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En français comme en latin, le mot désigne depuis ses premiers emplois les mouvements naturels de l'atmosphère et leurs effets, les déplacements de l'air. Cette acception première donne lieu à de nombreux emplois spéciaux, concrets et abstraits. Certains contextes culturels ont produit des effets sémantiques particuliers : la navigation des navires à voiles avec les idées de vitesse, de direction, la vénerie, avec la notion d'indice, liée au phénomène physique de la transmission des odeurs, la musique, avec l'idée du souffle producteur de son.
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Le premier sens attesté est la valeur initiale du latin, « mouvement de l'air », dans le contexte maritime. Parmi les emplois généraux concernant le phénomène naturel, la présence et l'absence de vent se marquent par des tours comme il y a, il fait du vent (régionalement : Cantal, Provence... il fait vent), par le verbe venter, par le vent se lève, souffle, tombe. Le vocabulaire du vent, lexicalisant la direction (vent du nord, de l'est, du sud...), la nature, l'origine des vents, n'exclut pas des emplois spécifiques du mot général, le vent (1560 à Grenoble) pouvant désigner en Franche-Comté, dans le Lyonnais, la Drôme, l'Ardèche, le Jura le vent du sud qui amène la pluie, ou bien en Lorraine, celui d'ouest, qui a les mêmes effets, soulignant l'association du vent et de la pluie* dans l'idée de « mauvais temps », en français d'Europe. Une première métaphore se manifeste dès le XIIe s., où des locutions donnent à vent la valeur de « vide, absence », qu'a aussi le mot air. Ainsi, vivre de vens signifiait « vivre de rien » (v. 1160) et vent est attesté isolément au sens de « choses vaines, promesses creuses » (XIIe s.), valeur qui existe aussi en ancien provençal. La notion d'absurdité est présente dans le moyen français battre vent « dire des insanités » (v. 1382).
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La notion de « vide » sera reprise en français classique, croisée avec la métaphore du souffle dans ne sentir que du vent (1654) « n'avoir qu'un effet nul ou insignifiant ».
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Sur le plan intellectuel, vent équivaut aussi à « vanité » (v. 1270 ; v. 1200 « chose vaine »), sorti d'usage au XVIIIe s., sauf dans des locutions comme n'estre que vent (fin XIVe s.), que du vent (v. 1700), aujourd'hui c'est du vent. On a dit n'avoir que du vent (2e moitié XVIIe s.) pour « être bavard et vain ».
Au
XIIe s. aussi, le mot entre dans le vocabulaire de la chasse, signifiant « odeur laissée par le gibier » (v. 1176). Une série de locutions, où
vent correspond à « signe, indice », en découle :
(n'avoir) ne vent ne voie (v. 1170),
ne vent ne nouvelle (1316),
n'entendre [comprendre]
ni vent ni fumée (1571), etc., jusqu'à
n'avoir ni vent ni nouvelle (1651), toutes sorties d'usage, comme
sentir le vent (v. 1572) « être informé », alors que
avoir vent de qqch. (1461) se dit encore. Ces expressions se ressentent d'une autre valeur métaphorique, où
vent correspond à « espace libre où les rumeurs se divulguent » (
mettre qqch. au vent, déb.
XVIIe s.).
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La vénerie connaît d'autres locutions propres et figurées, comme
avoir le vent de (une bête) « percevoir l'odeur (du gibier) » (v. 1375),
avoir trop de vent, etc. Par métonymie,
avoir le vent du gibier, avoir bon vent correspondent aussi (v. 1390) à « avoir du flair, du nez ». Ce vocabulaire se développe au
XVIIe s. avec
prendre le vent « aller à la rencontre du gibier » (1606),
aller dans le vent (1694), et plus tard (1834)
aller au vent, aller à bon vent (1834) « suivre les bons indices »,
suivre le vent (1608),
savoir de quel côté vient le vent (1640) qui peut aussi s'interpréter comme métaphore maritime. Ces expressions encore connues sont souvent mal interprétées, la référence à la vénerie n'étant plus familière.
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Un autre emploi fréquent en ancien français correspond à « air libre, milieu extérieur, non protégé ». On peut y rattacher le motif du pendu qui se balance « en l'air », dans estre levé au vent « être pendu » (XIIIe s.), puis estre pendu au vent (v. 1330) et mettre au vent « pendre » (XVe s.), expressions déjà sorties d'usage à l'époque classique. En revanche, herbergier (loger) au vent « coucher dehors, à la belle étoile » (v. 1215) se prolonge, avec l'utilisation d'une autre valeur (voir plus loin) dans être logé aux quatre vents (1690) « loger dehors, à la belle étoile », quatre vents venant du sens de « points cardinaux » (ci-dessous).
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Au XVIIe s., on trouve aussi jeter au vent « abandonner, dissiper (des biens) » (1640), qui correspond en français actuel à par la fenêtre, et envoyer au vent (1645) « se débarrasser de (qqch., qqn) », sortis d'usage.
Dès le
XIe s.,
vent est constamment utilisé dans le contexte de la navigation, produisant des emplois et locutions parfois repris par la langue courante.
Avoir bon vent « avoir le vent favorable » (v. 1225), renforcé dans
avoir bon vent et marée (1538), d'où
avoir vent et marée « bénéficier de circonstances favorables » (1694), disparu (à cause de l'homonymie avec
contre vents et marées « en surmontant les difficultés »), se résolvent en français moderne dans la formule de souhait
bon vent !, souvent ironique
(Cf. bon voyage !).
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Plusieurs locutions techniques concernent la position par rapport au vent, essentielle dans la navigation à voile : sur le vent (v. 1375), « dans la direction opposée à celle du vent », s'oppose à sous le vent, qui a signifié spécialement « séparé par un autre navire du lieu d'où le vent souffle » (1694) et s'emploie aujourd'hui en parlant des îles.
◆
De nombreux syntagmes maritimes apparaissent à partir du XVIe siècle : vent devant « contraire » (1529), vent debout (1718) qui succède à debout au vent (1680), vent derrière (1529). Vent en poupe « venant de l'arrière, donc favorable », plus ancien, a donné au figuré avoir le vent en poupe (1492) « être favorisé par les circonstances », d'où « être en train de réussir », très vivant.
◆
C'est évidemment de la marine que procède la formule d'accueil quel bon vent vous amène ? (1613), modification de quel vent vous maine ? (v. 1178), vous pousse ? (1579), quel bon vent vous mène ? (1532-1550) et toujours vivante.
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Être vent dedans (1812) s'est dit par métaphore pour « être ivre » (1876), remplacé par avoir du vent dans les voiles, peut-être lié à tirer des bordées.
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Le contexte de la marine est aussi à l'origine, depuis le moyen français, de la valeur symbolique du vent-vitesse. D'où plus tost que vent (déb. XIIe s.), aller, courir, etc. comme vent (1216), devenu aller comme le vent (1553), (aller) plus vite que le vent (1552).
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Par métonymie, vent signifie « direction d'où souffle le vent », notamment dans les quatre vents (1533) « les quatre points cardinaux ».
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Le thème du vent, phénomène variable, imprévisible, se retrouve dans des emplois concrets et dans des valeurs métaphoriques, « inconstance », « changement brusque », ceci dès l'ancien français : se retourner à chascun vent (v. 1265) signifie « être inconstant ».
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De tels emplois se multiplient en français classique, avec à tout vent (1680), à tous les vents (1685) qui sont liés au thème de la girouette. Une expression plus tardive, le vent tourne, exploite la même image pour illustrer le changement des circonstances (et non plus des attitudes humaines individuelles). Le rapport concret entre vent et des mots comme tourner, sauter, etc. correspond aussi à ce thème, ainsi que coup de vent (av. 1529) « changement brusque de force ou de direction du vent », d'où en coup de vent « rapidement » (1872).
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Au vent ! dans l'usage familier, s'est dit pour exprimer un refus (1862), puis pour renvoyer, comme fous le camp ! (dans Courteline, 1896).
Parmi les emplois spécialisés du latin, celui de « flatulence » a été repris (1
re moitié
XIIIe s.) dans
vent du cul « pet », qui n'avait pas en ancien français la vulgarité qu'on lui prêterait aujourd'hui. Ce type d'emploi a donné l'euphémisme
vent (1680) avec la même signification.
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On peut rattacher à cette acception la valeur physiologique de « respiration, haleine » (1538), surtout dans des locutions comme
prendre du vent « respirer » (1528),
cueillir vent « reprendre haleine » (v. 1340),
reprendre son vent (1694), toutes sorties d'usage. Une extension spécialisée correspond à « voix » (1584), d'abord dans
vent de gorge « cri » (déb.
XVIe s.) ou « son musical », valeur qui s'est conservée dans
instrument à vent (1685).
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Vent correspond aussi à « l'air libre », notamment en fauconnerie où prenre [prendre] son vent s'est dit (1470) de l'oiseau qui prend son essor.
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Avec le sémantisme développé par le composé éventer (ci-dessous), exploité aussi en vénerie, vent se dit du milieu extérieur en tant que nuisible à une substance conservée dans un récipient. Donner vent à une bouteille (v. 1459) correspond donc à « éventer son contenu », prendre du vent se dit du vin qui s'aigrit (1876). Comme éventer, le mot a aussi une valeur positive dans faire le vent à qqn « l'éventer » (déb. XIIIe s.) ou se donner vent (1530) « se rafraîchir, s'éventer », sortis d'usage.
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Croisé avec l'idée de vanité, ce sémantisme se retrouve dans tête au vent (1787), variante de tête à l'évent « étourdi ».
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Une autre spécialisation apparue au XVIe s. est « déplacement, courant d'air » (1552), aussi dans des locutions comme arquebuse à vent (1680) « à air comprimé ». Ce sens a disparu, sauf dans sentir le vent du boulet « échapper de peu à un grave danger » (vent du boulet, 1858, attestation tardive par rapport à vent de la balle du canon, 1640, Oudin) et surtout faire du vent (1888) « faire l'important », par l'image du déplacement d'air. Ce sémantisme était déjà présent en moyen français, mais surtout dans des locutions comme le vent de la chemise d'où, par une image de la chemise (de nuit) flottante et agitée, vent de chemise (fin XVe s.) « ébats érotiques ».
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C'est aussi au XVIe s. que vent s'applique aux influences du sort, par métaphore de l'effet de déplacement causé par le vent qui emporte les objets, dans autant en emporte le vent (v. 1270 ; XIIIe s., autant en porte...) « cela n'a pas d'importance », et aux influences d'un milieu, par exemple dans vent du peuple (déb. XVIIe s.), vent de la cour (v. 1600) et un peu avant (1588) bon vent « faveur (d'un milieu, du peuple...) », expressions disparues au profit de locutions comparables formées avec air. On peut rattacher à cette idée d'influence et à celle de direction, appliquées à la mode, la locution (être) dans le vent (XXe s.) « à la mode ».
Ces différents domaines et ces directions métaphoriques sont souvent mêlés, comme on vient parfois de le voir. Des expressions issues de la marine à voiles concernent soit la direction, soit la force, soit le changement du vent, d'où des figures différentes. Ainsi, regarder d'où vient le vent a signifié « regarder de tous côtés », puis (1718) « observer le cours des événements », comme (déb. XVIIIe s.) voir d'où vient le vent.
Plusieurs emplois, en astronomie, comparent aux déplacements de l'atmosphère terrestre des flux de particules, par exemple dans vent solaire (flux d'électrons, protons, hélions) et vent stellaire.
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Plusieurs dérivés anciens de
vent ont disparu, comme
ventelet « petit vent » (v. 1175) ou
ventine « coup de vent » (1389).
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VENTER v. impers. (v. 1130) se dit du vent quand il se produit. Ce verbe a eu de nombreux sens, dans des emplois personnels, transitifs et intransitifs, tels « être jeté au vent » (v. 1155), « souffler (le feu) » (v. 1240), « frapper dans le vide », en parlant d'une épée (1527), « exposer à l'air » (1636) (venter des habits), disparus après l'époque classique, « pousser par le souffle du vent » (1636) était encore en usage au XIXe siècle.
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Le verbe ne survit que comme impersonnel, pour « faire du vent » (1585). Il s'emploie dans le proverbe on ne peut empêcher le vent de venter, relevé en 1808. Alors que ce verbe est marqué comme d'usage soutenu, rare à l'oral en français d'Europe, il est usuel en français du Canada.
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De venter dérive VENTAGE n. m., d'abord ventaige « vent, tempête » (v. 1501). En technique rurale, il signifie « action de vanner » (1783), reprenant le sens du moyen français ventir, v. tr. (1552), « vanner le blé ».
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Le composé SURVENTER v. impers. est attesté en 1529.
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VENTAIL, AUX n. m. (1314), réfection de
ventaille (1080), désigne la partie de la visière des casques clos, par où passait l'air.
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Un autre sens (1655), lui aussi de
ventaille (v. 1240), disparu au sens de « volet d'une fenêtre », désigne le battant d'une porte ou d'une fenêtre. Dans ce sens, le mot s'écrit
VANTAIL.
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VENTEAU n. m., terme technique, d'abord au sens de « ventail » (1611), se dit (1757) de l'ouverture par laquelle pénètre l'air d'un soufflet de forge, ouverture fermée par une soupape.
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VENTILLON n. m. (1872), formé avec le suffixe diminutif -illon, désigne la soupape du venteau d'un soufflet.
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VENTIS n. m., terme technique, d'abord venti (1812), « arbres arrachés avec des cordes comme par le vent », se dit (1872) des arbres abattus par le vent.
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VENTEUX, EUSE adj. est emprunté au dérivé latin classique ventosus « où il y a du vent », « exposé au vent », au figuré « léger, rapide comme le vent », « qui tourne à tous les vents », « vain, vide ».
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Le mot est d'abord attesté (1256, venteus) au sens de « qui produit des flatuosités ». Il qualifie aussi ce qui s'accompagne de flatuosités (1552).
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Rare au sens propre « du vent », repris (v. 1380) du latin, il a été employé au figuré comme en latin pour « rapide comme le vent » (1584), puis pour « vain » (v. 1585, vanteux), « léger comme le vent », en parlant de l'écume (1608).
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VENTÔSE n. m. a été créé (1793) par Fabre d'Églantine à partir du latin ventosus pour désigner le 6e mois de l'année du calendrier républicain (19 ou 21 février au 19 ou 21 mars), mois des giboulées et du vent.
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Parmi les composés préfixés, les plus usuels sont formés avec le préfixe
é- (de
ex-).
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ÉVENTER v. tr., d'abord écrit esventer (v. 1120 ; XVe s., forme moderne), a signifié en vénerie « dépister (le gibier) », sens lié à vent « odeur ».
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Il s'emploie ensuite (v. 1165) pour « exposer au vent, à l'air », en parlant d'une literie, du foin, etc., puis au sens d'« être rafraîchi à l'air libre » (fin XIIe s., v. intr.), « rafraîchir en agitant l'air » (v. 1180, au pronominal ; XIIIe s., comme transitif), d'où ÉVENTÉ, ÉE adj. (XIIIe s., isolément).
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Éventer a signifié (v. 1310) « lancer (une flèche) » et s'éventer « se précipiter ».
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Le verbe, par référence à la valeur de vent « indice, nouvelle », s'est employé par figure pour « avertir (qqn) » (1382), d'où être éventé de qqch. « être averti de qqch. » (XVIe s.), acception disparue. De là éventer qqch. « rendre public, faire connaître » (1493), qui s'est utilisé dans éventer un livre « le publier » (mil. XVIe s.) et pour « exprimer » (v. 1580, s'esvanter, en parlant des passions ; 1610, esventer des pensées). Le participe passé éventé est aussi adjectivé en ce sens (1653).
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S'éventer prend le sens de « se gâter au contact de l'air », en parlant d'un vin, d'une étoffe, etc. (1559), d'où l'emploi du participe substantivé, dans (v. 1390) sentir l'éventé, à propos d'un vin. Éventer s'emploie transitivement pour « gâter en exposant à l'air » (1835).
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Au figuré, éventer qqn « rendre écervelé » est encore relevé en 1932 (Académie), mais ne devait plus s'employer depuis le début du XIXe s.
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Depuis le milieu du XVIe s., le verbe s'emploie dans le vocabulaire de la chasse, dans éventer un lieu « trouver les traces du gibier », éventer le gibier (1606), éventer une voie (1669) et par métaphore éventer les traces de qqn « les suivre » (1685), tous emplois archaïques ou disparus.
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Au figuré, le verbe signifie « découvrir (un secret, un piège, etc.) » (1587), d'où « trouver (un objet) » (1617), sens qui ne s'est pas maintenu. Il s'est employé par extension pour « mettre à l'air libre, ouvrir », par exemple dans éventer une mine (1636), une veine (1660), une carrière (1676) ; la locution figurée éventer la mine, la mèche (1694) est toujours vivante dans l'usage littéraire.
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Avec la valeur d'« exposer à l'air », le verbe est utilisé dans divers domaines : éventer du grain « le remuer pour éviter la fermentation » (1694), éventer une voile « mettre le vent dedans » (1694), éventer un piège pour lui ôter son odeur (1756), éventer une étoffe pour unir la couleur à la sortie de la cuve (1765).
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Éventé, ée adj. « écervelé » (esventé, 1571) et un éventé (1584), une éventée (1890) ne se disent plus.
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ÉVENTAIL n. m. est attesté isolément au
XIVe s.
(esventail) comme terme d'horlogerie, puis pour « ouverture » (1409), « soupirail » (1690). Ces valeurs ont disparu.
◆
Le mot désigne aussi (1416) un instrument portatif repliable, souvent formé d'une matière souple plissée, qu'on agite pour produire de l'air et de la fraîcheur. Ce sens est le seul vivant aujourd'hui. Par extension, il se dit d'un chasse-mouches en fibres tressées (1578), en français d'Afrique aujourd'hui.
Éventail de bouleau « poignée de verges » (1640) a disparu comme la locution familière
éventail à bourrique « bâton (pour frapper) » (1888).
◆
En éventail « en forme d'éventail » est relevé en 1721.
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Par analogie,
éventail désigne un écran pour isoler (1723,
éventail d'émailleur).
◆
Le sens de « mauvais tableau » (1761), aujourd'hui disparu, s'explique par la réputation douteuse des peintres d'éventails, contraints de travailler très rapidement et de manière répétitive.
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Au
XXe s.,
éventail se dit d'un ensemble de choses diverses d'une même catégorie par la métaphore du déploiement (
éventail des salaires 1945, R. Aron,
des prix).
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Le dérivé ÉVENTAILLIER, IÈRE n. (1723 ; d'abord eventailler, 1503), « fabricant ou marchand d'éventails », a été remplacé par ÉVENTAILLISTE n. (1690, éventaliste), signifiant aussi « peintre d'éventails » (1701).
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2 ÉVENT n. m., déverbal de éventer, a désigné (1521, esvent) un conduit pour détourner l'eau d'une source.
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Le mot se dit ensuite de ce qui laisse passer l'air, spécialement de l'ouverture au-dessus des fosses nasales de certains animaux (1558), de l'ouïe des poissons (1564), de la narine des cétacés (1690), le plus souvent au pluriel.
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La locution tenir de l'esvent « être peu sensé » (1566) est sortie d'usage, comme tête à l'évent « personne étourdie » (1654), cependant encore connu. L'emploi pour « altération par action de l'air » (v. 1600), d'où sentir l'évent « être gâté » (1611) ont également disparu. Toutes ces acceptions correspondent à un emploi de vent (ci-dessus).
◆
Dans le vocabulaire technique, évent désigne depuis le XVIIe s. (1676) un conduit ménagé dans les moules de fonderie pour l'échappement des gaz et s'emploie dans divers domaines techniques pour « conduit » (1811), « fissure » (1835), « petite ouverture ».
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ÉVENTOIR n. m., formé avec le suffixe -oir des instruments, a désigné une ouverture dans un tonneau (1391, esventoir), une ouverture destinée à l'aération (1532, esventouer), spécialement dans une mine (1797), un éventail (1523), utilisé en particulier pour activer le feu (2e moitié XVIe s.), et un chasse-mouches (1538). Le mot a disparu dans tous ses emplois.
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ÉVENTEMENT n. m., « action d'éventer, de s'éventer » (1538, esventement), désigne aussi (1636) l'altération subie par des aliments exposés à l'air. Le mot a disparu pour « vannage du blé » (v. 1600) et « divulgation d'un secret » (1611).
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D'autres composés ont été formés à partir de
vent.
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ABRIVENT n. m., formé de abri*, est sorti d'usage pour « abri pour une sentinelle » (1752) et se dit d'un paillasson qui protège les plantes du vent, aussi nommé BRISE-VENT n. m. inv. (1690), de briser*.
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1 CONTREVENT n. m., terme de marine (1559), signifie « vent contraire », d'où 1 CONTREVENTER v. intr. (1534) et À CONTREVENT adv. (mil. XVIIIe s.).
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2 CONTREVENT n. m., de contre-, s'est dit pour « clayon » (1511), emploi disparu.
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Le mot désigne (1642) un volet qui protège des intempéries et, en charpenterie (1676), une pièce de bois oblique qui renforce les fermes, d'où 2 CONTREVENTER v. tr. (1690), dont dérive CONTREVENTEMENT n. m. (1694).
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VOL-AU-VENT n. m., attesté d'abord dans
gâteau vol-au-vent (1750), puis seul en 1800, est composé de
1 vol, à cause de la pâte feuilletée, légère, qui forme le moule de cette entrée, garnie d'une préparation de viande ou de poisson, de fruits de mer, avec des champignons, etc. Des syntagmes
(vol-au-vent financière, marinière) et des appellations de sens voisin
(bouchée* à la reine) manifestent l'importance culinaire de la notion.
Voir aussi timbale.
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COUPE-VENT n. m. inv., de couper, désigne un écran placé derrière une moto pour protéger du vent le coureur cycliste qui la suit (1893) et, plus généralement (1894), un dispositif pour réduire la résistance de l'air.
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Au Québec, d'après l'anglais windbreaker, le mot se dit (XXe s.) d'un blouson dont le tissu protège du vent.
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VENTILER v. tr., réfection de
venteler (fin
XIe s.), est emprunté au latin
ventilare « exposer au vent », d'où dans la langue rustique « exposer le grain au vent, vanner », « secouer », au figuré « attiser », d'où en bas latin impérial « attaquer, persécuter » et « discuter, débattre ».
Ventilare dérive de
ventus.
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Le verbe s'est d'abord employé sous la forme venteler au sens d'« agiter en l'air (un drapeau) » (fin XIe s.), sens sorti d'usage au XVIIe s., puis, comme intransitif, de « flotter au vent » (1080), encore au XVIIe siècle.
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Le sens figuré, « secouer, tracasser » (v. 1126), procède de la même métaphore que vanner.
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Du latin est reprise l'acception juridique « examiner une cause, la plaider » (1265), sortie d'usage.
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L'idée d'« exposer au vent » se retrouve dans les sens techniques de « vanner (le blé) » (1611), « sécher », disparus.
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Ventiler a pris son sens concret au XIXe s., d'abord pour « rafraîchir (le corps) » (1820), sorti d'usage, puis avec la valeur de « renouveler l'air dans un lieu clos » (1842), probablement antérieur (Cf. ventilation), qui est aujourd'hui l'acception principale du verbe.
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En droit et en commerce, ventiler signifie (1611) « évaluer (une ou plusieurs portions) relativement au tout, dans une vente ». Par extension, le verbe prend à la fin du XIXe s. l'acception de « répartir entre plusieurs comptes », puis la valeur générale (mil. XXe s.) de « répartir en plusieurs groupes » (des choses ou des personnes).
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Le dérivé VENTILEMENT n. m. s'est dit isolément (1596, ventillement) pour « examen des comptes ». Il est rare et littéraire pour désigner l'action de ce qui fait du vent (1882).
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VENTILEUSE n. f. (1901, Maeterlinck) se dit en zoologie d'une abeille qui bat des ailes à l'entrée de la ruche pour en renouveler l'air ; on trouve aussi VENTILATEUSE (déb. XXe s.), de ventilateur.
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VENTILATION n. f. est un emprunt au dérivé latin classique
ventilatio, -onis « exposition à l'air » et, en bas latin, « vannage du blé », au figuré « séparation des bons et des méchants lors du jugement dernier ».
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Le mot a eu des emplois parallèles à ceux du verbe. Il est attesté en 1382 comme terme juridique, probablement pour « examen d'une cause »
(Cf. ventiler).
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Il désigne (1495) le fait de rafraîchir, en particulier d'aérer un lieu clos (1819), sens aujourd'hui le plus courant.
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Au figuré, il est employé en droit pour « estimation » (1574) et s'emploie aujourd'hui comme terme de finances (
XXe s.) pour « répartition ».
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VENTILATEUR n. m., dérivé savant de ventiler, a sans doute subi l'influence de l'anglais ventilator, emprunt au latin ventilator « vanneur » (du supin de ventilare) avec changement de sens. En effet, le mot apparaît (1744) dans la traduction d'un texte anglais, désignant un appareil servant à brasser l'air. Cet emploi est resté usuel, les objets produisant le courant d'air ayant varié, de la pale déplacée (panka) à l'éventail, puis à l'appareil à hélice (au XXe s., ventilateur électrique). Le mot se dit aussi (1771) d'un tuyau qui conduit à l'extérieur les gaz d'une fosse d'aisances et, par ailleurs, d'un appareil qui produit un courant d'air pour trier en éliminant les impuretés (1770, « tarare »), pour alimenter une combustion (1835), pour refroidir le moteur d'une automobile (1903), sens usuel (courroie de ventilateur, etc.).
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L'abréviation VENTILO n. m. (1952) est familière.