La seule qu'il ne pouvait pas contrôler, la seule qu'il ne pouvait pas malmener,
menacer ou obliger à force de cajoleries parce qu'elle savait exactement ce
qu'il faisait et qu'elle n'hésitait pas à lui rendre la monnaie de sa pièce.
Et aussi parce qu'il n'avait aucune envie de la malmener, de la menacer ou de
l'obliger à faire quoi que ce soit. Kylie et lui avaient une méthode bien plus
efficace et agréable de communiquer.
Kylie se déplaçait tranquillement dans le musée avec Cade sur ses talons,
même si ce dernier aspirait à passer le temps autrement. Pour sa part, Kylie
semblait fascinée par la vitrine qui se trouvait devant ses yeux, ne se rendant
absolument pas compte que Cade se consumait littéralement de désir pour
elle. Serrant les poings pour réprimer son envie de poser ses mains sur la
jeune femme, h s'efforça de s'intéresser lui aussi à la visite.
— Qui peut bien être ce Joey Powers ? demanda-t-il. Je n'ai jamais entendu
parlé de lui.
— C'est normal, il n'a sorti qu'un seul disque, en 1963.
— Est-ce que nous ne pourrions pas trouver quelque chose sur Elvis, ou Bruce
Springsteen ? Ou du moins sur un chanteur connu ?
— Dois-je comprendre que tu n'es jamais venu ici avant aujourd'hui, alors que
Cleveland n'est qu'à une heure de Port McClain ?
— En effet.
— Incroyable, répondit Kylie, avec un froncement de sourcils désapprobateur.
— J'avoue que cela ne me manque pas, reconnut Cade.
— Oh, regarde ! dit-elle, en montrant une exposition consacrée aux différentes
étapes de la création d'une chanson.
— Je suis déjà fasciné, répondit Cade en levant les yeux au ciel.
Kylie passa les heures suivantes à visiter le musée dans ses moindres recoins,
ne voulant rien manquer. Cade, qui ne partageait pas sa passion des visites
touristiques, ne la lâcha pourtant pas d'une semelle.
Tout l'après-midi, elle se répéta que sa visite était censée lui apporter un
moment de répit, la distraire de ses pensées qui revenaient invariablement
vers Cade, de ses réelles motivations et de leurs incroyables moments
d'intimité. Bien qu'il restât en permanence à ses côtés, qu'il ne la laissât pas
s'éloigner de plus de quelques centimètres — et probablement à cause de cela
— elle étudia de près tout ce que le musée avait à proposer. Et elle apprit
énormément sur l'histoire du rock.