Kurt dort d’un sommeil superficiel, en sueur, comme c’est le cas quand on a bu, lorsque Fatih lui tapote sur l’épaule du bout d’un seul doigt. C’est une transgression pour tous les deux, peut-être surtout pour Fatih, qui, involontairement, à la vue des jambes nues de son chef, pense aux cuisses de poulet qu’il a mangées la veille. Maggie est là-bas dans la grange et crie, c’est ce que Fatih est venu lui dire. Kurt enfile son pantalon et est encore torse nu quand il se précipite dans la cour. Il ne sait pas ce qu’il voit en voyant Maggie. La colère est la première impulsion. La suspicion vient en second. Qu’est-ce qu’elle lui veut, il arrive tout juste à lui poser la question. Il lui saisit le bras et la ramène à l’habitation principale, l’installe sur le canapé. Elle a le regard tout à fait absent, mais il sait qu’elle joue la comédie. Entraîner ses employés là-dedans est une bassesse que jamais il ne lui pardonnera. Une vague ancienne le submerge, elle n’était pas venue l’envahir depuis longtemps. Sa poitrine explose, ses tempes battent, ses mains lui démangent de la secouer, mais au lieu de ça il lui demande de mourir. Il n’y aura personne pour te regretter, pas même Sofie. Elle passe le reste de la journée allongée sur le canapé. Il ne cesse de revenir à elle, a envie de la toucher, mais sait qu’il a rendu cela impossible. À la fin de la journée, sa fureur l’a tellement épuisée qu’elle le laisse ramper vers elle. Je t’aime, dit-il, et elle répond la même chose.