VOLUBILE adj. est un emprunt (1509) au latin classique volubilis « qui tourne », « qui roule (d'un cours d'eau) » et, au figuré, « facile, rapide » à propos de la parole, et « inconstant », de la fortune ; le mot dérive de volvere « tourner, faire tourner » (→ volte ; évoluer).
❏  L'adjectif s'est d'abord employé au sens latin de « changeant », en parlant de la mer, puis en vénerie (1561) pour « qui remue aisément (de la queue du faucon) », tous deux disparus. ◆  Au début du XVIe s. apparaît la forme francisée voluble (v. 1510) qui signifiait « mobile », puis « qui tourne aisément » (1611) et « inconstant, variable » (1611). Cette forme rare, reprise en 1660 et vers 1820, a disparu ensuite.
■  Volubile est à nouveau relevé en 1777, appliqué sous l'influence de volubilité à la manière de parler d'une personne qui s'exprime avec facilité et rapidité ; cette acception est rare avant la fin du XIXe s., époque où apparaît l'emploi du mot pour qualifier une personne qui parle avec volubilité (1897, L. Bloy). ◆  L'adjectif est entré par ailleurs dans le vocabulaire de la botanique (1799) : il se dit d'une tige grêle qui ne peut s'élever qu'en s'enroulant autour d'un support, et de la plante elle-même. ◆  Volubile s'est employé au sens de « changeant (d'un caractère) » (1845), acception relevée jusqu'en 1877.
❏  Le dérivé VOLUBILISME n. m. (1872) est un terme de botanique.
■  VOLUBILEMENT adv. (1930), « avec volubilité », est rare.
VOLUBILITÉ n. f. est emprunté (v. 1380) au dérivé latin volubilitas « mouvement giratoire, rotation » et, au figuré, « rapidité, facilité de la parole » et « inconstance (de la fortune) ».
■  Le nom est introduit en français avec le sens concret de « facilité à se mouvoir », encore relevé en 1878. ◆  Il signifie ensuite « instabilité, inconstance » (1508), notamment à l'époque classique, puis il est sorti d'usage. ◆  Volubilité de (la) langue, « facilité et rapidité de la parole », est attesté en 1547 ; en ce sens le mot s'emploie seul à partir du XVIIe s. (1680 in Richelet) ; on disait aussi volubilité de discours (1674, Boileau). ◆  Le mot a été également utilisé au sens de « mobilité de l'esprit » (1580), encore au XVIIIe s., mais c'est le sens de « parole abondante », soutenu par la reprise de volubile, qui l'emporte en français moderne.
VOLUBILIS n. m., mot du latin botanique médiéval désignant le liseron des haies, plante dont la tige qui pousse rapidement s'enroule en hélice, a d'abord été francisé en voluble (v. 1390) et repris sous la forme latine vers 1500. C'est aussi le nom (1872) de plusieurs plantes volubiles, en particulier d'une variété d'ipomée ornementale.
VOLUCELLE n. f. est la francisation (1808) du latin des zoologistes volucella, diminutif de volucer « ailé », de la famille de volare (→ 2 voler), pour dénommer une mouche qui ressemble à un bourdon et qui, grâce à ce mimétisme, parasite les ruches.
VOLUME n. m. est un emprunt (v. 1250) au latin classique volumen « rouleau, repli », d'où des emplois spécialisés : « rouleau d'un manuscrit », par métonymie « manuscrit, volume, livre », puis « partie d'un ouvrage » et, par ailleurs, « enroulements, replis d'un serpent » et « mouvement circulaire », spécialement en parlant des astres (alors que revolutio n'a pas ce sens en latin classique) et au figuré. Volumen dérive de volvere « tourner, faire tourner » (→ volte, voûte et les emprunts aux composés latins).
❏  Volume apparaît comme terme d'Antiquité, pour désigner la réunion de feuilles manuscrites enroulées autour d'un bâtonnet ; dans l'usage didactique, on emploie aujourd'hui dans ce sens le latinisme VOLUMEN n. m. (v. 1250). Par extension (1270), volume s'emploie pour parler d'une réunion de cahiers manuscrits ou imprimés, brochés ou reliés ensemble (Cf. livre). Volume signifie par métonymie « partie d'un texte qui forme un volume » (1487). ◆  Toujours avec cette valeur, il se dit par métonymie (1664) de la quantité d'écrit nécessaire pour remplir un volume et, par extension (1672), d'écrits, de lettres d'une longueur démesurée, surtout dans écrire des volumes.
■  Par ailleurs, volume prend la valeur générale de « partie de l'espace à trois dimensions qu'occupe un corps » (1279). Les deux valeurs se développent ensuite concurremment et leur lien n'est plus senti aujourd'hui. Le mot s'emploie à l'époque classique dans des locutions figurées : en grand volume, « avec beaucoup de détails, d'ampleur » (v. 1580), signifie ensuite « en grande quantité » (1675), opposé à en petit volume « en petite quantité » (av. 1615). ◆  Parallèlement, le mot désigne abstraitement (mil. XVIIe s.) la mesure de l'espace à trois dimensions puis, par extension (1751), une quantité de matière et, par métonymie (1753), la place occupée par un corps, son encombrement. ◆  Par analogie de l'espace au son, volume désigne en musique (1761) l'intensité de la voix, sens repris au XXe s. pour parler de l'intensité sonore d'un appareil, aussi dans volume sonore. ◆  Avec une valeur concrète, il s'emploie spécialement (fin XVIIIe s.) à propos de la masse d'eau que débite un cours d'eau. ◆  La locution figurée le volume de qqn, « son importance », est attestée en 1724 ; la même idée s'exprime dans la locution faire du volume « se donner de l'importance » (1892). ◆  Le mot est employé avec une valeur plus précise en géométrie pour désigner une figure à trois dimensions, limitée par des surfaces et, comme terme d'arts, un élément à trois dimensions (1911).
■  Retrouvant sa première valeur, bibliographique, volume devient un terme d'informatique (v. 1970), nom d'une unité de mémoire auxiliaire d'un ordinateur.
❏  Volume, « partie de l'espace », a fourni le dérivé didactique VOLUMIQUE adj. (1956) et plusieurs composés techniques ou didactiques : VOLUMÉTRIQUE adj. (1868), d'où VOLUMÉTRIQUEMENT adv. (1872) ; VOLUMÈTRE n. m. (1847) et VOLUMÉTRIE n. f. (1904), mots qui concernent la mesure des volumes et spécialt, en chimie, celle de la concentration des solutions.
■  VOLÉMIE n. f. (XXe s.), du radical de volume, et -émie*, désigne en physiologie le volume total du sang de l'organisme.
VOLUCOMPTEUR n. m., de volu(me) et compteur, est un terme technique, désignant (v. 1950) le compteur d'un distributeur d'essence.
VUMÈTRE n. m. est un calque (v. 1950) de l'anglais vumeter, de VU abréviation de volume unit « unité de volume », et -mètre. Ce terme technique désigne un appareil électrique de mesure du volume sonore. Son initiale en vu- fait que le mot est souvent mal compris ; son origine n'est plus sentie.
VOLUMINEUX, EUSE adj. a été formé d'après le bas latin voluminosus « qui se roule, qui forme des plis », dérivé de volumen.
■  L'adjectif s'est dit (1676) d'un ouvrage formé de plusieurs volumes. Il s'applique couramment (1762) à ce qui occupe une grande place. Il qualifie également (av. 1821) un livre, un écrit, ensemble composé de nombreux manuscrits ou pièces. ◆  Le mot a vieilli (1811) pour « abondant » en parlant d'un repas. ◆  Depuis la fin du XIXe s., il s'emploie pour « très gros, très épais », en parlant d'un livre, mais s'applique plus tôt (1866) à une personne avec cette valeur.
VOLÉMIE n. f., contraction de volume et -émie, désigne (années 1960) le volume total du sang d'un organisme.
VOLORÉCEPTEUR n. m., de volume et récepteur (années 1960), désigne un récepteur sensible aux variations de volume dans la circulation sanguine.
VOLUPTÉ n. f. a été emprunté à la fin du XIVe s. (Christine de Pisan) au latin classique voluptas « joie, satisfaction, plaisir », avec une valeur abstraite et concrète, en particulier avec une acception érotique ; au pluriel (voluptates), le mot s'emploie pour « fêtes, spectacles, jeux ». Opposé à dolor et correspondant au grec hêdonê « plaisir » (→ hédonisme), voluptas dérive de l'adverbe latin volup « agréablement, d'une manière conforme aux désirs », neutre d'un adjectif supposé °volupis qui n'est attesté, chez les auteurs comiques, que dans volup(e) est « il m'est agréable ». °Volupis appartient probablement à la famille de velle « vouloir* ».
❏  Au XVIe s. (1554), le mot se répand dans un contexte critique de nature religieuse, pour désigner le vif plaisir des sens et, spécialement, le plaisir sexuel ; il est souvent usité au pluriel (1690). Il s'emploie depuis le XVIe s. pour parler d'un plaisir moral très vif (1580). Depuis 1580 aussi, il désigne la recherche des plaisirs des sens, en particulier des plaisirs sexuels, acception disparue, et (1831), le caractère sensuel, érotique d'un affect.
❏  Deux mots ont été empruntés à des dérivés de voluptas.
■  VOLUPTUAIRE adj. est emprunté (1357 ; 1356 voluptaire) au bas latin voluptuarius « voluptueux » ; cet adjectif s'applique, en droit, aux dépenses consacrées aux choses de luxe ou de fantaisie, acception rare avant le XVIIIe s. (1765). ◆  Sous l'influence de volupté, il s'est dit (1510) de ce qui concerne les plaisirs des sens, emploi archaïque.
VOLUPTUEUX, EUSE adj. est un emprunt (v. 1370) au latin classique voluptuosus, « agréable, qui charme, qui plaît ». Le mot se dit d'abord de ce qui permet d'éprouver le plaisir des sens et, spécialement (fin XIVe s.), de ce qui procure ou inspire le plaisir sexuel. ◆  Il qualifie ensuite une personne qui aime et recherche les plaisirs raffinés (1572), substantivé dans ce sens au XVIIe s. (1669) et, spécialement, une personne portée aux plaisirs de l'amour (1572 ; aussi comme nom déb. XVIIIe s.). Par extension, il se dit de ce qui évoque ou inspire un plaisir intense (v. 1770), de ce qui exprime les plaisirs amoureux (1876).
■  VOLUPTUEUSEMENT adv. (déb. XIVe s.) s'emploie en particulier à propos des plaisirs amoureux (1588).
VOLUTE n. f. est emprunté (1545) à l'italien voluta « volute », lui-même pris au latin médiéval voluta, terme d'architecture, substantivation du participe passé au féminin du latin classique volvere « rouler, faire rouler » (→ volte, voûte).
❏  Le mot désigne un ornement d'architecture sculpté en spirale (1545), cette forme étant dite en volute (même date). Par extension, il se dit d'un enroulement servant d'ornement (1694, en parlant du buis dans un parterre). ◆  Par analogie, volute désigne en zoologie (1752) un gastéropode à coquille ovoïde terminée en hélice et, par extension (1761), toute forme enroulée en spirale ou en hélice. ◆  Il est repris avec sa première valeur (1872) pour nommer la partie ronde du bas d'un limon d'escalier, sur laquelle repose le pilastre de la rampe.
❏  Le dérivé VOLUTER v. apparaît au sens (1731) de « dévider (le fil de soie) d'une fusée », sorti d'usage. Ce verbe est littéraire au sens (1766, intr.) de « former une volute » et rare pour « enrouler en volutes (qqch.) » (1876).
❏ voir INVOLUTION.
VOLVE n. f. est emprunté (1798-1799) au latin classique volva, vulva « vulve » et, en cuisine, « ventre de truie ; fressure de porc » et, par ailleurs, « enveloppe (des champignons) ». Le mot a été rapproché du sanskrit gárbhaḥ « matrice » et « fœtus » et du grec delphus « matrice », mais ce lien ne peut être établi que si la variante volba est très ancienne, ce qui n'est pas prouvé.
❏  Ce terme de botanique désigne la membrane épaisse qui enveloppe le pied et le chapeau de certains champignons jeunes. On a dit aussi volva (1783).
❏  Volve a pour dérivé VOLVÉ, ÉE adj. (1803) « muni d'une volve ».
VOLVAIRE n. f. est un emprunt adapté au latin scientifique volvaria, dérivé de volva. Le mot a désigné un genre de mollusque (1803). ◆  C'est en botanique (déb. XXe s.) le nom d'un champignon qui possède une volve, un basidiomycète comestible à lamelles, à grande volve, dépourvu d'anneau (il correspond au champignon du palmier à huile d'Afrique).
❏ voir VULVE.
VOMER n. m. est emprunté (1690) au latin scientifique vomer, désignant un os qui forme la partie supérieure de la cloison des fosses nasales ; ce mot représente un emploi spécialisé, par analogie de forme, du latin classique vomer « soc de la charrue », qui avait été repris avec ce sens en ancien français (XIIIe s., hapax) sous la forme vomier. Vomer est un terme technique sans correspondant exact dans les langues apparentées mais on en rapproche plusieurs mots germaniques, et des mots grecs, de sens voisin.
❏  Vomer, en anatomie, conserve le sens du latin médical.
L VOMIR v. tr. est issu (v. 1174) du latin populaire °vomire, altération du latin classique vomere « vomir, cracher, rejeter », au propre et au figuré. Ce verbe est apparenté au grec emein (→ émétique) de même sens, au sanskrit vámiti « il vomit », au lituanien vémti. Le -o- s'est maintenu anormalement en français sous l'influence du latin écrit, le verbe étant surtout utilisé par les médecins.
❏  Vomir s'emploie comme en latin au sens de « rejeter par la bouche (des matières contenues dans l'estomac) », en emploi absolu depuis 1530. ◆  Il signifie aussi, comme le latin vomere (v. 1280, repris à la fin du XVIe s.), « proférer avec violence (des paroles ignobles) » et, au début du XVIe s., « laisser sortir, projeter au-dehors » (1508), ce sens concret étant devenu littéraire et archaïque (vomir des flammes, etc.). ◆  Par figure, il prend le sens de « rejeter avec violence et répugnance (qqn) », d'abord dans l'usage religieux (1553), puis généralement (XIXe s.). ◆  Par extension de l'idée de « laisser sortir », vomir s'emploie (1674) en parlant d'un lieu qui semble rejeter ses occupants, lorsqu'ils sortent en masse. ◆  Au sens propre, le verbe suscite des locutions à valeur physiologique, comme vomir tripes et boyaux « tout le contenu de l'estomac » (1623) ou métaphorique, avec l'idée de rejet, dans faire vomir « exciter le dégoût » (1690), d'où être à faire vomir (1779), ou de violence, dans vomir feu et flamme contre qqn « s'emporter contre lui » (1707). ◆  C'est l'idée de rejet et de dégoût qui l'emporte aujourd'hui, le verbe ayant divers synonymes familiers, comme dégueuler (→ gueule), plus récemment gerber. ◆  Par extension du sens propre, le verbe s'emploie (1573) au sens de « rejeter (du sang, de la bile...) par la bouche ».
❏  Le dérivé VOMISSEMENT n. m. est attesté (v. 1200) au sens de « matières vomies » et désigne l'action de vomir (v. 1280). Retourner à son vomissement a signifié en religion « retourner à son ancien péché » (1455), par allusion au chien évoqué par l'Évangile, qui revient manger ce qu'il a vomi. ◆  Suivant l'évolution du verbe, le mot s'emploie en parlant d'une chose (v. 1560). Il désigne aussi (1694) l'expulsion par la bouche de matières organiques.
■  VOMISSURE n. f. signifie d'abord (XIIIe s., vomisseüre) « matière vomie ». Le mot s'est employé figurément (1553) au sens de « rebut de la société » dans le vocabulaire religieux et se dit aujourd'hui par métaphore (av. 1881) pour « production répugnante ».
■  VOMI n. m., substantivation du participe passé (1894, vomis), équivaut à « vomissure ». ◆  En ancien français, vomite (XIIIe s.), vomit (XVe s.), signifiant également « action de vomir », était emprunté à vomitus, « action de vomir », « ce qui est vomi », de vomitum, supin de vomere.
Plusieurs mots ont été empruntés à des dérivés de vomere ou de son supin vomitum.
■  1 VOMIQUE adj., d'abord vomice, s'emploie dans noiz vomice (XIIIe s.), puis noix vomique (XVe s.), emprunt au latin médiéval vomica nux (v. 1160), et désigne comme lui le fruit du vomiquier, qui a des propriétés vomitives et contient de la strychnine. Le mot est formé du latin classique vomica, féminin de vomicus « qui fait vomir » (dérivé de vomere) et de nux « noix* ».
■  De vomique dérive VOMIQUIER n. m. (1808), arbrisseau de l'Inde dont l'écorce et le fruit contiennent des alcaloïdes toxiques.
■  2 VOMIQUE n. f. est un emprunt (1375) au latin classique vomica, « abcès, dépôt d'humeur », féminin substantivé de l'adjectif vomicus. Un adjectif vomique a signifié en médecine « purulent » (v. 1500) ; il a disparu. ◆  Le nom désigne une expectoration subite de sérosité, de sang provenant d'une collection purulente du poumon.
VOMITIF, IVE adj. et n. m., dérivé savant de vomitus, s'applique en médecine à ce qui provoque le vomissement (fin XIVe s., adj.). Il est aussi substantivé (v. 1560) pour « substance vomitive ». ◆  Au figuré, il signifie « répugnant, ignoble » (1886) et comme nom « chose ignoble » (1853).
1 VOMITOIRE n. m. est emprunté à l'adjectif latin vomitorius « qui provoque le vomissement », dérivé de vomitum ; d'abord adjectif (1549) dans noix vomitoire (1555) « noix vomique », le mot a été employé (1564, n. m.) pour vomitif.
2 VOMITOIRE n. m. est emprunté (1636) au latin vomitorium « large issue donnant passage aux spectateurs dans un amphithéâtre », employé le plus souvent au pluriel vomitoria, neutre substantivé de vomitorius. Le mot est un terme didactique employé à propos de l'Antiquité romaine, aujourd'hui remplacé par la forme latine réempruntée VOMITORIUM n. m. ◆  Par analogie, vomitoire a désigné (av. 1841) une voie large par laquelle peuvent passer un grand nombre de personnes, puis (av. 1872) un passage ménagé pour faciliter la circulation dans un théâtre ; ces emplois très didactiques ont disparu, du fait des connotations déplaisantes de vomir.
Le composé REVOMIR v. tr. signifie d'abord (1213), en parlant de la mer, « rejeter (ce qui avait été englouti) ». Il s'emploie aussi pour « vomir de nouveau » (1538), puis « rejeter par un vomissement » (1662). ◆  Le sens figuré de « restituer par force » (1585) est propre au français préclassique.
VOMITO NEGRO n. m., emprunt (1804) à l'espagnol où il signifie « vomissement noir », a désigné en médecine la fièvre jaune. L'espagnol vómito negro est composé de vómito « vomissement », du latin classique vomitus, et de negro « noir », du latin classique niger (→ noir).
VORACE adj., d'abord attesté sous la forme altérée vorage (v. 1430), puis vorace (1603), est emprunté au latin classique vorax, voracis, « qui est toujours disposé à dévorer », « qui engloutit », aussi au figuré en parlant du feu. Ce nom est dérivé de vorare « manger avidement », au propre et au figuré, verbe dont un dérivé a donné par emprunt dévorer*. Il se rattache à une racine indoeuropéenne °gwer-, °gwrē- « avaler », dont proviennent également le latin gurges (→ gorge) et gula (→ gueule).
❏  L'adjectif a d'abord le sens général de « qui dévore » (v. 1430). Il s'applique à un animal qui mange avec avidité (1603), puis à une personne (1690) et à ce qui dénote la gloutonnerie (1694, appétit vorace). ◆  Il est substantivé depuis le XIXe s. (1845, n. m.). ◆  Par analogie, il s'emploie en agriculture (1767), qualifiant des plantes qui épuisent le sol. ◆  Vorace prend à partir du XVIIIe s. des valeurs figurées, s'appliquant à ce qui détruit avec une sorte d'avidité (1780, océan vorace) et à un acte, un sentiment qui témoigne d'une grande avidité (1782), puis à une personne qui exploite ceux qui dépendent d'elle (1834).
Le dérivé VORACEMENT adv. (1836) est d'usage soutenu.
VORACITÉ n. f. est emprunté au dérivé latin voracitas « voracité, avidité » et, au figuré, « nature dévorante », par exemple du feu.
■  Il s'emploie au propre (fin XIVe s.), aujourd'hui dans un usage littéraire, et au figuré, désignant l'avidité à satisfaire un besoin (v. 1765) et spécialement l'âpreté au gain (1775).
-VORE est un élément final de composés didactiques, tiré du latin -vorus, de vorare « manger, avaler ». Il sert à former des adjectifs qualifiant des animaux selon leur alimentation, des mots techniques comme fumivore, et aussi des mots figurés plaisants, tel budgétivore.
❏ voir CARNIVORE, OMNIVORE ; HERBE (art. HERBIVORE).
VORTEX n. m., d'abord sous la forme francisée vortice « tourbillon d'eau » (1630) et repris sous la forme latine vortex en 1845, est emprunté au latin vortex (ou vertex), « tourbillon d'eau », puis « de vent, de feu » et « sommet (de la tête, d'une montagne) », au figuré « le plus haut degré ». Certains grammairiens latins ont sans fondement voulu distinguer vortex « tourbillon » et vertex « sommet » ; le mot, sous ses deux formes, est un dérivé de vertere « tourner » (→ vers, vertex).
❏  En sciences naturelles, vortex désigne une disposition en cercles concentriques ou en hélice de certaines coquilles ou d'organes. ◆  Le mot s'emploie aussi pour « tourbillon (dans un fluide) » (1856), et en météorologie. Il est littéraire comme synonyme de tourbillon, au sens concret et au sens abstrait.
❏  VORTICITÉ n. f. (mil. XXe s.) est un dérivé savant peu usité de vortex.
■  VORTICELLE n. f. est la francisation du latin zoologique vorticella, dimin. de vortex, pour dénommer un infusoire possédant de puissants cils vibratiles insérés en hélice autour du péristome.
VORTICISME n. m. (1933) et VORTICISTE adj. et n. (1934) ont été empruntés aux mots anglais correspondants. Ceux-ci ont été formés au début du siècle à partir du latin vortex par un groupe d'écrivains et de plasticiens réunis autour de Wyndham Lewis. Ce mouvement artistique entendait se consacrer à la suggestion systématique du mouvement : le poète Ezra Pound est à l'origine du choix de son appellation qui évoque un dynamisme tourbillonnaire.
VOS → VÔTRE
1 VOTE n. m. est emprunté (1702) à l'anglais vote, terme de politique à partir du XVe s., lui-même du latin classique votum, qui a donné en français vœu*. Le moyen français avait emprunté vote au latin avec le sens de « vœu, prière » (1564) ; malgré l'emprunt, vote peut être considéré comme le doublet savant de vœu.
❏  Le mot désigne d'abord une décision prise par la Chambre des communes anglaise. Vote ne se répand à propos de la France qu'après voter, à partir de la Révolution, où il est en concurrence avec votation*. Il est alors lié au verbe voter, employé au sens politique depuis le milieu du XVIIIe s. (ci-dessous). Depuis 1789, le mot désigne une opinion exprimée par un corps politique, une assemblée délibérante. Il désigne également le bulletin qui permet d'exprimer cette opinion (1798) et l'opération elle-même (1800), aussi appelée consultation électorale, élections, la manière d'exprimer le choix dans une assemblée (1870), d'où par extension le système électoral (1872), acception vieillie. Un vote correspond aussi à « suffrage » (→ voix).
❏  VOTER v. est relevé dans Richelet (1680) au sens de « donner sa voix au chapitre », dans les couvents ; le verbe est alors emprunté au latin ecclésiastique votare « donner sa voix » (dérivé de votum) et correspond plus ou moins au moyen français vote.
■  En politique, voter apparaît dès 1704 pour « exprimer son opinion par un vote », dans un contexte anglais comme vote, nom masculin. Il est cette fois emprunté à l'anglais to vote (1552), dérivé du nom vote ; voter s'emploie dans le contexte français avant vote, à partir du milieu du XVIIIe siècle. En construction transitive (1756, Voltaire), il signifie « contribuer, à adopter par son vote, décider par un vote majoritaire » ; l'emploi politique se diffuse ensuite. À partir de 1789, il est soutenu par l'emploi normal de vote. Après la Révolution, l'emploi absolu et les constructions voter pour, contre... se répandent, le transitif restant usuel (voter la confiance, etc.). Par extension, il prend ensuite le sens (1835) de « donner son opinion à qqn », en parlant d'un groupe.
■  VOTANT, ANTE adj. et n. (1727) qualifie et désigne une personne qui exprime son opinion par un vote. Il s'est employé spécialement en histoire (1862) pour désigner un membre de la Convention qui avait participé au vote au moment du procès de Louis XVI.
■  Le dérivé VOTATION n. f. s'est employé pour vote, en parlant d'une communauté religieuse (1752) et dans l'usage général (1765). ◆  Éliminé par vote et par élection en français de France, il s'est conservé en Suisse où il est attesté en 1840 (Amiel). ◆  Il a eu aussi le sens (1789) de « système électoral », sorti d'usage.
■  VOTEUR, EUSE adj. (1784) est rare en français d'Europe, remplacé par électeur, en politique, et par votant, mais s'emploie au Québec pour « personne qui participe à un vote, électeur ».
2 VOTE n. f. est un emprunt (attesté en 1902) à l'occitan (gascon vota, 1567 ; languedocien bota, de la famille du latin votum [→ vœu, votif]). Le mot, d'usage régional allant du nord au sud de la Creuse à la Haute-Garonne, désigne la fête annuelle d'un village (Cf. vogue).
VOTIF → VŒU
L VOTRE, plur. VOS adj. poss., d'abord voste (v. 900), au pluriel vos (1080), est issu du latin populaire °voster, réfection du latin classique vester, vestrum, vestra, d'après noster (→ notre), également pris substantivement ; vestrum signifiait « votre manière d'être », « votre bien » et vestra « vos œuvres ». La forme populaire °voster dérive de vos (→ vous).
❏  L'adjectif exprime un rapport d'action (v. 900), puis marque des rapports de parenté, des rapports de vie sociale (v. 980), des rapports d'appartenance (1080). On relève au XIIIe s. la graphie latinisée vestre (v. 1210). ◆  Représentant une seule personne (v. 1050 ; Cf. vous), il s'emploie spécialement dans des appellations respectueuses (déb. XVe s.) et dans des rapports d'appropriation large, pour marquer par exemple l'ironie, le mépris (1642) ou, à l'inverse, la sympathie (1674).
❏  VÔTRE, VÔTRES adj., pron. poss. et n., d'abord écrit vostre (1080), vôtre depuis le XVIIe s., est d'emploi littéraire en fonction d'épithète et surtout comme attribut (il, elle est vôtre), par exemple pour marquer l'affection (déb. XIIe s.). ◆  Le nom (v. 1140) au sens de « ce qui vous appartient » était courant à l'époque classique ; cet emploi a disparu. ◆  Les vôtres, n. m. pl. (1080), s'emploie pour « vos parents, vos amis » (1690, « vos invités »). ◆  Le pronom, (le (la) vôtre, les vôtres) attesté au XVe s. désigne ce qui est en rapport avec un groupe de personnes auquel on n'appartient pas, ou avec une personne (pluriel de politesse). ◆  La vôtre se disait dans la langue classique pour « votre lettre » (attesté 1596) ; cet emploi a disparu, alors que à la vôtre, « à votre santé » (1756), est toujours usuel. ◆  Le nom en emploi partitif (du vôtre) signifie dans des expressions avec mettre, comme du sien, du tien, etc., « ce qui vient de vous » (1835, vous y mettrez chacun du vôtre) et « ce qui vous appartient » (1835, vous en serez du vôtre, sorti d'usage). Faire des vôtres (1548) décline faire des siennes à la seconde personne du pluriel. ◆  Vôtre, formule conclusive de lettre, avant la signature, est attesté depuis le XVIIe s. : le tout vostre Gassendi, 1632 ; vostre Gassend[i], 1633.
L'argot VOZIGUES pron. pers. (1847), de vos et zigue, correspond pour le sens à vous. Il est archaïque, à la différence de cézigue (→ son).
VOUER → VŒU
VOUERIE → VOYER (VOIRIE)
L VOUGE n. m. est la réfection graphique (XIVe s.) de vooge (v. 1170), voouge (fin XIIe s.), issus du bas latin °vidubium, mot d'origine gauloise composé de °vidu- « bois » et d'une base °bi- « action de frapper », que l'on retrouve dans le breton gwif « fourche ».
❏  Le mot désigne une serpe à manche servant à la taille des arbres. Il s'applique (v. 1370) à une arme de guerre constituée par une lame à un tranchant montée sur un long manche. Vouge est attesté jusqu'au XVIe s. et est aujourd'hui un terme d'archéologie. ◆  Vouge est aussi le nom (1538) d'un pieu utilisé en vénerie.
❏  VOUGIER n. m. (XVe s.) désignait le soldat armé d'une vouge.
VOUIVRE → VIPÈRE
L 1 VOULOIR v. tr., réfection (v. 1180) de voleir (v. 880), est issu du latin populaire °volere, formé sous l'influence du latin populaire °potere sur le radical de formes du latin classique velle, comme volo « je veux », volebam « je voulais », etc. Velle, qui se construit notamment avec un infinitif, avec le subjonctif, signifie « désirer », « souhaiter », d'où « consentir à ». Dans la langue parlée, il se construisait avec un complément de personne au sens de « vouloir de qqn, de qqch., accepter » ; le verbe a aussi les sens de « décider, ordonner », « avoir telle opinion », ou encore « prétendre, soutenir » ; dans des périphrases verbales, il joue le rôle d'auxiliaire. Velle se rattache à une racine indoeuropéenne °wel- « vouloir », représentée en ce sens dans plusieurs langues qui vont du slave à l'italique.
❏  Vouloir reprend d'abord la valeur générale d'« avoir l'intention de », accompagné d'un infinitif, d'une complétive (vouloir que...) ou d'un pronom neutre (je le veux). Il signifie ensuite « souhaiter vivement », avec un complément abstrait ou concret, d'abord dans la locution voleir mal a qqn « avoir de la haine pour qqn » (fin Xe s.), encore en usage au XVIIIe s.e siècle. Vouloir qqch. se dit depuis le XIe s. [1080]. Plusieurs acceptions se développent au XIIe et au XIIIe s. ; suivi d'un infinitif, vouloir équivaut à « être sur le point de » (XIIe s.) ainsi qu'à l'impersonnel (1433 ; il veut pleuvoir) : ces emplois sont aujourd'hui archaïques ou stylistiques (il ne veut pas pleuvoir). ◆  Vouloir mieux, « préférer », et vouloir suivi d'un infinitif, « avoir l'habitude de », tous deux attestés vers 1190, ont disparu ; en revanche, vouloir bien est resté vivant, mais avec des valeurs très différentes (voir ci-dessous). ◆  Le verbe signifie aussi comme en latin « consentir à (la volonté d'un autre) » (v. 1120), d'où spécialement (v. 1180) vouloir bien « admettre, permettre » et l'emploi au conditionnel (je voudrais) pour exprimer un souhait (v. 1273). ◆  Il se dit également (v. 1273) pour « avoir une préférence pour (qqch.) ». ◆  Au subjonctif optatif, la formule Dieu veuille... (fin XIIIe s.) introduit un souhait dont on n'ose espérer que le Ciel le réalise. Voelle... voelle, « soit... soit » (1283) est sorti d'usage. ◆  Vouloir qqch. à qqn signifie « souhaiter vivement qu'il l'obtienne » (v. 1360) notamment dans vouloir du bien, du mal à qqn.
Vouloir et dire se combinent dans plusieurs locutions. Par atténuation, que voulez-vous que je vous dise ? (1456, ...que je vous die) est une formule pour traduire l'embarras. Depuis la fin du XVe s., vouloir dire s'emploie pour « chercher à exprimer », qui exige aujourd'hui un contexte explicite, car l'expression a pris la valeur attenuée de « signifier » (1538) restée usuelle et formant un véritable verbe complexe (qu'est-ce que ça veut dire ?). Au XVIIIe s., sont enregistrés que veut dire cela ? qui marque l'étonnement (1718), qu'est-ce que cela (ça) veut dire ? l'improbation (1798).
Vouloir, par analogie, en parlant de la raison, de la loi, etc., abstractions auxquelles on prête une sorte de volonté, signifie aussi « ordonner, demander ». ◆  Avec la valeur de « prétendre obtenir », le verbe prend aussi au XVIe s. le sens de « vouloir posséder charnellement », « désirer » (1549, vouloir une femme). Cette valeur forte, pour vouloir, est encore présente, mais stylistique (je te veux !), et n'est plus possible pour vouloir bien (voir ci-dessous).
En vouloir à qqn a signifié « s'attaquer à lui » (1549), sens disparu, puis « avoir des prétentions sur (qqn) » (1611) et « désirer rencontrer (qqn) » (1684), également sortis d'usage. En vouloir, depuis la fin du XVIe s., s'emploie couramment pour « avoir de l'hostilité (envers qqn) » (v. 1590), d'où en vouloir aux jours (1647), à la vie de qqn (1735) « s'y attaquer », et en vouloir à qqn de qqch. « lui en garder rancune » (1834), ainsi que s'en vouloir réfléchi, dans s'en vouloir de qqch. (1799). De là (XXe s.) la locution familière je m'en voudrais ! « je ne le ferai pas, je ne l'accepterai pas » (Cf. ça me ferait mal). En vouloir à qqch., « considérer cette chose comme mauvaise » (1549), vieilli, a signifié aussi « manifester un intérêt violent pour cette chose » (1660).
En emploi absolu, relevé en 1553, vouloir équivaut à « faire preuve de volonté ».
Pour marquer une concession, une hypothèse, on a dit vouloir (1629), puis vouloir bien (1690), d'où à l'époque classique je le veux « je l'admets » (1690) ; seul vouloir bien, qui lève l'ambiguïté par rapport à d'autres emplois, est resté dans l'usage ; c'est devenu un verbe complexe signifiant « accepter ». Cet emploi a rendu caduc le sens fort de vouloir bien « désirer, aimer », parallèle à l'expression signifiant « aimer », en italien (ti voglio bene), et réalisée, de manière moins érotisée, dans se faire bien vouloir de qqn « attirer sa sympathie » (1835), disparue comme son contraire se faire mal vouloir. Le sémantisme initial est celui du désir. ◆  Par analogie, avec un sujet nom de chose, vouloir signifie « avoir besoin de, être de nature à demander (qqch.) » (1640).
Avec un sujet nom de personne, vouloir qqch. de qqn, « être déterminé à l'obtenir », et vouloir qqch. à qqn, « avoir qqch. à lui demander », apparaissent aussi au XVIIe s. (1642) ; par extension, l'expression s'emploie avec un sujet nom de chose. ◆  Plusieurs locutions liées à l'idée de « volonté » ou de « souhait » sont attestées au XVIIe s. : vous l'avez voulu (1658), si vous voulez (1667) et si on veut (1672), formules de concession.
■  Le verbe développe dans des locutions attestées plus tard (mais qui peuvent s'être employées auparavant) ses diverses valeurs. On relève chez Furetière (1690) ne pas vouloir (et infinitif) à propos d'une chose qui résiste à ce qu'on veut en faire (encore aujourd'hui : ça ne veut pas marcher). ◆  Sans le vouloir (1755) s'emploie ensuite à d'autres temps (sans l'avoir voulu), concurremment à sans que (on l'ait voulu), etc. pour « involontairement ». ◆  Par ailleurs, se vouloir, réciproque, est pris au sens de « se souhaiter mutuellement » (1713). ◆  À partir du début du XIXe s., vouloir, suivi d'un infinitif, marque que l'on souhaite qqch., souvent sans avoir les capacités pour l'obtenir (vouloir réussir, gagner...).
Le sens ancien de « désirer » (attesté dès le XVIe s.) s'applique, avec une valeur sexuelle plus explicite, aux animaux, surtout aux femelles, dans vouloir l'étalon (1845). Dans ce sens, en vouloir se dit d'une jument en chaleur (1845) puis familièrement d'un être humain (1920), aussi avec l'idée plus générale de désir intense (il, elle en veut) et de volonté tendue vers un but (XXe s., en parlant de l'ardeur au travail, du désir de réussite).
Un autre emploi argotique recourt à plusieurs valeurs générales du verbe, notamment l'approbation (je veux bien) dans l'exclamation je veux !, qui correspond à « bien sûr, et comment ! » (1942 dans un roman de Queneau).
Depuis le début du XXe s., le verbe, dans vouloir bien ou simplement vouloir, exprime un fonctionnement occasionnel, hasardeux, comme s'il dépendait d'une volonté extérieure et capricieuse (ça marche quand ça veut, la voiture partira quand elle voudra bien). ◆  À propos de personnes, quand, comme vous voulez exprime la liberté d'action, par rapport à un acte souhaité (et qui ne se produit pas) : c'est quand tu voudras, « j'attends ». Au début des années 2000, (c'est) comme (quand) vous voulez a été abrégé plaisamment en (c'est) comme vous l'voul', (c'est) quand voul' voul' (emploi familier oral).
Vouloir s'emploie aussi avec un sujet de chose pour « nécessiter, impliquer », par exemple dans un verbe qui veut le subjonctif (1872), ou dans des recettes de cuisine, etc. pour « exiger, requérir », c'est-à-dire « bien s'accommoder de » ; cet emploi est technique ou ironique. ◆  En emploi didactique, se vouloir, suivi d'un attribut, signifie (mil. XXe s.) « faire effort pour être... » et, en parlant de choses humaines (actions, comportements, œuvres), « se faire passer pour », avec une valeur proche de soi-disant. Se vouloir, qui avait eu une valeur plus forte dans l'usage classique (fin XVIe et XVIIe s.) avec l'expression se vouloir mal « se faire des reproches », s'emploie en philosophie pour « vouloir, assumer son existence ». ◆  En emploi impersonnel, suivi d'un infinitif, il veut (pleuvoir, neiger...) se dit en français de Suisse.
❏  2 VOULOIR n. m., infinitif substantivé (v. 1130), désigne la faculté de vouloir, emploi aujourd'hui littéraire ou marqué (Cf. volonté), « employé par les poètes » au XVIIe s., selon Vaugelas (1647). ◆  Bon vouloir, « bonnes intentions » (1432), signifie aujourd'hui « bonne volonté » (1670), opposé à mauvais vouloir (1538, « mauvaises intentions »), aussi malin vouloir (1668), qui correspond aujourd'hui à « mauvaise volonté » (1872). ◆  Un vouloir, « acte de volonté » (1683), est rare.
VOULU, UE adj., du participe passé de vouloir, est relevé vers 1265 (volu) dans être mal voulu de qqn « être mal vu », sorti d'usage comme être bien voulu de qqn (1440-1475). ◆  L'adjectif s'applique aujourd'hui à ce qui est requis par les circonstances (1830) et à ce qui a été recherché avec intention (1835).
Le composé REVOULOIR v. tr., réfection (v. 1175) de revoleir (1050), « vouloir de nouveau », est assez rare, sauf au présent, familièrement (j'en reveux !).
❏ voir BIENVEILLANT, MALVEILLANT, VELLÉITÉ, VOLONTAIRE, VOLONTÉ.