Chapitre 21
La concordance détend !
Tout de suite, les grands mots ! La concordance des temps coordonne les différents temps employés dans une phrase selon des critères préétablis. Le temps de la proposition principale joue le rôle du roi, il est le maître des temps. C’est donc en fonction de lui que se déterminent les valets, les temps des propositions subordonnées.
Passé ce premier cap, il nous reste à nous situer dans « l’espace-temps ». La conjugaison donne du sens à la phrase. L’usage de l’imparfait n’est pas anodin par rapport à un passé simple. Chaque temps véhicule des informations qui lui sont propres. Et c’est grâce à ces atouts que nous pouvons jouer avec la concordance des temps.
La machine à remonter le temps
On parle d’antériorité quand la proposition subordonnée porte sur un événement qui s’est produit avant celui de la principale.
Je sais que tu as eu ton permis de conduire.
Sens : tu as eu ton permis avant que je le sache !
Pour exprimer l’antériorité, le temps de la subordonnée doit impérativement être au passé.
- Avec un présent dans la principale (notre exemple), presque tous les temps passés sont permis (excepté le passé antérieur).
Le passé composé indique un fait qui a commencé dans le passé et qui est achevé au moment où l’on parle ou qui perdure encore dans le présent. Du fait de sa relation au présent, il ne peut pas se marier avec le passé simple.
Ce dernier que l’on qualifie de temps du récit s’applique à des événements bien déterminés dans le temps.
Tandis que l’imparfait introduit la notion de durée ou d’habitude.
- Si la principale est au passé, nous devons signaler un cran de plus dans le passé, et il nous faudra piocher dans les temps composés du passé. Dans l’idéal un plus-que-parfait avec une principale à l’imparfait, un passé antérieur avec une principale au passé simple.
J’ignorais qu’elle avait adopté un enfant.
Les marins rentrèrent au port quand ils eurent achevé leur pêche.
Mais si la principale est déjà à un temps composé, notre marge de manœuvre est réduite. Soit nous alignerons la subordonnée sur la principale, soit nous « surcomposerons » le temps de la subordonnée (solution inadaptée à notre langage actuel).
Il avait appris qu’elle s’était mariée.
Il avait appris qu’elle avait eu eu un enfant. (Temps surcomposé)
- Avec un futur dans la principale, c’est dans un temps passé de l’indicatif que nous trouverons là encore notre bonheur.
Tu n’auras qu’à dire qu’il était venu te voir.
Difficulté – Fût-ce même le subjonctif 1 !
Il existe également des verbes qui exigent le subjonctif, nous choisirons donc le passé du subjonctif pour exprimer l’antériorité (peu importe le temps de la principale).
Je doutais qu’ils aient obtenu gain de cause.
Ici et maintenant
- L’idée de simultanéité est la plus simple à transmettre, il suffit de calquer le temps de la proposition principale au présent comme au passé pour l’adapter à la subordonnée.
Je devine que tu nous quittes.
Je déballai le cadeau qu’il me tendit.
Les connotations propres à chaque temps dont nous avons déjà parlé peuvent bouleverser un peu l’équilibre énoncé :
Tu arrivas juste quand nous commencions de manger.
- Avec un futur dans la principale, la subordonnée se plie au présent.
Quand tu iras consulter le tableau des résultats, tu sauras que tu passes en cinquième.
Difficulté – Fût-ce même le subjonctif 2 !
Avec la simultanéité, les verbes qui appellent le subjonctif choisiront le présent quel que soit le temps de la principale.
J’exigerai qu’il soit bienveillant envers toi.
Retour vers le futur
- Quand la subordonnée exprime une action postérieure à celle de la principale, nous aurons recours au futur que la principale soit au présent ou au futur.
Tu penses qu’il rentrera tard ?
À l’annonce de sa nomination, il saura qu’il devra gérer une trentaine de personnes.
- Au passé, la situation est un peu différente. Le temps qui exprime le mieux le futur du passé n’est autre que le conditionnel (présent ou passé).
Je croyais qu’il serait parti plus tôt.
Difficulté – Fût-ce même le subjonctif 3 !
Au subjonctif, c’est le présent qui fera office de futur quel que soit le temps de notre principale.
Tu n’aimeras pas qu’il fasse plus âgé que son âge.