Il lui demanda depuis combien de temps son mari possédait le HTC.
– Je crois qu’il a eu une version améliorée en avril de l’année dernière, répondit-elle.
– Et quel téléphone avait-il avant celui-là ?
– Oh, aussi un HTC, je crois que c’était le TyTN, celui dont le couvercle coulisse. Pourquoi ?
Il y avait de l’espoir dans sa voix.
Il craignait de lui en donner trop.
– C’était juste pour m’en assurer. On est dans son bureau, j’ai trouvé une page avec plein de numéros dessus. Je peux vous les lire ?
– Allez-y.
Il lut la première série et lui demanda si ça lui disait quelque chose.
La réponse fut non.
Après la troisième série, elle dit :
– On dirait un mot de passe. Pour son ordinateur, peut-être ?
– Peut-être. Et « speedster430 »… ?
– Je ne sais pas… Non.
– Merci. Je viendrai vous voir quand ça sera fini.
– Je vous en prie, appelez-moi si vous trouvez quoi que ce soit.
Quand il eut raccroché, il disposa les symboles là où Bella pourrait les voir.
– Est-ce que ça pourrait avoir quelque chose à faire avec cet ordinateur ? Un mot de passe ?…
– Possible…
Elle cliqua, ouvrit une fenêtre « Connexions réseau », puis une autre.
– Non, dit-elle, ce n’est pas son mot de passe de réseau… Vous voulez voir son courrier électronique ?
– Oui, s’il vous plaît.
– Il y en a pas mal…
Elle lui montra le tableau Outlook.
– Deux cent soixante-cinq nouveaux messages.
Il se pencha pour regarder l’écran.
– Pour la plupart, ce sont des notifications PRGC. Je ne sais pas ce que c’est. Il y a une icône PRGC aussi sur son bureau.
Joubert essaya de se rappeler ce que le sigle signifiait.
– Ça a quelque chose à voir avec la gestion de la société. Je cherche des trucs plus personnels, attendez une seconde…
Il fit le tour de la cloison, prit une chaise de l’autre côté, l’apporta dans le box de Danie et s’assit.
– Le reste, c’est juste les RH d’ABC. Des bulletins. Un ou deux courriers parasites. Et puis des adresses ABC, tenez, regardez… (elle déroula la liste avec le curseur). Je ne vois rien de bizarre, conclut-elle.
– Vous pouvez m’imprimer ça ? demanda-t-il.
– Juste les intitulés ?
Elle vit qu’il ne comprenait pas. Elle expliqua :
– Ça indique l’expéditeur et l’objet.
– Oui, s’il vous plaît.
– OK. Il suffit d’aller à « Page Setup » et « Table Style »…
La souris se déplaçait à une allure étonnante.
– Je ne sais pas où est l’imprimante, dit-elle.
– On verra ça tout à l’heure. Qu’est-ce qu’il y a d’autre ?
– Eh bien, je vais aller voir où est l’imprimante.
Il prit la feuille avec les symboles et emprunta le couloir jusqu’à un bureau où il trouva une jeune métisse assise devant un standard.
– Santasha ?
– Ouais, c’est donc vous le privé.
Elle se mit à glousser et lui tendit la main. Elle était grassouillette, avec des yeux espiègles qui riaient en même temps que sa bouche.
– Pour moi, c’est une première, dit-elle.
Elle lui serra la main.
– Enchanté de faire votre connaissance…
– C’est vous qui imprimez ? demanda-t-elle, en lui tendant une liasse de papiers.
– Oui, merci.
– Trouvé quelque chose ?…
– Je ne sais pas encore ; on va faire le plus vite possible.
– Prenez votre temps ; là, on me paie des heures supplémentaires…
Il lui montra les chiffres.
– Vous auriez peut-être une idée ? demanda-t-il.
Elle les examina attentivement.
– Non, pas la moindre idée.
Il s’assit avec Bella, fixant les rangées de chiffres et de lettres.
Pourquoi la première ressemblait-elle à un numéro de téléphone ? Il se rappela qu’il y avait des annuaires sur l’étagère, en prit un et entreprit d’étudier les indicatifs locaux. Pour la zone d’Oudtshoorn, c’était le 044, mais alors le premier chiffre, 2, n’avait aucun sens. Il parcourut du doigt la liste des codes internationaux mais ça non plus, ça ne marchait pas.
Bella lâcha :
– Vous avez trouvé quelque chose ?
– Le journal de son navigateur… Je peux jeter un coup d’œil sur ces mots de passe ?
Il lui tendit la feuille et regarda l’écran. Le navigateur web d’Internet Explorer était ouvert sur une page qui portait l’intitulé « Yahoo ! Mail ».
– Son journal montre qu’il utilisait ce webmail-ci.
Elle examina les quatre rangées de symboles, tapa speedster430 dans une petite fenêtre, puis quelque chose d’autre pour le mot de passe, mais il ne vit que les astérisques.
– Bingo ! dit-elle, car elle venait de constater que le navigateur web ouvrait une nouvelle page. Il avait un compte mail Yahoo. Voici son adresse : speedster430@yahoo.com. Et cette série qui commence par L66, c’est son mot de passe.
– Aah ?…
Il n’avait pas encore compris comment elle avait fait. La page finit de se charger… mais il n’y avait rien – aucun message.
– On dirait qu’il a tout effacé. Regardons s’il y a quelque chose dans le dossier « Messages envoyés ».
Elle cliqua encore, mais le dossier était vide.
– C’est bizarre, quand même, dit-elle.
– Pourquoi ?
– Regardez son Outlook. Regardez son dossier « Documents » sur le disque dur. Il ne le nettoyait pas souvent. Mais son compte Yahoo…
– … est vierge ?
– Complètement, précisa-t-elle, puis, après une hésitation : Mais il y a autre chose.
Elle déplaça la souris, manœuvrant de nouveau le navigateur.
– Son historique montre qu’il se rendait souvent sur le site de son compte bancaire.
La page Internet d’ABSA1 apparut alors à l’écran.
– Non, ils sont à la Nedbank, dit-il.
Les relevés que Tanya Flint lui avait donnés venaient de chez eux.
– Peut-être, répondit Bella. Essayons le premier numéro… (celui que Joubert avait pris pour un numéro de téléphone). Et le plus court pourrait être son PIN, ajouta-t-elle.
Une nouvelle page se chargea.
Votre mot de passe SurePhrase ™ est : FLINT D. Votre PIN a été vérifié avec succès.
Votre dernière connexion à Absa Internet ou à notre service bancaire par téléphone mobile remonte au 25 novembre.
N’entrer que les caractères de votre mot de passe qui s’inscrivent dans les cases ROUGES.
– Le 25 novembre, murmura Mat Joubert, le jour de sa disparition…
Bella Van Breda entra la troisième rangée de chiffres et de lettres dans les cases.
L’écran changea.
– Mais comment saviez-vous ? demanda Joubert.
– Les gens sont comme ça. Ils utilisent les mêmes trucs, les mêmes mots de passe. C’est plus facile à mémoriser.
Ils regardèrent l’écran.
Solde
Cliquez sur un intitulé ou un numéro de compte pour visualiser l’historique d’une transaction. Avertissement : le solde disponible sur votre compte peut inclure des dépôts de chèques qui ne sont pas encore définitivement payés à la banque, et qui pourraient encore être annulés.
Nom du compte | Numéro du compte | Solde courant | Solde disponible | Montants non compensés |
ÉPARGNE | 2044 677 277 | 134 155,18 | 134 155,18 | 0,00 |
Joubert siffla entre ses dents. 130 000 rands ! Ça changeait tout.
– Vous pouvez imprimer ça ? demanda-t-il.
– Ça ne va pas disparaître, répondit Bella calmement. Voyons ce qui se passe sur le compte…
Elle cliqua sur le numéro du compte, et un relevé apparut à l’écran.
Mat Joubert se renversa dans son fauteuil.
– Incroyable ! s’exclama-t-il. Incroyable !
– 400 000 rands ? demanda Tanya Flint, son visage crispé par le choc.
– On dirait deux dépôts en espèces, dit Joubert.
Ils étaient dans le salon, lui sur le canapé, elle sur une chaise, la table basse entre eux deux. Il poursuivit :
– Le 17 octobre, 250 000, et le 29 octobre encore 150 000, ce qui fait un total de 400 000 rands. Il a par ailleurs effectué un paiement de juste un peu moins de 250 000 rands le 27 octobre, un virement au bénéfice d’un M. Marshall ; et encore un le 12 novembre à HelderbergUp pour juste 11 000 rands. Le reste consiste en retraits d’espèces, intérêts et frais bancaires.
Tanya, assise sur le bord de sa chaise, porta les mains à son visage, les yeux rivés sur les relevés imprimés. Elle inspira brusquement.
– Oh, mon Dieu !
Amalgamated Banks of South Africa.