Le cœur du problème

Quand il marchait dans les corridors, j’avais l’habitude de crier : « Mères, faites attention à vos filles, le loup est revenu. » C’est le genre de gars qui pense rien qu’à ça. Quand il a su qu’il pouvait parler de cul avec moi, je crois que ça l’a beaucoup rassuré. Il voulait tout le temps qu’on aille aux danseuses ensemble, mais moi, je passais mon temps à lui dire que ça m’intéressait pas. Quand il est venu ici, c’est la première chose qu’il a vérifiée, puis une fois qu’il a trouvé, c’est là qu’il passait ses soirées. Moi, je vois pas ce qu’il y a de drôle à ça, voir des filles se déshabiller toutes nues. L’autre jour, c’était sa fête et je lui ai téléphoné pour lui souhaiter, je me souviens plus trop, du bonheur, je crois, mais je voyais bien que c’était pas vraiment ce qu’il voulait entendre. Là, j’ai compris puis j’ai changé de direction, j’ai ajusté mon tir en lui disant que je lui souhaitais plein de nouvelles aventures. Puis là j’ai senti que c’était mieux. D’un autre côté, c’est vrai que ceux qui en parlent le plus, c’est ordinairement ceux qui passent rarement à l’acte. Faut tout le temps se méfier du chien qui jappe pas. C’est ça que ma mère disait. Paraît qu’il a toujours été comme ça. Un temps, c’était un vrai bel homme. Mais là, avec le temps, en plus qu’il a pris pas mal de poids. C’est peut-être ça la raison. Jusqu’à deux ans passés, il avait une blonde avec qui il a eu un enfant puis apparemment qu’il est toujours avec elle, même s’ils vivent plus ensemble. Il m’a dit qu’il aimait ça être tout seul. Juste lui et son enfant. Pour lui, ça c’est le bonheur.