Avec mon noyau

Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’ai voulu dans la vie. La détermination, la volonté, ne jamais lâcher, c’était moi ça. Tout est possible, on défonce des portes, on n’accepte pas un refus. On travaille fort, on se bat, on essaie de faire rentrer une forme carrée dans un trou rond.

J’ai tellement voulu.

En couple, par exemple, y a-t-il situation plus décourageante que de forcer pour obtenir de l’autre ce qu’il ne sera jamais capable de donner, tout simplement parce que ce n’est pas sa tasse de thé ? Connaissez-vous l’histoire de la prune qui tombe en amour avec une banane ? Au début, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Peu à peu, la banane aimerait que la prune se transforme pour lui ressembler davantage. Alors la prune devient jaune ; elle fait des exercices tous les jours pour allonger et elle y parvient admirablement. La banane est heureuse, mais il y a toujours un petit quelque chose qui cloche, sans qu’elle sache exactement quoi. Puis, un jour, elle comprend que peu importe si la prune se transforme, se dénature, elle portera toujours en elle son noyau ! Morale de cette histoire : honorons notre essence profonde et cessons de forcer pour être ce que nous ne sommes pas fondamentalement. Cette métaphore de la prune vaut pour toutes les situations où j’ai envie de me forcer et me transformer, que ce soit dans ma vie professionnelle, dans ma façon de faire les choses, dans ma vie amoureuse ou dans ma relation avec mes enfants.

J’ai souvent pris la vie avec des forceps : tirer sur les projets et les choses pour qu’ils aboutissent. Puis j’ai fini par comprendre quelque chose : on ne peut pas toujours se battre pour faire changer les choses. Si je trouvais ma rivière à moi, j’allais cesser de ramer à contre-courant. Si je plaçais toute cette belle énergie à m’occuper de mon bateau, j’allais enfin pouvoir atteindre les buts si chers à mon âme. Si je consentais à laisser les autres vivre la vie qu’ils veulent vivre, et ce, même s’ils ne compostent pas, même s’ils sont malheureux en amour, même si leur maison n’est pas feng shui, même si leur conjoint ne fait pas sa juste part, même si leur ado s’alimente mal et écoute trop la télé, même s’ils sont en train de se tuer au travail, ça ne me regarde pas. Je n’ai pas à forcer pour eux et avec eux. Je sais maintenant ce que j’ai à faire et je le fais de plus en plus facilement. Me concentrer sur le rayonnement que j’ai envie d’avoir dans mon entourage, et ce, sans donner de conseils ou vouloir aider qui que ce soit à s’en sortir. J’ai terminé ma carrière de sauveuse. Je comprends que chaque personne évolue selon son rythme et abat ses peurs selon son courage et son parcours de vie. Je sais que je suis née avec une force différente des autres, pas meilleure, pas supérieure, mais différente. Rarement une peur m’a empêchée d’avancer et, si c’était le cas, je la soignais jusqu’à ce qu’elle me foute la paix. Peur de manquer d’argent ? Il y aura toujours des solutions. Peur de manquer d’amour ? J’ai eu le bonheur de naître dans une famille qui n’était jamais back order dans l’amour ; il y en avait tout plein et c’est encore comme ça. Sans blague, quand une personne a la chance de côtoyer mes parents et mes sœurs, à l’occasion d’une fête ou d’un repas, il n’est pas rare que cette personne en ressorte bouleversée, transformée même, tant l’amour, la chaleur et l’accueil ressenti touchent droit au cœur. Peur de manquer de temps ? Même quand le temps était plus rare dans ma vie, j’ai toujours su trouver des solutions pour m’assurer d’avoir ma dose. Pendant des années, elles étaient insatisfaisantes, mais je n’ai jamais eu peur de manquer de temps. Peur de manquer d’inspiration ? Jamais, surtout pas depuis que je suis branchée sur mon canal créatif et que je m’autorise à écrire et à partager avec vous mes belles trouvailles. Je vous en suis redevable en grande partie. Je sais que vous aimez la belle prune que je suis. Avec mon noyau.