VU, VUE → VOIR
VULCANISER v. tr. représente (1847) une adaptation de l'anglais to vulcanize (1846), dérivé de Vulcan « Vulcain », emprunt au latin Vulcanus (→ volcan). Le mot figure dans le brevet d'exploitation pris par le chimiste anglais Hancock qui découvrit le procédé en 1843, avant sa diffusion par Goodyear.
❏  Ce terme technique signifie « traiter (le caoutchouc) en y incorporant du soufre pour améliorer sa résistance ». Il est courant au participe passé adjectif : caoutchouc vulcanisé (1848).
❏  VULCANISATION n. f. est emprunté (1847) à l'anglais vulcanization (1846), dérivé du verbe.
VULGAIRE adj. et n. m. est une modification par retour au latin (1452) de vulgal (v. 1270), encore relevé en 1660 (Oudin). Dans les deux cas, le mot est emprunté au latin classique vulgaris « qui concerne la foule », « général » et « ordinaire, commun, banal », dérivé de vulgus « le commun des hommes », « la foule », avec une idée de généralité. Vulgus ou volgus n'a pas d'étymologie connue. La forme vulgal vient d'un changement de suffixe (-alis) ; on trouve aussi en moyen français la forme vulgar (XIVe s., hapax, puis v. 1530, Marot).
❏  Sous la forme vulgal, l'adjectif signifie « commun, ordinaire », en alchimie (v. 1270), puis « courant, éprouvé, connu ou en usage » (v. 1380), sens pris par vulgaire (1452) et par l'ancien provençal vulgar (1350), adjectif masculin. De là viennent les emplois de il est vulgaire de « il est courant de » (1580), être en vulgaire à « être courant chez » (fin XVIe s.), aujourd'hui disparus. ◆  Le mot s'emploie ensuite comme nom masculin (le, un vulgaire) pour « langue, parler employé par la majorité d'une population » (XIVe s., vulgar, isolément, puis v. 1530), emploi assumé par l'adjectif dans langage vulgaire (1512 langaige...), puis langue vulgaire (1549). Cet emploi suppose l'opposition entre une langue parlée, spontanée et une langue savante, apprise (en général le latin) ; c'est un calque du latin (Cf. le De vulgari eloquentia de Dante). Le mot s'est employé par métonymie dans orateur vulgaire, « qui s'exprime dans la langue de son pays et non en latin » (1545). Cette acception linguistique utilise la valeur plus générale de l'adjectif, d'abord sous la forme vulgal « du peuple entier » (v. 1500), puis vulgaire « de la communauté dans son ensemble », encore normal au XVIIe siècle. De là vient un emploi pour « unanime » (XVI-XVIIe s.), d'une opinion. ◆  De même, le vulgaire a signifié (1530) « le commun des hommes ».
■  C'est au XVIe s. que le mot acquiert un contenu péjoratif (1552) s'appliquant à ce qui est sans intérêt particulier, sans élévation morale. D'une manière plus neutre, il se dit d'une personne qui ne se distingue en rien (1664), puis d'une chose qui manque d'intérêt (1665). Ces emplois dépréciatifs coexistent dès lors avec l'emploi initial et neutre de « commun, majoritaire ». Ainsi, ère vulgaire désignait l'ère chrétienne (1681) et le vulgaire de suivi d'un pluriel, « la partie la plus commune » (1756). ◆  En sciences naturelles, l'adjectif se dit (1770) de ce qui présente les caractères de l'espèce, sans autre trait particulier. Soutenu par l'emploi du latin vulgaris dans les nomenclatures savantes, vulgaire a été repris (1869) pour qualifier ce qui est propre à la langue courante, opposé à scientifique, technique ; il équivaut alors, selon l'étymologie, à usuel, courant. ◆  Latin vulgaire, « parlé dans les pays romans » (1873), opposé à latin classique, à latin impérial, et langue vulgaire, opposé à langue écrite (1876), continuent les emplois anciens (ci-dessus), mais ces syntagmes sont devenus rares ou techniques (en linguistique) à cause de la péjoration attachée au mot. Ainsi les spécialistes parlent de latin vulgaire, mais on a préféré employer en général dans ce dictionnaire latin populaire pour éviter un contresens.
En effet, du XVIe au XVIIIe s., en ce qui concerne les emplois de la langue courante, on est passé de l'idée de banalité, de manque de distinction ou d'élévation morale, à celle de grossièreté, nettement mise en œuvre au début du XIXe s. (1807), vulgarité étant attesté un peu avant dans ce sens. L'adjectif s'applique dès lors à ce que l'idéologie des classes dominantes observe dans les comportements de la masse et exclut de son système de valeurs. Il est plus péjoratif que le substantif le vulgaire (1810) qui correspond à « ce qui est ordinaire, répandu (et commun, sans qualité particulière) ». La notion de vulgarité tend alors à remplacer celle de bassesse ; les adjectifs commun, médiocre, ordinaire ont suivi une évolution comparable mais moins complète, alors que populaire a été majoré. Du coup, les emplois anciens (le vulgaire « la masse ») prennent des connotations négatives.
❏  VULGAIREMENT adv., réfection (1365) de vulgarement (XIIIe s.) et aussi vulguerement (1444), signifie d'abord « d'une manière commune, normale », employé spécialement (XVe s.) avec des verbes comme dire, nommer pour « dans la langue commune non scientifique ». ◆  L'adverbe prend après l'adjectif (1659) la valeur péjorative de « d'une manière banale et sans élévation morale », puis (déb. XIXe s.) « d'une manière vulgaire », au sens moderne de l'adjectif.
VULGARITÉ n. f. est un emprunt (1495) au dérivé latin vulgaritas « qualité de ce qui est commun », « banalité (d'un mot) » et, en bas latin, « le commun, la généralité (des hommes) ».
■  C'est avec le sens de « grande masse du peuple » que le mot est d'abord attesté isolément, puis au pluriel pour « choses triviales » (XVIe s., hapax). ◆  Il réapparaît en 1795 (Mme de Staël), signifiant « caractère commun, banal » et « caractère de ce qui heurte le bon goût ». Parallèlement à l'adjectif vulgaire, vulgarité s'est coloré au XIXe s. (1853) de la péjoration due à l'exclusion des valeurs bourgeoises en matière d'habitudes morales et sociales. ◆  Une, des vulgarités équivaut (1886) à une manière vulgaire d'agir, de parler.
VULGARISME n. m. est dérivé savamment (1801) du latin vulgaris, probablement d'après l'anglais vulgarism « expression banale » (XVIIe s.), puis « expression propre aux personnes peu instruites », dérivé de vulgar, de même origine latine que vulgaire.
■  VULGARISER v. tr., dérivé savant du latin classique vulgaris, a d'abord signifié (1512) « faire connaître en publiant ». Repris au XIXe s. (1823), le verbe signifie « répandre (les connaissances) en mettant à la portée du grand public », d'où (av. 1854) « répandre (un mot, une mode, etc.) ». ◆  Le pronominal (1845) signifie « se répandre dans le grand public ». ◆  Le verbe s'emploie aussi péjorativement pour « rendre ou faire paraître vulgaire » (1837 ; 1838, pron.). Le dérivé VULGARISATEUR, TRICE n. et adj. désigne (1836) une personne qui répand des connaissances, des habitudes, etc., et surtout le ou la spécialiste de la vulgarisation scientifique (1872).
■  VULGARISATION n. f., « propagation » (1846), est courant dans vulgarisation scientifique (1867, Zola). ◆  Comme vulgariser et vulgarisateur, et à la différence de vulgaire et vulgarité, vulgarisation résiste assez bien à la péjoration générale de la série. ◆  Le mot est cependant employé aussi péjorativement pour désigner (1888) le fait de rendre banal qqch. et le fait de devenir vulgaire.
VULGATE n. f. représente (fin XVIe s., vulgaite) l'abréviation de version vulgate (fin XVIe s., aussi vulgaite, d'Aubigné), emprunt au bas latin ecclésiastique versio vulgata, proprement « version répandue », nom de la traduction latine de la Bible à partir de l'hébreu, due à saint Jérôme et adoptée par le concile de Trente. L'expression est composée de versio (→ version) et du féminin de l'adjectif vulgatus « habituel », « répandu », « accessible au public », de vulgare « répandre dans le public », dérivé de vulgus. ◆  Vulgatus a été emprunté en moyen français, sous la forme vulgué « divulgué » (1584).
■  VULGO adv., reprise d'un mot latin, est didactique (1832) pour « dans la langue commune » (opposé à scientifiquement).
VULGIVAGUE adj., emprunt sorti d'usage au latin classique vulgivagus « vagabond », de vagari « aller çà et là » (→ vaguer), a signifié par plaisanterie « qui se prostitue » (mil. XVIIIe s.) et « de la prostitution » (av. 1778).
VULGUM PECUS n. m. sing. (1843), est une locution pseudo-latine, signifiant littéralement « le vulgaire troupeau » ; elle est formée de vulgum, faux adjectif neutre tiré de vulgus, et du latin classique pecus « troupeau », « troupe » (→ pécule), imitant le servum pecus d'Horace (« le troupeau servile » ; du neutre de servus ; → serf).
■  L'expression, parfois abrégée (le vulgum) désigne le commun des hommes, avec une nuance ironique et plaisante.
❏ voir DIVULGUER.
VULNÉRABLE adj. est emprunté (1676) au bas latin vulnerabilis « qui peut être blessé », et « qui blesse », dérivé de vulnerare « blesser » au propre et au figuré, lui-même de vulnus, vulneris « blessure, plaie », « coup porté », employé aussi au figuré. Vulnus ou volnus est apparenté au celte (gallois gweli « blessure », vieil irlandais fuil « sang ») à l'ancien norrois valr « morts sur le champ de bataille » (→ walkyrie) et à l'ancien haut allemand wuol « défaite » ; tous ces mots viennent probablement d'une forme indoeuropéenne °welənos ; le grec oulê « cicatrice, blessure cicatrisée », y est peut-être aussi lié.
❏  L'adjectif s'applique à une personne qui peut être blessée, frappée ; par figure, il qualifie ensuite une personne (1807) ou une chose (1817) qui peut être facilement attaquée, et aussi une réputation (emploi littéraire). ◆  Il s'emploie spécialement au XXe s. (1933) au bridge.
❏  VULNÉRABILITÉ n. f. (1836), « fait d'être vulnérable » est littéraire.
■  INVULNÉRABLE adj., emprunt au latin classique invulnerabilis, en reprend les sens propre (av. 1525) et figuré (v. 1629). L'adjectif est du registre soutenu. ◆  Le dérivé INVULNÉRABILITÉ n. f. est attesté en 1732.
VULNÉRATION n. f. reprend le latin classique vulneratio, de vulneratum, supin de vulnerare. Il a signifié « blessure » (v. 1370), emploi peu attesté, à nouveau relevé en 1550. ◆  Le mot semble avoir été repris au milieu du XIXe s. (attesté 1872), cette fois par spécialisation à propos d'une blessure provoquée par l'instrument du chirurgien. Cet emploi a lui aussi disparu.
■  VULNÉRER v. tr., emprunt au latin classique vulnerare, est relevé vers 1380, puis vers 1485 et en 1550 ; il est rare et littéraire, pour « blesser moralement ».
■  VULNÉRAIRE adj. et n. est un emprunt au latin classique vulnerarius « relatif aux blessures » et, comme substantif, « remède », dérivé de vulnerare. ◆  L'adjectif s'est appliqué (1539) à des plantes qui guérissaient les blessures, d'où eau vulnéraire (1697), puis le nom a désigné (1694) un remède que l'on appliquait sur les plaies. ◆  'est aujourd'hui un nom (1694, n. f.) désignant l'anthyllis, plante qu'on employait comme vulnéraire. ◆  Par extension, avec l'idée de « stimulant », le substantif (un vulnéraire) s'est employé dans vulnéraire de Suisse (1765), vulnéraire suisse (1800) et vulnéraire (1824), puis aussi (1891) pour « alcool, vin reconstituant ».
VULPIN, INE adj. et n. a été emprunté (fin XIVe s.) au latin vulpinus « du renard », dérivé de vulpes « renard », employé dans vulpa marina, appliqué à un poisson vorace et rusé ; ce mot est d'origine inconnue. On peut conclure à une dénomination populaire, donc instable, sujette comme celle du loup à des déformations volontaires. Son genre féminin (également en slave) marque le mépris initial à l'égard de l'animal. Il a abouti en ancien provençal à volp « renard », et l'ancien français a formé le verbe vulpier « crier comme un renard » (v. 1300), encore utilisé au XVIe siècle.
❏  L'adjectif apparaît isolément avec le sens latin à la fin du XIVe s., puis vers 1480 et est repris en 1611. Cet emploi a disparu, comme celui du nom, un vulpin, attesté au sens de « renard » (v. 1600, isolément). ◆  Il désigne aujourd'hui (1778) une plante herbacée dont les épillets sont regroupés en un panicule cylindrique qui ressemble à une queue de renard.
VULTUEUX, EUSE adj. est emprunté (1814) au latin vultuosus « qui a des jeux de physionomie, affecté », dérivé de vultus « expression, air du visage », « visage » (→ 1 volt).
❏  L'adjectif se dit en médecine du visage quand il est congestionné et gonflé et, par extension (av. 1835), de tout ce qui se distingue par une vive coloration sanguine.
❏  En dérive VULTUOSITÉ n. f. (1834), « caractère de ce qui est vultueux », terme rare.
VULVE n. f. est un emprunt (1304) au latin volva, vulva (seule forme dans les Gloses) « vulve », « matrice » (→ volve). On relève au XIIIe s. la forme borbe.
❏  Le mot désigne l'ensemble des organes génitaux externes de la femme et, par extension, des femelles des mammifères. ◆  Par analogie de forme, il se dit en anatomie (1765) d'une ouverture sans issue dans le cerveau, sous la commissure antérieure.
❏  En dérivent 1 VULVAIRE adj. (1822) « de la vulve » et VULVITE n. f. (1846), de -ite*, désignant une inflammation de la vulve.
2 VULVAIRE n. f. est la francisation (1664) du latin des botanistes vulvaria, dérivé de vulva parce qu'on employait cette plante en gynécologie, pour désigner un chénopode, plante des décombres.
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