– Qui est le traître ? –
« C’est de la confiance que naît la trahison. »
Proverbe Arabe
- Liam -
— Comment va-t-il ?
Je refermai doucement la porte. Mon père se tenait devant la fenêtre au fond du couloir, comme à son habitude, altier même dans la plus banale des postures. Son costume bleu nuit renforçait son aura de chef, sa chemise et sa cravate d’un violet profond étaient assorties à la couleur peu commune de ses yeux.
Il m’avait posé la question doucement, presque un murmure. Un être humain ne l’aurait pas entendu. Mais je n’étais pas un être humain. J’étais un vampire Sang-Pur.
— Je dirais qu’il va mal. Pas physiquement... ses blessures guérissent comme elles le doivent étant donné sa nature, lui répondis-je en le rejoignant.
Emmery ne se retourna pas vers moi lorsque je me retrouvai à ses côtés. Il continuait à fixer la vue sur notre fontaine que lui offrait la fenêtre.
— C’est donc son moral… Il t’a dit quelque chose ?
À mon tour je laissai mes yeux errer sur le paysage extérieur.
— Pas vraiment. Mais je suis entré dans sa tête.
— Et ?
— Des Thérianthropes, trois ou quatre. Je suppose que c’était la meute de la Colline d’Ombre étant donné la visite surprise du frère d’Éric à la galerie. Keir se repasse la scène inlassablement… difficile de savoir ce qui s’est réellement passé vu le nombre de versions qu’il y a, d’autant qu’il garde le silence.
Je ne pouvais pas empêcher ma voix de trembler de colère. Je n’étais pas furieux contre Keir, je l’étais contre moi-même de ne pas avoir été là afin de protéger Anae.
— Je vois… Il rumine sur ce qu’il aurait dû faire pour la sauver. Nous devrons attendre que son état de choc passe.
Le ton d’Emmery était neutre, il y avait presque trop d’absence d’émotion dans sa voix. Cela m’irrita.
— Et si cet état ne passe pas ? On va en rester là et ne rien faire ?
Le chef des Ombres Brumeuses sentit ma colère car il se tourna vers moi pour planter ses yeux violets dans les miens.
— Liam, nous ne pouvons pas débarquer à leur tanière, trompettes sonnantes… Tu es un de nos guerriers, l'idée ne devrait même pas t'effleurer. Nous avons besoin d'un plan. S’il s’agit d’une simple vengeance de Luc Lejoillier, c’est gérable, il n’est pas le mâle Alpha actuel. Nous négocierons. Je ne suis pas certain que cette idée soit de Raven. Le frère d’Éric a dû agir seul et de manière impulsive.
Mes doigts se crispèrent sur les rebords de la fenêtre. Il avait raison. Mais c’était plus fort que moi, rien que d'imaginer Anae au milieu d’une meute de Thérianthropes loups me rendait fou de colère.
— Il… il se nourrit ?
La question était anodine, voire légitime. Mais le simple fait qu’Emmery la pose m'indiquait que son indifférence était feinte.
— Je lui ai brisé la mâchoire en le forçant à avaler du sang.
Mon père haussa un sourcil, un brin ironique.
— Il n’était pas assez amoché à ton goût ?
Je lui lançai un regard noir. Son humour mi-figue mi-raisin me tapait sur les nerfs.
— Keir a refusé de se nourrir sur l’humaine que je lui avais amenée, m'obligeant à manipuler son esprit pour rien. Même le sang en coupe a eu le temps de coaguler. Mon frère est déjà assez englué dans cette espèce de mélancolie coupable, si en plus la faim vient se greffer à cela, c’est la folie qui le guette.
Emmery me tapota l’épaule.
— Tu as bien fait, sa mâchoire a dû se ressouder, pas comme les morsures des loups-garous... Descendons à mon bureau, nous y poursuivrons cette discussion.
Je hochai la tête et le suivis dans les escaliers.
***
- Keir -
Était-il vraiment obligé de me péter les dents ?!
J’avais au moins deux molaires brisées ! Ouais bon d’accord, deux autres allaient pousser pour les remplacer… Non mais ce n’était quand même pas une raison !
Et si j’essayais de me lever pour voir ?
Tant bien que mal, je tentai de redresser mon buste. Une douleur fulgurante me traversa les entrailles et me fit lâcher un chapelet de jurons. Ce dernier, particulièrement « salé », aurait fait s’évanouir dans la seconde la première nonne venue. Ou l'aurait rendue sourde à vie.
Bon beh... autant laisser tomber mon désir d'apprendre le hip-hop pour l'instant. Je devrai me contenter de ruminer ma rage sur ce lit… ma foi assez confortable.
Je fermai les yeux.
Et voilà… Encore des images d’Anae passant en boucle dans ma cervelle de cabot inutile.
J’aurais dû l’attraper sous le bras comme un ballon de rugby et détaler tel un lapin devant une tripotée de chasseurs. Évidemment, j’avais voulu jouer les braves... Le combattant suprême !
Bravo !
Tu t’es débrouillé comme un chef pour te faire taillader façon puzzle. Résultat ? Thérianthropes loups : 20 000 ; Keir : 0.
Je tendis l’oreille, quelqu’un approchait. Ce n’était pas le frangin ramenant encore un en-cas. Non mais quelle idée de se radiner avec une humaine possédant la même couleur de cheveux qu’Anae… Et il se disait le plus futé de nous deux.... Des baffes, ouais !
Je reniflai.
Parfum typiquement féminin et « vampiresque ».
Des ennuis ?
Oh, un peu plus ou un peu moins... au diable l’avarice !
Trois coups furent frappés contre la porte.
Et puis quoi encore ? La « vampirette » désirait une invitation sur carton ? Que je lui ouvre galamment la porte peut-être ?
Yléonnore.
Comme à son habitude : superbe. Absolument flippante, mais beau brin de femme.
Une robe en velours émeraude dans le pur style gothique, des yeux rubis atrocement hypnotiques et une chevelure noire lui tombant dans le dos. Une vraie bombe dans le genre avec tout ce qu’il faut là où il faut. Et surtout un poison. C’était tatoué sur son front façon gyrophare « Je suis aussi belle que pourrie jusqu'à la moelle ».
— Mais quel honneur ! ricanai-je en la regardant s’avancer vers moi…
J’aurais presque pu entendre la musique des dents de la mer à son approche !
Elle me sourit, en dévoilant ses canines rutilantes.
— Il est normal de rendre visite à un valeureux guerrier.
C’est ça, ouais, y’a pas marqué crétin sur mon C.V. !
Je savais qu’elle n’avait d’yeux que pour mon paternel et mon frère. Moi ? J’étais relégué au rang de torchon face aux serviettes de mon arbre généalogique...
— Si mes tripes ne risquaient pas de sortir par mes blessures, je rirais bien de cette blague, tiens !
Elle fit mine d’être chagrinée par ma remarque.
Oh finaude, la donzelle ! J’aurais pu y croire si je ne connaissais pas le bestiau.
— Quelle image as-tu de moi ! susurra l’Oracle en s’approchant encore, jusqu’à ce que sa robe effleure les couvertures du lit que j’occupais.
— Allez zou, crache le morceau et qu’on en finisse ! soupirai-je en lorgnant quand même son décolleté.
Oui je sais, mais c’était juste un réflexe.
Elle avait vu mon regard.
Vu son expression carnassière, c’était clair qu’elle l’avait remarqué. Décidément, je n’apprendrais jamais de mes erreurs... jamais.
Elle promena sa main le long de mon bras, le touchant à peine.
Mais qu’est-ce qu’elle avait derrière la tête, cette furie ?
Je ne voyais qu’une manière de la déstabiliser.
— Quoi ? Tu veux t’envoyer en l’air avec un vampire à moitié loup-garou au plus bas de sa forme ? C’est le genre de truc qui te fait grimper aux rideaux ?
Voilà, mon attaque directe avait porté son coup. Son expression valait de l’or.
Elle retira sa main, irritée.
— Rends-toi utile, chérie, passe-moi une poche de sang qui se trouve sur le secrétaire. On verra après pour assouvir ton fantasme.
Non, là, je poussais le bouchon, mais fallait reconnaître que c’était jouissif de la voir aussi hésitante que Blanche Neige face à la pomme de la sorcière.
Elle alla tout de même chercher une poche du délicieux nectar avant de me la tendre.
— C’est ce que tu veux ?
— Mhm ?
Étant passablement occupé à déchiqueter un coin de la poche, je n’avais pas réellement compris sa phrase.
— Je t'ai demandé si c’est ce que tu voulais.
Je levai les yeux vers la vampire, suçotant joyeusement mon quatre heures.
— Si je voulais quoi ? m'enquis-je, la bouche entravée par la poche de sang.
Yléonnore rejeta ses cheveux en arrière en un geste se voulant séducteur, à l'instar de la moue qu’elle arborait.
Nom d’un chien ! Elle me faisait quel genre de plan, là ?!
Je la regardai crapahuter sur le lit avec l'étrange impression d'être tombé dans une autre dimension... plus cauchemardesque que la précédente.
Le message était clair.
Elle croyait sincèrement que j'acceptais l'éventualité de me taper une sieste crapuleuse en sa compagnie !
Cette nana était trop fêlée pour moi.
Même en « manque », hors de question que je tombe entre ses griffes.
La mante religieuse aussi devait être super sexy aux yeux du mâle... avant qu'il ne devienne l'acteur principal d'un mauvais remake de Sleepy Hollow{2}.
J’aspirai la dernière goutte de liquide rougeâtre puis pris mon temps pour poser la poche, désormais vide, sur la table de nuit.
Elle en avait profité pour se frayer un chemin entre mes jambes et jouait avec les bandages de mon torse.
— Tu me proposes ton corps en échange de quoi, Yléonnore ? demandai-je, abrupt, en repoussant ses mains.
La vampire plissa ses yeux rubis, passa sa langue sur ses canines, afin d’y faire perler une larme de sang.
— J’ai perdu un ami de confiance… J’en veux juste un autre.
Qui donc ? Le blondinet à qui j’avais décapsulé la tête ?
Je lui attrapai les poignets.
— Tu veux un copain de baise ?
Ses yeux devinrent presque noirs sous la colère, mais elle ne bougea pas d’un millimètre.
— Es-tu obligé d’être aussi vulgaire ! cracha-t-elle.
— La vulgarité, j’aime ça. Si tu savais ce que je peux dire comme cochonneries au pieu !
Je faillis m’étrangler de rire en la voyant bondir hors du lit. J’avais donc trouvé un moyen efficace pour qu'elle décampe : le rentre-dedans super masculin et sa drague à deux balles.
Oh, cette blague ! J’allais breveter le truc et le revendre à Liam !
— Je pensais que tu serais de mon côté après ce que tu as subi ! Mais tu n’es qu’un sombre idiot ! Keir MacDowen !
Je l’observai soudain entre mes paupières baissées.
— Que sais-tu de ce que j’ai subi ? Rien. Tu croyais vraiment m'avoir en agitant du croupion ? Si c'est le cas, c’est toi l’idiote.
Je n’aurais jamais songé qu’un vampire sang-pur puisse pâlir. Non vraiment. Eh bien oui, un vampire de naissance se prenant un vent possédait la capacité de devenir encore plus blanc que de la craie. Des marques de lessive tueraient pour obtenir ce résultat !
— Si tu n’es pas avec moi, Keir, tu es contre moi ! grogna l’Oracle.
— Tu mijotes quoi au juste ?
Yléonnore se déplaça en arrière, vitesse vampire incluse, jusqu’à la porte.
Puis, elle esquissa un sourire aussi mauvais que sa véritable personnalité.
— Tu le sauras bien assez tôt, erreur de la nature !
— Tu es née garce ou tu prends des cours ? lui lançai-je, ironique
Un son strident sortit entre ses canines et elle disparut en l’espace d’un battement de cil.
Je m’affalai sur les oreillers moelleux de ce lit d’un luxe « kitchissime », même pour des vampires. Emmery avait réellement des goûts d’une autre époque.
Bon sang ! J’allais avoir des problèmes ! Sûr !
— Anae… Anae… Tu vas bien ? soufflai-je pour moi-même.
***
- Liam -
Comme à son habitude, mon père n’avait pour seule lumière, dans son bureau, que l’âtre de la cheminée. Cela faisait onduler les ombres sur les murs dans une sorte de danse macabre.
J’attendis qu’il s’asseye en premier pour faire de même dans le fauteuil en cuir, face à lui.
Il croisa élégamment les jambes, se calant au fond de son siège digne d’un PDG en se caressant pensivement le menton.
De mon côté, j’attendais sagement, le dos droit et les bras croisés sur mon torse.
— Nous avons un traître, Liam.
Je haussai un sourcil.
— Eh bien, je crois qu’il se trouve dans le boudoir d’Hadès… commençai-je.
Emmery esquissa un sourire avec l’art consommé de ne pas montrer ses canines.
— Arthem n’était qu’un pion. La meute de la Colline d’Ombre dispose d'une autre source de renseignements… Ne trouves-tu pas étrange que les deux fois où Anae ait été enlevée, tu n’étais pas présent… ?
— Ma foi… Cela m’a intrigué, oui, je dois l’avouer, acquiesçai-je.
Je préférai attendre de voir où notre chef de clan voulait en venir.
Emmery se mit à fixer les ombres s’étirant sur le plafond du bureau, balançant légèrement son siège de gauche à droite, à l'aide de son pied au sol.
— Ce n’est pas une coïncidence, fils. Une personne de notre demeure avertit un Thérianthrope lorsqu'elle est seule. Avec l’histoire de Keir, c’était évident de penser à Arthem... la suite des événements nous a donné raison ultérieurement. Mais je ne suis pas certain que la petite équipe de cabots aurait osé s’attaquer à toi et ton frère ensemble. Mais lui tout seul…
— Je vois, et… tu penses à quelqu’un en particulier ?
Je m’attendais au pire.
— Le reste du clan désigne Keir comme le second traître depuis l’enlèvement d’Anae.
Je me levai d’un bond, hors de moi.
— C’est n’importe quoi ! Il a failli perdre la vie en la défendant ! hurlai-je en serrant les poings.
Mon père cessa brusquement de bouger son fauteuil, dardant sur moi un regard violet d’une froideur à plier une armée.
— Le problème est qu’ils l’ont laissé en vie.
J’étais stupéfait.
— Pardon ? Parce qu’il n’est pas mort, c’est un traître ? Quand les membres du clan ont-ils pu tramer cette théorie fumeuse ? C’est arrivé hier soir !
— Les bruits de couloirs se propagent plus vite que la lumière ou le son, Liam.
Emmery avait appuyé exagérément sur chaque syllabe afin que je saisisse la gravité de la situation.
Sous le choc, je me laissai tomber sur mon siège. Je défis ma cravate noire, non pas que j’étouffais, pur réflexe de ma part, venant d’un long apprentissage de la vie parmi les humains.
— Je ne peux pas intervenir, Liam, il y a conflit d’intérêts, c’est mon fils. Néanmoins, je te conseille vivement de mettre au point un plan pour sauver ton frère… Demande de l’aide à Lokham. S’il passe en jugement, je crains le pire. De mon côté, je vais négocier une rencontre avec Raven Lantard, l’actuel Alpha de la meute de la Colline d’Ombre…
Des coups discrets à la porte interrompirent mon père.
Yléonnore entra, majestueuse dans une robe de velours prune… Prune ? Il me semblait l’avoir vu ce matin avec une robe verte… Qu’avait-elle fait qui implique un changement de tenue aussi rapide ?
— Emmery… susurra l’Oracle en ondulant des hanches jusqu’au bureau de mon père.
Je lui lançai un regard irrité. Son jeu de séduction me laissait entièrement froid, voire même m’insupportait.
Elle se tourna vers moi, avec une expression de fausse innocence qui me déplut profondément.
— Liam… je dois parler à ton père à propos d’un sujet important… Pourrais-tu… dit-elle en agitant sa main droite comme si elle me laissait deviner la suite de sa phrase.
— Je ne crois pas non, si cela concerne… Mhm, par exemple mon frère ? Dis-le devant moi et ne le fais pas tel un serpent sournois.
La vampire posa ses mains à l’endroit où était supposé être son cœur, l’air offusqué.
— Pourquoi ton frère ? Je ne comprends pas…
Je m’apprêtais à lui fondre dessus, mu par une rage aveugle. Je sentais les pouvoirs déferler en moi : de puissantes vagues furieuses.
Emmery s’interposa, m’intimant du regard de me calmer dans la seconde, ou il me l’ordonna mentalement, plutôt. Puis, se retournant vers l’Oracle du clan, ses yeux avaient la couleur de la lave. C’était extrêmement rare de voir mon père avec un tel regard. Je supposai qu’il était vraiment hors de lui. On ne touche pas à la descendance d’Emmery impunément sans provoquer son courroux.
— Yléonnore… Dois-je comprendre que tu es venue officiellement au nom des membres du clan ?
La vampire recula de quelques pas, probablement effrayée par la rage contenue de notre chef, exultant de lui en une onde de pouvoir.
Emmery était une Ombre Brumeuse, l’un des premiers descendants directs de la source. Même s’il se mettait rarement dans un état violent à faire virer la couleur de ses yeux, on ne devait pas l’oublier.
Yléonnore se sentait sûrement minuscule en cet instant.
Je savourai méchamment sa peur, pire je m’en délectai, la faisant rouler sur ma langue.
— Je… Je… Je suis désolée, Emmery, je n'ai fait que me ranger à la majorité des gens du clan jugeant Keir coupable de traîtrise. J’ai reçu des missives de tous, signées de leur sang. Quatre-vingt-deux vampires sur quatre-vingt-quinze… Pour eux, la preuve flagrante est qu’il se soit sorti vivant de cette attaque… Les Thérianthropes ne sont pas connus pour leur pitié sous leur forme animale, encore plus envers nous… Ils… Nous pensons que les loups-garous avaient un accord avec Keir. Il est de notoriété publique que votre fils a déjà essayé de kidnapper l’Élue afin de créer un clan rival au nôtre… Son amitié avec le félon Arthem… Et là…
— Suffit ! rugit mon père de sa voix vampirique.
Yléonnore se tassa sur elle-même, prête à déguerpir d’un bond.
Sa terreur n’était pas feinte.
La rage d’Emmery aiguisait la mienne qui lui faisait écho, des ondulations de pouvoirs émanaient de nous deux, formant des vaguelettes de chaleur transparentes mais troublant la perception de notre environnement.
Le chef de notre clan approcha son visage près de celui de l’Oracle, les crocs en avant.
— Voilà donc le plan… Une révolte dont Keir est le bouc-émissaire. Fort bien. Je donne mon accord pour enfermer Keir MacDowen en cellule « V », en attendant son jugement par ses pairs.
La vampire bondit loin d’Emmery, ses longs cheveux ébène lui couvraient presque entièrement le visage, le corps aplatit sur le sol.
— Bien, Maître Emmery. Je vais donner les ordres en ce sens et prévenir les membres du clan de votre décision.
Mon père fit un geste de la main, comme s’il balayait une mouche gênante et l’Oracle se trouva projetée contre la porte en poussant un cri de douleur.
— Hors de ma vue, femelle, dit-il d’une voix sourde.
J’avais le sang qui bouillonnait, la soif me torturait également. La colère de mon père, qui était aussi mon chef, attisait mes besoins primaires de guerrier du Clan.
S’il y avait eu un humain ou un Thérianthrope dans son bureau, je n’aurais pas donné cher de sa peau.
Sentant que j’expulsais mon pouvoir par chaque pore de ma peau, mon père dut prendre sur lui-même afin de se calmer et m’apaiser en retour.
— Liam, m’appela-t-il doucement, va chez Lokham, nous devons régler cette situation. Mais avant tout, nourris-toi… Je sais que tu n’es pas friand du sang en coupe, mais j’ai bien peur que dans ton état tu ne vides le premier humain venu…
Je me tournai vers lui, moins enragé que tantôt.
Emmery avait raison, je devais me nourrir, quitte à boire du sang en bouteille, avant d’aller chez le seul vampire du clan en qui nous avions une confiance absolue.
Nous sauverons Keir et Anae. Et nous tuerons les traîtres.
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