VOUNE n. m. est un emprunt contracté au malgache voudrona, attesté chez Du Petit Thouars (1811), qui s'emploie en français de l'océan Indien pour désigner une plante (Typhacées) croissant près de l'eau, et sa tige portant des fleurs en épi, utilisée dans l'océan Indien, notamment à Maurice, pour orner les maisons.
L VOUS pron. pers. est issu (v. 900, vos) du latin classique vos « vous » en position accentuée. Ce pronom a des correspondants dans diverses langues indoeuropéennes, en sanskrit (vaḥ), en avestique (vå), en vieux slave (vy), en vieux prussien (wans), etc.
❏  Pronom personnel de la 2e personne du pluriel, vous peut représenter un groupe de personnes dont le locuteur est exclu (v. 900), en contraste avec nous, ou une seule personne (v. 1050), remplaçant tu, toi dans certaines situations : l'éloignement du locuteur, marquant en général le respect, s'exprime soit par le pluriel (à la 2e personne), soit par la 3e personne (votre Grâce, votre Éminence, Monsieur, Madame,... en espagnol usted, etc.). ◆  Représentant un pluriel réel, le pronom vous désigne spécialement (av. 1559) des personnes qui appartiennent au même groupe ou les contemporains de ceux à qui l'on s'adresse. ◆  Vous autres (1647) marque une distinction, plus fréquent aujourd'hui dans certains usages régionaux qu'en français central (→ autre). Son emploi pour vous se traduit par une graphie phonétique, vouzôt, parallèle à nouzôt dans certains usages du français parlé. ◆  Vous-même est attesté en 1663, spécialement dans vous n'êtes plus vous-même (1667). ◆  La valeur indéfinie de vous remplaçant on est attestée depuis l'ancien français (av. 1162). ◆  Le pronom s'emploie nominalement depuis la fin du XVIIIe s. (1794), en particulier dans des locutions comme de vous à moi (1830). ◆  Dire vous s'emploie pour « vouvoyer » (1876). ◆  D'abord au XIXe s., dans des traductions, par calque d'autres langues, la formule à vous, après bonjour, bonsoir (attestations isolées en 1830, 1844), entraînant merci à vous, sont devenues courantes au début du XXIe s., comme redondances polies.
❏  Vousens est la première forme argotique suffixée repérée pour vous, au XVe s. ; on trouve ensuite, disparus, vousaille (1628, encore au XIXe s.), vouzingand (1725). Ces formes ont disparu ; Cf. aussi vozigue (→ vôtre).
VOUVOYER v. tr., « s'adresser à qqn en employant la 2e personne du pluriel » (1834), a été précédé par un emploi substantif (le vouvoyer, 1796). Ce verbe a été en concurrence avec vousoyer (1842) ou voussoyer (1845), formes qui ne subsistent que régionalement et qui reprenaient le moyen français vosoier (XIVe s.), vousoier (XVe s., hapax), voutoyer (1494) ; tous ces verbes, comme tutoyer, sont formés du pronom répété avec un suffixe verbal.
■  Le dérivé VOUVOIEMENT n. m. (1894) a éliminé vousoiement (1797), voussoiement (1907), de vousoyer.
❏ voir GARDE (garde-à-vous) ; VOTRE.
L VOÛTE n. f., d'abord voute, réfection (1273) de volte (v. 1130), est issu du latin populaire °volvita « enroulement », substantivation du féminin de °volvitus. Cet adjectif est la réfection du latin classique volutus, participe passé de volvere « rouler, faire rouler » (→ volte). Volvere a en latin de nombreux composés (→ dévolu, involution, révolution, etc.), et appartient à la même famille indoeuropéenne que le grec eluein (→ élytre, hélice).
❏  Le mot a d'abord désigné (v. 1130) un ouvrage de maçonnerie courbe, cintrée, fait de pierres spécialement taillées et servant en général à couvrir un espace. Cette acception est restée usuelle. Voûte a eu parallèlement le sens de « salle voûtée » (v. 1131), en usage jusqu'au XVIe s. Ce sens, passé en anglais (vault) spécialt pour « chambre forte, salle des coffres (d'une banque) », est repassé en français, au Québec, par calque de l'anglais. ◆  C'est au XVIIe s. qu'apparaît la graphie moderne voûte, avec accent circonflexe, et que le mot acquiert des valeurs analogiques. Il a eu le sens de « bosse » (1656, voulte), puis a désigné en poésie le ciel, qui semble affecter la forme d'une voûte (1678), d'où (déb. XVIIIe s.) la voûte des cieux. ◆  Il se dit en technique d'objets cintrés : partie antérieure du fer à cheval (1678), partie supérieure arrondie d'un four (1690), et, en marine, partie arrière de la coque d'un navire (1690, voûte d'arcasse ou voûte). ◆  Il s'emploie au sens premier, architectural, dans des syntagmes qui permettent de préciser la forme de la voûte : voûte en berceau, en plein cintre (XVIIe s. ; in Furetière 1690 ; Cf. vote chintree [voûte cintrée], 1349),voûte gothique (1690), désignant ce qu'on appellera plus tard voûte en ogive (1876), voûte romane (en plein cintre ou en berceau brisé), etc. ◆  Clé* de voûte s'emploie aussi au figuré.
■  Par extension, voûte se dit (1695) de la partie supérieure voûtée d'une cavité naturelle et, par analogie, il désigne en anatomie la courbure d'une partie du corps, d'où voûte du crâne, du palais (1805), etc., ainsi qu'un feuillage en forme de voûte (1820).
❏  VOÛTER v. tr. (XIIIe s., volter et vouter), écrit voûter au XVIIIe s., signifie « fermer (le haut d'une construction) par une voûte ». Par analogie, il signifie « donner (à qqch.) la forme d'une voûte » (1539, voûter un arc), d'où spécialement voûter un fer à cheval (1680) « le cintrer ». ◆  En parlant d'une personne ou d'une partie du corps, il correspond à « rendre voûté » (mil. XVIe s.), surtout dans se voûter (1564).
■  VOÛTÉ, ÉE adj., « couvert d'une voûte » (1213, vosté), s'applique à ce qui est en forme de voûte (1437, voûté). ◆  Il se dit plus couramment (v. 1560) d'une personne dont le dos est courbé ainsi que d'une partie du corps (1768).
■  Le dérivé VOÛTURE n. f. signifie d'abord (XIIe s.) « voûte, partie voûtée, arcade », encore à l'époque classique. Le mot s'est dit pour « courbure » (1576, en parlant du front) ; il a désigné (1809) une fracture du crâne. Voûture désigne régionalement (1853, G. Sand) une voûte formée par la végétation. Il a vieilli dans tous ses emplois.
Le dérivé VOÛTAIN n. m. (XXe s.), signifiant « quartier d'une voûte d'ogive », est un terme technique d'architecture.
Plusieurs mots apparentés sont dérivés de l'ancien adjectif vous « voûté », « courbé, bombé » et « enroulé » (1165-1170) ; cet adjectif est l'aboutissement du latin populaire °volsus « voûté », forme issue du latin classique volutus.
■  VOUSSÉ, ÉE adj. est la reprise, d'après voussure, de l'ancien français vousé (1165-1170) « voûté ». Il est relevé chez O. de Serres (1600) puis repris en 1877, se disant très rarement de ce qui présente une voussure.
■  VOUSSURE n. f., attesté vers 1130 comme terme d'architecture, pour « courbure (d'une voûte) », avait en ancien et moyen français les variantes volsure (v. 1130) et vousure (XIVe s.). ◆  Le mot a été repris au XIXe s. pour désigner (1845) une partie courbe qui surmonte une porte, une fenêtre, puis chacun des arcs concentriques formant l'archivolte d'une arcade (attesté 1898, chez Huysmans).
■  VOUSSOIR n. m., réfection (XVe s.) de vosoir (1213), autre dérivé de vous, désigne en architecture la pierre taillée qui entre dans la construction d'une voûte ou d'un arc ; le voussoir supérieur se nomme clé de voûte.
■  VOUSSEAU n. m. (1690) est un synonyme archaïque de voussoir (par changement de suffixe).
■  ENTREVOUS n. m., terme technique (1588), désigne l'intervalle entre deux poteaux d'une cloison et l'espace garni de plâtre entre ces poteaux ; de ce sens vient ENTREVOÛTER v. tr. (1823).
❏ voir ARCHIVOLTE, CIRCONVOLUTION, DÉSINVOLTE, DÉVOLU, ÉVOLUTION, GALVAUDER, RAVAUDER, RÉVOLUTION, REVOLVER, VAUTRER, VOLUBILE, VOLUTE ainsi que VAL et VALVE.
VOUVRAY n. m., pour vin de Vouvray, ville d'Indre-et-Loire, est attesté en 1904 pour désigner un vin blanc du cépage pineau de la Loire (du vouvray mousseux).
VOX POPULI n. f. inv. est une locution latine signifiant « la voix du peuple », employée en français (attestée en 1830) pour désigner l'opinion la plus répandue, dominante, parfois la rumeur (Balzac parle à son sujet des « arrêts de cette conscience stupide »).
L VOYAGE n. m. apparaît sous la forme veiage (1080), puis veage, voiage (XIIe s.), viage, enfin voyage (1480). Le mot est issu du latin viaticum « ce qui sert à faire la route », emprunté en français sous la forme viatique*, puis « voyage », lui-même dérivé de via (→ voie).
❏  Voyage a signifié « chemin à parcourir » (1080) et spécialement « pèlerinage » (v. 1138, veage), ainsi que « croisade » (v. 1190, voiage). Il prend au XVe s. le sens général de « déplacement d'une personne qui se rend dans un lieu assez éloigné » (1421, viage ; 1480, voyage) ; dans cette acception, la plus usuelle, la formule de souhait bon voyage ! (1518) s'emploie aussi au figuré et ironiquement pour « bon débarras ». ◆  Le mot se spécialise au XVIIe s. (1676) pour « course que fait une personne pour transporter qqn, qqch. ». ◆  Il s'est employé par métonymie (1445) pour désigner ce que l'on transporte en un voyage, c'est-à-dire une charretée, d'où le sens (1872) de « charge transportée » (Cf. voie) qui a disparu en français central, en France, mais reste vivant au Québec, pour « charge (d'un véhicule, camion, etc.) » : un voyage de bois. ◆  Par figure, il se dit en parlant de la vie (v. 1460) et du passage dans l'autre monde ; de là viennent voyage sans retour (v. 1450) « le trépas », et faire le voyage (1668), aujourd'hui faire le grand voyage « mourir » (1445). ◆  Par ailleurs, il s'emploie par métonymie (1512) pour « récit de voyage », encore au XIXe s. ; aujourd'hui, on ne dit plus un voyage en ce sens ; mais livre, journal, récit... de voyage. ◆  Par extension, voyage désigne (av. 1534) un déplacement effectué à plusieurs reprises sur le même trajet, spécialisé au sens de « trajet en mer » (1611), il donne lieu à l'expression voyage de long cours (1680), aujourd'hui voyage au long cours (1869). ◆  Au XIXe s., le mot s'emploie dans de voyage, « conçu pour le voyage » (1826), puis « qui concerne le voyage » (vêtements, sac... de voyage). ◆  Par métonymie, il désigne (1864) la vie itinérante des forains, d'où l'expression les gens du voyage (aussi enfant du voyage, né dans le voyage, 1885 « forain dès l'enfance »). ◆  Par une analogie symbolique, le mot désigne (1876) les épreuves d'initiation dans la franc-maçonnerie.
■  Enfin, pour traduire l'anglais trip, il est utilisé au figuré (1966) à propos de l'état provoqué par l'absorption d'hallucinogènes, en concurrence avec l'anglicisme trip, qui a d'autres valeurs.
■  Le fait de se déplacer étant lié au mode de transport, aux activités sociales de transport et de déplacement des êtres humains, bouleversés au XIXe s. par le chemin de fer, puis par l'automobile, la bicyclette et au XXe s. par l'avion, les emplois se multiplient au XIXe et surtout au XXe siècle : voyage d'affaires, de tourisme, voyages organisés, en groupe... L'expression valoir le voyage (1866) s'applique notamment aux curiosités et attractions touristiques de premier ordre. ◆  Une locution propre au français québécois est : j'ai mon voyage ! « j'en ai assez, ça suffit ! ».
❏  Le dérivé 1 VOYAGER v. tr., « faire un voyage » (1385), est employé à partir du XVIIIe s. au sens plus large de « changer de place, se déplacer » (1749), puis en parlant d'une marchandise pour « être transporté » (1786). Avec un nom de personne pour sujet, voyager a en français du Liban, d'Afrique subsaharienne, la valeur plus précise de « partir en voyage ». De ce fait, il a voyagé correspondrait ailleurs à « il est parti, il est en voyage ». ◆  Par ailleurs, le verbe s'emploie abstraitement (av. 1778) en parlant d'idées pour « se développer en progressant ». À propos d'une denrée, il a le sens (1893) de « supporter le voyage » (surtout voyager bien, mal...). ◆  D'après voyage, au sens de l'anglais trip, il signifie (v. 1966) « subir les effets d'hallucinogènes ».
■  De ce verbe vient VOYAGEUR, EUSE n. et adj. qui désigne une personne en voyage (1415) ou qui voyage beaucoup (1552), en particulier pour voir de nouveaux pays (1552), ou bien qui se déplace à pied pour se rendre assez loin (1637). Par métaphore, le mot s'emploie en religion (1657) à propos de l'être humain, dont la vie est comparée à un voyage. ◆  L'adjectif (1764) est appliqué à des oiseaux au sens disparu de « migrateur », puis au sens large de « qui voyage » ; ainsi pigeon voyageur (1846) remplaçe pigeon messager. Puis il se dit pour « qui se déplace » (1826), « qui se passe en déplacements » (1883, rare). ◆  Une valeur historique particulière du mot concerne la Nouvelle-France, le Canada, où voyageur s'opposait à coureur de bois et désignait celui qui avait reçu un « congé » pour traiter avec les Amérindiens (pour acheter des fourrures). Ce sens dérive de celui pris par voyage au milieu du XVIIe s. en Nouvelle-France (« expédition de traite »). Ces commerçants-aventuriers étaient aussi appelés traiteurs. Le mot voyageur a désigné (1695) les domestiques qui accompagnaient ces « voyageurs » (aussi domestique, engagé voyageur). Par extension, voyageur s'est appliqué au XIXe s., au Canada, aux travailleurs saisonniers des « chantiers » de coupe ou de flottage du bois (l'expression coureur de bois avait pris la même valeur). ◆  Voyageur désigne ensuite (en français général) la personne qui utilise un véhicule de transport pour voyager (1810), notamment un moyen de transport public, se spécialisant, d'abord dans le discours administratif, pour désigner l'usager des transports publics (1876). ◆  Les voyageurs s'est employé au XIXe s. (dep. 1840) là où on dit aujourd'hui touristes.
■  Depuis la Restauration, le mot désigne un représentant de commerce, qui voyage pour voir la clientèle spécifié en voyageur de commerce (1830), et aussi un marchand forain (1881), sens vieilli. ◆  Le composé COMMIS-VOYAGEUR n. m. (1792) est vieilli (→ commis).
■  VOYAGEUR-KILOMÈTRE n. m. est un terme technique (XXe s.) qui a remplacé voyageur kilométrique (1877) dans les statistiques.
2 VOYAGER, ÈRE adj. s'est d'abord employé comme nom (fin XIVe s., voyagier) pour « voyageur ». L'adjectif s'est appliqué (1456) à l'époque classique à une personne qui voyage ; il a disparu. Qualifiant (fin XIXe s.) ce qui ne se fixe pas, le mot est littéraire et rare.
VOYAGISTE n. a été dérivé (1980) pour désigner la personne ou l'entreprise qui commercialise des voyages à forfait. Le mot a été formé pour remplacer l'anglicisme tour operator ; il est devenu courant au Québec.
L VOYELLE n. f., attesté au XVe s. (avant 1483), représente la réfection, par passage au féminin, de voyel (n. m.), « voyelle » lui-même réfection de voieul, n. f. (v. 1265), aussi adjectif « vocal », d'une forme non attestée °voiel, pluriel voieus, aboutissement du latin vocalis « voyelle » (surtout au pluriel), par ailleurs emprunté sous la forme vocal*.
❏  Le mot désigne le son émis par la voix sans bruit d'air et la lettre qui sert à noter ce son, employée seule. On a dit aussi voix, dans ce sens (Cf. voisé → voix).
❏  Il a fourni le dérivé VOYELLER ou VOYELLISER v. tr. (mil. XXe s.), terme didactique signifiant « pourvoir de voyelles explicites (par exemple un texte arabe, où les voyelles ne sont pas précisément déterminées) ».
■  Le composé SEMI-VOYELLE n. f. (1845), terme de phonétique, désigne une voyelle qui joue le rôle d'une consonne dans la syllabation, aussi nommée semi-consonne* ; on disait auparavant demi-voyelle (1842), mot qui a également désigné une consonne dont le nom prononcé commence par une voyelle (par exemple s) [fin XIVe s., demi voieul ; repris 1845].
L VOYER n. m. est la réfection (XIIe s. voier) de veier (1080), issu par évolution phonétique du latin vicarius « remplaçant (de qqn, qqch.) » ; → vicaire.
❏  Le mot a désigné un officier de justice, puis (1270) un officier chargé des voies publiques ; il est dès lors mis en rapport avec voie. ◆  Le mot est archaïque, sauf dans agent voyer (1836), terme administratif désignant la personne chargée de surveiller l'état des voies de communication.
❏  Son dérivé VOIRIE n. f., d'abord voierie (1170), puis voirie, s'est dit de la basse et de la moyenne juridiction d'un seigneur, d'où petite voirie « moyenne justice », attesté en 1690 et disparu.
■  Le mot, sous l'influence de voie et du sens pris au XIIIe s. par voyer, désigne à partir du XIIIe s. l'ensemble des voies de communication (1260), qualifié dans le vocabulaire administratif moderne dans grande voirie, petite voirie (1872). ◆  Voirie désigne aussi l'entretien de ces voies (v. 1283). ◆  Il a eu aux XVIe et XVIIe siècles le sens (1533) de « lieu où sont déposées les ordures et immondices », désignant par métonymie (v. 1550) ces immondices, au figuré « rebut de la société » (1588) et, à l'époque classique, « personne méprisable » (1671 ; Cf. ordure). Ces valeurs péjoratives ont disparu, sauf régionalement (altéré en voverie, ci-dessous vouerie). ◆  Par extension, voierie s'emploie (v. 1590) pour nommer la partie de l'administration chargée des voies, de leur établissement, etc.
Une variante phonétique de voierie, VOUERIE n. f. s'emploie dans le centre-est de la France (Franche-Comté, par ex. dans un récit de Marcel Aymé, La Vouivre) comme terme d'injure adressé à une femme.
VOYOU n. m., attesté en 1830, ne se répandu qu'à partir de 1870 ; le mot est dérivé de voie*, la finale -ou venant peut-être de l'influence de filou.
❏  Le mot désigne originellement un chemineau, un vagabond, mais lorsqu'il est attesté par écrit (1830) il s'applique déjà à tout homme d'une classe sociale moyenne ou basse, de mœurs et de moralité condamnables ; puis il se dit (1844) d'un gamin des rues, déluré et mal élevé. L'idée étymologique de nomadisme, d'absence de domicile fixe, est présente jusque vers 1870-1880. ◆  Selon les contextes sociaux, le mot a changé de connotations ; comme truand, il implique aujourd'hui la délinquance. ◆  L'adjectif (1875) est appliqué par extension (1892) à un comportement digne d'un voyou. ◆  Le foulard à la voyou, noué autour du cou, qui va avec la casquette des voyous du début du XXe s., a donné lieu à un sens métonymique (dans Malet, 1952 : un de ces trucs qu'on appelle un « voyou »).
■  Le féminin voyouse (1868), disparu, ou voyoute (1864), « femme de mœurs douteuses », n'est plus guère employé en substantif, mais VOYOUTE se rencontre comme forme féminine de l'adjectif.
❏  Le composé VOYOUCRATIE n. f., « suprématie des voyous » (1865, Flaubert), de -cratie, signifie aussi (1870) « bande de voyous ». ◆  Son dérivé VOYOUCRATISER v. tr., « rabaisser jusqu'à la vulgarité » (1868, Barbey d'Aurevilly), est inusité.
■  VOYOUTERIE n. f., « acte, paroles de voyou », est formé (1884) sur le féminin voyoute.
V. P. C. est le sigle de vente par correspondance, qui, prononcé vépécé, de par sa brièveté, parvient à remplacer dans l'usage courant l'anglicisme usuel mailing (alors que publipostage, recommandation officielle, ne s'emploie guère). Il est attesté par écrit en 1970.
❏  VÉPÉCISTE n. (1987) désigne une entreprise spécialisée dans la vente par correspondance.
VRAC (EN) loc. adj. ou adv. (1730) succède à un adjectif (1606, hareng vrac « empaqueté »), emprunté au moyen néerlandais wrac « gâté, corrompu, mal salé ». Vrac est la réfection du moyen français (hareng) waracq (1435) (→ varech).
❏  La locution en vrac s'emploie d'abord en parlant du poisson puis, plus largement (1845), de marchandises réunies ou transportées pêle-mêle, sans emballage. Dès lors, l'expression est passée de l'idée de « chose gâtée » à « en désordre ». Au figuré, elle signifie « en désordre » (1831), également dans un contexte abstrait (1928). ◆  Par extension, en vrac se dit techniquement pour « au poids », opposé à « en paquet ». ◆  Le nom (du vrac) désigne (mil. XXe s.) une marchandise qui ne demande pas d'emballage particulier. ◆  Au figuré, en vrac s'emploie pour « en désordre, dans la confusion » (avoir la tête en vrac, être en vrac « dans la confusion », déb. XXIe s.).
❏  En dérive VRAQUIER n. m. (1972) « navire transportant des produits en vrac » (v. 1975, vraquier-pétrolier).
L VRAI, VRAIE adj. et n. m. est issu (1080, Chanson de Roland) du latin populaire °veracus « vrai », attesté au moyen âge sous la forme veragus (770). C'est un dérivé du latin classique verax, veracis, « qui dit la vérité, sincère, sûr », lui-même de verus « vrai, véritable, réel », « conforme à la vérité morale » et « sincère, consciencieux, véridique » (→ vérité). Cet adjectif se rattache à une racine indoeuropéenne °wer-, qui a donné le francique °warjan (→ garant), l'ancien haut allemand wār (Cf. allemand wahr « vrai »), l'irlandais fir, le gallois gwir, le slave véra « foi, croyance » (d'où le prénom Véra) et, en Orient, le pehlvi vāvar « authentique ». Verus avait abouti en ancien français à ver (v. 980), veir (v. 1050), voir (v. 1175), beaucoup plus courant au moyen âge que vrai. La forme populaire °vera, « vraiment », a donné voire*.
❏  L'adjectif s'applique à ce qui présente un caractère de conformité au réel, de vérité, ce à quoi on peut donner son assentiment, et qui est conforme à sa désignation. ◆  Il s'emploie aussi, dès le XIIe s. (1165-1170) à propos d'une personne qui dit la vérité, agit sans dissimuler ; cet emploi est aujourd'hui littéraire, en concurrence avec sincère, véridique. ◆  Depuis la fin du XIIe s., vrai qualifie aussi ce qui n'est pas feint (par exemple d'une croyance) et ce qui est nommé à juste titre (v. 1196). ◆  L'adjectif est substantivé (le vrai) pour désigner (1342) ce qui est vrai, la vérité. Dans le vocabulaire religieux, le vrai (av. 1493) s'applique à ce qui est donné comme vrai dans un groupe, la « bonne » croyance ou religion. Il entre dans des locutions ; pour vrai (1349) est encore employé à l'époque classique en France et reste vivant régionalement (par exemple en français du Canada), alors que le français central emploie le tour familier pour de vrai (1827) [parfois opposé à pour de rire] ; de vrai (1340) est archaïque. Dire vrai (fin XIVe s.) s'est maintenu, mais dire le vrai (1660) ne s'emploie plus ; à vrai parler (fin XIVe s.), pour introduire une restriction, a été supplanté par à vrai dire (1538) et à dire vrai (1571). La locution adverbiale au vrai a signifié « conformément à la vérité » (1538), emploi disparu (v. 1550), « pour être tout à fait exact », emploi aujourd'hui littéraire. ◆  Depuis le XIVe s., l'adjectif s'emploie avec un pronom neutre, d'abord dans il est vrai que... (1349) introduisant une restriction, une correction à ce qu'on vient de dire ; on relève aussi, au XVIIe s., pour introduire une preuve, il est vrai que (1642), il est vrai (1666), aussi vrai que (1690) ; il est trop vrai (1674), il (ce) n'est que trop vrai (av. 1778), etc. Il est vrai que..., propre au langage soutenu, a pour synonyme familier c'est vrai que... et, au XIXe s., vrai que... (qui a vieilli). ◆  En vrai s'emploie dans plusieurs régions pour « vraiment, pour de bon ».
■  Vrai s'emploie aussi pour introduire une désignation métaphorique qualifiée comme s'appliquant bien (1547, un vrai lion) et s'applique à une attitude, une action consciente qui est bien ce qu'elle veut paraître. ◆  En logique, l'adjectif s'emploie (1642) à propos de ce qui n'implique pas de contradiction formelle, puis de ce qui existe indépendamment de l'esprit qui le pense (av. 1662 ; opposé à imaginaire) et le nom (le vrai) désigne, en concurrence avec vérité, ce qui correspond à notre sentiment du réel (av. 1662), ce qui est (1655). Le vrai de qqch., « la vérité sur cette chose » (1676), est sorti d'usage et être dans le vrai, « avoir raison », semble récent (1876). ◆  Vrai s'applique à ce qui est conforme à son apparence (1680) et, spécialement dans le domaine des arts (par ex. en 1660, Corneille), à ce qui est conforme à son type, la dialectique du vrai et du vraisemblable étant essentielle dans l'esthétique classique. C'est de la valeur logique et esthétique que procède l'emploi récent de vrai-faux (ci-dessous), ainsi que la vogue de l'adjectif (et de l'adverbe) en politique : le parler vrai, parler vrai, etc.
■  Le mot se dit spécialement en astronomie (1765) de ce qui est perceptible par l'observation ou après correction des mesures qu'elle fournit, en particulier dans jour vrai, temps vrai (1765), c'est-à-dire « fondé sur la marche réelle du soleil ». ◆  Pas vrai s'emploie elliptiquement en interrogation directe (1749), suivi par vrai ? (1788) et n'est-il pas vrai ? (relevé en 1788). C'est pas vrai ! sert aujourd'hui d'exclamation d'étonnement réprobateur, à peu près synonyme de : c'est pas possible !, et a donné lieu à un emploi adjectif (un mec, un truc pas vrai ; il est pas vrai !) pour « bizarre, incroyable ».
■  Un vrai homme (1845), un vrai (1885), « un homme sûr », ont disparu mais ce sens a été repris en argot dans un vrai de vrai « un homme du milieu » (1924) et par la locution familière vrai de vrai « absolument vrai » (XXe s.).
Vrai s'emploie aussi comme adverbe (v. 1773 ; un exemple de dire vrai, fin XIVe s., est ambigu) pour « avec exactitude, sincérité » et au sens de « certainement » (av. 1825) ; son emploi en incise (1846 dans George Sand) et comme exclamatif (vrai, c'est épatant !), familier au XIXe s. et au début du XXe s., a disparu.
Au XXe s. (1968), on emploie la combinaison contradictoire vrai-faux, un vrai faux passeport étant un passeport frauduleux garanti pour des raisons de police par les autorités (affaires d'espionnage, etc.). L'expression s'emploie avec d'autres substantifs pour « officiellement garanti mais faux » ou même compris comme « vraiment faux ». Venue du journalisme, elle est entrée dans les formules à la mode. Bernet et Rézeau ont trouvé l'expression (« une vraie fausse perruque ») dans le théâtre d'Audiberti, en 1948 ; il s'agit alors d'un effet stylistique.
❏  VRAIMENT adv., écrit vraiement (XIIIe s.), réfection de veraiement (v. 1119), s'emploie aux sens de « véritablement » (v. 1119), « conformément à la vérité extérieure » (v. 1207), « sans aucun doute » (fin XIIIe s.), « assurément » pour souligner une affirmation (1306) vraiment ! ◆  Dans une exclamative, il marque l'étonnement (1668) ou le doute (1872). Vraiment s'emploie aussi (fin XIXe s.) pour donner plus de force à une demande. ◆  Pas vraiment (v. 1980) est devenu très courant dans l'usage oral pour « fort peu ».
VRAISEMBLABLE adj. et n., d'abord voirsemblable (1266) jusqu'au XVIe s., sous la forme moderne depuis le XIVe s. (1346), est composé de voir, vrai et semblable, et est le calque du latin classique verisimilis, du génitif de verum « le vrai » et de similis « semblable » (→ simili-). ◆  L'adjectif s'applique d'abord à ce qui semble vrai, également en parlant d'un événement futur (XVIe s.) comme équivalent de probable. ◆  Il est substantivé depuis le milieu du XVIe s. ; le vraisemblable se dit spécialement (1660) en art en parlant de ce qui correspond apparemment à l'idée qu'on se fait du réel, distingué du vrai*, dans l'esthétique classique. ◆  Le dérivé VRAISEMBLABLEMENT n. m., « avec l'apparence de la vérité » (1370) est didactique, mais l'adverbe est courant au sens (1637) de « selon les probabilités ».
■  Le contraire préfixé INVRAISEMBLABLE adj. et n. m. (1767) s'applique à ce qui ne semble pas vraisemblable puis, familièrement et par exagération à ce qui est étrange, anormal (1847) et (1883) à ce qu'on ne croirait pas possible avec des nuances spéciales, « scandaleux », « insupportable ». ◆  La substantivation (l'invraisemblable) paraît récente (1862). ◆  L'adjectif a pour dérivé INVRAISEMBLABLEMENT adv. (1785).
VRAISEMBLANCE n. f. est composé (1358) de vrai et semblance* d'après le latin verisimilitudo, dérivé de verisimilis. ◆  Le nom, qui correspond à vraisemblable, signifie « apparence de vérité » (1580, la vraisemblance de qqch.), spécialement dans le domaine des arts (1572, Ronsard). ◆  Par extension, une, des vraisemblances se dit (1671) d'une assertion ou d'une chose qui paraît être vraie ; cet emploi est rare. ◆  Le mot a signifié (fin XVIIe s.) « convenance sociale », sens disparu.
■  Le contraire INVRAISEMBLANCE n. f. (1763) désigne aussi (1781) une chose invraisemblable (une, des invraisemblances, plus courant que l'emploi correspondant de vraisemblance).
❏ voir AVÉRER, VÉRACITÉ, VERDICT, VÉRIDIQUE, VÉRIFIER, VÉRITÉ.
VRENELI n. m. est un emprunt du français de Suisse à l'alémanique, ce diminutif du prénom féminin Verena s'appliquant à la figure féminine qui symbolise la Confédération (on dit en alémanique Goldvreneli). Le mot désigne la pièce d'or de vingt francs suisses (aussi de dix et de cent francs), émise de 1897 à 1949 ; elle remplaçait l'Helvétia de 20 francs.
■  Le même diminutif sert parfois de surnom, au féminin, pour les jeunes filles suisses alémaniques.
VRILLE n. f. représente (1375) une altération, sous l'influence probable de virer, de l'ancien français vedile (fin XIe s.), vedille (XIIIe s.), puis veïlle (1313) « pousse en hélice (de la vigne ou d'autres plantes grimpantes) », et de veïlle, ville (XIIIe s.) « outil de fer servant à faire des trous ». Le premier, vedille, s'est aussi altéré en vuille, ville (1538), d'où le dérivé ancien villon « vrille de la vigne » (1567). Ces mots sont issus du latin viticula « cep de vigne » et « vrille », dérivé de vitis (→ vis, viti-).
❏  Vrille désigne d'abord, comme veïlle, ville, un outil formé d'une tige que termine une vis, servant à percer, à forer. ◆  Depuis le XVIe s., le mot désigne, à la suite de vedille, veïlle (ci-dessus), un organe de fixation de certaines plantes grimpantes (1551), spécialement (et conformément à l'étymologie) de la vigne. Il est employé métaphoriquement dans la locution yeux percés avec une vrille « petits et ronds » (1808), aujourd'hui comme avec une vrille (1857), d'où par métonymie des yeux en vrille (1872). Par métaphore, il désigne ce qui perce (1831). ◆  Par analogie, il se dit de ce qui a la forme d'une hélice (1839), spécialement du mouvement d'un avion qui tombe en tournant sur lui-même (1916-1918), et en natation d'un plongeon de tremplin où le corps tourne sur lui-même (1924). La chute en vrille (involontaire) d'un avion a suscité la locution figurée partir en vrille « devenir hors de contrôle » et « s'effondrer » (années 1990). ◆  En argot fin de siècle, le mot s'est appliqué à une homosexuelle (Delvau, 1860, Jehan Rictus, etc.). Cet emploi a dû disparaître avant le milieu du XXe siècle.
❏  Vrille a servi à former quelques dérivés rares.
■  VRILLETTE n. f., autrefois (v. 1354) « petite vrille » signifie aussi (1762) « petit insecte rongeur du bois ».
■  VRILLÉE n. f. (1750) désigne une sorte de liseron, sous des formes variées dans les dialectes.
■  VRILLERIE n. f., sorti d'usage pour désigner (1765) de petits outils métalliques, signifie (1803) « fabrication des vrilles et forets » et (1836) « atelier de fabrication de ces outils ».
■  1 VRILLÉ, ÉE adj., « qui présente un aspect ou un élément en vrille », est un terme de botanique (1778) et de technique (1838, fil vrillé).
De vrille dérive également VRILLER v., d'abord intransitif (1752) « monter, descendre en tournant sur soi-même », puis transitif, pour « percer avec une vrille » au propre (1843) et au figuré (1862). ◆  Par extension du premier sens, le verbe, employé comme intransitif, signifie (1877) « s'enrouler sur soi-même ».
■  En dérivent 2 VRILLÉ, ÉE adj., « percé avec une vrille » (1872), VRILLAGE n. m. (1873), terme technique et VRILLEMENT n. m. (1879).
❏ voir VÉTILLE.
VROMBIR v. intr., d'origine onomatopéique (1883), signifie « produire un son vibré », comme la variante brondir.
❏  Le mot s'applique notamment au bruit des insectes, d'un moteur (valeur exploitée au XXe s. par l'onomatopée vroum !).
❏  En dérivent VROMBISSANT, ANTE adj. (1894) et VROMBISSEMENT n. m. (1891).
VROUM interj. est une onomatopée exprimant la vitesse, la brusquerie (Céline l'emploie en 1932), peut-être inspirée par vrombir, pour évoquer, souvent répété, un bruit de moteur, d'accélération.
❏  La variante VROUT, ou VROUTT, évoque un bruit vif et léger, un mouvement de fuite (également dans Céline, Mort à crédit). Elle est paronyme de mots en fr... comme froufrou.
V. R. P. n. m. est le sigle usuel de voyageur représentant placier, formule administrative inusitée dans la langue courante. V. R. P., prononcé véèrpé, tend à remplacer voyageur de commerce.
VS est le symbole de versus.
V. T. T. ou VTT, prononcé vétété, sigle, dénomme (1989) un vélo tout-terrain à pneus larges, sans suspension, utilisable sur terrains accidentés, pour le sport ou (avec des roues plus grandes) un vélo de tourisme analogue (appelé techniquement vélo tout-chemin, V. T. C. n. m.).
❏  VÉTÉTISTE n. désigne (1989) une personne qui pratique le V. T. T.
VULCAIN (et VULCANALES, VULCANIEN) → VOLCAN