VERGOBRET n. m., attesté en 1211 sous la forme latine vergobretes, est un emprunt au latin de César vergobretus, emprunt au gaulois. Le composé vergo-bretos est formé de vergo-, qu'on peut rapporter à la racine indoeuropéenne *verg- « faire, action », qui a donné le grec (w)ergon (→ ergo-), l'allemand Werk, et d'un élément -bretos, qu'on rapporte par comparaison avec les langues celtiques à une racine *bher- « porter », concernant le jugement (ancien irlandais brith), la pensée. Le sens serait alors « juge des activités, des travaux (collectifs) ».
❏
Le mot désigne le chef et juge suprême réunissant dans un peuple gaulois (notamment les Éduens) la direction civile et militaire du groupe ; cette magistrature dictatoriale ne durait qu'un an et le vergobret ne pouvait marcher à la tête des armées, ni sortir des frontières de la « cité ».
L
VERGOGNE n. f. est l'aboutissement (1553) de formes employées en ancien et en moyen français comme vergoigne (1080), verguigne (v. 1155), vergoingne (v. 1175), vergonde (1226). Le mot est issu par évolution phonétique du latin verecundia « retenue, réserve, modestie, sentiment de honte ou de pudeur », dérivé de l'adjectif verecundus « respectueux, réservé », « vénérable ». L'adjectif vient du verbe vereri « éprouver une crainte religieuse ou respectueuse pour », « avoir scrupule à », avec un infinitif, verbe parfois employé impersonnellement. Vereri appartient à une famille rattachée à une racine indoeuropéenne °swer- (variante °ser- et °wer-) « faire attention », comme le grec hôran « regarder, faire attention », « voir » et la base germanique °war- « être attentif » qui a fourni l'ancien haut allemand weren « accorder, fournir » (→ garder, garnir).
❏
Vergogne a été employé jusqu'à l'époque classique (où il est déjà considéré comme « vieux »), pour « acte honteux » (1080) et « sentiment de honte » (v. 1175). Dans ce sens, il a été éliminé par honte, sauf dans des usages régionaux, et ne s'emploie plus que dans des tournures négatives comme sans vergogne, attesté au XVIe s. (1588, Montaigne).
◆
Il s'est dit aussi pour « parties sexuelles » (v. 1285) [Cf. parties honteuses].
◆
Il s'opère ensuite une restriction d'emploi, le sentiment de honte touchant essentiellement la morale sexuelle ; vergogne se dit alors pour « décence, pudeur » (1553), également sous la forme latinisée vérécondie (1580), qui sera reprise à la fin du XIXe s. par archaïsme très littéraire.
❏
Le dérivé
VERGOGNEUX, EUSE adj. s'est appliqué à une personne qui a de la retenue (v. 1175) ou à une chose, une action qui suscite la honte (v. 1260). Il est archaïque.
◈
Seuls le composé
DÉVERGONDÉ, ÉE adj. et n. et ses dérivés restent courants. Cet adjectif, tiré de la forme du
XIIIe s.
vergonde (1165-1170), qualifie une personne qui mène une vie privée jugée scandaleuse et (
XVIe s.) ce qui marque un tel comportement (manières, propos). Le nom (1440-1475) est nettement plus courant au féminin, un jugement social négatif fondé sur les préjugés, notamment sexuels, s'appliquant plus aisément — jusqu'au
XXe s. — à la conduite de la femme.
Une dévergondée a désigné au
XIXe s. une femme du peuple, lorsque ses mœurs, ses vêtements, etc. n'étaient pas conformes aux règles de la bourgeoisie concernant la morale sexuelle.
Un dévergondé est beaucoup plus rare et en général stylistique.
◆
Par figure et littérairement, l'adjectif s'emploie (
XXe s.) en parlant d'activités humaines caractérisées par l'excès, le dévoiement.
■
L'adjectif a fourni DÉVERGONDER v. tr., qui a signifié « violer (une femme) » (v. 1380, desvergonder), acception tôt sortie d'usage, puis « faire mener à (qqn) une vie scandaleuse » (1440-1475), se dévergonder étant attesté au XVIIe s. (1680).
■
En dérive DÉVERGONDAGE n. m. (1792), aussi employé au figuré (1825).
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VÉRÉCONDIE n. f. (
XVe s., attesté indirectement par le dérivé
vérécondieux) est l'emprunt direct au latin
verecundia, mot rare, puis archaïsme pour « extrême discrétion, retenue » (Laurent Tailhade écrit
vérécundie en 1902). Le dérivé
VÉRÉCONDIEUX, EUSE adj. et n., figure dans les poésies de Jean Molinet (mort en 1492).
❏ voir
GONZE, RÉVÉREND, RÉVÉRER.
VERGUE n. f. représente (v. 1240) une forme normande ou picarde de verge* « baguette », employée également (v. 1165) en marine jusqu'au XVIIe s. ; on trouve aussi verche (1690), encore relevé en 1771.
❏
Ce mot est courant en marine pour désigner une pièce de bois servant à tenir la voile (Cf. antenne). Vergue entre dans des locutions techniques : avoir les vergues hautes « être prêt à partir » (1573), être vent sous vergue (1872), et dans des syntagmes figés : grande vergue (1680), puis grand-vergue, vergue de hune.
❏
ENVERGUER v. tr., « attacher (une voile, les voiles) aux vergues » (1678 ; 1643,
enverger), reste technique comme son contraire
DÉVERGUER v. tr. (1683), formé sur
vergue et plus ou moins remplacé par
DÉSENVERGUER v. tr. (1783), formé sur le verbe.
◈
Son dérivé
ENVERGURE n. f. est d'abord un terme de marine pour « état d'une voile enverguée » (1678) et « largeur de la voilure d'un navire » (1687).
◆
Puis, le mot s'emploie couramment par analogie (1714) pour désigner l'étendue des ailes déployées d'un oiseau, sens devenu plus courant.
◆
Le mot se dit par extension de la largeur de ce qui est déployé (v. 1865 ; 1864, d'un bâtiment) puis, par figure, pour « ampleur, ouverture » et « capacité intellectuelle » (mil.
XIXe s., Sainte-Beuve), surtout dans
d'envergure, de grande envergure.
◆
Par analogie des ailes de l'oiseau, il s'emploie (av. 1930) à propos de la plus grande largeur d'un avion.
VÉRIDIQUE adj. est emprunté (1456) au latin veridicus « qui dit la vérité » et « conforme à la vérité », composé de verus « vrai* » et de dicere « dire* ».
❏
L'adjectif reprend d'abord la première acception du latin (1456), puis la seconde (déb. XVIe s.), courante en parlant d'un récit, d'un témoignage, etc.
❏
Le dérivé
VÉRIDIQUEMENT adv. (1845) est littéraire.
■
VÉRIDICITÉ n. f., formé à partir du radical de l'adjectif (1741), est littéraire et rare.
◈
VÉRIDICTION n. f., composé (mil.
XXe s.) de
verus et de
dictio, -onis, de
dicere (→ dire), mot didactique, se dit du fait d'être sincère.
❏ voir
VERDICT.
VÉRIFIER v. tr. est un emprunt (1296) au bas latin verificare « présenter comme vrai », de verus (→ vrai) et de facere « faire* ».
❏
Le verbe s'est employé dans un contexte juridique pour « enregistrer, homologuer (un édit, un acte, etc.) », c'est-à-dire l'accepter pour vrai. Il signifie ensuite (1402), comme le latin verificare, « (faire) reconnaître une chose pour vraie (par l'examen, l'expérience, etc.) », alors quasi synonyme de prouver, puis « examiner l'existence de (un caractère de vérité, d'exactitude, etc.) dans une chose » (1549, d'une assertion).
◆
Par extension du sens de « prouver », vérifier se dit (1580, Montaigne) d'une chose qui constitue le signe non récusable de la vérité (de qqch.).
◆
Avec un sujet nom de personne, le verbe correspond aussi à « examiner la valeur de (qqch.) par une confrontation avec les faits » (1680), et « examiner (une chose) pour établir si elle est conforme à ce qu'elle doit être (1690), ou si elle fonctionne correctement » (1797).
❏
Le verbe a fourni plusieurs dérivés.
■
VÉRIFICATION n. f., d'abord (1388) « enregistrement (d'un acte) par le parlement ou une cour », acception disparue, puis (v. 1390) « preuve » et, en général (XVe s.), « action de vérifier », spécialement vérification des pouvoirs (1789).
◆
Vérification s'emploie dans les sciences (1851) et, à partir du XXe s., se dit à propos de la chose qui n'est pas certaine, pour « fait d'être vérifié » (1921).
■
VÉRIFIEUR, EUSE n., autrefois « personne qui homologue » (1487, au masculin), est aujourd'hui un terme technique (1964) pour « personne qui fait fonctionner une vérificatrice ».
■
VÉRIFICATIF, IVE adj. « qui constitue une vérification » (1680) est didactique et rare.
■
VÉRIFICATEUR, TRICE n. (1666) se dit de la personne chargée de vérifier qqch., notamment dans un contexte administratif, institutionnel.
◆
Le mot s'emploie en technique (1951), notamment dans perforatrice-vérificatrice (perfo-vérif) ; Cf. perforer.
■
VÉRIFIABLE adj., attesté une fois au XIVe s. dans sceau verefiable « (sceau) qui sert à ratifier », a été repris (1791, Volney) au sens de « qui peut être vérifié », sens important en sciences et en logique.
■
L'adjectif a produit le composé INVÉRIFIABLE adj. (1845) et VÉRIFIABILITÉ n. f., didactique (mil. XXe s.), après vérificabilité (1912), employé par les logiciens, depuis l'École de Vienne. À ce mot s'oppose l'anglicisme falsifiabilité.
■
VÉRIFICATRICE n. f. (1964), terme technique, désigne une machine qui contrôle le travail des perforatrices.
◈
Le composé
REVÉRIFIER v. tr. est attesté isolément pour « vérifier de nouveau » (
XVIe s.), puis il s'est employé au sens de « ratifier de nouveau » (1611).
L
VÉRIN n. m. est issu (1389) du latin veruina « longue javeline », diminutif de veru « broche à rôtir » et aussi « javelot ».
❏
Ce mot d'origine picarde a désigné une sorte de vis en bois comme l'italien verrina « tarière ». Il se dit ensuite par métonymie d'un appareil de levage formé d'une vis double ou de deux vis (1463, verrin, encore chez Furetière ; 1561, forme moderne).
◆
Le mot a désigné aussi une pièce de la batterie d'une arquebuse (v. 1600, verrin) et un dégraissoir où l'on tendait la laine tordue entre deux crochets (1771), sens sortis d'usage, alors que le précédent est très vivant en technique.
❏
Le dérivé VÉRINE ou VERRINE n. f., d'abord « vis en bois » (1803, verrine), désigne, comme terme de marine (1831), un filin muni d'un croc qui sert à manier les chaînes d'ancre.
❏ voir
VERROU.
VÉRISME n. m. est un emprunt (1888) à l'italien verismo (1877), dérivé de vero « vrai », du latin verus (→ vrai).
❏
Le mot conserve le sens de l'étymon, et désigne un mouvement littéraire italien de la fin du XIXe s., inspiré par le naturalisme et dirigé contre les romantiques. Par extension (XXe s.), vérisme se dit, hors du contexte italien, de la recherche d'une vérité naturaliste au cinéma, au théâtre.
❏
VÉRISTE adj. et n. (1888) dérive de vérisme ou est emprunté au dérivé italien verista.
VÉRITÉ n. f. est une forme empruntée (fin Xe s., veritiet) au latin veritas, -atis « le vrai, la vérité », « la réalité », « les règles, la droiture », dérivé, comme veridicere (→ véridique), verificare (→ vérifier), de l'adjectif verus (→ vrai).
❏
Cet emprunt ancien, dont la forme actuelle date de la Renaissance (1553), existe en ancien français sous les formes
veritet (1050),
veriteit (v. 1190) et coexiste avec des formes anciennes issues du latin par voie orale,
vertet (980),
verté (
XIIe s.).
■
Le mot désigne, d'abord en religion, une opinion conforme au réel (fin Xe s.), opposé à erreur, puis en général (v. 1200) la conformité de l'idée avec son objet, d'un récit avec un fait, et de ce qu'on dit avec ce qu'on pense, alors opposé à mensonge.
◆
De là en ancien français, des locutions adverbiales employées en incise, de vérité « il est vrai », por vérité « en effet » (v. 1175), disparues, puis en bonne vérité (v. 1390) devenue en vérité (v. 1460), pour renforcer une assertion. À la vérité qui apparaît (1485) pour « conformément à la vérité », s'emploie (1670) pour introduire une précision, une restriction.
◆
À la fin du XVe s., vérité se dit avec une valeur générale pour « le réel », acception abandonnée en philosophie, mais toujours vivante dans l'usage courant.
■
Une vérité désigne ensuite (XVIe s.) une chose vraie que l'on dit, d'où la locution dire à qqn ses vérités (1549), puis ses quatre vérités, où quatre a une valeur intensive.
◆
Une vérité désigne aussi une proposition vraie, qui mérite un assentiment entier (sens objectif) ou qui l'emporte (sens subjectif), sens développé en science et en logique, aussi pour le sens collectif (la vérité), incluant le vrai et le faux (valeurs de vérité). Il s'applique aussi (1687) à l'expression sincère de ce qu'on sait, de ce qu'on a vu, etc.
■
La locution adjective de vérité, après mention d'une mesure de durée, d'une notion de temps, se dit d'un moment décisif où il faut prendre une décision : elle a d'abord été employée dans heure de vérité (v. 1924), calque probable de l'espagnol la hora de verdad, moment décisif de la corrida, le matador devant prouver sa maîtrise en mettant à mort le taureau.
Vérité est élément de noms composés désignant des œuvres, des arts, visant à transcrire de façon réaliste la réalité : CAMÉRA-VÉRITÉ n. f. (v. 1964), calque du russe kino pravda (Dziga Vertov), ROMAN-VÉRITÉ n. m. (v. 1966), etc.
❏
Le dérivé
VÉRITABLE adj. s'applique (1188) à ce qui présente un caractère de vérité, acception vieillie, et a qualifié une personne qui dit la vérité (v. 1200,
veritaule), emploi courant à l'époque classique. L'adjectif a aussi vieilli (1240) pour « digne de foi ».
◆
Il s'emploie depuis le
XIIe s. (v. 1165) pour « qui est, existe réellement », opposé à
imaginé, et « qui est exactement nommé ». Il se dit aussi d'une personne qui mérite le nom qu'on lui donne, à la fois positivement,
un ami véritable (1678 chez La Fontaine) désignant celui qui ne trompe pas, sur qui on peut compter, et négativement (1762), alors souvent antéposé
(un véritable escroc, un véritable idiot). Il qualifie aussi (1688) une chose conforme à l'apparence ou à l'idée qu'on s'en fait.
■
Le dérivé VÉRITABLEMENT adv. (v. 1190, variante veritaulement, v. 1145) a suivi une évolution sémantique parallèle.
◈
L'antonyme préfixé
CONTREVÉRITÉ n. f., d'emploi didactique (1620) pour « antiphrase », a été le nom (1680) d'un genre de satire où l'on attribue à une personne, pour s'en moquer, des qualités qu'elle n'a pas.
◆
Par extension, le nom désigne (1831) une assertion contraire à la vérité mais qui peut être faite de bonne foi, puis par euphémisme, une erreur, voire un mensonge.
L
VERMEIL, EILLE adj. est issu (1080) par évolution phonétique du latin classique vermiculus, diminutif de vermis « ver* ». Vermiculus, substantif, signifie « vermisseau, larve », aussi « rage des chiens », supposée être provoquée par un ver, et en bas latin « cochenille du chêne », d'où « couleur écarlate » ; c'est dans ce sens qu'il est adjectivé en bas latin (VIe s.). Le mot latin a donné l'italien vermiglio, l'espagnol bermejo et le portugais vermelho. Vermiculus a été par ailleurs emprunté par le français avec le sens de « vermisseau », sous la forme vermicule (fin XVe s.).
❏
L'adjectif
vermeil se dit, d'après le sens du bas latin, d'une couleur d'un rouge vif et léger ; il est aussi substantivé en ancien et en moyen français (1213,
vermaill ; 1389,
vermeil, n. m.) pour « étoffe rouge » et dans la locution figurée
torner [tourner, retourner]
le vermeil de l'escu « abandonner le service d'un seigneur » (v. 1150), en retournant symboliquement cet écu, rouge d'un côté.
Le nom vermeil n. m. désigne aujourd'hui et depuis le XVIIe s. (1653) un argent doré, recouvert d'une dorure d'un ton tirant sur le rouge, d'après vermeil doré, c'est-à-dire « couleur rouge dorée », désignant (1490) l'argent doré et, par métonymie (1676), la dorure appliquée sur l'argent. Le nom s'est aussi employé pour « cuivre doré » (1701 ; 1690, vermeil doré).
◆
Ce métal, avec l'or et l'argent, symbolise une commémoration, noces de vermeil (après d'argent, d'or), médaille vermeil (du travail). De là, en France, carte vermeil désignant une carte qui donne aux personnes âgées un tarif réduit pour certains services et spectacles.
❏
Le dérivé
VERMILLON n. m. (v. 1200, puis 1350), réfection de
vermeillon (v. 1130), encore au
XVIIe s., désigne une couleur vive et éclatante tirée du cinabre, et par métonymie le cinabre (1380).
◆
Le mot s'est dit au
XVIe s., d'après le bas latin
vermiculus (ci-dessus), de la graine du chêne kermès (1542) et dans
arbre de vermillon « chêne kermès » (1558). Il désigne aussi un fard rouge vif (1564).
◆
L'emploi adjectivé « de couleur rouge vif » est attesté isolément vers 1200, puis au
XIXe s. (1840, Hugo).
■
1 VERMILLONNER v. tr., « rendre rouge » (1556), est postérieur à VERMILLONNÉ, ÉE adj. (1518), d'abord vermeillonné (1380).
■
L'ancien et le moyen français ont également vermeillier, v. tr., « rendre rouge » (1080 ; 1576, vermeiller) et « devenir rouge » (1165-1170, v. intr.).
❏ voir
VERMICELLE, VERMINE.
VERMICELLE n. m. est un emprunt (1553 au plur., isolément ; 1675 au sing.) à l'italien vermicelli, proprement « vermisseaux », par une analogie de forme ; le mot est le pluriel de vermicello, emprunt à un latin populaire °vermicellus, du latin classique vermiculus (→ vermeil).
❏
Le mot désigne des pâtes à potage en forme de fils très minces. On a aussi employé vermisseaux (1607) et repris la forme italienne (1680, Richelet) jusqu'au milieu du XVIIIe s. ; Richelet indique que l'on prononce vermicelle à l'italienne, avec ch-, d'où la variante graphique vermichele (1694), encore relevée en 1791. Par extension, vermicelles (1835) et aussi vermicel désigne un potage au vermicelle.
◆
Un aliment de forme analogue, fait de graine de soja, est nommé vermicelles chinois.
◆
Par analogie, vermicelle se dit d'un réseau vermiculé sur la peau (av. 1850) et l'argot vermichel (1867) a correspondu à « veine saillante ». L'argot fin de siècle a employé le mot au sens de « cheveux » (1886, Richepin).
◆
Au pluriel, le mot s'applique à un dessin, à un décor vermiculé (1832).
❏
En dérive VERMICELLÉ, ÉE adj. « en forme de vermicelle » (1789 ; → vermiculé, art. ver) et les termes techniques VERMICELLIER, IÈRE adj. et n. (1763 ; aussi vermicelier, 1878) et VERMICELLERIE n. f. (1827) qui concernent la fabrication des pâtes.
VERMICULÉ, VERMIFUGE, VERMILLER → VER
VERMINE n. f. est un emprunt (v. 1125) au latin classique vermina « les vers » et, par métonymie, « maladie causée par les vers », « spasmes, convulsions » et, par figure en bas latin, « mouvements désordonnés ». Le mot est dérivé de vermen, doublet de vermis (→ ver).
❏
Vermine s'est dit de toutes sortes de petites bêtes nuisibles (serpents, souris, etc.), acception encore relevée au début du XVIIe siècle.
◆
Il désigne surtout (1172-1174) l'ensemble des insectes parasites de l'homme et des animaux (puces, poux, etc.) ; en ce sens, on relève aussi en ancien français vermin n. m. (XIIIe s.).
◆
Par figure, vermine a le sens de « personne méprisable » (fin XIVe s.) et s'emploie comme terme collectif (1576) pour l'ensemble des individus considérés comme nuisibles à la société.
◆
L'emploi métaphorique en argot pour « avocat » (1837) est sorti d'usage, mais des emplois insultants sont encore possibles.
❏
VERMINEUX, EUSE adj., signifiant d'abord « où il y a des vers, véreux » (1211,
verminous), reprend l'un des sens du latin impérial
verminosus (dérivé de
vermis).
■
L'adjectif s'applique à ce qui est couvert de vermine (1374), mais il est archaïque et rare.
◆
Il a disparu en médecine où il signifiait par latinisme (1549) « relatif aux vers ».
VERMOUTH n. m., d'abord écrit vermout (1798), encore à la fin du XIXe s., puis vermouth (1876), est emprunté à l'allemand Wermut « absinthe », peut-être par l'intermédiaire de l'italien vermut pour le sens. Le mot allemand représente un composé germanique (ancien haut allemand wermota, ancien anglais wermod) d'origine obscure. L'anglais wormwood, désignant une plante amère servant de vermifuge, en est l'altération, d'après worm « ver », mot reposant sur la même racine que ver*, et wood « bois », terme d'origine germanique apparenté à un groupe celtique.
❏
En français, le mot désigne un apéritif à base de vin aromatisé de plantes amères et toniques (dont l'absinthe).
VERNACULAIRE adj. est dérivé savamment (1765) du radical du latin classique vernaculus « relatif aux esclaves nés dans la maison » et au figuré « qui est du pays, indigène », mot sans étymologie claire.
❏
Le moyen français avait emprunté
vernaculus sous la forme
vernacle n. m. « esclave né dans la maison » (v. 1372) ; le
XVIe s. le reprend comme adjectif,
langue vernacule désignant la langue familière, parlée spontanément, par opposition au latin, et Rabelais emploie
vernacule n. f., pour « langue » (1532) ;
Cf. aussi 1545, langage vernal « langue vulgaire ».
■
Vernaculaire s'est appliqué à ce qui est propre à un pays, par exemple une maladie, comme indigène.
◆
Ce mot didactique ne s'emploie plus aujourd'hui qu'en parlant d'une langue spontanément parlée dans un lieu (1823), souvent opposé alors à véhiculaire (→ véhicule), ou encore du nom courant, usuel en français ou dans la langue vivante d'une communauté, d'un animal, d'une plante, par opposition au nom scientifique qui peut être donné en latin.
◆
L'adjectif est substantivé en linguistique (1907), un vernaculaire, pour « langue vernaculaire ».