- Amour perdu -
« Même quand on l'a perdu, l'amour qu'on a connu vous laisse un goût de miel. L'amour, c'est éternel ! »
Edith Piaf
- Emmery -
Emmery prit le combiné du téléphone dans sa main.
Il préférait de loin ce vieux téléphone. Celui où l'on devait planter l'index afin de faire tourner le petit cercle de plastique jusqu’au bout de sa course pour composer un chiffre.
Ce rituel était reposant.
Il devait contacter Yui.
Yui n’étant pas le véritable prénom du vampire asiatique dont l’origine était Chinoise. Afin de le protéger et brouiller les pistes, le chef de clan lui avait donné un patronyme Japonais.
Son vrai prénom était Lu-Pan. Et seul Emmery le savait.
Le vampire composa lentement le numéro de son bras droit.
— Lu-Pan ?
Yui sut qu’il avait à faire à son chef.
— Maître.
— Nous avons un problème en France. Peux-tu venir avec Gloria de l’Écosse ? J’ai déjà réservé vos billets pour le vol de ce soir.
— Bien.
— Yui ?
— Oui, Maître ?
Emmery ferma les yeux avant de se caler au fond de son luxueux fauteuil.
— Comment va-t-elle ?
Un silence accueillit cette question.
Comme si le vampire asiatique prenait le soin de sélectionner les mots adéquats.
— Il y a des jours qui sont mieux que d’autres.
Une simple constatation dite sans émotion.
— Je vois, murmura le chef de clan. Ne prenez que le nécessaire.
— Cela sera fait ainsi.
— Yui ?
— Oui, Maître ?
— Le problème... c’est Yléonnore.
Emmery esquissa un sourire cruel. Yui ne supportait pas l’Oracle. Il la haïssait profondément pour d’excellentes raisons, connues d'eux seuls.
Le chef de clan savourait à distance le plaisir d’anticipation que l'annonce procurait à son plus fidèle serviteur. Pourtant le vampire asiatique ne laissa pas éclater sa joie sauvage.
— Nous prendrons le vol de ce soir, Maître.
Emmery raccrocha le téléphone avant de fixer pensivement le plafond.
L’idée de revoir la délicieuse créature blonde l'excitait sur de nombreux points.
Tant d’années s'étaient écoulées depuis la dernière fois où il avait pu contempler son visage d’ange.
Le détestait-elle toujours ?
Frissonnerait-elle encore à son contact ?
Emmery éclata de rire.
Voilà, il ne changerait jamais ! Il suffisait qu’une femelle lui résiste pour attiser sa convoitise.
Cela fonctionnait encore, même après plusieurs siècles !
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