VÉSICATOIRE adj. a été dérivé savamment (v. 1363) du bas latin médical vesicare « former des ampoules », lui-même dérivé du latin classique vesica « ampoule », qui a donné vessie*.
❏
L'adjectif se dit d'un médicament topique qui, appliqué sur la peau, provoque la formation d'ampoules et est utilisé comme révulsif.
◆
Il est substantivé pour désigner ce médicament (1611, n. m.). Le nom s'emploie moins couramment (1814) pour désigner la plaie causée par le vésicatoire.
❏
VÉSICANT, ANTE adj. et n. m. est formé (v. 1363 ; 1478 selon T. L. F.) à partir de
vesicans, participe présent du verbe latin, et est rare avant 1812.
◆
L'adjectif qualifie en médecine ce qui produit des ampoules sur la peau, puis se dit (
XXe s.) d'un gaz qui provoque des lésions de la peau, des muqueuses, par exemple l'ypérite.
■
Sur le radical a été formé (XXe s.) VÉSICATEUR n. m., synonyme de vésicatoire.
■
VÉSICATION n. f., dérivé savant (v. 1363 [1478 selon T. L. F.]) de vesicare, se dit de l'action produite par un vésicatoire.
◈
VÉSICULE n. f. est emprunté (1541) au latin classique
vesicula « vessie », « gousse (d'une plante) », diminutif de
vesica.
■
Le mot désigne plusieurs organes en forme de petit sac, notamment dans vésicule biliaire (1812), appelée absolument vésicule.
◆
En botanique, il se dit (1771) d'une partie renflée en forme de vessie, spécialement en parlant des plantes aquatiques (1812) ; il ne s'emploie plus en zoologie pour la vessie natatoire des poissons (1835).
◆
Vésicule a été repris en médecine (1870), désignant une lésion de la peau contenant une sérosité.
■
Les dérivés VÉSICULAIRE adj. (1743 ; 1861, râle vésiculaire) et VÉSICULEUX, EUSE adj. (1752) sont didactiques.
VESOU n. m., écrit vezou en 1667, est un emprunt au créole antillais, désignant le jus de la canne à sucre écrasée, avant distillation. Ce terme technique est courant dans les usages des zones francophones de culture de la canne.
VESPA n. f. est un nom déposé par la société italienne Piaggio, utilisant le mot italien, du latin vespa, correspondant à guêpe*, pour un véhicule léger à deux roues, mis au point par l'ingénieur Corradino d'Ascanio en 1946, et fabriqué par les usines Piaggio, appartenant au groupe Fiat. La marque ayant en Europe le monopole des scooters, elle est devenue un nom commun ; en 1999, elle est devenue la propriété de la société étasunienne Texas Pacific Group. Bien que d'usage courant, le mot vespa reste attaché aux modèles italiens, scooter étant le générique, pour d'autres marques de deux roues à moteur, distincts de la moto, réservés à l'usage urbain.
VESPASIENNE n. f. a été formé (1834) à partir du nom de Vespasien, empereur romain (9-79) dont le nom latin est Flavius Vespasianus, à qui l'on avait attribué à tort l'établissement d'urinoirs publics à Rome. En réalité, Vespasien a institué un impôt sur la collecte de l'urine, que les foulons utilisaient comme source d'ammoniac.
❏
Le mot, défini en 1834 comme « voiture à commodités », reçoit dans le dictionnaire de Landais sa valeur moderne. Il se dit d'un urinoir public pour hommes. La première attestation correspond à un projet de voitures que l'on essaya d'établir à Paris sur les grandes artères de communication.
◆
On a aussi employé au XIXe s. colonnes vespasiennes (1851) pour désigner ces édicules dont le nom courant fut rapidement colonnes Rambuteau, parce qu'ils avaient été créés par le préfet Rambuteau.
VESPERTILION n. m. est un emprunt, d'abord (v. 1350) adapté en vespertille, puis conforme à l'étymon (1544, M. Scève), au latin classique vespertilio, -onis « chauve-souris », sans doute dérivé d'un adjectif °vespertilis, lui-même de vesper « soir » (→ vêpres).
❏
Le mot désigne en zoologie un type de chauve-souris à oreilles pointues, museau conique et ailes courtes et larges.
❏
Le français a par ailleurs emprunté
PIPISTRELLE n. f. (1812), « sorte de petite chauve-souris », à l'italien
pipistrello, altération d'un ancien
vipistrello, lui-même déformation du latin classique
vespertilio.
◈
VESPERTILIO n. m. a été repris (1904), en médecine, pour désigner une dermatose qui se développe de façon symétrique sur le visage et prend une forme qui évoque une chauve-souris aux ailes déployées.
VESPIDÉS n. m. pl. a succédé (1914), à vespides (1852), formé sur le latin vespa « guêpe » (→ vespa) avec le suffixe -idés. Ce terme désigne une famille d'insectes hyménoptères à ailes antérieures repliées, à antennes le plus souvent coudées, comprenant des espèces sociales et des espèces solitaires. Ils sont appelés guêpes* dans l'usage courant.
VESSE n. f. est dérivé (av. 1420) du verbe moyen français vessir, attesté en 1461 mais plus ancien, issu du bas latin vissire, variante du latin classique visire, mot expressif de même sens, « faire un pet silencieux ».
❏
Le mot est vieilli pour « gaz intestinal émis sans bruit » (distingué de pet) ; l'expression vulgaire panier à vesses, « cul », a disparu (1611).
◆
Vesse a eu diverses acceptions sorties d'usage : « femme de mauvaise vie » (1507), « femme vantarde, vaniteuse » (1660).
◆
Le sens de « grande peur » (1847, avoir la vesse), allusion aux effets de la peur, est à rapprocher de trouille, colique.
❏
Le verbe intransitif
VESSER représente une altération de
vessir ; repéré isolément au
XIIIe s., repris en 1608,
vesser s'est employé jusqu'au
XIXe siècle.
◈
VESPÉTRO n. m., composé de
ves[ser],
pét[er] et
ro[ter], a désigné (1752) une liqueur « carminative » faite d'eau-de-vie sucrée où macéraient de l'anis, de l'angélique, etc.
◈
Vesse entre dans la composition de
VESSE-DE-LOUP n. f. (1530), de
loup, nom commun du lycoperdon (ce nom correspond à la même métaphore), champignon qui renferme des spores grisâtres ; le mot a aussi désigné une sorte de beignet rond (1750),
Cf. pet-de-nonne.
❏ voir
VENETTE, VISION.
L
VESSIE n. f. est issu (fin XIIe s.) du latin populaire °vessica, altération du latin classique vesica « vessie » et « objet, bourse en peau de vessie », d'où par figure « ampoule », « tumeur », et aussi « vulve d'une femme » et, abstraitement, « enflure du style ». Vesica est apparenté au sanskrit vastiḥ, de même sens, et à l'ancien haut allemand wanst « panse ».
❏
Le mot apparaît chez Jean Bodel (
Jeu de Saint Nicolas) au sens figuré de « chose sans importance », comme si elle était emplie d'air.
■
Il désigne aussi et surtout, comme en latin (XIIIe s.), chez l'homme et certains animaux, le réservoir musculo-membraneux dans lequel s'accumule l'urine et aussi cet organe, tiré du corps d'un animal, lorsqu'il est desséché et empli d'air. Ce sens est attesté en médecine au début du XIVe siècle.
◆
Par extension, il désigne aussi (1690) une membrane gonflée d'air, quelle qu'en soit la matière placée à l'intérieur de la membrane d'un ballon. Le mot s'est dit (XIVe s.), comme en latin, d'une ampoule sur la peau.
■
Vessie natatoire (fin XVIIIe s.) s'applique par analogie au sac membraneux de certains poissons qui règle l'équilibre de l'animal dans l'eau ; on a dit aussi vésicule aérienne (1835).
■
La locution prendre des vessies pour des lanternes, « se tromper grossièrement », attestée sous cette forme au XIXe s., représente l'altération d'une locution très ancienne, vendre vessie pour lanterne puis faire de vessies lanternes ; la vessie gonflée d'air vaut encore moins que la lanterne, ces deux objets étant comparés pour leur forme et leur translucidité. Vessie s'est substitué (XVIe s.) à vendre la vessée (de vessier, vescier « faire gonfler »).
❏
VÉSICAL, ALE, AUX adj., emprunt au dérivé bas latin
vesicalis, a signifié « en forme d'ampoule » (1478). Il qualifie en anatomie (1821) ce qui a rapport à la vessie.
■
VESSIGON n. m., emprunt (1598) à l'italien vescicone, terme de l'art vétérinaire (av. 1566), proprement « grosse vessie », dérivé de vescica « vessie », du latin classique vesica, désigne une tumeur du jarret chez le cheval.
❏ voir
VÉSICATOIRE.
VESTALE n. f. est emprunté, d'abord comme adjectif (1352-1356, vierge vestale) puis (1537) comme nom féminin, au latin classique vestalis « prêtresse de Vesta », de Vesta, nom de la déesse du foyer domestique ; le foyer sacré de la cité était entretenu en permanence par des prêtresses choisies très jeunes et vouées à la chasteté. On a proposé de rapprocher Vesta du grec estia « foyer de la maison », « autel avec du feu » et on a dégagé une racine indoeuropéenne °wes- « brûler », qui serait attestée dans les langues germaniques (ancien haut allemand wasal « feu »).
❏
Le mot, qui conserve le sens du latin, s'emploie à propos de l'Antiquité romaine ; dans un emploi analogique et littéraire, il s'est dit (v. 1544) pour « religieuse chrétienne ». Au figuré, et souvent plaisamment, vestale signifie « femme d'une parfaite chasteté », emploi littéraire ou comique, enregistré par Richelet (1680).
◆
Par une antiphrase courante dans ce domaine, vestale du Marais, puis vestale (1704), s'est employé pour « prostituée » ; on a dit aussi antivestale, au XVIIIe s. ; ces valeurs ont disparu au XIXe siècle.
❏
VESTALIES n. f. pl., emprunt (1803) au latin classique vestalia, neutre substantivé de l'adjectif vestalis, désigne les fêtes célébrées le 7 juin en l'honneur de Vesta ; le mot est didactique. Il a remplacé fêtes vestales (1552, Rabelais), les vestales n. f. pl. (1564, Rabelais).
VESTE n. f. est un emprunt (1578) à l'italien veste « habit », du latin classique vestis « vêtement, habit, costume », probablement à l'origine « façon de se vêtir » ; vestis a pris par analogie de nombreux sens, en latin classique « tapis », appelé aussi stragula vestis, proprement « vêtement qu'on étend », puis « voile de femme », au figuré « dépouille du serpent ». Le mot latin repose sur une racine qu'on trouve dans exuere « dépouiller, dévêtir », induere « revêtir », et dans d'autres verbes du domaine indoeuropéen.
❏
Le mot a d'abord désigné un vêtement à quatre pans descendant jusqu'aux genoux, qui se portait sous l'habit, puis l'habit long que les Orientaux portaient sous leur robe (1670), et aussi le costume de drap de diverses armées (1793) ainsi qu'un vêtement de dessus s'arrêtant aux hanches, porté par les laquais pendant la belle saison (1778, Beaumarchais), et dans certaines professions (cuisiniers en veste blanche, 1783, Mercier).
◆
De ces emplois spéciaux vient la généralisation (1820 : la veste nouvelle) pour le vêtement court, muni de manches et porté avec un pantalon. En français du Québec, veste, ou petite veste, se dit d'un gilet.
◆
Veste entre dans la locution figurée remporter (ramasser, prendre) une veste, « subir un échec » (1866), d'abord en parlant des élections, puis étendu à d'autres contextes ; la locution vient peut-être d'un jeu de mots avec capote, terme de jeux de cartes, dans la locution être capot « être vaincu » (→ capot). Retourner sa veste, « changer totalement d'opinion, de parti », métaphore beaucoup plus claire, est attesté en 1870 (Cf. tourner casaque*).
❏
Le dérivé
VESTON n. m. désignait autrefois (1757 à Québec) un vêtement d'homme plus court que la veste.
◆
Le mot, d'abord très rare, se diffuse avec la « veste nouvelle » (ci-dessus), ceci vers le milieu du
XIXe s., et d'abord dans des contextes spéciaux (
veston de jockey, 1855,
de boulanger, 1858, dans le
Journal des Goncourt) et en emploi général (1858,
ibid.). Les contextes, jusqu'en 1914, en font un vêtement très modeste, avant l'expression
complet veston. Le veston et la cravate sont devenus les symboles du vêtement masculin bourgeois.
◈
SOUBREVESTE n. f. est emprunté (
XVe s.) avec adaptation à l'italien
sopraveste qui correspond à l'ancien provençal
sobravesta « vêtement de cérémonie » (
XVIe s.), mot composé de
sopra « par-dessus », issu du latin classique
supra (→ sur), et de
veste, du latin classique
vestis comme le français
veste.
■
Le mot désignait une longue veste sans manches, que portaient les mousquetaires, les chevaliers de Malte.
◆
La forme italianisée sopraveste (av. 1896, Goncourt) est très didactique.
❏ voir
VESTIAIRE, VÊTEMENT, VÊTIR.
VESTIAIRE n. m., d'abord écrit vestuaire (v. 1200) sous l'influence de vestu (vêtu), puis viestiaire (fin XIIIe s.) et vestiaire (v. 1372, Froissart), est un emprunt au latin classique vestiarum « armoire, coffre pour ranger les vêtements », « garde-robe », dérivé de vestis (→ veste).
❏
Le mot a désigné l'armoire où l'on rangeait les habits sacerdotaux, puis a pris le sens technique (1360) de « dépense faite pour les habits religieux ».
Vestiaire se dit aussi du lieu où sont déposés les vêtements des personnes appartenant à une communauté (1765).
■
Le mot s'est aussi employé comme adjectif, qualifiant ce qui sert de vêtement (1492, robe vestuaire), puis ce qui a rapport aux vêtements (1764, meuble vestiaire).
◆
En histoire (1721), le vestiaire est le nom de l'officier du palais byzantin chargé de la garde des habits de l'empereur.
■
Au XIXe s., le mot s'emploie (1831, Nodier) comme en latin pour l'ensemble des vêtements d'une garde-robe (Cf. garde-robe, avec la même valeur métonymique).
◆
Il désigne couramment (1832) le lieu où les comédiens s'habillent pour la scène, puis (1867 chez Taine), avec la même valeur que dans l'emploi religieux (ci-dessus), le lieu où l'on dépose momentanément des vêtements d'extérieur ou des objets, dans certains établissements publics et, par métonymie (XXe s.), ce qui est déposé au vestiaire. L'expression familière, au vestiaire !, cri hostile à l'adresse de sportifs, d'acteurs, etc., jugés médiocres, est parallèle à l'emploi synonymique de allez (va) vous (te) rhabiller.
VESTIBULE n. m., réfection savante (av. 1483) de vestible (XIIIe s.), a subi l'influence de l'italien vestibulo et du mot latin. C'est un emprunt au latin classique vestibulum « pièce d'entrée d'un édifice », « entrée », en général et, au figuré, « début ». L'origine du mot, malgré une explication ingénieuse par °vero-stabulum « emplacement de la porte », n'a pas été élucidé.
❏
Le mot, qui apparaît avec la forme moderne et une valeur figurée chez J. Molinet, puis dans la traduction de l'
Énéide par O. de Saint-Gelais (1500), conserve le sens du latin, « pièce d'entrée ».
■
Par analogie, il s'emploie en anatomie, désignant la partie moyenne du labyrinthe de l'oreille interne (1690) et, chez la femme, la dépression vulvaire que délimitent latéralement les petites lèvres (1835).
■
Au sens de « pièce d'habitation », le mot s'emploie en français d'Afrique pour celle où l'on reçoit les visiteurs. Dans le même sens qu'en français d'Europe, avec un autre référentiel, vestibule se dit de la case, dans une « concession », qui sert d'antichambre.
❏
Le dérivé VESTIBULAIRE adj. est un terme d'anatomie (1824), surtout employé à propos du vestibule de l'oreille.
VESTIGE n. m., attesté en 1377 (Oresme), est emprunté au latin classique vestigium « semelle ou plante du pied », d'où en poésie « pied », et couramment « trace de pas », puis « trace, empreinte » et « reste qui constitue un indice du passé ». Ce nom est un dérivé de vestigare « suivre à la trace », « traquer », par extension « aller à la recherche ou à la découverte de qqch. », verbe sans étymologie connue.
❏
Le mot est d'abord attesté au singulier (1377), désignant abstraitement ce qui reste d'une idée, d'un sentiment, etc., puis, avec la même valeur, le pluriel (1462) l'emporte.
◆
Le mot est sorti d'usage au sens latin de « traces de pas » (v. 1488 ; 1441, vestigies).
◆
Il désigne depuis la fin du XVe s. ce qui demeure d'une chose détruite, une ruine (1491), puis les restes d'une société. Il s'emploie familièrement par plaisanterie dans de beaux vestiges « des restes de beauté » (attesté mil. XIXe s.).
❏ voir
INVESTIGATION.
VÊTEMENT n. m., d'abord vestiment (v. 980) puis vestement (1080), écrit au XVIIe s. vêtemant (1636) et vêtement (1671), est dérivé de vêtir* d'après le latin classique vestimentum « vêtement » puis « couverture », qui a donné l'italien vestimento, l'espagnol et le portugais vestimenta. Vestimentum est dérivé de vestis (→ veste).
❏
Le mot désigne dans ses premiers emplois tout ce qui sert à couvrir le corps, emploi aujourd'hui didactique au singulier, le vêtement servant également à désigner ce qui protège, pare le corps (coiffure, chaussure, etc.).
◆
Vêtement est usité couramment au pluriel, avec une valeur générale et une valeur spéciale, où il s'oppose à sous-vêtements (ci-dessous).
◆
Le singulier collectif équivaut à « vêtements » ; cet emploi est attesté sous la forme du féminin vestemente dès l'ancien français (v. 1200).
◆
Par figure, vêtement se dit (déb. XIIIe s.) comme manteau, parure, de ce qui cache, protège, couvre.
❏
VESTIMENTAIRE adj. a été formé au
XIXe s. (1830, Balzac) à partir de l'adjectif latin classique
vestimentarius « relatif aux vêtements », dérivé de
vestimentum. Il en conserve le sens, remplaçant
vestimental adj. (1832), dérivé savant du latin.
◈
SOUS-VÊTEMENT n. m. est employé (1890 au Québec) surtout au pluriel, en parlant des vêtements de dessous.
◆
L'ancien français
souvistement, n. m. (1205), « travestissement », sorti d'usage en moyen français, n'a pas de rapport historique.
■
SURVÊTEMENT n. m. dérive (1829) d'un verbe disparu survêtir (1549) « vêtir par-dessus », en termes de religion. Au XXe s., le mot s'est diffusé dans le contexte du sport, devenant usuel, aussi abrégé en survêt'.
VÉTÉRAN n. m., (1520), aussi adjectif, est un emprunt au latin classique veteranus « vieux, ancien » (n. m.), terme de la langue rustique et militaire, dérivé de vetus, veteris « ancien », qui a donné vieux*.
❏
L'adjectif s'est employé à propos de l'Antiquité romaine dans loyer veterane, « salaire accordé aux anciens soldats », puis dans soldat veterane (1602), devenu soldat vétéran (1694) « ayant obtenu son congé après un long service », alors synonyme de un vétéran (1520, veterain), employé pour la réalité contemporaine. Par analogie, le mot s'est dit (1627) d'un magistrat qui, ayant achevé son service, jouit encore des prérogatives de sa charge, et pour « élève qui redouble sa classe » (1680), emploi sorti d'usage.
◆
Vétéran s'emploie aussi (1740) en parlant d'une personne pleine d'expérience dans un domaine.
◆
Sous la Révolution, le mot a désigné (1791) un soldat âgé qui servait dans des compagnies spéciales et, au XIXe s. (1872), un ancien soldat réformé.
◆
Par analogie, le mot se dit (1885) d'un sportif ayant dépassé l'âge de la catégorie des seniors (35 ans).
❏
VÉTÉRANCE n. f. (1705), « état de vétéran », est sorti d'usage ainsi que la variante VÉTÉRANISME n. m. (1719).
VÉTÉRINAIRE adj. et n. a été emprunté (1563, adj.) au latin classique veterinarius « relatif aux bêtes de somme », substantivé pour « personne qui soigne les animaux ». Le mot est dérivé de veterina « bêtes de somme, de trait », pluriel neutre substantivé de veterinus « propre à porter les fardeaux », qui est peut-être dérivé de vetus, veteris (→ vieux), les animaux âgés, impropres à la course et à la guerre, étant affectés au transport.
❏
Le nom (1571) et l'expression
médecin vétérinaire, d'emploi courant, désigne un spécialiste de la médecine des animaux d'élevage, puis de tous les animaux considérés par l'homme (domestiques, dressés, montrés...). De là
un, une vétérinaire, n.
◆
L'adjectif s'emploie dans divers syntagmes, comme
art vétérinaire (1563),
école vétérinaire (1761) et
médecine vétérinaire (1798).
◆
Vétérinaire n. f. s'est dit spécialement (1765) de l'art de traiter les chevaux.
■
Le nom masculin et féminin, très usuel, est parfois abrégé et suffixé en -o : VÉTO nom familier (un véto ; il, elle est véto).
VÉTILLER, verbe attesté tardivement (1606), dérive de l'ancien français vete « courroie » (v. 1180) puis « lien, ruban » (1449), issu du latin classique vitta « ruban servant à maintenir la coiffure », de la famille du verbe viere « courber », « tresser ». Le mot latin a par ailleurs été emprunté sous les formes vite (1392), vitte (v. 1500) « bandelette », sorties d'usage. Viere repose sur une racine indoeuropéenne représentée par le sanskrit vyáyati « il enveloppe », le grec itea « saule », des termes slaves et germaniques. En latin même, il y a parenté avec vitis (→ vis) par l'idée de « vrille » (→ viticole, vrille).
❏
Vétiller signifiait « flotter » en parlant des cheveux en désordre, « s'occuper à des choses insignifiantes » (1606), « chercher querelle sur des riens » (1671).
❏
Le verbe a pour dérivé un substantif encore vivant,
VÉTILLE n. f. (1528, sens obscur, puis 1538, « chicane »). Le mot, d'emploi littéraire, équivaut à « chose insignifiante » (1611). Il est le plus souvent employé au pluriel, comme
bagatelle, broutille, etc.
◆
Il a désigné un jeu de patience consistant en des anneaux entrelacés très difficiles à séparer (1611) et, dans le vocabulaire technique (1765), le petit anneau qui reçoit le fil dans un rouet.
◈
Le dérivé
VÉTILLEUX, EUSE adj. s'applique à une personne qui s'attache à des détails (1642). L'adjectif a qualifié (1692) un ouvrage qui demande des soins minutieux et (1732) ce qui est réglé minutieusement. On dit aussi en ce sens
VÉTILLEUR, EUSE adj. et n. (1642).
■
Un autre synonyme VÉTILLARD, ARDE adj. et n. (1640), est sorti d'usage.
L +
VÊTIR v. tr. (v. 980, vestir, encore au XVIIIe s. ; v. 1155, vêtir) est issu du latin classique vestire « vêtir, habiller » au propre et au figuré, d'où « recouvrir, entourer, garnir », dérivé de vestis (→ veste, vêtement).
❏
Le verbe a conservé sa valeur initiale de « mettre sur soi (un vêtement) » (v. 980), aujourd'hui archaïque ou littéraire
(Cf. ci-dessous revêtir), puis (fin
Xe s.) de « couvrir (qqn) de vêtements » ; il est plus usité en emploi pronominal (v. 1145), mais
s'habiller est plus courant.
■
Vêtir a eu en ancien français et en français classique de nombreuses acceptions qui ont disparu, souvent reprises par revêtir. Dans la Chanson de Roland (1080) il est employé au figuré pour « mettre (qqn) en possession (de qqch.) », encore en usage au XVIIIe s., d'où se vêtir de « se saisir de » (1440-1475) et être vêtu d'une charge « en être le titulaire » (1690).
◆
Il a signifié aussi « assumer un rôle » (v. 1265), encore au XVIIe s. (Molière). Il s'est dit spécialement au XIVe s. pour « revêtir l'habit religieux » (v. 1340) et pour « orner, parer » (1373).
■
À partir du XIIIe s. (v. 1210), il correspond aussi à « procurer des vêtements à (qqn) », sens resté vivant (vêtir ceux qui sont nus).
■
En technique, vêtir a signifié « garnir de toiles (les ailes d'un moulin à vent) » (1680), d'où être vêtu comme un moulin à vent « être habillé en toile » (1680), locution disparue.
❏
Le dérivé
vêtement (vestement) a subi l'influence du latin
vestimentum (→ vêtement).
■
Le dérivé suffixé VÊTURE n. f., vesteure (v. 1155) au sens général de « vêtement », s'est employé figurément pour « investiture » (1242), acception encore relevée au XVIIe s., et pour « droit pour une investiture » (1291). Le mot a désigné un habit monacal (XIVe s.).
◆
Par analogie, il s'est employé pour une étoffe dont on recouvre une muraille, une tenture (1419).
■
En ancien français et régionalement (1255 dans le nord de la France, sous la forme viesture), il se dit de la récolte sur pied, qui « revêt » le sol (vêture, 1444), sens qui correspond à l'ancien provençal vestir « cultiver (la terre), faire pousser » (XIIe s.).
■
Il est sorti d'usage comme nom d'action pour « action de vêtir » (1611, vesture) mais, en religion, il désigne (1680) encore aujourd'hui la prise d'habit par laquelle commence le noviciat.
◈
VÊTU, UE adj. est d'abord attesté dans des emplois figurés, avec la valeur de « couvert » ; il signifie en français ancien « peuplé » (de la terre) [v. 1155], « épais » (d'une foule) [1165-1170],
rue vestue se disant à la même époque pour « bordée de maisons », tous emplois disparus.
◆
Au sens propre, l'adjectif est attesté vers 1165. Il s'est appliqué (1258) à qqn qui a revêtu l'habit religieux.
◆
Au figuré,
la cour vêtue (1283,
courts vestue) s'est dit des juges siégeant au complet à leur tribunal.
◆
Court vêtu « qui a des vêtements courts », est toujours en usage, surtout en parlant d'une femme ;
long vestu, n. m., « clerc » (1404) a disparu.
◆
En termes de blason,
écu vêtu (1690, aussi
n. m.) désignait un écu qui comporte un « vêtement » (habillage) d'un émail particulier.
◈
Le verbe préfixé
REVÊTIR v. tr. est relevé à la fin du
Xe s.
(revestir) pour « donner des vêtements à (qqn qui en manque) », sens tiré du latin chrétien et aujourd'hui archaïque. Le verbe signifie aussi dès le
XIe s. (v. 1050) « couvrir (qqn) », ou « se couvrir » (d'un vêtement particulier), surtout d'un vêtement de cérémonie ou signe d'une fonction, d'une dignité.
◆
Le verbe s'est employé (
XIIe s.) jusqu'au
XIXe s. pour « vêtir de nouveau », mais les emplois où il est en rapport avec
vêtir et
vêtement ont cédé le pas aux valeurs figurées.
◆
Par figure, il se dit dès l'ancien français pour « mettre en possession, investir » (v. 1175), —
Cf. ci dessous la première valeur attestée de revêtement — puis pour « prendre (une apparence, un caractère) » (v. 1250), « couvrir (qqch.) d'une apparence » (1273). Ces emplois figurés, restés vivants, ont parfois éliminé ceux du verbe simple.
◆
Par analogie concrète,
revêtir signifie « couvrir pour protéger ou orner » (1422), spécialement « enduire (un mur) » (1552) et « garnir de » en architecture (
revêtir des figures, 1676).
◆
En droit,
revêtir (un acte) de a le sens de « mettre sur (un acte) les signes matériels de sa validité » (1690).
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Par extension du sens figuré « mettre en possession », le verbe signifie (1798) « faire connaître (la qualité, etc.) qu'on possédait sans la montrer ».
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REVÊTU, UE adj., tiré du participe passé, s'est d'abord appliqué à une personne qui vit en communauté religieuse. Au figuré, sot revêtu (1656) s'est dit d'un nouveau riche arrogant.
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REVÊTEMENT n. m. a d'abord désigné (1249) l'action d'investir un fief.
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Le mot est relevé isolément au XIVe s. pour « vêtement », puis s'est dit de l'action de mettre un habit (1470), sens sorti d'usage à l'époque classique.
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Au pluriel, le nom a désigné (1625) les ornements sacerdotaux. Malgré un emploi au XIXe s. pour « action de vêtir une seconde fois » (1803), revêtement, comme dans ce cas revêtir, s'est détaché de vêtement.
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En effet, le mot s'est spécialisé en moyen français dans le domaine technique, désignant un élément qui recouvre les parois d'une construction pour l'orner ou la consolider (1508), sens demeuré très vivant, puis un ouvrage de retenue, de stabilisation des terres (d'un fossé, etc.) [1587]. En technique, il se dit (1932) des matériaux dont on recouvre une voie pour la rendre carrossable.
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Revêtement a eu pour concurrent REVÊTISSEMENT n. m. (1545), encore en usage régionalement au XIXe s. (G. Sand).
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DÉVÊTIR v. tr. signifie d'abord (v. 1165,
devestir) « dépouiller (qqn) de ses vêtements », d'où l'emploi métaphorique (
XIIIe s.) pour « dépouiller ».
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Il s'emploie au pronominal dès l'ancien français (v. 1180), mais
(se) déshabiller est plus courant en français moderne.
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Se dévêtir de qqch. s'est employé (1258) au sens de « renoncer à sa possession », acception encore relevée au
XIXe siècle. Le sens de « déposséder » (1527) est également sorti d'usage,
dévêtir ayant évolué comme
vêtir et non comme
revêtir.
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DÉVÊTEMENT n. m., terme de droit (1300), « action de se dessaisir (d'un bien) » a disparu comme DÉVÊTISSEMENT n. m., attesté isolément au XIVe s. (1314, desvestissement), pour désigner l'état d'une personne déshabillée, puis par analogie (1544) la perte des feuilles.
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Le mot, repris au XIXe s., signifie alors « action de se dévêtir » (1845), mais reste rare, comme dévêtissement en ce sens (1845).
❏ voir
INVESTIR, TRAVESTIR, VÊTEMENT.