L’épigraphe est tirée d’une pièce de Nestroy — Der Schützling [Le protégé], acte IV, scène 10 — qui présente une critique d’ordre général de la notion de progrès. (On pourrait rapprocher cette critique de l’évocation, à la fin de la préface, des « ténèbres de ce temps ».)
Wittgenstein a retenu assez tardivement cette épigraphe qui apparaît dans le MS 134, en date du 25 avril 1947. Il en avait auparavant envisagé diverses autres, notamment une citation du poème « Allerdings » de Goethe ; dans la version intermédiaire, il avait retenu le passage suivant de Hertz, tiré de l’introduction des Prinzipien der Mechanik : « Si l’on lève ces contradictions douloureuses, la question de l’essence [die Frage nach dem Wesen — i.e. dans le texte de Hertz, non repris dans l’épigraphe : de la force] n’est pas pour autant résolue, mais l’esprit cesse de se tourmenter et de se poser cette question illégitime » (Barth, Leipzig, 1910, p. 9).
b) et c) L’insatisfaction à l’égard de la forme de l’ouvrage dont Wittgenstein témoigne ici n’a rien de seulement rhétorique ; elle est très largement attestée non seulement par certains passages des Remarques mêlées, mais aussi par des lettres à Malcolm quasi contemporaines de sa rédaction (cf. N. Malcolm, A Memoir, Oxford, Oxford University Press, 1958, p. 42-43).
d) Sur la réception du travail de Wittgenstein à cette époque-là, cf. notamment N. Malcolm (in op. cit., p. 56 sq.) qui évoque un article le présentant comme « une sorte de psychanalyste ».
e) G. H. von Wright a établi que la lecture du Tractatus logico-philosophicus ici évoquée date en réalité de 1943, et non de 1941 comme le suggèrent les premières éditions, et que c’est avec Nicholas Bachtin que Wittgenstein a relu son premier livre (cf. « Les papiers de Wittgenstein », in Wittgenstein, Mauvezin, T.E.R., 1986, trad. fr. É. Rigal, p. 129).
f) Ramsey et Sraffa ont, à l’évidence, joué un rôle dans la prise de distance par rapport aux présupposés du Tractatus.
S’agissant de Ramsey, il faut rappeler qu’il avait rendu visite à Wittgenstein dans les villages de Basse-Autriche où il était instituteur et que les deux hommes eurent des discussions fréquentes à partir du moment où Wittgenstein se réinstalla à Cambridge en janvier 1929 — et cela jusqu’à la mort de Ramsey, survenue le 19 janvier 1930. Dans la version publiée des Recherches, la figure de Ramsey est associée à la conception de la logique comme « science normative » (§ 81). Divers textes l’évoquent aussi, en rapport avec la question de l’infini en extension (voir par exemple Remarques philosophiques, Paris, Gallimard, 1975, trad. fr. J. Fauve, § 135, et appendice, p. 290 sq. ; Fiches, Paris, Gallimard, 1970, trad. fr. J. Fauve, § 272) ; la section 16 de la seconde partie de la Grammaire philosophique est consacrée à une critique de sa théorie de l’identité. Par ailleurs, un passage des Remarques mêlées stigmatise en Ramsey un « penseur bourgeois » (Remarques mêlées, Mauvezin, T.E.R., 1990, trad. fr. G. Granel, 2e éd., p. 30, ibid., p. 32).
Quant à l’influence de Sraffa, son nom apparaît déjà dans la liste qu’en 1931 Wittgenstein établit des penseurs qui l’ont influencé mais on en sait peu de chose, si ce n’est que les deux hommes se rencontraient régulièrement sur leur lieu de travail. Une anecdote célèbre associe le nom de Sraffa à la critique de l’une des notions cardinales du Tractatus, la notion de « multiplicité logique ». Et un passage du MS 157 b qui récuse l’idée de forme propositionnelle générale et remet en cause le pur « cristal logique » fait référence à lui dans les termes suivants : « J’avais dû reconnaître ceci et cela comme des signes (Sraffa), et pourtant je ne pouvais leur fournir une grammaire » (cité par S. Hilmy, in The Later Wittgenstein, Oxford, Blackwell, 1987, p. 64). Bien que les Recherches ne citent Sraffa que dans la préface, peut-être pourrait-on voir la trace (certes relativement lointaine) de son influence dans l’évocation (implicite) des notions de valeur d’échange et de valeur d’usage (§ 120) et dans la référence au « passage de la quantité à la qualité » (§ 284).
§ 1
c) À confronter à Grammaire philosophique (Paris, Gallimard, 1980, trad. fr. M.-A. Lescourret, I, § 19) où le nom d’Augustin est associé à celui de Platon.
Bien que “Art” ne soit pas un terme technique, nous l’avons traduit par “catégorie” dans ses différentes occurrences en philosophie du langage. (Dans ses autres occurrences, nous l’avons traduit de diverses façons, en fonction du contexte.)
d) Sur cet « usage du langage », voir « Le cahier bleu », Le cahier bleu et le cahier brun, Paris, Gallimard, 1996, trad. fr. M. Goldberg, J. Sackur, p. 56.
Notons que, dans sa révision de la traduction anglaise faite par Rush Rhees de la protoversion, Wittgenstein corrige le « Von einer solchen war hier gar nicht die Rede » de la façon suivante : « there was no question of such an entity “meaning” here » — et donc en soulignant son refus de toute réification de la signification des mots.
§ 2
b) Le statut de ce jeu de langage sera explicité infra au § 7 ; des textes plus tardifs feront référence à lui en termes de « jeu de langage N° 2 » (voir par exemple Fiches, § 98-99).
Il est également présenté dans « Le cahier brun », op. cit., I, § 1. Et G. P. Baker et P. M. S. Hacker (An Analytical Commentary on Wittgenstein’s Philosophical Investigations, vol. 1, Oxford, Blackwell, 1984, p. 27) remarquent que « le jeu de langage du § 2 » apparaît déjà dans le Big Typescript, Philosophica I, Mauvezin, T.E.R., 1997, trad. fr. J.-P. Cornetti, pp. 25 sq.), c’est-à-dire « bien avant que la méthode des jeux de langage ne se soit imposée ».
§ 3
a) La Grammaire philosophique (I, § 19) et les manuscrits sources ne parlaient pas de “système de communication”, mais de “calculs” décrits par Augustin.
§ 4
Cf. Grammaire philosophique, I, § 20, qui passe directement de cet exemple à celui des commandes de la locomotive (qui n’intervient, dans les Recherches, qu’au § 12).
§ 5
b) Sur l’impact de l’“Abrichtung”, cf. par exemple Fiches, § 419 : « Toute explication repose sur le dressage. (Les éducateurs feraient bien de s’en souvenir.) »
§ 13
Sur l’allusion à Lewis Carroll, cf. le tout premier cours donné par Wittgenstein où il cite ces deux vers de lui : « Twas brillig and the slithy toves/Did gyre and gimble in the wabe » (in Les cours de Cambridge 1930-1932, Mauvezin, T.E.R., 1988, éd. D. Lee, trad. fr. É. Rigal, p. 4).
§ 16
a) À rapprocher de Grammaire philosophique, I, § 129 : « Pensez à la diversité de ce que nous appelons “langage”. Le langage des mots, le langage graphique, gestuel, sonore. » (Trad. mod.)
a) Dans ce qui semble être l’un des tout premiers textes où elle est introduite (texte daté du 21 octobre 1937), la notion de Lebensform est présentée de la façon suivante : « L’origine et la forme primitive du jeu de langage est une réaction ; ce n’est qu’à partir d’elle que des formes plus compliquées peuvent se développer. [...] Je veux dire : Il est caractéristique de notre langage qu’il repose sur des formes de vie fixes, sur des façons d’agir régulières » (« Ursache und Wirkung — Intuitives Erfassen », in Philosophical Occasions 1912-1951, Indianapolis et Cambridge, Hackett Publishing Co, 1993, p. 395). Notons que là où les Recherches parlent de “forme de vie”, « Le cahier brun » parlait de “culture” (op. cit., II, § 3, p. 213).
§ 22
Sur les thèses de Frege sur la supposition (“Annahme”) et l’assertion, cf. notamment Grundgesetze der Arithmetik, I, Iéna, Hermann Pohle, 1893, § 5, et Nachgelassene Schriften, Hambourg, Félix Meiner, 1969, p. 201, p. 214.
§ 22, remarque marginale
Dans le langage de la chimie, ce que Wittgenstein nomme ici “radical” est une combinaison d’éléments qui sert de constituant à des combinaisons plus complexes.
§ 23
d) La Grammaire philosophique imputait au Tractatus lui-même une « représentation primitive » du fonctionnement du langage — et cela, en rappelant que “Bedeutung” et “deuten” ont une même racine (I, § 19). Et le passage suivant des « Notes sur l’expérience privée et les sense data » permet de déterminer le sens de l’allusion qui est ici faite au Tractatus : « D’un côté, notre langage possède beaucoup plus de possibilités d’expression que les logiciens ne l’admettent [...], et d’un autre côté, les emplois de ces modes d’expression sont beaucoup plus limités que les logiciens ne l’imaginent » (in Philosophica II, Mauvezin, T.E.R., 1999, trad. fr. É. Rigal, p. 61-62).
§ 24
d) La question du solipsisme sera développée infra, § 402.
§ 25
La notion d’“histoire naturelle” apparaît dès le début des années 30. Cf. Remarques philosophiques, § 15 : « On peut dire : Le sens de la proposition est sa finalité (ou, pour un mot : “its meaning is its purpose”). Mais la logique ne peut pas s’attaquer à l’histoire naturelle de l’emploi d’un mot. »
Dans le TS 228 d’où elle est tirée, cette remarque apparaît dans le cadre de considérations sur l’harmonie entre langage et réalité — question que les Recherches n’abordent de façon explicite qu’au § 429.
§ 29
a) La notion de « place du langage, de la grammaire » est explicitée dans la Grammaire philosophique, I, § 23.
§ 38
a) La thèse en question est explicitement soutenue par Russell dans le fameux manuscrit de 1913 qu’il renonça à publier en raison des critiques de Wittgenstein. Cf. Théorie de la connaissance, Paris, Vrin, 2002, trad. fr. J.-M. Roy, où l’on peut lire : « les noms propres véritables ne peuvent être conférés qu’aux objets avec lesquels nous avons une acquaintance » (p. 53), et : « Le mot “ceci” est toujours un nom propre, au sens où il s’applique directement à un seul objet » (p. 57).
d) « Wenn die Sprache feiert ». Littéralement : « Quand le langage est en fête » ou « chôme ». En proposant de traduire « lorsque le langage est en roue libre », nous reprenons en fait la métaphore retenue par Wittgenstein dans sa révision de la traduction anglaise de la protoversion (« when language idles »). (À rapprocher du § 132 qui développe la même idée en expliquant que les confusions philosophiques se produisent lorsque « le langage tourne à vide (leerlaüft) ».)
§ 39
a) Rappelons que dans La Valkyrie de Wagner, “Nothung” est l’épée de Siegmund (le père de Siegfried). Elle est brisée, et Siegfried doit la forger afin qu’elle devienne une épée invincible (indestructible).
§ 40
Signalons que, dans sa révision de la protoversion, Wittgenstein traduit “sprachwidrig” (que nous rendons par “à contresens”) par “ungrammatically”.
§ 46
b) Le passage cité se trouve dans Théétète, 201 e — 202 b. À confronter à Tractatus (Paris, Gallimard, 1993, trad. fr. G.-G. Granger) : « Le nom signifie [bedeutet] l’objet » (3.203), « Je ne peux que nommer [nennen] les objets. Les signes en sont les représentants [vertreten sie] » (3.221).
c) Dans les Principles of Mathematics, Russell définit les individus (au sens logique) comme « n’importe quel objet qui n’est pas un parcours [i.e. parcours de signification d’une fonction] », en soulignant qu’il s’agit du « type le plus bas d’objets » (§ 497). Dans les Principia Mathematica, dans l’appendice consacré à la théorie des types (v), il précise que les individus sont des « objets qui ne sont ni des propositions ni des concepts » et qui représentent d’« authentiques constituants, en ceci qu’ils ne disparaissent pas par l’analyse ».
Le Tractatus pour sa part caractérise les Gegenstände dans les termes suivants : « Les objets contiennent la possibilité de toutes les situations » (2.014), « Les objets constituent la substance du monde. C’est pourquoi ils ne peuvent être composés » (2.021).
§ 49
b) Sur la thèse de Frege (connue sous le nom de principe du contextualisme), cf. Fondements de l’arithmétique (Paris, Le Seuil, 1969, trad. fr. C. Imbert) : « On doit rechercher ce que les mots veulent dire non pas isolément, mais pris dans leur contexte » (introduction, p. 122) ; « Il faut toujours faire porter l’attention sur une proposition complète. C’est là seulement que les mots veulent proprement dire quelque chose » (§ 60, p. 186).
§ 53
a) Notons que dans sa révision de la protoversion, Wittgenstein traduit “Gebrauch [der Zeichen]” par “practice”.
b) Sur l’exemple de la fleur rouge et les rapports entre le tableau et l’association (et la mémoire), cf. pour une analyse plus détaillée « Le cahier bleu » (op. cit., p. 37-39) et Grammaire philosophique, I, § 53-55.
§ 58
b), c) Il faut se souvenir que le Tractatus donnait la « tache dans le champ visuel » comme exemple d’objet (2.0131) — objets qu’il caractérisait comme « le fixe, le subsistant » (2.027), c’est-à-dire comme intemporels et indestructibles.
§ 60
Sur la « forme analysée » cachée dans la forme non analysée, cf. la distinction, dans le Tractatus, de la forme logique apparente et de la forme logique réelle de la proposition (4.0031).
§ 65
a) Sur la « forme générale de la proposition », cf. Tractatus, 4.5 et 6.
§ 66
a) Le jeu de moulin (ou marelle) est un jeu de pions. (Chaque joueur y dépose un pion de sa couleur sur une intersection de lignes, et au besoin, déplace ses pions de façon à obtenir un alignement. Le gagnant est celui qui fait le premier alignement ou qui, à la suite de formations d’alignements, enlève suffisamment de pions à son adversaire.)
§ 67
a) La notion d’“air de famille” est introduite au tout début des années 30, en référence à Spengler. Cf. notamment Remarques mêlées (1931), p. 27 : « Spengler serait mieux compris s’il disait : Je compare différentes périodes culturelles à la vie de plusieurs familles ; à l’intérieur d’une famille, il y a un air de famille... »
Mais elle pourrait avoir une autre source encore. Baker et Hacker mettent en effet en évidence l’existence de convergences significatives entre elle et certaines analyses de Jean Nicod (qui parle non seulement de “famille” mais encore de “ressemblance globale” et “ressemblance locale”), et ils suggèrent que c’est de Nicod (que Wittgenstein cite par ailleurs) qu’il la tient (cf. op. cit., p. 133).
§ 71
b) Sur la référence à Frege, cf. Grundgesetze der Arithmetik, II, Iéna, Hermann Pohle, 1903, § 56.
§ 72-74
On rapportera la critique de l’ens communis ici développée à celles plus explicites que l’on trouve dans « Le cahier bleu » (op. cit., p. 57 sq.) et dans la Grammaire philosophique (II, § 9).
§ 79
a), b) Selon Russell qui est ici visé, un nom comme “Moïse” (ou “Bismarck”) n’est pas un nom propre véritable, mais une description déguisée qui doit disparaître lors de l’analyse. Plus exactement, il est une “description définie” dont la signification est donnée par une conjonction de descriptions de la forme : l’homme qui fit ceci ou cela, fut ceci ou cela, etc. — le point essentiel étant le suivant : « si la communication est possible en dépit de la variation des descriptions utilisées, c’est que nous savons qu’il y a une proposition vraie au sujet de l’entité Bismarck, et qu’on peut faire varier tant qu’on veut la description (tant qu’elle reste correcte), la proposition décrite reste la même » (Problèmes de philosophie, Paris, Payot, 1989, trad. fr. F. Rivenc, p. 80).
e) La « fluctuation des définitions scientifiques » dont il est ici question est à rapporter à la différence entre critères et symptômes — différence qui ne vaut cependant pas pour les seuls concepts scientifiques (vide infra, § 354).
§ 81
a) Sur le sens que Wittgenstein donne à l’idée de « science normative », voir notamment le passage suivant d’une des révisions du Big Typescript : « “La logique est une science normative” est censé vouloir dire qu’elle établit des idéaux que nous devrions tenter d’approcher. Mais ce n’est pas du tout le cas. La logique établit des calculs exacts » (cité par Baker et Hacker, in op. cit., vol. 1, p. 176).
§ 87 sqq.
Les § 87-133 ont pour ambition générale de répondre à la question : « Qu’est-ce que la philosophie ? » Leurs matériaux de base proviennent de la section du Big Typescript intitulée « Philosophie » (cf. Philosophica I, p. 18-42) ; et les premières formulations de certaines entrées remontent à 1930.
§ 89
c) À confronter notamment au « Cahier bleu » (op. cit., p. 68-69) qui est plus explicite sur la question augustinienne et qui l’associe à la question socratique : « Qu’est-ce que le savoir ? »
§ 92
Dans sa révision de la traduction de la protoversion, Wittgenstein traduit (ou plutôt paraphrase) “übersichtlich” (que nous avons ici comme partout ailleurs traduit par “synoptique”) par : « become transparent, I mean capable of being seen all at a glance ».
§ 93
a) La question sera reprise au § 428. Voir aussi Grammaire philosophique, I, § 105-106.
§ 94
À rapprocher du « Cahier bleu », (op. cit., p. 75 sq.) qui critique la conception de l’objet de pensée comme « ombre du fait ».
Notons que dans sa révision de la traduction Rhees de l’Urfassung, Wittgenstein traduit en la précisant l’expression « eine reines Mittelwesen » par : « a pure (immaterial) entity [une pure entité (immatérielle)]... ».
§ 95
Sur le « Es verhalt so und so » (que nous traduisons « Il en est ainsi et ainsi »), cf. Tractatus, 4.5 : « La forme générale de la proposition est : Il en est ainsi et ainsi. »
À rapprocher du § 428.
§ 97
a) Tractatus, 5.5563 : « Toutes les propositions de notre langue usuelle sont, en fait, telles qu’elles sont, ordonnées de façon logiquement parfaite. [...] (Nos problèmes ne sont pas abstraits, mais au contraire peut-être les plus concrets qui soient.) »
À confronter à MS 157 b : « L’idée que, d’une certaine manière, la logique montre l’essence du monde doit disparaître. L’a priori doit devenir une forme de représentation [Form der Darstellung]. Ce qui veut dire qu’il faut aussi ôter son nimbe à ce concept » (cité par Baker et Hacker, in op. cit., vol. 1, p. 207).
§ 99
À confronter à Tractatus, 3.23 : « Requérir la possibilité des signes simples, c’est requérir la détermination du sens. »
On rapprochera la métaphore de la clôture de celle du piège à mouches (§ 309).
À rapprocher des analyses du § 426.
§ 102
Dans le MS 157 b, ce paragraphe est précédé par les considérations suivantes : « J’avais dû reconnaître ceci et cela comme des signes (Sraffa), et pourtant je ne pouvais leur fournir une grammaire. Tout ce qu’il y avait de pneumatique [das Pneumatische] dans la compréhension, et donc aussi dans le sens, a complètement disparu. À première vue, les règles strictes... » (cité par Hilmy, in op. cit., p. 64). Et dans la protoversion, il est suivi par cette remarque : « La structure [Bau] idéale et stricte me paraissait être quelque chose de concret. — J’avais employé une comparaison ; mais elle ne me semblait pas en être une, et cela en raison de l’illusion grammaticale qui consiste à croire qu’un terme conceptuel correspond à quelque chose de commun à tous les objets du concept » (cité par Baker et Hacker, in op. cit., vol. 1, p. 211).
§ 104
Note sur Faraday : Dans le passage que Wittgenstein cite (cf. L’histoire d’une chandelle, Hetzel, trad. fr., p. 113), Faraday explique que l’eau pure distillée produite à partir de la combustion d’une lampe à gaz ne diffère en rien de l’eau de la rivière, de l’océan ou de l’eau de pluie que l’on a distillée, car « Water is an individual thing — it never changes » ; et il précise que, si nous pouvons la mélanger pour un certain temps à autre chose, ou la décomposer pour obtenir d’autres choses à partir d’elle, il n’en reste pas moins vrai qu’elle est, « en tant qu’eau, partout la même, à l’état solide ou liquide, ou gazeux ».
§ 107
Dans la version du MS 157 b, après avoir dit que l’exigence se vidait de son contenu, Wittgenstein note entre guillemets : « Phänomenologische Spr[ache] » (signalé par Hilmy, in op. cit., p. 248).
§ 108 et note marginale
À confronter au chapitre du Big Typescript intitulé : « La logique parle des propositions et des mots au sens ordinaire, et non en un quelconque sens abstrait. » Notons que, dans leur première formulation, les thèses ici énoncées sont présentées comme induisant le désaveu du dogmatisme du Tractatus et de sa conception de la généralité logique.
§ 109
Cf. Tractatus, 4.11 : « La philosophie n’est pas une science de la nature. » Toutefois, dans l’une de ses conversations du 9 décembre 1931 avec Schlick et Waismann, Wittgenstein explique : « À l’époque, j’avais écrit dans le manuscrit de mon livre (ce qui ne fut pas imprimé dans le Tractatus) que la solution des questions philosophiques ne saurait jamais nous étonner, qu’on ne peut rien découvrir en philosophie. Mais je n’avais pas encore compris cela moi-même assez clairement, et j’ai péché contre ce précepte » (Wittgenstein et le cercle de Vienne, Mauvezin, T.E.R., 1991, trad. fr. G. Granel, p. 162).
Notons que, dans la version de ce paragraphe qui apparaît dans le Bearbeitete Frühfassung, Wittgenstein affirme ceci : « Nous avons maintenant une théorie “dynamique” [une note renvoie ici à la théorie dynamique des rêves chez Freud] de la proposition, mais elle n’apparaît pas comme une théorie » (in Philosophische Untersuchungen Kritisch-genetische Edition, J. Schulte, éd., Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2001, p. 514). Ce n’est que dans la version de ce paragraphe dans la Zwischenfassung qu’apparaît l’idée qu’il ne faut pas chercher à constituer une théorie philosophique (ibid., p. 635).
§ 111
Dans la Frühfassung, Wittgenstein donnait deux exemples de Witz grammaticaux : le « We call him tortoise, because he taught us » de Lewis Carroll (cf. Alice au pays des merveilles, chap. 9), et celui de la servante qui écrit cent : « 001 » (cf. Lichtenberg, Briefen von Mägden über Litteratur), et il expliquait que la « profondeur de l’absurdité du 001 n’apparaît qu’à celui qui peut, pour ainsi dire, tirer les conséquences de cette erreur d’écriture, et non à celui qui sait seulement qu’on n’écrit pas “cent” de cette façon », et que, de la même façon, le comique du “taught us” réside dans des « rapports qui touchent à la structure propre de notre langage » ; si bien que « Lorsque nous voyons le système de notre langage, nous éprouvons le sentiment de la profondeur. Comme si nous voyions le monde entier à travers son réseau » (Kritisch-genetische Edition, p. 280-281).
La section « Philosophie » du Big Typescript attribue à Lichtenberg l’idée d’un enracinement des problèmes philosophiques dans le langage : « Pourquoi les problèmes grammaticaux sont-ils si difficiles et apparemment si indéracinables ? Parce qu’ils sont liés aux plus anciennes habitudes de pensée, c’est-à-dire aux plus anciennes images incrustées dans notre langage. (Lichtenberg) » (in Philosophica I, p. 32).
Et il faut aussi se souvenir que Malcolm rapporte que Wittgenstein aurait dit qu’un livre de philosophie sérieux et réussi pourrait ne consister qu’en « jokes » (cf. op. cit., p. 23).
§ 112
Dans le MS 157 b, la “comparaison” en question est assimilée à l’idée de « méthode de projection » (cf. Tractatus, 3.11), et Wittgenstein précise que l’« illusion grammaticale » est ce qui empêche de comprendre que la comparaison n’est qu’une comparaison (cité par Hilmy, in op. cit., 64).
§ 117
b) À rapprocher de l’analyse de « Je suis ici », infra, § 514.
À confronter au passage suivant du Big Typescript : « (Tout ce que peut faire la philosophie, c’est de détruire les idoles. Et cela veut dire ne pas en forger une nouvelle, “l’absence d’idole”, par exemple) » (in Philosophica I, p. 24).
§ 120
Dans la version de la Grammaire philosophique, I, § 77, le début de ce qui est dit ici est précédé de cette remarque : « En philosophie, nous ne pouvons pas atteindre une plus grande généralité que dans la vie ou dans les sciences. Ici (comme en mathématiques) nous laissons les choses en l’état. »
§ 121
À rapporter (tout comme le § 120) à la critique de la notion de “métalogique” récurrente (et particulièrement insistante) dans les textes du début des années 30 qui montrent qu’il est impossible de donner un sens métalogique aux concepts psychologiques (comprendre, vouloir dire, “abbilden”, etc.). Cf. par exemple ce passage du MS 110 : « De même qu’il n’y a pas de métaphysique, il n’y a pas de métalogique. Et de même, “comprendre” et “comprendre une phrase” ne sont pas des expressions métalogiques, mais des expressions comme n’importe quelles autres expressions du langage » (cité par Hilmy, in op. cit., p. 43).
§ 122
a), b) sont en substance dans les « Remarques sur le Rameau d’or » (in Philosophica III, Mauvezin, T.E.R., 2001, trad. fr. J.-P. Cometti, É. Rigal, p. 34) et dans la section « Philosophie » du Big Typescript (in Philosophica I, p. 27). Mais dans ces deux versions, la parenthèse comporte une référence à Spengler : « (Une sorte de “conception du monde” qui semble caractéristique de notre temps. (Spengler).) »
Il faut se souvenir que Spengler lui-même dit tenir cette méthode de Goethe (que Wittgenstein a également lu de près).
(Notons que le concept d’“übersichtliche Darstellung” apparaît dès 1930, dans les Remarques philosophiques, § 1 : « L’octaèdre des couleurs est une représentation synoptique des règles grammaticales. »)
§ 124
d) Dans les manuscrits sources et encore dans la protoversion, l’expression « problème majeur de logique mathématique » est attribuée à Ramsey.
§ 125
e) À rapporter aux différents textes où Wittgenstein critique la notion même de “contradiction cachée” (par exemple, Cours sur les fondements des mathématiques, Cambridge 1939, Mauvezin, 1995, trad. fr. É. Rigal, cours XXI).
À confronter à Big Typescript : « L’étude [das Lernen] de la philosophie est vraiment un resouvenir [ein Rückerrinern]. Nous nous remémorons la façon dont nous avons effectivement employé les mots. » (Ce passage est repris dans l’Urfassung des Recherches, cf. Kritisch-genetische Edition, p. 149.)
§ 128
À lire avec le § 599, infra.
§ 130
Dans le TS 220, la phrase suivante apparaît entre la première et la seconde phrase : « Cette conception mène à des distorsions (Nicod et Russell). »
§ 131
Sur la notion d’“objet de comparaison”, cf. le passage suivant des Remarques mêlées, où immédiatement après avoir dit que la notion d’air de famille permet de rendre compte de l’objectif véritable de Spengler (vide supra, § 67), Wittgenstein ajoute ceci : « Je veux dire : L’objet de comparaison, l’objet dont est tirée la façon de voir les choses, doit nous être indiqué [...]. Faute de quoi, tout ce qui vaut pour le paradigme de la théorie, on le prétendra valable volens nolens également pour l’objet dont on fait la théorie, et l’on prétendra qu’“il doit toujours...” » (op. cit., p. 27).
§ 142
Pour une version plus explicite de cette analyse (qui n’est pas sans accent kantien), cf. « Notes sur l’expérience privée et les sense data » (in Philosophica II) p. 49-50 (pour une variante) et p. 85 : « Supposez que tout cela change : Inexplicablement, je vois le sang, parfois d’une certaine couleur, parfois d’une autre, et les gens qui m’entourent profèrent des énoncés différents. Ne pourrais-je pas, dans tout ce chaos, maintenir la signification que je donne à “rouge”, “bleu”, etc., bien que je ne puisse plus désormais me faire comprendre de personne ? »
Sur la « relation de l’expression au sentiment », cf. infra, § 542-545.
§ 142, remarque marginale
Pour une explicitation de la notion de “fait naturel”, cf. infra, II, xii.
§ 144
Selon Hacker et Baker, c’est à Eduard von Hartmann (cité par Schopenhauer, in Le monde comme volonté et comme représentation, I, § 15) que Wittgenstein doit cette référence aux « mathématiciens indiens » (op. cit., p. 277).
À confronter à « Le cahier brun », I, § 62 (op. cit., p. 183-184).
b) Pour comprendre la portée de l’exemple ici analysé, il faut se souvenir que le commencement d’une suite ne correspond pas nécessairement à une seule loi de développement (à une seule formule algébrique). Par exemple : 1, 2, 3, 4, 5 peut être le commencement de la suite des entiers naturels, mais aussi le développement de la formule (n-1) (n-2) (n-3) (n-4) (n-5) + n, auquel cas le terme suivant est : 126.
§ 157
À confronter à « Le cahier brun », I, § 67 (op. cit., p. 194-196).
Quant aux matériaux de base de l’analyse de la lecture qui suit, on les trouvera aussi (pour la plupart) à la fin de la première partie du « Cahier brun ».
§ 186
Sur l’intuition et la décision, cf. Cours sur les fondements des mathématiques, cours II et XXIV, et notamment ce passage où est en fait explicité le « presque » du « il serait presque plus correct » : « Nous pourrions aussi bien dire que nous avons besoin, à chaque étape, non d’une intuition, mais d’une décision. — En réalité, vous n’avez pas plus besoin de l’une que de l’autre. Vous ne prenez pas de décision : vous faites simplement quelque chose. Ce qui est en question est une certaine pratique » (op. cit., p. 247).
§ 188
Cf. infra, § 458.
C’est notamment la conception de l’inférence du Tractatus — l’idée que pour qu’une proposition puisse avoir un sens, toutes ses conséquences doivent être déterminées à l’avance — qui est ici visée.
§ 193-197
On retrouve cette séquence sous une forme presque identique, dans les Remarques sur les fondements des mathématiques, Paris, Gallimard, 1983, trad. fr. M.-A. Lescourret, I, § 125 sq. Mais dans la version des Remarques, entre « Mais “en un certain sens”, il l’est [i. e. présent] » et la phrase suivante du § 195, on lit : « (Nous disons aussi : “Les événements de l’année passée me sont présents.”) » (I, § 126).
§ 199
Pour diverses variantes, cf. Remarques sur les fondements des mathématiques, VI, § 21, 43, 45.
§ 201
La variante du “paradoxe” que l’on trouve dans les Remarques sur les fondements des mathématiques, VI, § 38 (section dont les “editors” disent qu’il contient l’exposé peut-être le plus satisfaisant de la pensée de Wittgenstein sur le suivi de la règle, op. cit., p. 347), permet de se rendre compte que celui-ci n’est pas tant relatif à l’interprétation en tant que telle qu’à son terme. On y lit en effet ceci : « Je dois souvent savoir quelque chose, je dois souvent interpréter la règle avant de l’appliquer. »
D’où la ligne générale de l’argumentation clairement énoncée dans le MS 165 : « Les interprétations et les explications sont, en dernier ressort, au service de la seule pratique » (cité par G. P. Baker et P. M. S. Hacker, in An Analytical Commentary on Wittgenstein’s Philosophical Investigations, vol. 2, Oxford, Blackwell, 1985, p. 136).
§ 202
Cf. MS 165 : « Ce n’est pas l’interprétation qui construit un pont entre le signe et ce qui est signifié. Seule la pratique le peut. »
§ 205
a) Cf. infra, § 337 qui lèvera cette objection.
§ 206
Sur la notion de réaction, cf. notamment Remarques mêlées (1937), p. 46 : « L’origine et la forme primitive du jeu de langage est une réaction ; les formes plus complexes ne peuvent croître que sur celles-ci. Le langage, veux-je dire, est un raffinement. “Au commencement était l’action”. »
Et sur le statut du suivi de la règle, Remarques sur les fondements des mathématiques, VI, § 28 : « Suivre une règle est au FONDEMENT de notre jeu de langage. Cela caractérise ce que nous nommons description. » (trad. mod.)
§ 208
À confronter à Remarques sur les fondements des mathématiques, VI, § 39.
§ 212
À rapprocher de Remarques sur les fondements des mathématiques, VI, § 47.
§ 218
Le MS 165 explicite ainsi la métaphore des rails : « Cela veut dire que l’élément personnel est pour ainsi dire éliminé. Nous suivons une règle comme un train suit les rails, s’il ne déraille pas » (cité par Baker et Hacker, in op. cit., p. 213).
§ 219
d) Les Remarques sur les fondements des mathématiques, quant à elles, disent que l’on suit la règle mécaniquement, en donnant cette précision : « “Mécaniquement”, cela signifie : sans penser. Mais sans du tout penser ? Sans réfléchir » (VII, § 60).
§ 231
Les Remarques sur les fondements des mathématiques expliquent ce que n’est pas cette contrainte (VII, § 27) et ce qu’elle est (VII, § 47-48) en soulignant que le point essentiel est que la réaction (qui constitue le garant de la compréhension) « présuppose certaines circonstances, certaines formes de vie et de langage comme contexte » (§ 47).
§ 232
À rapprocher de Remarques sur les fondements des mathématiques, VII, § 54 sq. qui sont plus explicites sur la question de la technique.
§ 239
Dans les textes sources, ce paragraphe continue ainsi : « Ceci est en rapport avec ce que Frege et (occasionnellement) Ramsey ont dit de la reconnaissance comme l’/une/exigence de la symbolisation. Car quel est le critère du fait que j’ai correctement reconnu à nouveau une couleur ? Peut-être quelque chose comme l’expérience de la joie, lors de la reconnaissance ?) » (cité par Baker et Hacker, op. cit., p. 254).
§ 240
Ce qui est dit ici des mathématiques sera également appliqué aux jugements sur les couleurs, infra, II, xi, p. 316-317.
§ 241
À rapprocher des Cours sur les fondements des mathématiques, p. 187 : « On a fréquemment soutenu [que...] les vérités de la logique sont déterminées par un consensus d’opinion. Est-ce là ce que je soutiens ? Non ? Il n’y a là aucune opinion [...]. Les vérités de la logique sont déterminées par un consensus d’action, par un consensus qui consiste à faire la même chose, à réagir de la même façon. [...] Nous agissons tous de la même façon, marchons de la même façon, comptons de la même façon. »
§ 242
Pour une explicitation de cette thèse, cf. notamment MS 160 : « (Comment l’application d’une règle est-elle fixée ? Veux-tu dire “logiquement” fixée ? Par des règles supplémentaires, ou pas du tout ! — Ou veux-tu dire : Comment se fait-il que nous nous accordions tous à l’appliquer de telle manière et non de telle autre ? Par le dressage, l’entraînement, et les formes de nos vies. Il ne s’agit pas d’un consensus d’opinion, mais d’action) » (cité par Baker et Hacker, op. cit., p. 258).
§ 243
Il existe de nombreuses variantes de l’hypothèse du langage privé présentée en b), et introduite pour la première fois par « Notes sur l’expérience privée et les sense data » en 1935-1936.
a) La situation ici décrite est rapportée au cas de Robinson Crusoé dans les « Notes » ainsi que dans divers manuscrits, notamment dans le MS 124 : « Le langage privé que j’ai décrit précédemment ressemble à celui que Robinson Crusoé peut se parler à lui-même dans son île déserte. Si quelqu’un l’avait écouté et observé, il aurait pu apprendre le langage de Robinson. Car la signification des mots se montre dans le comportement de Robinson. » (La suite immédiate de ce texte est une variante de b) citée par P.M.S. Hacker, in An Analytical Commentary on Wittgenstein’s Philosophical Investigations, vol. 3, Oxford, Blackwell, 1990, p. 22.)
§ 246
L’absurdité dont il est ici question est à rapporter au principe connu dans la littérature secondaire sous le nom de principe de la négation signifiante. (Le § 251 infra en donne une formulation.) Selon ce principe « Je sais que j’ai mal » n’est pas une proposition signifiante, car il n’y aurait aucun sens à nier cet énoncé, mais une “norme de représentation” qui marque les frontières du sens. « Le cahier bleu » disait que dans l’expression “Je sais que j’ai mal” le mot “savoir” est “redondant” (p. 109) et expliquait que demander : « Es-tu certain que c’est toi qui as “mal” ? » serait absurde, car « dans ce cas aucune erreur n’est possible » (p. 125). Ce même argument sera repris infra, § 408. Il arrive à Wittgenstein, notamment dans les « Notes sur l’expérience privée » et les derniers cours qu’il a donnés à Cambridge en 1946-1947 de le présenter en termes d’« asymétrie dans l’expression de l’expérience » — et plus précisément encore d’« asymétrie entre la première et la troisième personne du présent de l’indicatif des verbes psychologiques » ; mais la notion d’“asymétrie” est absente des Recherches.
§ 251
f) Sur le statut des « propositions a priori », cf. Fiches, § 442.
§ 255
La variante de ce passage, qui se trouve dans les Remarques sur les fondements des mathématiques, V, § 53, précise qu’il s’agit de « maladies de l’entendement » et que leur guérison est requise « pour parvenir aux notions de l’entendement humain sain. »
§ 257
À confronter supra aux § 29 et 49.
§ 262
À rapprocher de « Notes pour la conférence philosophique », in Philosophica II, p. 233 : « Pour établir une relation de dénomination, il faut établir une technique d’emploi. »
Cf. infra, II, xi, p. 292 : « Débarrasse-toi toujours de l’objet privé en supposant qu’il change sans cesse, mais que tu ne le remarques pas, parce que ta mémoire te trompe sans cesse. »
§ 279
Certainement une référence implicite au chapitre 1 d’Alice au pays des merveilles, et plus précisément au passage où, après avoir mangé du cake, Alice se demande si elle va grandir ou rapetisser et pour le savoir pose la main sur sa tête.
§ 282
Sur le statut de l’usage (ou signification) “secondaire” des mots, cf. infra, II, xi, p. 304.
§ 290
b) La « différence entre les jeux de langage » ici évoquée est notamment analysée par « Le cahier bleu », op. cit., p. 128 sq., qui établit l’irréductibilité entre « la grammaire d’un énoncé portant sur les sense data et la grammaire d’un énoncé, extérieurement semblable, portant sur les objets physiques ».
§ 294
À rapprocher de « Notes pour la conférence philosophique », in Philosophica II, p. 247 : « Il n’est pas vrai que je vois devant moi des impressions et qu’elles soient les objets primaires. »
§ 302
Pour une explicitation de cette thèse, cf. Fiches, § 638 : « Pas plus que l’impression visuelle, la représentation n’est une image. Ni “représentation”, ni “impression” ne sont le concept d’une image, bien que dans les deux cas, il y ait un lien — différent selon chacun des cas — avec une image. »
§ 305
Les « Notes pour la conférence philosophique », in Philosophica II, p. 240, précisent que ce qu’il s’agit de nier est l’idée que l’impression serait « à l’arrière-plan de l’expression », « au-delà » d’elle.
§ 307
Le MS 124 explique ce qu’est cette « fiction grammaticale » : « Ce qui est en réalité une fiction est l’explication de l’expression [Äußerung] par/ au moyen de/l’objet/privé/du sens interne. La fiction est que, pour que nos mots aient une signification/signifient quelque chose/, ils doivent faire allusion à un quelque chose que je peux montrer, sinon aux autres, du moins à moi-même. (Fiction grammaticale) » (cité par Hacker, in op. cit., p. 133).
a) Sur la distinction de la cause et de la raison, cf. « Le cahier bleu », op. cit., p. 50-54, où il est expliqué que la cause ne peut être que conjecturée à la différence de la raison qui est connue (et nous « procure la route sur laquelle nous marchons »), et où la distinction entre cause et raison est explicitée en référence à la différence entre science et philosophie.
§ 329
À rapprocher du chapitre du Big Typescript intitulé « Gedanken und Ausdruck des Gedankens », et plus particulièrement de ce passage « On n’a pas l’expression en signes et à côté d’elle — pour soi-même — la pensée (à la manière d’une ombre). [...] La pensée n’est pas un processus secret — et nébuleux — dont nous ne verrions dans le langage que de simples indices. »
§ 330
À confronter à l’entrée du 12 septembre 1916 des Carnets 1914-1916 (Paris, Gallimard, 1971, trad. fr. G.-G. Granger) où il est affirmé que « penser et parler [denken und sprechen] sont une même chose », car « das Denken [...] ist eine Art Sprache ».
§ 334
On trouve dans « Le cahier bleu », op. cit., p. 89-90, une version de ce paragraphe où il est précisé que chercher à exprimer une idée « ne consiste pas à la traduire du langage mental dans le langage des mots » et que l’importance de la preuve de l’impossibilité de la trisection tient à ce que cette preuve « nous donne une nouvelle idée de la trisection, une idée que nous n’avions pas avant que la démonstration ne la construise. »
Sur la trisection, cf. aussi infra, § 463.
§ 336
Le « politicien français » est vraisemblablement Rivarol qui écrit, dans son Discours sur l’universalité de la langue française : « Ce qui distingue notre langue des langues anciennes et modernes, c’est l’ordre de la construction de la phrase. Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair. [...] voilà la logique naturelle à tous les hommes. [...] Le français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l’ordre direct, comme s’il était tout raison. »
§ 339
a) Peter Schlemiehl (ou Schlemihl) a vendu son ombre au diable contre une bourse inépuisable, mais il s’en repent car cela ne lui vaut que des déboires, et pour retrouver son ombre, il lui vend ensuite son âme. Cf. Adelbert von Chamisso, La merveilleuse histoire de Peter Schlemiehl (1824).
Le cas Ballard est exposé par William James, dans les Principles of Psychology, New York, Henry Holt and Co, 1890, 1, chap. 9, p. 266-267. Et la thèse générale de James dans les Principles consiste à soutenir que la pensée requiert un matériau, mais que son “mind-stuff” est le plus souvent constitué par des images mentales.
§ 352
C’est le seul passage des Recherches qui aborde la question du tiers exclu que Wittgenstein a longuement discutée, notamment dans la Grammaire philosophique. Cf. op. cit., p. 463-464 ; « Lorsque Brouwer combat l’application de la loi du tiers exclu en mathématiques, il a raison, dans la mesure où il s’oppose à un processus analogue aux preuves des propositions empiriques. [...] En fait, on ne peut pas, par l’exclusion de certaines possibilités, en prouver une de nouvelle, qui ne figure pas dans cette exclusion. »
§ 357
Cf., infra, II, iv : « Le corps humain est la meilleure image de l’âme humaine. »
§ 365
Adélaïde et l’évêque : cf. Goethe, Götz von Berlichingen, acte II, scène 1, didascalie introductive (Bischof Adelheid spielen Schach). La scène s’ouvre sur la fin de la partie d’échecs.
§ 366
a) L’idée d’une construction logique de l’objet physique à partir des sense data est la thèse centrale que Russell met en avant dans « The Relation of Sense Data to Physics » (1914). Le § 401 évoquera une autre formulation de cette thèse : l’idée que les sense data sont « les matériaux de construction de l’univers ».
§ 372
Ce paragraphe apparaît tel quel dans la Grammaire philosophique, I, § 133, où l’on peut lire aussi en marge : « à rapprocher peut-être du paradoxe des mathématiques qui sont constituées de règles ».
Cf. aussi infra, § 497, et Les cours de Cambridge 1930-1932, où l’on peut lire ces deux remarques : « À une nécessité dans le monde, correspond une règle arbitraire dans le langage » ; « Les règles grammaticales sont arbitraires, mais leur application ne l’est pas » (p. 66-67).
§ 379-381
À rapprocher des § 601-605 infra qui poursuivent l’analyse de la reconnaissance.
§ 383
Sur la question du nominalisme, cf. MS 129 : « On peut nous appeler “nominalistes” si l’on ne se rend pas compte que la limite tracée par une définition ne l’est qu’en raison de l’importance [Wichtigkeit] de cette limite. Et les propositions qui expliquent cette importance ne sont pas relatives au (ne portent pas sur le) langage. » (cité par Baker et Hacker, in op. cit., vol. 1, p. 265).
§ 385
Les questions ici posées trouveront leur réponse infra, II, xi, p. 304 : « Ce n’est qu’à quelqu’un qui a appris à calculer — par écrit ou oralement — que l’on peut faire saisir, au moyen de ce concept de calcul, ce qu’est le calcul mental. »
§ 386
b) Les mêmes phrases réapparaissent Verbatim infra au § 594 c).
§ 390
Dans le MS 165, la question est introduite en référence à Spinoza : « Mais Spinoza n’a-t-il pas dit que si une pierre était consciente, elle croirait qu’elle tombe par terre parce qu’elle le veut ? » (cité par Hacker, op. cit., p. 261).
§ 398-400
À rapprocher des analyses plus détaillées de l’« espace visuel » et de l’« espace physique » que l’on trouve dans « Le cahier bleu », op. cit., p. 129-131.
§ 401
Dans le cadre d’une analyse similaire, les « Notes pour la conférence philosophique » parlent d’hypostase (in Philosophica II, p. 237).
§ 402
La nature des controverses entre idéalistes, solipsistes et réalistes, et les illusions qu’elles induisent sont analysées dans « Le cahier bleu », op. cit., p. 99-101 et 111-118.
§ 406
Sur le non-recouvrement entre “je” et “L W.” et le caractère non réifiable de “je”, cf. infra, § 410, et les analyses du « Cahier bleu », op. cit., p. 119 sq.
§ 410
À rapprocher du § 38 supra. (Rappelons que non seulement Russell concevait “ceci” comme le nom propre paradigmatique, mais encore qu’il présentait “je” comme un « nom propre ambigu ».)
§ 412
Il y a vraisemblablement ici une critique implicite de James qui écrit : « Après avoir pleinement reconnu l’abîme insondable qui sépare l’esprit de la matière, [...] l’étudiant en psychologie devra ensuite prendre conscience de l’association de ces deux ordres de phénomènes. [...] Ils sont si intimement associés que quelques-uns des plus grands penseurs les considèrent comme différents aspects d’un même processus » (op. cit., I, p. 135).
Quant à l’allusion à la théorie des ensembles qui réapparaîtra infra au § 426 (dans un contexte similaire) et en II, xiv, voir plus particulièrement pour une explicitation de la position de Wittgenstein sur cette question, Grammaire philosophique, II, 40.
Il faut ici se souvenir que Wittgenstein refuse l’idée même d’une fondation de l’arithmétique élémentaire sur la théorie des ensembles, puisqu’il remet en cause l’idée d’une définition du nombre par l’équinuméricité, et que, d’une façon plus générale, il refuse les pouvoirs fondationnels que certains des protogonistes du début sur les fondements des mathématiques ont accordé à cette théorie. Von Wright souligne du reste qu’il considérait la théorie des ensembles, de même que le béhaviourisme, comme « un cancer profondément enraciné dans le corps de notre culture, doté d’effets pervers sur cette partie de notre culture que sont les mathématiques » (G. H. von Wright, « Wittgenstein et son temps », in Wittgenstein, op. cit., p. 222).
§ 413
Cf. William James, Principles of Psychology, I, chap. 10, p. 301 : « Quand on l’examine de façon précise, on découvre que le “Soi des soi” consiste pour l’essentiel en la collection de ces mouvements particuliers qui se produisent dans la tête et entre la tête et la gorge. Je ne dis pas pour l’instant qu’ils ne consistent qu’en cela, car je me rends bien compte de l’extrême difficulté de l’introspection, en ce domaine. »
§ 435
a) Le thème du « rien de caché » est repris infra au § 559. Notons qu’au début des années 30, il est introduit en référence à la logique. Voir par exemple Les cours de Cambridge 1930-1932, p. 62 : « En logique, rien n’est caché. »
§ 436
Cf. Augustin, Confessions, XI, 28.
§ 440 et 442
Ces remarques sont en fait une critique implicite des thèses sur l’attente, le désir, la faim, etc. soutenues par Russell dans Analysis of Mind (1921), thèses que Wittgenstein a longuement discutées au début des années 30. Voir par exemple Les cours de Cambridge 1930-1932 : « Selon Russell, il est nécessaire de faire appel à un tertium quid entre l’attente et le fait qui la remplit [...]. Mais comment sais-je qu’il s’agit bien du bon tertium quid ? [...] Russell traite le souhait (attente) et la faim comme s’ils étaient sur le même niveau. Mais il est diverses choses qui peuvent satisfaire ma faim, tandis que mon souhait (attente) ne peut être rempli que par une chose bien définie », p. 10.
§ 441
b) « Car les souhaits nous cachent à nous-mêmes l’objet du souhait » est en fait une citation de Goethe : Hermann und Dorothea, Polhymnia, der Weltbürger, vers 68 (cf. trad. fr. Hippolyte Loiseau, Hermann et Dorothée, Paris, Aubier, 1991, p. 113).
§ 464
À lire infra avec le § 524, c).
§ 512
Pour une variante, cf. Grammaire philosophique, I, § 83. Notons que bien des matériaux des dernières séquences des Recherches proviennent également de la Grammaire (et, à travers elle, du Big Typescript).
§ 513
Bien entendu ces deux phrases sont dénuées de sens. En ce qui concerne la première en effet elle revient à dire que le livre aurait une seule page (ce qui est évidemment absurde), puisque l’équation x3 + 2x - 3 a une seule racine entière : x = 1. (Ses deux autres solutions ne sont pas réelles. Elles sont , où i désigne une racine carrée de - 1.) Quant à la seconde, elle est également absurde puisque l’équation n2 + 2n + 2 = 0 ne possède pas de solution réelle (ni a fortiori entière). (Ses deux solutions sont : -1 + i, et : - 1 - i.)
§ 518
Cf. Théétète, 189 a. Voir aussi le commentaire que fait Wittgenstein de ce passage dans la Grammaire philosophique, I, § 90 et § 114, dans le cadre d’une analyse (critique par rapport au Tractatus) de la thèse de l’harmonie entre pensée et réalité.
§ 522
Pour une explicitation de la différence entre portrait et tableau de genre, cf. notamment Grammaire philosophique, I, § 114.
§ 525
b) Repris verbatim infra au § 534 c).
§ 528
« Mit Zungen reden » (« parler en langues ») est la traduction par Luther d’un passage de la première épître de Paul aux Corinthiens, 14, 5.
§ 531
Sur le statut spécifique de la compréhension d’un poème, on se souviendra de ce que Wittgenstein dit de sa propre compréhension d’un poème de Klopstock : « J’ai découvert que, pour le lire, il fallait scander son mètre de façon anormale. Klopstock écrivait etc., au début de ses poèmes. Quand j’ai lu ses poèmes de cette manière nouvelle, je m’exclamai : “Ah, maintenant je sais pourquoi il a procédé ainsi !” [...] Je me suis trouvé dire en souriant : “C’est une grande chose”, etc. Mais j’aurais pu ne rien dire » (« Leçons sur l’esthétique », 1938, Leçons et conversations, Paris, Gallimard, 1971, p. 21).
§ 556-558
À confronter à Tractatus 5.512, 6.231 d’une part, et d’autre part aux formulations (récurrentes dans les textes et cours du début des années 30) de l’idée que les règles du signe de négation, loin de refléter l’essence de la négation, constituent la négation.
§ 558
À confronter à Tractatus, 3.323.
§ 559
Pour une explicitation de la notion de « corps de signification », voir par exemple Grammaire philosophique, I, § 16 — l’idée (ou plutôt l’illusion) étant que la signification des mots et de leurs possibilités d’assemblage pourraient être pensées sur le modèle des possibilités de combinaisons de corps invisibles, cachés sous des surface visibles.
§ 568
b) Cf. infra, II, vi : « Tout mot — aimerait-on dire [...a...] toujours un caractère — un visage. Il nous regarde en effet. »
§ 578
La conjecture de Goldbach dit que tout entier naturel pair supérieur à 2 peut s’écrire comme somme de deux nombres premiers. Elle est aussi évoquée par « Le cahier bleu », op. cit., p. 48.
§ 581
À rapprocher du § 337 supra qui développe une thèse analogue sur l’intention.
“Agnoszieren” que nous traduisons par “reconnaître” est un terme technique de la psychologie notamment employé par Freud.
§ 610
a) Le début de ce paragraphe est tiré du TS 228, où il est précisé ceci : « Nous avons en tête un idéal particulier de description. Peut-être celui de la composition d’un arôme à partir d’un ensemble précis d’éléments aromatiques » (cité par Baker et Hacker, op. cit., vol. 1, p. 161).
b) Sur la référence à James (« Es fehlen uns die Worte », traduit par G. E. M. Anscombe par : « Our vocabulary is inadequate »), cf. notamment Principles of Psychology, I, chap. 9, p. 251 : « Notre vocabulaire psychologique est tout à fait inadéquat pour décrire de telles différences [i. e. entre essayer de se souvenir du nom de A et de celui de B], si importantes soient-elles. »
Il convient de confronter cette approche de la question de la volonté à celle de « la volonté qui met en mouvement le corps humain » qui est esquissée par les Carnets 1914-1916 (p. 145, 161-163).
§ 618
a) Cf. Augustin, Confessions, VIII, ix, où n’apparaît cependant pas exactement la formule : « Ma volonté ne m’obéit pas. »
§ 654
Ce qui est dit ici de l’“Urphänomen” sera explicité notamment par le § 648 des Remarques sur la philosophie de la psychologie (I) (Mauvezin, T.E.R., 1989, trad. fr. G. Granel : « Le concept d’expérience vécue [...] de “ce qui se passe”, [...] de processus d’état, de “quelque chose”, de fait, de description et de compte rendu. Nous nous figurons qu’ici nous prenons pied sur la terre ferme de l’origine, plus profond que toutes les méthodes et tous les jeux de langage spécifiques. Mais ces termes [...] se rapportent en fait à une quantité énorme de cas spéciaux, mais cela ne les rend pas plus fermes, cela les rend seulement plus fuyants. »
§ 656
a) La notion de “primäre” dont il n’y a qu’une occurrence dans les Recherches est très présente dans les textes du début des années 30 qui parlent d’« objet primaire », de « système primaire », mais aussi de « langage primaire » (versus « secondaire »).
Et dans un passage qui permet de mesurer la distance qui, sur cette question, sépare les Recherches des textes du début des années 30, l’expression « das Primäre » était ainsi caractérisée : « Je crois que cette erreur tient à la conception de la signification comme représentation qui accompagne le mot. Et cette notion [...] est elle-même liée à celle de conscience. À ce que j’ai toujours nommé le primaire » (cité par Hilmy, in op. cit., p. 53).
vi
P. 258
Sur « le sentiment du si », cf. James, Principles of Psychology, I, chap. 9, 3, p. 245-246 : « Dans le discours humain, il n’existe pas de conjonction ou de préposition, et peut-être même pas de phrase adverbiale, de forme syntactique, ou d’inflexion de voix qui n’exprime pas une nuance ou une autre de la relation dont nous avons effectivement ressenti, à un moment donné, qu’elle existait entre les objets plus vastes de notre pensée. [...] Nous devrions parler d’un sentiment du et, d’un sentiment du si, d’un sentiment du mais, et d’un sentiment du par aussi volontiers que nous parlons d’une impression du bleu ou d’une sensation du froid. »
P. 269
Ce que Wittgenstein nomme « le paradoxe de Moore » — et que Moore expose notamment en 1942, dans A Reply to My Critics et dans un manuscrit publié à titre posthume par T. Baldwin sous le titre « Moore’s Paradox » — a trait au statut des verbes psychologiques à la première personne du singulier de l’indicatif présent. Ce paradoxe prend acte du fait qu’il y a certaines choses que je ne peux pas asserter avec sens à mon propre sujet — que, par exemple, « Je ne crois pas qu’il pleuve, mais en réalité il pleut » est un non-sens ; ou plus simplement, dans la formulation qu’en donne Wittgenstein, quelques paragraphes après avoir évoqué le nom de Moore, que : « S’il existait un verbe signifiant “croire faussement”, il n’aurait pas de sens à la première personne du présent de l’indicatif. »
xi
P. 275
Les Remarques sur la philosophie de la psychologie (7), § 20, lèveront l’“objection” dont il est ici question de la façon suivante : « La question de savoir s’il s’agit d’un voir ou d’une interprétation prend naissance dans le fait qu’une interprétation est l’expression de l’expérience. Et l’interprétation n’est pas une expression indirecte, mais une expression primaire de l’expérience. »
Pour « vision continue », les Études préparatoires à la seconde partie des Recherches philosophiques, Mauvezin, T.E.R., 1985, trad. fr. G. Granel, § 463, donnent : “chronique” (ou, variante : “statique”).
P. 278
Cette référence à la notion de “Modell” (qui était une notion centrale du Tractatus) est explicitée dans les Études préparatoires. Cf. § 495 : « La copie décrit la perception dans son ensemble. Le modèle, auquel je me réfère encore, décrit l’une de mes façons de voir. On pourrait dire aussi : l’expérience visuelle vécue » ; et § 500 : « Ainsi la référence au modèle, au-delà encore de la copie, peut-elle faire partie de la description de l’expérience visuelle vécue. Alors elle ne fait pas partie de la description de la perception visuelle. »
P. 281
Dans les Études préparatoires, § 599, la référence à Lewis Carroll est précisée : À travers le miroir.
P. 284
Rappelons, au sujet des nombres imaginaires (telles les racines négatives), qu’ils furent longtemps considérés comme des symboles sans signification que l’on manipulait, ou comme des entités absurdes ; et cela jusqu’à ce qu’on leur trouve une représentation géométrique.
P. 287
Notons que l’expression « fines nuances du comportement » est récurrente, cf. infra, p. 289 et p. 292.
Le sens du précepte « Débarrasse-toi toujours de l’objet privé en supposant... » est précisé par les « Notes pour la conférence philosophique » (in Philosophica II, p. 236) dans les termes suivants : « Le point important ici est qu’un objet essentiellement privé ne peut justifier l’emploi d’un mot ni pour les autres, ni pour le sujet lui-même. L’objet privé n’entre pas dans le jeu public, mais de surcroît, il ne peut pas non plus entrer dans le jeu privé. »
P. 294
Là où les Recherches disent : « qu’il y a un sens à dire qu’il a eu l’expérience de telle et telle chose », la variante des Études préparatoires, § 734, dit : « qu’il a vécu une certitude ».
P. 295
Nous suivons ici la variante des Études préparatoires, § 744, qui parlent de “Gesichtausdruck” là où les Recherches parlent de “Gesichteinsdruck” (qui nous est apparu problématique).
P. 298
L’idée que l’on perçoit une relation interne entre un objet et d’autres au moment de l’apparition de l’aspect est accréditée par diverses remarques des Études préparatoires (par exemple § 516, § 733), mais on lit néanmoins, au § 506 : « Voir l’aspect, cela veut-il dire percevoir la relation interne ? Quelque chose en moi parle contre cette idée, mais quoi ? »
P. 304
Sur les raisons de l’impossibilité d’un conflit entre « signification initiale » et « signification figurée » (ou « secondaire »), cf. notamment Études préparatoires, § 57 : « Je n’emploie pas le mot pour quelque chose d’autre, mais dans une situation autre. »
P. 308
Sur la référence à James, cf. Principles of Psychology, I, chap. 9, p. 252 : « Supposez que nous essayons de nous remémorer un mot que nous avons oublié. Nous sommes dans un état de conscience particulier. Il y a là une brèche qui n’est pas une simple brèche. C’est une brèche intensément active. Il s’y trouve une sorte d’apparition du nom qui fait signe dans une certaine direction et nous donne des frissons à l’idée que nous y sommes presque, mais qui ensuite nous replonge dans l’attente du mot. »
P. 310
L’exemple « J’ai deux mains » invoqué par Moore dans sa célèbre « Proof of an External World » sera longuement discuté dans De la certitude, et son analyse conduira Wittgenstein à soutenir que Moore est tombé dans un véritable “guêpier” philosophique.
« La Terre a existé pendant les cinq dernières minutes » est une allusion implicite à Russell (Outline of Philosophy, chap. 1) que Wittgenstein a discuté de façon précise dans ses cours au début des années 30 (cf. G. E. Moore, « Les cours de Wittgenstein 1930-1933 », in Philosophica I, p. 134-138). (La thèse soutenue par Russell est qu’il n’est pas logiquement impossible que le monde ait existé depuis cinq minutes seulement.)
P. 311
Les Remarques sur la philosophie de la psychologie (I), § 147 contiennent la variante suivante : « Tout un nuage de philosophie condensé en une gouttelette de pratique symbolique (symbolischer Praxis). »
P. 313
L’intérieur et l’extérieur, Mauvezin, T.E.R., 2000, trad. fr. G. Granel, p. 52, explicite en ces termes la formule “l’intérieur nous est caché” : « L’intérieur nous est caché, cela veut dire qu’il est caché pour nous en un sens où il n’est pas caché pour lui. Et s’il n’est pas caché à son possesseur, c’est au sens où celui-ci l’extériorise et où nous prêtons foi, dans certaines conditions, à cette extériorisation, sans qu’il y ait là aucune erreur. C’est cette asymétrie du jeu que l’on exprime quand on dit que l’intérieur est caché à autrui. »
P. 315-316
Les notions de certitude objective, de certitude subjective et de certitude mathématique seront au centre des analyses de De la certitude.
P. 318
Cf. Molière, Le Misanthrope, acte I, scène 2.
xiv
P. 324
La remarque sur la psychologie comme « jeune science » est manifestement dirigée contre Köhler. Le chapitre 2 de sa Psychologie de la forme s’intitule en effet : « De la psychologie comme jeune science. »
1. Pour la préface, de même que pour les paragraphes de la première partie comportant plusieurs alinéas, j’indique l’alinéa concerné par mes remarques sous la forme : a), b), c), etc.