[1] Premier ministre. La marque de
sa dignité est le cachet de l'empire, que le sultan lui remet en
l’investissant de sa charge.
[2] Ce mot arabe signifie empereur
ou seigneur ; on donne ce titre à presque tous les souverains
de l'Orient.
[3] Le titre de sultane se donne à
toutes les femmes des princes de l'Orient. Cependant le nom de
sultane, tout court, désigne ordinairement la favorite.
[4] Suivant les traditions des
musulmans, il y a eu deux sortes de génies : les péris et
les dives. Les premiers étaient bienfaisants ; les
dives, féroces et ennemis de l'homme.
[5] L'ablution avant la prière est
de précepte divin, dans la religion musulmane : « Ô vous,
croyants ! lorsque vous vous disposez à la prière, lavez-vous
le visage et les mains jusqu'aux coudes ; baignez-vous la
tête, et les pieds jusqu'à la cheville. » Un musulman doit faire sa
prière cinq fois par jour : 1° Une heure avant le lever du
soleil ; 2° à midi ; 3° à trois heures après midi ;
4° au coucher du soleil ; 5° une heure et demie après le
coucher du soleil. En priant, le musulman se tourne toujours du
côté de la Mecque.
[6] La loi civile chez les
mahométans reconnaît pour également légitimes les enfants qui
proviennent de trois espèces de mariages permises par leur
religion, suivant laquelle on peut licitement acheter, louer ou
épouser une ou plusieurs femmes ; de façon que si un homme a
de son esclave un fils avant d'en avoir de son épouse, le fils de
l'esclave est reconnu pour l'aîné, et jouit des droits d'aînesse à
l'exclusion de celui de la femme légitime.
[7] Nom des deux seules fêtes
d'obligation que les musulmans aient dans leur religion. Ce sont
des fêtes mobiles, qui, dans l'espace de trente-trois ans, tombent
dans tous les mois de l'année, parce que l'année musulmane est
lunaire. La première de ces fêtes arrive le premier de la lune qui
suit celle du Ramazan, ou carême des mahométans. Ce Baïram dure
trois jours, et tient tout à la fois de la pâque des Juifs, de
notre carnaval et de notre premier jour de l'an. On immole des
agneaux ou des bœufs, et c'est à cette cérémonie que la fête doit
le nom de aïd el courbân (fête des sacrifices).
Le petit Baïram (aïd saghir) est célébré le premier jour
du mois de chawal, à l'occasion de la fin des jeûnes du
Ramazan.
[8] La prière est un des quatre
grands préceptes de l’Alcoran.
[9] Les musulmans
reconnaissent quatre grands prophètes ou législateurs : Moïse,
David, Jésus-Christ et Mahomet.
[10] Les mahométans croient que
Dieu donna à Salomon le don des miracles plus abondamment qu’à
aucun autre avant lui : suivant eux, il commandait aux anges
et aux démons ; il était porté par les vents dans toutes les
sphères et au-dessus des astres ; les animaux, les végétaux et
les minéraux lui parlaient et lui obéissaient ; il se faisait
enseigner par chaque plante quelle était sa propre vertu, et par
chaque minéral à quoi il était bon de l’employer ; il
s’entretenait avec les oiseaux, et c’était d’eux dont il se servait
pour faire l’amour à la reine de Saba, et pour lui persuader de le
venir trouver. Toutes ces fables de l’Alcoran sont prises dans les
Commentaires des Juifs.
[11] Assaf, fils de Barakhia ou
de Beloukia, ministre de Salomon.
[12] Le mail ou jeu de paume à
cheval, appelé tchogan par les Persans, se joue de la
manière suivante : La balle est jetée au milieu de la place,
et les joueurs, partagés en deux troupes, le mail à la main,
courent après au galop pour la frapper.
[14] Calife ou khalife (khalifah)
est un mot arabe qui signifie vicaire, et sous lequel sont désignés
les souverains de l’empire des Arabes, successeurs de
Mahomet.
[15] L’usage du vin est interdit
par la religion musulmane.
[16] Les calenders, ou
kalenderis, sont des derviches dont la vie religieuse n’est
généralement pas approuvée des musulmans.
[17] Haroun, surnommé Alraschid,
le Juste, est un des plus célèbres princes de la dynastie des
Abbassides, dont il est le cinquième calife.
[18] Giafar, l’un des membres les
plus célèbres de la famille des Barmécides, était le favori de
Haroun Alraschid, et portait, comme son père Yahya, le titre de
vizir.
[19] Moussoul, ville de la
Mésopotamie qui fait aujourd’hui partie des possessions du grand
seigneur. Elle possède des fabriques de toile de coton qui, de son
nom, ont pris celui de mousseline.
[20] Khan ou caravansérail,
bâtiment qui sert d’hôtellerie en Orient, et où les caravanes sont
reçues gratuitement ou pour un prix modique.
[21] Frapper quelqu’un sur la
bouche avec un soulier, c’est lui infliger un châtiment
ignominieux. Cet usage, qui subsiste encore aujourd’hui, paraît
fort ancien dans l’Orient.
[22] Commandeur des croyants, ou
prince des fidèles, en arabe Émir-almoumenin ; c’est de ce nom
que nos anciens historiens ont fait celui de Miramolin.
[23] Bagdad, ville fondée par
Almansour, second calife de la dynastie des Abbassides. Ce prince,
dégoûté du séjour de la ville de Haschemiah près de Coufah, où des
rebelles étaient venus l’assiéger dans son château, résolut de
bâtir une ville où il fût plus en sûreté. Après avoir choisi,
d’après le conseil de ses astrologues, un jour et un moment
heureux, il jeta les fondements de sa capitale dans une campagne
située sur les bords du Tigre, et que Chosroès-Nourschirvan avait
donnée autrefois en apanage à une de ses femmes. Cette princesse y
avait fait bâtir une chapelle dédiée à une idole nommée Bag, et
avait en même temps donné à cette campagne le nom de Bagdad, ce qui
signifie en persan le don de Bag. Bagdad, comme toute la province
de l’Irac-Araby, dont elle est la principale ville, appartient
aujourd’hui au Grand-Seigneur.
[24] L’Alcoran, ou, plus
exactement, le Coran, mot arabe qui signifie lecture, est le
recueil des prétendues révélations faites à Mahomet par le
Très-Haut au moyen de l’entremise de l’ange Gabriel. Il se compose
de cent quatorze chapitres, ou surates, que le prophète des Arabes
publia successivement, faisant croire à ses disciples que l’ange
Gabriel lui remettait par portions ce livre qui était sorti complet
des mains de Dieu. La première révélation est séparée de la
dernière par un espace de vingt-trois ans. Le prophète avait
quarante ans lorsqu’il annonça avoir reçu la première visite de
l’ange Gabriel ; ces visites continuèrent jusqu’à la mort de
Mahomet, et il dictait à un secrétaire les différents chapitres du
saint livre à mesure que l’envoyé de Dieu les lui apportait. L’art
de l’écriture était encore rare à cette époque, et il ne paraît pas
que Mahomet ait su écrire.
[25] La religion musulmane est
fondée sur le pur déisme ; ses sectateurs la divisent en deux
branches, dont l’une est appelée la foi, et l’autre le culte ou la
pratique. La foi consiste dans la croyance au symbole
suivant : Il n’y a qu’un Dieu, et Mahomet est le prophète de
Dieu.
[26] Talisman ou thelesmân, nom
que les Orientaux donnent à toute pierre précieuse gravée sous
l’influence d’une constellation, et portant des caractères et des
emblèmes empruntés aux sciences occultes.
[27] Pabouche ou babouche, mot
qui n’est qu’une légère altération du persan païpousche, qui
signifie soulier. Les babouches sont des espèces de mules.
[28] Les chats ne sont point
regardés par les musulmans comme des animaux immondes. « On
assure même, dit M. Marcel, que Mahomet aimait beaucoup les
chats, et on raconte qu’un jour une chatte favorite s’étant
endormie sur un pan de la robe du prophète, lorsque l’heure de la
prière fut annoncée, il se décida à couper le morceau d’étoffe sur
lequel l’animal s’était endormi, afin de ne point interrompre ce
sommeil paisible en se levant pour vaquer à ses fonctions
religieuses. » (Contes du Cheikh Élmohdy Vol.III)
[29] Le mot scheikh signifie
vieillard, mais il a pris la même extension que le mot latin
senior, dont on a fait seigneur. Le titre de vieux de la montagne,
donné par nos historiens des croisades aux chefs des Ismaéliens, ou
assassins, dérive tout simplement d’une traduction trop littérale
des mots scheikh al gebel, qui signifient seigneur de la montagne.
Le chef des Ismaéliens était ainsi nommé parce qu’il habitait le
château d’Alamout, situé au sommet d’une montagne.
[30] Le jeu des échecs est une
invention indienne. Les Persans conviennent que ce jeu leur fut
apporté de l’Inde dans le sixième siècle de notre ère. Il est
probable que le mot échecs vient du persan schah, qui signifie
roi ; les Persans, pour dire échec et mat, se servent de
l’expression schah mat, le roi est mort.
[32] L’incident de la montagne
d’aimant se retrouve dans un poème en vers allemands intitulé
Histoire du duc Ernest de Bavière, et qui a pour auteur Henri de
Veldeck, poète qui écrivait à la fin du douzième siècle. Le conte
de la montagne d’aimant, dont l’origine orientale est
incontestable, paraît avoir plu singulièrement aux romanciers du
moyen-âge.
[33] Le roc, ou rokh, est un
oiseau merveilleux qui n’a jamais existé, selon tonte apparence,
que dans l’imagination des conteurs arabes, qui lui font jouer un
grand rôle dans leurs récits. Le roc, d’après leurs récits
fabuleux, a la forme de l’aigle ; mais il est assez grand et
assez fort pour enlever l’éléphant. Parvenu à une grande hauteur,
l’oiseau géant laisse tomber l’animal, qui se brise dans la chute,
et le roc s’abat pour en faire sa proie.
[34] L’histoire de Zobéide n’est
pas sans quelque ressemblance avec une des histoires précédentes,
celle du vieillard et des deux chiens noirs.
[35] Amin succéda à son père
Haroun Alraschid en l’année 193 de l’hégire (809 de J.-C.). À peine
fut-il sur le trône, qu’il s’abandonna sans réserve à ses passions
dominantes, celles du vin et des femmes, et se livra à des actes
impolitiques qui dénotaient son incapacité. Il fut assassiné par
l’ordre d’un des généraux de Mamoun, son frère. Il était âgé de
vingt-huit ans et en avait régné cinq.
[36] Mamoun, l’un des plus
célèbres califes de la dynastie des Abbassides, succéda en l’année
198 de l’hégire (813 de J.-C.) à son frère Amin, et occupa le trône
pendant plus de vingt ans. Il mourut en l’année 218 de l’hégire
(833 de J.-C.), à l’âge de 48 ans.
[37] La famille des Barmécides,
dont Giafar, ministre de Haroun, est un des membres les plus
célèbres, s’est acquis en Orient, par ses richesses et sa
générosité, une renommée que la terrible catastrophe qui a mis fin
à tant de prospérité n’a pas manqué d’augmenter. Les Barmécides, ou
mieux Barmékides, étaient originaires de Balk, et d’une naissance
illustre. Cette grande catastrophe eut lieu le 1er safar 187 (29
janvier 803). Giafar eut la tête tranchée. L’ordre fut donné
aussitôt d’arrêter le père et les frères de Giafar avec toute leur
famille, et ils furent envoyés à Rakka en Mésopotamie, où ils
finirent leurs jours dans la captivité.
[38] Noureddin signifie, en
arabe, la lumière de la religion ; et Bedreddin, la pleine
lune de la religion.
[39] C’est-à-dire le soleil de la
religion. (Galland.)
[40] Mohammed ou Mahomet est le
nom que portait le fondateur de l’islamisme, et les dévots
musulmans s’honorent de porter le même nom que leur prophète.
« Le préjugé est si général, dit M. Reinaud, que ceux qui
sont ainsi appelés passent pour des êtres privilégiés. À
Constantinople, lorsque l’état est en danger, le sultan fait choix
de quatre-vingt-douze musulmans du nom de Mohammed, et les charge
de réciter certains chapitres de l’Alcoran ; il s’imagine par
là assurer le salut de l’empire. »
[41] Bedreddin, ce mot signifie
la pleine lune de la religion.
[42] Tous les Orientaux couchent
en caleçon, et cette circonstance est nécessaire pour la
suite.
[43] La célèbre mosquée des
Ommiades, l’un des plus beaux édifices de l’Asie, fut élevée par
ordre du calife Walid Ier, qui en fit jeter les fondements sur les
ruines de l’ancienne église de Saint-Jean-Baptiste. Douze mille
ouvriers travaillèrent pendant quinze ans à ce magnifique édifice,
et il coûta cinq millions six cent mille dinars (cinquante-six
millions de francs). Les architectes les plus habiles des états du
calife et de l’empire grec y furent employés. Six cents lampes
suspendues par des chaînes d’or y répandaient un tel éclat qu’elles
causaient aux musulmans des distractions ; aussi furent-elles
dans la suite remplacées par des lampes de fer.
[44] Cette prière se fait en
tout temps, deux heures et demie avant le coucher du soleil.
[45] Le sorbet ou
scherbet, comme prononcent les Arabes, est une boisson
composée de jus de citron ou d’autres fruits, de sucre et d’eau,
dans laquelle on fait dissoudre quelques pâtes parfumées.
[46] Les mahométans donnent
ordinairement ce nom aux eunuques noirs.
[47] Échantillon, morceau de
quelque chose qui est à vendre, et dont on veut faire voir la
qualité.
[48] Dans les principales villes
de Turquie marchés publics, espèces de halles couvertes.
[49] Le baume de la Mecque est
le suc résineux d’un arbre de la famille des térébinthacées, appelé
par Linné amyris gileadensis. Le baume de la Mecque coule
naturellement de l’arbre pendant les chaleurs de l’été, sous forme
de petites gouttelettes résineuses dont on aide la sortie par des
incisions. Ce baume, regardé comme le plus précieux, est réservé
aujourd’hui pour le grand seigneur et pour les pachas, etc.
[50] Le lieu public dans les
villes du Levant où logent les étrangers.
[51] Mostanser Billah,
trente-sixième calife Abbasside, monta sur le trône en 1226 de
notre ère (623 de l’hégire). Ce prince, l’un des meilleurs de sa
dynastie, se recommande par sa justice et par une libéralité
extraordinaire. Un jour qu’il visitait les trésors amassés par ses
ancêtres, frappé d’étonnement à la vue d’une citerne remplie d’or,
il s’écria : « Que ne puis-je vivre assez pour faire un
bon emploi de ces richesses si longtemps enfouies ! –
Seigneur, répondit un des courtisans, votre aïeul Naser formait le
vœu contraire. Voyant qu’il s’en fallait de deux brasses que cette
citerne ne fût comble, il souhaitait de vivre assez pour la voir
entièrement pleine. On rapporte que pendant les nuits du mois de
ramadan, qui est consacré à un jeune sévère, il faisait dresser
dans les rues de Bagdad des tables bien servies, auxquelles tous
les Musulmans pouvaient venir s’asseoir. Le trait suivant offre un
exemple de libéralité portée jusqu’à la profusion. Mostanser ayant
un jour aperçu du haut de son palais des hardes étendues sur les
terrasses d’un grand nombre de maisons, en demanda le motif, et
apprit que les vêtements qu’il voyait étaient ceux de plusieurs
habitants de Bagdad qui les avaient lavés et mis sécher, afin de
solenniser la fête du Baïram. « Est-il possible, dit le
calife, qu’il y ait parmi mes sujets un si grand nombre de
personnes n’ayant pas les moyens de s’acheter un habit pour fêter
le Baïram ? » Aussitôt il fit venir des orfèvres, et leur
ordonna de faire une certaine quantité de balles d’or, que le
calife et ses courtisans lancèrent avec des arbalètes sur toutes
les terrasses où on voyait des vêtements étendus. Mostanser mourut
en 1242 de J.-C. (640 de l’hégire), âgé de cinquante et un
ans.
[52] Personne qui a perdu une ou
plusieurs dents de devant.