Publié le 5 novembre à 7 h 21 par Nam

Humeur : Reposée

> Il est de retour et il est déchaîné !

Grosse journée aujourd’hui : je vais sûrement avoir un cellulaire ! Mom n’est pas encore supra convaincue, mais je vais trouver d’autres horreurs qui pourraient m’arriver (0,00001 % des chances, mais quand même !) au cours desquelles un cellulaire pourrait m’être indispensable. Elle va craquer. Hé, hé…Image

Faut aussi que je me prépare mentalement à ma journée de demain. Deuxième étape : décider entre mon bikini et mon une pièce pour la piscine. Première étape : les trouver !

Allez, je termine mon histoire d’hier soir, avant que mon très cher frère complètement dingue du lit de bronzage n’ose me déranger. C’est l’image qu’il a mise en papier peint sur le bureau de l’ordinateur, c’est HORRIBLE ! Je viens de la changer pour l’image d’un monstre qui mange quelque-chose-de-rouge-et-de-dégoulinant-quisort-du-ventre-de-quelqu’un – voilà, c’est beaucoup moins indécent !

Donc, je me rends à mon cours hier matin, je suis excitée, je me demande comment je vais réagir quand je vais voir Mathieu. Chaque pas que je fais me rend plus nerveuse, j’ai peur de le rencontrer, mais en même temps je suis fébrile.

Lorsque je pénètre dans la classe, j’aperçois des gens réunis autour de mon pupitre. Je m’approche et…

Sur ma chaise, je vois un arrangement floral en forme d’anneau qui empiète sur les deux rangées. Sur ce genre de couronne, un ruban est épinglé où il est inscrit en lettres attachées : « Tu me manques déjà. »Image

Je regarde à gauche et à droite, je me demande ce qui se passe. Mes camarades de classe me regardent, comme si j’avais des réponses à leur donner. Kim arrive derrière moi :

- C’est une couronne funéraire, non ?

- Tu crois ?

- Ouais, c’est un cadeau qu’on offre à la famille d’une personne morte.

Je me suis rappelé les funérailles de Zac et les fleurs qu’il y avait sur le corbillard.

Pourquoi il fallait que ce soit sur MA chaise ? Encore une blague stupide des gars de ma classe, je me suis dit.

J’ai regardé de plus près. Les fleurs dans la couronne étaient desséchées et ne sentaient pas bon. Pas assez pour vraiment puer, mais juste assez pour se demander s’il n’y avait pas un animal mort en train de se décomposer dedans.

J’allais faire un appel à tous pour découvrir qui était le zigoto qui avait mis cette horreur sur ma chaise quand on a tapé sur mon épaule. Je me suis retournée et c’était… MICHAËL !Image Le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

- Tu aimes ?

C’était comme si ma tête s’était retrouvée entre deux cymbales géantes qu’on frappait ensemble.

Qu’est-ce. Qu’il. Faisait. Là ?!

- Je ne comprends plus rien, a murmuré Kim.

J’aurais voulu dire quelque chose, mais j’étais trop sonnée.

Il s’est approché pour m’embrasser. M’embrasser ?

Est-ce que j’avais rêvé la séparation ? Est-ce que j’avais pris mes rêves pour des réalités ? À l’aide !

J’ai tourné vitement mon visage, de sorte qu’il a posé sa bouche sur une de mes oreilles. Comme il ne voulait pas avoir l’air fou, il a mis sa langue dans mon oreille et a commencé à y faire un rodéo.

Méchant bad trip.

Je l’ai repoussé un peu. Un peu ? Non, violemment.

- Qu’est-ce que tu fais ?

Il a regardé mes camarades et m’a dit :

- Je t’aime.

J’ai pointé le doigt vers la couronne funéraire.

- C’est toi, cette chose ?

Il a fait oui de la tête, fier de son coup.

J’ai senti la vapeur monter en moi et me sortir par le nez et les oreilles. J’ai laissé tomber mon sac à dos et j’ai tiré sur son chandail (il y a eu un bruit de déchirement, oups !), puis je l’ai traîné à l’extérieur de la classe.

- Tu peux m’expliquer ton $@%*?! de problème ?

(Oui, c’est vrai, j’étais tellement fâchée que j’ai bel et bien émis cette vulgarité sans nom : « signe de dollararobase-pourcentage-astérisque-point d’interrogationpoint d’exclamation ».)

- Expliquer quoi ?

Encore une fois, son sourire arrogant est apparu. Cette fois, la fumée est sortie par mes yeux. Oui, oui, c’est possible !

- On a cassé hier, tu te rappelles ? Tu m’as dit que je ne te méritais pas.

- Je sais, je sais. Mais j’ai changé d’idée. J’y ai pensé cette nuit et je te donne une autre chance.

- Tu me « donnes » une autre chance ? T’es tellement gentil.

- Je sais.

Argh ! Il ne s’est même pas rendu compte que j’étais sarcastique ! Avec le pouce, j’ai montré la classe.

- Et c’est quoi, cette horreur sur ma chaise ?

- Oh, je voulais te montrer à quel point je t’aime. Comme il était trop tôt ce matin pour le fleuriste, je suis allé faire un tour avec ma mère au cimetière, après le déjeuner.

Il est fou !

- T’as piqué la couronne à un mort ?

- Non, non. Après un certain moment, ils s’en débarrassent. On l’a trouvée dans une benne à ordures.

Il est dingue !

- Attends. Si je comprends bien, ta mère et toi étiez à sept heures du matin dans les poubelles du cimetière pour me trouver des fleurs ?

- Il était six heures, mais tout le reste est exact.

Il est toqué !

- Mathieu, c’est une couronne funéraire.

Schnoute ! Je venais encore de l’appeler Mathieu !

- Ça va, Mylène. Des fois, on se trompe de nom. T’es peut-être en SPM. Maman m’a dit que vous, les filles, devenez parfois un peu confuses.

Mon syndrome prémenstruel ?Image Qu’il le laisse tranquille !

- Je ne suis pas en SPM et, oui, je suis confuse parce que tu m’as quittée hier. Et ce matin, c’est comme s’il ne s’était rien passé ! Si tu pouvais agir avec encore moins de logique, j’apprécierais.

La cloche a sonné. Le prof m’a fait signe de rentrer. Je lui ai demandé quelques secondes. Je suis allée chercher la couronne (lourde, et le nez collé dessus, elle puait officiellement) et je l’ai mise autour du cou de Michaël. Il avait l’air fier avec son collier mortuaire et puant.

Et je suis retournée dans la classe, comme si de rien n’était, sous les regards de tous les élèves. Même le prof était troublé. J’ai finalement fait une déclaration fracassante :

- Moi non plus, je ne comprends rien.

Une couronne funéraire… Dois-je être offusquée ? Je ne vaux pas plus ?

Je n’ai pas revu Michaël de la journée. Et depuis, je n’ai pas eu de ses nouvelles.

Il a compris, j’espère.

(…)

J’ai dîné avec Mathieu dans le local des Réglisses rouges. Kim était avec nous, elle était déprimée, donc on n’a pas parlé de nous. Mais je compte bien le faire si j’ai un cellulaire ce soir ! Yé !

Je me prépare à aller magasiner !