Tous ces gens qui font des mots historiques en mourant, qui se raidissent dans des attitudes, comme si le raidissement final n’allait pas dans trois jours leur suffire, qui dans trois jours n’existeront plus, et qui veulent encore se faire admirer, qui posent, qui mentent jusqu’au dernier souffle: m’as-tu vu trépasser? On appelle ça de l’héroïsme. Et moi j’appelle ça quelque chose de misérable. Si une plainte se formait en moi, il faudrait donc que je l’étouffe, pour plaire aux badauds, et qu’ils m’estiment! Plutôt j’amplifie ma plainte, pour montrer une dernière fois le peu de cas que je fais du monde, et de la considération du monde. Il y a quelque chose qui est aux antipodes de la fierté: c’est l’amour-propre.
“Être un héros et un saint pour soi-même.” Pour soi-même. Et au monde présenter l’apparence d’un foireux ou d’un farceur. Car l’admiration du monde vous couvre de bave comme une limace qui se traîne.