– LUC-LA-BETE –
« L’homme est une bête – l'animal n'est qu'une facette.»
- Luc -
Luc sentit monter en lui une fureur incommensurable.
Un raz-de-marée émotionnel dont la puissance poussait chaque molécule de son corps vers la transformation animale.
Son frère venait de mourir. Cette terrible nouvelle avait anéanti son humanité.
Un hurlement gronda depuis ses entrailles puis explosa dans l'air humide.
Chaque créature des environs cessa immédiatement son activité, probablement terrorisée, pétrifiée, guettant la terrible présence du « monstre » à l'origine de ce cri effroyable.
Des lambeaux de vêtements voletèrent un peu partout sur le lit tendre de la forêt. Dernier vestige humain... à présent, seule la bête foulait le tapis de mousse moite.
Et c'est sur ses quatre pattes que Luc-La-Bête décida de courir. Maître absolu de sa peine... de sa colère et sa rage. Il réclamait vengeance !
Non, il ne tuerait pas l'assassin.
Du moins, pas tout de suite.
Il détruirait ce à quoi il tenait le plus. Une fois cette tâche accomplie, alors seulement là, il extirperait le cœur de la poitrine de l'odieux criminel.
Luc-La-Bête s'arrêta, prit le temps de se nourrir : tant de kilomètres le séparaient encore du lieu où il souhaitait se rendre... de son but.
Après plusieurs journées passées à galoper à travers bois, un matin elle se matérialisa devant ses yeux.
Cette petite ville qui renfermait trop de secrets et beaucoup de monstres...
Au prix d'un énorme effort – La Bête refusait de céder sa place – il redevint Luc Lejoillier : un charmant jeune homme blond au physique séduisant, mais désespérément... nu comme un ver.
Ennuyeux.
Son ouïe particulièrement fine perçut des sons non loin de lui, une poignée de mètres, à peine. Il se concentra afin de mieux les identifier : des gloussements féminins ?
Luc sourit.
Certainement un jeune couple faisant des galipettes champêtres...
Il s'approcha doucement puis repéra les deux jeunes gens tendrement enlacés sur une couverture à même le sol. Le jeune Thérianthrope jaugea d'un rapide coup d’œil l'homme. Ce dernier faisait à peu près sa taille, ça conviendrait.
Il s'avança avec une assurance dénuée de toute pudeur.
Ce fut la femme qui le vit en premier. Elle étouffa un cri effrayé, croyant se trouver devant un pervers. L'homme, lui aussi, afficha un air terrorisé. Son manque flagrant de courage écœura Luc.
— Je ne vous veux aucun mal. Je veux juste tes vêtements à toi ! Annonça-t-il en désignant d'un bref mouvement du menton, le compagnon de la jeune fille.
Il ne put s'empêcher d'offrir un sourire prédateur à la demoiselle qui, une fois la terreur passée, ne se gêna pas pour le détailler d'un air appréciateur.
Même s’il n'en mourait pas d'envie, le petit ami se rebiffa. Quelque chose de primitif lui insuffla certainement un sursaut d'énergie... Même si cet instinct lui affirmait également que l'homme blond entièrement nu était très dangereux.
Et surtout qu'il ne devait pas chercher à se mesurer à lui ! Cependant, sous la férule d'une poussée d'hormone masculine, le fiancé refusa de perdre trop vite la face devant sa compagne.
— Non, mais ça ne va pas ! Je ne sais pas pourquoi vous êtes à poil, d'ailleurs je m'en contrefous, mais je ne vais certainement pas vous passer mes fringues !
Luc éclata de rire.
Allons donc, ce n'était pas le moment opportun pour jouer les petits mâles dominants ! Ce type était-il stupide ou simplement inconscient ?
Le Thérianthrope s'approcha lentement du jeune homme et, avant que ce dernier n'ait pu esquisser le moindre geste, il le saisit par le cou pour le soulever de terre. Sa « prise » se mit à gigoter dans tous les sens dans l'espoir de se défaire de la poigne d'acier de l'inconnu.
— Ne me force pas à m'énerver... je le suis déjà bien assez comme ça. Me mettre réellement en colère signerait ton certificat de décès, crétin. File-moi tes vêtements et basta ! grogna Luc entre ses dents.
— Oui... oui, c'est bon, capitula le jeune homme d'une voix étranglée.
Tandis que le pauvre garçon se déshabillait fébrilement, Luc sentait le regard appuyé de l'humaine. Il tourna lentement la tête dans sa direction, puis plongea ses yeux azur dans les siens.
Elle était mignonne, sans plus.
Ses lèvres s'étirèrent lentement en une moue narquoise.
Le Thérianthrope n'allait pas lui ravir sa petite fiancée. Les humaines n'étaient pas ses partenaires de prédilection pour l’accouplement : trop fragile, rien ne valait les griffes d'une louve.
Non, il souhaitait juste s'amuser pendant que son mec abandonnait ses frusques contre son gré.
Luc se redressa en faisant rouler ses muscles sous sa peau, exposant ainsi son corps aux yeux de la demoiselle. Cette dernière se troubla illico.
Peut-être que finalement...
— Tenez ! persifla le jeune homme en remarquant le manège de Luc.
Lejoillier arqua ses sourcils tout en prenant les habits.
L'autre n'avait gardé que son caleçon, ses chaussettes et la paire de baskets. Le Thérianthrope darda son regard sur ces dernières.
— Je veux aussi les chaussures, gardez les chaussettes et le caleçon, déclara-t-il en appuyant sur ce dernier mot avec amusement.
Luc se vêtit avec des mouvements emplis de grâce animale, en sachant pertinemment que la jeune fille n'en perdait pas une miette. Cela le divertissait un peu.
Mettre un autre mâle en position de soumission était toujours jouissif, surtout pour un Thérianthrope.
— Inutile de vous dire qu'avertir les flics serait une grave erreur, surtout quand on a consommé de l'herbe...
Luc jeta un regard goguenard au couple interloqué.
Il descendit le chemin menant à la ville en sifflotant, laissant derrière lui les jeunes gens sans voix.
Même s’il avait l'air maître de lui, une part de La Bête restait là, proche, prête à s'accaparer de son être à la moindre fissure de son self-control.
« Bientôt, bientôt... »
Le Thérianthrope devait d'abord se rendre à la banque et s'acheter des vêtements.
Après, il pourrait mettre son plan à exécution.
***
Il l'avait découverte.
Il savait parfaitement où s'était rendu son frère avant son rendez-vous avec le vampire. Et il avait bien senti l'odeur répugnante sur elle.
La source vampire informant les Thérianthropes avait bien parlé d'une jeune femme qui partageait la vie du fils du chef de clan.
Tranquillement installé à la terrasse du bistrot en face de la galerie, il dégustait un café assez corsé pour lui convenir, tout en la détaillant au travers de ses lunettes fumées.
Elle discutait avec animation avec une humaine plus âgée qu'elle, dont les cheveux blonds étaient relevés en un chignon sophistiqué.
Bien que la jeune femme fût vêtue simplement d'un jean slim noir et d'un T-shirt blanc, ses longs cheveux châtains cascadaient en une masse soyeuse dans son dos, chatoyante de reflets miel sous les rayons doucereux du soleil.
Elle semblait belle, mais d'une beauté naturelle, de celle qui n’a pas besoin d'artifice. Elle ressemblait d'ailleurs à une actrice dont Luc n'arrivait pas, pour l'instant, à retrouver le nom.
Le Thérianthrope se demanda de quelle couleur étaient ses yeux. Bleus, verts... noisette ?
Quand il vit les humaines pénétrer dans le conservatoire, il se leva en laissant un généreux pourboire à la serveuse, celle qui n'arrêtait pas de le reluquer depuis son comptoir.
Lorsque Luc entra, il fut assailli par les effluves – fort nombreux – empestant l'air confiné de la galerie. Son regard erra sur les diverses peintures jusqu'à ce qu'une voix douce lui parvienne.
— Bonjour, je peux vous aider ?
C'était elle.
Il s'approcha lentement du petit comptoir d'accueil derrière lequel elle se trouvait.
Ils étaient donc noisette... pailletés d'or.
— Oui, je voudrais rencontrer le directeur.
Un sourire charmeur se dessina sur ses lèvres. Il pensait que son attraction animale suffirait à séduire la jeune femme. Eh bien, l’indifférence qu'elle affichait le ramena à la réalité.
— Avez-vous rendez-vous ? Si c'est le cas, son assistante vous recevra...
— Non, l'interrompit Luc, contrarié de constater que son charme habituel n'opérait pas. Je n'ai pas de rendez-vous, mais je suis certain qu'il sera ravi de ma visite, c'est un vieil ami de la famille...
La jeune femme perdit contenance quelques instants, une lueur inquiète traversa fugacement ses beaux yeux fauves.
Savait-elle qui il était ?
— Excusez-moi, mais votre visage m'est familier... Est-ce que nous nous serions déjà rencontrés ?
Luc tenta de contenir sa colère : la ressemblance avec son frère aîné pouvait la mener sur la piste de son identité.
— Je ne crois pas, je pense que je me serais souvenu de vous ainsi que de votre très joli minois, mademoiselle...
Luc retira ses lunettes et planta son regard azur dans le sien.
Le choc qu'il lut sur le visage de l'humaine le renseigna sur ses pensées. Elle venait de faire le rapprochement avec son frère. Il devrait la jouer autrement. Tant pis.
Il répugnait à la tuer si vite, mais si elle découvrait le pot aux roses, il n'aurait pas d'autre choix... Lui qui comptait s'amuser un peu... voire peut-être même la mettre dans son lit afin d'enrager le vampire.
— Se... Seriez-vous de la famille d’Éric Lejoillier ?
Elle savait.
— Je suis son frère. Je me présente, Luc Lejoillier. Et vous êtes....?
— Anae Leffroy… Je… j'ai connu votre frère.
— Ah ?
Luc était fou de douleur d'être obligé de jouer à ce petit jeu.
Elle sortit de derrière son comptoir pour se rapprocher de lui et lorsqu'elle lui saisit les mains dans les siennes, en lui adressant un regard empli de chagrin, il cilla. Oh pas longtemps, à peine une seconde ou deux.
— C'est terrible ce qui est arrivé...
— Et vous, vous savez ce qui est arrivé ? demanda sèchement le Thérianthrope.
— J'y étais... C'est une longue histoire, mais ce n'est pas l'endroit idéal pour en discuter.
Luc fronça les sourcils.
Il fixa les doigts fins de la jeune femme entourant toujours les siens. Ses ongles étaient coupés courts, il n'y avait aucune trace de nicotine. Non, ils avaient une jolie couleur de porcelaine... Ils paraissaient si fragiles.
Quelle étrange humaine !
Le jeune homme retira prestement ses mains, celles d'Anae Leffroy lui brûlaient l'épiderme.
Comment aurait-il pu en supporter le contact ?
— Je ne pense pas avoir besoin d'explication, je sais tout.
Anae secoua doucement la tête, de ce fait, la masse lisse encadrant son visage délicat laissa échapper un parfum doux et floral.
Luc eut un mouvement de recul, à peine perceptible, certes, mais juste assez pour qu'il se rende compte lui-même d'une chose : il n'était pas insensible au charme de la jeune femme et cela le mettait hors de lui.
C'était la « femelle » d'un vampire.
C'était la « femelle » consentante de l'assassin de son frère.
Il devait cesser de discuter avec elle, juste se contenter de la tuer rapidement. À ce rythme, il n'en aurait plus le courage. Pourtant, pour respecter son plan, il fallait l'éliminer. La sangsue lui servant d'amant se consumerait de souffrance d’avoir perdu à jamais un être cher... et n’aspirerait qu'à le rejoindre dans les flammes de l'enfer.
— Je ne crois pas, monsieur Lejoillier.
— Appelez-moi Luc.
À quoi jouait-il, bon sang ?!
Elle hocha la tête puis rougit. Une légère teinte rosée colora ses joues.
Pourquoi rougissait-elle ?
Est-ce qu'il ne lui était pas indifférent, finalement ?
Tant mieux !
Cela n'en aurait que plus de saveur.
— Auriez-vous un endroit où je puisse me rafraîchir ? Mon voyage a été long et plutôt… pénible.
— Ou… oui, oui, bien sûr... allez tout droit, c'est la première porte à gauche, je vous attends. Nous irons au parc... pour discuter, si vous le souhaitez, bien sûr.
— Très bien, merci.
L’intonation rude de sa propre voix le surprit.
Il avait chaud et c'était sûrement dû à la colère. Il n'allait tout de même pas se transformer au milieu de la galerie !
Luc entra dans le petit cabinet de toilette possédant une vasque et un miroir. Le tout était dans des tons chaleureux de rouge, de jaune et d'orangé. Il plaça ses mains sous l'eau froide, cette dernière lui fit l'effet d'être sortie tout droit d'Alaska.
Ce ne fut que lorsqu'il voulut en asperger sur son visage qu’il remarqua la couleur de ses prunelles.
Luc poussa un juron, tout en reculant.
Ce n'était pas de la fureur qu'il lisait dans son regard habituellement bleu clair... Non, c'était autre chose... une chose inacceptable : du désir.
Voilà la raison du rougissement d'Anae Leffroy ! Ces yeux brûlants de convoitise !
Il se connaissait parfaitement. Pas un instant il n'avait reconnu la morsure du désir physique. Était-ce la Bête tapie en lui ? Réclamait-elle sa part du gâteau ?
Luc prit une profonde inspiration en s'agrippant au lavabo, puis calma son loup. Ce dernier retourna aux tréfonds de son âme, dans un recoin obscur, impatient.
Pour ne plus se laisser trahir par sa nature animale, il remit ses lunettes avant de retrouver la fiancée du vampire.
Lorsqu'il revint, elle était occupée avec un client. Anae Leffroy arborait un sourire engageant tout en discutant avec un homme d'une cinquantaine d'années.
Le Thérianthrope décida donc de s'asseoir sur l'un des bancs, en se perdant dans la contemplation de ses rangers rutilants.
Autant son frère aimait se vêtir de costumes trois pièces de marque, autant Luc, lui, était différent et préférait un look un peu plus « noir ». Même sur la question musicale... Éric avait passé des heures à écouter des morceaux de musique des années soixante, ce qui avait été un régal pour le taquiner, Luc écoutait du rock plus actuel et jouait de la guitare.
Désormais, il ne pourrait plus charrier son frère.
La douleur crispa son visage, il se félicita d'avoir remis ses lunettes.
Qu'allait-il faire ?
L'égorger immédiatement... Ou écouter ce qu'elle avait à dire ?
Il avait prévu de la tourmenter durant plusieurs jours... Cependant, sa ressemblance physique avec Éric faisait échouer son plan initial.
Luc leva les yeux vers la jeune femme qui papotait toujours avec l'homme aux cheveux poivre et sel.
Ce fut plus fort que lui, ses yeux errèrent sur elle.
Comment avait-elle rencontré le vampire ?
L'avait-il mordue ?
L'avait-elle supplié de le faire... ou même pire, de la transformer ?
Pourquoi ne l'était-elle pas, d'ailleurs ?
Ne l'aimait-il pas... ou... l'aimait-il à ce point ?
Anae dut sentir le poids de son regard inquisiteur car elle se tourna vivement vers lui, un peu trop nerveusement.
Luc remarqua qu'une autre personne venait d'entrer, déduisant que celle-ci était à l'origine de la nervosité de la fiancée du vampire assassin.
Le Thérianthrope huma l'air... Quelle odeur étrange ! Non caractéristique des vampires, mais assez familière, tout de même.
En tout cas, l'homme à la stature imposante et aux cheveux ébène n'était pas humain.
Anae lui fit signe de patienter puis se précipita dans une pièce pour en ressortir avec des vestes plein les bras qu'elle jeta sur lui !
— Je suis désolée, c'est uniquement pour camoufler votre odeur, souffla-t-elle avant de se diriger à grands pas vers le nouvel arrivant.
Luc s'étranglait de rage.
Qu'essayait-elle de faire ?! De protéger l'inconnu ?
Même si son loup, caché au fond de son être, rugissait pour apparaître, il lui sembla plus judicieux de se contenter d'observer afin d’évaluer la situation.
Pour éventuellement agir en conséquence. Il tendit l'oreille, se prêtant au jeu du camouflage sous l'amoncellement de manteaux tandis que l'unique client de la galerie partait.
Anae se posta derrière son comptoir et après avoir écouté une dernière fois les propos de l'homme grisonnant, se tourna vers l'inconnu à l'étrange odeur.
— Je peux connaître la raison de ta présence sur mon lieu de travail, Keir ?
Anae Leffroy paraissait agacée.
Le prénommé Keir se contenta de hausser les épaules en souriant.
— Mon rôle de chien de garde, pardi !
— Liam n'est parti que pour quelques heures, je pense pouvoir survivre à ce laps de temps sans t'avoir dans mon sillage ! marmonna la jeune femme, excédée.
— Tu sens drôlement bon aujourd'hui... sifflota joyeusement Keir.
— Ne change pas de sujet !
— Un nouveau parfum ?
— Cesse de faire le gamin !
— Mhm… Un nouveau shampoing, alors ?
— Keir !
— Anae !
— Oh… Tu es impossible !
— Un nouveau savon ? Non, mais si ce n'est pas ça... Je te donne ma langue.
Le Thérianthrope ne put s'empêcher de trouver le fameux Keir énervant. Il n'y avait aucune raison. Non… vraiment aucune. Alors pourquoi était-il si irrité par sa façon de faire ?
— Si je te le dis, tu arrêtes tes sottises ?
— Faut voir... Alors ?
— Shampoing.
— Fleur d'oranger ?
Anae se contenta de grommeler.
— C'est bien de la fleur d'oranger. Cela te convient à merveille, une vraie friandise.
— Je dois faire quoi pour que tu déguerpisses et que je puisse enfin travailler ?
— Tu veux négocier ?
Keir affichait un air ressemblant fort à celui d'un chat devant un bol de lait. La jeune femme le toisa, les mains posées sur ses hanches.
— Le numéro du portable de Frances ?
L'homme brun feignit d'ôter une poussière sur son T-shirt noir.
— Ça, je peux l'obtenir tout seul. Tu n'as rien d'autre à proposer ?
— Mon DVD d'Opération Dragon ?
— Sur Ebay j'en trouve une quinzaine.
— Très bien, j'abandonne... Tu veux quoi ?
— Mhm... Un baiser ?
— Tu plaisantes ?!
Luc bondit de sa place en envoyant valdinguer les vestes au passage. Keir ne mit à peine qu’une seconde pour se tourner vers le Thérianthrope.
— Qu'est-ce que c'est que ce borde... commença à persifler le vampire-loup en identifiant l'odeur du jeune homme blond face à lui.
— Qui êtes-vous ? Vous n'êtes pas humain ! cracha Luc Lejoillier.
— J'en ai autant à ton service... Néo{1} ! ricana Keir.
Les lèvres pincées, le Thérianthrope s'approcha à pas lents de lui.
— Ne me cherche pas, gronda Luc à voix basse.
Keir se plaça subrepticement entre Anae et le frère d'Éric.
Il croisa alors les bras sur son large torse, un sourire goguenard étirant sa bouche.
— Wouhou… J'ai peur du grand méchant loup.
— Ce n'est pas après toi que j'en ai, qui que tu sois, je suis venu pour elle.
— Tu ne touches ne serait-ce qu'à un de ses cheveux, je te garantis que tu partiras d'ici les pieds devant.
Keir prononça ces mots d'un ton si froid et si calme qu'il ressemblait étrangement à Liam, en cet instant.
Ce détail fit réagir Anae, elle décida d'intervenir avant que les deux hommes ne se transforment en monstres mythiques pour s'étriper allègrement.
— Qui es-tu ? demanda encore Luc, s'avançant d'un pas supplémentaire.
— Je suis compliqué.
— STOP ! cria la jeune femme, au bord de la crise de nerfs, en agitant les mains au-dessus de sa tête.
— Reste en arrière, Anae ! grogna le vampire-loup.
— Et pourquoi donc ?
— Parce que ce Thérianthrope empeste la vengeance à des kilomètres.
chaineze ameur <c.ameur94@gmail.com>