Même, m’aimes-tu ?
Quand « même » est encadré d’un article et d’un nom, c’est très simple, il s’aligne toujours sur le nom.
Les mêmes erreurs mènent toujours aux mêmes échecs.
S’il perd sa place et se retrouve derrière un ou plusieurs nom(s), c’est le sens qu’il prend qui déterminera son accord. S’il signifie « eux-mêmes », « elles-mêmes » (on remarquera que, accolé à un pronom personnel, il faut lui adjoindre un trait d’union et la marque du pluriel si le pronom est lui-même au pluriel), il est alors adjectif et s’accorde.
Il était la douceur et la gentillesse mêmes.
Les adultes mêmes peuvent jouer à cache-cache.
En revanche, si l’on peut le remplacer par « aussi », il est adverbe et reste invariable.
Elle s’est blessée et a même versé quelques larmes.
Dans la phrase Les adultes même peuvent jouer à cache-cache, on pourrait tout autant laisser « même » invariable, considérant qu’il pourrait être remplacé par « aussi ». On constate que certaines phrases présentent un double sens, et que seul le contexte nous permet de décider.
Chaque fois que « même » est adverbe, donc employé dans l’acception d’« aussi », on peut le déplacer dans la phrase sans en changer le sens. S’il peut être remplacé par « eux-mêmes », nous ne pouvons pas le bouger sans modifier la signification de la phrase.
Ils sont infidèles et fourbes même.
Ils sont infidèles et même fourbes.
Vous êtes seul ?
Attention au « vous » de politesse qui s’écrira « vous-même » puisqu’il ne s’adresse qu’à une seule personne, à bien distinguer du « vous-mêmes » qui correspond à un véritable pluriel.
Vous-même, monsieur le président, constatez avec amertume cette situation.
Vous-mêmes, étudiants, défendez vos droits !
Il en ira de même avec le « nous-même » qui, pris dans un sens de généralité pour désigner un groupe, restera au singulier. Ou dans un cas de mégalomanie aiguë !
Nous-même, président,…
Tout est bien qui commence bien…
L’usage, dans notre langue, jouit d’une immense influence sur l’orthographe. Et l’euphonie (l’harmonie sonore) tout particulièrement.
- Chaque fois que « tout » vient amplifier l’adjectif féminin qu’il précède, il a le sens de tout à fait. Si l’adjectif commence par une voyelle ou un « h » muet, la liaison se fait naturellement, et l’adverbe « tout » reste donc invariable.
La jeune femme tout abandonnée à ses pensées ne remarqua pas l’absence de son amie.
- Si c’est une consonne ou un « h » aspiré, pour flatter l’oreille, nous devrons accorder au féminin et féminin pluriel « tout » sur le modèle de l’adjectif.
Cette route toute sinueuse s’avère des plus dangereuses.
(Pour l’accord de l’adjectif derrière « des plus », voir le chapitre 3.)
Ces fillettes toutes surprises de voir qu’il n’y avait pas d’école ce matin.
Elle était tout heureuse et à la fois toute honteuse.
Pour savoir si un « h » est muet ou aspiré, il suffit de lui mettre un « l’ » devant. On peut élider (mettre une apostrophe à la place de la voyelle de l’article) quand le « h » est muet, on conserve l’article devant un « h » aspiré et on ne fait pas la liaison au pluriel.
L’homme (« h » muet) détestait le haddock (« h » aspiré).
- Avec un adjectif masculin pluriel, « tout » ne varie pas.
Ils semblaient tout satisfaits de leur plaisanterie.
La ville forme un tout
Si l’envie vous prend de faire des effets de style et de vouloir mettre tout Paris, tout Rome ou Londres dans une seule phrase, prenez garde. Le peuple d’une ville désigné par le nom de la cité est toujours du masculin.
Tout Paris défilait dans les rues.
Mais le Tout-Paris s’est rendu à l’inauguration de sa dernière exposition.
On placera un trait d’union entre tout et Paris (si Paris est la capitale, tout se doit d’en prendre une) quand on crée un nom commun sur le modèle de tire-bouchon).
- « Tout à » ou « tout de » suivent la même règle l’un et l’autre, et bénéficient d’une certaine souplesse, on peut accorder en genre et en nombre comme on peut laisser invariable.
Elle est toute à son ouvrage. Elle est tout à son ouvrage.
Sa lettre était tout de passion. Sa lettre était toute de passion.
On se pliera au diktat de notre ouïe et on choisira plutôt l’accord devant une consonne et l’invariabilité devant une voyelle, mais le tout au singulier !
En effet, au pluriel le sens diffère selon l’accord.
Ses lettres étaient toutes de passion. Toutes ses lettres sont empreintes de passion.
Ses lettres étaient tout de passion. Elles sont enflammées.
- « Tout en » supporte l’accord uniquement si l’expression se rapporte à un nom féminin singulier.
La mariée portait une robe tout(e) en broderie.
Il ne semble pas concevable de dire des robes toutes en broderie, la liaison ne le permet pas.
En larmes
La locution « tout en larmes » est figée et ne s’accorde jamais.
- « Tout autre » échappe à la règle euphonique qui exige de ne pas accorder devant une voyelle.
C’est de nouveau une histoire de sens ! Si « tout autre » signifie n’importe quelle autre, tout s’accorde au féminin.
Toute autre difficulté me paraîtrait annexe.
N’importe quelle autre difficulté me paraît annexe.
Inversement dans le sens de tout à fait autre, il reste invariable.
Son projet est tout autre…
On peut déplacer « autre » après le nom dans le sens de « n’importe quelle autre ».
Toute difficulté autre me paraît annexe.
Quel que soit le quelque
Qui que vous soyez, quelle que soit votre tournure, quelque interrogation que vous vous posiez, les réponses, pas quelconques, se trouvent dans ces pages. Ici encore le sens est maître de l’accord.
Comme adverbe
- « Quelque », complétant un adjectif numéral, est employé adverbialement dans le sens d’« environ ». Donc il demeure invariable.
Les quelque cent jours que j’ai passés dans ma résidence d’été…
- Quand on peut le remplacer par « si », il est toujours adverbe et invariable.
Quelque qualifiés que vous soyez tous, il n’embauchera aucun de vous !
Comme adjectif
- « Quelque » prend le sens d’un « certain nombre de », il s’accorde avec le nom.
Venez ramasser quelques pommes dans mon jardin.
Quelque temps signifie un certain temps, qui est du singulier, ne vous méprenez pas sur le « s » final de temps !
- « Et quelques »
On rencontre quelquefois cet emploi (notez bien le « s ») qui est du langage familier (n’empêche, cela permet de conserver une certaine dignité si quelqu’un avait l’audace de vous demander votre âge). Il n’est admis que derrière un nombre rond et suppose que le nom soit sous-entendu.
Il est âgé de quarante ans et quelques.
Et quelques années…
- La construction avec « que » diffère juste parce qu’elle est composée des deux éléments (« quelque + que »).
- • Quelques prétextes que vous avanciez, vous ne couperez pas à cet examen.
L’adjectif s’accorde avec le nom qui suit, et le verbe se met le plus souvent au subjonctif. Il a alors le sens de « n’importe quel ».
Quelque discipline qu’il établisse, il y aura toujours un étudiant pour la transgresser.
Mais l’indicatif n’est pas fautif dans certains cas.
Mangez ces quelques figues que j’ai cueillies pour vous.
- • Si « quel que » est immédiatement suivi de l’auxiliaire être ou d’un verbe (c’est souvent devoir), il s’écrit en deux mots, le verbe se met au subjonctif, et « quel » (rappelez-vous qu’il est ici adjectif) s’accorde sur le sujet (en genre et en nombre).
Quelles que soient ses raisons, elle n’aurait pas dû répondre si sèchement à sa responsable.
Quelles est au féminin pluriel comme raisons.
Quelles que soient ses paroles, je le suivrai partout !
Il arrive parfois avec la construction en deux mots que « quel que » soit immédiatement suivi d’un pronom personnel (il ou elle) au lieu du verbe, ce dernier se positionne alors après le pronom.
Quelle qu’elle soit, je pars.
Quelle que soit l’heure, je pars.
Si le sujet est un pronom, il ne peut se trouver derrière le verbe, on a donc une inversion, mais rien n’est changé à l’accord.
Rappel
- Nous avons vu que quand « quelque » est suivi d’un adjectif isolé (sans nom), il a la valeur du « si » et reste invariable.
Quelque bonnes que soient ses paroles.
- S’il est suivi d’un nom, il s’accorde.
Quelques paroles qu’il ait dites.
- Si, enfin, il est accompagné d’un adjectif et d’un nom, on se retrouve comme dans le deuxième cas, il s’aligne sur l’adjectif et le nom.
Quelques bonnes paroles que ce soit…
Tel que vous
Pour finir sur ce chapitre, une règle beaucoup plus simple !
- « Tel » s’accorde avec le nom qui suit, « tel que » avec celui qui précède.
De tels comédiens sont bouleversants.
Tel fut son comportement en ce triste jour.
Toutes ces nouvelles matières telles que la physique.
Il faut cependant se méfier des effets de style où les propositions sont inversées…
Tels que les vagues déchaînées, ils se sont emportés très violemment.
La construction « tels que » se rapporte au sujet « ils ».
- « Tel » s’accorde dans les expressions « en tant que tel », « tel quel ».
Les contrôleurs, en tant que tels, sont mal perçus par les usagers des transports.
Je vous restitue vos livres tels quels.
- « Tel ou tel », « tel et tel »
Le nom qui suit est généralement au singulier, mais il est tout à fait envisageable de mettre un pluriel en fonction de ce que l’on veut exprimer.
Telle ou telle secrétaire a battu le record de frappe.
Telles et telles pages de ce livre évoquent l’histoire…
Après « tel et tel », même si le nom reste au singulier, le verbe se met au pluriel.
Tel et tel candidat ont passé l’entretien d’embauche.
Avec « tel ou tel » (employé seul ou avec un nom singulier), le verbe reste au singulier.
Tel ou tel s’est fait élire maire.
« Untel » s’écrit aussi « un tel », « unetelle » a également deux orthographes (« une telle »), mais, M. « Un tel » ou « Untel » appelle la majuscule. Idem pour Mme « Une telle » ou « Unetelle ».
J’ai vu untel et unetelle ensemble.
L’essentiel pour un Nul pressé
Même
- Article + même + nom → accord avec le nom
Les mêmes histoires
- Nom(s) + même → accord dans le sens d’eux-mêmes (ou d’elles-mêmes)
- Invariable si même = aussi
Chante-nous une chanson et même deux !
Tout
- Tout + adjectif
- → tout s’accorde si l’adjectif commence par une consonne ou un h aspiré.
- → reste invariable si la première lettre de l’adjectif est une voyelle ou un h muet.
Telle une fleur tout épanouie…
- Tout + nom de ville → l’ensemble reste au masculin singulier.
- Tout à, tout de, tout en
Les trois expressions peuvent rester invariables.
Ou
Tout à et tout de peuvent s’accorder.
Tout en ne varie qu’avec un sujet féminin singulier.
Tout autre
- → accord dans le sens de n’importe quelle autre
- → invariable si tout autre = tout à fait autre.
Une tout autre affaire m’aurait intéressé !
Quelque
- Quelque = environ → invariabilité de quelque
- Quelque = si → idem
Quelque bonnes que soient ses paroles.
- Suivi d’un nom ou d’un adjectif et d’un nom, il s’accorde.
Quelques paroles qu’il ait dites.
Quelques bonnes paroles que ce soit…
- Quel + que + verbe → accord de quel avec le nom et verbe au subjonctif.
Quel que soit ton choix…
Tel
- Tel s’accorde avec le nom qui suit.
- Tel que avec le nom qui précède.
Les fées telles que Morgane