À partir du XVIIe s., le mot se spécialise : dans un contexte abstrait, il se dit (v. 1660) de ce qui sert à communiquer (le langage, véhicule de la pensée). Concrètement, par reprise de la valeur initiale, il désigne en peinture (1812) un dissolvant des couleurs, et en physique (1694) ce qui sert à transmettre la lumière, acception disparue.
◆
En histoire des religions, le nom, à propos du bouddhisme, équivaut (1849) à « voie du salut », spécialement dans Grand véhicule, qui s'applique au bouddhisme indien initial (Mahâyâna) et Petit véhicule, à la première tradition bouddhique (Hinâyâna). Véhicule traduit alors le sanskrit yâna.
❏
Le dérivé
VÉHICULER v. tr. « transporter » (1835), usité au propre et au figuré (1916), est employé en français d'Afrique dans
être véhiculé « disposer d'un moyen de transport ».
■
VÉHICULAIRE adj., d'abord « relatif aux moyens de transport » (1842), est surtout utilisé aujourd'hui dans langue véhiculaire (1905), « servant aux communications entre des peuples de langues différentes », souvent opposé à vernaculaire.
L +
VEILLE n. f. est issu par évolution phonétique (v. 1145) du latin classique vigilia « veille » (→ vigile), souvent au pluriel, la nuit romaine se divisant en quatre « veilles », et aussi « vigilance ». Le nom est dérivé de vigere « être bien vivant », « être vigoureux », « être éveillé » ; ce verbe est un doublet de vegere (→ végéter), l'i est sans doute une variation de caractère expressif. Il a pour correspondants dans les langues germaniques : le gotique wakan « veiller », le francique °wahton (→ guetter ; Cf. l'allemand wachen, l'anglais to wake, etc.), le vieil islandais vakr « éveiller ».
❏
Le mot désigne le fait de rester éveillé pendant le temps normalement destiné au sommeil, ce moment sans sommeil étant le plus souvent consacré à une occupation (dans les premières attestations, à la prière). Puis
veille s'applique à une soirée passée en commun (v. 1240,
veile), remplacé plus tard par
1 veillée.
◆
Parallèlement, le mot s'est employé au sens de « jour précédant une fête religieuse, passé en veilles et en prières » (1172-1174).
◆
Ces deux valeurs se développent, le mot se disant, d'après la première, de l'action de guetter, de surveiller (1373,
velle) et de la garde qui se fait pendant la nuit (1596) comme dans l'ancien provençal
veylla « sentinelle » (v. 1280). Ce sens demeure dans quelques expressions, avec l'idée de « surveillance », comme
prendre la veille, et
homme de veille, en marine.
◆
Au pluriel,
les veilles a désigné (1553) une grande et longue application donnée à l'étude, sens disparu ou compris au sens moderne de « fait de rester éveillé ».
Du sens de « jour précédant une fête », le mot passe au XVIe s., hors d'un contexte religieux, à la valeur de « jour qui précède celui dont il est question » (1537), d'où à la veille de (un événement) [1599].
◆
Au XVIIe s. (1636), dans le sens d'« état d'une personne qui ne dort pas », opposé à sommeil, veille s'emploie dans plusieurs expressions liées à la première valeur (1680, lit de veille, chandelle de veille). Veille des armes, expression enregistrée tard (1732), a désigné la nuit passée à veiller, avant d'être armé chevalier et a été remplacé par 2 veillée.
Après la spécialisation, datant du XVIe s., pour « garde continue, garde de nuit », le mot veille entre dans le tour ...de veille qualifiant une personne ou un dispositif chargé d'une surveillance (par exemple, radar de veille). Dans le domaine techno-industriel et commercial, veille s'emploie (2e moitié du XXe s.) pour « recherche et traitement d'informations nécessaires au fonctionnement et à la politique d'une entreprise, d'un organisme, dans plusieurs domaines, technique, commercial, financier, etc. ». Cette valeur, mêlée à celle où veille s'oppose à sommeil, et connote une activité vigilante, donne lieu, en électronique et en informatique à la notion de mode veille « mode qui permet de réduire la consommation d'un appareil, d'un ordinateur, en laissant le dispositif sous tension » (pour un ordinateur, en suspendant l'alimentation de l'écran). Au figuré, être, se mettre en mode veille « en attente, sans agir mais en étant capable de réagir » (années 2000).
❏
Le dérivé
1 VEILLÉE n. f. se dit (1292,
veilliee ; forme moderne, 1616) comme la variante
veillerie (1279) en ancien français, d'une soirée passée en commun pour travailler, causer, surtout dans le monde rural, sens encore très vivant au
XIXe s. et au début du
XXe s., où il est associé à des activités de divertissement traditionnelles : cartes, chansons, etc., aujourd'hui recueillies et étudiées par les folkloristes parmi les traditions populaires. En français du Maghreb, la
veillée du quarantième jour est une réunion de la famille et des proches, quarante jours après un décès.
◆
Le mot a désigné par métonymie un ouvrage fait pendant la veillée (1636) et le lieu où l'on veille (1680).
■
1 VEILLER v. tr., « faire la veillée » (1690), a vieilli plus vite que veillée.
◆
En dérive 1 VEILLEUR, EUSE n., encore régionalement employé au XIXe siècle.
◈
Le composé
SURVEILLE n. f. (1395), réfection de
serveille (v. 1170),
sorveille (1190), est vieilli ou régional pour désigner le jour avant la veille, alors que
AVANT-VEILLE n. f. (
XIIIe s.) reste usuel dans ce sens.
L
2 VEILLER v. est issu du latin classique vigilare « être éveillé », « être sur ses gardes, être attentif » et « entourer de veilles, de soins », dérivé de vigilia (→ veille).
❏
Le verbe, attesté d'abord sous la forme
veillier (v. 1120), a eu une évolution partiellement analogue à celle de
veille, l'idée de « surveillance » s'étant développée autrement.
Veiller a signifié dans ses premiers emplois « être dans l'état de veille » (v. 1120), « ne pas dormir pendant le temps destiné au sommeil », en particulier pour « être de garde » (v. 1180). Le verbe correspondait aussi en ancien français à « se réveiller » (v. 1200, écrit
veillier). En français de France, le verbe, en ce sens, correspond à « ne pas aller se coucher », alors qu'au Québec, il s'emploie pour « passer la soirée avec d'autres »
(veiller chez des amis).
◆
De la première acception vient en fauconnerie
veiller un oiseau « l'empêcher de dormir pour mieux le dresser » (v. 1375). Cette valeur technique a disparu.
Veiller, dans l'usage général, se dit pour « passer la nuit auprès de (un mort) » (1409) ; on dit aussi
veiller un malade (1465).
◆
Par ailleurs, de l'idée de « garde », on passe à « être sur ses gardes » (v. 1190), sens disparu, et à
veiller à qqn employé pour « prendre attention à ce qu'il fait » (pour le protéger, etc.) [1440-1475], remplacé au
XVIe s. par
veiller sur qqn (1553).
Veiller sur qqch. « faire attention à qqch. » (1538) a vieilli, et l'emploi transitif
veiller qqn (1580), « surveiller », ne s'est employé que jusqu'au
XIXe siècle. L'emploi moderne usuel, avec un complément nom de chose, est
veiller à.
◆
L'idée d'« attention vigilante » demeure dans
veiller son tour « attendre son tour », en français de la Réunion.
◆
Se veiller v. pron. s'emploie en français de Savoie et de Suisse (attesté en 1820) pour « faire attention ».
■
2 VEILLÉE n. f., dérivé du verbe, signifie d'abord « état de veille » (1580, Montaigne), puis désigne la nuit pendant laquelle on veille (1606), spécialement pour garder un malade (1690) ou près d'un mort (veillée funèbre).
◆
Veillée des armes, qui évoque après veille des armes la préparation morale du chevalier avant l'adoubement, s'emploie (1904) dans un contexte militaire ; sous la forme veillée d'armes en français moderne (1871 chez Zola), il correspond au figuré au sens de « préparation morale à une épreuve » (XXe s.).
■
2 VEILLEUR, EUSE adj. désigne (1355, n. m.) un soldat de garde, d'où la locution courante veilleur de nuit (ou simplement veilleur) [1832]. Le mot est rare pour « personne qui ne dort pas la nuit » (XVe s., hapax, puis 1645, Scarron), plus tard remplacé par insomniaque, et il est sorti d'usage au sens de « personne qui veille un mort (1701) ou un malade ».
■
VEILLEUSE n. f. s'est spécialisé ; le mot s'est dit (XVIIe s.) d'un canapé à dossier de fond et à dossier latéral et aussi (1762) d'une petite lampe qu'on laisse allumée la nuit, emploi beaucoup plus courant, l'objet désigné changeant de nature, de la lampe à huile à la lampe électrique. De là mettre (une lampe) en veilleuse, mise en veilleuse (1894), au figuré à propos d'un projet, etc. (1931), et être en veilleuse « avoir une activité réduite » (1935), le mettre en veilleuse « se taire, s'abstenir ». Par métonymie, veilleuse s'est dit (1835) de la petite mèche qui flotte sur l'huile d'une veilleuse.
◆
En botanique, veilleuse désigne (1842) le colchique d'automne, aussi nommé VEILLOTTE n. f. (1872), soit parce qu'il fleurit à l'époque des veillées, soit parce qu'il résiste au froid de la nuit.
Le préfixé
SURVEILLER v. tr. s'emploie au sens de « contrôler, observer avec attention » (1586) ; la construction
surveiller à qqch., « veiller particulièrement sur qqch. » (1680), a été usitée jusqu'au
XIXe siècle. Le verbe s'est spécialisé dans les domaines policier et militaire (1789) ; par ailleurs, il s'emploie couramment pour « être attentif à » (1904, R. Rolland).
◆
Se surveiller « surveiller son propre comportement » est attesté dès le
XVIe s.
■
Le verbe a fourni SURVEILLANT, ANTE n. qui désigne (1535) la personne qui veille sur qqn ou qqch. Le mot, aussi adjectif au XVIe s. (1587), s'employait spécialement (XVIIe s.) en parlant des ecclésiastiques puis se dit d'un gardien de prison, d'une personne chargée de la discipline dans un établissement scolaire (1875), d'où surveillant général (1889), abrégé dans l'argot scolaire en surgé n. m. ou surjé, dénomination remplacée officiellement en 1970 par conseiller d'éducation.
■
SURVEILLANCE n. f., « action de surveiller » (1768), se dit aussi de la situation d'une personne surveillée (1872, en surveillance). Comme surveillant, le mot a des emplois spéciaux.
❏ voir
ÉVEILLER (et RÉVEILLER), VIGIE, VIGILANCE, VIGILE.
L
VEINE n. f. est issu (XIIe s.) du latin classique vena, qui désigne toute espèce de conduit, filet d'eau, filon de métal, etc. Le mot est employé notamment en anatomie pour « conduit sanguin », équivalant au pluriel à « pouls », et également pour tout objet ressemblant par sa forme à une veine (veine du bois, du marbre, etc.). Les veines du sang étaient considérées comme le siège de la vie et vena se disait au figuré pour « inspiration poétique » et « fond d'une chose ». L'origine du mot latin n'est pas éclaircie.
❏
Veine, écrit aussi
voine (v. 1130),
vaine (du
XIIIe au déb. du
XVIIIe s.) et
vène (1562, jusqu'à la fin du
XVIIe s.), reprend d'abord en anatomie le sens latin de « vaisseau », d'où
orinal voine « trachée » (v. 1130), et « vaisseau contenant le sang » :
maistre vene « aorte » (v. 1200), encore au
XVIIe siècle.
■
Par figure, il s'est employé pour « famille, lignée » (1212-1214), en particulier dans des locutions comme être de grosse veine « d'une famille très noble » (v. 1250), opposé à être de male [mauvaise] veine (XIIIe s.).
◆
Il reprend également le sens figuré du latin, « inspiration (de l'artiste) » (v. 1165), acception toujours en usage dans un style soutenu.
■
Les veines (XIIIe s.) pour « vaisseaux sanguins » (comprenant artères et veines) correspond dans des locutions au sang, symbole de la vie ; certaines ont disparu comme tirer qqch. des veines de son père « hériter qqch. par naissance » (1440-1475), mais beaucoup restent dans la langue courante : avoir son sang glacé dans les veines (XVIIe s., au XVIe s. le sang me gèle dans les veines), ou dans l'usage littéraire (quelque peu archaïque) avoir le sang qui bout dans les veines (1624), avoir du feu (XVIIIe s.), du sang dans les veines, ne pas avoir de sang dans les veines (1798).
■
Le concept moderne correspond, après la découverte de la circulation du sang, à la répartition des fonctions entre veines et artères (→ artère).
■
D'après un autre sens du latin, veine désigne (v. 1230, vaine) un filon (d'un minéral) dans une roche ; il s'est dit pour « couche de terre » (v. 1265) et « filet d'eau souterrain, conduit d'une source » (1155), autres latinismes sortis d'usage.
◆
Par ailleurs, veine se dit par analogie (1607) d'un dessin coloré, mince et sinueux dans le bois, les pierres et, en botanique (1636), d'une nervure saillante, dès le XIIe s. d'une raie dans une pierre précieuse.
De l'idée d'inspiration vient un double sémantisme : « bonne disposition » et « chance ». Le sens de « (bonne) disposition à l'égard de qqn » se manifeste dans
être tochié (d'une) veine (v. 1165),
être pris en bonne voine « être bien disposé » (v. 1240),
n'avoir veine qui y tende « n'avoir aucune inclination pour » (1611), puis
veine d'esprit « heureuse disposition de l'esprit » (1636). Tous ces emplois ont disparu après la période classique. Seule est encore usitée l'expression
être en veine de « être disposé à » (1798).
■
L'idée de « chance » domine dans avoir aucune veine « avoir de la chance » (mil. XIVe s.), être tombé sur une bonne veine (1740) « avoir été favorisé par la chance », sortis d'usage, puis être en veine « avoir de la chance au jeu » (1801), et en général « avoir de la chance » (1872), toujours en usage.
◆
Veine correspond familièrement à « bonne chance » (1875), d'où avoir de la veine (1894) et veine de cocu « bonheur au jeu » (1879) ; → veinard.
❏
Plusieurs dérivés sont liés au sens propre du nom et à ses emplois analogiques.
■
VEINEUX, EUSE adj. signifie « qui a rapport aux veines (et aux artères) » (1549) puis (2e moitié XVIIe s.) aux veines opposées aux artères (sang veineux).
◆
Le mot s'applique au bois, aux pierres (1553) et s'emploie en botanique (1804).
◆
De cet adjectif dans son premier sens, vient INTRAVEINEUX, EUSE adj. (1877) qui se dit surtout des piqûres.
◆
VEINOTONIQUE adj. formé sur tonique (attesté en 1983) se dit de ce qui augmente la tonicité des parois veineuses. Il est substantivé (n. m.) pour « substance veinotonique ».
◈
Le verbe
1 VEINER « saigner (en piquant une veine) » (1587) a disparu.
◆
VEINÉ, ÉE adj., d'abord « rempli de veines » (1611), s'emploie en parlant du bois, etc. (1690), en botanique (1798), à propos de la peau (1830) et d'un gisement (1769).
■
Le dérivé 2 VEINER v. tr. signifie (fin XVIIIe s.) « imiter (par des dessins) les veines du bois, du marbre ».
■
VEINAGE n. m. (1857) et VEINURE n. f. (début XXe s. : 1913, Proust) s'emploient aussi dans ce contexte.
◈
VEINETTE n. f., réfection (1611) de
veinete (av. 1150) puis
vainette (1531), est rare pour « petite veine ».
◆
Comme terme technique, le mot désigne (1876) une brosse employée par les peintres pour veiner le faux bois, le faux marbre.
■
VEINULE n. f. (XIIIe s. ; aussi venule, 1615), « petit vaisseau veineux », est aussi un terme de botanique (1817), d'où VEINULÉ, ÉE adj. (XXe s.).
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VÉNOSITÉ n. f., formé savamment à partir du radical du latin
vena, a signifié « surabondance du sang dans les veines » (1855) et « schéma des veines dans un organe » (1873).
◆
Le mot désigne aussi (
XXe s.) une petite veine visible à travers la peau.
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De
veine « chance », viennent le dérivé
VEINARD, ARDE adj. et n. (1854,
vénard) « chanceux », très courant jusqu'au milieu du
XXe siècle, puis en léger déclin par rapport aux nombreux synonymes (mil.
XXe s.) et le composé
DÉVEINE n. f. (1857) « manque de chance, malchance », dont le dérivé
DÉVEINARD, ARDE adj. et n. (1874) n'est plus employé.
❏ voir
VENELLE.
VÉL-, VÉLI-,premier élément tiré du latin classique velum, qui a donné velum* et 1 et 2 voile*, entre dans la composition de quelques mots.
❏
VÉLIQUE adj., terme de marine, s'est d'abord employé dans
point vélique (1727), appelé aussi
centre vélique (1872), « centre de voilure ». Il signifie en général « qui appartient aux voiles » (1842).
■
VÉLIFORME adj., didactique (v. 1887), s'applique à ce qui est en forme de voile.
◈
VÉLIVOLE adj. est un emprunt (av. 1841, Chateaubriand) au latin
velivolus « qui vole, qui va vite », formé de
velum et de
volus, dérivé de
volere (→ 1 voler).
◆
Littéraire au sens de « que sa voile fait voler sur l'eau », le mot est didactique lorsqu'il s'applique à ce qui est relatif au vol à voile. Il a aussi été substantivé pour « appareil de vol à voile » (1932).
◈
VÉLAIRE adj., dérivé savant (1874) du radical du latin classique
velum « voile (du palais) », se dit en phonétique d'une consonne articulée avec le dos de la langue contre le voile du palais ou s'en approchant, par exemple
[k] dans
cou.
◆
En dérivent
VÉLARISATION n. f. (1910) et
VÉLARISER v. tr. (1910).
◈
Enfin
VÉLIPLANCHISTE n., formation hybride et récente (1980 dans la presse), est formé sur
planche (à voile) et le suffixe
-iste.
VÉLANI n. m., d'abord transcrit vélanie (1553), puis apposition ou adj. dans chêne vélani (1807), et nom en 1811, est pris au grec médiéval belanea ou balania désignant l'arbre, du grec classique balanos « gland » et « chêne ». Il désigne la variété de chêne dont le gland a des cupules écailleuses (→ vélanède).
❏
VÉLANÈDE n. f. (1828), d'abord sous la forme valanède (1723), est pris au grec moderne belanidi ou balanidi, déjà transcrit valagnida en français au XVIe s. Le mot grec est dérivé du grec classique balanos « gland » et « chêne ». Le mot désigne la cupule du gland du chêne vélani (ci-dessus), qui était employée en tannerie, en teinturerie.
VELCHE ou WELCHE n. m., attesté en 1758, est emprunté à l'allemand Welsch « latin, romain », en moyen allemand walhisch, du latin classique gallicus « gaulois » (→ gallicisme) ; walhisch avait été emprunté en moyen français dans perdre son walesch « ne pas arriver au bout de sa pensée ».
❏
Velche était un nom de mépris que les Allemands donnaient aux Français. Le mot a été employé comme synonyme de celte (1764, Voltaire) et au figuré pour « homme ignorant » (1812). La graphie welche est attestée en 1876 pour les deux sens.
◆
En français de Suisse, la forme écrite dominante est welsch, welsche, au sens de « suisse romand » (voir cette forme).
❏ voir
GALLO-, GALLOIS, GAULOIS, WALLON, WELSCH.
VELCRO n. m. est un nom de marque déposée (licence française de 1958 à 1970) pour une matière inventée en 1907 par l'ingénieur suisse Georges de Mestral ; ce nom est un mot-valise formé de velours et de crochet. Cette matière consiste en deux tissus présentant en surface des boucles et des barbules qui s'accrochent pour former une fermeture par application. Hors du domaine juridique de la marque (rachetée en 1970 par une société étatsunienne), il faut employer un nom générique, comme autoagrippant, mais le mot velcro, tout comme fermeture éclair ou frigidaire, est d'usage courant, au moins en français de France.
VÉLIE n. f. est la francisation (1804, Latreille) du latin zoologique velia n. m., de la famille de velox (→ véloce), pour dénommer un insecte hémiptère aquatique, qui se déplace très rapidement à la surface de l'eau (noms courants : araignée d'eau, puce d'eau).
VÉLIN n. m. (1664), d'abord velin (1360), est la réfection de veeslin (une fois au XIIIe s.), puis veelin (apr. 1250), dérivé de veel, forme ancienne de veau*.
❏
VÉLIN, INE adj. a signifié « de veau » (1415), emploi disparu.
◆
Substantivé,
VÉLIN n. m. désigne un parchemin fait de peau de veau mort-né ; on trouve aussi
peau de vélin (1694).
◆
Par analogie (idée de « finesse »),
vélin s'est dit (1723) d'une espèce de dentelle d'Alençon, appelée aussi
point royal.
◆
Papier vélin (1798) ou
vélin (1811) désigne un papier qui imite la blancheur et l'uni du vélin.
■
Par reprise de l'adjectif, toile véline (1869) ou, par apposition du nom masculin, toile vélin (1904), se dit d'une toile métallique pour estamper le filigrane des billets de banque.
VÉLIQUE adj. est un dérivé didactique du latin velum « voile » (→ vélum) signifiant en principe « relatif aux voiles » (1727) mais qui n'est guère employé que dans l'expression point vélique, pour le point d'application de la résultante des forces exercées par le vent sur une voile (on dit aussi centre de voilure).
VÉLITE n. m. est un emprunt, altéré en velitres en ancien français (1213), au latin veles, velitis « soldat d'infanterie légère, chargé de harceler les troupes ennemies ». Ce mot d'histoire romaine a été repris sous le premier Empire (1812) pour un corps de chasseurs à pied ; puis en 1942-1943, pour les fantassins des corps francs d'Afrique.
◆
Le rapport étymologique établi par les Latins avec velox (→ véloce) et vehere (→ véhicule) n'est pas assuré.
VELLÉITÉ n. f. est un emprunt (v. 1600, François de Sales) au latin médiéval velleitas « velléité », dérivé de velle « vouloir* ».
❏
Le mot est sorti d'usage au sens de « désir faible », autrefois courant et employé en philosophie (1703, Leibniz). Il se dit d'une intention qui n'aboutit pas à une décision (XVIIIe s., Voltaire) et, au figuré, d'une faible esquisse (1834).
❏
En dérive VELLÉITAIRE adj. et n. (1894), usuel pour décrire les hésitations de comportement d'une personne qui n'est pas capable de réaliser des volontés par ailleurs affirmées.
+
VÉLOCE adj. est emprunté longtemps après vélocité (ci-dessous) (1505) au latin classique velox, velocis « rapide, vif, agile », d'un dérivé indoeuropéen °weg-s-los appartenant au groupe de vegere (→ végéter).
❏
L'adjectif est aujourd'hui littéraire au sens général de « rapide, agile » (1505).
◆
Il s'est appliqué en astronomie à une planète dont le mouvement est rapide ; ce sens a disparu.
❏
Le dérivé
VÉLOCEMENT adv. est archaïque, ainsi que l'ancien adjectif
VÉLOCISSIME, emprunté (v. 1300) au superlatif de l'italien
veloce.
◈
VÉLOCITÉ n. f., emprunt (v. 1270) au dérivé latin classique
velocitas « agilité à la course », « vitesse » au propre et au figuré, est littéraire au sens du latin mais est devenu courant (1885) pour parler de la vitesse, de l'agilité dans le jeu d'un instrument de musique ; il s'emploie aussi dans un contexte abstrait.
◈
VÉLOCI-, premier élément tiré de
véloce, entre dans la composition de termes didactiques.
◆
VÉLOCIMÈTRE n. m., formé avec
-mètre*, désigne (1878) un appareil qui mesure les pressions exercées dans le canon d'une arme à feu, en fonction de la vitesse du recul, après son emploi en marine (1856) pour la mesure du sillage d'un navire.
◆
VÉLOCIMÉTRIE n. f. (1970), de
-métrie*, se dit de la mesure du paramètre de la vitesse, caractérisant l'état dynamique d'un système sans le perturber.
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Mais le composé devenu le plus usuel après aphérèse est
VÉLOCIPÈDE n. m., composé (1804) de
véloci-, tiré de
véloce, et de l'élément
-pède*. Vélocipède a successivement désigné une voiture rapide, tirée par des chevaux (1804), nommée aussi
VÉLOCIFÈRE n. m. (1803 ; de
-fère), le conducteur de ce véhicule (1808), puis un coureur à pied (1826). Ces acceptions ont disparu par la concurrence d'une autre valeur (1818), correspondant à un appareil de locomotion formé d'un siège monté sur 2 ou 3 roues, et mû par l'appui des pieds sur le sol. Ce véhicule, amélioration du
célérifère et de la
draisienne, a été plus tard muni de pédales montées sur l'axe de la roue.
■
Vélocipède a fourni plusieurs dérivés, sortis d'usage ou vieillis : VÉLOCIPÉDIE n. f. (1863), synonyme de VÉLOCIPÉDISME n. m. (1892), ont été tous deux remplacés par cyclisme*.
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VÉLOCIPÉDISTE n. (1868), variante vélocipédeur, (1867), a lui aussi cédé devant cycliste.
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VÉLOCIPÉDIQUE adj. (1869), variante vélocipédien, ienne (1867), est archaïque et enfin VÉLOCIPÉDER v. intr. (1872), complètement sorti d'usage.
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Vélocipède a d'abord été abrégé en
2 VÉLOCE n. m. (1869, F. Sarcey), mot à la mode à la fin du
XIXe s., qui a fourni le composé
VÉLOCE-CLUB n. m. (1869) et plusieurs dérivés disparus, tous attestés en même temps que
véloce (v. 1870)
VÉLOCÉEN, ENNE adj., VÉLOCEMAN n. m. et
VÉLOCEWOMAN n. f. « homme et femme faisant du “véloce” », éliminés par
cycliste, VÉLOCER v. intr. « faire du véloce ».
■
Une nouvelle abréviation aboutit à vélo n. m., d'abord dans le composé VÉLO-CLUB (1869), puis pour désigner le fait de rouler à bicyclette (1877, VÉLO-SPORT, disparu).
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VÉLO n. m., seul demeuré vivant dans cette série, est attesté en 1879 et supplante
véloce vers 1885 à Paris ; on relève encore
véloce en 1893 dans le sud de la France.
Vélo fonctionne comme synonyme familier et très courant de
bicyclette, et se dit par métonymie pour « pratique, sport de la bicyclette »
(faire du vélo). Le mot a reçu récemment des emplois figurés (
avoir un petit vélo dans la tête, etc.).
◆
À la fin des années 1980, l'engouement pour le
vélo tout-terrain rend très courant le sigle
V. T. T.
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Les significations dérivées de vélocipède ou de véloce ont été reprises par des dérivés de cycle*.
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La locution figurée et populaire faire un vélo de qqch. « grossir, exagérer » fait partie d'une série de synonymes (faire une montagne, un fromage...).
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L'expression avoir un vélo, un petit vélo dans la tête (ou dans la cafetière, Boudard, 1963) correspond à « être un peu dérangé ».
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Vélo n'a fourni que VÉLOCISTE n. (1968), désignant un spécialiste de la réparation et de la vente des cycles, mais il entre dans plusieurs composés.
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VÉLODROME n. m. (1879) de -drome*, désigne une piste aménagée pour les courses cyclistes.
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VÉLOMOTEUR n. m. (1893), anciennement « vélocipède à moteur auxiliaire », signifie aujourd'hui « motocycle de cylindrée comprise entre 50 et 125 cm3 ». Il a pour dérivé VÉLOMOTORISTE n. (1933), rare.
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VÉLO-TAXI n. m. (v. 1941) a disparu, sauf dans l'évocation de la période 1941-1945.
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VÉLOPOUSSE n. m. (1956), de pousse(-pousse)*, « pousse-pousse tiré par une bicyclette, en Extrême-Orient », est concurrencé par cyclopousse.
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VÉLOSKI n. m. (1935) n'est pas devenu usuel.