Dans ce chapitre :
Les pronoms relatifs nous permettent de relier deux propositions qui ont un nom en commun et d’éviter ainsi la répétition de celui-ci. Ils se classent en deux catégories, les formes simples et usuelles (qui, que, quoi, dont, où…) et les formes contractées (desquelles, duquel, auxquelles, à laquelle…). Seules ces dernières s’accordent en genre et en nombre, mais on ne peut les utiliser indifféremment dans n’importe quel cas. Explorons un peu ce nouveau champ.
Si « qui » est précédé d’une préposition, le sujet auquel il se rapporte qu’on appelle un « antécédent » doit être une personne ou une chose personnifiée. Parmi les prépositions les plus courantes : à, avec, chez, dans, de, derrière, devant, en, par, parmi, pour, près, sans, sous, sur…
Le libraire chez qui je fais mes courses spirituelles…
L’arbre, symbole de vie, devant qui je m’incline révérencieusement…
On ne peut donc pas dire : la fleur à qui je parle (à moins d’être dans Peau d’Âne…).
Les animaux familiers faisant partie de la famille bénéficient d’un traitement de faveur, ils peuvent faire fonction d’antécédent. Reste à savoir où s’arrête le noyau familial. Des singes ou des souris… La règle ne dit mot !
La forme simple (sur qui) est considérée comme plus soutenue que la forme composée (sur lesquels).
1) Avec ce schéma (antécédent + préposition et nom + pronom relatif), l’emploi de « dont » est proscrit. On le remplace par de laquelle, duquel ou de qui (si l’antécédent est une personne pour ce dernier).
Comment avoir la certitude que cette phrase est juste, que le pronom relatif est le bon ? Il suffit de la remettre dans le bon ordre :
Il travaille à la restauration du tableau et ce tableau était exposé au Louvre. Le à la était bel et bien dans notre phrase initiale, la préposition sur laquelle se construit le pronom (pour éviter la répétition de tableau) est « du ». On sait qu’une restriction nous interdit l’emploi de « dont », il faut donc choisir « du », et opter pour la forme composée (puisque l’antécédent est une chose, on ne saurait dire « de qui »), avec un antécédent masculin singulier (tableau), ce sera forcément duquel.
2) « Dont » ne peut pas dépendre d’un complément introduit par une préposition.
*Le propriétaire dont j’ai roulé sur les fleurs n’était pas content. Phrase fautive
Cela signifie : J’ai roulé sur les fleurs du propriétaire.
La préposition « sur » dépend de l’antécédent « propriétaire », on ne peut donc pas user du « dont » dans la phrase. Il faudra donc dire :
Le propriétaire sur les fleurs duquel (ou de qui) j’ai roulé n’était pas content.
Il faut toujours partir du complément pour construire sa phrase : sur les fleurs.
De même, il serait fautif d’écrire :
*L’Administration dont j’ai accédé aux plus hautes fonctions…
On corrigera par :
L’Administration aux plus hautes fonctions desquelles j’ai accédé…
Impossible de remplacer desquelles par de qui dans notre précédent exemple. Ce pronom relatif précédé d’une préposition ne peut se rapporter qu’à une personne. Ce que n’est pas l’Administration.
3) Autre restriction : si un possessif est en rapport avec l’antécédent, « dont » ne peut être envisagé dans la phrase !
*Le fils dont je reçois ses amis est de passage dans la région. Phrase fautive
Le possessif « ses » est bien en rapport avec l’antécédent « fils ».
La solution, ici, est simple, on change le possessif !
Le fils dont je reçois les amis est de passage dans la région.
Rezardez le château dont on aperçoit le donjon.
Et non : *Regardez le château dont on aperçoit son donjon.
4) Enfin, on ne peut concevoir de mariage possible entre « dont » et le pronom « en ».
*Les femmes dont j’en admire l’élégance. Association inimaginable.
Mais il est juste de dire : Les femmes dont j’admire l’élégance.
Dont est obligatoire si l’antécédent est ce, cela, ceci, rien. Il peut avoir pour vocation de ramasser toute la proposition précédente.
C’est ce dont j’ai le plus besoin.
Il fumait cigarette sur cigarette, ce dont je n’avais pas pris conscience auparavant. « Ce » se rapporte dans ce dernier exemple à toute la proposition.
« Dont » et « où »
« Dont » s’emploie pour exprimer la descendance et l’origine sociale.
Les Valois dont il descendait …
« D’où » est plutôt réservé au lieu et au temps.
Je me suis précipitée dans la cuisine d’où émanait une étrange odeur.
C’est l’heure où la nuit tombe.
Le village d’où je viens organise des festivals de rue comme on n’en voit plus.
« Où » peut s’accompagner ou non d’une préposition (où, d’où), comme on le remarque dans les exemples précédents. Il ne peut avoir pour antécédent qu’un nom de chose.
Nous nous abstiendrons de mettre un là (il est question d’adverbe et non de musique, l’accent le prouve) entre la préposition « de » et le pronom relatif « où ».
La station d’où nous sommes sortis est une phrase correcte, mais il est impossible de s’exprimer convenablement avec *La station de là où nous sommes sortis.
Cela vaut pour d’autres prépositions : ne pas employer jusque là où mais jusqu’où.
Ne pas tomber dans le piège du C’est là où, qui relève du langage populaire. Pencher plutôt pour C’est là que.
« Où » manifeste son exigence : il s’associe avec peu de prépositions : de, par, jusque, quelquefois pour.
Jusqu’où irez-vous dans la provocation ?
La combinaison « vers où » semble bien malheureuse, on s’épargnera de l’utiliser.
Il faut éviter d’employer « où » quand il se rapporte à la situation.
Ne pas dire *L’état de fatigue où je suis mais L’état de fatigue dans lequel je suis.
Attention toutefois à certaines phrases où « se souvenir » constitue le verbe de notre proposition relative mais où la préposition « de » figure déjà dans la phrase. Dans ce cas, c’est le « que » qui sera préféré, pour éviter une grave faute de syntaxe.
C’est de son sourire charmeur qu’elle se souvient.
Si l’on remet la phrase dans l’ordre, on obtient :
Elle se souvient de son sourire charmeur.
Avec la phrase fautive : *C’est de son sourire charmeur dont elle se souvient. La remise en ordre supposerait *Elle se souvient de de son sourire, puisque le « dont » est la contraction de « de ».
Sur le même principe, on peut dire :
La solitude dont il est jaloux… (puisqu’il est jaloux de la solitude).
(Pour les règles de l’élision avec « puisque », voir chapitre 10.)
Mais on dira :
C’est de la solitude qu’il est jaloux… (le « de » est déjà dans la construction de la phrase, on sollicitera donc le « que » pour éviter la répétition du « de »).]
Avec les prépositions « parmi » et « entre », nous sommes contraints de recourir à la forme composée lesquelles, lesquels. Impossible de placer un « qui » ici !
Cette association m’a permis de faire de nouvelles connaissances parmi lesquelles j’ai choisi mon témoin de mariage.
L’essentiel pour un Nul pressé