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Sous la forme
vulgal, l'adjectif signifie « commun, ordinaire », en alchimie (v. 1270), puis « courant, éprouvé, connu ou en usage » (v. 1380), sens pris par
vulgaire (1452) et par l'ancien provençal
vulgar (1350), adjectif masculin. De là viennent les emplois de
il est vulgaire de « il est courant de » (1580),
être en vulgaire à « être courant chez » (fin
XVIe s.), aujourd'hui disparus.
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Le mot s'emploie ensuite comme nom masculin
(le, un vulgaire) pour « langue, parler employé par la majorité d'une population » (
XIVe s.,
vulgar, isolément, puis v. 1530), emploi assumé par l'adjectif dans
langage vulgaire (1512
langaige...), puis
langue vulgaire (1549). Cet emploi suppose l'opposition entre une langue parlée, spontanée et une langue savante, apprise (en général le latin) ; c'est un calque du latin
(Cf. le De vulgari eloquentia de Dante). Le mot s'est employé par métonymie dans
orateur vulgaire, « qui s'exprime dans la langue de son pays et non en latin » (1545). Cette acception linguistique utilise la valeur plus générale de l'adjectif, d'abord sous la forme
vulgal « du peuple entier » (v. 1500), puis
vulgaire « de la communauté dans son ensemble », encore normal au
XVIIe siècle. De là vient un emploi pour « unanime » (
XVI-XVIIe s.), d'une opinion.
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De même,
le vulgaire a signifié (1530) « le commun des hommes ».
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C'est au XVIe s. que le mot acquiert un contenu péjoratif (1552) s'appliquant à ce qui est sans intérêt particulier, sans élévation morale. D'une manière plus neutre, il se dit d'une personne qui ne se distingue en rien (1664), puis d'une chose qui manque d'intérêt (1665). Ces emplois dépréciatifs coexistent dès lors avec l'emploi initial et neutre de « commun, majoritaire ». Ainsi, ère vulgaire désignait l'ère chrétienne (1681) et le vulgaire de suivi d'un pluriel, « la partie la plus commune » (1756).
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En sciences naturelles, l'adjectif se dit (1770) de ce qui présente les caractères de l'espèce, sans autre trait particulier. Soutenu par l'emploi du latin vulgaris dans les nomenclatures savantes, vulgaire a été repris (1869) pour qualifier ce qui est propre à la langue courante, opposé à scientifique, technique ; il équivaut alors, selon l'étymologie, à usuel, courant.
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Latin vulgaire, « parlé dans les pays romans » (1873), opposé à latin classique, à latin impérial, et langue vulgaire, opposé à langue écrite (1876), continuent les emplois anciens (ci-dessus), mais ces syntagmes sont devenus rares ou techniques (en linguistique) à cause de la péjoration attachée au mot. Ainsi les spécialistes parlent de latin vulgaire, mais on a préféré employer en général dans ce dictionnaire latin populaire pour éviter un contresens.
En effet, du XVIe au XVIIIe s., en ce qui concerne les emplois de la langue courante, on est passé de l'idée de banalité, de manque de distinction ou d'élévation morale, à celle de grossièreté, nettement mise en œuvre au début du XIXe s. (1807), vulgarité étant attesté un peu avant dans ce sens. L'adjectif s'applique dès lors à ce que l'idéologie des classes dominantes observe dans les comportements de la masse et exclut de son système de valeurs. Il est plus péjoratif que le substantif le vulgaire (1810) qui correspond à « ce qui est ordinaire, répandu (et commun, sans qualité particulière) ». La notion de vulgarité tend alors à remplacer celle de bassesse ; les adjectifs commun, médiocre, ordinaire ont suivi une évolution comparable mais moins complète, alors que populaire a été majoré. Du coup, les emplois anciens (le vulgaire « la masse ») prennent des connotations négatives.
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VULGAIREMENT adv., réfection (1365) de
vulgarement (
XIIIe s.) et aussi
vulguerement (1444), signifie d'abord « d'une manière commune, normale », employé spécialement (
XVe s.) avec des verbes comme
dire, nommer pour « dans la langue commune non scientifique ».
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L'adverbe prend après l'adjectif (1659) la valeur péjorative de « d'une manière banale et sans élévation morale », puis (déb.
XIXe s.) « d'une manière vulgaire », au sens moderne de l'adjectif.
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VULGARITÉ n. f. est un emprunt (1495) au dérivé latin
vulgaritas « qualité de ce qui est commun », « banalité (d'un mot) » et, en bas latin, « le commun, la généralité (des hommes) ».
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C'est avec le sens de « grande masse du peuple » que le mot est d'abord attesté isolément, puis au pluriel pour « choses triviales » (XVIe s., hapax).
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Il réapparaît en 1795 (Mme de Staël), signifiant « caractère commun, banal » et « caractère de ce qui heurte le bon goût ». Parallèlement à l'adjectif vulgaire, vulgarité s'est coloré au XIXe s. (1853) de la péjoration due à l'exclusion des valeurs bourgeoises en matière d'habitudes morales et sociales.
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Une, des vulgarités équivaut (1886) à une manière vulgaire d'agir, de parler.
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VULGARISME n. m. est dérivé savamment (1801) du latin
vulgaris, probablement d'après l'anglais
vulgarism « expression banale » (
XVIIe s.), puis « expression propre aux personnes peu instruites », dérivé de
vulgar, de même origine latine que
vulgaire.
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VULGARISER v. tr., dérivé savant du latin classique vulgaris, a d'abord signifié (1512) « faire connaître en publiant ». Repris au XIXe s. (1823), le verbe signifie « répandre (les connaissances) en mettant à la portée du grand public », d'où (av. 1854) « répandre (un mot, une mode, etc.) ».
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Le pronominal (1845) signifie « se répandre dans le grand public ».
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Le verbe s'emploie aussi péjorativement pour « rendre ou faire paraître vulgaire » (1837 ; 1838, pron.). Le dérivé VULGARISATEUR, TRICE n. et adj. désigne (1836) une personne qui répand des connaissances, des habitudes, etc., et surtout le ou la spécialiste de la vulgarisation scientifique (1872).
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VULGARISATION n. f., « propagation » (1846), est courant dans vulgarisation scientifique (1867, Zola).
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Comme vulgariser et vulgarisateur, et à la différence de vulgaire et vulgarité, vulgarisation résiste assez bien à la péjoration générale de la série.
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Le mot est cependant employé aussi péjorativement pour désigner (1888) le fait de rendre banal qqch. et le fait de devenir vulgaire.
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VULGATE n. f. représente (fin
XVIe s.,
vulgaite) l'abréviation de
version vulgate (fin
XVIe s., aussi
vulgaite, d'Aubigné), emprunt au bas latin ecclésiastique
versio vulgata, proprement « version répandue », nom de la traduction latine de la Bible à partir de l'hébreu, due à saint Jérôme et adoptée par le concile de Trente. L'expression est composée de
versio (→ version) et du féminin de l'adjectif
vulgatus « habituel », « répandu », « accessible au public », de
vulgare « répandre dans le public », dérivé de
vulgus.
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Vulgatus a été emprunté en moyen français, sous la forme
vulgué « divulgué » (1584).
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VULGO adv., reprise d'un mot latin, est didactique (1832) pour « dans la langue commune » (opposé à scientifiquement).
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VULGIVAGUE adj., emprunt sorti d'usage au latin classique
vulgivagus « vagabond », de
vagari « aller çà et là »
(→ vaguer), a signifié par plaisanterie « qui se prostitue » (mil.
XVIIIe s.) et « de la prostitution » (av. 1778).
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VULGUM PECUS n. m. sing. (1843), est une locution pseudo-latine, signifiant littéralement « le vulgaire troupeau » ; elle est formée de
vulgum, faux adjectif neutre tiré de
vulgus, et du latin classique
pecus « troupeau », « troupe »
(→ pécule), imitant le
servum pecus d'Horace (« le troupeau servile » ; du neutre de
servus ; → serf).
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L'expression, parfois abrégée (le vulgum) désigne le commun des hommes, avec une nuance ironique et plaisante.