était ridicule, impensable, intenable... mais bien réelle. « Gene, comment
avez-vous pu me faire ça, à moi ? » songea-t-il.
Le décès de Gene, à soixante-deux ans, avait surpris tout le monde, compte
tenu notamment de la longévité de ses parents. Il comptait sans doute
modifier son testament ultérieurement, une fois que Cade aurait racheté
suffisamment d'actions pour devenir actionnaire majoritaire, comme prévu.
Mais Gene n'en avait pas eu le temps et Cade devait s'accommoder du seul
actionnaire majoritaire nommé dans le testament : Kylie Marie Brennan.
— Coucou, Cade ! lança Bridget, comme si elle saluait un vieil ami et non pas
le P.-D.G. de l'entreprise.
— Coucou Bridget, répondit-il sur le même ton.
Kylie Brennan rayonnait d'une beauté naturelle : des pommettes hautes, des
yeux d'un bleu de porce laine et un visage en forme de cœur encadré par des
cheveux noirs coupés au carré. Elle possédait une grande bouche généreuse,
un grain de beauté sur la joue gauche, et quand elle souriait, elle dégageait
sensualité et douceur, raison et passion. Un fascinant contraste qui suscita
une réaction immédiate chez Cade, et il sentit à sa plus grande surprise une
vague de chaleur lui enfiévrer le sang. Pourtant, il s'agissait de son patron ! La
dernière chose dont lui — ou BrenCo — avait besoin, c'était de se laisser
tourner la tête par cette fe mme ayant le pouvoir de vendre l’ entreprise d'un
simple claquement de doigts. Nom d'un chien, pourquoi était-elle aussi
séduisante ? Il observa ses lèvres pleines et se mit à imaginer...
— Je suppose que vous vous connaissez ? demanda Bridget.
Intérieurement, Cade la remercia pour ce rappel à l'ordre. Que lui arrivait-il ?
Quand il travaillait, il ne pensait jamais à autre chose. Et pourtant... Etait-il
devenu fou ?
— Cade Austin, se présenta-t-il sur un ton sec en tendant sa main à Kylie.
Nous n'avons pas été officiellement présentés, mais je vous ai vue aux
obsèques de Gene.
— Kylie Brennan, dit-elle à son tour en posant sa main dans celle de Cade.
Immédiatement, elle fut frappée par la taille de celle-ci pendant que les doigts
longs et forts de Cade se refermaient sur les siens.
— Je suis désolée de ne pas vous avoir contacté. J'ai bien reçu tous vos
rapports, mais j'ai eu beaucoup de travail et...
Il s'agissait d'une mauvaise excuse, et elle le savait : Cade Austin était lui aussi
un homme occupé, mais il avait pris le temps de lui envoyer tous ces
documents. Automatiquement, elle leva les yeux vers lui. Leurs regards se
rencontrèrent et il arqua les sourcils dans une mimique qu'elle ne put