C’EST HIPPOCRATE QUI LE premier, dès l’Antiquité, évoque la « loi de similitude ». Selon lui, « l’application des semblables fait passer de la maladie à la santé », ce qui, en d’autres termes, signifie, comme en témoigne l’expression populaire « soigner le mal par le mal », qu’un remède peut guérir des symptômes analogues à ceux qu’il peut produire.
Paracelse, à la fin du Moyen Âge, découvre à son tour cette loi et en fait le principe de la médecine dite « spagyrique », médecine qui applique la « théorie des signatures » pour combattre les désordres à l’origine de la maladie.
Mais c’est Samuel Hahnemann, médecin allemand, qui, à l’aube du XIXe SIÈCLE (1796), redécouvre le principe de similitude et fonde l’homéopathie lorsqu’il réalise que l’écorce de quinquina provoque les mêmes symptômes que la « fièvre tierce ». La médecine d’alors, encore très proche de celle croquée dans les pièces de Molière, entre dans une ère nouvelle : celle du champ de l’expérience. En 1810, il publie Organon der heilkunst, véritable bible des homéopathes, qui connaîtra six éditions successives dont une posthume.
À la fin de sa vie, Hahnemann exerça à Paris où, déjà à l’époque, son talent était reconnu par les patients mais sa pratique haïe par l’Académie de médecine qu’il dérangeait. La dépouille de Samuel Hahnemann repose aujourd’hui au Père-Lachaise.
C’est dans les années 1830 que l’homéopathie commence à se répandre en France, mais ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’elle prendra son essor grâce à l’industrialisation de sa production.
SELON LA DÉFINITION OFFICIELLE, « l’homéopathie est une substance médicamenteuse capable de déterminer des troubles pathologiques dans un organisme en bonne santé, qui peut guérir des troubles analogues dans un organisme malade. »
Homéopathie
Étymologiquement, l’homéopathie ou homœopathie vient du grec ομοιοζ (hómoios) qui signifie « similaire », et παθοζ (pathos) qui signifie « souffrance », s’opposant ainsi à l’allopathie qui, associant « souffrance » à αlοζ (alos), « autre », s’appuie sur le « principe des contraires ».
Par extension sémantique, l’adjectif « homéopathique » est utilisé dans le langage courant pour désigner une dose minime d’un produit, alors que l’origine étymologique du mot « homéopathie » tient bien dans la similitude. À ce faux sens, on peut ajouter un contresens fréquent concernant la phytothérapie dont le mode de fonctionnement est une méthode de soin allopathique, bien que rarement perçue comme telle.
La loi dite de « similitude » constitue la base de l’homéopathie : pour guérir une affection, on choisit le remède parmi ceux qui auraient provoqué les mêmes symptômes chez un individu sain.
Par exemple, lorsqu’un patient a un accès de température, on utilise le remède BELLADONNA. De la même façon, la belladone prise à dose toxique donne de la fièvre.
Cette loi, découverte par Hippocrate durant l’Antiquité et vérifiée par Hahnemann à la fin du XVIIIe siècle, aboutit au simillimum qui est au centre de la consultation homéopathique. Ce dernier tient en trois postulats :
Toute substance prise par un individu sain produit un ensemble de symptômes caractéristiques de cette substance, symptômes qui diffèrent selon l’état et la constitution de l’individu en question.
Tout individu malade présente un ensemble de symptômes caractéristiques de son mode de réaction face à la maladie. Par exemple, lors d’une grippe, chaque individu développe différemment une réaction avec une température plus ou moins élevée et des courbatures plus ou moins intenses.
La substance qui, à faible dose, permet la guérison, est appelée simillimum : elle provoque chez l’individu sain les mêmes symptômes que chez l’individu malade.
En expérimentant de multiples substances toxiques sur un individu sain, validant à l’infini le principe de similitude, Hahnemann a l’idée de réduire les doses pour diminuer les effets secondaires. Il constate alors que loin de nuire à l’activité du remède, la dilution de ce dernier a même tendance à renforcer son action. Pour homogénéiser le mélange lors de chaque dilution, on procède à ce que l’on appelle la « dynamisation », qui consiste à secouer efficacement plus de 100 fois la préparation. Bien qu’à un certain niveau de dilution il ne reste plus de substance de base, de nombreux essais ont prouvé l’effet clinique et biologique des très hautes dilutions : l’eau étant un maillage complexe de milliards de molécules reliées mais toujours en mouvement, il est possible qu’elle soit influencée durablement par l’introduction de la substance de base et les turbulences de la dynamisation.
À noter
La thermoluminescence accrédite l’effet de l’homéopathie. Habituellement utilisée pour la datation archéologique, la thermoluminescence est une propriété de tous les solides d’émettre de la lumière après irradiation et chauffage ; les chercheurs ont comparé l’eau dynamisée avec une substance homéopathique à celle de l’eau neutre, et ont pu constater des changements permanents, même à des niveaux de dilution où aucune molécule de la substance de base n’était plus présente.
Contrairement à la médecine classique allopathique qui fragmente l’acte médical en de multiples spécialités associées aux fonctions vitales de l’organisme, l’homéopathie s’intéresse au patient en tant que personne dans son ensemble.
C’est ce qui explique la spécificité de la consultation homéopathique : au-delà des symptômes qui poussent le patient à consulter, le médecin explore dans son interrogatoire la maladie et ses modalités d’apparition, mais aussi le contexte psychologique, le mode de vie et même l’histoire du patient. C’est tout autant des détails qui peuvent paraître anecdotiques que des symptômes apparemment plus importants qui permettront ensuite à l’homéopathe de déterminer le remède le plus adéquat, clé de l’efficacité du traitement.
IL EXISTE TROIS GRANDS types de dispositions aux pathologies : la psore, la sycose et la luèse. Chaque individu est plus ou moins prédisposé à présenter certains types de pathologies de manière récurrente et/ou chronique. Les causes de ces pathologies sont nombreuses : il y a les facteurs héréditaires, les effets liés à la médication ou aux maladies connues aux époques antérieures, mais aussi le mode de vie et l’environnement de l’individu en question.
La psore est le mode réactionnel le plus fréquemment rencontré parmi les quatre diathèses*. À l’origine, Hahnemann considérait la psore comme induite par la gale, terme englobant la gale elle-même mais aussi les diverses affections cutanées qui se caractérisent par une démangeaison, une desquamation ou un suintement. La psore peut être déclenchée par certains facteurs liés au mode de vie comme la sédentarité, la pollution, une alimentation trop riche, l’alcool et le tabac. Le mode réactionnel psorique concerne la peau, les muqueuses et les séreuses. Les symptômes sont les suivants :
récidive périodique des manifestations cutanées ou des problèmes au niveau des muqueuses ;
peau souvent malsaine, d’aspect rugueux ou sujette à l’eczéma, aux furoncles, etc. ;
alternance avec d’autres sphères atteintes comme les sphères ORL, pulmonaire, digestive et génito-urinaire ;
aggravation des symptômes au contact de l’eau ou par forte chaleur.
Les deux grands remèdes de la psore sont SULFUR et PSORINUM.
Hahnemann reliait la sycose aux suites de blennorragie. Depuis, la connaissance des causes de la sycose a beaucoup évolué, et l’on estime à l’heure actuelle que les facteurs déclenchants sont liés aux effets de la vaccination et de certains médicaments comme les antibiotiques et les corticoïdes. Le mode réactionnel sycosique a les caractéristiques suivantes :
propension à l’obésité avec rétention d’eau ;
catarrhe chronique des muqueuses et tendance aux infections uro-génitales ou rhino-pharyngées récidivantes (ORL) ;
production de petites tumeurs cutanées avec une prédisposition aux verrues et aux condylomes ;
évolution vers les rhumatismes ;
tendance à un état psychique dépressif ;
aggravation des symptômes par le froid et l’humidité.
Les remèdes les plus importants préconisés pour la sycose sont THUYA, SILICEA, CAUSTICUM et MEDORRHINUM.
Hahnemann rattachait la luèse aux effets de la syphilis. Depuis, l’étiologie de la luèse s’est considérablement élargie. Les chercheurs ont découvert que la prédisposition à la luèse pouvait par exemple être une conséquence de l’alcoolisme héréditaire des générations lointaines. Parmi les facteurs déclenchants, on trouve souvent des intoxications diverses à l’alcool, aux drogues et aux médicaments. Le mode réactionnel luétique a des caractéristiques similaires à celles des diathèses psorique et sycosique, notamment lorsque les organes sont particulièrement affectés. Les symptômes des sujets luétiques sont les suivants :
instabilité générale, tendance à une certaine perversité, mauvais vieillissement des fonctions cérébrales ;
relâchement des tissus élastiques (vaisseaux, ligaments conjonctifs) ;
sécheresse et fissure de la peau et des muqueuses ;
atteinte cardiovasculaire (hypertension, artérite), atteinte rhumatologique (arthrose, pathologie discale, fragilité des ligaments) ;
aggravation des signes pendant la nuit.
Les principaux remèdes utilisés en cas de luèse sont MERCURIUS SOLUBILIS, AURUM METALLICUM, PLUMBUM et FLUORICUM ACIDUM.
Le mode réactionnel dit « tuberculinique », qui n’a aucune relation directe avec la tuberculose, est à rattacher au terrain psorique. Parmi les facteurs déclenchants, on retrouve les facteurs infectieux (hépatite virale, mononucléose et certaines vaccinations, notamment le BCG), les facteurs psychologiques comme le surmenage ou les chocs affectifs. Les signes de tuberculinisme, que l’on trouve le plus souvent chez l’enfant ou le jeune adulte, sont les suivants :
sujets longilignes, nerveux, hypersensibles et qui se fatiguent rapidement ;
infections ORL et pulmonaires à répétition (otite, bronchite, rhino-pharyngite, sinusite) ;
affections génitales accompagnées de troubles des règles et de secrétions génitales ;
faim excessive avec une tendance à l’amaigrissement ;
aggravation des troubles en bord de mer et amélioration en montagne.
Les grands remèdes du tuberculinisme sont CALCAREA PHOSPHORICA, NATRUM MURIATICUM, SILICEA, PHOSPHORUS, PULSATILLA, et bien sûr TUBERCULINUM.
LE CONCEPT DE « constitution » est apparu au début du XXe siècle. L’objectif était de créer une classification des patients afin de décrire les constitutions physiques qui prédisposent à certains types de maladies.
Trois constitutions sont classiquement décrites, mais beaucoup d’individus ont des constitutions mixtes. Pour chacune d’elles, on observe des constantes physiques et psychologiques ainsi que des sensibilités et réactions communes aux affections et aux traitements, mais le choix d’un traitement se fait toujours et avant tout à partir des symptômes physiques et fonctionnels que présente le patient lors de l’observation clinique ; la constitution d’un sujet n’est qu’un outil supplémentaire mis à la disposition du médecin pour lui permettre de préconiser les remèdes les mieux adaptés.
Le sujet carbonique a une morphologie plutôt trapue, des dents alignées bien carrées et des doigts courts. Il présente une hypolaxité ligamentaire (articulations peu souples), ce qui lui donne un aspect plutôt rigide avec une démarche régulière et de la précision dans l’action.
D’un tempérament souvent opiniâtre et régulier, le sujet carbonique est conformiste, respectueux des règles, peu enclin aux nouveautés et fidèle à ses engagements.
Ses pathologies sont souvent liées au mode réactionnel de la psore (maladies de la peau, allergies et infections respiratoires), et les patients de ce type ont tendance à être sujets à la sclérose et/ou à l’embonpoint.
Les principaux remèdes préconisés pour ce type de sujets sont CALCAREA CARBONICA, SULFUR et LYCOPODIUM.
Contrairement au type précédent, le phosphorique est un individu à silhouette longiligne et élancée ; ses doigts sont longs et ses dents sont plus hautes que larges. Ses articulations présentent une laxité ligamentaire normale qui se traduit par une attitude souple avec des gestes amples et élégants.
Spontané et hypersensible, le phosphorique est un sujet particulièrement émotif, et il n’est pas rare qu’il alterne des périodes d’abattement et d’enthousiasme.
Ses pathologies sont souvent liées au mode réactionnel du tuberculinisme (maladies infectieuses ou virales et grande nervosité). En outre, les sujets phosphoriques sont enclins aux problèmes concernant les systèmes nerveux et cardiovasculaire, ainsi qu’à une grande fatigabilité.
Les grands remèdes utilisés pour améliorer la santé de ces patients sont CALCAREA PHOSPHORICA, NATRUM MURIATICUM et PHOSPHORUS.
Le sujet fluorique présente des caractéristiques de dystrophie*, d’asymétrie et d’hyperlaxité ligamentaire (articulations très souples), ce qui lui donne une silhouette irrégulière voire déséquilibrée, avec des dents souvent mal plantées et sujettes aux caries.
En général, le fluorique est intuitif, sujet à l’anxiété voire à l’instabilité. Ce trait de caractère lui confère des prédispositions artistiques, assorties parfois d’un mode de vie asocial. Il peut, dans certains cas, manifester des comportements pervers.
Ses pathologies s’expliquent la plupart du temps par les effets de l’hyperlaxité et la fragilité des tissus de soutien ; il peut ainsi avoir des problèmes ostéo-articulaires (propices aux luxations, aux tendinites, etc.), des varices et un mauvais vieillissement de la peau.
Les remèdes pour ce type de sujets sont CALCAREA FLUORICA, MERCURIUS SOLUBILIS, ARGENTUM NITRICUM et BARYTA CARBONICA.
Les remèdes homéopathiques sont fabriqués à partir de substances provenant des trois règnes de la nature : minéral, végétal et animal. Les souches sont obtenues par trituration (broyage des produits non solubles) ou par macération dans l’alcool (pour les produits solubles). La souche est ensuite divisée au 1/100 dans un solvant hydrosoluble, en général de l’alcool à 70 degrés.
On utilise les souches minérales sous forme de sels naturels, de produits chimiques ou de métaux, par exemple le sel marin, le soufre, le phosphore, le calcium, le magnésium, le fluor, etc.
Pour constituer les remèdes, on prépare des extraits alcooliques de plantes appelés « teintures-mères », en macérant la plante (par exemple l’arnica, le thuya…) dans de l’alcool pendant quelques jours.
C’est la source de plus de la moitié des remèdes, d’où l’expression usuelle – mais impropre puisque ce n’est pas la seule – de « médecine par les plantes » pour qualifier l’homéopathie.
Pour obtenir des souches à base animale, on utilise soit l’animal entier (on broie par exemple l’abeille pour obtenir de l’APIS), soit une partie de l’animal (le LACHESIS est produit à partir du venin de serpent), soit ses sécrétions, comme le remède SEPIA fabriqué avec de l’encre de seiche.
À noter
Les remèdes homéopathiques existent en différentes présentations : il y a les triturations, les formes liquides (gouttes ou ampoules buvables), les formes pâteuses (suppositoires et pommades), et enfin les granules ou doses de globules (petites sphères de sucre ou saccharoses) qui sont aujourd’hui la forme la plus communément utilisée.
Les biothérapiques sont des substances issues de sécrétions ou d’excrétions qui apparaissent lors de certaines maladies comme le pus ou les squames de gale par exemple. Ils peuvent également être fabriqués à partir de secrétions de tissus animaux ou de matière végétale.
Les isothérapiques sont un cas particulier de biothérapiques car ils sont préparés à partir d’une souche fournie par le malade lui-même (cela est interdit en France).
Lors de l’élaboration d’un médicament homéopathique, la substance de base est diluée dans un solvant neutre, généralement l’eau, au 1/100. Le produit est alors fortement agité : c’est la dynamisation. La « dilution homéopathique » est à nouveau diluée au 1/100, puis dynamisée à nouveau, etc.
Pour obtenir la première dilution 1 CH (centésimale hahnemannienne), il faut diluer 1 part de substance dans 99 parts d’un solvant neutre (eau ou alcool), puis dynamiser en agitant au moins cent fois le flacon. Pour obtenir la dilution en 2 CH, on répète l’opération en prélevant une part de la solution 1 CH et en la mélangeant à 99 parts du solvant, et ainsi de suite…
Dans un flacon, on verse une part de la substance à diluer pour 99 parts de solvant ; on agite énergiquement pour la dynamisation et l’on obtient la première dilution en mesure korsakovienne, c’est-à-dire 1K. Pour fabriquer une solution en 2K, on vide le flacon sans le rincer, lequel sera à nouveau rempli de solvant, puis on le secoue.
Les remèdes homéopathiques existent en différentes dilutions. Selon le mal observé (aigu ou chronique, mais aussi localisé ou plus général), on détermine le choix de la dilution à utiliser.
Elles seront prescrites pour soigner les maladies aiguës et localisées. Les prises doivent être répétées tout au long de la journée (souvent toutes les 15 minutes), puis être espacées dès que l’on note une amélioration.
Elles seront prescrites pour soigner les maladies plus générales. Comme pour les basses dilutions, il faut d’abord répéter les prises tout au long de la journée, puis les espacer avant de s’arrêter lorsque la guérison est totale.
Elles seront prescrites pour soigner les pathologies psychiques. Les traitements varient et peuvent durer plusieurs semaines voire plusieurs mois.
À noter
Choisir au milieu de trente dilutions centésimales peut paraître complexe. En fait, il faut raisonner en fonction du niveau de similitude, relativement aux signes observés et à la catégorie des symptômes. Plus les symptômes sont localisés, plus les dilutions sont faibles (de 4 à 7 CH). De même, plus les symptômes sont multiples et généralisés, notamment lorsqu’il s’agit de la sphère psychique, plus les dilutions sont hautes (de 15 à 30 CH). Lorsqu’on se trouve dans un cas intermédiaire, on utilise la dilution en 9 CH.
Dans tous les cas, le niveau de dilution du remède, c’est-à-dire son intensité, doit correspondre à la nature de la pathologie (générale, locale, psychologique ou physique) : le degré du remède se mesure en fonction du degré de la pathologie.
Souvent nommée « médecine globale ou holistique », l’homéopathie fait porter l’attention du médecin sur le patient en tant que personne, malade ou bien portante, dans l’unité de son être et la spécificité de ses réactions. Lorsqu’une pathologie est avérée, l’organisme est déréglé et l’homéopathie apporte alors son soutien, non pour anéantir la maladie mais pour aider à la combattre.
On peut utiliser l’homéopathie pour soigner un certain nombre de pathologies sensibles, mais également l’associer à un traitement allopathique pour le compléter et/ou amoindrir des effets secondaires. On peut également avoir recours à l’homéopathie régulièrement pour conserver la forme et une bonne santé.
La recherche systématique de la totalité des symptômes présentés par le patient, ajoutée au passage en revue de l’ensemble de ses particularités génétiques, physiques et réactionnelles ainsi que de ses modalités et de son mode de vie, caractérise la consultation homéopathique.
Le dialogue qui s’établit entre le médecin et son patient lors d’une première consultation est un balayage à 360° de ce qu’est le patient (tout et parties) ; il fait appel à une écoute active et à l’intuition du médecin, c’est pourquoi le diagnostic peut prendre un certain temps. Le praticien applique ainsi le célèbre « principe de similitude » en recherchant consciencieusement le remède le plus semblable.
Le traitement prescrit à l’issue de la consultation est donc totalement personnalisé : il prend en compte la manifestation pathologique mais aussi le patient dans sa globalité.
Les symptômes, simplement interprétés sur le plan diagnostique par la médecine classique, sont, dans le cadre homéopathique, observés également en tant que manifestations par l’organisme d’une adaptation difficile à un stimulus extérieur. Le symptôme s’exprime alors comme une tentative de guérison mais aussi comme un moyen de communication globale, traduisant dans sa diversité et dans son ensemble l’originalité réactionnelle d’un individu.
La variété des réactions observées chez les différents patients à un même stimulus avait poussé Hahnemann à faire varier un à un les paramètres de l’expérimentation, ce qui a conduit à définir la sémiologie homéopathique. Ainsi, les symptômes provoqués par l’administration d’une substance sont décrits en fonction du patient (sexe, âge, poids…), mais aussi selon les caractéristiques de l’expérience (doses, fréquence, etc.). C’est de cette façon que l’on réalise l’étude complète d’une « drogue » expérimentée, nommée la « pathogénésie » d’un médicament.
On appelle « modalités » les conditions d’amélioration ou d’aggravation d’un signe (la douleur par exemple) par différents facteurs généraux tels la température extérieure, la position du patient, les aliments, etc., ou des facteurs plus précis comme le mouvement, le repos ou le ressenti au toucher. Ces indications, ayant peu d’intérêt pour la médecine classique, sont souvent très utiles à l’homéopathe pour identifier le remède adéquat pour traiter son patient. Un symptôme banal devient un signe homéopathique lorsqu’il traduit le mode de réaction de l’organisme face à la maladie.
À noter
La notion de « diathèse* » représente le mode réactionnel général d’un sujet ; l’identifier a pour but d’élaborer une thérapeutique de fond, c’est-à-dire de traiter le terrain ou les pathologies chroniques.
LES LIMITES DE L’HOMÉOPATHIE sont de deux ordres. Elles concernent d’une part les indications purement médicales (l’homéopathie ne remplace pas une chirurgie ou ne guérit pas certaines maladies graves comme le cancer), et d’autre part, l’homéopathie dépend de l’expérience du praticien. En effet, la complexité de la sémiologie homéopathique (voir toutes les notions décrites plus haut qui interviennent dans l’établissement du diagnostic et de la définition du traitement personnalisé) nécessite une grande expérience de la pratique homéopathique.
L’homéopathie peut néanmoins accompagner une chirurgie en apportant des bénéfices pré et postopératoires ; elle peut également prévenir l’apparition de certaines maladies graves en traitant le terrain des patients dont la prédisposition d’occurrence est avérée. De même, certains homéopathes chevronnés obtiennent des résultats surprenants sur des pathologies difficiles à soigner et pour lesquelles il n’existe pas de traitement allopathique.
Pour chaque manifestation des symptômes lors d’une observation clinique, on distinguera les traitements dits « de base » ou « de première intention » qui s’appliquent à tous pour une même pathologie. Ils traitent les symptômes apparaissant sans prendre en compte le terrain du patient (par exemple, le remède ARNICA est indiqué dans tous les traumatismes avec hématomes).
À noter
Les spécialités homéopathiques sont des mélanges de plusieurs remèdes, en général cinq à dix, associés pour leur capacité à avoir une action fonctionnant en synergie. Ces remèdes, dont le concept même peut sembler assez contradictoire avec l’approche personnalisée du traitement homéopathique, sont souvent utilisés dans le cadre de l’automédication ; c’est alors l’organisme de chaque patient qui « fait le tri ».
La notion de traitement de fond est fondamentale en homéopathie. Il existe, chez chaque individu, un « terrain » particulier qui contribue à la défense de l’organisme contre les agressions extérieures. Lorsque l’organisme se trouve débordé, il faut essayer de le faire réagir plus efficacement. Le traitement de fond a un rôle curatif, mais on peut également lui faire jouer un rôle préventif, ce qui permet d’éviter les rechutes. Au-delà des symptômes locaux (passés et présents), le traitement de fond prend en compte la personne dans sa globalité avec ses particularités. « Il n’y a pas de maladies, il n’y a que des malades. »
Globalement, plus on est dans une pathologie aiguë et locale, plus les prises doivent être rapprochées : c’est le cas pour les infections et les douleurs aiguës (pour lesquelles les prises peuvent aller d’une prise par heure à une prise par jour) ; ce traitement sera de courte durée, jusqu’à amélioration puis guérison.
En revanche, plus on est dans des pathologies présentant des symptômes chroniques sans caractère violent, plus on espace les prises (en allant d’une prise par semaine à une prise par mois), et plus le traitement sera long.
Il faut retenir aussi que plus une pathologie s’améliore, plus il faut espacer les prises.
À noter
Dans la pratique courante, les granules sont volontiers plus utilisés pour les prises quotidiennes, et les doses-globules sont mieux adaptées aux prises espacées. Cela dit, en pratique, dix granules équivalent à une dose. C’est le nombre de prises journalières plus que le nombre de granules qu’il importe de respecter, surtout dans les cas de pathologies aiguës.
Prendre les granules à distance des repas solides, c’est-à-dire 15 minutes avant le repas ou une heure après.
Ne pas toucher ou manipuler les granules avec les doigts mais les verser directement sous la langue pour les laisser fondre lentement.
Ne pas manger de menthe au moins 45 minutes avant la prise (ni utiliser de dentifrice à la menthe ou au menthol) et ne pas fumer (ni avant ni après la prise).
L’homéopathie est une médecine qui se prête plutôt bien à l’automédication en ce sens qu’elle ne peut pas être toxique. Cependant, l’automédication a ses limites. En effet, il n’est pas toujours aisé d’établir un diagnostic juste à partir des symptômes observés et ressentis. En outre, la finesse de la sémiologie de l’homéopathie requiert un grand savoir et le recul nécessaire pour identifier le remède pertinent. Aussi, tout ouvrage ne doit en aucun cas remplacer une consultation chez le médecin ; la consultation médicale reste toujours nécessaire pour éliminer une pathologie grave nécessitant une intervention plus adaptée.
Toutefois, le but de cet ouvrage est de vous permettre de soulager des maux aigus ou chroniques en vous aidant à identifier, grâce à des signes simples et parfois surprenants, les pathologies et leurs remèdes associés.
Chaque année, de nouveaux pays accordent un officiel aux médicaments homéopathiques.
En Europe, l’harmonisation de la législation concernant les médicaments homéopathiques a franchi une étape avec une reconnaissance officielle du médicament homéopathique dans l’ensemble des pays de l’Union. Après la première directive « médicament » adoptée par l’Union européenne en 1965, le statut du médicament homéopathique a été reconnu officiellement en 1992 par l’adoption de deux directives portant sur les médicaments homéopathiques à usages humain et vétérinaire.
Cette reconnaissance communautaire témoigne de l’intégration du médicament homéopathique dans l’univers médical et pharmaceutique européen.
Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) reconnaît depuis 1938 la pharmacopée homéopathique américaine.
Au Canada, le contexte réglementaire des médicaments homéopathiques a évolué depuis 2003 : tout en gardant un numéro d’enregistrement, le médicament homéopathique est entré depuis le 1er janvier 2004 dans la catégorie des produits de santé naturels.
Au Brésil, l’homéopathie est une spécialité médicale reconnue depuis 1980 par le Conselho Federal de Medecina.
Dans les Émirats arabes unis, le ministère de la Santé a mis en place une réglementation homéopathique en 2001, constituant une zone d’influence pour plusieurs pays de la région.
En Inde, plus de 250 000 praticiens homéopathes et 75 000 auxiliaires médicaux prescrivent de l’homéopathie. Cette spécialité est inscrite dans le système national de santé indien à côté de la médecine.
Depuis les années 1950, la recherche expérimentale en homéopathie s’est progressivement organisée selon des critères scientifiques de plus en plus rigoureux. Des scientifiques et des universitaires d’horizons divers s’intéressent aujourd’hui aux mécanismes de l’homéopathie, et le nombre de publications scientifiques de qualité est sans cesse croissant.
La question est de savoir si les principes de l’homéopathie ne correspondent pas à des lois plus générales que l’on retrouve à différents niveaux de la recherche, et que l’homme n’a jamais voulu voir avant la perception d’Hahnemann.
Différentes études biologiques ont montré l’effet de certaines substances lorsqu’elles sont hautement diluées. En voici quelques-unes :
Sensibilisation allergique. Des recherches in vitro ont été menées et l’on a constaté que l’histamine à dose homéopathique pouvait réduire la sensibilisation des basophiles impliqués dans les phénomènes allergiques.
Aspirine et saignement. L’aspirine utilisée à dose allopathique modifie le temps des saignements en fonction de la dilution utilisée.
Intoxication par les métaux lourds. Une étude sur l’intoxication des rats par de l’arsenic a démontré l’intérêt de celui-ci employé à dose homéopathique (ARSENICUM ALBUM 7 CH) pour augmenter l’élimination de ce métal toxique dans l’organisme.
À noter
Hahnemann est le premier des chercheurs en homéopathie. C’est en testant sur lui, puis sur des proches, les symptômes provoqués par l’absorption de faibles doses de quinquina qu’Hahnemann découvre que cette substance provoque toxicologiquement des accès fébriles sur un corps sain, semblables à ceux pour lesquels il est employé comme agent thérapeutique sur un corps souffrant du paludisme.