L’humanité en marche

On est arrivés d’Afrique à Halifax, moi et mon ami, parce qu’on voyageait ensemble. C’était la première fois qu’on mettait les pieds en Amérique. On n’avait aucune idée des distances, encore moins de la valeur de l’argent. Je me souviens, c’était le soir et on s’est dit qu’on devait se rendre au plus vite. Comme ça on pourrait se laver et se coucher, vu qu’on venait de se taper un voyage d’une journée com­plète ou presque. Je me suis dit, On va prendre un taxi. Ça ne doit pas être très loin. On est sortis. On a vu une voiture qui attendait. On s’est approchés du conducteur pour lui demander s’il pouvait nous conduire, et quand on lui a dit la destination, il a dû nous prendre pour deux imbéciles. Mais au lieu de nous expliquer que c’était aussi loin, il nous a dit de monter et qu’il pouvait nous conduire sans problème. À un moment donné, il s’est mis à faire noir et on s’est vraiment demandés où il nous emmenait. Et là, la nuit est arrivée et on est devenus vraiment inquiets, surtout qu’on comprenait pas l’anglais. On a fini par arri­ver à des­ti­nation, mais tu imagines ce que ça nous a coûté! Il aurait dû nous dire que c’était aussi loin et on se serait pas rendus en taxi. Mais je crois qu’il s’est dit, Ces deux nègres-ci, ils connaissent rien de l’endroit où ils sont tombés et je vais en profiter. Mais peut-être que c’est pas ça non plus. Il faut faire confiance aux gens quelque part, autrement c’est pas possible de continuer si on met tout sous le couvert des préjugés. Mais je peux te dire que ce voyage-là, ça nous avait coûté un bras en partant.