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WAGAGE n. m., inclus dans le supplément du Littré en 1877, est emprunté à un mot dialectal du nord-ouest de la France, de la famille du néerlandais wak « humide », suffixé en -age. Le mot, en français de Flandres, désigne le limon des rivières utilisé comme engrais.
WAGNÉRIEN, IENNE adj. et n., formé sur le nom de Richard Wagner, mérite de figurer dans un dictionnaire du français à cause de la vogue du musicien, symbole d'une révolution musicale.
❏  Le mot apparaît chez Champfleury (1861) ; une Revue wagnérienne est fondée en France en 1885. Daudet, dans les Contes du lundi, qualifie Louis II de Bavière de wagnérien enragé (1873). Des syntagmes comme opéra, chanteur wagnérien s'imposent, mais les connotations modernistes (encore chez Proust) ont disparu.
❏  Le nom du musicien a donné en outre en français WAGNÉRISME n. m. (1869) et de nombreux composés plus éphémères, tel WAGNÉROMANE n. et adj. (1889), liés aux polémiques autour de Wagner.
WAGON n. m. apparaît isolément en 1698 dans une relation sur l'Angleterre (waggon « chariot »), puis à la fin du XVIIIe s. ; il a été repris sous la forme vagon (1826 ; encore attesté en 1892) et en 1829 sous la forme actuelle. Le mot est emprunté à l'anglais wagon ou waggon « chariot tiré sur rails » (1756), antérieurement « chariot » (XVIe s.), du néerlandais waghen, wagen. Wagen, comme l'ancien norrois vagn, le danois vogn, l'allemand Wagen, fait partie d'un groupe germanique appartenant à la même famille indoeuropéenne que le latin vehiculum (→ véhicule), via (→ voie), celle de la racine °wegh- « aller en char ».
❏  Le mot apparaît en français dans le vocabulaire des mines, désignant un chariot pour transporter la houille ; il est ensuite employé pour un véhicule sur rails, tiré par une locomotive, à propos de la ligne de Saint-Étienne à Lyon. Il supplante en ce sens chariot, attesté en 1803 dans une traduction de l'anglais et terme officiel de la Compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à Andrézieux jusqu'en 1826. ◆  Wagon est employé techniquement à propos des véhicules sur rails destinés au transport des marchandises, mais aussi dans l'usage courant pour les voitures destinées aux voyageurs ; depuis 1950-1960, il a reculé dans cet emploi non technique au profit de voiture. ◆  Par métonymie, le mot désigne (1881) le contenu d'un wagon. ◆  Par figure, il s'emploie familièrement (XXe s.) à propos d'une automobile de grande dimension. Il entre dans la locution figurée accrocher le (son) wagon « rejoindre le peloton de tête (de cyclistes, etc.) » (1933).
❏  Wagon a fourni plusieurs dérivés techniques : WAGONNIER n. m. (1846, vagonier) « homme d'équipe chargé de la manœuvre (accrochage, etc.) des wagons », WAGONNÉE n. f. (1887) et WAGONNAGE n. m. (1894) « transport par wagons (d'une matière, de marchandises) ».
■  Le diminutif plus courant WAGONNET n. m. (1869 ; 1867 écrit wagonet) est employé dans la locution figurée familière recharger les wagonnets « remplir de nouveau les verres (dans un café) » (XXe s.).
■  Le mot est élément de nombreux composés, tous noms masculins, mais voiture lui a été ensuite substitué quand il s'agissait du transport de personnes : WAGON-RESTAURANT (1846), usuel, de même que WAGON-LIT (1861), WAGON-SALON (1846), disparu ou allusion historique, WAGON-BAR (1897), aujourd'hui voiture-bar, etc.
■  Parmi les composés plus récents mais occasionnels, on relève WAGON-CINÉMA (1956), WAGON-DISCOTHÈQUE (1980).
Au sens technique de wagon, excluant les voitures pour voyageurs, WAGON-ÉCURIE n. m. (1844), pour le transport du bétail et des chevaux, ne se dit plus, de même que WAGON-TOMBEREAU (1893), et à la différence de WAGON-CITERNE (1864) et WAGON-RÉSERVOIR (1894), en concurrence avec l'anglicisme tanker, WAGON-VANNE (1872), WAGON-TRÉMIE n. m. (1921).
❏ voir TRAMWAY.
WAGUINE n. f., dérivé du radical de l'anglais wagon, s'emploie en français du Québec pour « charrette », « remorque de tracteur ».
WAHHABITE adj. et n., sous la forme wahabis, nom pluriel, en 1804, wahhabite dans Littré, 1872, est tiré du nom de Muhammad ibn Abd el-Wahhab, fondateur de cette communauté islamique. Ce mot qualifie ce qui a rapport à une doctrine musulmane intégriste, le wahhabisme (ci-dessous) et désigne ses membres.
❏  WAHHABISME n. m., enregistré par Littré sous la forme wahabitisme, désigne la doctrine wahhabite, islamisme intégriste, puritain, qui condamne toute innovation au nom du respect de la lettre du Coran.
WALÉ ou WALI n. m., emprunt à une langue africaine, désigne (surtout en français d'Afrique subsaharienne) un jeu qui se pratique avec des pions, des cauris, des graines, etc., que l'on fait passer selon des règles complexes d'un trou à l'autre, sur une table évidée de douze trous, qui porte le même nom. Variante : awalé.
WALI n. m. est attesté en français v. 1950, par emprunt à l'arabe (algérien) pour désigner le haut fonctionnaire responsable d'une wilaya, en Algérie. C'est l'homologue du préfet français.
WALKMAN n. m., relevé en 1980, est un nom déposé par la firme japonaise Sony en 1979 pour désigner un dispositif formé d'un casque d'écoute très léger, relié à un lecteur de cassettes portatif ou à un récepteur de radio, permettant d'écouter de la musique en marchant. Le mot, mal formé en anglais (où il signifie littéralement « marcheur »), est composé de (to) walk « marcher » (XIIIe s.) et du suffixe d'agent -man, de man « homme » (XIIe s.). To walk se rattache à une racine °walk- d'origine inconnue (ancien norrois valka, ancien haut allemand walchen) et man, du gotique manna (ancien haut allemand maor), se rattache à une base sanskrite mánu- « homme, humanité » (→ mannequin). Aux États-Unis, plusieurs termes tendent à remplacer walkman, par exemple drive about, de to drive « conduire ».
❏  La recommandation officielle pour remplacer en français ce pseudo-anglicisme, abrégé familièrement en walk (1981), est baladeur (1983), qui semble avoir éliminé walkman à partir des années 1990, au moins dans l'usage officiel et commercial.
WALK-OVER n. m., terme de turf, est un emprunt (1855) à l'anglais walk over (1838), de to walk over « marcher sur une certaine distance », pour désigner une course à laquelle ne prend part qu'un seul cheval, par suite du forfait de tous ses adversaires, ainsi qu'un match gagné par un concurrent dont les adversaires ne se présentent pas (gagner par walk-over, par W. O.). Par extension, se dit d'une épreuve emportée par un concurrent facilement, sans rencontrer d'opposition (argot du turf, « épreuve courue d'avance »).
WALKYRIE ou VALKYRIE n. f. apparaît en 1756 (valkyrie ; 1824, walkyrie) dans une traduction de l'épopée islandaise par Mallet (l'Edda des Islandais). C'est un emprunt à l'ancien norois valkyria, composé de val « tué », accusatif de valr « champ de bataille », et de kyria « celle qui choisit », dérivé de °kur, °kuz, forme réduite de °keuz « choisir » (Cf. anglais to choose). Valr est peut-être apparenté au latin vulnus « blessure » (→ vulnérable), °keuz- se rattache à une racine indoeuropéenne °geus-, comme le latin gustus (→ goût).
❏  Le mot, aussi écrit valkyrie, désigne dans les mythologies scandinaves et germaniques l'une des trois déesses guerrières qui décident du sort des combats et de ceux qui doivent y mourir. ◆  Il s'est diffusé en français comme réemprunt à l'allemand (Walküre) après l'œuvre célèbre de Wagner.
❏  WALHALLA n. m., écrit en français valhalla au XVIIIe s. (1752), est un emprunt à l'allemand, de l'ancien norois valhall, formé de val « guerrier mort à la guerre » (→ walkyrie) et hall « palais » (→ hall, halle). Ce nom désigne le séjour magnifique des guerriers morts au combat, palais du dieu Odin, dans la mythologie scandinave et germanique.
WALLABY n. m., attesté en 1848 dans un récit de voyage, est un emprunt à l'anglais wallaby (1845), d'abord écrit wallabee (1826), transcription d'un mot d'une langue australienne.
❏  Le mot désigne une variété de kangourou de petite taille.
WALLACE n. f. est tiré, en 1872, du nom de sir Richard Wallace, philanthrope anglais qui offrit à la ville de Paris cinquante fontaines d'eau potable. Ce mot s'est employé (1876) dans du wallace « de l'eau de fontaine », puis une wallace, pour ces bornes fontaines ornées de sculptures en fonte. Cet emploi a disparu, au profit de l'expression fontaine Wallace, encore connue à Paris.
WALLISIEN, IENNE adj. et n. est tiré du nom géographique Wallis, île principale d'un archipel de Polynésie dont le nom autochtone est Uvéa, et qui vient du nom du navigateur britannique Samuel Wallis qui la découvrit en 1767. Les îles Wallis, avec l'île de Futuna, devinrent protectorat français en 1867, puis par référendum, territoire d'outre-mer en 1959. Ce gentilé, ainsi que Futunien, ienne est usuel en français de Wallis et Futuna et de Nouvelle-Calédonie, où l'on dit aussi un, une Wallis pour les personnes originaires de cet archipel.
WALLON, ONNE adj. et n. d'abord écrit Vallon (v. 1466), précédé par wallin (1385), est soit un emprunt au latin médiéval wallo, -onis, lui-même emprunté au francique soit issu par changement de suffixe de wallec (1332), walesc, walesch (v. 1350) « langue d'oïl parlée dans les Pays-Bas » ; on relève dès le XIIIe siècle walesquier au sens de « parler un langage incompréhensible » (v. 1270). Wallec est probablement emprunté au néerlandais °walesch, °walec, issu du francique °walhisk, de la famille du germanique °walhoz « Celtes », lui-même pris au latin Volcae, nom d'une peuplade celte. °Walha, en francique, « étranger » désignait en milieu germanique tous les peuples romanisés (Cf. Valaque, Gaulois, Welsh).
❏  Le mot s'applique aux peuples de langue et de civilisation romanes occupant le sud de la Belgique, notamment autour de Liège. Il s'oppose à flamand : la Région wallone.
■  Comme nom masculin, le wallon désigne l'ensemble des dialectes gallo-romans de cette région, parlés aujourd'hui en même temps que le français. Le wallon fait partie, au même titre que le picard son voisin, des parlers d'oïl. Un certain nombre de mots wallons sont passés en français central : estaminet, grisou, houille... ◆  Dans ce sens, le mot est aussi adjectif : dialecte wallon, anthologie wallonne.
❏  Le dérivé WALLONISME n. m. (1866) s'applique aux faits de langue propres au wallon et empruntés par le français régional de Belgique.
■  WALLINGANT, ANTE adj. et n., formé (1912) d'après flamingant, s'applique aux Wallons autonomistes.
❏ voir GALLO-, VELCHE.
WAOUH interj. est un emprunt à l'onomatopée anglaise écrite waooh ou wow, exclamation exprimant un plaisir admiratif. L'exclamation française correspondante est ouah ! Waouh a été francisé graphiquement au Québec en ouaou (J. Godbout, 1972), en France en ouaouh !
WAPITI n. m., relevé en 1860 dans un texte français, est un emprunt à un mot américain (1806), lui-même emprunté à l'algonquin wapiti « grand cerf blanc » qui signifie littéralement « croupe blanche ».
❏  Le wapiti, cerf d'Amérique du Nord, est nommé cerf du Canada au Québec pour le distinguer du cerf de Virginie (appelé chevreuil).
WARGAME n. m. est un emprunt (1977) à l'anglais, où le mot, formé de war « guerre » et game « jeu » est un calque de l'allemand Kriegspiel, s'agissant d'un jeu de simulation d'un conflit armé.
WARNING n. m. est un faux anglicisme (v. 1960) pour l'expression warning lights « feux (lights) avertissant d'un danger » (du verbe to warn). Ce mot, devenu usuel en français de France (il ne semble pas courant au Québec), fait partie des anglicismes fictifs et redondants, l'expression française feux de détresse existant déjà.
WARRANT n. m. est un emprunt (1625 « autorisation », isolément, puis 1671) à l'anglais warrant « garantie, autorisation » (XIIIe s.), puis « mandat d'amener » (av. 1450) et enfin « titre double établi à ordre et délivré aux commerçants lors d'un dépôt de marchandises » (1825), terme de droit commercial. L'anglais est lui-même un emprunt à l'ancien français warant, warand, variante dialectale de garant*, mot d'origine germanique.
❏  Le mot est d'abord introduit pour « autorisation, pouvoir », puis comme terme de droit pénal, en parlant des pays anglo-saxons, acception encore relevée au XIXe siècle. ◆  Il est ensuite employé dans le domaine commercial (1836), seule acception vivante aujourd'hui.
❏  Il a fourni le dérivé WARRANTER v. tr. (1874) qui correspond à to warrant en anglais (1387), d'où WARRANTAGE n. m. (1894).
WASABI n. m., attesté en français de France en 1994, est un emprunt au mot japonais ainsi transcrit, pour désigner en cuisine une pâte verte très piquante, préparée avec le rhizome d'une plante japonaise (un crucifère) proche du raifort, utilisée comme condiment, accompagnant notamment le poisson cru, les sashimis, sushis...