Chapitre XVII

 

- Arrivée -

 

 

 

« Je ne jouerai pas à la loyale, désormais. Pourquoi ? À cause de la force qui me pousse vers elle... cette puissance possédant le monde dans le creux de sa main et dont le nom est « amour ». Nul ne peut la vaincre, pas même moi, l'enragé. Je n'ai jamais rien voulu durant ma chienne de vie... Autant que je l'ai désirée, elle. De son bonheur dépend le mien. »

 

Keir MacDowen

 

 

- Anae -

 

Je me balançais.

Contre ma joue je pouvais sentir une odeur réconfortante accompagnée d’une douce chaleur corporelle.

J’ouvris les yeux.

C’est en levant le menton vers le visage de celui qui me tenait dans ses bras que je réalisai qu’il me portait.

Keir baissa son regard vers moi, puis me sourit affectueusement.

— Tu as dormi comme une masse un quart d’heure à peine après le décollage.

— Vraiment ?

Le vampire mi loup-garou gloussa.

— C’est l’une de tes particularités.

Je souris à mon tour. La bonne humeur de Keir était toujours contagieuse.

— Quelles sont les autres ? demandai-je en me pelotonnant contre son torse.

Il resserra son étreinte.

— Laisse-moi deviner… Tu rougis très facilement.

Comme pour lui donner raison, mes joues se teintèrent immédiatement. Cela le fit encore rire.

— Tu t’évanouis sans arrêt aussi.

J’ouvris la bouche pour protester. Mais la refermai aussitôt, il n’avait pas tort. J’avais vraiment la fâcheuse tendance à tomber dans les pommes dans les situations intenses. Existait-il, au fond de moi, une soupape de sécurité se déclenchant dans les moments critiques ?

— Rien de bien glorieux, marmonnai-je.

Keir hocha la tête.

— Oui, c’est vrai ! Honte à toi d’être une aussi faible créature !

Je lui pinçai méchamment les pectoraux.

— Aïeuuh ! Recommence et je te roule la pelle de ta vie ! me menaça-t-il.

Je me calmai aussitôt.

Nous étions dans un aéroport, probablement celui d’Édimbourg.

— Nous allons terminer le reste du trajet dans une voiture de location, m’informa le vampire comme s’il avait suivi le fil de mes pensées.

— Tu peux me poser, Keir, proposai-je, sans trop de conviction toutefois.

— Nan. Tu pèses trois fois rien et puis… j’aime bien avoir le rôle du gentleman avec toi.

Je pouffai.

— Tu n’as rien d’un gentleman !

— Comment ça ?

— Tu es du genre… unique.

Keir haussa un sourcil.

— C'est un compliment ou une insulte ?

Je mis ma main contre ma bouche, feignant de lui murmurer un secret :

— Un compliment.

Le vampire se mordit la lèvre inférieure afin d'empêcher un sourire heureux de s’afficher. Mais ses yeux le trahirent.

Le bonheur chez Keir ressemblait à ça.

— Être unique pour toi me convient parfaitement.

Une fois les portes automatiques, permettant d’accéder à l’extérieur, passées, nous fûmes accueillis par un froid humide.

Le goudron était trempé. La pluie avait dû tomber peu de temps avant notre arrivée.

— Ah, voilà Yui et Gloria.

Je visai la luxueuse berline noire se garant devant nous. Yui en sortit rapidement et ouvrit la portière arrière.

Keir me déposa aussi délicatement que s’il avait tenu une charge précieuse voire fragile.

Gloria m’offrit un sourire amical auquel je répondis.

Ensuite le vampire s’installa côté passager à l’avant de la voiture.

Nous partions donc pour la propriété du clan des Ombres Brumeuses.

 

***

 

Deux femmes nous accueillirent sur le seuil de l’immense demeure en pierres.

L’une d’elles, la plus grande était habillée avec goût, quoiqu’un peu trop pastel et sucré à mon avis. Une robe longue d’un jaune très clair, presque enfantin possédant un voile vaporeux. Elle avait de longues boucles rousses et les yeux vert foncé. Quelques taches de rousseur accentuaient son air de femme-enfant.

Elle me sourit gentiment.

L’autre portait une tenue austère qui tranchait. Un uniforme noir digne d'une employée de grands hôtels de luxe. Cette dernière n’avait en rien la beauté mutine de sa voisine. Un nez trop long, de petits yeux noirs enfoncés dans leurs orbites, une bouche si mince qu’on aurait pu croire qu’elle la pinçait continuellement.

— Elize, je vous présente Anae Leffroy, la compagne de notre petit Keir. C’est une Thérianthrope loup de la Colline d’Ombre.

La poupée rousse frappa joyeusement dans ses mains en me regardant.

— Je suis tellement heureuse ! Il est si rare de croiser des Thérianthropes loups dans notre contrée ! Je suis certaine que nous allons devenir amies ! chantonna la délicieuse créature de sa voix cristalline.

C’était donc elle Elize.

Je ne pus m’empêcher de la trouver adorable.

— Olga, occupez-vous de nos bagages et ensuite montrez sa chambre à notre invitée.

Et le corbeau s’appelait Olga… Je la détestai instantanément.

Le reniflement exagéré qui accompagna le regard hautain dont elle me gratifia me confirma que visiblement, c'était un sentiment réciproque.

— Madame, fit Olga, nous avons d’autres invités, je crains qu’il ne faille changer les attributions des chambres.

— Des invités ? répéta la maîtresse des lieux

Yui, Gloria et Keir échangèrent un regard surpris.

La gouvernante hocha la tête, en reniflant de nouveau.

— Du genre qu’on ne peut refuser, hélas.

Gloria ôta ses gants avant de les tendre à sa servante.

— Eh bien, allons voir de quoi il en retourne.

Nous suivîmes la vampire, cette dernière traversa l’immense hall dont le sol était recouvert d’un carrelage blanc et noir. Il y avait plusieurs tableaux accrochés aux murs, pratiquement les mêmes que ceux trônant dans l’entrée du manoir du clan, à Carrilouet.

Quand nous pénétrâmes quasiment en même temps dans une immense salle – la jumelle de celle dans leur domaine en France –, je ne compris pas immédiatement la signification du silence pesant régnant subitement.

Ce ne fut que lorsque je m’avançai aux côtés de Keir, afin de mieux voir l’identité des fameux invités que mon cœur faillit cesser de battre, sous le choc.

Assis tout au bout d’une gigantesque table, à la place du chef, il était là.

Ses bottes négligemment posées sur la nappe finement ouvragée, les bras croisés sur un débardeur de cuir noir et brillant. Ses longs cheveux rouge sang attachés en un chignon lâche à l'aide d'un lacet de cuir... Ses yeux rubis se posèrent sur moi. Il m’offrit son étrange sourire.

Derrière lui, vêtu entièrement de cuir marron, adossé contre le mur, les bras également croisés sur le torse et les yeux fermés, se trouvait Fadlan, le tigre-garou.

Lui aussi avait ramené ses longs cheveux en chignon, quoique plus serré que celui de son Maître. Il ne laissait sur son front que quelques mèches rebelles.

On aurait pu les croire tout droit sortis d’un manga historique tant ils offraient un tableau étonnant.

— Regarde, Fadlan, ce que nous ramène la brise… Un ange.

Fadlan ouvrit les yeux pour poser son regard bleu pâle sur moi. Toujours aussi silencieux et énigmatique que dans mon souvenir.

— Pour une surprise, c’est une surprise ! s’exclama l'étranger aux cheveux de sang, d’une voix démontrant qu'au contraire : il était loin de l’être, surpris.

Je ne rêvais pas. Je n’étais pas en train de dormir.

Alors que faisaient-ils là, ces deux démons ?

 

 

 

Fin du Premier Livre, rendez-vous dans le Livre II, également en deux parties :

Partie I : Sanctus

Partie II : Fadlan, le Maître des Rêves.

 

 

 

Note de l'auteur aux lecteurs :

 

Comme vous l'aurez remarqué, la narration lorsque nous sommes dans la tête de Keir devient beaucoup plus familière.

C'est intentionnel de ma part.

Keir est un personnage à la fois un peu « bad-boy » mais aussi franc, direct et un peu « cru » ; il dit ce qu'il pense, pense ce qu'il dit et surtout : le « dit » comme il le pense ^_^. Il use du langage familier afin de se démarquer de son frère, mais aussi parce que cette manière de s'exprimer fait partie intégrante de sa façon d'être... Donc j'espère que vous ne me tiendrez par rigueur de « ses » écarts de langage !

Ceux qui me connaissent savent que je suis une grande fan des dessins animés/bandes dessinées japonais que l'on nomme : Mangas. Surtout du genre Shôjo Harem (qui signifie romance avec une seule héroïne et beaucoup de prétendants pour elle toute seule...).

C'est donc naturel de retrouver dans mes univers romantiques une héroïne qui « craque » pour plusieurs personnalités masculines différentes (ne m'en veuillez pas non plus sur ce point !)... Puis je trouve que cela pimente les intrigues amoureuses tout au long des tomes !

Pour en revenir à Keir, et plus particulièrement à sa relation avec Liam... Notre « dhampir » croit que son grand frère de guerrier le repousse ou le rejette... Je crois même que son imagination s'est enflammée à ce propos. Les deux frères sont très différents, aiment la même femme, mais leur lien fraternel est bien plus fort que l'un et l'autre ne le pense ! Voilà, je tenais à souligner ce fait au cas où vous auriez eu un doute !

À très bientôt pour de nouvelles aventures de nos héros !

 

Céline Mancellon.

 

 

 

Première de couverture réalisée par Vay

 

 

 

N° éditeur : 917089-36540

dépôt légal : novembre 2012

 

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