VIDUITÉ n. f. est un emprunt (1265) au latin classique viduitas « privation » et « veuvage, état de femme veuve », dérivé de viduus (→ veuf). Viduité a remplacé vevée, puis par changement de suffixe vedveté n. f. « veuvage » (v. 1155), aboutissement du latin, devenu veuveté (XIIIe s.) jusqu'au XVIe s. sous l'influence de veuve.
❏  Le mot conserve le sens de « veuvage » puis se dit (1576) de l'état d'une personne qui est privée de qqch. et, littérairement (av. 1605), pour « abandon, solitude ».
■  Par attraction de vide et confusion avec vacuité*, viduité s'emploie pour « état de ce qui est vide » (attesté 1853, Flaubert).
L + VIE n. f., après les formes vida (v. 980), vithe (1050), représente (1080) l'aboutissement de l'évolution phonétique du latin classique vita « vie, existence » et, au figuré, « genre de vie, manière de vivre », « moyen d'existence », « réalité » et « biographie ». Vita est issu d'une forme ancienne °vivita, dérivée de vivere (→ vivre).
❏  Le mot est d'abord attesté (v. 980, vida ; 1080, vie) pour désigner l'ensemble des activités et des événements qui remplissent la durée de l'existence humaine puis, avec une valeur religieuse, la survie (v. 1050, celeste vithe) ; dans ce cas, le mot est parfois écrit avec une majuscule lorsqu'il est employé seul (1553) ; il est plus souvent qualifié : la vie éternelle (1416 ; v. 1145, pardurable vie, même sens), la vie future (1660), l'autre vie (av. 1778). ◆  Vie est pris également (v. 1050) au sens général de « fait de vivre ». ◆  Depuis la Chanson de Roland (1080), il se dit aussi de l'espace de temps qui s'écoule entre la naissance et la mort d'un être individuel, d'où, en ancien français, a tute ma vie « pendant toute ma vie », ainsi que du cours des choses humaines, de la manière de penser l'existence. ◆  Par métonymie du premier sens, ou par réemprunt du latin, vie s'emploie (1130-1140) pour « biographie », puis signifie (v. 1200) « type d'activité qui s'exerce dans certaines conditions » en concurrence avec état, occupation, etc. ◆  À partir du XIIIe s. apparaissent diverses locutions liées aux valeurs précédentes : mener fort vie « faire grand bruit et s'agiter », puis mener une vie terrible, une vie de diable (1382) ont disparu ; en religion, pain de vie se dit de l'aliment de la vie spirituelle (v. 1220) comme parole de vie (1553). En vie s'emploie pour « vivant » (v. 1240). Sur un autre plan, donner vie à qqn signifie « engendrer » (v. 1273), aujourd'hui (depuis 1553) donner la vie.
■  Parallèlement, le mot désigne la manière de vivre, de se conduire moralement, en particulier dans de bonne vie « dont la conduite est honnête » (v. 1250), opposé à de mauvaise vie dans homme de mauvaise vie « débauché », qui est sorti d'usage avec une évolution de la morale sexuelle plus défavorable à la femme, alors que femme de mauvaise vie (1553) s'est maintenu ; en moyen français, on disait simplement fille de vie (1399). On relève aussi, avec une valeur d'appréciation non morale, bonne vie « exempte de soucis » (fin XIIIe s.), encore usuel (c'est la bonne vie). ◆  Vies, au pluriel pour « mœurs » (v. 1380), ne s'est pas maintenu. ◆  Depuis la fin du XIIIe s., le mot signifie « durée de temps qui reste à vivre », spécialement (v. 1283) dans à vie « pendant le temps encore à vivre » ; il s'employait dans a mort et a vie, loc. adv., « pour toujours » (v. 1283), devenu à la vie (et) à la mort (1690) notamment pour une promesse d'amitié durable. ◆  Mener une vie (qualifiée négativement : pénible, terrible...) à qqn « le tourmenter, le maltraiter » (1382) a ensuite des équivalents familiers comme mener, rendre la vie dure (déb. XVIIIe s.). ◆  Aller de vie à trépas, « mourir », est devenu passer de vie à trépas (2e moitié du XIXe s.).
■  C'est seulement en moyen français (attesté fin du XIVe s.) que vie désigne, d'après une des acceptions du latin vita, la nourriture (1395, avoir sa vie « avoir le vivre et le couvert ») et, encore à l'époque classique, les moyens matériels d'assurer la subsistance (1538). Ce sens a donné lieu à des expressions employées à l'époque classique, comme (personne) de grande vie « qui mange beaucoup » (1570), opposé à de petite vie (1640). Gagner sa vie, « assurer sa subsistance en travaillant » (fin XVe s.), toujours usuel, relève de cette valeur, comme la vie ne coûte rien (dans cette ville, etc.) [1676].
■  Par ailleurs, au XVIe s. et en français classique, les expressions et locutions se multiplient : ne... de ma (ta...) vie, pour « ne... jamais » (1540), jamais de la vie (XIXe s.), simple renforcement de jamais. ◆  Telle vie telle fin (1611) s'est modifié en telle vie telle mort (1788) ; faire vie qui dure « ménager sa santé, ses ressources » (1640) est sorti d'usage comme vie de pourceau, courte et bonne (1640) et vie de cochon (1718) « vie passée dans les excès ». ◆  Restent vivants vie de garçon « existence insouciante (d'homme célibataire) » (1640), faire la vie « mener une vie dissipée » (1649, Scarron) : on a employé en ce sens faire la petite vie (1808). (Être) sans vie (1669) correspond à « mort » et à « évanoui ». ◆  Vie, par extension, désigne (1679) la manière de vivre commune à une société et se dit spécialement du fait de vivre intensément (1689, tout en vie « plein de vigueur »). À la fin du XVIIe s., Furetière note aussi : vie de chien « existence très pénible », avoir la vie dure « résister à la maladie, etc. ». ◆  Au sens premier, « existence humaine », le mot reste productif en locutions, que ce soit au sens de « survie biologique » n'avoir qu'un souffle de vie (1718) ou de « transmission de l'existence par la génération » devoir la vie à qqn (1736) « être né de lui » puis aussi « avoir été sauvé par lui ». ◆  Avec la valeur de « mode de vie », vie de bohème (1710) « existence irrégulière » devient à l'époque romantique le propre du milieu des artistes. La locution refaire sa vie (déb. XXe s.) s'est spécialisée dans le domaine sentimental, plus précisément matrimonial ; vivre sa vie (déb. XXe s.) et faire sa vie signifient « mener la vie qu'on a choisie ». Outre ces nombreuses expressions, le mot vie inspire quantité de formules en général plates et banales, comme c'est la vie ! à propos de tout événement pénible. Dans une vie antérieure, dans une autre vie fait allusion à un passé lointain ou oublié. Dans la vraie vie calque l'anglais in real life et s'oppose à l'imaginaire ou parfois à la vie sociale. Une scie optimiste, d'après un essai écrit en 1964, est : (elle est) pas belle, la vie ? « c'est merveilleux ».
Aux XVIe et XVIIe s., une série d'emplois utilise le mot dans des appellatifs et des imprécations. Ma vie s'est employé comme terme d'affection (1538), comme mon cœur. Sur ma vie est une formule d'affirmation (1543), comme sur ma conscience, etc. ; déjà le moyen français connaissait sur la vie (v. 1360), formule d'adjuration.
Le mot vie désigne figurément (1630) l'animation que l'artiste donne à sa matière et, par analogie, une existence dont le dynamisme évoque la vie (av. 1778), spécialement en parlant d'une société (av. 1830).
■  La métaphore de la vie et de la mort est à la mode lorsque la biologie devient un modèle pour les sciences humaines, à la fin du XIXe s. et au début du XXe s. ; elle s'applique aux institutions, au langage (La Vie des mots, de A. Darmesteter, 1885), etc.
■  Par ailleurs, le mot se dit (1880) de l'existence de ce qui se transforme dans le temps, d'où au XXe s. l'emploi pour « durée d'existence (d'une chose) », spécialement en sciences (la vie d'un radio-élément), aussi durée de vie, en sciences et en technique.
❏  Le dérivé VIABLE adj. est attesté en 1537, s'appliquant à un être apte à vivre. Par analogie, l'adjectif qualifie (1830) ce qui présente les conditions nécessaires pour durer (entreprise viable).
■  Le dérivé 2 VIABILITÉ n. f. s'emploie au propre (1803, d'un fœtus) et par analogie (1842).
■  Le contraire préfixé INVIABLE adj., d'abord employé pour « invivable » (1877), est didactique ou littéraire (1906), comme INVIABILITÉ n. f. (XXe s.).
SURVIE n. f., réfection (1670) de sourvie (1604), s'emploie d'abord en droit pour « état d'une personne qui survit à qqn », notamment dans des expressions comme gains de survie (1688). ◆  Il est passé dans l'usage courant pour désigner le fait de survivre, d'abord au figuré (1850), puis à propos de la vie après la mort dans les croyances religieuses (1907). Par extension, il équivaut à « immortalité » en parlant d'une œuvre.
VIAGER, ÈRE adj. et n. m. est dérivé (1332), d'abord dans le nord de la France sous la forme wiagère (1291, n. f.), de l'ancien français viage n. m., dérivé de vie suffixé en -age, qui signifiait « cours, durée de la vie » (1281) ; viage s'employait aussi en droit pour « usufruit à vie » (1298), sens encore relevé en 1700, puis (1611) pour « personne qui jouit d'une rente durant sa vie ».
■  L'adjectif s'applique (1332) à une personne qui bénéficie, sa vie durant, de ressources, sens sorti d'usage. ◆  Il s'emploie spécialement en droit (1417), qualifiant une rente, une pension (pension viagère) qui doit durer pendant la vie d'une personne, et non au delà. ◆  Viager n. m. a désigné (1450, encore en 1771), aussi au féminin viageresse, un rentier à vie. Cette acception a disparu. Un viager correspond (1762) à un revenu viager. Le mot s'emploie notamment dans en viager. Il est aujourd'hui relativement démotivé par rapport à vie.
❏ voir VITAL, VITAMINE.
VIÉDAZE n. m., d'abord viet d'aze (1532, Rabelais), puis viédaze (1611), viédase (1651), est repris à l'occitan et signifie littéralement « organe sexuel de l'âne » ; le mot est composé de viet (→ vit) et aze, du latin asinus (→ âne).
❏  Viédaze est d'abord employé chez Rabelais au sens étymologique et (1534) comme terme d'injure, pour « imbécile, niais » (1611), puis « poltron, vaurien » (1651, viédase ; 1680, aussi explicitement vit d'aze).
■  Le mot équivaut dans le sud de la France, par une analogie de forme, à « aubergine », sens relevé en 1842 (vietdaze), mais attesté antérieurement dans les dialectes.
VIEIL, VIEILLE → VIEUX
VIELLE n. f., attesté vers 1130 (viele ; XIIIe s. avec deux l), représente selon Bloch et Wartburg le déverbal de VIELLER v. intr. (déb. XIIe s.), formé à partir du radical onomatopéique vi-, comme l'ancien provençal violar (v. 1170) [→ viole]. Cependant, P. Guiraud le donne comme issu d'un gallo-roman °vivella, doublet de l'ancien provençal °viv(e)ola, tous deux dérivés de vivus « animé », « vif » (→ vif), les finales -ellus, -(e)ollus étant des formateurs de noms d'instruments ; par dissimilation, le second v aurait disparu ; dans cette hypothèse, le verbe vieller dériverait du nom.
❏  Le mot, d'abord employé pour viole*, désigne aujourd'hui (1549) un instrument de musique populaire dont les cordes vibrent sous l'effet d'une roue que l'on meut par une manivelle. On dit aussi vielle à roue (attesté XXe s.).
❏  VIELLER v. tr. (déb. XIIe s.) « jouer de la vielle » est peut-être à l'origine du nom (voir ci-dessus).
■  Il a pour dérivé VIELLEUR, EUSE n. (1370), d'abord vielur (1165). On dit aussi régionalement VIELLEUX, EUSE n. (1532) ; Cf. violoneux.
VIENNOIS, OISE adj. et n., noté vianeis en ancien français (1050) avant viennois (XIIIe s.), est dérivé du nom français Vienne (allemand Wien), capitale de l'Autriche. Ce nom est issu du latin Vindobona, donné à un poste militaire créé vers 50 après l'ère chrétienne. Ce nom était probablement celte (gaulois), correspondant à un composé de vindo « blanc » et bona « bourg » (qu'on retrouve dans Ratisbonne ; Lisbonne a une autre origine). La ville développée non loin de là a pris le nom de la rivière, *Wedini en ancien haut allemand (d'où Viden, Wieden en slave), puis *Weni (ad Wenium en latin, 881). Le nom de la ville française homonyme est pour sa part de la famille de vigenti (→ vingt).
❏  Le mot qualifie ce qui a rapport à Vienne, à ses habitants, qu'il désigne comme nom. Des syntagmes courants servent à dénommer des aliments, des boissons originaires de Vienne, par exemple café viennois, chocolat viennois, servis chauds avec de la crème fouettée ; escalope viennoise, « panée », et notamment des pâtisseries et pains au lait. Un viennois n. m. se disait pour pain viennois.
❏  VIENNOISERIE n. f. (1977), formé avec le suffixe de pâtisserie, se dit des produits fins de boulangerie, pains viennois ou au lait, pains aux raisins, croissants (d'origine viennoise), brioches...
VIERGE n. f. et adj. est un emprunt, par l'intermédiaire du latin ecclésiastique, sous la forme virgo (v. 980), puis virgine (v. 1050), virjne (1119) et vierge (v. 1250), du latin classique virgo, virginis « jeune fille qui n'a pas eu de relations sexuelles complètes » ; « jeune fille, jeune femme dont l'hymen est intact » ; le mot s'emploie aussi en parlant des femelles d'animaux. À l'époque impériale, comme adjectif, virgo est appliqué à toutes sortes d'objets, au sens de « qui n'a pas servi ». ◆  Dans la langue classique, c'est le nom d'une constellation du zodiaque et, dans la langue chrétienne, il sert à désigner Marie, mère du Christ « par l'opération du Saint-Esprit ». Aucun nom indoeuropéen commun n'a été relevé pour cette notion.
❏  Le mot se dit d'abord comme en latin d'une jeune fille qui n'a pas eu de rapports sexuels (v. 980) ; en ancien français virgine (ou virgene) et vierge sont alors moins usuels et moins généraux que pucelle*. En emploi adjectivé, virgine (v. 1119), puis vierge (XIIIe s.) qualifie une femme ou un homme avant tout rapport sexuel. ◆  Il s'emploie spécialement, écrit avec une majuscule, pour désigner Marie, mère de Jésus (v. 1050, la Virgine ; v. 1155, la Virge ; XIIIe s., la Vierge), d'où, par métonymie, une vierge « une représentation artistique de la Vierge Marie » (1643), thème essentiel de l'iconographie catholique (Cf. Madone, Pietà, etc.). ◆  En religion il désigne aussi (v. 1140) une femme célibataire dont la chasteté a été reconnue par l'Église et qui a été canonisée, par exemple dans vierge et martyre. La locution (être) amoureux des 11 000 vierges « de toutes les femmes qu'on voit » (1640) a vieilli ; l'expression pourrait provenir d'un contresens, XI M V ayant été lu ainsi au lieu de « onze martyres vierges ». Dans le même registre, la parabole des vierges sages et des vierges folles donne lieu à vierge folle, employé pour « femme de mœurs légères » (1845). Au XVIIIe s., le nom désigne aussi dans le vocabulaire religieux une chrétienne consacrée au service de Dieu, vouée à la chasteté (sans entrer dans un ordre).
■  Par analogie et comme en latin impérial, l'adjectif s'applique à ce qui n'a pas encore été employé (v. 1270, cire vierge), ou à ce qui a été fait avec un matériau intact, par exemple dans pargamin verge (XIIIe s. ; v. 1530, Marot, parchemin vierge) « fait de la peau d'agneaux, de chevreaux mort-nés ».
■  Par réemprunt au latin Virgo, Vierge devient au XVIe s. (1512), en astrologie, le nom du sixième signe du zodiaque (23 août-22 septembre) et, en astronomie, le nom d'une constellation zodiacale de l'hémisphère boréal.
■  L'adjectif prend au XVIe s. le sens général (1580, Montaigne) de « qui n'a jamais été touché, intact », relevé spécialement en 1611 dans huile vierge « qui sort des olives sans qu'on les ait pressées », sens disparu — l'expression s'appliquant ensuite à l'huile de première pression —, métaux vierges « purs » ou couleur vierge « pure ». Cet emploi se prolonge au XXe s. en commerce et en publicité (pure laine vierge, etc.).
■  L'adjectif s'emploie aussi (1683) à propos de ce qui est sans tache, sans marque. ◆  Avec la notion biologique « qui ne peut procréer », il entre également dans des syntagmes comme vigne vierge (1690), signifiant « qui ne donne pas de raisin », terre vierge (1770) « inexploitée ». ◆  L'adjectif s'emploie dans un contexte abstrait pour « intact, qui n'a pas été souillé » (1812, réputation vierge). ◆  Sur le plan concret, il acquiert la valeur de « désert, où personne n'a pénétré », dans forêt vierge (1845), terres vierges (1796), territoire vierge.
❏  1 VIRGINAL, ALE, AUX adj., obtenu (1226) par changement de suffixe de virginel (v. 1050), est un emprunt au latin classique virginalis « de vierge, de jeune fille », dérivé de virgo, virginis.
■  Le mot conserve d'abord le sens du latin et s'emploie en parlant de la Vierge Marie (Cf. marial). Il s'est appliqué à la constellation de la Vierge (v. 1270, signe virginal). ◆  Comme vierge, il s'emploie par figure au sens de « pur » (1570, huile virginale), parfois repris au XIXe s., et dans lait virginal « cosmétique pour se blanchir le teint » (1611). ◆  Au XIXe s. (1827), virginal qualifie abstraitement, dans un usage littéraire, ce qui est sans tache, d'une blancheur immaculée.
■  Le dérivé VIRGINALEMENT adv. (1393) est rare.
2 VIRGINAL n. m., substantivation de l'adjectif (1533), est emprunté à l'anglais virginal (1530) de même origine.
■  Le mot désigne un instrument du type de l'épinette, surtout en usage en Angleterre du XVIe au XVIIIe s. ; le nom vient peut-être du fait que l'instrument était destiné aux jeunes filles ou qu'il avait un son très pur. On relève aussi la forme virginale n. f. (1823).
VIRGINITÉ n. f., d'abord sous la forme virginitet (v. 880), puis virginité (v. 1119), ou vierginité (v. 1380), disparu, est emprunté au latin classique virginitas « état d'une personne vierge », dérivé de virgo, virginis.
■  Le mot conserve ce sens en français, puis se dit figurément du caractère de ce qui est intact, pur (fin XVIe s., d'Aubigné), parfois en parlant d'une chose (1699, d'une teinte), acception reprise en emploi littéraire au XIXe s. (1803, Chateaubriand). ◆  Le mot s'emploie en particulier à propos de l'état moral, des sentiments d'une personne vierge, d'où la locution refaire (rendre) une virginité à (qqn, qqch.) (1830, Hugo), employé aussi au figuré.
DÉVIRGINER v. tr., apparu au XIIe s. (1165-1170), repris isolément peu après 1300 puis à la fin du XVIe s., encore repris en 1802, est un emprunt au latin classique devirginare « ôter la virginité à », de de- négatif et du radical de virgo, virginis.
■  Ce verbe est littéraire ou plaisant, comme DÉVIRGINISER v. tr. (1829), tiré de virgin[ité] : ils sont concurrencés par déflorer, littéraire, et par dépuceler, familier. En français d'Afrique subsaharienne, on emploie la forme dérivée de vierge, DÉVIERGER, v. tr., dans le même sens.
VIRGINIPARE adj. et n. se dit en physiologie animale des femelles qui peuvent engendrer par la parthénogenèse.
VIETNAMIEN, IENNE adj. et n. est dérivé de Viet (Viêt) Nam, nom du pays du sud-est de l'Asie, correspondant à une partie de la péninsule qui fut appelée Indochine par les géographes français, et qui comprenait aussi la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie, le Cambodge, le Laos. Cette appellation fut rendue politique par la colonisation de l'Annam, du Tonkin, du Cambodge et du Laos par la France (l'Indochine française). Le nom Viêt nam est un calque en vietnamien, au IXe s., du chinois Nan-yué, viêt traduisant yué « frontalier, étranger » et nam équivalant à nan « sud ». Le nom, signifiant étymologiquement « frontalier du sud », a perdu son rapport avec le point de vue chinois et s'est imposé comme symbole national dans les accords reconnaissant l'indépendance du pays. ◆  Le mot qualifie ce qui a rapport au Viêt Nam, écrit désormais Vietnam ou Viêtnam, et désigne comme nom ses habitants. Le vietnamien est le nom de la langue parlée dans le pays, possédant six tons, et écrite, après l'avoir été avec les caractères chinois, en alphabet latin (quôc-ngu).
❏  VIETNAMISATION n. f. désigne en histoire le processus par lequel les États-Unis se désengagèrent en partie du Viêtnam, militairement, en confiant l'initiative des opérations aux forces du Viêtnam du Sud (appelé Sud-Viêtnam, de même que Nord-Viêtnam, d'après l'anglais), de 1969 à 1975. Le mot s'est employé par analogie pour l'évolution d'un conflit sur le modèle vietnamien.
L'abréviation VIET adj. et n., de nature hostile et parfois raciste, s'appliqua aux Vietnamiens nationalistes du VIÊT-MINH n. m. et du VIÊT-CONG n. m. (aussi n. et adj.) et à leur armée, qui combattit la France, puis les États-Unis et qui l'emporta. Le mot, aux résonances colonialistes, s'est appliqué à tous les Vietnamiens, en général.
L VIEUX ou VIEIL, VIEILLE, VIEUX adj. et n. apparaît vers 1050 dans la Vie de saint Alexis, écrit vielz au cas sujet, puis dans la Chanson de Roland (1080), écrit vieil au cas régime ; vieux, cas sujet, est attesté au XIIIe s. ; le féminin vieille vers 1155. ◆  Le mot est issu du bas latin veclus « vieux », altération, après vellus, du latin classique vetulus, diminutif de la langue familière de vetus, veteris « vieux, ancien », d'où veteres, n. m. pl., « les anciens » et vetera, n. f. pl., « les vieilles choses, le passé » ; dans le vocabulaire militaire vetus a les sens de « vétéran », « expérimenté ». On retrouve le c de veclus dans l'italien vecchio. L'adjectif qualifie ce qui est bonifié par l'âge, vetus vinum « vin vieux » s'opposant à novum vinum. Par ailleurs, vetus, comme vetulus, s'applique à ce qui est détérioré, diminué par l'âge, et s'oppose à novus (→ nouveau), alors que senex (→ sénile) ne fait qu'indiquer une classe d'âge, opposé à juvenis (→ jeune) ; cette nuance existe dans le correspondant baltique et slave (lituanien vẽtušās, vieux slave vetŭxŭ).
■  Vetus se rattache à la racine indoeuropéenne °wet- « l'année » ; cette valeur se retrouve dans le grec etos « année » (→ étésien), le sanskrit vatsáḥ « veau », le latin vitulus (→ veau), le gotique wiþrus « agneau ». Le passage à l'idée de dégradation, d'ancienneté a pu s'effectuer par l'opposition vetus / novum, par exemple à propos du vin, vetus désignant le vin de l'ancienne année ; l'hypothèse est confirmée par le fait que les langues qui ont °wet- « année » n'emploient pas °wetus « ancien », et inversement.
❏  Le latin classique vetus a abouti en ancien français à viez, adj., qui correspond à « ancien » (vin, ville, etc.) et à « usé » (vêtement, etc.), sens attesté vers 1155 et en usage jusqu'à la fin du XVe s. ; viez avait fourni plusieurs dérivés qui correspondent à ceux de vieux, dont vieserie, n. f., « vieux vêtements », encore relevé au pluriel au début du XVIIe siècle. ◆  On relève encore vieil devant consonne au XVIIe s., mais vieux l'emporte, sauf devant un nom commençant par une voyelle ou un h « muet », même si des textes classiques conservent dans ce cas vieux (vieux usurier, Molière), forme qui se maintient dans des textes modernes à des fins stylistiques.
■  L'adjectif s'applique dès le XIe s. à une chose dont l'origine, la création est ancienne puis (1080, vieil) à un être vivant qui a vécu longtemps, est avancé en âge, alors opposé à jeune. Dans ce sens, de nombreuses locutions comme vieux comme Hérode (1653), vieux comme les rues (chez Furetière, 1690), comme les chemins, etc. ont une valeur intensive. ◆  Le mot a aussi cette valeur comme nom (1080, masc. ; v. 1155, fém.) ; autrefois employé avec une nuance de respect, il est aujourd'hui plus familier que vieillard* et souvent condescendant, sinon méprisant ; les vieux désigne (v. 1273) les gens âgés ou plus âgés, par rapport à une référence. ◆  L'adjectif s'emploie ensuite (v. 1220, vielz), opposé à neuf, nouveau, en parlant d'un vin, d'une ville, etc. Il qualifie aussi ce qui, existant depuis longtemps, s'est altéré et est hors d'usage (fin XIVe s.), par exemple dans vieux papiers « qui ne servent plus à rien » (1690). ◆  En moyen français, il s'utilisait aussi avec une valeur adverbiale dans vieil mort « mort depuis quelque temps » (1393), emploi disparu. (Cf. ci-dessous l'emploi adverbial moderne). ◆  Vieux s'applique aussi à ce qui a existé autrefois (v. 1460), notamment en parlant de la langue pour un usage disparu (1579, vieil François « vieux français »). ◆  À la même époque, l'adjectif accompagne un terme péjoratif pour le renforcer (fin XVe s.), mais dès l'ancien français (v. 1175) avec un terme d'injure (vieux salaud, vieille vache, etc.)
■  Depuis le XVIe s., vieux adj. s'utilise (1538) pour insister sur l'usure d'une chose ancienne. ◆  Par ailleurs, il s'applique (1505) à une personne qui exerce une profession depuis longtemps (avec le nom de la profession), puis (1566) à une personne qui est depuis longtemps dans telle situation, ce qui n'implique pas qu'elle soit âgée. Cette valeur relative, où vieux qualifie la durée d'un état, aboutit à la valeur « de longue date » dans de vieux amis (1585) et, spécialement, dans les expressions vieille fille « célibataire (fille prolongée) » (1610) et vieux garçon (1627). ◆  Vieille fille, en français de l'île Maurice, désigne un arbuste, le lantana (Verbénacées) à fleurs blanches et de couleurs vives ; ainsi, au pluriel, que ces petites fleurs. ◆  L'adjectif qualifie aussi (1579) une matière patinée par le temps. ◆  Opposé à nouveau et récent, vieux signifie « qui se fait, qui se dit depuis longtemps » (1611) et, spécialement, « qui est sorti de l'usage » (1610), à propos d'un mot, du style, d'une coutume, etc. ◆  L'adjectif s'emploie également avec un nom temporel, pour qualifier ce qui est relatif aux personnes avancées en âge : les vieux jours (1385), les vieux ans de qqn (v. 1485). À propos d'une personne, se faire vieux (1636) « prendre de l'âge » s'est dit ensuite par figure (1867) pour « attendre longtemps, avec impatience ». ◆  Vieux s'applique aussi à l'apparence, et se dit d'une personne qui semble âgée et aussi d'un animal (1668). ◆  Qualifiant des choses, l'adjectif s'emploie avec une valeur plus affective qu'ancien, se disant (1690, Furetière) de ce qui a acquis une valeur par son ancienneté ; il qualifie également (1690) ce qui appartient à une époque révolue et paraît suranné, en particulier dans le bon vieux temps.
C'est l'idée d'« expérience » que l'on retrouve dans l'usage du nom masculin le vieux pour « patron » (1819). Le nom s'emploie familièrement (1781) avec ou sans possessif (1828, mon vieux ! ; 1836, vieux !) comme terme d'affection, d'amitié, indépendamment de l'âge (mon vieux, mon petit vieux) ; dans ce cas, ma vieille s'utilise aussi entre hommes (1843). ◆  Un vieux de la vieille (garde) s'est dit (1841) d'un vieux soldat du Premier Empire et, plus tard, de tout ancien soldat (1869) ; cette locution signifie au figuré (1896) « vieux travailleur, vieux routier ». ◆  En français d'Afrique, vieux désigne de manière méliorative un homme d'âge mûr, soit père ou oncle, soit chef, personnage important. Le féminin vieille a des emplois analogues.
■  Comme collectif neutre, le vieux désigne ce qui est vieux (mil. XVe s.), et avoir un goût de vieux (1873) se dit d'un vin qui a mal vieilli. ◆  Dans un coup de vieux (1878) « un vieillissement brusque, sensible », le nom a la valeur active de « fait de vieillir ».
■  Le vieux, la vieille, son vieux, etc. valent (1884) pour « père », « mère » et les (ses...) vieux pour « parents ». D'abord argotiques, ces emplois sont devenus familiers. ◆  D'une manière générale, vieux et vieille, en français contemporain, sont sentis comme peu respectueux, voire méprisants (un petit vieux bien propre) ; le mot, dans l'usage familier, est concurrencé par des synonymes (papi, mami, etc.) ; Cf. aussi vieillard, ci-dessous.
■  Le féminin VIEILLE est lexicalisé pour « vieille femme », « mère » (ci-dessus) et aussi, détaché de l'idée de vieillesse (1529), pour désigner un poisson, le labre, dont le museau est très ridé. On a dit aussi vieille de mer. ◆  Le mot est usuel en français de l'océan Indien, dans les syntagmes vieille grise et vieille rouge, deux poissons comestibles, le second étant le plus estimé.
L'adjectif prend une valeur adverbiale dans s'habiller vieux (1872), d'où faire vieux « avoir ou donner l'apparence d'une personne âgée » (XXe s.).
À vieux loc. adv. s'emploie en français du Lyonnais pour « à longtemps avant » (remonter à vieux). De vieux, dans l'ouest de la France, l'Auvergne, le Rhône, signifie « longtemps avant », dans venir, dater de vieux et c'est pas de vieux « c'est récent ».
❏  VIEILLESSE n. f., dérivé de vieil, d'abord veillece (v. 1120), vieillece (v. 1130), refait en -esse vers 1400, désigne d'abord la dernière période de la vie humaine et, par extension, le fait d'être vieux, d'où bâton de vieillesse (v. 1225, bâton de vielleche ; → bâton). ◆  Depuis la fin du XIIe s., le mot se dit aussi du fait d'être vieux, âgé (la vieillesse de qqn), de là verte vieillesse (1532, Rabelais). ◆  Le mot s'applique aussi aux choses, pour « grande ancienneté » (mil. XVIe s., Amyot), mais cet emploi est devenu rare. ◆  Au singulier collectif (mil. XVIe s., Ronsard), la vieillesse correspond par métonymie à « les personnes âgées », usage aujourd'hui littéraire. ◆  Il s'emploie ensuite (1636, Corneille) pour personnifier la vieillesse, la présenter comme une force agissante. ◆  Par analogie (1665), le mot signifie « longue durée » (du monde, d'un vin, etc.). ◆  Enfin, vieillesse désigne spécialement (1718) les effets physiologiques du grand âge, la dégradation physique ou morale qui accompagne la dernière partie de la vie ; Cf. les mots issus du latin senex (→ sénile).
VIEILLARD n. m., d'abord vieillart (v. 1155), puis vieillard (v. 1190), s'est employé comme adjectif en ancien français et jusqu'au XVIe s. ◆  Substantif depuis le XIIIe s., il n'a plus que cet emploi. Ce nom désigne un homme d'un grand âge ; sa valeur est relative, la perception de l'âge changeant selon la culture : un homme de 60 ans, voire 50 ans, était considéré comme un vieillard au XVIIe siècle. Les vieillards est utilisé avec un sens collectif (1370). Il s'est employé en droit et administrativement (1833) pour désigner les personnes âgées de plus de 65 ans, remplacé aujourd'hui par personnes âgées ou, plus récemment, du troisième âge. ◆  Vieillard, en français moderne, est plus solennel que vieux, n. (voir ci-dessus).
■  Le correspondant de vieillard a été très longtemps vieille ; le dérivé VIEILLARDE n. f. (1788, Féraud), d'abord sans valeur péjorative, puis marqué (1847) par rapport à vieille, tend à être repris dans le vocabulaire littéraire comme féminin de vieillard.
VIEILLIR v., d'abord intransitif, s'est employé en ancien français (v. 1155) pour « s'user », en parlant d'habits, puis, à propos des êtres vivants (v. 1216), pour « prendre de l'âge, devenir vieux », d'où les locutions modernes bien vieillir, mal vieillir. ◆  Le verbe s'emploie aussi transitivement (XIIIe s.) aux sens de « rendre plus vieux », « faire paraître plus vieux » (v. 1240), sens repris en français moderne (ci-dessous). ◆  Depuis la fin du XVe s., il s'emploie (intransitivement) pour « changer par l'effet du vieillissement », « décliner » ; en parlant du talent, de l'esprit, des sentiments, etc., vieillir prend le sens de « perdre de sa force avec le temps » (1559, Amyot). ◆  Le verbe a signifié « rester, demeurer longtemps » (v. 1530, Marot, vieillir quelque part) et, spécialement (mil. XVIe s., Du Bellay), « demeurer longtemps (dans une situation, un état) ». ◆  Il correspond depuis le XVIIe s. à « devenir suranné » (1647) à propos des créations humaines et, spécialement, de la langue, des usages, des mots, etc., puis pour « se modifier avec le temps » (1683) à propos de choses, d'où (1812) « prendre certaines qualités, par le temps » (par ex., d'un vin). ◆  En emploi transitif, il signifie aussi « donner à (qqn) une maturité propre à un âge plus avancé » (av. 1848) et « attribuer à (qqn) un âge supérieur à son âge réel » (1872) et, avec un sujet nom de chose, « faire paraître plus vieux » (ce chapeau la vieillit). VIEILLI, IE adj. tiré du participe passé qualifie ce qui a vieilli, est en cours de vieillissement ; à propos d'usage langagier, il qualifie ce qui est devenu archaïque, mais n'a pas disparu de l'usage (ce qu'exprime vieux).
■  Vieillir a fourni VIEILLISSEMENT n. m. (1564) « fait de vieillir », dans plusieurs valeurs, rare avant la fin du XVIIIe s., et VIEILLISSANT, ANTE adj. (1626) qui qualifie surtout des êtres vivants.
VIEILLOT, OTE adj., diminutif de vieil, s'est employé comme nom aux sens de « petite vieille » (XIIIe s.), en concurrence avec vieillete n. f., autre diminutif (v. 1190), et de « petit vieux » (1538). ◆  L'adjectif est sorti d'usage pour « un peu vieux » (1648) ; il s'applique aujourd'hui à une personne qui a l'air vieille avant l'âge (1825, Mme de Genlis) et, couramment, à une chose qui a un caractère un peu vieilli, ridicule (1849).
■  VIEILLERIE n. f. désigne d'abord (1680, Richelet) un objet vieux, démodé, souvent au pluriel et, spécialement, un vêtement ; cette acception est restée courante. ◆  Le mot s'emploie par figure (1718) en parlant d'une conception, d'une idée usée ; il est rare au sens de « caractère de ce qui est démodé » (1837, Balzac). ◆  Par plaisanterie (attesté au XXe s.), il se dit pour « vieillesse », en tant que cause de dégradation physique.
VIOQUE adj. et n. est formé à partir de vieux et d'un suffixe argotique, ou représente une forme dialectale issue de l'ancien français viot « vieillard » (v. 1250) ; le mot peut aussi provenir d'une forme franco-provençale veilloca, velhoca.
■  Écrit vioc (1815), vioque (1837) ou viocque, il équivaut à « vieux » en argot, comme son dérivé VIOCARD, ARDE adj. et n. (1879), qui ne semble plus très employé.
Le composé VIEUX-LILLE n. m. inv. (attesté mil. XXe s.), de Lille, ville du nord de la France, désigne un fromage de Maroilles longuement affiné, d'un goût très fort.
❏ voir INVÉTÉRER, VEAU, VÉLIN, VÉTÉRAN, VÉTÉRINAIRE, VÉTUSTE.
⇒ tableau : L'idée de vieilesse : deux radicaux latins
L VIF, VIVE adj. et n. est issu (980) du latin classique vivus « vivant », « animé, vif », employé par analogie en parlant de choses (viva aqua « eau courante », vivum saxum « roc naturel ») ; l'adjectif s'emploie aussi au figuré et substantivement. Vivus dérive de vivere (→ vivre).
❏  L'adjectif s'emploie avec la valeur générale du latin, « vivant, en vie » d'où vient l'ensemble des acceptions par extension, analogie ou métaphore. Chair vive (1080, char vive), substantivé en ancien français en le vif, désigne le tissu organique qui a des propriétés vitales, opposé à chair morte. ◆  Le vif, substantivé, a disparu, sauf dans piquer au vif, pris au figuré (1532, au vif picqué). Par vive force, loc. adv. (1080), devenu à vive force (1530) puis de vive force (1660), est un intensif pour de force (« par la force »). ◆  Vif diable s'est dit pour « le diable en personne » (1080). ◆  Vif pour « vivant », en parlant des personnes, ne survit que dans l'expression être plus mort que vif (1559). Vif, n. m., « personne vivante » (v. 1155), est employé en droit dans entre vifs « entre vivants » (1265), et le mort saisit le vif (1611). ◆  Par analogie, l'adjectif s'applique (v. 1175) à ce qui a de l'éclat, en parlant d'une lumière, d'une couleur, et d'un son produit par l'être humain : a vois vive « verbalement » (1204), par vive voix (1258), aujourd'hui de vive voix (av. 1660). ◆  Par analogie, l'adjectif signifie « où la vie semble résider » (1208, chaux vive). En technique, par une autre figure, il qualifie la partie dure d'une pierre, mise à nu comme la chair vive (XIIIe s., pierre vive), l'expression étant reprise métaphoriquement au XVIe s. (Rabelais) ; le sens concret est aussi substantivé : le vif d'une pierre (1694). ◆  Vif bois « partie dure du bois » (XIVe s.) est devenu bois vif (1348) et le vif (1680). ◆  À partir du XIIIe s., le nom s'emploie pour « modèle vivant », acception sortie d'usage, mais qui demeure dans sur le vif « d'après le modèle vivant » (XIXe s.) et, au figuré, « d'après nature » (1860, étude sur le vif). ◆  On relève au début du XVe s. l'emploi par métaphore pour « partie essentielle de qqch. » (1404), d'où la locution (entrer dans) le vif du sujet. Au vif, « au naturel » (1498), est sorti d'usage.
■  Par extension, l'adjectif qualifie une plaie, une blessure qui agit, est enflammée (1390, plaie vive). Par figure, il s'emploie dans eau vive (v. 1225), haie vive (1552). Ces valeurs métaphoriques ont donné lieu à des substantivations dès le moyen français ; ainsi une vive a désigné une étincelle (v. 1330). Plus tard, dans l'usage classique, le vif se dit du fût d'une colonne (1546 dans une traduction de l'italien) et de l'eau de la marée haute (1643). Ces emplois correspondent à ceux de l'adjectif dans arête vive (1636) ou vive-arête, où il a la valeur de « net, franc », et aussi dans vive-eau (1678), plus tard eaux vives (1838) « courantes ».
À côté de ces emplois concrets figurés, vif s'applique, sur le plan humain, à une personne prompte à réagir, à s'emporter, à répliquer (XVIe s.) et qui, par son comportement, suggère qu'elle ressent fortement les impressions (1636). L'adjectif qualifie aussi (1636) un sentiment très agissant, des propos agressifs (1675), ces emplois rapprochant l'adjectif de violent, en moins intense. ◆  Puis, vif s'applique à ce qui agit fortement sur les sens (1690) et au style (1690). ◆  Il se dit de ce qui est mené avec rapidité et force (1718, d'une attaque) et d'un mouvement musical rapide et animé (1753) [→ 2 vivace]. On retrouve l'idée de légèreté active dans vin vif (XXe s.).
Avec la valeur première, « vivant », le mot acquiert d'autres fonctions qu'adjectives : nominale, dans le vif « proie vivante » en fauconnerie (1680), puis dans pêcher au vif (1874) « avec des appâts vivants » ; adverbiale dans écorcher vif (1678), alors qu'on dit enterrer vivant, écorché vif caractérisant au figuré (XXe s.) une sensibilité extrême. ◆  Par métonymie, le vif, substantivé, désigne parfois dans des locutions la chair vivante, par exemple dans toucher (1559), piquer (qqn) au vif (1580), couper, trancher... dans le vif (1675), au figuré « enlever des parties en bon état ou importantes ».
■  Des emplois figurés opposent en sciences vif et mort : force vive en mécanique (XIXe s.), mémoire vive en informatique.
❏  Le dérivé VIVEMENT adv., d'abord « avec vivacité, promptitude » (v. 1155), signifie aussi « d'une manière intense » en parlant de ce qui est lumineux (1501), de ce qui exerce une action quelconque sur les sens, et « avec ardeur » (1580). ◆  Il s'emploie comme exclamatif pour « vite ! » (1847).
Le verbe préfixé AVIVER a d'abord été intransitif (v. 1121), signifiant « s'animer, s'activer », d'où « se hâter » (1195-1225). Le pronominal (v. 1155) a le même sens, et le transitif s'emploie (v. 1155) pour « rendre plus vif, plus ardent ». Aviver s'est dit pour « activer (un feu) » (v. 1240), déjà sorti d'usage au XVIIIe s. (Cf. ci-dessous raviver), et pour « élever (un enfant) » (v. 1320), acception disparue. ◆  Dans le vocabulaire technique, il correspond (1392) à « donner un aspect plus brillant ». Il a disparu au sens de « ramener à la vie » (1576). ◆  D'après les valeurs figurées et techniques de vif, aviver signifie « rendre plus vive une pièce de métal » (1636) et « les arêtes d'une poutre » (1676), puis « donner plus d'éclat à (une couleur) » (1723). En médecine, il est attesté en 1838 (aviver une plaie).
■  Ce verbe a plusieurs dérivés. ◆  AVIVEMENT n. m. « action d'aviver » (v. 1175, jusqu'à la fin du XVIe s.), rare pour « action de polir » (1636), est aussi employé en médecine à propos des plaies (1833).
■  AVIVOIR n. m., d'abord employé au sens psychologique « qui anime » (1660), s'est spécialisé pour « outil de doreur » (1723).
■  AVIVAGE n. m. (1723) est un équivalent technique pour avivement.
Le préfixé RAVIVER v. tr. est d'abord attesté au sens figuré de « ranimer, rendre plus actif » (v. 1165-1170) en parlant d'un sentiment, puis dans un emploi concret (v. 1320, raviver la braise). ◆  Il signifie ensuite « ranimer (des forces, etc.) » (1694) et s'utilise dans le domaine technique (1765) et en médecine (1798).
■  En dérivent RAVIVEMENT n. m. (1875, d'une plaie) et RAVIVAGE n. m. (1904).
REVIF n. m., composé de re- et vif, désigne la montée de l'eau entre basse mer et haute mer (1561 en Normandie) et signifie aussi « reprise de vigueur » (1869, Flaubert), spécialement en parlant de la reprise d'un feu (1891, Huysmans).
■  Un adjectif revif, « ressuscité », est attesté en moyen français (XIVe s.).
❏ voir 1 et 2 VIVACE, VIVARIUM, VIVIER, VIVIFIER, VIVIPARE, VIVISECTION, VIF-ARGENT (art. ARGENT).
VIGIE n. f. est un emprunt (1686) au portugais vigia, déverbal de vigiar « veiller », issu du latin classique vigilare « être éveillé », « être vigilant » et « veiller » (→ veiller).
❏  Le mot a désigné (1687) un petit îlot découvrant à peine à la basse mer, à l'origine en parlant de la zone des Açores. ◆  Il s'est dit d'un guetteur chargé, sur une côte, de surveiller le large (1686). ◆  Être en vigie (1722) concerne la surveillance exercée par un matelot sur un endroit élevé du navire, par métonymie (1714) le matelot en vigie. Le mot s'est employé dans les chemins de fer (1872) pour désigner le poste d'observation des conducteurs de train.
VIGILANCE n. f. a été emprunté (1380) au latin classique vigilantia « habitude de veiller » et, au figuré, « surveillance attentive », « attention », dérivé de vigilare, qui a donné veiller*, dérivé de vigil (Cf. 2 vigile, ci-dessous).
❏  Le sens d'« insomnie », comme celui de « veillée » (1487), est sorti d'usage. ◆  Le mot désigne (1530) comme en latin une surveillance sans défaillance, puis un état de veille (1588, Montaigne), d'où son emploi en physiologie (v. 1960).
❏  VIGILANT, ANTE adj., emprunté (1488) au participe présent adjectivé vigilans, de vigilare, s'applique à une personne qui fait preuve de vigilance et, par extension (1671), à ce qui exprime cette attitude.
■  Le dérivé VIGILAMMENT adv. (1508) est rare.
■  Ce sont les mots vigilance et vigilant qui ont fourni le nom du plan de lutte antiterroriste français dit Plan vigipirate.
1 VIGILE n. f. (v. 1119), aussi vegile (v. 1175), est emprunté au latin ecclésiastique vigilia « veillée religieuse » ; le mot signifiait en latin classique « veille », spécialement « garde de nuit » et « gardien qui veille, sentinelle ». Il est dérivé de vigil (→ 2 vigile), qui a donné veille*.
■  Dans la liturgie catholique, le mot désigne l'office célébré la veille d'une fête importante, et, par extension (1165-1170, altéré en vegire), l'office célébré la veille d'un enterrement, acception disparue, puis (1207) il désigne le jour précédant une fête religieuse. ◆  Vigile s'est dit, au pluriel, de la nuit précédant une fête et passée en réjouissances.
2 VIGILE n. m. et adj., au XVIe s. vigil (1575), a été repris au XIXe s. (1832). Il est emprunté à l'adjectif latin classique vigil « éveillé, vigilant », « qui se tient éveillé » et, nom masculin, « garde de nuit », spécialement au pluriel « gardes chargés de la police pendant la nuit, depuis Auguste » (→ veille).
■  Le mot a désigné au XVIe s. un petit cierge qu'on mettait à côté du cercueil. Il est repris (1832) en parlant de l'Antiquité romaine au sens du nom latin. ◆  De cet emploi didactique, on passe au XXe s. à « gardien de nuit » (1948) et, plus couramment (mil. XXe s.), le mot s'applique à une personne qui exerce une fonction de surveillance au sein d'une police privée. ◆  Un adjectif didactique (attesté en 1955) s'applique à ce qui est caractérisé par un état de veille ou de vigilance (état vigile), spécialement dans coma vigile.
VIGILER v., emprunté au latin classique vigilare « veiller, être éveillé » et, au figuré, « être attentif », a signifié (1530, vigiller) « s'abstenir de dormir ». Il a disparu en ce sens et a été repris (mil. XXe s.) dans vigiler un signal « mettre en alerte un dispositif à l'observation d'un signal ».
VIGILAMBULE n., terme didactique formé (1896) d'après somnambule*, désigne une personne qui est dans un état d'automatisme ambulatoire, à l'état de veille. Le mot est très rare.
■  Le dérivé VIGILAMBULISME n. m. (1892) ne s'emploie guère.
On a tiré de vigilance, en français de France, un élément VIGI- employé dans VIGIPIRATE qualifiant un système de précautions prises contre des attentats possibles.
L 1 VIGNE n. f. représente l'aboutissement (v. 1120), aussi sous la forme vinne (v. 1140), du latin classique vinea « plantation de vigne, vigne », « cep » et, dans le vocabulaire militaire, « baraquement qui protégeait les soldats dans l'attaque d'une muraille » ; cette dernière acception vient sans doute de ce que le centurion qui commandait les soldats portait un cep de vigne. Vinea est le féminin substantivé de vineus « de vin », adjectif rare dérivé de vinum (→ vin). La vigne, peut-être originaire d'Asie, a d'abord été cultivée au Proche-Orient et autour du bassin méditerranéen pour son fruit et la production du vin.
❏  Le mot désigne un arbrisseau grimpant à fruits en grappes, les raisins. Il est en outre attesté (v. 1120) au sens actif de « plantation de vignes ». ◆  En ancien français, vigne a aussi repris (v. 1213) l'emploi latin du vocabulaire militaire, attesté jusqu'à la fin du XVIe siècle. ◆  Mais le sens initial et dominant avait acquis une grande importance, du fait du développement de cette culture en terre francophone (Occitanie, France d'oïl, pays franco-provençaux), et de celle de la fabrication du vin*. Le mot suscite des locutions, d'abord par allusion à la Bible ; cultiver, travailler la vigne du Seigneur « convertir les âmes » est une locution créée par les orateurs religieux (1553, Bible de J. Gérard) à partir d'une parabole de l'Évangile selon Matthieu ; par extension, la locution a signifié (1764, Voltaire) « faire réussir une doctrine » ; elle est sortie d'usage. D'autres locutions comme la vigne à mon oncle « où tout le monde va cueillir » (1640) ont, elles aussi, disparu ; mettre le pied dans la vigne du Seigneur « être ivre » (1690) est devenue être dans les vignes (1718), puis être dans les vignes du Seigneur (1808). ◆  Le mot s'emploie plus récemment dans raisin de vigne (1835) opposé à raisin de treille. Poire de vigne (1628), pêche de vigne (1835), se dit de fruits qui viennent à maturité au moment des vendanges. Feuille de vigne (1870) désigne une feuille qui imite celle de la vigne, avec laquelle on cache les parties sexuelles d'une statue. ◆  Le mot, qualifié, a désigné d'autres plantes grimpantes, ainsi vigne blanche fourmentel « clématite » (v. 1320), puis vigne blanche (1538), ou vigne vierge (1690).
❏  Le dérivé VIGNERON, ONNE n. et adj. (fin XIIe s. ; fém. v. 1550) désigne la personne qui cultive la vigne et fait le vin. ◆  Le mot désigne aussi (1768) l'escargot de Bourgogne, que l'on trouve dans les vignes, aussi appelé hélice vigneronne (1904). ◆  L'adjectif s'applique (1876) à ce qui est relatif à la vigne, destiné à la cultiver et, rarement (fin XIXe s., Huysmans), à ce qui est propre à un vigneron. Il s'emploie aussi en cuisine, pour une préparation au vin rouge.
1 VIGNEAU n. m. (1771), resuffixation de VIGNOT (1611), antérieurement vignol (1553), est le nom d'un coquillage comestible, par analogie d'aspect de sa coquille et des vrilles de la vigne. ◆  Vignot n. m. a désigné aussi (1558) un petit poisson.
2 VIGNEAU n. m., mot régional, attesté en 1838 chez Flaubert, désigne en Normandie un tertre surmonté d'une treille dans un jardin. Vignot (1581) « petit vignoble », précédé par vigno (1418), a disparu.
2 VIGNE n. f. est emprunté (1651, Scarron) à l'italien vigna « vigne » et « maison de campagne entourée de vignes, de jardins », lui-même issu du latin classique vinea « vigne ». Le mot, sorti d'usage, a été éliminé par villa*.
VIGNOBLE n. m. et adj., attesté en 1181, puis aussi sous la forme vingnoble (v. 1230), vient, avec substitution de suffixe, de l'ancien provençal vinhobre, lui-même issu d'un latin régional °vineoporus. Ce mot résulte d'une transformation de vinea « vigne » sous l'influence du grec ampelophoros « vignoble », proprement « qui porte des vignes », de ampelos « vigne » et phoros (→ -phore).
■  Le nom désigne une étendue plantée de vignes et (fin XIIIe s.) une plantation de vignes. L'adjectif vinoble (1386), refait en vignoble (1808), signifiait « où l'on cultive la vigne ». Il a été remplacé par viticole.
❏ voir VIGNETTE.
VIGNETTE n. f., diminutif (v. 1280) de vigne*, n'a plus de rapport perçu avec ce mot.
❏  Vignette a d'abord désigné un ornement (de meuble, de vaisselle, etc.) représentant des branches et des feuilles de vigne entrelacées. Seule l'idée d'« ornement » s'est conservée, et le mot s'emploie pour un ornement qui décore n'importe quel endroit d'un livre (1454), puis (1676) d'un motif ornemental à la première page ou à la fin des chapitres et, spécialement (1730), d'une gravure entourée d'un cartouche. Ces deux derniers sens sont encore usuels. ◆  Par extension, vignette désigne un ornement de papier à lettres (1835), un dessin ornant un mouchoir (1844), le dessin d'une affiche (1855, Hugo), acception sortie d'usage. ◆  Parallèlement, le mot se dit (1857) d'un petit carré de papier portant un dessin ou une inscription et ayant une valeur légale, d'où son emploi pour le motif d'une marque (déb. XXe s.) et dans vignette-automobile, vignette-assurance. ◆  Il s'emploie parfois en philatélie pour « timbre-poste » et désigne (en France) le petit carré ou rectangle de papier joint à un médicament pour attester son achat et permettre son remboursement par la Sécurité sociale (1957). ◆  Il désigne aussi chaque dessin d'une bande dessinée (mil. XXe s.).
❏  Le dérivé VIGNETÉ, ÉE adj. (1334) ou VIGNETTÉ, ÉE (XXe s.), didactique, qualifie ce qui est orné de vignetures (ci-dessous). Il s'emploie en France dans produit vignetté (v. 1970), qui porte la vignette attestant le prix du produit.
■  VIGNETURE n. f., didactique, se dit (1367) d'un ornement (par exemple de feuilles de vigne) qui encadrait les miniatures. ◆  On employait aussi vignotte (1611), autre dérivé de vigne avec le suffixe -otte.
■  VIGNETAGE n. m. désigne (1832) l'opération par laquelle on garnit un objet de vignettes puis (1904) par laquelle on décore un livre de vignettes.
■  VIGNETTAGE n. m. (mil. XXe s.) se dit en photographie d'un défaut de l'objectif.
■  VIGNETTISTE n. « graveur faisant des vignettes » est relevé chez Goncourt (1853).
VIGOGNE n. f. et n. m., altération (1640) de l'emprunt vicugne (1598), puis vicunna (1633), est une adaptation de l'espagnol vicuna, lui-même emprunté à un mot quichua (Pérou) vikuña ou huikuña.
❏  Le mot désigne un animal ruminant du genre lama, puis une laine fine faite avec le poil de cet animal (1680 ; chapeau vigogne 1659), d'où vigogne, n. m. « chapeau en laine de vigogne » (1680), sens disparu, et « étoffe de laine de vigogne » (attesté dep. 1883).
VIGUEUR n. f., réfection suffixale (1349) de vigur (Chanson de Roland, 1080), puis vigour (fin XIIe s.), est un emprunt au latin classique vigor « force vitale », « énergie (morale, intellectuelle) » et, par figure, « vif éclat d'une pierre précieuse ». Vigor est dérivé de vigere « avoir de la force », « pousser », en parlant des plantes et, par figure, « être plein d'énergie », « être en honneur, fleurir » ; ce verbe repose sur une racine indoeuropéenne oweg-, owog- « être plein d'énergie, actif », également représentée dans vigilare (→ veiller) et vegetus (→ végétal), ainsi qu'en germanique (→ guetter).
❏  C'est avec le sens latin de « force, énergie, fermeté de caractère » que le mot apparaît en français. Il est ensuite attesté comme terme de droit (1493) désignant l'effet qui résulte de la mise en application d'un texte juridique, son efficacité, acception vivante à l'époque classique, dont témoigne encore l'expression en vigueur (1611) « en application actuellement » (d'une règle de droit) et « en usage ». ◆  Par extension, vigueur se dit (1530) d'une activité efficace, dans le domaine de l'esprit, et de la fermeté, de la force dans le domaine de l'expression, du style (1538). Au XVIIIe s., il entre dans le vocabulaire de la peinture et du dessin (1767) et se spécialise en peinture, d'abord au pluriel (1845), à propos d'une touche bien marquée. ◆  Le mot s'utilise aussi avec sa valeur étymologique, à propos d'une plante (1547).
❏  VIGOUREUX, EUSE adj., réfection (1370, Oresme) de vigorous (v. 1120), la variante viguerous (v. 1190), plus proche de vigueur, ayant disparu, s'applique à une personne qui a de la vigueur, de la force physique, et s'emploie par extension dans le domaine moral, intellectuel (1283, viguereux), en parlant d'un geste (av. 1589, de Baïf). ◆  L'adjectif s'applique aussi aux plantes (1559). ◆  Il qualifie ensuite ce qui a de la fermeté, dans l'ordre de l'expression par le langage (1666), puis en peinture (1767), et se dit de mouvements affectifs puissants (1666), s'appliquant (1680) à ce dont l'effet est énergique, efficace.
■  VIGOUREUSEMENT adv. est d'abord attesté au figuré (v. 1190, viguerousement ; forme moderne, XIVe s.), signifiant « avec ardeur, passion ». L'adverbe s'emploie comme l'adjectif, à propos de la force physique (v. 1207), de la végétation (mil. XVIIIe s.), de l'expression langagière et artistique (1872), et signifie aussi « avec netteté, précision » (mil. XIXe s.).
VIGOUSSE adj. est tiré de vigoureux par substitution de suffixe, comme vigousse n. f. l'a été de vigueur (chez Flaubert 1848, chez les Goncourt) mot d'argot parisien sorti d'usage. L'adjectif, en revanche, attesté dans l'est de la France et en Suisse (1887), s'emploie en français de Suisse pour « vif, alerte », d'une personne, d'un animal ou pour « robuste », d'une plante. La variante VIGOUSTE est plus rare.
REVIGORER v. tr. (XIIIe s., resvigourer), d'abord attesté au participe passé REVIGORÉ, ÉE adj. (v. 1200, resvigorés), signifie « redonner de la vigueur à (qqn) », aussi au pronominal se revigorer (déb. XIIIe s.), et au figuré « redonner un bon moral » (1616).
■  Il a donné REVIGORANT, ANTE adj. (XXe s.) et, rare, REVIGORATION n. f. (v. 1930).
RAVIGOTER v. tr., d'abord écrit ravigotter (1611), est l'altération par substitution de suffixe du moyen français ravigorer, usuel du XIIIe s. au début du XVIIe s. au sens de « réconforter », variante de revigorer.
■  Ce verbe familier signifie « rendre plus vigoureux ».
■  En sont dérivés RAVIGOTANT, ANTE adj. (1720), adjectivation du participe présent, et le déverbal RAVIGOTE n. f. (1720) désignant une vinaigrette relevée d'herbes aromatiques par allusion à ses qualités revigorantes, en apposition dans sauce ravigote.
VIGUIER n. m. est un emprunt (v. 1265) à l'ancien provençal viguier, issu du latin classique vicarius « remplaçant (d'une personne ou d'une chose) » (→ vicaire).
❏  D'abord attesté au sens disparu de « vicaire », le mot se dit (1340) d'un magistrat chargé d'administrer la justice au nom des comtes ou du roi, dans les provinces du Midi, d'où gouverneur viguier « gouverneur de la ville de Marseille » (1701). ◆  Il a été repris (v. 1930) pour désigner, en Andorre, un magistrat chargé de la justice criminelle.
❏  VIGUERIE n. f., emprunté au dérivé ancien provençal viguaria « charge, fonction de viguerie », est la réfection (1340) de vigerie (1311) qui désignait aussi (1340) l'étendue de la juridiction du viguier. Viguerie est l'équivalent occitan de vicomté (1876).
VIKING n. m., attesté en histoire (1842) au sens de « titre de l'héritier du trône des Scandinaves », s'applique (1876) aux Scandinaves qui prirent part aux expéditions maritimes du VIIIe s. au XIe siècle.
❏  Le mot s'applique aux Scandinaves, notamment Danois, qui naviguèrent pour conquérir diverses régions d'Europe. Il est aussi adjectif (bateau viking). ◆  Les Vikings, « hommes du Nord », envahirent la Normandie (de North man « homme du Nord »).
V. I. H. est le sigle de virus de l'immunodéficience humaine, correspondant au sigle anglais H. I. V. Comme nom ou apposition (virus V.I.H.), il désigne le virus responsable du sida.