– 142 à 531 : J’ai parlé à un gars qui dit que les coups de feu ont été tirés du dépôt de livre.
– 531 à 142 : Prenez son nom, son adresse, son numéro de téléphone et toutes les informations que vous pouvez. Demandez aux hommes de couvrir le bâtiment du dépôt de livres scolaires du Texas, on pense que les coups de feu sont venus de là, en face d’Elm Street en regardant le bâtiment, ce serait la deuxième fenêtre en partant du haut dans le coin supérieur droit. Combien de témoins avez-vous ?
– 142 à 531 : Un type qui aurait été blessé par un éclat de béton et un autre qui a vu le président s’effondrer.
– 531 à toutes les voitures : On nous a signalé un homme blanc, environ trente ans, 1,70 m, poids environ 65 kg, portant des vêtements légers.
– 9 à 531 : Nous avons besoin de plus de monde ici au dépôt de livres. Il doit y avoir un groupe sur Main, si quelqu’un peut les rassembler et les ramener ici.
– 260 à 531 : Je descends Elm Street, je suis accompagné d’un petit garçon de couleur, le témoin dit que les coups de feu venaient du cinquième étage du dépôt de livres à l’angle de Houston et Elm. Je l’ai avec moi et nous nous dirigeons vers le bâtiment.
– 9 à 531 : La personne recherchée est un mâle blanc, mince, environ trente ans, mesurant 1,70 m, il serait armé d’un fusil 30-30 ou d’un modèle de Winchester.
– 531 à 9 : Il a un fusil ?
– 9 à 531 : Oui, un fusil.
– 531 à 9 : Une description de ses vêtements ?
– 9 à 531 : Le témoin se rappelle pas.
– 531 à toutes les voitures : Attention à toutes les escouades du centre-ville, code 3, à Elm et Houston avec prudence. Attention à toutes les escouades, le suspect du tir est un mâle blanc inconnu, environ 30 ans, mince, mesurant 1,70 m, poids 75 kg, signalé armé de ce qui semble être un fusil de calibre .30, aucune description ou information supplémentaire pour le moment.
La logeuse de Marsalis Street
J’étais dans le bus. Il devait être 12 h 30, ou 12 h 40. En arrivant au croisement de St. Paul et Elm je le vois monter. Je l’avais oublié. Je ne l’avais pas revu depuis que je l’avais chassé de la chambre. On aurait dit un maniaque. Sa chemise était défaite et trouée au coude. Tous les boutons étaient arrachés. Il était sale. Il avait un air mauvais. Il s’est assis juste devant moi. Je ne voulais pas qu’il me voie. Le conducteur a annoncé qu’il s’était passé quelque chose à Dealey Plaza. Les gens se sont mis à parler entre eux. Si je me souviens bien il est descendu du bus sur Lamar Street.
– Central à 78 : Rendez-vous dans le quartier d’Oak Cliff.
Le conducteur de bus
Je l’ai pris en charge au sud de Lamar. Il était vers 12 h 30. J’ai remonté Lamar, j’ai pris sur Jackson, puis Austin, à gauche sur Wood, tout droit de Wood à Houston, j’ai passé le viaduc vers Zangs, j’ai roulé sur le Boulevard puis j’ai pris Neches sur la gauche. Je l’ai laissé à l’angle de Neches et North Beckley. Il devait être 12 h 45.
– Central à 78 : 78, vous êtes dans la zone d’Oak Cliff ?
– 78 à Central : Je suis au niveau de Lancaster et de la 8e.
– Central à toutes les voitures : 78 est dans la zone d’Oak Cliff.
– Central à 78 : Vous avez toute liberté s’il y a une urgence.
– 78 à Central : 10-4.
La passante sur Patton Street
Il marchait sur le trottoir opposé, juste en face de moi. La voiture de police remontait lentement la rue. Elle roulait vraiment très lentement. Elle s’est arrêtée au moment où elle est arrivée au niveau de l’homme. Celui-ci s’est arrêté aussi. Il s’est dirigé vers la voiture, il s’est penché et il a posé ses bras sur le rebord de la portière. Il regardait à l’intérieur du véhicule. Je me suis dit qu’il discutait avec le policier, la police est amicale ici à Dallas. Puis l’homme s’est relevé, il a reculé de deux pas et le policier est sorti de son véhicule. Il a ouvert la portière très tranquillement et il a commencé à contourner la voiture. On aurait dit qu’il marchait au ralenti. Il n’avait pas l’air en colère. J’ai pensé que les deux hommes continuaient la conversation, que c’était peut-être au sujet d’un souci de voisinage, je ne sais pas. Puis quand le policier est arrivé au niveau de la roue gauche, il a tiré. Il a tiré sur le policier. Trois fois. J’ai entendu trois coups de feu. J’ai vu le policier s’écrouler au sol, sa casquette a roulé dans la rue. J’ai regardé l’homme. Il ne bougeait pas. Il m’a regardée. Il avait un air sauvage. J’ai mis mes mains sur mon visage et j’ai fermé les yeux.
Puis j’ai progressivement ouvert mes doigts et j’ai rouvert les yeux. J’ai vu son arme dans ses mains. Je ne savais pas ce qu’il faisait. J’avais peur qu’il me tue aussi. Il s’est retourné et il s’est éloigné. Il ne courait pas, il marchait vite.
J’ai couru vers la voiture. Le policier était à terre dans un bain de sang. Il a essayé de me dire quelque chose, mais je n’ai pas compris. Je criais, je hurlais. J’essayais de l’aider. J’ai fait tout ce que je pouvais.
– 9 à 531 : Du dépôt, on ne sait pas s’il est toujours là ou non.
– 531 à 9 : Toutes les informations que nous avons reçues indiquent qu’il était posté au cinquième ou au quatrième étage de ce bâtiment.
– 9 à 531 : Nous avons trouvé des douilles de fusil au sixième étage et tout indique que l’homme a été là pendant un certain temps.
Le jeune homme
J’étais chez ma mère avec Jimmy. On était dans la cour de l’immeuble, au 505 Est 10e, à un bloc de l’endroit où le policier a été abattu. J’ai entendu des coups de feu. J’ai regardé dans la direction du bruit et j’ai vu le policier tomber et un homme courir.
Le mécanicien
Je faisais une intervention sur la rue Patton, entre Jefferson et la 10e. La voiture d’un client était arrêtée en plein milieu de la rue, c’était le carburateur, ou la pompe, qui était cassé. J’avais pas la pièce pour réparer avec moi. Je suis remonté en voiture pour aller la chercher. Au coin de Denver et de la 10e, j’ai vu une voiture de police à l’angle de Patton Street. Un officier de police se tenait debout près de la portière de sa voiture. L’autre homme était debout sur le côté droit, côté passager, il se tenait juste devant le pare-brise du côté du pare-chocs avant droit. Et puis j’ai entendu le tir. Ça a attiré mon attention, je roulais encore, je devais être à 40 km/h, et j’ai heurté le trottoir. Ensuite, j’ai entendu deux autres coups de feu. J’ai levé les yeux et j’ai vu le policier tomber. C’est après que j’ai vu le tireur. Il portait une veste légère, de couleur beige, à fermeture à glissière, un pantalon sombre et une chemise foncée. Il était de taille moyenne, de poids moyen, cheveux bruns.
Il s’est mis à marcher très lentement. On aurait presque dit qu’il s’était arrêté. En fait il rechargeait son arme. Il a jeté une douille par terre, puis il est entré dans un jardin. Il allait en direction du sud. J’ai cru qu’il habitait là et qu’il allait rentrer dans la maison. J’osais pas bouger, je pensais qu’il pouvait recommencer à tirer. J’ai eu vraiment peur. J’ai attendu un moment qu’il disparaisse au coin de la maison, et je suis sorti de mon camion. Je suis allé voir le policier. Il était allongé par terre, il y avait un gros caillot de sang qui sortait de sa tête et ses yeux étaient révulsés. Je me suis senti vraiment drôle. Je pense que le policier était mort avant de toucher le sol, parce qu’il n’a fait aucun mouvement pour se protéger dans sa chute. Il tenait encore son fusil dans sa main droite. Il était partiellement couché dessus.
Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Je suis entré dans la voiture de police, je ne me souviens plus si la portière était déjà ouverte. Je suis entré et j’ai attrapé la radio. J’ai pressé le bouton et j’ai dit qu’un officier avait été abattu. Au début j’ai pas eu de réponse, alors je l’ai répété et quelqu’un a fini par me répondre. Il m’a demandé où j’étais et j’ai dit sur la 10e. Je pouvais pas être plus précis, je ne savais plus où j’étais. Il m’a demandé de préciser. J’ai levé les yeux et j’ai vu ce numéro, le 410, et j’ai dit « 410 Est 10e rue ».
Après ça je suis ressorti de la voiture. J’ai marché dans la rue. J’étais hagard. Je ne savais pas quoi faire. J’ai commencé à me diriger vers la maison de ma mère qui habite à côté, puis je me suis dit que je ferais mieux de revenir en arrière pour chercher les douilles qu’il avait jetées. Je savais exactement où elles se trouvaient. J’en ai ramassé une avec les mains, puis j’ai pensé que les enquêteurs voudraient sûrement les empreintes digitales, alors j’ai sorti un paquet de cigarettes vide, je les ai ramassées avec un petit bâton et je les ai mises dans le paquet.
– 78 à Central : Quelqu’un a tiré sur un policier au 410, 10e rue.
– Central à 78 : 78 ? Voiture no 10 ?
– 78 à Central : Vous avez entendu ?
– Central à 78 : 78 ?
– 78 à Central : Opérateur de police, avez-vous eu mon message ? Il part en direction d’Ouest Jefferson.
– Central à toutes les voitures : Le suspect court en direction d’Ouest Jefferson.
– 78 à Central : Je suis sur la 10e, bloc 500, le policier a été abattu, je pense qu’il est mort.
– Central à 78 : 10-4, nous avons l’information.
– Central à 15 : Avez-vous reçu l’information d’un policier abattu ?
– 15 à central : 10-4, mais cette personne n’a-telle pas dit qu’il était sur Jefferson et 10e et ensuite Chesapeake ?
– Central à 15 : Oui.
– 15 à central : Avez-vous relayé ?
– Central à 15 : Oui, 19 sera bientôt sur les lieux.
– 91 à Central : J’ai en vue 19 avec un policier au niveau du bloc 400 sur la 10e Est. Le suspect a été vu pour la dernière fois courant vers Jefferson Ouest, pas de description pour le moment.
– Central à toutes les voitures : Le suspect vient de passer 401 Est Jefferson.
– Central à 91 : Donnez-nous l’emplacement correct, 91, nous avons trois emplacements différents.
– 91 à central : J’ai encore rien vu sur Jefferson, 10-4, je vérifie 491 Est 10e et Denver.
L’habitante du 400 Est 10e rue
On était tous dans le salon, j’étais allongée sur le canapé, Jeannette était couchée sur le lit avec ses enfants Annette et James Lee. On a entendu un premier coup de feu et on a pensé que c’était le pneu d’une voiture qui avait explosé. Puis on a entendu le deuxième et on s’est précipités à la porte d’entrée.
Il y avait une dame sur le trottoir, près de l’arbre, elle a crié : « Il lui a tiré dessus. Il est mort. Appelez la police. » C’est là qu’on l’a vu. Il marchait sur la pelouse de notre jardin. Il marchait sur notre pelouse en direction de Patton vers Jefferson Street, et en marchant il vidait les cartouches de son pistolet. Il les jetait au sol. Quand il a disparu au coin de la maison, j’ai couru les ramasser. J’ai trouvé deux douilles argentées dans l’herbe. Pendant ce temps-là Jeannette est allée appeler la police.
Le machiniste
J’étais au garage, le garage Harris Motor & Co. sur Est Jefferson, je travaillais. Je nettoyais un break quand j’ai entendu un coup de feu juste derrière moi, au nord, puis deux autres tirs. Je me suis relevé et j’ai essayé de voir d’où ça venait, d’où venait le son, et c’est là que je l’ai vu dans le jardin de la grande maison blanche. Il y a une grande maison blanche de deux étages juste au coin de Patton. Il courait en direction de Jefferson. Il a descendu Patton jusqu’à ce qu’il atteigne le coin de Jefferson, puis il s’est retourné et il a traversé à l’angle ouest. Ted était avec moi. C’est mon patron. Il l’a suivi pour voir où il allait.
– 91 à Central : Nous avons une description du suspect ici sur Jefferson, vu pour la dernière fois au niveau du bloc 400 sur Est Jefferson, un homme blanc, trente ans environ, 1,70 m, cheveux noirs, mince, portant une veste blanche, une chemise blanche et un pantalon sombre, arme inconnue. Répétez la description.
– Central à 91 : Porte une veste blanche, une chemise blanche et un pantalon sombre. Quelle est sa direction sur Jefferson ?
– 91 à Central : Il va en direction de l’ouest sur Jefferson, vu pour la dernière fois au niveau du 401 Ouest Jefferson, correction, c’est Est Jefferson.
– Central à toutes les voitures : Concentrez-vous pour enquêter sur une agression aggravée d’un agent de police, un mâle blanc d’environ trente ans, 1,70 m, de constitution mince, cheveux noirs, il porte une veste blanche, une chemise blanche, un pantalon sombre. Un suspect a été vu courant vers l’ouest sur Jefferson au niveau du bloc 400 et d’Est Jefferson à 13 h 24.
– Central à toutes les voitures : Un homme sur Ouest Davis conduisant une Pontiac blanche, de 1961 ou 1962, avec une plaque commençant par PE, dit qu’il y a un fusil posé au sol dans la rue.
Le garagiste
Je l’ai suivi jusque derrière la station-service, la station Texaco qui est au coin de Crawford et Jefferson, sur l’aire de stationnement, et c’est là que je l’ai perdu. J’ai regardé entre les voitures, sous les voitures, j’étais sûr qu’il se cachait là, mais rien, il avait disparu. La police est arrivée. Je leur ai dit que je l’avais vu par ici mais que depuis plus rien. Il y avait plein d’agents, c’était assez confus. Ils ont commencé à chercher avec moi et ils ont trouvé une veste. Puis ils ont reçu un appel radio comme quoi il avait été aperçu près de la bibliothèque qui est à trois pâtés de maisons d’ici. Ils sont remontés en voiture et ils sont partis.
– 279 à Central : Nous avons une veste blanche identique à celle du suspect qui a tiré sur l’officier. On l’a trouvée dans le parc de stationnement derrière la station-service au niveau du bloc 400 sur Ouest Jefferson, en face de la Dudley House. Nous avons une veste blanche, nous pensons que c’est la sienne.
– Central à 279 : Vous avez le suspect ?
– 279 à Central : Non, juste la veste posée au sol.
– 234 à Central : Je suis au croisement de la 12e et de Beckley, j’ai un homme dans la voiture avec moi qui peut identifier le suspect.
– Central à toutes les voitures : Le suspect a été vu près de la bibliothèque publique à l’angle de Marsalis et Jefferson.
L’agent de police no 1
Je roulais en direction du théâtre vers Oak Cliff, là où avait été abattu un officier, quand j’ai entendu à la radio qu’un suspect correspondant à la description avait été repéré courant sur la pelouse de la bibliothèque qui est au croisement de Jefferson et Marsalis. J’étais encore environ à trois quarts de bloc de Jefferson. Je m’y suis rendu. Il y avait déjà d’autres voitures quand je suis arrivé. On a pénétré dans le bâtiment par l’entrée ouest, on a fait sortir tout le monde et j’ai identifié l’homme qu’on avait vu courant sur la pelouse. Je l’ai interrogé. Il m’a dit qu’il travaillait là. Je me suis vite rendu compte que c’était pas le gars qu’on recherchait. Je suis remonté dans ma voiture et j’ai commencé à tourner dans la zone.
Je montais et je descendais les rues du quartier quand j’ai aperçu un homme portant une chemise blanche à manches longues qui marchait sur le parking vers l’église. Je ne pouvais pas voir ses jambes, il y avait une clôture. Quand je suis arrivé à peu près à trente pieds de lui, j’ai arrêté la voiture et j’ai posé mon fusil sur mes genoux. Il marchait dans ma direction. Quand il est arrivé à ma hauteur je lui ai demandé son nom. Il m’a regardé. À ce moment-là, je ne savais pas s’il avait une arme sur lui. Il s’est penché et j’ai sorti mon fusil par la fenêtre du véhicule. Je pensais qu’il s’était baissé pour prendre son arme. Il s’est relevé et il tenait un petit chien dans ses bras. J’ai démarré et je suis parti en direction du théâtre.
Le vendeur de chaussure
On était en train d’écouter la radio au magasin. Je gère un magasin de chaussures sur Ouest Jefferson. Ils disaient qu’un patrouilleur avait été abattu dans le quartier d’Oak Cliff. J’étais derrière le comptoir. J’ai entendu les voitures de police qui s’approchaient, j’ai levé les yeux et je l’ai vu. Il était là, debout, il tournait le dos à la rue. Il était de taille moyenne, il devait faire environ 1,70 m, et peser 70 kg. Il avait des cheveux bruns. Il portait une chemise de sport marron. Le bas de sa chemise sortait de son pantalon. Il avait un T-shirt sous sa chemise. Il avait l’air bizarre. Son visage me disait quelque chose. Je l’avais vu quelque part auparavant. Je pense qu’il était déjà venu dans mon magasin. Ses cheveux étaient ébouriffés, il semblait avoir couru, il avait l’air épuisé. Il se tenait debout, là, devant la vitrine, et il regardait rien en particulier, il regardait fixement.
Les voitures de police ont fait un virage en U en arrivant au niveau de Zangs et sont reparties dans la direction d’Est Jefferson. Il a regardé par-dessus son épaule, il s’est retourné et il a remonté Ouest Jefferson vers le théâtre. Il marchait rapidement. Je suis sorti de mon magasin et je l’ai vu rentrer dans le théâtre. J’y suis allé et au guichet j’ai demandé à la caissière si elle avait vendu un billet à un homme qui portait une chemise marron. Elle a dit non. Elle écoutait la radio. Je suis allé voir Butch Burroughs. Il était derrière son comptoir. Il exploite la concession du cinéma, il poinçonne les billets à l’entrée. Je lui ai posé la même question et il m’a répondu qu’il n’avait vu personne. On a vérifié les sorties de devant et de derrière du cinéma, mais tout était normal. Après on est rentrés dedans. On est allés au balcon, on a regardé dans la salle, il faisait noir, on ne pouvait pas voir grand-chose. On est retournés voir Julia. Elle a appelé la police et avec Butch on s’est postés aux sorties de devant et de derrière jusqu’à ce que la police arrive.
La caissière
J’étais à la caisse. J’écoutais la radio. Ils disaient que l’hôpital Parkland n’avait pas encore publié de communiqué officiel, que le Président était sorti de la salle d’opération et qu’il y avait encore de l’espoir. Puis j’ai entendu des sirènes de police, elles venaient du boulevard Jefferson. Elles allaient en direction de l’ouest. Je me suis dit qu’il se passait quelque chose. Je suis sortie de mon box pour aller voir ce qui se passait. C’est à ce moment que je l’ai remarqué de l’autre côté du trottoir. Il avait une attitude étrange. Une voiture de police est passée en trombe devant nous et il s’est retourné. Il avait un regard paniqué. Je me suis avancée dans la rue pour voir où allaient les voitures. Quand je suis retournée à ma caisse Johnny m’a demandé si un gars en chemise marron était rentré dans le théâtre. J’ai tout de suite fait le lien avec l’homme que je venais de voir. Il était plus là. J’ai dit à Johnny : « Non ! bon sang ! il a pas payé ! » Je lui ai dit d’aller voir dans le théâtre s’il y était.
– Pourquoi pensez-vous que c’est l’homme que nous recherchons ?
– Je ne sais pas.
– Il correspond à la description ?
– J’en sais rien, j’ai pas eu la description. Tout ce que je sais c’est que cet homme essaie manifestement d’éviter la police.
– Pourquoi ?
– Je ne sais pas pourquoi, chaque fois qu’il entend une sirène, il se cache. Je vais vous dire à quoi il ressemble et vous verrez. Il porte une veste de sport brune, un pantalon sombre, il est de taille moyenne, il s’est tourné vers moi…
– Merci.
L’agent de police no 2
L’appel radio est arrivé. J’ai sauté dans la voiture avec Ray. Il a pris le volant et on est partis en direction du théâtre. Ray ne connaissait pas le chemin. On a pris vers l’ouest sur Jefferson, on a continué au nord sur Zangs Boulevard et puis on a fait un virage à gauche pour prendre sur Ouest Sunset. C’était une rue à sens unique. On a dû faire demi-tour pour arriver sur le parking derrière le théâtre, devant les portes coupe-feu.
Je suis sorti en premier de la voiture et je me suis dirigé vers les portes de sortie d’incendie. Elles se sont ouvertes et un homme est sorti. J’ai dégainé mon arme et l’ai mis en joue. Je lui ai dit de mettre les mains sur la tête et de ne pas faire de mouvement. Il était vraiment nerveux et effrayé. Il a dit : « Je viens juste vous ouvrir la porte. Je travaille dans la rue au magasin de chaussures et Julia m’a envoyé pour vous ouvrir la porte. » Je suis allé vers lui et je l’ai fouillé brièvement. J’ai vite compris en voyant ses vêtements que c’était pas la personne qu’on recherchait.
– Pouvez-vous allumer les lumières ?
– Je vais aller chercher des lampes de poche.
– Non, rallumez les lumières du théâtre, nous sommes à la recherche d’un suspect.
Le spectateur no 1
J’étais au cinéma. Je dirige un magasin de détail sur Ouest Jefferson, le magasin Elko Camera, et quand il n’y a pas trop de monde au magasin, je vais au cinéma. J’étais assis sur le premier fauteuil à l’arrière, à l’extrême droite, c’est toujours là que je m’assois, c’est mon fauteuil.
Les lumières de la salle se sont allumées. Je me suis levé pour demander à la fille qui travaille là si quelque chose n’allait pas, je pensais qu’il y avait peut-être le feu. Je connais la plupart des gens qui travaillent au théâtre. Je me suis dirigé vers le hall et juste avant d’arriver à la porte j’ai vu deux ou peut-être trois policiers avec des fusils. Le premier m’a demandé s’il y avait des personnes au balcon. J’ai répondu que je ne savais pas.
Le spectateur no 2
Tout à coup la lumière s’est allumée. Des officiers de police descendaient l’allée de droite. J’étais assis au sixième rang, à peu près au milieu. L’un d’entre eux portait un fusil. Enfin, je crois qu’il avait un fusil. Ça avait l’air d’un fusil. Je me suis demandé quel était le problème. J’ai eu quelques soucis avec la loi. J’ai eu une peine de mise à l’épreuve. Mais c’est tout, à part des infractions mineures à la circulation. Je me suis levé pour demander ce qui se passait, un policier est passé devant moi sans rien dire. Il est allé au premier rang et il a interrogé deux garçons. Puis il s’est dirigé vers lui. Il était assis trois ou quatre rangées plus haut. J’ai entendu le policier lui dire : « Voulez-vous vous lever, s’il vous plaît ? »
L’agent de police no 3
Il y avait environ dix ou quinze spectateurs. Il y avait deux hommes assis au centre, à environ dix rangs du premier rang. Je me suis dirigé vers eux. J’ai pris l’allée juste derrière eux. Quand je suis arrivé à leur niveau, je leur ai demandé de se lever. Je les ai fouillés. Je cherchais une arme. J’ai regardé par-dessus mon épaule le suspect qui m’avait été signalé. Il était assis sans bouger, il me regardait. Après avoir vérifié que ces deux hommes n’étaient pas armés, je suis sorti de cette rangée, jusqu’à l’allée centrale, en direction du suspect. Je marchais vers lui, j’avais une démarche normale, je ne le regardais pas directement, mais je le surveillais du coin de l’œil. À ma gauche il y avait un autre homme et je crois qu’une femme était avec lui. Mais ils étaient plus loin que le suspect. Quand je suis arrivé à la rangée où le suspect était assis, je me suis arrêté brusquement et je lui ai dit de se lever. Il s’est levé tout de suite. Il a mis sa main gauche au niveau de son épaule gauche et la droite au niveau de sa poitrine et il a dit : « Bon, tout est fini. » J’allais pour l’arrêter, j’avais posé ma main gauche sur sa taille, quand il a fait un geste brusque avec sa main droite en direction de sa taille. Nous sommes tous deux tombés dans les sièges.
De sa main gauche il m’a frappé au visage, sur le nez. J’ai riposté, je crois que je l’ai frappé au visage aussi. Avec mon autre main j’ai bloqué sa main droite qui tenait une arme. Alors j’ai crié : « Je l’ai » et les collègues ont accouru.
– Il est ici ! Levez-vous, s’il vous plaît.
– O.K., tout est fini.
– Je le tiens !
– Attention, il a un pistolet.
– Où ?
– Là, à sa ceinture.
– Ray, attrape son bras.
– Je tiens sa jambe.
– Est-ce que quelqu’un a pris son arme ?
– Lâchez votre arme.
– Jerry, tu as entendu le clic de son arme ?
– Non.
– Bon Dieu ! Est-ce que quelqu’un a attrapé son arme ?
– J’ai le pistolet ! Je l’ai.
– Assure-toi que tu le tiens bien.
– Menottez-le.
– Mac, passe-moi des menottes.
– Amenez le bras dans le dos, j’ai les menottes, que je puisse lui passer les menottes.
– Ne me frappez plus !
– Bob, tu l’as menotté ?
– Oui.
– Je connais mes droits. C’est de la brutalité policière. Je proteste contre cette brutalité policière. Pourquoi faites-vous cela ?
– Vous êtes en état d’arrestation. Vous êtes soupçonné de l’assassinat d’un officier de police.
– Je veux un avocat. Je connais mes droits.
– Comment vous appelez-vous ?
– …
– Sortez-le d’ici. Mettez-le dans la voiture de patrouille et conduisez-le directement au poste de police. Informez le central que vous êtes sur le chemin.
L’ouvreuse
Je préparais les sachets de bonbons à vendre pour l’entracte. J’ai entendu des bruits de lutte et quelqu’un qui criait : « J’exige mes droits. » Puis je l’ai vu sortir. Il était encadré de trois policiers. Il semblait très énervé. Il avait les mains menottées derrière le dos. Les policiers l’ont emmené à la voiture et ils sont partis.
L’agent de police no 4
J’étais avec Ron Reiland et Hugh Aynesworth du Dallas Morning News. On avait réussi à entrer dans le théâtre. J’étais à l’arrière sur la petite rampe, je regardais à travers les rideaux. Il faisait assez sombre. Je pense que la projection avait été arrêtée, parce que je ne me souviens pas d’avoir entendu du son, et il faisait encore noir quand j’ai ouvert les rideaux. Les lumières se sont allumées et je les ai vus l’arrêter. Ça a duré quelques secondes et ils l’ont emmené. À ce moment l’officier responsable a crié : « Ne laissez personne voir son visage, ne laissez personne le toucher. »
L’agent de police no 5
On est sortis du théâtre par l’entrée principale, notre voiture était garée juste devant. J’étais avec Mac, Paul, Jerry et Ray. Il y avait Thomas aussi. Deux d’entre nous le tenaient de chaque côté et un troisième maintenait son bras sous son menton pour incliner sa tête en arrière et l’empêcher de hurler. Moi, je marchais devant lui. Quand on est sortis il y avait déjà beaucoup de monde dehors. C’était très bruyant, les gens criaient : « Tuez-le », « Laissez-le-nous », « On va le tuer ». On s’est frayé un chemin jusqu’à la voiture. Thomas s’est assis à l’arrière avec lui, Paul est monté avec moi à l’avant et on a démarré.
– 550 à 531 : Nous avons arrêté le suspect du tir sur l’agent de police et nous sommes en route pour le central.
– 531 à 550 : Où êtes-vous, 550 ?
– 550 à 531 : Nous sommes au Texas Theatre. Nous avons interpellé le suspect du meurtre de l’agent Tippit après une lutte à l’étage inférieur du théâtre. Nous sommes en voiture. Nous nous dirigeons vers le central. Je suis avec 223 et 492. Envoyez quelqu’un récupérer la voiture de 223.
– Comment vous appelez-vous ?
– …
– Où habitez-vous ?
– Je ne sais pas pourquoi vous me traitez ainsi. La seule chose que j’ai faite c’est de porter un pistolet dans un cinéma.
– Non, monsieur, vous avez fait beaucoup plus. Vous avez tué un policier.
– Vous me faites rire.
– Où étiez-vous avant d’aller au cinéma ?
– …
– Quel est votre nom ?
– Je ne vois pas pourquoi vous m’avez menotté. Le seul crime que j’ai commis c’est d’avoir une arme sur moi.
– Nous arrivons au poste de police. Il y a des journalistes et des photographes à l’entrée. Si vous voulez, nous pouvons cacher votre visage sous une couverture.
– Pourquoi est-ce que je devrais cacher mon visage ? Je n’ai rien fait de honteux.