Épilogue

Plus d’un an avait passé. Alice était de retour dans sa maison de Oak Street, où elle avait également emmené Max. Gabrielle s’était faite à l’idée, mais elle le surveillait de loin. Son handicap était un frein à toute tentative de violence, mais elle ne voulait pas courir de risques. Anthony et elle avaient, comme ils l’avaient décidé, vendu leurs anciennes propriétés. Ils avaient gardé celle de Québec quelques mois de plus, le temps que Gabrielle termine ses études universitaires. Elle était maintenant pharmacienne. Anthony, lui, avait repris son emploi, mais il avait diminué sa charge de travail.

Un dimanche, il avait emmené Gabrielle en balade jusqu’à Verchères, à son grand ravissement. Elle avait retrouvé sans problème la maison de son enfance, qui avait peu changé. Anthony lui avait souri.

— Tu veux retenter le coup de Oak Street?

— Tu crois que ça pourrait marcher?

— Tu as bien réussi une fois!

Malheureusement, même avec l’aide d’Anthony, elle n’était pas parvenue à convaincre le jeune couple de leur vendre la maison. Ils avaient fait contre mauvaise fortune bon cœur et avaient trouvé une autre résidence un peu plus loin, avec vue magnifique sur le fleuve. Malgré la différence d’âge que craignait tant le journaliste, le couple menait une vie normale. L’histoire qu’ils avaient apprise ensemble avait été un ciment très solide, et les événements de Waterville avaient contribué à renforcer leur respect mutuel. Ils s’étaient même mariés, entourés de leurs amis les plus proches.

Ce jour en était un très spécial. On fêtait l’anniversaire de Gabrielle. Pour l’occasion, Alice avait fait le voyage jusqu’à Verchères. Elle était seule, Max ne se sentant pas capable de venir. Anthony regardait avec admiration sa jeune épouse qui exhibait un petit ventre rond. Il comprenait mieux, maintenant, le message que Valérie lui avait murmuré en rêve. Il allait enfin connaître les joies de la paternité. C’était sa chance. Même s’il faisait gris à l’extérieur, le soleil régnait à l’intérieur de la demeure.

Au début de leur relation, alors qu’ils étaient attablés devant un bon repas au restaurant Montego de la rue Maguire, Anthony avait fait remarquer à Gabrielle qu’il ne connaissait pas sa date d’anniversaire. Elle avait pris le temps d’avaler sa bouchée en souriant.

— Tu ne me croiras pas si je te le dis.

— Pourquoi? Non, attends, laisse-moi deviner… Hum! J’ai bien une date en tête, mais je ne peux pas croire…

— Eh oui! je suis certaine que tu y as pensé et tu as raison. Je suis née…, roulement de tambour, le 22 novembre 1982.

— Tu ne cesseras jamais de me surprendre. Santé!

— Santé!