Un ding ! pour un han !

Apendi était tranquillement installé au tribunal en train de bavarder avec un juge, quand deux artisans, l’un portant une hache, l’autre portant une scie, vinrent porter plainte. Celui qui portait la hache formula la plainte suivante :

– Nous nous sommes mis d’accord sur une somme d’argent à donner par un client qui voulait faire fendre son bois. Chaque fois que j’abattais ma hache pour fendre le bois, mon associé, assis en face de moi, poussait un han ! à chaque coup de hache. Quand j’ai eu fini de fendre le bois, au moment où le patron allait me payer, cet associé que voilà a réclamé la moitié de l’argent et a commencé à chercher noise.

– Bon, qu’as-tu à dire pour ta défense ? dit le juge à l’autre.

– Que puis-je répondre, messire, si ce n’est qu’il m’a embarqué dans une drôle de galère. Mon associé est en train de me faire une cruelle injustice. Chaque fois qu’il abattait sa hache, afin de ne pas rester inactif, je poussais un han ! pour l’aider. Mon associé s’est fatigué à donner des coups de hache, mais moi je me suis fatigué à pousser des han ! C’est pourquoi je réclame de votre équité et en toute justice que me soit donnée la moitié de la somme.

Le juge ne sachant pas trop quoi faire tourna la tête vers Apendi. Celui-ci se leva de sa place, réclama qu’on lui donne l’argent reçu pour la découpe du bois. Mettant deux-trois pièces de monnaie sur l’ongle de son pouce, il les fit voler en l’air. En touchant le sol les sous tintèrent. À chaque ding ! Apendi disait au porteur de la scie : « As-tu bien entendu ? » Puis en rendant l’argent au porteur de hache qui avait fendu le bois, il formula sa sentence contre l’autre :

– Pour chaque han ! que tu as prononcé tu as obtenu un ding ! Tu as donc reçu ton dû, et maintenant fiche ton camp d’ici.

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