VIOLE n. f. est un emprunt (fin XIIe s.) à l'ancien provençal viola, probablement comme l'italien et l'espagnol viola. Bloch et Wartburg rejettent l'hypothèse qui lie le provençal (et l'italien) viola au latin classique vitulari « entonner un chant de victoire » et celle qui en fait un emprunt à l'ancien haut allemand fidula (allemand Fiedel, Cf. l'angl. fiddle) ; ils présentent le mot comme le déverbal du provençal ancien violar, lui-même d'origine onomatopéique, proposition appuyée par l'existence de verbes dialectaux comme viouler (Berry), vionner (Normandie), exprimant le bruit continu et aigu (sifflement d'une pierre lancée). P. Guiraud rattache viole, comme vielle, au latin classique vivus « animé », vif retrouvant l'idée de « vivacité » dans les mots dialectaux vivoule « alerte » (Wallonie), vivelot « vif » (Meuse) et expliquant la disparition du second v par un effet de dissimilation (→ vielle) ; mais aucune forme en viv- ne s'applique à un instrument de musique.
❏  Viole désigne un instrument de musique à cordes et à archet ; la viole de gambe (« jambe ») (v. 1600) comptait onze ou seize cordes, la viole d'amour (1703) six ou sept. Le mot, employé après l'apparition du violon et du violoncelle en histoire de la musique et en ethnomusicologie, a retrouvé un regain d'emploi avec la vogue de la musique et des instruments anciens.
❏  VIOLISTE n. « joueur de viole » (1695) qui a remplacé violeur n. (v. 1534), a vieilli au XIXe s. et se réemploie depuis le milieu du XXe s. (mais le musicien qui joue de la viole de gambe est plutôt appelé gambiste).
VIHUELA n. f., est emprunté au mot espagnol dérivé de viola, désignant un instrument de musique à cordes de tradition espagnole, soit à cordes pincées (guitare), soit à cordes frottées (viole : vihuela de arco : d'archet). Le mot est attesté en anglais en 1832.
❏ voir VIOLON.
VIOLENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1213) au latin classique violentus « emporté » en parlant du caractère, et « impétueux » appliqué aux choses (tempête, etc.), abstraitement « despotique, tyrannique » (du pouvoir) et « impérieux » (d'un ordre). L'adjectif, de même que le verbe violare (→ violer), dérive de vis, au pluriel vires, qui signifie d'abord « force en action », en particulier « force exercée contre qqn », d'où « violence » et parfois « viol », par ailleurs « assaut, force des armes ». Vis, à partir de Cicéron, traduit les valeurs techniques du grec dunamis (→ dynamique) et signifie « puissance, ascendant », « vertu (d'une plante, d'un remède) », « valeur (d'une monnaie) », « sens, valeur (d'un mot) », « caractère essentiel (d'une chose, d'une personne) ». Le pluriel vires désigne concrètement les forces physiques, les ressources mises à la disposition d'un groupe social pour exercer sa vis, en particulier les forces militaires, les troupes, puis, par figure, équivaut à « force, propriétés (d'une plante, etc.) », à « force virile » et, par métonymie, à « organes sexuels virils ». Vis, d'origine obscure, est peut-être apparenté à vir (→ viril).
❏  Violent s'applique dans ses premiers emplois à une personne qui agit ou s'exprime sans retenue, à un sentiment, à un phénomène d'une grande intensité. Il qualifie ensuite ce qui a un intense pouvoir d'action (1314). Mort violente « brusque et dont la cause est humaine » (1555, Ronsard) s'oppose à mort naturelle. À la même époque, violent s'applique (1563) à ce qui exige de la force, puis à ce qui épuise les forces, acception répandue à l'époque classique. L'adjectif s'est employé (1564) sans idée d'excès, pour qualifier ce qui émeut, est intense. ◆  Avec la première valeur, violent est substantivé au XVIIe s. (av. 1662, Pascal), pour désigner celui qui est d'une extrême dévotion, acception sortie d'usage. Un violent (1631) désigne aujourd'hui une personne d'un caractère emporté, qui réagit avec violence.
■  Violent se dit aussi (1671, Molière) de ce qui est excessif, sort de la mesure, emploi considéré comme familier dès 1718 et d'où procède la valeur moderne d'« excessif, exagéré » : c'est un peu violent servant d'intensif à un peu fort. ◆  Le mot s'est appliqué aussi (mil. XVIIIe s.) à ce qui a un caractère forcé, opposé à naturel.
❏  Le dérivé VIOLENTER v. tr. s'est employé au sens de « contraindre (qqn) par la force » (1375), aussi à l'époque classique dans les constructions violenter de (1617), violenter (qqn) à suivi de l'infinitif (1633). Le verbe a eu aussi la valeur intransitive d'« agir violenment » (mil. XVIe s.) et un emploi transitif pour « rendre violent » (1557). Tous ces emplois ont disparu. ◆  Le sens ultérieur de « faire violence à qqch. » (1621) et celui de « transgresser (une règle) » (1550) sont devenus des archaïsmes littéraires. ◆  Depuis le XIXe s. (attesté 1859), violenter est employé comme synonyme littéraire de violer (une femme) — d'où, VIOLENTEUR n. m. (XXe s.) « violeur », mot très peu usité.
■  VIOLEMMENT adv., dérivé (1332, violenment) de violent, équivaut à « brutalement », « vivement », puis, avec un verbe de sentiment (1690), à « ardemment, fort ».
VIOLENCE n. f. est emprunté (1215) au latin classique violentia « caractère emporté, farouche » et, en parlant du vent, de l'hiver, d'un vin, etc., « force violente », dérivé de violentus.
■  Le mot se dit de l'abus de la force pour contraindre qqn à qqch., en particulier dans faire violence (à qqn) (1538), à un texte (1556). ◆  Il désigne aussi (1314) la force brutale employée pour soumettre et, par métonymie et d'abord au pluriel (une, des violences) [v. 1320], un acte brutal, un acte de violence. De là, l'emploi sorti d'usage pour « viol » (1446), par exemple faire violence à une femme « la violer » (1748). ◆  Violence reprend (1600) le sens latin de « force irrésistible, néfaste ou dangereuse (d'une chose) » puis s'emploie (XVIIe s.) en parlant de l'effort qu'on fait sur soi, en particulier dans se faire violence (av. 1662), et aussi faire violence à un texte, une loi (1624). L'expression faire une douce violence sur qqn (1668), puis à qqn (1740) est ironique. ◆  Violence s'applique aussi à l'intensité d'un sentiment (1609) et s'emploie en parlant du langage avec la valeur de « caractère excessif » (1774). En droit, la violence est défini dans le Code civil en 1804.
■  Le composé NON-VIOLENCE n. f. reprend (1924) l'anglais non violence, n. (1920), de non et violence (emprunté au français), par traduction approximative du sanskrit ahimsā plutôt « (le) non-nuire ». Le mot désigne la doctrine bouddhique et jaïna prêchée par Gandhi, selon laquelle il faut renoncer à nuire à autrui, en particulier par la violence, comme moyen d'action politique.
■  Non-violence a fourni NON-VIOLENT, ENTE n. (1924) d'après l'anglais non-violent (1920). En emploi adjectif, on écrit en principe non violent.
❏ voir VIOLER.
VIOLER v. tr. est emprunté (1080), comme l'ancien provençal violar (v. 1440), au latin classique violare « traiter avec violence », « faire violence à », d'où « violer (une femme) » et aussi « porter atteinte à, endommager », « enfreindre » et, en poésie, « altérer (une couleur) », d'où « teindre ». Le mot est dérivé de vis, comme violentus (→ violent).
❏  Le verbe, dans ses premières attestations, signifie en général comme le latin violare « agir de force sur (qqn ou qqch.) de manière à enfreindre le respect qui lui est dû » , « porter atteinte à ce qu'on doit respecter ». ◆  Il s'emploie spécialement, comme en latin (v. 1170), pour « avoir des relations sexuelles avec (qqn) par la force », le complément ne désignant traditionnellement que des femmes, avant le XXe siècle. ◆  Il a eu en ancien français le sens large de « faire tort, nuire à qqn » (1209 ; v. 1270, se violer), emploi disparu avant l'époque classique. ◆  C'est toujours l'idée d'opposition à une règle, à une loi, exprimée ou non, que l'on retrouve dans les emplois spéciaux du verbe, comme violer une sépulture (v. 1720 ; 1623, violer les tombeaux), violer la langue (1634) « faire des barbarismes », sorti d'usage, violer un domicile (1837), violer un asile (1872), etc., en rapport avec violation (ci-dessous).
❏  VIOLEUR, EUSE n. et adj., réfection suffixale (XIVe s.) de violere (v. 1200), s'est employé au sens de « personne qui enfreint une règle, etc. », au féminin violaresse (v. 1400), forme disparue et remplacée par violeuse (XIXe s.). Voir ci-dessous violateur. ◆  Au sens moderne de « personne qui commet un viol », le mot est attesté vers 1360 (violere ; mil. XVIe s., violeur).
■  VIOLEMENT n. m., employé à l'époque classique, s'est dit pour « violation » (v. 1305) et pour « viol » (XVIe s.), éliminé dans la seconde moitié du XVIIe s. par viol.
■  VIOL n. m., déverbal de violer, attesté en 1647 mais certainement antérieur, s'est substitué à violement, que Vaugelas préférait. ◆  Le mot a désigné aussi l'action d'enfreindre une loi, une règle (1647, Scarron) ; cet emploi est encore possible, mais seulement dans des syntagmes, car il est limité par la fréquence de l'acception sexuelle, accrue par le discours féministe qui a formé le composé plaisant ras-le-viol, d'après ras-le-bol. ◆  Le mot s'emploie aussi (1868) pour la profanation d'un lieu sacré.
Outre les dérivés français de violer, plusieurs mots de la famille sont des emprunts.
■  VIOLATION n. f. est emprunté (XIIe s., violacion ; 1586, graphie savante) au latin classique violatio « profanation » puis au figuré « violation (de parole) », dérivé de violatum, supin de violare. ◆  Le mot désigne d'abord l'action de violer (un droit, un engagement, une loi), puis l'action de violer une chose, un lieu, sacré ou protégé par la loi (v. 1355, violacion), d'où violation de domicile (1815), de sépulture (1872) ; dès 1690, violation des sépulcres. ◆  Par extension, violation est entré dans le vocabulaire juridique pour désigner divers délits (1823, violation du secret des lettres ; XXe s., du secret professionnel).
■  VIOLATEUR, TRICE n., réfection suffixale (1419) de violatour (1360), est un emprunt au latin classique violator « celui qui profane, viole », dérivé du supin de violare. ◆  Le mot se dit de la personne qui enfreint une règle, une loi. Au sens (v. 1500) de « violeur », il n'a plus cours qu'en droit, où il désigne aussi (1690) celui qui profane un lieu.
■  VIOLABLE adj. (v. 1360), emprunté au latin violabilis « qui peut être endommagé » et, au figuré, « qu'on peut outrager », semble très rare avant la fin du XVIIIe s., époque où il est probablement dérivé de violer.
■  Il est beaucoup moins usité que son contraire INVIOLABLE adj. (attesté 1328, mais antérieur), emprunté au latin inviolabilis, et qui ne s'emploie plus qu'au figuré, à propos d'une valeur sacrée, d'un secret, d'un lieu considéré comme sacré (av. 1564). ◆  En dérivent INVIOLABLEMENT adv., attesté un peu plus tôt (1306), et INVIOLABILITÉ n. f. (1789), auparavant sous la forme isolée inviolableté (1611).
■  INVIOLÉ, ÉE adj., du participe passé de violer d'après le latin inviolatus « non violé, respecté », s'est employé avec une valeur concrète (av. 1429, inviolee pucelle). Il s'emploie aujourd'hui au figuré (1440-1475), comme inviolable.
VIOLETTE n. f. représente (v. 1140) le diminutif de l'ancien français viole (fin XIe s.), emprunté au latin classique viola « violette » (plante et fleur), « couleur violette » et « giroflée ». C'est probablement un mot d'une langue méditerranéenne, comme le grec ion de même sens, conservé en grec moderne où il subit la concurrence de l'italianisme bioleta.
❏  Le mot, d'abord en concurrence avec viole, désigne la plante à fleurs violettes ou blanches, et sa fleur. ◆  Il s'est employé au sens de « parfum d'un vin » (1352-1356) puis, à partir du XVIe s., qualifié, pour désigner d'autres fleurs, comme en latin la giroflée (1542), d'où violette jaune pour la giroflée jaune (1544 ; emploi isolé au XVe s.), en concurrence avec viole jaune (1556) ; violette blanche désigne la giroflée blanche (1549) et, au XIXe s., violette domestique la rouge (1845), dénominations sorties d'usage. Violette blanche s'est dit aussi pour « perce-neige » (1549), appelée aussi violette de février (1845). Violette de Marie désigne la campanule violette (1597), dite aussi violette de marine (1613), violette d'automne la pensée (1600), violette des Dames (1608) et violette de Damas (1611) la julienne, violette du Pérou la belle-de-nuit (1845). ◆  Par analogie de couleur, bois de violette désigne (1690) une espèce de palissandre du Brésil (Cf. ci-dessous bois violet). ◆  Par extension, le mot se dit depuis le début du XVIIe s. (v. 1610) du parfum à la violette (sentir la violette). ◆  L'argot a donné au mot le sens « gratification », probablement par allusion au bouquet (de violettes) — attesté 1926. Par ailleurs, avoir les doigts de pied en bouquet de violettes s'est dit (années 1950) pour « éprouver l'orgasme ».
❏  VIOLIER n. m., dérivé de l'ancien français viole (ci-dessus), désigne (v. 1360 viollier) une giroflée rouge, appelée aussi matthiole.
■  VIOLAT adj. m. est un emprunt (v. 1205 ; aussi violet) au bas latin violatus « où il entre des violettes » (Cf. au neutre violatum « vin de violettes »). ◆  Le mot a désigné un médicament fait avec des violettes, d'où l'emploi pour « préparé avec des violettes » (1256, sirop violat). La plupart des dérivés (les plus usuels) concernent la couleur la plus fréquente de la fleur.
■  VIOLET, ETTE adj. et n., dérivé régressif de violette ou diminitif de l'ancien français viole (d'où vient violette) est d'abord attesté comme nom pour désigner une sorte de drap violet (v. 1175), acception disparue. ◆  L'adjectif s'applique (v. 1200) à ce qui est de la couleur de la violette, substantivé (1323) pour « couleur violet », puis pour « colorant violet » (1539). Par métonymie, le mot désigne des vêtements violets (1680), d'où en argot ancien un violet n. m. « un évêque » (1836). ◆  L'adjectif s'emploie par extension (1643) en parlant de la couleur que donne à la peau un afflux de sang provoqué par le froid, les coups. ◆  Bois violet (1708) ou violet, n. m. (1803), est le nom d'un bois d'ébénisterie, importé des Indes au XVIIIe s. (différent du bois de violette, ci-dessus).
■  Les deux substantifs, VIOLET n. m. et violette n. f. (alors distinct du mot vedette) se sont employés par analogie de couleur pour désigner des plantes de couleur violette, mais sans rapport avec viola, par exemple une espèce de figue (1715, grosse violette) et, pour violet, un agaric (1803), un mollusque de la Méditerranée à coquille d'un bleu violet (1904), sens très vivant régionalement, notamment à Marseille. ◆  En sciences, le violet désigne la zone violette du spectre, formée des radiations visibles de plus grande fréquence (Cf. ci-dessous ultra-violet).
■  VIOLETER v. tr., terme technique (1861) signifiant « colorer en violet », est rare.
VIOLINE n. f. est en chimie le nom d'un alcali extrait des fleurs de la violette (1830) et d'un colorant violet (1872).
■  L'adjectif VIOLINE, du latin viola, s'applique (1872) à une couleur violet pourpre.
VIOLÂTRE adj., attesté en 1469 (viaulâtre) et repris au XVIIIe s. (v. 1770, Diderot), pour « d'une teinte tirant sur le violet » est littéraire.
■  Il a été supplanté par VIOLACÉ, ÉE adj. (1777), emprunté au dérivé latin classique violaceus « couleur de violette ». ◆  L'adjectif a fourni VIOLACÉES n. f. pl., ancien terme de botanique (1810), et VIOLACER v. « rendre violet » (1832 au participe passé), aussi au pronominal se violacer (1860) et comme intransitif au sens de « tirer sur le violet » (1846).
Le composé ULTRA-VIOLET, ETTE adj., de ultra-, se dit en physique (1864) des radiations électromagnétiques dont la longueur d'onde se situe entre celle de la lumière visible (extrémité violette du spectre) et celle des rayons X. ◆  Le mot est substantivé en l'ultra-violet n. m. et les ultra-violets (XXe s.) « les rayons ultra-violets », aussi appelés U. V.
VIOLISTE → VIOLE
VIOLON n. m., d'abord écrit (arbitrairement) vyolon (v. 1500), puis violon (1533), est emprunté à l'italien violone « grosse viole, contrebasse », dérivé de viola (→ viole), avec le suffixe augmentatif -one ; en italien, le mot pour « violon » est violino, diminutif de viola en -ino. Le sens du français vient d'une mauvaise interprétation du suffixe italien, interprété comme un diminutif (ce qui n'est pas le cas pour trombone).
❏  Le mot désigne un instrument à quatre cordes accordées en quinte, que l'on frotte avec un archet et, par métonymie (1533), un musicien qui joue du violon, en concurrence avec violoniste (ci-dessous), sauf dans des expressions comme premier violon (1783), second violon. ◆  Les contextes usuels vont de la musique noble (« classique » et jazz) à la danse et à la musique rurale. La locution figurée payer les violons du bal « offrir un bal à une belle » (XVIIe s.) est devenue payer les violons du bal « faire tous les frais de qqch. sans en retirer les avantages » (1671). Le roi des violons désignait (1690) le musicien à la tête des maîtres à danser. Dans le même contexte, le mot entre dans plusieurs locutions figurées : aller plus vite que les violons, « trop vite », c'est-à-dire « ne pas suivre le rythme » (1854, H. Monnier). Accorder ses violons, « se mettre d'accord », est attesté au début du XXe s. (1911), mais reprend accorder ses vielles (fin XVe s.) par jeu sur le double sens du verbe, et fait référence à la danse. ◆  En revanche, c'est la « grande musique » qui est évoquée dans violon d'Ingres, « talent qu'une personne exerce en dehors de son activité principale » (1907), par référence au peintre Ingres qui pratiquait le violon par plaisir.
■  Peut-être par analogie des cordes du violon et des barreaux, le mot se dit (1790) d'une prison de police, par exemple dans mettre qqn au violon. ◆  Violon entre, à partir du XIXe s., dans le vocabulaire technique pour désigner des outils qui rappellent la forme du violon ou la manière d'en jouer : « petit tour à main, actionné à l'aide d'un archet » (1812) ; dans le vocabulaire de la marine, poulie à violon (1872). ◆  Par calque de l'anglais fiddle head, tête de violon se dit au Québec de la pousse comestible d'une fougère, récoltée et consommée au printemps. ◆  Une analogie de forme fait nommer violon, en français d'Acadie, une variété de mélèze.
❏  Violon a fourni quelques dérivés.
■  VIOLONER v. (1656, intr.) signifiait « jouer du violon ». ◆  Il est sorti d'usage, à la différence de son dérivé VIOLONEUX n. m. (1729), aussi VIOLONNEUR (1821), synonyme vieilli ou ironique de ménétrier et familier pour « violoniste médiocre » (fin XIXe s.). Violoneux, euse se dit sans archaïsme ni ironie en français du Québec pour les violonistes traditionnels qui jouent pour faire danser.
■  VIOLONÉ, ÉE adj., « en forme de violon », s'emploie à propos du style Louis XV.
■  Le dérivé le plus usuel est VIOLONISTE n. (1811), en concurrence avec violon, mais d'emploi distinct (les violons d'un orchestre, le premier violon, mais un, une grand(e) violoniste).
VIOLONCELLE n. m., d'abord (1709) sous la forme italienne violoncello avec la graphie francisée en 1739, est emprunté à un mot italien désignant un petit violon, diminutif de violone. C'est à la lettre une « petite grosse viole », c'est-à-dire une « petite contrebasse ». ◆  Le mot désigne un instrument semblable à un violon mais plus gros, joué verticalement comme l'était la viole de gambe à laquelle il succède, et utilisé comme basse. Par métonymie, le mot s'emploie (1741) pour « musicien qui joue du violoncelle ».
■  Le dérivé VIOLONCELLISTE n. (1821 au masculin) signifie aussi « musicien qui joue du violoncelle ».
VIOQUE → VIEUX
L VIORNE n. f., réfection (1538, R. Estienne) de vione (v. 1200), est issu du bas latin viburna, pluriel pris pour un féminin, du latin classique viburnum, nom neutre sans étymologie connue. On relève, par emprunt au latin, viburne (1540) dans une traduction de Virgile.
❏  Le mot désigne un arbrisseau vivace des régions tempérées. Il s'emploie couramment pour clématite (1544, viourne ; 1599, viorne).
VIP n. (surtout n. m.) attesté en 1958, est le sigle anglo-américain (1933) de Very Important Person « personne très importante ».
❏  Le mot s'emploie en français depuis 1959 pour « personnalité importante », idée affaiblie par un usage publicitaire destiné à flatter des clients disposés à payer des prestations plus luxueuses (transports aériens, notamment).
VIPÈRE n. f. d'abord vipre (v. 1265), est emprunté (1314) au latin classique vipera « vipère » (→ vive), employé aussi par figure au sens de « personne méchante, malfaisante ». Le mot est peut-être, selon les Anciens, une contraction de vivipara, féminin de viviparus « vivipare* » ; on relève aussi la forme vipre (v. 1265). Vipera avait abouti en ancien français à guivre* (1080), variantes wivre (XIIe s.), voivre (XIIIe s.), série vivante dans les dialectes (ci-dessous vouivre).
❏  Le mot conserve le sens propre du latin (v. 1265) et aussi l'emploi figuré (v. 1520), langue de vipère désignant une personne médisante. ◆  Qualifié, il désigne soit une variété de vipère, comme la vipère heurtante d'Afrique tropicale (bitis), ou, par analogie, d'autres animaux serpentiformes comme vipère marine « murène » (1764), disparu, ou d'autres serpents : vipère cornue « céraste » (1764). ◆  Vipère lubrique, introduit vers 1947, s'est employé par calque du russe comme injure politique par les communistes, à l'époque de Staline. L'expression a été citée par plaisanterie.
❏  VIPEREAU n. m. est attesté chez Marot (1526) ainsi que la variante vipéreau ; le mot ne s'emploie plus au figuré (1594).
■  VIPÉRIDÉS n. m. pl., terme de zoologie, succède à vipérides (1842).
1 VIPÉRIN, INE adj. et n. f. est un emprunt au dérivé latin classique viperinus « de vipère, de serpent ». D'abord employé au sens figuré (1553) de « venimeux, malfaisant », mot littéraire, par exemple dans langue vipérine (1596), l'adjectif s'applique en zoologie (1584) à ce qui est relatif à la vipère.
■  VIPÉRINE n. f. (1817) ou couleuvre vipérine se dit d'une couleuvre qui ressemble à la vipère.
■  2 VIPÉRINE n. f. est emprunté (XVe s.) au latin impérial viperina, féminin substantivé de viperinus, et désigne une plante des sables dont la tige présente des taches rappelant la peau de la vipère.
VOUIVRE n. f., variante de guivre, issue par voie orale du latin vipera, a d'abord désigné un serpent (v. 1150, wivre ; apr. 1250, vuivre), spécialement un serpent fabuleux (1636, vuivre ; déb. XIXe s., vouivre), aujourd'hui régionalement (Lorraine, Jura) comme en témoigne La Vouivre, titre d'un roman de Marcel Aymé. ◆  Parallèlement, il s'est dit (1306, voivre) d'un gros serpent figuré sur une bannière puis, dans des armoiries.
❏ voir GUIVRE, VIVE.
VIRAGO n. f., d'abord francisé en virage (v. 1380), puis repris sous la forme latine (1458), reprend le latin virago « femme forte ou courageuse comme un homme » ; ce mot de finale obscure appartient à la langue archaïque ; il dérive de vir « homme » (→ viril), opposé à mulier. On trouve aussi viragine (v. 1560), d'après le génitif viraginis.
❏  Ce mot péjoratif se dit d'une femme d'allure masculine ; il est littéraire.
VIRAL → VIRUS
VIRELAI n. m., d'abord vireli (1263), encore viroly au XVe s., puis virelai d'après lai (v. 1275) et virelet (XVe s. et chez Marot), dérive de virer*. La finale -li est celle des refrains de chanson ; la forme lai a prévalu.
❏  Le mot a d'abord désigné un air de danse, un jeu accompagné de danse, puis (v. 1360) une pièce de vers courts, sur deux rimes, commençant par quatre vers dont les deux premiers se répètent, « virent ». C'est aujourd'hui un terme d'histoire littéraire.
L VIRER v. est probablement issu (v. 1155) du latin populaire °virare, altération du latin classique vibrare (→ vibrer) « agiter », « brandir », « lancer » et « faire vibrer », par dissimilation des consonnes -br- ; le i bref est devenu long sous l'influence de librare « balancer » et également « lancer une arme en la faisant tournoyer », dérivé de libra (→ livre, n. f.). Pourtant, P. Guiraud reprend l'hypothèse de Diez, rejetée par les romanistes du XXe s., qui rattache °virare au latin classique viriae « bracelet » (→ vires), le i bref s'effaçant en hiatus, d'où °virare « tourner (comme un bracelet) » ; cette proposition s'appuie sur la présence de mots dialectaux vire, viro, biro, guire « virole ». Pour Meyer-Lübke et Wartburg, des formes dialectales italiennes comme vera, viere postulent viria, forme qui exclut °virare.
❏  Le verbe a signifié « faire tourner » (v. 1155) et « lancer (une arme) en la faisant tournoyer » (v. 1196). C'est du sémantisme de « tourner », d'où « changer », que procède l'ensemble des emplois. Dans virer le bien en mal (XIIIe s.), le verbe signifiait « changer (d'aspect) ». Concrètement, se virer (XIIIe s.) se dit encore régionalement pour « se tourner sur soi-même », le verbe étant usuel en emploi intransitif au sens de « tourner sur soi, en rond » (apr. 1433). Ce sens n'est resté vivant en français de France que régionalement dans des emplois comme tourner et virer « s'agiter » (Cf. ci-dessous virée). En revanche, il est resté usuel en français du Canada (virer une crêpe, virer la tête), aussi pour « changer de direction » (virer à droite), alors sans l'idée de brusquerie, de soudaineté que le verbe a en France par rapport à tourner. Se virer signifie simplement « se retourner ». ◆  L'idée de changement se retrouve dans les emplois disparus de se virer « changer d'humeur » (1580), « changer d'opinion » (déb. XVIIe s.) « changer de conduite » (v. 1755), et aussi de virer pour « traduire » (fin XVIe s.), qui correspond à version. ◆  Au XVIIe s., virer partie signifie « payer par virement » (1636), d'où avec le même sens, et d'après virement, virer (déb. XXe s., tr.). L'emploi pour « emprunter pour payer qqn » (1671) est sorti d'usage. ◆  Le verbe entre ensuite dans le vocabulaire de la marine, signifiant « tourner d'un côté sur l'autre » en parlant d'un navire (1680) ; de là viennent virer à pic (1684), et transitivement virer le cap, virer au cabestan (1690). Un autre emploi intransitif, virer de bord (1694), signifie, par figure, « changer d'opinion » (1798) ; il est usuel, à la différence des autres emplois dans ce contexte.
■  Au sens concret de « tourner », très ancien (voir ci-dessus), c'est l'emploi en marine à propos des navires, qui suscite les usages modernes au sens de « prendre un tournant rapide », en cyclisme (1892), puis en automobile (1899), dans virer à droite, à gauche (→ ci-dessous virage).
Virer intransitif, avec le sens de « changer d'aspect », se dit à propos d'une couleur (1763), spécialement dans virer à (et nom de couleur) [1818]. Le verbe s'emploie dans le domaine de la photographie (1856, tr. et intr.). ◆  Dans d'autres contextes, virer à correspond à « devenir » et s'emploie comme tourner (virer à l'aigre, d'une conversation). En français québécois, virer s'emploie devant un adjectif (par exemple, virer fou, virer libéral, en changeant de parti, d'opinion). Virer mal, mal virer correspond à mal tourner en français de France. Toujours au Québec, l'expression virer de bord a d'autres emplois qu'en France (ci-dessus), à savoir « retourner », se virer de bord signifiant « se retourner » et aussi « chavirer ». Elle devient synonyme d'une autre expression, virer à l'envers, pour « mettre sens dessus dessous ». Virer à l'envers signifie aussi « mettre en désordre ». ◆  L'idée de changement complet, issue de celle de demi-tour, se retrouve dans l'emploi médical pour « réagir positivement » ; par exemple, une cuti-réaction vire, « devient positive » (XXe s.) ; d'où l'emploi transitif dans virer sa cuti (« cutiréaction » ; → cutané).
Virer qqn, « le renvoyer d'un lieu », puis « le renvoyer » (vous êtes viré !), familier (1913), vient sans doute d'une métaphore maritime, analogue à mettre les voiles, lever l'ancre « partir », et basée sur virer le cap, virer de bord (ci-dessus), ou sur une expression analogue. La paronymie avec vider a pu jouer.
❏  Le déverbal 1 VIRE n. f., d'abord attesté au sens métonymique de « trait d'arbalète qui tournoie en volant » (fin XIe s.), a aussi désigné (v. 1310) l'action de tourner.
■  Le mot se dit (1877) dans les Alpes d'un palier très étroit qui rompt une pente raide et forme parfois un chemin autour de la montagne.
■  Du premier sens vient le diminutif VIRETON n. m. (1341), terme d'archéologie, « trait d'arbalète empennée en hélice pour le faire tourner en l'air », aussi nommé virolet (1611).
■  VIREUR, EUSE n. s'est employé (1364, au masculin) au sens de « tourne-broche » et a signifié « celui qui tourne » (1539), spécialement dans la fabrication du papier (1800). ◆  Le mot désigne en technique (1861) un plateau circulaire monté sur l'arbre d'une machine. ◆  En sports, il se dit d'un coureur, d'une automobile, etc., qui prend des virages. De là survireur, euse et sous-vireur, euse (ci-dessous sur- et sous-virer).
■  VIRÉE n. f. a eu le sens de « rangée de ceps » (1535). Le mot s'est employé pour « allée et venue » (1594). ◆  Il désigne aussi (1859) une bande de forêt parallèle à la plus grande dimension d'une coupe, ainsi nommée parce que les experts la parcourent. ◆  D'après virer « tourner, aller de place en place », il signifie ensuite (1907) « promenade rapide », « tournée des cafés, etc. », en particulier dans faire une virée, dans un sens voisin de celui de tour.
Le même sémantisme est exprimé par VIRON n. m., attesté au XXe s. dans le centre de la France et la zone francoprovençale, pour « promenade, petit tour » (faire un viron).
VIREMENT n. m. s'est dit (1546) de l'action de tourner en rond ; virement de partie (1667) a désigné le transport d'une dette active faite à un créancier, à qui l'on doit une somme de même valeur, d'où l'emploi moderne de virement en finances (1803) qui a entraîné des valeurs nouvelles pour virer. ◆  Le mot s'emploie aussi en marine, par exemple dans virement de bord (1835), sorti d'usage au figuré (1835), contrairement à virer de bord. Il est rare pour « action de tourner » (1872).
VIRAGE n. m. désigne d'abord en marine (1773) l'espace nécessaire pour faire tourner un navire sur lui-même, puis se dit (1812) de l'action de virer, de faire tourner le cabestan sur l'axe. ◆  En photographie, le nom désigne (1856) la transformation chimique que subit l'image photographique dans certains procédés, d'où virage-fixage n. m. (attesté 1933).
■  Virage s'emploie aussi (1858) pour « changement de direction », dans les sports nautiques, par métonymie « endroit où un bateau vire de bord » (1893). ◆  Il prend à la fin du XIXe s. le sens aujourd'hui le plus courant de « courbure plus ou moins accentuée (par exemple d'une route) » (1892), puis du mouvement d'un véhicule qui change de direction (1900, d'un vélo), peu après l'emploi correspondant de virer (ci-dessus). Il est alors en concurrence avec tournant, dont il est l'intensif. ◆  Virage sur l'aile concerne les avions. ◆  Par figure, virage signifie (mil. XXe s.) « changement radical (de politique, d'attitude, etc.) », par exemple dans l'expression virage à 180 degrés « changement radical, total ».
2 VIRE n. f. (1872), comme désignation d'un panaris qui fait le tour du doigt, est régional ou archaïque.
Le dérivé péjoratif VIRAILLER v. intr. s'emploie au Québec pour « aller en divers endroits, tourner en rond », « rester sans rien à faire » (syn. taponner) et aussi « se retourner sans parvenir à dormir, étant couché ». Le dérivé VIRAILLAGE n. m. a les mêmes valeurs.
VIRE-VIRE n. m. inv., redoublement de virer, à l'indicatif ou à l'impératif, a désigné un objet tournant, une loterie foraine (1908), puis un manège, sens conservé en français de Provence (les vire-vire de la Plaine Saint-Michel, à Marseille), un tourniquet d'arrosage. ◆  En Provence et dans l'est du Languedoc, ce composé s'applique à une agitation du corps et aussi un étourdissement, le vertige (ça lui fait le vire-vire).
Le préfixé REVIRER v. intr. a d'abord signifié (v. 1165) « éviter (qqch., qqn) par crainte », d'où « craindre », sens disparu en moyen français. ◆  Il s'est employé au sens plus général (1212) de « tourner ». ◆  Il s'est utilisé comme terme de marine (1677, intr.) et dans revirer de bord (1680) au figuré (1740), « changer d'opinion, de parti », qui correspond à revirement. Tous les emplois sont sortis d'usage en français d'Europe, mais le verbe est usuel au Québec, où revirer et revirer de bord s'emploient pour « retourner ». Au figuré, se revirer (de bord) signifie « se reprendre ». D'autres emplois correspondent à ceux de virer : revirer de bord, revirer à l'envers, « retourner » et « mettre en désordre », au figuré « bouleverser (qqn) ». ◆  Par extension, revirer qqn, le repousser, mal le recevoir. Au figuré, se revirer contre qqn, correspond à « se retourner contre lui ». ◆  Le verbe est aussi intransitif, pour « revenir sur ses pas », et « changer une seconde fois de direction ». Il en va de même pour revirer de bord et revirer à l'envers « se renverser, se retourner, chavirer ».
■  Le dérivé REVIREMENT n. m. a désigné (1587) le retour d'une personne sur soi-même. Le nom conserve aujourd'hui les valeurs du verbe ; il se dit d'un changement de direction, d'abord en marine (1678), moins courant que virement, et de l'action de se retourner en sens contraire (1690). ◆  Au figuré, il désigne un changement complet dans les opinions de qqn (1834), sens aujourd'hui le plus courant.
TRÉVIRER v. tr., formé de tres- (→ trans-) et virer, d'abord tresvirer (v. 1165), signifie « faire tourner » et (déb. XVIIe s.) « trébucher ». ◆  Le verbe a aussi signifié en marine (1694) « retourner, chavirer une manœuvre ». Il a aujourd'hui le sens (1870) de « hisser ou affaler un corps à l'aide de trévires ». ◆  Le dérivé TRÉVIRE n. f. désigne (1776) un double cordage.
DÉVIRER v. tr., d'abord au pronominal se dévirer « se détourner » (1594), reste régionalement pour « faire changer de direction » et, comme terme de marine, au sens de « tourner en sens contraire (le cabestan) », d'où DÉVIRAGE n. m. (1836).
SOUS-VIRER v. intr., technique (v. 1960), se dit en parlant d'une automobile qui dérape par les roues avant, d'où (v. 1960) SOUS-VIRAGE n. m. et SOUS-VIREUR, EUSE adj.
■  Le contraire SURVIRER v. intr. (v. 1960) se dit en parlant d'une automobile qui dérape par les roues arrière. Il a pour dérivés (v. 1960) SURVIREUR, EUSE adj. et SURVIRAGE n. m. Ces mots préfixés sont techniques.
❏ voir AVIRON, CHAVIRER, ENVIRON ; VERBOQUET, VIRELAI, VIREVOLTER.
VIRES n. f. pl. est un emprunt (1671) au latin viriae, n. f. pl., « bracelet », seulement attesté à l'époque impériale ; on ne trouve le singulier viria que dans les gloses : il a abouti dans les dialectes à des formes comme vire, viro, guille, etc. « anneau » ; ce mot est peut-être d'origine gauloise.
❏  Terme de blason, vires désigne des anneaux concentriques.
❏ voir VIROLE.
VIRESCENCE → VERT
VIREVOLTER v. intr. représente une altération (1552), sous l'influence de l'italien giravolta « tour en rond », de l'ancien virevouster « tournoyer » et « voltiger » (1532), ensuite virevoster (1564), virevouter v. tr. « parcourir (un pays) en faisant des détours ». Ce verbe est un composé tautologique de virer* et vouster, vouter, d'abord attesté au pronominal (1211, soi vouter), puis sous la forme vouter « rouler » (XIIIe s.) ou vouster « faire tourner (un cheval) » (1447). Vouter est issu du latin populaire °volvitare « rouler, tourner », dérivé de °volvitum, variante de volutum (→ volute), supin du latin classique volvere. L'italien giravolta vient de girare « tourner », du latin classique gyrare (→ giratoire), et de voltare « tourner », du latin populaire °volvitare. ◆  Volvere a le sens général de « rouler, faire rouler », d'où « projeter en tourbillons », « faire aller et venir » et, au figuré, « rouler dans son esprit », « dérouler une période » ; ses dérivés ont donné volute, se vautrer et ses composés sont nombreux (Cf. par exemple révolution). Volvere se rattache à une racine indoeuropéenne °wel- « rouler », dont procèdent le grec eluein « rouler » (→ hélice), la base germanique °wett-, sur laquelle repose le gotique waltjan « faire un mouvement tournant » (Cf. allemand Walzer, d'où valse).
❏  Virevolter signifie d'abord « tourner rapidement sur soi-même ». ◆  Le verbe a eu, à l'époque classique, le sens (1636) de « faire tournoyer un cheval » (Cf. volte). ◆  Par extension, il s'emploie dans l'usage familier pour « s'agiter, en allant et venant » (1879, Huysmans) et au figuré « changer d'opinion » (1589).
VIREVOLTANTANTE adj., attesté à la fin du XVIe s., s'emploie au concret et à l'abstrait, pour « qui virevolte », impliquant la légèreté (avec influence de la série voler, volant).
❏  VIREVOLTE n. f., déverbal (1555) de virevolter, a supplanté l'ancien virevouste (v. 1500) « volte face » dont certaines variantes se sont maintenues jusqu'au XIXe s. ; désignant l'action de se donner beaucoup de mouvement, une pirouette, virevoute (1638), virevouste (1694), virevousse (1762), sont vieillis au XVIIIe s. et disparaissent au XIXe siècle. La variante virevaude se disait (1845) d'un endroit où la mer faisait des tourbillons.
■  Virevolte est d'abord attesté au sens de « pivotement sur soi-même, mouvement de ce qui fait rapidement demi-tour » ; le mot a désigné (1694) un demi-tour rapide fait par un cheval, puis a été supplanté par demi-volte. Il s'est dit (1829) d'un demi-tour fait par une personne et, au figuré (1766), désigne un changement complet d'opinion (Cf. revirement).
VIRGINAL, VIRGINITÉ → VIERGE
VIRGINIE n. m. est l'ellipse (1843) de tabac de Virginie, du nom de l'État d'Amérique du Nord d'où provenait initialement ce tabac (fumer du virginie).
VIRGULE n. f. est un emprunt (1534) au latin virgula « petite branche, rameau » puis « petit trait, ligne, accent », diminutif de virga « baguette », qui a donné verge* et vergue*.
❏  Le mot désigne (1534) un signe de ponctuation marquant une courte pause. L'expression point et virgule (→ point) a abouti au composé point-virgule (ci-dessous). ◆  Il s'est employé (1611) au sens étymologique de « petite verge, baguette », sens qui ne s'est pas maintenu, malgré l'emploi technique (1812) pour « baguette de laiton utilisée dans la fabrication du velours ». ◆  Au sens dominant, le mot s'est employé didactiquement (1842) pour désigner un signe de suppression, analogue au deleatur, dans les anciens manuscrits. ◆  Par analogie de la forme du signe de ponctuation, virgule se dit aussi (1831) d'un objet recourbé et terminé en pointe vers le bas et, en particulier (1842), d'une trace malpropre de doigts. ◆  En biologie, bacille virgule désigne, en raison de sa légère incurvation, le bacille du choléra (1884). ◆  Le mot s'emploie aussi en mathématiques (XXe s.) et en informatique (v. 1970, virgule fixe, virgule flottante).
❏  VIRGULAIRE adj. (v. 1835) est rare ; le mot s'est employé comme nom féminin, nom d'une plante (1809).
■  VIRGULER v. tr. « marquer de virgules », rare, est employé au propre (1725) et au figuré (1868) ; son dérivé VIRGULAGE n. m. est un terme de mathématiques (v. 1970). ◆  En argot, virguler signifie par analogie « faire un geste en forme de virgule » (attesté en 1868), par exemple virguler une baffe « envoyer » ; cet usage est fréquent dans les romans de Frédéric Dard, San-Antonio.
❏ voir POINT (POINT-VIRGULE).