Petite bio

J’ai cru important, en début de livre, de vous parler un peu de moi en termes « historiques » pour que vous puissiez mettre des dates, des noms et un peu de chronologie dans mes histoires. Pour ce qui est des visages, je préfère laisser votre imagination travailler.

Née le 27 mars 1967, je suis la troisième d’une famille de quatre enfants : mes sœurs aînées, Jeanne et Brigitte, nées respectivement en 1963 et en 1966, et la benjamine, Estelle, née le même jour que moi, en 1974. Je n’ai donc joui que de sept ans d’anniversaires solo… mais je suis fière de partager cette journée spéciale avec ma petite sœur. Mes parents, Louis-Marie et Lucie, se sont connus dans la jeune vingtaine et ils forment un couple depuis. Nous devrons d’ailleurs nous rencontrer très bientôt, mes sœurs et moi, pour organiser leur cinquantième anniversaire de mariage. Quant à nos mariages à nous, les filles Pilote, eh bien ! ils n’ont jamais eu lieu. Aucune d’entre nous ne s’est mariée, mais chacune a connu (et connaît encore) la vie de couple et la vie de famille.

Mon père est ingénieur et ma mère a consacré sa vie à l’éducation de ses filles. Lors du recensement, dans la section « occupation », elle tenait à inscrire « éducatrice ». Vous aurez l’occasion, au fil de ces pages, de faire la connaissance de cette femme formidablement avant-gardiste, féministe, marginale et unique qu’est ma maman à moi. Mon papa à moi maintenant : un homme chaleureux que toutes les filles aimeraient avoir comme père, très dévoué, attentionné, travaillant, énergique, la tête toujours remplie de projets. La phrase qu’il a le plus entendue dans sa vie : « Pauvre homme, tout seul avec cinq femmes. » Puis, quand les premières petites-filles sont arrivées, la phrase était dite plus férocement, à la différence près que le chiffre augmentait : « Pauvre Louis, tout seul avec neuf femmes », parce que la lignée de filles s’est rendue jusqu’à neuf avant que les petits gars arrivent (Henri et Francis, les garçons de ma sœur Jeanne). La marche s’est fermée avec la petite dernière, Elsa, fille de ma sœur Estelle. Chez nous, même les animaux étaient féminins : Mamine et Coquine, les deux chattes de la famille.

Vous remarquerez que je ne parle pas beaucoup de mon papa dans mes récits. Je tiens à vous dire que ce n’est absolument pas par manque d’intérêt envers lui, mais bien parce que j’ai voulu baigner dans un univers féminin pour écrire ce livre. Les souvenirs de mon enfance ont été teintés des femmes autour desquelles j’ai gravité : ma mère, mes tantes, mes sœurs, mes cousines, mes amies, mes filles. J’ai grandi dans une maison unifamiliale, en banlieue, dans un immense rond-point (le seul de la ville) constitué de dix-huit maisons. C’était comme une ville microscopique avec tout ce qu’elle comportait d’étrangeté, de solidarité et de diversité. J’ai fait tout mon primaire à l’école du quartier, sauf une partie de ma troisième année. Nous avions suivi mon père qui devait alors se rendre fréquemment chez Bombardier à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Au secondaire, j’ai fréquenté la polyvalente De Mortagne, à Boucherville. Je pratiquais des activités parascolaires telles que le théâtre et l’improvisation, mais j’excellais aussi dans l’art de manquer plusieurs semaines d’école par année pour travailler sur des plateaux de tournage. À l’âge de quatorze ans, je fus choisie par Micheline Lanctôt pour tenir le premier rôle dans un film québécois, Sonatine, film qui a remporté le Lion d’argent à Venise en 1984 et qui mettait en vedette Pascale Bussières et moi-même, dans le rôle de deux adolescentes aux prises avec le mal de vivre. J’ai étudié en lettres au cégep Édouard-Montpetit et, à ma dernière session, j’étais obligée de m’asseoir sur une chaise à part, car avec ma grosse bedaine, je ne « rentrais » pas dans les chaises soudées aux tables de travail. Eh oui, à l’âge de dix-neuf ans, j’étais enceinte de ma première fille, Adèle, qui est née en 1987. La même année, quelques mois plus tard, j’entrais à l’UQAM en communication. Pour passer le plus de temps possible avec mon bébé, je fréquentais l’université à raison de un ou deux cours par session. J’ai vécu cinq ans avec son père, Jacques. Après notre séparation, notre relation a toujours été harmonieuse. Adèle a vécu en mode garde partagée pendant treize ans. À cette époque, les gardes partagées n’existant pas, je devais me battre à son école primaire pour écrire les deux adresses sur le formulaire d’inscription. Quand Adèle a eu dix ans, elle a reçu une petite sœur en cadeau, disons une petite demi-sœur. J’ai accouché de Madeleine alors que j’avais vingt-neuf ans. Nous avons quitté ma ville natale pour aller vivre dans la ville voisine. Le père de Madeleine est un homme formidable du nom de Mario, avec qui j’ai vécu onze ans. Lorsque Madeleine a eu neuf ans, nous avons choisi de continuer à former une merveilleuse famille, mais sans habiter sous le même toit. Je suis revenue vivre dans ma ville natale et j’ai acheté un condo à côté de celui de ma sœur. Nous songeons chaque jour à faire un trou dans le mur pour ne pas avoir à sortir l’hiver quand on veut se parler. Ma sœur a deux filles, Alice et Clara. Cette dernière a le même âge que Madeleine. Les deux filles sont dans la même classe et elles s’entendent à merveille ; des inséparables, comme leur mère respective.

Depuis vingt ans, je travaille dans le milieu des communications soit à titre de chroniqueuse, de recherchiste, « d’idéatrice », de conceptrice, de scénariste, d’auteure, de comédienne ou d’animatrice, et j’ai collaboré à des dizaines d’émissions de télévision. J’ai publié deux romans pour la jeunesse : Estelle et moi et Émilie le jour et la nuit. J’ai fait de la radio pendant plusieurs années et j’ai enseigné le théâtre dans des écoles primaires. Je roule ma bosse en tant que travailleuse autonome, ce qui m’a toujours permis de garder ma liberté, de travailler à la maison, de recevoir mes enfants à dîner et, surtout, de n’appartenir à personne. Si je veux aller faire mon épicerie un mardi après-midi, je n’ai pas peur qu’on me surprenne. Je ne sais pas d’un mois à l’autre de quoi sera faite ma réalité professionnelle et j’aime ça. Si on m’offrait un job de 9 à 5 (même si c’est dans le milieu des communications), avec un salaire faramineux, je vous jure que je refuserais. Ma liberté n’a pas de prix. Ce que j’aime par-dessus tout et qui rend ma vie si belle ? La lecture et le cinéma. Je vois au moins un film par semaine, ma survie en dépend. Je lis au moins deux livres par semaine, ma survie en dépend aussi. Où est-ce que je prends tout ce temps ? Je dois couper ailleurs. Je n’ai pas beaucoup d’amies. J’aime plusieurs personnes, mais de vraies amies, je n’en ai que deux. Il y a aussi le fait qu’avec mes trois magnifiques sœurs, mes nièces, mes neveux et mes parents, à qui je parle quotidiennement et que je visite au moins deux fois par semaine, on peut dire que ma vie sociale est remplie. Ces cinq dernières années, je me suis lancée en affaires avec ma sœur Brigitte. Nous avons fondé notre maison de production : Productions Les sœurs Pilote inc. Nous avons lancé notre site Internet lesgermaines.tv, où nous produisons des capsules humoristiques. Pour réaliser ce site, nous avons emprunté de l’argent à nos parents et c’est ainsi qu’un an plus tard, nous en arrivons à la conclusion qu’un site Internet, c’est un mode de communication absolument génial pour la liberté de création et pour la souplesse du médium. Nous allons continuer de le développer, c’est à suivre. Depuis plus de deux ans, je vis le grand amour avec Cœur Pur, un homme merveilleusement bon, tendre, magique et bienfaiteur. Cœur Pur et moi n’habitons pas sous le même toit, mais nous sommes souvent ensemble. Nous vivons de façon marginale un grand bonheur simple. Il a quatre enfants, trois d’une première union et un petit dernier d’une deuxième union. Nous avons donc à nous deux six beaux enfants, engendrés par six parents différents. (Êtes-vous assez mélangés ?) Cœur Pur et moi ne nous sommes jamais chicanés et on se pince encore chaque jour tellement on se trouve chanceux de s’être rencontrés. Tous les matins, je consacre au moins quatre-vingt-dix minutes à ma vie spirituelle : méditation, écriture, lectures inspirantes. J’ai besoin de ce temps d’arrêt pour ma création, pour mon équilibre, pour comprendre ma vie, la vie, et j’aime par la suite transmettre aux autres le fruit de mes découvertes. Il y a eu les membres de ma famille, ensuite mes amies et maintenant, il y a vous à qui je veux parler de la vie, ma vie, cette belle grande vie comme je l’aime.