« Mes sensations kinesthésiques me renseignent sur les mouvements et les positions de mes membres. »
Avec mon index, je fais un mouvement pendulaire de petite amplitude. Je ne le sens qu’à peine ou même pas du tout ; peut-être un peu au bout du doigt, à la manière d’une légère tension. (Pas du tout dans l’articulation.) Est-ce cette sensation qui me renseigne sur le mouvement ? — Car je peux le décrire de façon précise.
« Mais il faut bien que tu le sentes, sinon tu ne saurais pas (sans regarder) comment ton doigt se déplace. » Mais « le savoir » signifie simplement pouvoir le décrire. — Je ne peux indiquer la direction d’où provient un bruit que parce qu’il touche une oreille plus fortement que l’autre ; bien que je ne le sente pas dans les oreilles, il en résulte pourtant un effet : Je “sais” de quelle direction vient le bruit, je regarde par exemple dans cette direction.
Il en est de même de l’idée qu’une caractéristique de la sensation de douleur doit nous renseigner sur sa localisation corporelle, et une caractéristique de l’image-souvenir sur sa situation temporelle.
Une sensation peut nous renseigner sur le mouvement ou la position d’un membre. (Par exemple, quelqu’un qui, à la différence d’une personne normale, ne saurait pas si son bras est tendu, une douleur lancinante dans le coude pourrait l’en convaincre.) — De même, le caractère d’une douleur peut nous renseigner sur le siège d’une lésion. (Et le jaunissement d’une photographie sur son ancienneté.)
Quel critère établit qu’une impression sensible me renseigne sur la forme et la couleur ?
Quelle impression sensible ? Eh bien, celle-ci : Je la décris par des mots ou par une image.
Maintenant : Que sens-tu quand tes doigts sont dans cette position ? — « Comment expliquer ce que l’on sent ? C’est quelque chose d’inexplicable, de singulier. » Il faut bien pourtant que l’on puisse enseigner l’usage des mots !
Ici, je cherche la différence grammaticale.
Laissons de côté, pour le moment, la sensation kinesthésique. — Je veux décrire à quelqu’un ce que je sens. Je lui dis : « Fais comme cela, et tu le sentiras », tout en tenant mon bras ou ma tête dans une certaine position. Est-ce là lui décrire une sensation, et quand dirai-je qu’il a compris quelle sensation j’avais en vue* ? — Il faudra qu’il donne ensuite une description complémentaire de cette sensation. Et de quelle sorte de description doit-il s’agir ?
Je dis : « Fais comme cela, et tu le sentiras. » Ne peut-il y avoir ici de doute ? Ne faut-il pas qu’il y en ait un, si c’est une sensation que l’on vise* ?
Ceci a tel aspect ; ceci a tel goût ; ceci se sent de telle manière. Il faut que “ceci” et “tel” soient expliqués différemment.
Une “sensation” a pour nous un intérêt tout à fait déterminé. L’« intensité de la sensation », sa « localisation », et le recouvrement d’une sensation par une autre par exemple en font partie. (Si un mouvement est à tel point douloureux que la douleur qu’il provoque recouvre toutes les autres sensations faibles à cet endroit, cela rend-il incertain le fait que tu aies vraiment effectué ce mouvement ? Cela pourrait-il te conduire à t’en convaincre par tes propres yeux ?)