VIVANDIER, IÈRE n. représente (v. 1180, vivendier) une réfection, d'après le latin médiéval vivenda « vivres », de l'ancien viandier, n. m. (v. 1155), « homme hospitalier », lui-même dérivé de viande au sens ancien de « nourriture » (→ viande).
❏  Le nom, qui signifie d'abord « celui qui nourrit bien ses hôtes », s'est spécialisé au XVe s., désignant une personne qui suivait les troupes, pour leur vendre des vivres et des boissons (1432, n. m. ; 1559, n. f.). ◆  Il s'est employé plus longtemps au féminin, comme mot historique ou comme archaïsme, remplacé au cours du XIXe s. par cantinière. ◆  Il a eu au XVIe s. (1530) le sens général de « marchand de comestibles ».
VIVANT → VIVRE
VIVE n. f. représente une altération (v. 1393) de l'ancien vivre (v. 1138) désignant la vipère et wivre (XIIIe s.) « vive », issu du latin vipera « vipère* » (→ guivre) ; ce nom vient des épines venimeuses que portent les nageoires du poisson. P. Guiraud rapproche vive de vielle, nom d'un poisson semblable, et propose pour étymon viva, dérivé de vivus (°vivella pour vielle), en remarquant qu'un nom dialectal de la perche, poisson « épineux », est viva ; la vive serait donc un poisson aux arêtes vives.
❏  Le mot désigne un poisson aux nageoires épineuses, à la piqûre douloureuse, vivant surtout dans le sable des côtes.
VIVEMENT → VIF
VIVIER n. m., réfection suffixale (v. 1150) de viver (v. 1138), est issu du latin vivarium « parc à gibier » et aussi « parc à huîtres », « bassin où l'on conserve le poisson », employé aussi au figuré. Ce nom dérive de vivus « vivant » (→ vif).
❏  Le mot reprend un des sens de l'étymon, désignant un bassin aménagé pour élever et engraisser des poissons, des crustacés. Par extension, il se dit d'un réservoir d'eau où l'on conserve le poisson, dans un bateau (fin XIVe s., isolément, puis XVIIIe s.), puis du bateau lui-même (1736). ◆  Il désigne aussi un panier calé dans l'eau employé par les pêcheurs (1769). ◆  Régionalement (Normandie), vivier désigne (1872, Littré) une pièce d'eau poissonneuse alimentée par les sources. ◆  Par figure, le nom a pris (XXe s.) le sens de « milieu favorable au développement (d'idées, de personnes) ».
❏  Le latin VIVARIUM a été repris en 1894 comme nom masculin ; probablement adopté d'après aquarium, il désigne une cage vitrée où l'on garde de petits animaux vivants en reconstituant leur milieu.
VIVIFIER v. tr. est emprunté (v. 1120) au bas latin vivificare « vivifier » au propre et au figuré, composé du latin classique vivus « vivant » (→ vif) et de facere « faire* ».
❏  Le verbe signifie d'abord « donner et conserver la vie à (qqch.) », sens disparu en médecine (1377), mais encore vivant en théologie, surtout en emploi absolu, pour « être le principe de la vie spirituelle », par exemple dans la lettre tue mais l'esprit vivifie (1564). ◆  Par extension (v. 1190, repris fin XIVe s.), vivifier qqn signifie « lui donner, ou lui redonner de la force, de la vigueur, ou le goût de vivre » ; de là vient l'emploi analogique pour « donner de l'activité, du mouvement à (qqch.) » (1711). Par figure, le verbe signifie également « redonner vie à (ce qui n'est plus) ». ◆  Il s'employait spécialement en technique (1872) dans vivifier le plomb « le couvrir, pendant sa fusion, de cendre et de braise », pour empêcher l'oxydation.
❏  VIVIFIANT, ANTE adj., rare avant le XVIe s., s'emploie au propre (v. 1175), par extension en théologie (1521), et au figuré (mil. XVIe s.).
Deux dérivés de vivificatum, supin du verbe latin, ont été empruntés en français.
■  VIVIFICATION n. f., emprunt au latin vivificatio « action de vivifier », est rare (v. 1380).
■  VIVIFICATEUR, TRICE n. m. (1500) « celui qui vivifie » puis adj. (1574), repris au XIXe s., est un synonyme rare de vivifiant.
Le préfixé REVIVIFIER v. tr., « reprendre vie » (v. 1280, v. intr.), signifie ensuite « redonner la santé à (qqn) » (v. 1510, aussi revifier) et, au figuré, « redonner le goût de vivre » (v. 1560, Paré). ◆  Terme de l'ancienne chimie (1675, à propos du mercure), le verbe signifie « rendre (un métal) à sa forme métallique ». ◆  D'après l'emploi correspondant de vivifier, il s'emploie en théologie pour « rendre (un chrétien) à la vie spirituelle » (1690).
■  Le verbe a pour dérivé REVIVIFICATION n. f. (1676), littéraire ou technique.
VIVIPARE adj. a été emprunté (1679) au latin impérial viviparus « vivipare », composé du latin classique vivus « vivant » (→ vif) et de -parus, de parere « procurer », spécialisé au sens de « mettre au monde » (→ parent).
❏  L'adjectif se dit d'un animal dont l'œuf se développe complètement dans le corps de la mère (1753), par opposition à ovipare ; il est aussi substantivé au masculin (les vivpares). ◆  Par extension, il s'emploie en botanique (1803), en parlant des plantes dont les bourgeons se détachent et reproduisent l'espèce.
❏  Le dérivé VIVIPARITÉ n. f. (1842) est didactique.
■  Le composé OVOVIVIPARE adj. (1806), de ovo- (du latin classique ovum « œuf* »), signifie « ovipare dont les œufs éclosent dans le ventre de la femelle », aussi substantivé (les ovovivipares, 1823). ◆  Il a fourni OVOVIVIPARITÉ n. f. (1907), d'après viviparité.
❏ voir peut-être VIPÈRE.
VIVISECTION n. f. a été composé (1765, Encyclopédie) du latin classique vivus « vivant » (→ vif) et de l'élément final de dissection* ; Cf. anglais vivisection, 1707.
❏  Le mot désigne une dissection opérée à titre d'expérience sur un animal vivant, pratique considérée soit comme scientifiquement nécessaire, soit comme cruelle et barbare, et fortement combattue par les défenseurs des animaux.
❏  Il a fourni les termes didactiques VIVISECTEUR, TRICE n. (1839) et VIVISECTER v. tr. (1884, Huysmans), rare.
L 1 VIVRE v., relevé à la fin du Xe s., est issu du latin vivere « être vivant », « être encore vivant », « durer, subsister », « se nourrir de » et « passer sa vie de telle ou telle manière » ; le verbe s'emploie dans de nombreuses locutions. Il se rattache à une racine indoeuropéenne °gweyē-, °gwiy-ō- « vivre », bien attestée dans plusieurs langues ; en grec le °gw initial a reçu un double traitement, d'où le verbe zên (→ zoo) et son aoriste biônai (→ bio-).
❏  Dans ses premiers emplois, vivre signifie « être en vie » et « passer sa vie (d'une certaine façon, en un certain lieu) », sens général, puis (v. 1050) « disposer des moyens matériels qui permettent de subsister ». Le verbe s'emploie en locutions dès le XIe s., par exemple dans homme (femme) qui vive « qui que ce soit » (v. 1050), en usage jusqu'au début du XVIIe s., transformé en personne qui vive (XIVe s.), encore attesté au milieu du XVIIe s., puis en âme qui vive (1690), toujours usité négativement (il n'y avait âme qui vive : « personne »). ◆  Comme en latin, le verbe signifie aussi « continuer à vivre » (1080). ◆  Depuis le XIIe s., vivre de, continuant une autre acception du latin, équivaut à « se nourrir de », d'où se vivre de qqch., « en vivre » (v. 1270), propre à l'ancien français. Depuis la fin du XIIe s., le verbe s'emploie pour « gagner sa vie » (v. 1190, soi vivre), d'où vivre de qqch. (v. 1225). ◆  Vive !, vivent ! s'utilisent dès le XIIe s. (v. 1170) comme formules d'acclamation en l'honneur de qqn à qui l'on souhaite longue vie, puis se dit, par extension, de choses : vive le vin ! (XVe s.), vive la joie ! (1696), pour marquer l'approbation. Dans ce sens, il tend à devenir invariable et à se détacher du verbe (voir ci-dessous vive !, entre vivat et revivre). ◆  Vivre pour qqn, qqch., « consacrer sa vie à (qqn, qqch.) », s'emploie depuis la fin du XIVe siècle. ◆  Avec savoir, apprendre, le verbe à l'infinitif correspond (1466) à « se comporter dans la vie sociale comme le veut l'usage » (Cf. savoir-vivre ; → savoir). ◆  Comme vie, vivre est utilisé en religion (1538) au sens de « jouir de la grâce ou de la vie céleste ».
■  En emploi transitif, avec pour complément vie, un synonyme ou bien un nom exprimant une durée, le verbe a le sens de « mener (telle ou telle vie) » (1549, vivre une belle vie), d'où « passer (un espace de temps) » (1573, vivre des jours heureux) ; la locution vivre sa vie (XXe s.) signifiant « se comporter librement », selon son destin assumé.
■  Une des premières valeurs métaphoriques du verbe semble être (v. 1270) « demeurer dans le souvenir (des humains, ou de qqn en particulier) ». ◆  Depuis le milieu du XVIe s., vivre possède diverses valeurs extensives. Ainsi, vivre de qqch. s'emploie au sens de « trouver dans qqch. un élément à la vie morale, intellectuelle » (vivre d'espoir). Le verbe prend aussi le sens (1578) de « réaliser toutes les possibilités de la vie », en particulier dans avoir vécu « avoir eu une vie riche » (1574). Vivre de sa gloire (1580), « garder un crédit acquis », a été remplacé par vivre sur (de) sa réputation (1760). ◆  Au sens propre de vivre, avoir vécu est un latinisme (vixit, vixisse « il a vécu, avoir vécu ») signifiant « être mort » (1640).
Le verbe, spécialisé par rapport à l'acception de « se nourrir de », « gagner sa vie » (ci-dessus), a pris au XVIIe s. le sens de « manger, prendre ses repas » (1690), acception disparue à la fin de la période classique. ◆  À la même époque, au sens le plus courant du verbe, de nombreuses constructions et locutions apparaissent. La variété des nuances les rend souvent ambiguës. Ainsi faire vivre, qui signifie normalement (1673) « prolonger l'existence » (par exemple d'un malade), vaut aussi pour « assurer la subsistance de (qqn) » (1764) puis, au figuré, « aider à surmonter, à affronter les difficultés » (1831). Au sens le plus général (« être vivant, en vie »), on ne vit qu'une fois (fin XVIIIe s., av. 1794) s'emploie pour justifier une attitude hédoniste. ◆  Avec la valeur de « moyens d'existence », Furetière (1690) enregistre avoir de quoi vivre ; avec cette nuance, vivre de correspond à « tirer sa subsistance de » : vivre d'industrie (1690), qui a vieilli avec le sens correspondant de industrie* ; vivre d'expédients, vivre d'amour et d'eau fraîche, « être amoureux et pauvre » (déb. XIVe s., vivre d'amour). De même, il faut bien que je vive (1760), il faut vivre (1872), il faut bien vivre, s'emploient pour demander des subsides. ◆  Dans le contexte militaire, vivre du pays (1824) est devenu vivre sur le pays (fin XIXe s.). On a dit vivre sur le peuple (fin XVe s. Commynes). ◆  La façon d'éprouver l'existence est évoquée dans ne pas, ne plus vivre (1706) « être dans l'inquiétude, ne pas être en paix », puis dans se laisser vivre (1893) « ne faire aucun effort ». ◆  Le comportement supposé convenable est évoqué dans apprendre à vivre « à se comporter correctement » (1656, Molière), d'où ça lui apprendra à vivre pour « ce sera une bonne leçon », qui est resté vivant. ◆  La même idée de comportement, appliquée aux relations sociales, se retrouve dans difficile à vivre (1747) « à fréquenter », opposé à facile à vivre (attesté 1847). ◆  Depuis le XVIIe s. également, des valeurs figurées se dégagent : « donner l'impression de la vie » (av. 1648), par exemple d'une image, d'une représentation ; « subsister, être toujours actif », d'un sentiment, d'une idée (1669).
■  Enfin, en français contemporain (XXe s.), apparaît vivre qqch. pour « éprouver intimement, avec force, par l'expérience de la vie » et se vivre (de telle façon) pour « avoir l'expérience profonde de... » ; ces emplois sont liés à la conception philosophique de la vie, notamment depuis la phénoménologie et l'existentialisme.
❏  2 VIVRE n. m., substantivation (v. 1050) de l'infinitif du verbe, équivaut d'abord à « nourriture », acception qui ne subsiste que dans la locution le vivre et le couvert (1678).
■  Le mot a désigné (v. 1200) le fait d'être en vie, sens courant à l'époque classique et qui se maintient jusqu'au début du XIXe s. chez Chateaubriand. ◆  Il a signifié « manière de vivre » (av. 1559) et « usage du monde » (1687).
VIVRES n. m. pl., de vivre, verbe ou nom masculin, apparaît isolément au XIIe s. (v. 1155) et est repris en moyen français (1369), désignant ce qui sert à l'alimentation de l'homme. ◆  Le mot se spécialise (1538) dans le vocabulaire militaire, opposé à fourrage, munitions, d'où son emploi pour nommer les entreprises qui fournissaient le ravitaillement aux armées (1690). La locution couper les vivres (à une armée) [1601] s'emploie au figuré dans couper les vivres à qqn (1840) « lui refuser une aide pécuniaire ».
■  1 VIVRIER n. m., dérivé de vivres, a désigné (1768) un fournisseur aux vivres (Cf. vivandier) et s'emploie comme adjectif dans bâtiment vivrier (v. 1904).
■  2 VIVRIER, IÈRE adj., tiré lui aussi de vivres, n. m. pl., signifie (av. 1850) « destiné à l'alimentation », notamment dans cultures vivrières. ◆  En français d'Afrique, les vivriers, n. m. pl. désigne les produits des cultures vivrières.
VIVANT, ANTE adj. et n., tiré du participe présent, apparaît au XIe s. dans à son vivant « pendant sa vie » (v. 1050), ensuite en son vivant (v. 1155), emplois remplacés par de son vivant (1489). ◆  Le vivant, employé seul (1080), au sens de « durée de la vie », est sorti d'usage. ◆  L'adjectif s'applique (v. 1150) à une personne en vie (opposé à mort, morte) ; il est employé avec cette acception en droit dans le dernier vivant n. m. (XIIIe s., li daerrains vivans). Homme vivant pour « qui que ce soit » est sorti d'usage (1273), de même que âme vivante (1636), mais on dit toujours âme qui vive (ci-dessus). ◆  BIEN-VIVANT n. m. (1464) s'est dit d'un chrétien vivant selon la religion. ◆  L'adjectif vivant, vivante employé seul se dit en religion d'un être humain qui jouit de la grâce ou de la vie céleste (1553). Le Dieu vivant (v. 1485) désigne le Christ, incarné en homme vivant et assumant la vie spirituelle. Les vivants, terme de religion (1662), nomme les bienheureux jouissant de la vie éternelle. ◆  Par figure, vivant qualifie ce qui semble animé d'une sorte de vie, est actuel (1553), par exemple dans langue vivante (1647), opposé à langue morte, puis une chose qui a l'expression, les qualités de ce qui vit (1558), d'où portrait vivant (1640 ; 1606, vivant portrait).
■  Qualifié par bon, l'adjectif prend au XVIIe s. un sens tout différent de celui de bien vivant, en religion ; bon vivant (1680) désigne une personne qui vit dans les plaisirs de la table et l'agrément, l'expression devenant un adjectif et un nom composé ; avec le même sens, vivant (1698) est sorti d'usage, comme vivante, n. f. qui s'est dit péjorativement d'une femme adroite et rusée (1767), emploi disparu au XIXe s. ◆  Quelques expressions sont apparues dans l'usage classique, concernant le sens premier de vivant, « en vie », par exemple s'ensevelir tout vivant (1686) « se retirer loin de toute société, mener une vie recluse », remplacé par s'enterrer vivant (1727).
■  Le mot, suivant l'évolution du concept de vie, s'applique aussi, depuis le XVIIe s. (1672), à ce qui est doué de vie, animaux, plantes, par opposition non plus à mort, mais à inanimé, plus tard à inorganique ; il signifie alors « qui, par sa nature, est capable de vie » ; l'adjectif avec cette valeur est substantivé, le vivant (1684, Bernier) désignant ce qui possède les propriétés vitales.
■  Par extension, dans un contexte mythique, vivant peut qualifier contradictoirement un mort en tant qu'il se manifeste comme fantôme, spectre, etc., d'où MORT-VIVANT n. m. « personne qui semble déjà morte » (1829), Cf. cadavre vivant, puis « mort ayant l'apparence de la vie ; spectre ».
■  MALVIVANT adj. « pervers » (1507) et n. m. « homme de mauvaise vie » (1553), s'est employé jusqu'au XVIIIe s. (1777).
VIVABLE adj. apparaît (v. 1190, écrit vivaule) aux sens de « vital » et de « plein de vie » (déb. XIVe s.),en usage jusqu'au milieu du XVIe siècle. ◆  L'adjectif disparaît ensuite, puis est repris (XIXe s.) pour qualifier un lieu où l'on peut vivre agréablement, une chose ou une personne qui peut être supportée (1842). Il s'emploie surtout en tournure négative.
■  Le contraire préfixé INVIVABLE adj. (attesté 1937) a les emplois correspondants.
VIVOTER v. intr. signifie (v. 1430) « subsister avec peine » et, en parlant de choses (1530), « avoir une activité réduite ».
■  VIVEUR n., employé pour désigner un homme qui mène une vie de plaisirs (1830), s'est rarement employé au féminin viveuse (1845). Le masculin lui-même, à la mode autour de 1900, est aujourd'hui archaïque.
■  VÉCU, UE adj. et n. m. (1874), du participe passé, s'applique à ce qui appartient à l'expérience de la vie (histoire vécue). ◆  Le vécu n. m. (1919 dans Gabriel Marcel) est devenu à la mode après les années 1960, notamment dans des expressions souvent marquées, comme au niveau du vécu, le vécu de qqn, qui font l'objet de critiques ironiques pour leur banalisation.
■  VIVOIR n. m., relevé en 1913, mot proposé pour rendre l'anglicisme living-room, est très rare au Québec et inusité en France.
VIVAT interj. reprend (1546) un mot latin, 3e personne du subjonctif de vivere. Il a disparu comme interjection, remplacé par vive !, mais s'emploie encore, rarement, comme nom masculin (av. 1615, repris en 1803). En français régional du département du Nord, on parle de vivat (flamand) pour une ovation scandée ou chantée (aux mariés à la fin de la cérémonie, à une personne qu'on honore).
VIVE !, exclamation tirée du subjonctif que vive..., s'est lexicalisée pour marquer une forte estimation positive, une approbation enthousiaste à l'égard d'une personne, d'une idée, d'une pratique (depuis le XVe s.). Voir ci-dessus au verbe vivre, les emplois exclamatifs qui remontent au XIIe s. Dans cet emploi, il tend à devenir invariable (vive les vacances !) et l'accord à l'écrit, qui suppose la conscience du verbe (vivent les vacances !), marque un certain pédantisme.
REVIVRE v. est issu (v. 980) du latin revivere « revenir à la vie » au propre et au figuré, préfixé de vivere.
■  Le verbe, apparu en même temps que vivre, est senti comme son préfixé. Il reprend d'abord le sens concret du latin, « ressusciter », d'où par figure « laisser chez qqn un souvenir vivant » (v. 1270, revivre en qqn) et spécialement, dans le vocabulaire religieux, « revenir à la vie spirituelle » (XVe s. isolément, puis 1690). ◆  Par figure, il signifie « être de nouveau en vogue », en parlant de qqch. (1538) et « retrouver des forces » (1580), en parlant d'une personne. ◆  La construction revivre en (dans) qqn prend au XVIIe s. une valeur nouvelle : « se prolonger, après la mort, en qqn d'autre » (1636). ◆  Construit transitivement, le verbe signifie (1820) « vivre (qqch.) une nouvelle fois » et, par extension (1830), « vivre par l'esprit (ce qu'on a déjà vécu) ». ◆  Voir ci-dessous l'anglicisme revival.
Le préfixé SURVIVRE v., « demeurer en vie après qqn », est d'abord transitif (1080), puis construit avec à (1538, survivre à qqn). ◆  Il signifie ensuite (1499) « continuer à vivre pendant un certain temps », spécialement « après la perte de qqch. de précieux » (1580). Cette valeur, qui équivaut à « se prolonger », s'applique par figure aux œuvres et réalisations humaines (1559), aux idées et aux sentiments, d'abord comme transitif (v. 1580), puis dans survivre à qqch. (1667). ◆  Le pronominal se survivre a le sens figuré de « conserver une influence après sa mort » (1694, se survivre à soi-même ; 1788, se survivre dans ses ouvrages), puis de « perdre l'usage de ses facultés naturelles avant la mort » (1694, se survivre à soi-même ; XIXe s., se survivre).
■  Le dérivé SURVIVANT, ANTE est attesté comme n. m. au XIIe s. (1119), puis comme adj. en 1538. Il s'emploie en droit, surtout comme nom masculin (le dernier survivant) et dans la langue générale (les survivants d'une catastrophe, d'un accident, etc.), et aussi au figuré (les survivants d'une époque, du romantisme... ; 1851, Lamartine ; adj. 1870).
■  Survivant a servi à former SURVIVANCE n. f. qui a désigné en droit (1549) le privilège de succéder à une personne après sa mort. Le mot signifie ensuite (1770) « existence après la mort » et « progéniture » (XIXe s., G. Sand), et se dit du fait de subsister après qqn ou qqch. (1845). ◆  À cette série préfixée correspond survie → vie.
QUI-VIVE n. m., substantivation (1662) de l'apostrophe qui vive ? lancée par une sentinelle, un guetteur, entre dans (être) sur le qui-vive « sur ses gardes » (1690) ou « très attentif » (1694).
REVIVAL n. m. est un emprunt (1835) à l'anglais des États-Unis revival, dérivé de revive, verbe de même origine que revivre (→ vivre). En anglais, revival (1702) correspond à « renaissance spirituelle ». Le mot a en français la valeur que lui ont donnée certaines Églises chrétiennes : « assemblée religieuse destinée à raviver la foi ». Au milieu du XXe s., par calque d'emplois en anglais, le mot s'applique à des mouvements tendant à la renaissance d'un art, d'une mode, d'un état d'esprit, et spécialement à la renaissance du jazz traditionnel, du style dit Nouvelle Orléans. Les équivalents français sont reviviscence, renaissance.
❏ voir CONVIVE, RAVITAILLER, SAVOIR (SAVOIR-VIVRE), VIANDE, VICTUAILLE, VIE, VIF, VITAL, VITAMINE, VIVACE, VIVANDIER, VIVIER (VIVARIUM), VIVIFIER, VIVIPARE, VIVISECTION.
VIZIR n. m. est un emprunt (1433) par le turc à l'arabe wazīr « portier », spécialement employé pour désigner un ministre ou lieutenant du roi. Par l'espagnol, le mot a donné alguazil (→ argousin) qui désigne un fonctionnaire subalterne de la justice espagnole. Par l'italien, il a donné argousin*, également avec une première syllabe restituant l'article arabe al (→ alcool).
❏  Le mot désignait un membre du conseil des califes, d'où grand vizir « Premier ministre de l'Empire ottoman » (1690). Du XVe au XVIIIe s., on trouve les variantes visir (encore dans l'Académie, édition de 1935) et wizir (fin XVe s., grand wisir). Par figure, vizir s'est dit (déb. XVIIIe s., Saint-Simon) d'un homme en place agissant de façon despotique. Depuis la disparition de l'empire ottoman, le mot est un terme d'histoire.
❏  VIZIRAT n. m. désigne la fonction de vizir (1684) et sa durée (1664).
VLAN interj. est une onomatopée (attestée en 1803) imitant un bruit fort et sec, et spécialement le bruit d'un coup. On relève auparavant flan (1728), au XIXe s. la variante vli (et) vlan (av. 1834), aujourd'hui la graphie v'lan. Vlang (mil. XXe s.) est un croisement avec bang.
❏  Outre son emploi interjectif, le mot s'est utilisé (1867) jusqu'au début du XXe s. comme nom et comme adjectif invariable, pour désigner la société élégante et tapageuse (les milieux vlan).
VLIMEUX, EUSE adj. est une altération phonétique de venimeux (par v'nimeux), qui s'est implantée dans l'usage familier, au Québec, le sens propre ayant vieilli. Le mot s'emploie surtout au figuré pour « rusé, espiègle ». Comme substantif c'est un terme d'adresse (mon petit vlimeux « petit chenapan »). Il s'emploie dans la locution un vlimeux, une vlimeuse de (menteur, menteuse), avec une valeur proche de maudit*, aussi dans en vlimeux, intensif, et comme interjection.
V. O. est le sigle de version* originale, à propos d'un film, d'une série, d'une émission de télévision. En V. O. se dit de la version authentique d'un message oral ou écrit.
VOACANGA n. m., emprunt à une langue africaine, désigne un arbre de petite taille de la famille des Apocynacées, poussant en Afrique tropicale et contenant des alcaloïdes utilisés en pharmacie comme hypotensifs.
VOBULER v. tr. est l'adaptation (v. 1960) de l'anglais to wobble « osciller, vaciller », « trembler », aussi employé en électronique (v. 1958) ; ce verbe, attesté en 1657 (aussi écrit wabble), correspond à l'ancien allemand wab(b)eln (Cf. moyen haut allemand wabelen « s'agiter »), du germanique °wab̸- représenté ainsi dans l'ancien norrois vaƒi « doute, incertitude » et vaƒra « osciller, vaciller ».
❏  Employé en électronique, le verbe signifie « changer alternativement la fréquence d'une tension alternative, plus généralement d'un phénomène périodique ».
❏  Il a fourni en français VOBULATEUR n. m. (1960) d'après l'anglais wobbulator (1945), VOBULATION n. f. (1960) et le composé VOBULOSCOPE n. m. (1968), tiré de (oscillo)scope.
VOCABLE n. m., attesté au XIIIe s. (après 1250), est un emprunt semi-savant au latin vocabulum « dénomination, nom d'une chose », « mot, terme » et en grammaire « nom », alors opposé à verbum « verbe ». Ce nom est dérivé de vocare « appeler », « nommer », « invoquer », « inviter », lui-même de vox, vocis « voix* ». Vocare avait abouti en ancien français, par voie orale et par l'intermédiaire d'un latin populaire °voccare, à vochier, v. tr., « invoquer, appeler » (v. 1050), et à voer, v. tr., « appeler qqn » (XIIe s.).
❏  Vocable désigne comme en latin un élément du langage, notamment un mot considéré quant à sa signification ; il semble rare avec cette acception au XVIIIe s. et est répertorié comme « vieux » dans le Dictionnaire de Trévoux de 1721 à 1771 ; il est repris au XIXe s. Ce nom, comme paroles, s'est employé au pluriel (1501) pour « propos ». Il se spécialise à la fin du XVIIIe s., signifiant « appellation d'une église, sous un patronage (de saint) » (1788). ◆  En statistique (v. 1967), vocable désigne chaque unité lexicale différente dans un corpus, quel que soit le nombre de ses réalisations.
❏  VOCABULAIRE n. m. et adj. est emprunté (1487) au latin médiéval vocabularium « vocabulaire, ensemble de mots », dérivé du latin classique vocabulum. ◆  Le mot s'est d'abord employé au sens de « dictionnaire » (1487, Garbin, Vocabulaire latin-françois) ; ensuite (1728), il se spécialise au sens de « dictionnaire succinct qui ne donne que les mots essentiels (d'une langue) ». Au XVIIIe s., il désigne aussi (1762) l'ensemble de mots dont dispose une personne et ceux qui sont effectivement employés (par qqn, dans un texte...). ◆  Depuis le début du XIXe s., il s'applique aux mots d'une langue considérée comme objet d'étude (au XXe s. on dit plutôt lexique*) et spécialement à un ensemble de mots propres à une science, à un art (1800), ou utilisés habituellement dans un groupe (1872). Reprenant la valeur initiale, mais liée à ce sens, l'acception de « dictionnaire spécialisé dans une science, un art » s'impose dans la seconde moitié du XIXe s. (1876). Puis (déb. XXe s.), le mot désigne la façon personnelle qu'a un locuteur de s'exprimer, d'où quel vocabulaire ! « quelle manière (grossière, étrange, etc.) de s'exprimer ! ». ◆  En linguistique, vocabulaire correspond à « liste des occurrences d'un corpus », alors opposé à lexique, dans la mesure où le discours, le texte (où se trouvent les vocables d'un vocabulaire) s'oppose au système de la langue, avec son lexique. ◆  En informatique (v. 1970), le mot désigne l'ensemble des symboles à partir duquel est bâti un langage.
■  Le dérivé VOCABULISTE n. (1634), didactique et rare, signifiait « auteur de vocabulaire, de dictionnaire ». Il a été remplacé par lexicographe.
1 VOCAL, ALE, AUX adj. est emprunté (v. 1265) au latin classique vocalis « qui fait entendre un son de voix » en parlant d'animaux, « qui se sert de la voix » à propos d'êtres humains, et « sonore », appliqué à une chose ; pris substantivement au féminin le mot signifie « voyelle » et, au pluriel (vocales), « chanteurs, musiciens ». L'adjectif dérive de vox, vocis (→ voix).
❏  Vocal s'est d'abord appliqué à une syllabe qui contient une voyelle, sens disparu ; le mot a été substantivé pour « voyelle » au masculin (1493), puis au féminin vocale (1546, Rabelais), acception attestée jusqu'au XVIIe s. (1660). ◆  L'adjectif signifie ensuite (v. 1424) « relatif à la voix », puis « qui s'exprime au moyen de la voix ». On a dit oiseau vocal « qui peut être instruit à parler » (1611), expression sortie d'usage. ◆  Musique vocale (1613), opposé à musique instrumentale, et cordes vocales (1832) sont restés usuels.
❏  Le dérivé VOCALEMENT adv. (1531) est didactique.
À partir du latin vocalis ont été formés des termes de phonétique et de musique.
■  VOCALISÉ, ÉE adj. (1611, vocalizé), écrit avec un s au XIXe s., a donné naissance au verbe 1 VOCALISER, d'abord au pronominal se vocaliser (1871), puis transitif (1907). Il signifie « changer en voyelle ».
■  1 VOCALISATION n. f. désigne l'émission de sons vocaux non articulés (1831) et, en phonétique (1871), le changement d'une consonne en voyelle, d'où DÉVOCALISATION n. f. (XXe s.).
■  2 VOCALISER v. intr., de vocalis ou de 1 vocal, signifie en musique (1821) « chanter, en parcourant une échelle de sons sur une seule voyelle ou syllabe », par extension (1833) « chanter de la musique sur une ou plusieurs syllabes, sans prononcer les paroles » et, par figure, « parler en variant son expression » (1875). Il s'emploie aussi transitivement (1833).
■  En dérivent 2 VOCALISATION n. f. (1821) « fait de vocaliser (en chantant) », VOCALISE n. f. (1833) courant en musique pour désigner un exercice vocal ou un passage de virtuosité vocale et en général une mélodie développée sur une syllabe — et une voyelle — du chant ; VOCALISATEUR, TRICE n. (1836), remplacé par VOCALISTE n. (1842).
VOCALISME n. m., sorti d'usage en phonétique pour désigner (1872) une théorie relative au rôle des voyelles dans la formation des mots et aussi l'ensemble des voyelles d'un mot, s'emploie (1864) pour « système des voyelles (d'une langue) ».
■  VOCALIQUE adj. s'applique (1872) à ce qui est relatif aux voyelles, s'opposant à consonantique. ◆  INTERVOCALIQUE adj. (1895) signifie « qui est placé entre deux voyelles ».
2 VOCAL, ALE, AUX n. et adj., relevé en 1680 dans Richelet (1862, adj.), est un emprunt au latin médiéval vocalis (XIe s.) « nom donné à un religieux, une religieuse qui a le droit de suffrage, dans une communauté », emploi substantivé et spécialisé de l'adjectif du latin classique.
VOCATIF n. m., attesté isolément au XIIIe s. (dans un texte daté après 1250), repris à partir de 1552, est emprunté au latin impérial vocativus « qui sert à appeler », employé comme nom masculin en grammaire, dérivé de vocatum, supin du latin classique vocare « appeler », lui-même dérivé de vox, vocis (→ voix).
❏  Terme de grammaire, vocatif désigne comme en latin le cas employé pour s'adresser directement à qqn (ou à une entité personnalisée), dans les langues à déclinaison et, par extension, une construction qui a le même rôle dans une langue sans déclinaison.
■  Le mot s'est employé comme adjectif (fin XIVe s.) au sens de « qui donne son nom », par exemple en parlant du père.
VOCATION n. f. est un emprunt (v. 1190) au latin classique vocatio, -onis « action d'appeler », d'où « assignation (en justice) » et « invitation », spécialisé en latin ecclésiastique ; ce mot dérive de vocatum, supin de vocare « appeler » (→ avouer), dérivé de vox, vocis (→ voix).
❏  D'abord terme biblique, vocation désigne l'appel de Dieu touchant une personne, un peuple. Comme en latin, le mot s'est employé pour « appel en justice » (XIVe s.), encore chez d'Aubigné. ◆  Par extension de la valeur religieuse, le mot désigne la destination d'une personne (1465) et (1440-1475) l'inclination qu'éprouve qqn pour une profession, un état ; de là viennent les emplois, qui avaient disparu en français classique, pour « profession » (1467) et « condition sociale » (XVe s.). Par retour au latin, vocation s'est employé pour « action d'inviter qqn à faire qqch. » et « convocation (des États) » [attesté déb. XVIIe s., d'Aubigné]. ◆  En termes de religion, vocation désigne (av. 1662, Pascal) un mouvement intérieur par lequel une personne se sent appelée vers Dieu ; il est employé absolument dans avoir la vocation, employé spécialement pour « se sentir appelé à la prêtrise ». ◆  Le mot a pris le sens large de « rôle auquel un groupe, un pays, etc., paraît être appelé » (XXe s.) et s'emploie dans la locution avoir vocation à (pour) « être qualifié pour », surtout en parlant d'une entreprise, d'une administration.
VOCERO n. m. est un emprunt au mot corse vocero, de la famille du latin vox, vocis, désignant spécialement un chant funèbre, exécuté traditionnellement par une pleureuse (ci-dessous voceratrice) pour une cérémonie funèbre. On prononce le mot à la manière corse, votchéro, ou à la française, et on l'écrit aussi vocéro (d'où le pluriel francisé des vocéros, le pluriel corse étant voceri, prononcé votchéri). Le mot est attesté chez Mérimée, dans Colomba, 1840.
❏  VOCERATRICE ou VOCÉRATRICE n. f. (1840) est le nom d'une chanteuse corse qui déclame et chante un vocero.