[1] Ainsi appelé parce que c’est le premier dans lequel on découvre des traces d’êtres organisés.
[2] Minéral de couleur variable, formé de silice, de magnésie, de chaux et de protoxyde de fer.
[3] Variété de roche formée de feldspath et de silice, chaux, magnésie, oxydes de fer et de manganèse.
[4] Minéraux formés, l’un d’arsenic et de cuivre ; l’autre d’arsenic et de nickel.
[5] Minéral composé de phosphore combiné à du fer et à du manganèse.
[6] Combinaisons de soufre avec l’antimoine et le cuivre.
[7] Les théories exposées par MM. les Américains font tout d’abord l’effet d’élucubrations fantastiques sorties de cerveaux malades. Nous sommes obligés, à cet égard, de dire qu’elles paraissent cependant, et malgré leur étrangeté, complètement d’accord avec l’état actuel de la science positive. La physique mathématique confirme ces faits hypothétiques et Cauchy, notre grand géomètre, disait dans ses leçons du collège de France :
« M. Ampère a déduit de l’observation le nombre des atomes qui devaient entrer dans la composition de chaque molécule intégrante, et correspondre aux cinq formes de molécules admises par les minéralogistes, savoir : tétraèdre, octaèdre, parallélépipède, prime, hexaèdre, dodécaèdre rhomboïdal. Il a trouvé que les molécules comprises dans ces cinq formes devaient être respectivement composées de 4,6, 8, 12, 14 atomes. Si donc, il nous était permis d’apercevoir les molécules des différents corps soumis à nos expériences, elles présenteraient à nos regards des espèces de constellations, et, en passant de l’infiniment grand à l’infiniment petit, nous retrouverions dans les dernières particules de la matière, comme dans l’immensité des deux, des centres d’action placés en présence les uns des autres. »
N’est-ce pas en propres termes ce que disent MM. Sieman et Newbold ?
Un savant français bien connu, M. A. Gaudin, calculateur au bureau des longitudes, vient d’évaluer d’une manière très-ingénieuse les distances qui séparent ces différents petits astres et leur nombre. Il ressort de ses recherches que la distance entre les plus grosses molécules organiques est d’un millionième de millimètre, et la distance entre les atomes d’un dix-millionième de millimètre. Si on voulait compter les atomes enfermés dans un petit cube de matière de deux millimètres de côté, soit gros comme une tête d’épingle en supposant qu’on en prenne un milliard par seconde, il faudrait encore environ 250 000 ans.
[8] La même loi vient d’être reconnue pour les montagnes de la lune.
[9] Il n’y aurait rien d’inadmissible cependant à admettre tout aussi bien que de tout temps la matière ait été en mouvement, que la création n’a eu ni fin ni commencement. Pourquoi s’étonner que cette idée, ne nous soit pas familière ? Est-ce qu’un être fini comme nous peut avoir d’autres notions que le fini. L’infini nous échappe par suite de notre constitution même.
[10] Cette opinion est entièrement conforme à celle que vient d’émettre, à l’Académie des sciences de France, un astronome très-estimé, M. Faye. En étudiant les apparences des taches solaires sur les 5000 et quelques photographies recueillies par M. Carrington, M. Faye est arrivé à conclure que le soleil n’est nullement, comme le voulaient Wilson, Herschel, Arago, un globe solide recouvert d’une couche nuageuse, puis d’une « atmosphère lumineuse ; ni comme le veut M. Kirchoff, un globe liquide entouré d’une seule atmosphère. C’est encore une sphère gazeuse dont les parties superficielles tendent à se combiner chimiquement. Les parties associées deviennent plus lourdes et tombent au fond ; elles sont remplacées à la surface par de la nouvelle matière qui s’agrège à son tour et qui retombe. De là des courants verticaux. La matière en s’élevant chasse sur son trajet les parties superficielles seules lumineuses et l’habitant de la terre aperçoit un creux sombre entouré de bandes brillantes. Ainsi, on pourrait expliquer les différentes apparences des taches.
[11] Quelques personnes pourraient objecter que la pesanteur très-différente dans les astres entraîne une constitution par suite essentiellement différente. Ainsi sur le Soleil, un homme fait comme nous, au lieu de peser 70 kilogrammes pèserait 2000 kilogrammes. Il n’aurait donc pas assez de force musculaire pour se relever lui-même, s’il venait à tomber. Cette objection est illusoire, car la vie et la force musculaire dépendent de la force d’agrégation sur l’astre considéré et cette force d’agrégation est proportionnelle à la pesanteur elle-même. La proportionnalité subsiste en tout et si le poids est plus grand, la force musculaire croît en conséquence.
[12] h = (0,1*1)/(80*1/6)*(5/3) = 30/2400 = 1/80.
[13] On avait admis jusqu’ici que l’atmosphère de la terre ne s’élevait pas au delà de 18 lieues ; mais les astronomes européens tendent en effet à en porter les dernières limites beaucoup plus haut.
[14] Les montagnes lunaires dépassent 7 000 mètres.
[15] Il n’y a plus de liquides, car ils se sont tous évaporés par suite du peu de pression de l’atmosphère ; ils se sont ensuite, sans doute, fixés à l’état de combinaison sur les solides, car autrement, on les apercevrait encore quelques fois dans l’atmosphère sous forme de nuages et on n’en voit jamais de traces.
[16] Mars est après la lune l’astre le mieux connu des astronomes. La planète présente sur son disque des taches sombres et des taches brillantes de couleurs différentes. Les contours sont plus lumineux que la partie centrale. Enfin à deux points opposés, aux deux pôles, on distingue nettement des taches d’un grand éclat. Tous ces accidents de la planète varient avec les saisons.
On s’accorde à voir dans les taches rougeâtres et brillantes de Mars les parties solides, les continents, et dans les taches sombres bleuâtres les parties liquides, les mers. Quant aux taches polaires, elles sont évidemment produites par des glaces, car au moment où le printemps arrive dans un hémisphère, la tache diminue à vue d’œil pour augmenter dans l’hémisphère opposé et inversement. La calotte neigeuse de l’hémisphère austral est plus considérable que celle de l’hémisphère boréal, ce qui s’explique facilement par l’inclinaison de l’axe de la planète ; le pôle boréal reçoit plus de chaleur que le pôle austral ; les quantités de chaleur reçues sont dans le rapport de sept à cinq.
S’il y a de la glace sur Mars, c’est qu’il y a de la neige, de l’eau, des pluies, et pour qu’il y ait de l’eau, il faut bien qu’il y ait aussi une atmosphère pour la retenir à l’état liquide. Les conditions météorologiques de la planète Mars se rapprochent donc encore assez considérablement des nôtres. Ce sont du moins les conclusions auxquelles ont conduit les recherches des astronomes allemands et anglais, MM. Beer et Mœdler et Johns Philips.
[17] M. Ziegler ignorait sans doute à cette époque que M. E. Fremy, professeur de chimie au Muséum et à l’École Polytechnique, membre de l’Académie, avait libéralement mis son laboratoire à la disposition des hétérogénistes, alors que toutes les portes leur étaient fermées. Nous ne connaissons pas les opinions de M. Fremy sur la génération spontanée, mais nous tenions à faire observer à M. Ziegler qu’un Académicien de l’Institut de France avait osé tendre la main aux hétérogénistes, alors que, non-seulement, ils n’étaient pas défendus, mais qu’ils étaient encore repoussés de toutes arts par la science orthodoxe.
[18] Les physiciens modernes assimilent en effet toute combinaison chimique à une véritable collision d’atomes ou de molécules. On sait que le choc d’une balle contre une cible détermine de la chaleur ; c’est que la vitesse anéantie s’est transformée en chaleur. Chaleur et mouvement ne sont en effet que les manifestations différentes d’une même cause. Or si une combinaison chimique développe de la chaleur, c’est précisément à cause du choc des molécules les unes contre les autres. La combustion du charbon dans l’oxygène est un phénomène de même ordre que la chute d’un corps sur la terre : un diamant qui brûle dans l’oxygène, ne s’enflamme que par suite de la chute sur lui des atomes d’oxygène. On aurait la chaleur produite si l’on connaissait la vitesse des atomes, leur masse et leur vitesse de marche.
On pourrait faire observer que la chaleur développée par le choc d’un corps qui tombe sur la terre est tout à fait hors de proportion avec celle que produit dans l’expérience précédente le choc des atomes. La réponse est facile. Pour établir une comparaison, il faut se mettre dans des conditions identiques. Les atomes de charbon et d’oxygène s’élancent l’un vers l’autre d’une grande distance relative. Soulevons donc un corps, par la pensée, assez loin de la terre pour que l’attraction devienne presque insensible comme dans le cas des atomes, le calcul démontre qu’alors la vitesse de chute du corps sera telle qu’il engendrera deux fois plus de chaleur que la combustion d’un poids égal de charbon pur. On ne peut donc plus s’étonner de la température produite par le choc des atomes les uns contre les autres.
L’agrégation d’un ensemble d’atomes engendre donc une grande somme de chaleur et de mouvement. C’est là l’origine de la vie, lorsque les atomes sont convenables et lorsque la quantité de mouvement des corps environnants est susceptible de les ébranler harmoniquement.
[19] Résumons à ce propos ce que disait M. Tyndall, professeur de physique à Royal institutiondans une de ses belles conférences :
Le soleil, c’est-à-dire la source de la chaleur, de quantité de mouvement, c’est le foyer universel de la vie organique et animale. Il travailleà fabriquer les plantes, à fabriquer les animaux. Il a été dit que les atomes de substances différentes, quand ils se combinaient, tombaient les uns sur les autres à la façon d’un corps tombant sur terre. De même qu’on peut soulever un corps au-dessus du sol, de même on peut séparer des atomes qui sont combinés. Ainsi, l’acide carbonique, ce gaz connu de tout le monde, résulte de la chute des molécules d’oxygène sur des molécules de charbon. Ce composé est gazeux et répandu dans l’atmosphère. Il peut disparaître, quand on éloigne ses molécules constitutives et rendre intacts les atomes de charbon et d’oxygène qui le formaient. Ce phénomène se passe journellement dans la nature. L’acide carbonique fournit en effet aux végétaux le charbon qui entre dans leur charpente ; la lumière solaire sépare les atomes, met en liberté l’oxygène qui va servir à la vie animale, et introduit le carbone dans l’agrégation constitutive de la fibre ligneuse.
Aussi, qu’un rayon de soleil pénètre dans une forêt, la quantité dechaleur qui sera rendue par le rayonnement ne sera plus, exactement la quantité reçue. Une portion aura été employée à fabriquer des arbres. Et qu’on le remarque bien, le rayon solaire ébranle seulement les molécules organiques et reste insuffisant pour agir mécaniquement sur les molécules inorganiques ; ici encore s’aperçoit le principe émis par Ziegler.
Le fait en lui-même n’est-il pas merveilleux ? Voyez d’ici ce rayon lumineux qui glisse coquettement de branche en branche à travers la verdure. Vous pensiez peut-être qu’il n’était bon à rien. Quelle erreur ! Bon à rien. Mais c’est lui qui fait l’arbre, c’est lui qui fait, cette forêt au milieu de laquelle vous vous promenez, cette charmille touffue, ces petits oiseaux qui s’y becquettent et semblent le remercier par leur chanson joyeuse, Oh ! si les poëtes savaient tout ce qu’il y a de beau et de sublime dans ce rayon d’or qui illumine leur âme, ils n’oseraient plus rimer jamais et se tairaient muets d’admiration devant la grandeur du spectacle et l’incomparable splendeur de l’œuvre. Mais les poëtes prétendent que la science et le poëme sont aux antipodes. Hélas ! hélas !
[20] Pendant que M. Ziegler émettait ces vues nouvelles, un savant voyageur français, M. Trémaux, apportait à l’Institut de France des arguments très-sérieux en faveur de la même thèse, et assurément les deux naturalistes ignoraient l’analogie d’opinion qui les unissait entre eux.
M. Trémaux, dans une suite de mémoires très-remarquables et très-remarqués, a posé cette loi : c’est le milieu géologique et physique qui fait l’espèce. L’homme le moins parfait appartient aux terrains les plus anciens, et subsidiairement aux climats les plus favorisés. Inversement, l’homme le plus parfait appartient au pays qui sur le moindre espace offre la plus grande variété de terrains, en laissant prédominer les plus récents et subsidiairement encore au climat le plus favorisé et à d’autres causes plus secondaires.
Ne trouve-t-on pas dans cette loi si simple la clef des divergences qui séparent l’école unitaire et les partisans de la diversité d’origine des espèces. Fixité, variabilité, dégénérescence, la formule renferme tous ces cas. Allez habiter les terrains modernes, perfectionnement. Restez sur place, fixité. Gagnez les régions primitives, dégénérescence. N’est-ce pas l’échelle des naturalistes avec ses échelons franchis par en haut ou par en bas.
M. Trémaux a accumulé les preuves. Nous citerons quelques exemples. La Nigritie a d’assez tristes habitants. Voyons la constitution géologique. Presque partout terrains primitifs avec mines d’or. L’Australie si riche aussi en mines d’or est formée presque totalement par les roches éruptives ; sa population est très-dégradée et même plus noire que ses voisines bien qu’en dehors des tropiques. Dans la partie méridionale, les Béchouans, les Bakaas, visités par le docteur Livingstone, sont peu favorisés ; leur pays est constitué par des terrains siluriens et des montagnes de basalte noir. Dans la vallée du Zambèse, le sol devient fertile ; les populations s’améliorent. La carte géologique de l’Europe nous montre que la plus grande surface de terrain primitif correspond à la Laponie, qui possède aussi le peuple le plus inférieur. Au contraire les contrées les plus favorisées ne sont-elles pas la France, l’Italie, la Grèce, la partie orientale de l’Espagne et le nord-est de l’Angleterre.
Les peuples de l’hémisphère austral sont inférieurs aux peuples qui leur correspondent dans l’hémisphère boréal ; de même les habitants de la plupart des îles sont moins avancés que les autres. Il suffit en effet de jeter les yeux sur une carte géologique pour constater que là encore les régions considérées appartiennent aux terrains les plus anciens.
Signalons encore ce fait aperçu par Geoffroy Saint-Hilaire, à savoir que le degré de domestication des animaux est proportionnel au degré de civilisation des hommes qui les possèdent. Il est bien clair, en effet, qu’hommes et animaux habitant un même sol, sont nécessairement arriérés et avancés au même degré, selon les formations géologiques.
Tel terrain, tel homme.
[21] On en trouve une confirmation dans ce que nous voyons tous les jours. Est-ce que les essences de nos arbres actuels ne varient pas avec la latitude, c’est-à-dire avec les forces extérieures, avec les terrains, c’est-à-dire avec les matériaux du globe. Est-ce que nos animaux ne varient pas avec les régions ? Qui ne sait que certaines espèces ne sauraient vivre ailleurs que dans des latitudes déterminées ? Les forces extérieures sont en effet insuffisantes dans les régions froides ou trop en excès dans les régions chaudes pour permettre à la vie de se développer.
[22] Le fait a été expliqué récemment par un académicien de France, M. Bisingault. Il suffit d’observer que le germe n’est pas la graine. Une graine qui a germé dans l’obscurité perd de son poids très-évidemment ; mais la plante n’en gagne pas moins, bien qu’elle perde en poids sur la graine. Pour se rendre compte de l’anomalie, il eût fallu comparer l’embryon à la plante et l’on eût vu que la plante pesait plus que l’embryon. Ceci n’ôte rien au raisonnement de M. Ziegler. La graine nourrit l’embryon et l’alimente, et quand les matériaux sont usés, le végétal meurt.
[23] L’opinion de M. Ziegler s’écarte complètement de celle des physiologistes français. Pour M. Flourens, l’accroissement d’un animal serait terminé quand les épiphyses seraient soudées aux os. Pour l’homme ce serait à vingt ans. Il faudrait donc, pour avoir la longueur de la vie suivant le célèbre auteur, multiplier la durée de l’accroissement par cinq. Le cheval s’accroît, d’après lui jusqu’à quatre ou cinq ans ; durée de sa vie : vingt à vingt-cinq ans, etc. M. Ziegler entend par durée d’accroissement, sans aucun doute, tout le temps pendant lequel l’animal ne décroît pas. Dans ces conditions, il pourrait bien avoir raison, et il suffirait de doubler au lieu de quintupler cette durée pour avoir l’existence réelle.
[24] Ajoutons à l’appui de cette thèse que notre corps se renouvelle sans cesse, que celui de demain n’est plus celui d’aujourd’hui et cependant notre Moi reste bien le même.
Si nos idées se modifient avec les années, c’est précisément parce que les molécules constitutives variant, les impressions doivent varier en conséquence.
[25] On sait bien que la lumière n’est que le mouvement des derniers atomes des corps transmis par l’intermédiaire des atomes indépendants de l’espace.