I. Sehr langsam.

Hier, c’était la première journée du printemps. Une saison où les plaines bucoliques sont régies par un soleil chaleureux, des nuages clairs et vifs, et des gerbes superbement colorées.

La neige a fondu, regrettant sûrement de ne pouvoir nous harceler davantage. Il m’est difficile d’imaginer ce à quoi ressemblait le paysage sous son emprise.

Tout est mou, tout se dissout, tout éclot. Le chat qu’Émilie m’a obligé à adopter se vautre dans un bain de soleil décadent et mousseux, tenant dans la patte une partie de la plante araignée qu’il a assaillie tout l’après-midi, un dimanche après-midi où le ciel a postillonné nonchalamment avant de s’excuser, où on aurait fait l’amour parce qu’il n’y avait rien de bon à la télé. Un après-midi qui se serait allongé au-delà d’un matin lent et difficile, au-delà d’un matin qui colle à la peau. Un après-midi dont je suis maintenant délivré, en l’absence d’Émilie, par la bouteille.