Kylie sentit des gouttes de sueur perler à son front. Les questions continuaient

à la tourmenter : pourquoi tante Lauretta et oncle Guy n'avaient-ils pas

organisé le rendez-vous chez eux ? Cela aurait simplifié la vie de tout le

monde, à moins qu'ils ne prévoient de se débarrasser d'un corps — de son

corps ! Le cas échéant, il valait mieux commettre le crime ailleurs.

Le cœur de Kylie battait si fort qu'elle s'attendit presque à ce qu'il explose. Elle

tenta de se raisonner, disant qu'elle se laissait emporter par son imagination.

Elle se faisait peur elle-même, comme la veille, dans sa petite chambre.

Si ce n'est que, la veille, elle avait couru se réfugier dans la chambre de Cade et

que là, il ignorait où elle se trouvait. Si au moins elle le lui avait dit ! Et si elle

faisait demi-tour ? Il n'était pas trop tard, elle pouvait...

C'est alors qu'elle aperçut un panneau : « Peach Tree Inn, 1 mile ».

Seule dans sa voiture, Kylie rougit. Le restaurant existait bel et bien, et elle

exhala un soupir de soulagement : heureusement, personne n'apprendrait

jamais les histoires ridicules qu'elle avait échafaudées.

Quant à Cade... Kylie grimaça. Il lui dirait probablement qu'elle n'avait pas

complètement tort et que les Brennan étaient prêts à tout. La voix de Bobbie

résonna dans son esprit :

Cade est sans pitié. Il ferait n'importe quoi pour BrenCo, et il faut que tu

gardes ça en tête parce que tu te trouves en travers de son chemin...

Pas étonnant qu'elle ait les nerfs à fleur de peau : de toutes parts, ce n'était que

doutes et soupçons. Cade contre les Brennan, les Brennan les uns contre les

autres. Et tous contre elle ?

Le Peach Tree Inn était entouré d'arbres dénudés qui pouvaient être des

pêchers. Une plaque apposée à côté de la porte d'entrée racontait brièvement

l'histoire de l'endroit, qui existait depuis le début du XIX e siècle. Les murs de

brique étaient décorés d'un joyeux bric-à-brac d'objets anciens, allant de vieux

pichets à des broderies jaunies. Les serveuses portaient de longues robes

fleuries et des tabliers, comme dans l'ancien temps.

— Kylie, chérie !

Tante Lauretta, enveloppée dans un manteau en fourrure, s'avança vers elle et

la serra dans ses bras. Elle portait un tailleur de soie et des chaussures à talons

hauts qui contrastaient avec le jean et les tennis de Kylie. Oncle Guy lui avait

pourtant précisé : « Inutile de t'habiller chic, nous allons dans un endroit

décontracté. » Etait-ce ce que Lauretta appelait une tenue décontractée ?

— Quel bonheur de te voir ! Cet endroit est vraiment charmant, n'est-ce pas ?

J'espère que tu ne regrettes pas d'avoir fait la route, débita Lauretta, telle un

vrai moulin à paroles. Les hommes voulaient que nous nous rencontrions à